• il y a 11 heures
Transcription
00:00Donc la base de données reprend près de 43 000 fiches biographiques de résistants, qui ont introduit une demande dans l'immédiat après-guerre pour être reconnus agents de renseignement et d'action,
00:14ça veut dire pour avoir travaillé sous l'occupation en Belgique occupée contre l'occupant, à rassembler des renseignements, à organiser des filières d'investigation, à faire du sabotage en lien direct avec les services secrets belges à Londres.
00:29Et cette base de données est lancée maintenant, 80 ans après la fin de la guerre. Pourquoi maintenant ?
00:39En réalité, c'est la conjonction de trois éléments. C'est l'accessibilité des archives, qui sont heureusement maintenant conservées par les archives de l'État.
00:49Donc tous ces dossiers de résistants, 350 000, il n'y a que depuis quelques années qu'ils sont conservés et accessibles.
00:56Ça, c'est un élément. Un deuxième élément, c'est parce qu'il y a quelques années, j'ai eu la chance de mener un projet qui a abouti à deux livres.
01:04Il s'appelait en français « Papiers TTLRO in the Netherlands with OPA and Health », qui était déjà un guide général pour la recherche sur la résistance, sur les résistants,
01:14qui m'a donné l'idée de développer cette base de données. Et la conjonction, le troisième élément, c'est qu'on a eu la chance, dans notre équipe,
01:21d'accueillir ma collègue Anne Chardonnay, qui est spécialisée dans les bases de données de personnes.
01:29Donc cette conjonction des trois éléments a permis de développer ce projet.
01:33Et quel est le plus-value ? Quels sont les grands avantages de cette banque de données ?
01:38Les grands avantages, c'est qu'auparavant, ces dossiers sont disséminés à de nombreux endroits.
01:44Donc c'était très difficile pour les personnes de les retrouver, déjà à titre nominatif pour les personnes.
01:50Deuxième grand avantage, c'est qu'avant, il n'existait essentiellement que des fichiers par ordre alphabétique de personnes.
01:57Or ici, la base de données permet de faire des recherches par lieu, par commune.
02:02On peut retrouver très facilement tous les résistants d'une commune, d'une région, flamande, francophone, Bruxelles,
02:08permettent aussi de faire des recherches très approfondies, de mettre en corrélation diverses données.
02:14Par exemple, qui a été arrêté ? Qui ne l'a pas été ? Dans quel réseau ?
02:19Tous ces éléments permettent et permettront de faire des recherches approfondies sur les éléments essentiels constitutifs de la résistance,
02:28ce qui n'était pas possible avant. Grâce à ces statistiques, on va pouvoir vraiment maintenant mieux comprendre la résistance.
02:36Vous parlez des régions, c'est remarquable qu'il y a beaucoup plus de gens dans la résistance de la Wallonie et de Bruxelles que de la Flandre.
02:45Oui, alors voilà, c'est un constat qui est indéniable.
02:48Évidemment, c'est une catégorie de résistants, c'est ceux qui ont travaillé pour les services secrets belges.
02:54Mais c'est déjà très, très évocateur, d'autant que si on sait que les principaux responsables étaient francophones,
03:00dans une Belgique qui était encore très francophone, et je dirais surtout ceux qui avaient tendance à vouloir faire la résistance au départ,
03:08étaient très attachés à l'État belge, étaient francophones.
03:11Mais il devait y avoir des personnes sur place, partout, en Wallonie, en Flandre, pour retrouver des éléments.
03:17La preuve, c'était beaucoup plus difficile d'obtenir des complicités, je dirais, de personnes pour recueillir des renseignements en Flandre qu'en Belgique francophone.
03:26C'est un fait.
03:27Il y a déjà beaucoup, beaucoup de noms dedans, mais le travail est loin d'être terminé.
03:32Absolument. Il y a 43 000 noms, mais au total, il y en aura 200 000.
03:37Pourquoi ? Parce qu'à côté du statut d'agent d'enseignement et d'action, il y a trois autres statuts qui ont été accordés après guerre aux résistants.
03:43Statut de résistant par la presse clandestine.
03:45On est bien avancé. Dans quelques mois, il y aura toutes les fiches biographiques de ceux qui ont introduit une demande pour être reconnus résistants par la presse clandestine.
03:52Il faut savoir qu'il y a eu 700 journaux différents sous l'occupation.
03:55Ce sera une mine d'or avec les journaux clandestins nommés.
03:58Tout ça, il y aura vraiment énormément d'informations.
04:01Ensuite, il y aura des dossiers préparatoires d'un certain nombre de mouvements de résistance.
04:06Et là, en particulier, nous avons des résistants de mouvements bien apportés en Flandre, comme la 8e brigade, Campis-les-Runes ou National Koninklijke Beweging.
04:16Ce sera encore, disons, pour l'automne 2025.
04:19Puis, en 2026, les résistants civils, ceux qui ont aidé des Juifs, des réfractaires, des aviateurs alliés.
04:26Tout ça va être rentré dans la base de données.
04:28Et enfin, on l'espère en 2027, la masse des résistants armés qui sera aussi introduite.
04:34Le total, ça fera environ 200.000 fiches biographiques.
04:38Pour l'instant, on n'en a que 42.000, donc 20%.
04:42Ce travail énorme fait par des bénévoles, vous avez aussi besoin d'aide, de subsides ?
04:50Oui, absolument.
04:52Les bénévoles, c'est formidable.
04:54Ils font le travail de base, mais nous avons besoin, parce qu'il faut coordonner ce travail.
05:00Il y a deux membres du personnel administratif, mais je dirais qu'au-delà, il y a deux responsables.
05:06Je suis responsable sur le plan scientifique.
05:09Mon poste n'est pas en cause, puisque je suis nommé.
05:14Mais ma collègue, qui est une spécialiste vraiment, qui a un doctorat en sciences de la communication et de l'information,
05:20qui a créé cette plateforme en ligne, son contrat se termine fin décembre.
05:25Au 1er janvier, il n'y a plus d'argent aux archives de l'Etat pour renouveler son contrat, ce qui est une catastrophe pour le projet.
05:33On va tenter de se débrouiller sans, mais si on pouvait avoir un peu d'argent pour la prolonger, ce serait formidable.
05:39Et pour ça, vous regardez vers le nouveau gouvernement fédéral ?
05:43On regarde vers le nouveau gouvernement fédéral pour qu'il ne diminue pas encore les moyens accordés à la politique scientifique.
05:50C'est vraiment essentiel.
05:52Si on pouvait encore avoir un peu d'argent en plus, ce serait formidable,
05:55parce que tous les domaines des archives de l'Etat et au-delà des institutions scientifiques fédérales sont dans de grosses difficultés financières.
06:03Et ce patrimoine, et ici je parle de la résistance, mais il y a beaucoup d'autres choses,
06:07c'est vraiment fondamental pour notre pays pour pouvoir avoir des informations, des données fiables, pour comprendre notre passé.
06:16Et comprendre notre passé, c'est aussi mieux comprendre notre présent et peut-être notre avenir.

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