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Vendée Globe 2024 / Rencontre avec Violette Dorange, DeVenir

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Sport
Transcription
00:00Alors Violette, pour commencer tout simplement, est-ce que tu peux te présenter ?
00:04Je m'appelle Violette Dorange, j'ai 23 ans et je suis navigatrice professionnelle et je me prépare pour le Vendée Globe 2024.
00:14Alors raconte-nous un peu ton parcours, ton histoire.
00:18Tout commence je crois près de Rochefort, dans une maison où la voile, on en entend parler un peu,
00:26et notamment par un copain de ton papa je crois, un copain de promo.
00:31Il y a plein d'histoires autour de la voile qui sont autour de toi et puis rapidement il y a l'optimiste qui arrive dans ta pratique.
00:39Alors en fait je suis née à Rochefort, donc on est une famille où on est trois enfants et moi je suis la plus petite.
00:46Dans mon grand frère et ma grande soeur on commence à faire de la voile,
00:50donc moi on m'a mis à la voile un peu pour faciliter les choses et pour qu'on fasse tous le même sport.
00:57Et en fait dans la famille, mes parents sont vétérinaires et ils ont fait leurs études avec Jean-Pierre Dick,
01:04qui a fait le Vendée Globe, qui a participé au Vendée Globe plusieurs fois.
01:08Et donc depuis toute petite je vais au départ du Vendée Globe et on est un peu au plus proche de la course
01:15puisqu'on a toujours suivi JP sur ses préparations de course et puis après même sur toutes ses épreuves on le suivait attentivement.
01:25Donc j'ai toujours vu le Vendée Globe depuis que je suis toute petite et donc j'ai commencé la voile en optimiste.
01:33Au début je n'aimais pas trop ça et vraiment j'ai commencé à apprécier l'optimiste à travers les compétitions
01:41et je me souviendrai toujours de mon premier déclic, c'était le championnat du monde en 2013,
01:46où en fait je me suis retrouvée à représenter la France.
01:50On était une petite équipe de cinq en optimiste, on était trois filles, deux garçons
01:55et en fait il y avait 300 concurrents du monde entier, tous les pays étaient représentés.
02:02Et là j'ai eu un déclic et je me suis dit, waouh, la voile ça peut me permettre de vivre quelque chose d'incroyable
02:09et de partir voyager à l'autre bout du monde et de me battre avec des personnes du monde entier.
02:15Et ça, ça m'a... ça a un peu marqué le début de la passion je pense.
02:20Alors la compétition donc tout de suite t'intéresse et puis le voyage et la découverte aussi
02:25puisque tu vas te lancer assez vite dans des grandes traversées.
02:28Ce n'est pas que de l'optimiste autour de Trois Bouées, c'est aussi des traversées de Gibraltar, des traversées de la Manche,
02:34mais très très tôt, à 15 ans.
02:37Alors au tout début, la voile n'était pas du tout une passion et j'y allais un peu en reculant, j'ai même voulu arrêter au début.
02:44Après j'ai découvert la compétition et les coachs ont aussi beaucoup cru en moi et m'ont poussée à continuer.
02:53Et donc là ça a commencé à prendre de l'ampleur puisque déjà en optimiste, j'étais en centre régional d'entraînement.
03:01Ensuite je suis passée en 420 pendant le lycée et j'étais en sport études,
03:05donc on avait un planning aménagé pour pouvoir partir s'entraîner.
03:10Et là ça a vraiment pris une place importante parce qu'on était dans, je dirais, le sport de haut niveau jeune.
03:18Et en parallèle de ça, j'ai décidé de me lancer dans un premier défi, c'était la traversée de la Manche en optimiste.
03:28Et ça c'était juste un petit défi un peu original qui sortait du cadre de la compétition.
03:34Et ça je l'ai organisé avec mon père au tout début, on a commencé à travailler ça quand j'avais 14 ans.
03:43Et à 15 ans je suis partie traverser la Manche et ça a été le début de l'aventure et l'année suivante le détroit de Gibraltar.
03:52Et alors quel retour d'expérience après ces deux traversées un peu plus au large que d'habitude ?
03:58Ces deux traversées elles m'ont beaucoup marquée, la première c'était incroyable.
04:05Je me souviens que je suis partie à 3h du mat de l'île de Wight, j'arrivais à 19h à Cherbourg.
04:10Et c'était incroyable parce que c'était la première fois que je naviguais de nuit.
04:14Pour moi c'était vraiment l'aventure, j'étais avec ma lampe frontale, avec mes balises.
04:20Il fallait traverser le rail des cargos.
04:23Donc ça c'était fou parce que je me retrouve moi sur mon tout petit optimiste où il ne me voit pas du tout.
04:30Et je me retrouvais face à des géants des mers, des immeubles de 300 mètres sur l'eau.
04:36Et ça a été vraiment la vraie aventure.
04:40Et donc c'est pour ça que j'ai voulu absolument continuer avec un deuxième projet Gibraltar.
04:45Et le deuxième a été très très différent dans le sens où ça n'a été que 5 heures de navigation.
04:52Le projet était très compliqué à organiser au niveau météo, logistique.
04:56Mais derrière la traversée était hyper facile.
05:00Et en partant du côté du départ, je voyais déjà l'arrivée l'autre côté.
05:08Et là je n'ai pas du tout eu le sentiment de large.
05:11Et je me souviens que le soir, je me suis dit qu'il faut que je reparte dans l'autre sens.
05:15Il faut que je le fasse de nuit.
05:17Il faut que je refasse quelque chose parce que là, ce n'était pas du tout assez l'aventure à mon goût.
05:22Et ce soir-là, j'ai pris la décision de partir me lancer dans des projets courses au large après le lycée.
05:30Plutôt que dans des projets olympiques.
05:34Plutôt que dans le 4-7.
05:36Et donc là, ça a été un peu aussi un déclic de me dire que ce que j'aime, c'est l'aventure.
05:42La compétition, elle reste toujours dans le fond.
05:45Mais c'est aussi le fait de partir loin et de me sentir un peu seule au monde au milieu de l'océan.
05:51À quel moment le Vendée Globe devient un objectif possible pour toi ?
05:56Le Vendée Globe, je l'ai toujours eu comme rêve.
05:59Mais je pense que lorsque je me suis lancée dans le Figaro, c'était en vue d'un Vendée Globe.
06:05Après, je n'avais pas encore la date.
06:07Je ne savais pas quelle édition je voulais préparer.
06:11Et puis, après ma première solitaire en 2020, je me suis dit, là, il y a peut-être une opportunité avec les partenaires de se lancer sur 2024.
06:21Et donc, on a réfléchi à ça.
06:25Il y a déjà une petite équipe qui était formée.
06:28Et puis, on s'est lancé dans l'aventure.
06:31Et dès 2020, on a commencé à parler à tous nos partenaires, aux médias du Vendée 2024.
06:37Alors, rapidement, tu trouves une solution pour le bateau.
06:42C'est d'aller voir Jean Le Cam et de lui dire, le projet Vendée Globe m'intéresse.
06:47Est-ce que tu me garderais ton bateau en attendant que je trouve de l'argent ?
06:51Alors, c'est ça.
06:52En fait, en 2022, mon équipe a contacté Jean Le Cam parce qu'on cherchait un bateau,
06:59un bateau à dérive, forcément, pour le Vendée Globe 2024.
07:03Et puis, un bateau qui soit vraiment fiable, qui soit rapide, simple à prendre en main.
07:10Et le meilleur bateau pour ça, qui avait ces critères-là, c'était le bateau de Jean Le Cam,
07:17parce que Jean Le Cam a un super préparateur.
07:20Et ce bateau, il a une très belle histoire avec Michel Desjoyeaux, avec Jean Le Cam.
07:25Et du coup, vraiment, le choix, c'était ça.
07:29Il fallait avoir ce bateau-là.
07:31Donc, on est allés le voir.
07:33Je lui ai présenté le projet.
07:35Et Jean a aussi l'ambition de rendre accessible la voile course au large, le Vendée Globe,
07:44plus à des projets jeunes et à des projets avec des plus petits budgets.
07:48Et donc, mon projet lui a plu.
07:50Et puis, il a aussi adoré l'association avec la Fondation Apprenti d'Auteuil.
07:55Et du coup, il m'a serré la main.
07:57Il m'a dit, très bien, tu fais ta solitaire.
07:59Tu fais une troisième solitaire.
08:01Comme ça, ça te laisse le temps d'apprendre la course au large.
08:05Ensuite, tu feras le convoyage retour de la Route du Rhum.
08:08Et après, tu récupéreras Uber.
08:11Alors, c'est ce qui s'est produit.
08:13Et du coup, derrière, tu as enchaîné sur un parcours.
08:18Ça y est, c'était parti pour aller vers ce Vendée 2024.
08:22Alors, ça s'est produit.
08:24Mais ça a été plus difficile que prévu.
08:27Puisque, au final, les financements ont mis vraiment du temps à arriver.
08:32Et là, jusqu'à janvier 2024, on n'était pas encore vraiment fixé.
08:39Il nous manquait encore une énorme partie du budget.
08:41Donc, il a fallu jouer un peu risqué.
08:45Moi, sportivement, j'ai terminé mes trois solitaires du Figaro.
08:50J'ai bien progressé.
08:52J'ai fait une traversée retour sur le bateau Uber pour déjà m'imprégner du bateau.
08:58Et j'ai commencé à m'entraîner, à participer aux entraînements d'Éric Bénon,
09:02qui avait le bateau de Jean Le Cam à cette époque.
09:05Et j'ai un peu repoussé, au final, l'échéance d'achat du bateau le plus loin possible.
09:12Parce qu'en fait, on n'avait pas encore les financements.
09:15Et une fois qu'on a trouvé les financements,
09:18enfin, même un petit peu avant, on s'est lancé dans l'achat du bateau.
09:23Et puis dans les premières courses.
09:25Et donc, j'ai participé aux plus de courses possibles depuis l'été 2023.
09:31Donc, j'ai fait en tout quatre traversées de l'Atlantique.
09:40Une en double et trois en solitaire.
09:43Et après, j'ai participé aux petites courses à côté.
09:46Et alors, ton sentiment ?
09:48On a senti sur ces transats que tu prenais du plaisir assez vite.
09:52Que tu arrivais assez vite à prendre la mesure de l'engin.
09:56Et à jouer finalement.
09:58Et à régater, à être au contact, et à être devant.
10:01On en parlera un peu plus tard, mais tu nous parleras de la flotte des dériveurs.
10:04Mais à être aux avant-postes de cette flotte très régulièrement
10:07dans les quatre transats qu'on a suivis en préparation de ce Vendée.
10:11L'atout de mon projet, c'est qu'il y a un très bon bateau.
10:18Et après, j'ai réussi à constituer une équipe autour de moi
10:23qui me permet vraiment de me mettre en confiance.
10:26Et je pense notamment à Damien qui m'a beaucoup accompagnée
10:29sur toute la partie préparation du bateau.
10:33Et aussi la partie préparation sportive, prise en main du bateau, manœuvres, etc.
10:39Et donc, grâce à toute l'équipe et à ce navigateur Damien Guillou,
10:46j'ai pu rapidement avoir les clés du bateau pour savoir comment choisir mes voiles,
10:52comment faire de belles manœuvres et ne pas me mettre en danger.
10:56Et au final, ça a été un peu du jour au lendemain.
11:00Du jour au lendemain, il faut passer d'un Figaro, donc un bateau de 10 m,
11:03à un Imoca qui fait 20 m, quasiment, 18 m.
11:07Et il faut tout réapprendre.
11:09Tout est en plus grand, il y a beaucoup plus de voiles.
11:12C'est à peu près, ça reste le même fonctionnement, mais tout est en double.
11:18Et du coup, il a fallu tout réapprendre du jour au lendemain.
11:21Et très, très vite, parce que très rapidement, il y avait traversée de l'Atlantique.
11:25Je me souviens que j'ai fait la traversée de la Transat Jacques Vabre.
11:30Et puis, très rapidement, il a fallu que je parte sur une traversée retour en solitaire.
11:36Et sur cette traversée retour, c'était la première fois que je naviguais en solitaire.
11:39Donc, c'était vraiment le saut dans le grand bain.
11:41Et chaque course, c'était une nouveauté.
11:43C'était un saut dans le grand bain sur une première traversée en solitaire.
11:47Après, une première traversée en passant par le nord.
11:50Enfin, c'était à chaque fois des éléments nouveaux.
11:53Alors, qu'est-ce qu'il te reste à améliorer, à découvrir avant de prendre le départ ?
12:03De l'extérieur, tu as bluffé tout le monde.
12:06Tout le monde est très impressionné par justement ton niveau de maîtrise assez rapide.
12:11Toi, le bilan de ces quatre Transats, qu'est-ce que tu veux encore travailler
12:17pendant les premières semaines peut-être même du Vendée, puisqu'il reste peu de temps ?
12:21Là, il reste très peu de temps.
12:23Donc, au final, j'ai un peu l'impression que les dés sont jetés.
12:28La préparation, le gros des navigations a été fait.
12:32Là où j'ai peut-être un petit doute, c'est en fait le manque d'expérience.
12:37Et clairement, j'ai fait huit traversées de l'Atlantique dans ma vie.
12:42Mais aujourd'hui, je n'ai jamais passé le poteau noir.
12:45Et je ne suis jamais allée naviguer dans d'autres mers que l'Atlantique nord.
12:48Donc, c'est sûr qu'aujourd'hui, j'ai beaucoup de doutes sur la météo.
12:52Donc, en ce moment, je ne fais que ça.
12:54Je relis les bernoteries, les cours de météo des météorologues,
13:00les minoteries maintenant, j'appelle ça.
13:02Mais voilà, je relis les cours.
13:06J'essaye de revoir ce qui s'est passé durant les derniers Vendée Globe
13:10pour vraiment m'imprégner de l'expérience des autres.
13:13Je pose beaucoup de questions.
13:15Je prends l'expérience des autres navigateurs,
13:18que ce soit Jean Le Cam, Damien Guillaume,
13:20ou même plein d'autres qui m'aident un petit peu.
13:24Et puis ensuite, c'est toute la partie technique du bateau.
13:28Là, il y a beaucoup de choses à apprendre.
13:30Et c'est sûr que je n'arriverai pas avant le départ à tout maîtriser.
13:34Et par exemple, l'électronique, c'est un terrain hyper vaste
13:38et je ne suis pas encore calée dessus.
13:41Donc, j'essaye de faire au mieux jusqu'au Vendée Globe.
13:44Mais je sais qu'après, je vais essayer de m'appuyer sur mon équipe aussi.
13:49Rappelle-nous peut-être que pour affronter tout ça,
13:53tu as quand même aussi un pédigré scolaire.
13:57Alors, mon pédigré scolaire, il n'est pas vraiment complété encore.
14:02Mais il y a un bon début.
14:05J'ai commencé des études d'ingénieur à l'Insadrène
14:09et j'ai validé ma prépa intégrée.
14:12Donc, j'ai fait 4 années d'ingé en aménagement.
14:18C'est-à-dire que la semaine, j'étais sur les entraînements figaro.
14:21Et là, il fallait s'entraîner à fond.
14:23Et c'était un rythme assez soutenu.
14:26Et le week-end, je rattrapais un peu les cours.
14:29Et puis, je passais les partiels 4 fois par an.
14:33Donc, c'était un rythme hyper soutenu.
14:36Et c'est sûr que ça, ça permet d'aider à avoir l'esprit cartésien
14:41et de se dire comment apprendre les choses.
14:44Moi, je sais que pour apprendre, j'ai besoin d'écrire,
14:46j'ai besoin de me faire des fiches.
14:48Et ça, c'est la rigueur des études qui m'a apporté ça.
14:51Et dans cette période de bachotage, c'est assez important, non ?
14:56Et pendant cette période de bachotage, de la météo,
15:00c'est sûr que j'essaye d'appliquer la même méthode
15:03que pour réviser des partiels de maths.
15:05Et pour moi, la technique, c'est vraiment de faire des fiches,
15:09de réécrire les cours et en condenser, de faire des synthèses
15:15pour pouvoir les comprendre au mieux et les synthétiser au mieux.
15:19Parle-nous un peu de cette flotte de dériveurs.
15:22On parle d'un deuxième championnat.
15:25Il y a plein de personnages très attachants dans cette flotte.
15:29Ça promet un match passionnant aussi,
15:32qui ne sera peut-être pas aux avant-postes
15:34si les foilers arrivent à tirer parti de la météo.
15:38Mais il y aura une régate tout aussi intense
15:41à laquelle tu as déjà participé dans ces quatre transats.
15:44Est-ce que tu peux nous décrire un peu cette flotte de dériveurs
15:48et, toi, ce que tu attends de cette compétition ?
15:51Ce qui est génial, c'est qu'il y a une vraie course dans la course
15:54puisqu'il y a une course avec les bateaux à dérive.
15:58Et dans cette flotte de dériveurs,
16:01c'est vrai que tous les personnages sont hyper attachants.
16:06C'est des concurrents, mais c'est avant tout des amis.
16:09C'est assez fou.
16:11Je pense beaucoup à, par exemple, Benjamin Ferré,
16:14avec qui j'ai fait ma première traversée de l'Atlantique
16:17sur la mini-transat en 2019.
16:20J'avais 19 ans.
16:22Lui termine 3e.
16:24Je me souviens qu'il me partageait plein d'expériences
16:28et il m'aidait un peu dans ma préparation.
16:31Aujourd'hui, on se retrouve sur le Vendée Globe
16:33et on s'entraîne ensemble
16:35puisque nos bateaux sont hébergés dans le chantier de Jean.
16:38C'est vrai qu'il y a une vraie ambiance
16:41avec tous les bateaux à dérive.
16:43Il y a un vrai match.
16:45Quand j'ai commencé le Nimoka,
16:48je me suis dit qu'il devait y avoir 3 favoris.
16:51Aujourd'hui, j'en vois bien 5, bien 5-6.
16:55Et ça joue vraiment.
16:57Sur toutes les courses,
16:59on a vu des profils plutôt devant.
17:02Il y a une superbe ambiance.
17:05Je me souviendrai toujours de l'arrivée
17:08à la Transat Jacques Vabre
17:10où il y a eu une remise des prix non officielle
17:13avec juste les bateaux à dérive.
17:15J'ai gagné un stylo.
17:18Les 3 premiers ont gagné des shooters Martiniquais.
17:25Le premier a gagné un poster du deuxième.
17:31C'était hyper fun de faire ça.
17:34Ça montre la cohésion et en même temps la concurrence
17:38parce qu'il y avait un vrai match.
17:41Sur cette course, cette édition,
17:44qu'attends-tu en termes de parcours ?
17:47Il y a plein d'endroits que tu ne connais pas.
17:50Comment t'es-tu préparée à ça ?
17:53Notamment le Sud.
17:55Qu'attends-tu de cette découverte
17:58de l'Indien et du Pacifique ?
18:01Il va faire froid.
18:04Sur cette course, selon les cours,
18:07ça va être à peu près un mois de mer du Sud
18:10et après un mois pour descendre l'Atlantique
18:13et un mois pour remonter.
18:16Aujourd'hui, ce que j'imagine,
18:19c'est que le début des mers du Sud
18:22va être très rude.
18:26C'est la fin des tropiques au mer du Sud
18:29où on attrape les dépressions.
18:32Le vent devient soutenu.
18:35La mer est hyper dure au tout début de l'océan Indien.
18:38J'essaie de me préparer à ça.
18:41Au froid, j'ai installé un chauffage dans mon bateau.
18:44Pour partir, je pars avec une chapka,
18:47un grand bonnet, des moufles.
18:50Je pars aussi avec des affaires
18:53quand il va faire chaud.
18:56Par exemple, j'ai recalculé les calories
18:59dont je vais avoir besoin pour la partie sud
19:02puisqu'il va faire beaucoup plus froid.
19:05Le corps dépense plus.
19:08J'essaie de m'adapter avec tout ce que j'entends
19:11autour de moi et tout ce que me disent les spécialistes.
19:14Ça te fait envie ?
19:17C'est l'aventure.
19:20Ça ne me fait pas forcément envie d'avoir froid
19:23et d'être dans le dur,
19:26mais ça me fait envie de découvrir le poteau noir.
19:29Ça me fascine.
19:32J'ai hâte de voir l'activité du poteau noir.
19:35C'est assez fou.
19:38Il y a des nuages qui bougent très rapidement,
19:41des coups de vent,
19:44des coups de pas de vent.
19:47J'ai envie de vivre ces passages mythiques,
19:50de vivre le passage des capes,
19:53capes de bonne expérience, capes porn, capes low-in.
19:56Après, découvrir les 4 émerveillissantes,
19:59voir ce que ça fait.
20:02Je pense que ça va être une aventure.
20:05Il faut être bien préparé pour ne pas trop souffrir.
20:08Après, c'est le dépassement de soi.
20:11Sur la gestion de la peur,
20:14j'ai en tête des images de l'aller ou le retour,
20:17où tu t'es fait vraiment peur.
20:20C'était la première fois qu'on te voyait
20:23vraiment très inquiète sur des sauts de vagues
20:26et sur une mer très formée.
20:29Je pense forcément au sud,
20:32où ça sera sans doute encore plus grand.
20:35Comment ce que tu as vécu là
20:38influe sur ta préparation,
20:41ne serait-ce que psychologique ?
20:44Je fais beaucoup de préparation mentale
20:47pour le Vendée Globe.
20:50J'en fais depuis que j'ai 8 ans.
20:53C'est la même personne qui me suit depuis que j'ai 8 ans.
20:56Aujourd'hui, c'est ma deuxième maman
20:59et on travaille plein de choses
21:02parce qu'elle me connaît par cœur.
21:05Depuis que je me suis lancée dans l'aventure du Vendée Globe,
21:08je trouve plein d'astuces
21:11pour pouvoir m'aider en cas de crise d'angoisse
21:14parce que c'est toujours possible.
21:17J'ai plein d'astuces.
21:20Ça peut être des gestes pour m'apaiser,
21:23la respiration,
21:26essayer de faire revenir des souvenirs en visualisation.
21:29Ça peut être des objets.
21:32Je pars toujours avec une petite peluche
21:35qui compte beaucoup pour moi.
21:38Je pars toujours avec des audios de mes proches,
21:41des vidéos.
21:44Sur la dernière transat,
21:47j'ai eu un petit coup de peur.
21:50Pendant 4 heures, je me suis retrouvée dans l'énorme houle.
21:53Il y a eu jusqu'à 6 m de houle
21:56et il y avait 35 établis,
21:59rafales à 45.
22:02Je n'avais jamais vu ça de ma vie.
22:05Pendant 4 heures, c'était très intense.
22:08À un moment donné, j'étais assise dans le bateau
22:11et j'ai fait un petit vol plané.
22:14J'ai eu peur de cette chute.
22:17J'ai eu beau réduire toutes mes voiles,
22:20mais c'est chaud quand même.
22:23Une des choses qui m'ont calmée,
22:26c'était de visionner des vidéos de mes proches
22:29et de bien respirer.
22:32Il y a plein de techniques pour ça.
22:35Le fait d'avoir fait ces 4 traversées de l'Atlantique,
22:38ça me permet d'avoir vécu plein de situations
22:41et de me mettre en confiance.
22:44J'ai déjà vécu des départs au tas,
22:47des débarques à l'abatté,
22:50des voiles qui se déchirent,
22:53la perte de l'électronique.
22:56Une fois qu'on l'a vécu,
22:59on sait comment réagir.
23:02Sur la solitude et la longueur de cette solitude,
23:05qui est la spécificité du Vendée Globe,
23:08comment tu t'y prépares ?
23:11Est-ce que ça t'inquiète ?
23:14Quelles solutions as-tu trouvées ?
23:17Ce qui m'inquiète,
23:20ce n'est pas forcément la solitude.
23:23En mer, je ne me sens jamais seule.
23:26J'ai plein d'amis.
23:29J'ai l'impression d'avoir mes concurrents autour de moi.
23:32On est tous dans le même bain.
23:35On est tous à passer telle dépression ou tel front.
23:38J'ai le sentiment d'avoir mon équipe
23:41qui m'appelle tous les jours.
23:44Ce n'est pas vraiment la solitude,
23:47c'est plus l'ennui de 3 mois
23:50et peut-être la peur de manquer des événements à terre.
23:53De se dire qu'ils sont tous en famille à Noël.
23:56Je le prépare vraiment bien là,
23:59avec la préparatrice mentale.
24:02On a fait un gros travail depuis 1 an sur ces 3 mois
24:05d'essayer de visualiser à terre comment je vis les 3 mois.
24:08Est-ce que ça me paraît très rapide, très long ?
24:11J'ai fait ça depuis 2 ans.
24:14J'ai fait ça depuis 2 ans.
24:17Pour le Vendée, je me prépare plein d'occupations.
24:20Je suis assez créative.
24:23Je vais prendre un petit carnet avec moi
24:26et je pense que je vais beaucoup m'en servir.
24:29Je réfléchis à tous les projets que je vais mener
24:32après le Vendée Globe.
24:35Tu emmènes des loisirs créatifs ?
24:38C'est surtout mon carnet.
24:41Je pense que dans les moments où je veux faire des projets,
24:44je vais écrire.
24:47Ce qui me fait passer le temps, c'est d'écrire.
24:50Ça me permet de m'occuper si c'est dur.
24:53On est beaucoup occupé avec le bateau,
24:56la météo, le sommeil.
24:59Les journées sont bien remplies.
25:02Sur l'aspect physique et débauche physique,
25:05il faut faire avancer ses bateaux
25:08qui sont en train de s'améliorer.
25:11Comment tu te prépares ?
25:14Est-ce qu'il y a des trucs et astuces
25:17que tu as trouvés pour matosser tes voiles
25:20qui font 80 kg d'un bord à l'autre ?
25:23Comment tu vas gérer cet aspect très dur à absorber ?
25:26Ce qui est très dur physiquement sur le bateau,
25:29c'est le matossage.
25:32Les voiles pèsent de moins en moins.
25:35C'est très dur.
25:38Il y a plein d'astuces que j'ai trouvées petit à petit.
25:41Par exemple, si je dois emmener une voile
25:44de l'avant à l'arrière,
25:47au lieu de porter le sac
25:50et de jouer la marmule,
25:53c'est plutôt d'ouvrir le sac,
25:56de sortir la voile,
25:59de la replier,
26:02et de la replier derrière.
26:05C'est Louis-Duc qui m'a donné cette technique.
26:08Il y a plein de petites techniques comme ça
26:11pour éviter de se casser le dos.
26:14Il y a des fois où c'est dur.
26:17Il faut quand même porter.
26:20Des fois, on se retrouve avec une heure
26:23de sport intense non-stop pendant des manœuvres.
26:26Il y a une grosse préparation physique
26:29avant la course aussi.
26:32Entre 5 et 6 séances par semaine,
26:35tous les jours,
26:38pour avoir au moins un petit truc de sport.
26:41Après, il faut essayer de se ménager en mer.
26:44Ça ne sert à rien de gagner 5 minutes sur le virement.
26:47Il vaut mieux bien faire les choses,
26:50ne pas se faire mal et ne pas faire de bêtises sur le bateau.
26:53C'est une rigueur que Jean m'a apprise,
26:56que Damien m'a apprise.
26:59Il ne faut pas le faire n'importe quand.
27:02S'il y a besoin de monter au mât,
27:05il faut attendre un moment où il n'y a pas de vent
27:08ou il n'y a pas de mer,
27:11ou alors il faut aller s'abriter.
27:14Sinon, il faut essayer de ne pas avoir à monter au mât.
27:17Il ne faut pas avoir de problème qui oblige ça.
27:20L'exercice ne te pose pas de problème ?
27:23Tu n'as pas le vertige ?
27:26C'est une épreuve, c'est hyper physique de monter tout en haut.
27:29J'ai déjà dû le faire pas mal de fois en mini, en figaro.
27:32Je me suis entraînée un peu en Imoka.
27:35En terminé, ce serait quoi un Vendée Globe réussi pour toi ?
27:38Pour moi, un Vendée Globe réussi,
27:41c'est un Vendée Globe qui arrive jusqu'au bout.
27:44C'est vraiment mon premier objectif,
27:47c'est d'arriver au bout.
27:50À mon âge, je n'avais pas l'impression
27:53que mon premier objectif, c'est d'arriver au bout.
27:56Après, mine de rien, c'est toujours possible qu'il y ait des aléas,
27:59de la casse, ça peut très bien arriver.
28:02Il y a aussi des auphénies qui cassent le bateau.
28:05Du coup, quand même, je me rends compte
28:08que ça a été un très beau parcours jusqu'ici.
28:11Même si je devais m'arrêter au bout d'une semaine
28:14parce qu'il y avait de la casse,
28:17je suis déjà super fière de toutes ces traversées de l'Atlantique
28:20et de tout ce projet.
28:23Dans l'idée, un Vendée Globe réussi,
28:26c'est arriver au bout.
28:29Merci beaucoup.

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