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Vendée Globe 2024 / Rencontre avec Boris Hermann, Malizia - Seaexplorer

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00:00Ok Boris, pour commencer, est-ce que tu peux te présenter ?
00:10Est-ce que tu peux nous expliquer ta découverte de la voile ?
00:13On ne connaît pas forcément la culture de la voile allemande.
00:16Comment toi tu arrives à la voile ?
00:30A quel moment tu rencontres toi en tant que spectateur amateur de voile le Vendée Globe ?
01:00J'avais 15 ou 16 ans quand j'ai regardé un film sur Arte.
01:05C'était un beau documentaire sur la vieille Vendée Globe
01:10avec des images de Loic Perron, la première Vendée Globe, la deuxième Vendée Globe.
01:15Ce sont des images incroyables et j'ai vraiment pensé
01:18« Waouh, c'est la chose la plus incroyable que j'aie jamais entendue ! »
01:22Et que retiens-tu des précédentes éditions ?
01:25Quelles images, quels skippers, quelles histoires t'ont marqué ?
01:30Je me souviens des images de Loic Perron
01:36qui surfait des grandes vagues dans l'océan sud.
01:39Il avait installé des caméras à l'arrière de son bateau
01:43qui restaient verticales quand le bateau faisait ses mouvements dans les vagues
01:48pendant qu'il surfait des grandes vagues dans l'océan sud.
01:51C'était à ce moment-là, j'avais 15 ou 16 ans,
01:54j'avais juste découvert dans mon petit dingy sur la plage
01:57ce que le surf c'est quand le bateau va très vite avec son petit spinnaker.
02:02Et j'ai pensé « Waouh, c'est comme le dingy mais sur l'océan ! »
02:06Et ça m'a beaucoup inspiré.
02:08C'était une des images, mais aussi toute la folie de Loic Perron
02:13avec le mur à l'intérieur de son bateau décoré comme une maison
02:18à l'intérieur avec des pierres, un mur en bois, du papier,
02:22et un autre, Bertrand de Brocq avec un pot de fleurs au milieu du bateau.
02:27Il y avait aussi cet aspect d'aventure et de la folie
02:33de ces gens très individualistes.
02:37Ce sont des personnages intéressants, c'était agréable à regarder.
02:40Et à quel moment tu te dis que cette histoire pourrait être la tienne
02:46et que tu te rends à rêver de participer un jour
02:51à l'Olympique du Côte d'Ivoire ?
02:53Je pense que c'était en passant le Cape Horn en 2008
02:59sur une classe 40, dans une course qui s'appelle la course de l'océan global.
03:03Une course de classe 40, double-poignée, avec des arrêts.
03:07Et on a ce matin d'aujourd'hui, le soleil se lève,
03:12on navigue autour du Cape Horn et mon copilote me dit
03:17que c'était la prochaine édition du Vendée Globe en 2012.
03:22Il m'a dit une blague pendant qu'il me filmait
03:27et je l'ai dit à la caméra.
03:30Je me souviens bien de ce moment où j'ai exprimé
03:34pour la première fois consciemment ce que je voulais faire.
03:38Le Vendée Globe en 2012.
03:40Le Vendée Globe à ce moment-là, c'est quoi pour toi ?
03:44Alors, pendant que nous avons fait cette course autour du monde
03:47sur la classe 40, en 2008,
03:49en 2009 je crois,
03:51le Vendée Globe s'est déroulé en même temps
03:53et je l'ai suivi très prochement.
03:55L'Internet n'était pas si rapide à l'époque,
03:58en étant à la mer, mais dans les arrêts,
04:01je regardais toutes les photos et les vidéos
04:04et c'était l'édition où Michel DiGioio a gagné, je crois.
04:08Et il y avait ces machines incroyables,
04:12ces bateaux magnifiques,
04:14une forte compétition
04:16et une grande aventure d'y aller seul et sans arrêt.
04:20À partir de 2010, tu vas commencer à naviguer en Imoca
04:23et tout de suite avec l'idée de faire le Vendée Globe ?
04:28Oui, c'est devenu rapidement un désir très fort
04:33et un souhait de faire tout pour organiser le Vendée Globe.
04:37Et en fait, la course sur la classe 40,
04:40nous avons gagné cette course
04:42et mon sponsor, à l'époque,
04:44était très heureux avec nous et la course
04:47et il m'a dit « Ok Boris, nous allons construire un beau bateau ensemble,
04:50nous allons faire le Vendée Globe 2012. »
04:52Et c'est aussi comme ça que j'ai commencé
04:55à faire des contacts ici à Brittany,
04:57où est-ce qu'on construit le bateau, qui peut m'aider, etc.
04:59Mais ensuite, la compagnie a eu une grande crise économique
05:02et s'est déroulée,
05:04et donc ça m'a pris 10 ans de plus
05:06pour revenir pour avoir mon propre projet Vendée Globe.
05:09Ce n'était pas facile de trouver les partenaires
05:11et de construire un projet,
05:13mais pendant ces années,
05:15j'ai pu voyager sur d'autres projets
05:18et c'était peut-être aussi pour le bien
05:21de attendre un peu plus longtemps jusqu'à ce que je le réalise.
05:25Et alors raconte-nous ton histoire avec Monaco,
05:28parce que c'est à partir de ce moment-là
05:30que tu vas commencer à construire ce projet Vendée Globe pour 2020.
05:34On ne comprend pas toujours le lien
05:36entre Hambourg, la Bretagne
05:39et ta résidence habituelle.
05:42Et Monaco, explique-nous ton lien avec Monaco.
05:47Dans ma vie, j'ai un peu trois pieds
05:51en Hamburg, en Monaco,
05:54en Lorient et en Brittany.
05:57Ici, en Lorient et en Brittany,
05:59nous avons notre base d'équipe
06:01et c'est notre port d'abri pour le bateau
06:03et notre base technique.
06:05En Hamburg, c'est où je vis
06:07et où il y a aussi mon réseau
06:09pour les entreprises, les soutenants
06:11et les gens qui nous aident à créer la campagne.
06:14Et Monaco, c'est vraiment là où tout,
06:16où ce projet Malizia a commencé
06:18et Monaco est notre ancre et notre origine.
06:22Ensemble avec Pierre Casiraghi,
06:25mon ami de Monaco,
06:27nous avons tous rencontré en voyant
06:29une course vers l'Atlantique en 2013
06:32et un jour, il m'a appelé Boris
06:34et il m'a dit qu'il allait à Monaco
06:36pour créer l'équipe Malizia.
06:38C'était son idée et nous avons commencé
06:40avec un bateau un peu plus petit
06:42et puis nous avons développé
06:44ce projet qui est devenu
06:46assez professionnel et bien organisé
06:48et c'est la fondation
06:50pour la campagne Imoco.
06:52Alors finalement, tu vas réussir
06:54à monter ce projet
06:56et à t'aligner sur le Vendée Globe.
06:59Raconte-nous cette découverte
07:01du Vendée Globe en vrai.
07:04C'était vraiment le rendez-vous
07:06avec Pierre Casiraghi
07:08qui m'a permis,
07:10plusieurs années plus tard,
07:12d'être au début du Vendée Globe.
07:14On peut dire ça comme ça.
07:16Parce qu'avec son idée
07:18de créer une équipe de voyage,
07:20nous avions les possibilités
07:22de construire ce dont nous avions besoin.
07:24Nous avions besoin d'un investisseur
07:26pour aider à acheter le bateau,
07:28nous avions besoin d'un autre sponsor,
07:30nous avions besoin de toutes sortes
07:32de scientifiques.
07:34Tout cela prend du temps
07:36et Pierre était vraiment là
07:38pour nous aider à réaliser
07:40notre rêve du Vendée Globe.
07:42Il aimait ce rêve
07:44et un moment crucial
07:46était le début du Vendée Globe en 2016
07:48où nous sommes allés ensemble
07:50avec un propriétaire de bateau allemand
07:52et maintenant un très bon ami, Gerhard,
07:54qui s'est un peu intrigué
07:56et nous lui avons suggéré
07:58d'être l'investisseur
08:00de ce bateau.
08:02Nous sommes allés avec lui
08:04sur un catamaran de voyage
08:06et nous avons suivi le début.
08:08Il y avait de l'eau douce
08:10et c'était un grand plaisir
08:12de suivre le bateau
08:14très loin sur ce catamaran.
08:16Je pense que nous avons reçu
08:18cette énergie de tous ces gens
08:20dans le village.
08:22C'est une expérience incroyable
08:24de vivre le début du Vendée Globe
08:26et de revenir sur le bord
08:28de ce bateau.
08:30Gerhard m'a dit
08:32qu'il fallait le faire
08:34et qu'il allait
08:36s'assurer
08:38avec le propriétaire
08:40de ce bateau.
08:42C'est là que
08:44le processus a commencé.
08:46Alors raconte-nous cette édition
08:482020.
08:50Tu vas être un des acteurs
08:52jusqu'à la fin,
08:54jusqu'à une fin un peu
08:56difficile pour toi.
08:58Tu jouais une place sur le podium
09:00voire mieux jusqu'au bout.
09:02Est-ce que succinctement
09:04tu peux nous raconter cette aventure ?
09:06Pour moi,
09:08en commençant mon premier Vendée Globe
09:10en 2020,
09:12j'avais déjà accumulé
09:14beaucoup d'expériences
09:16dans la classe Amoka
09:18et sur mon bateau.
09:20J'avais voyagé
09:22sur mon bateau pendant 4 ans
09:24et pendant ces années,
09:26nous avons voyagé
09:28sur la plupart des voies
09:30de l'équipe Amoka.
09:32J'ai participé à des courses
09:34qui n'étaient pas connues.
09:36J'ai participé à la course
09:38de Bermuda à Hamburg,
09:40qui n'était pas pour les Amokas,
09:42mais pour les yachts.
09:44C'était mon premier voyage
09:46à la maison sur cette course.
09:48C'était une très bonne expérience.
09:50Toutes ces expériences
09:52m'ont permis d'avoir
09:54un voyage inévitable,
09:56où nous avons emmené Greta Thunberg
09:58vers New York en 2019.
10:00Tout le monde pensait
10:02qu'on allait passer du temps
10:04à la préparation du Vendée Globe.
10:06Mais non, ces expériences
10:08nous ont permis d'aller
10:10et de revenir deux fois
10:12vers l'Atlantique.
10:14Nous avons brisé des choses,
10:16nous avons eu des problèmes
10:18que nous avons résolus.
10:20J'ai ressenti que tout au long
10:22de la course, il n'y avait pas
10:24de surprise technique.
10:26Le bateau était très bien préparé
10:28avec son équipe.
10:30C'était une équipe forte
10:32qui était là pour la préparation.
10:34C'était un grand succès,
10:36je pense.
10:38J'étais un peu timide
10:40et timide dans l'océan sud.
10:42Venir vers Cape Horn
10:44a été un petit défi.
10:46J'ai eu un peu de tempête
10:48et je n'étais pas vraiment
10:50dans la direction
10:52où je voulais aller.
10:54Mais au bout d'un moment,
10:56j'ai réalisé que j'étais
10:58l'unique bateau
11:00qui n'avait pas
11:02de problème dans l'Atlantique.
11:04Donc, c'est parti !
11:06Chaque jour, j'ai gagné
11:08un endroit.
11:10Une semaine plus tard,
11:12j'étais le premier à l'équateur.
11:14C'était une excellente surprise
11:16de voir que la course
11:18commençait maintenant.
11:20De l'équateur à Les Sables d'Olonne,
11:22c'était comme une nouvelle course.
11:24C'était la dernière course
11:26à la fin.
11:28Et les dernières 3-4 jours,
11:30c'était comme la course Azimut
11:32à Lorient.
11:34Je me demandais si je devais
11:36aller un peu plus près
11:38pour arriver à la fin.
11:40C'était la fin la plus incroyable
11:42avec 8 bateaux
11:44et ça aurait pu être
11:46complètement différemment mélangé
11:48avec un petit changement de vent.
11:50Un changement de vent de 10 degrés
11:52aurait changé mon ETA
11:54en 4-5 heures,
11:56donc en quelques endroits
11:58dans le ranking.
12:00C'était une expérience incroyable.
12:02Et tu étais dans le match
12:04pour la victoire.
12:06Charlie dit qu'il te surveillait
12:08de près et que tu l'as inquiété
12:10jusqu'au bout.
12:12Et cette collision
12:14dans la dernière nuit,
12:16me semble-t-il, avant ton arrivée ?
12:18Les deux derniers jours
12:20à la fin,
12:22je les ai engraissés
12:24dans ma mémoire
12:26très précisément.
12:28Il y a certainement des moments
12:30dans ce long Vendée Globe
12:32qui sont un peu blancs.
12:34Il y a aussi des moments difficiles
12:36que je ne me souviens pas.
12:38Mais la fin,
12:40c'était un moment
12:42qui m'a rendu conscient.
12:44Pour moi,
12:46c'était un vol d'avion
12:48avec Armel Le Cleac'h
12:50qui m'a parlé
12:52sur la radio
12:54en me disant
12:56que je pouvais continuer
12:58et que j'allais gagner.
13:00C'était un jour froid.
13:02Je ne pouvais pas vraiment
13:04voir l'avion,
13:06mais je pouvais l'entendre.
13:08C'était à l'ouest de l'Espagne.
13:10Il n'y avait que Charlie
13:12et moi
13:14qui allions de cette façon.
13:16Les autres allaient plus vers l'île
13:18que vers le sud.
13:20Ils avaient une stratégie différente.
13:22Mais sur le programme computer,
13:24ils arrivaient tous au même moment
13:26et on ne savait pas ce qui allait se passer.
13:28Je me disais
13:30que par 1%,
13:32j'étais plus incliné
13:34à aller où Charlie allait
13:36et nous avons fait
13:38ce genre de compétition.
13:40Ce n'était pas une compétition de match.
13:42Il avait de l'avantage,
13:44mais j'avais des heures
13:46de bonus à donner
13:48à la fin.
13:50J'étais conscient
13:52que ce serait un match difficile.
13:54Je pense que
13:56c'était l'avenir
13:58avant l'arrivée.
14:00L'arrivée devait être
14:02à minuit,
14:04et j'étais à 90 kilomètres
14:06de l'arrivée.
14:08J'ai envoyé des messages
14:10et ils m'ont envoyé des photos
14:12de leurs vêtements.
14:14Il y avait Prince Albert
14:16de Monaco,
14:18Giovanni Saldini,
14:20l'Italien,
14:22ma famille,
14:24le team,
14:26Pierre Casiraghi,
14:28ils m'ont envoyé des photos
14:30et j'étais très content.
14:32En 4 heures,
14:34j'ai passé mon dernier repas
14:36et j'ai pensé
14:38« Qu'est-ce que je vais dire à ces gens ? »
14:40J'ai fait une petite vidéo
14:42et j'ai dit
14:44« Désolé, je vais être un peu plus tard. »
14:46Ils se sont mis
14:48avec leurs petits bateaux
14:50sans vêtements,
14:52ils sont allés dormir,
14:54car je dirais que
14:56très lentement,
14:58à la fin,
15:00il n'y avait plus qu'un bateau.
15:02Heureusement, je pouvais encore finir.
15:06Dans mon programme de navigation,
15:08j'ai mis la limite du temps
15:10juste en avant
15:12de Thomas Ruyant
15:14et je me suis assuré
15:16que j'étais à 10 minutes devant lui.
15:18Je ne savais pas
15:20à quel point je pouvais aller
15:22avant que ce bateau
15:24ne tombe complètement
15:26ou que je fasse quelque chose de mauvais.
15:28Je me suis assuré
15:30que j'étais à la limite du temps
15:32pour finir 5ème.
15:34Qu'est-ce qui te reste
15:36aujourd'hui de cette nuit ?
15:38C'est de la frustration
15:40d'être passé à côté
15:42de quelque chose d'énorme ?
15:44C'est de la joie
15:46d'avoir pu terminer
15:48malgré cette collision ?
15:50Quels sont tes sentiments aujourd'hui ?
15:52Ce qui est resté
15:54de cette expérience
15:56c'est le sentiment
15:58de joie
16:00d'avoir pu terminer.
16:02Dans l'esprit,
16:04ça aurait pu être pire.
16:06Une sorte de reconnaissance
16:08de remercier mon destin
16:10de m'avoir permis
16:12de terminer.
16:14De me permettre
16:16d'avoir un résultat
16:18de Vendée Globe
16:20qui est respectable.
16:22Finalement,
16:24j'ai été très positif
16:26dans cette expérience.
16:28J'espère que ça ne se reproduira jamais.
16:30On a vraiment changé
16:32les instruments sur le bateau.
16:34On a doublé pour avoir
16:36deux AAS,
16:38différentes sections
16:40de câbles dans le masque.
16:42On ne sait toujours pas
16:44comment ça s'est passé,
16:46mais ça ne devrait pas
16:48se reproduire.
16:50Je n'avais pas de frustration
16:52du tout.
16:54Je me suis réveillé
16:56et je suis très reconnaissant
16:58que je peux maintenant
17:00apprécier le résultat
17:02dans la lumière du jour
17:04avec une conscience
17:06complètement changée.
17:08C'est une chose typique
17:10de l'humain
17:12quand on va perdre
17:14quelque chose
17:16et le récupérer
17:18c'est encore pire.
17:20Par exemple,
17:22si on a une mauvaise diagnose
17:24pour la santé
17:26et qu'on réalise
17:28qu'on a de la chance
17:30d'être en bonne santé.
17:32Je n'aurais pas réalisé
17:34de devenir le deuxième
17:36que j'avais espéré
17:38à ce moment-là.
17:40Je l'aurais probablement
17:42pris un peu pour granti
17:44car c'était déjà possible
17:46pour quelques jours.
17:48Je n'étais pas très heureux
17:50mais ça aurait été
17:52un peu naturel.
17:54C'était une fin spectaculaire
17:56pour moi
17:58et un moment
18:00spectaculaire.
18:02Est-ce que pour toi
18:04il est tout de suite clair
18:06que tu vas repartir
18:08sur une campagne ?
18:10Pour moi,
18:12la question de commencer
18:14sur un autre Vendée Globe
18:16a beaucoup été posée
18:18pendant le Vendée Globe.
18:20J'ai quelques amis
18:22qui m'ont parlé
18:24pendant mon voyage
18:26à la mer.
18:28Parfois je parle
18:30avec Sam Davies
18:32ou Giancarlo Pedote
18:34mais dans ce cas
18:36c'était Fabrice Amedeo
18:38qui m'avait dit
18:40« Oublie ça Boris,
18:42le moment où tu vas
18:44t'inquiéter,
18:46quelque chose va se passer
18:48et tu vas juste
18:50vouloir le faire encore. »
18:52Et ça lui est déjà
18:54arrivé deux fois.
18:56Je leur ai envoyé un message
18:58et je leur ai dit
19:00« C'est si dur,
19:02comment peux-tu
19:04faire cela
19:06plus qu'une fois ?
19:08C'est complètement inhumain,
19:10c'est ridicule,
19:12j'ai toujours peur
19:14de mon bateau.
19:16Je me suis vraiment
19:18poussé jusqu'au bout
19:20et je me suis dit
19:22que ce n'était pas agréable
19:24et que je n'allais
19:26jamais le faire encore.
19:28J'ai demandé au manager
19:30de mon équipe
19:32Holly et à ma femme
19:34s'ils pouvaient
19:36m'inquiéter
19:38et me rappeler
19:40que je n'avais pas
19:42de chance.
19:44Je me suis dit
19:46« Ok, c'est pas possible,
19:48je dois le faire encore. »
19:50Je voulais avoir
19:52une réponse claire
19:54pour moi-même
19:56et c'était clair.
19:58Au moment où j'ai terminé,
20:00j'ai dit à tout le monde
20:02que je voulais le faire encore.
20:04Qu'est-ce qui est aussi
20:06addictif dans cette course ?
20:08C'est un peu addictif.
20:10Pourquoi est-ce si addictif ?
20:12C'est difficile à dire
20:14et c'est paradoxal.
20:16Tu souffres des moments
20:18où tu penses que tu es
20:20tellement stupide
20:22pour avoir décidé d'aller ici.
20:24Et il y a des moments
20:26où c'est un peu comme
20:28être sur des drogues.
20:30Tu es dans une intensité
20:32où tout dépend de toi.
20:34Tu as tellement
20:36à jouer.
20:38Tu es le maître
20:40de cette machine fantastique
20:42et tu négocies
20:44la nature autour de toi,
20:46les vents, les courants,
20:48la stratégie.
20:50Et tu réussis à rebâtir
20:52toi-même encore et encore
20:54pour dépasser ces problèmes
20:56qui t'attaquent tous les jours.
20:58Littéralement tous les jours.
21:00Mais je dirais qu'une fois par semaine
21:02tu as un gros problème.
21:04C'est statistiquement vrai
21:06dans le Vendée Globe.
21:08Tout est questionné
21:10chaque semaine.
21:12L'énergie du bateau
21:14ne fonctionne plus.
21:16Et ton équipe sur la mer
21:18ne peut que t'aider.
21:20Ils te disent de rester calme
21:22et de chercher l'erreur.
21:24Tu passes par les câbles
21:26et tu te demandes
21:28pourquoi ça ne charge pas ma batterie.
21:30Et j'ai trouvé un câble,
21:32un câble caché
21:34qui était déconnecté
21:36mais il ressemblait bien.
21:38J'ai senti un peu
21:40de fumée électrique
21:42et de chaleur sur ce câble
21:44et je l'ai remplacé.
21:46Mais tout est questionné
21:48et tu te rebâtes.
21:50Et ce sont des moments
21:52très forts
21:54où tu te sens très
21:56efficace.
21:58Et ce que tu fais
22:00au bout d'un jour
22:02est très impactant.
22:04C'est juste une intensité
22:06qui est si forte.
22:08Et c'est un mélange
22:10de toutes ces impressions
22:12de la liberté de sortir
22:14de la compétition,
22:16de l'excitement.
22:18C'est un mélange incroyable
22:20de sentiments.
22:30Comment tu abordes
22:32cette dimension ?
22:34Est-ce que tu en souffres ?
22:36Quelles sont tes solutions ?
22:38Et qu'est-ce que change
22:40aujourd'hui
22:42l'explosion
22:44des débits
22:46et des communications
22:48solitaires
22:50versus solitude ?
22:52J'aimerais être un philosophe
22:54pour mieux expliquer
22:56la notion
22:58et la situation
23:00de la solitude
23:02dans cette compétition.
23:04Parce que nous avons choisi
23:06d'être là au début.
23:08Nous voulions vraiment...
23:10Depuis de nombreuses années,
23:12c'est notre grand rêve
23:14d'aller là-bas.
23:16Et puis tu te trouves
23:18à souffrir.
23:20Je souffre beaucoup
23:22de la solitude.
23:24C'est étrange
23:26et très inconfortable.
23:28Je ne peux pas expliquer
23:30pourquoi nous faisons ça.
23:32C'est très paradoxal.
23:34Mais quand
23:36l'anxiété
23:38de la solitude
23:40est d'habitude la plus forte
23:44à la fin de la première semaine,
23:46je dirais.
23:48La première semaine
23:50est une transition difficile
23:52pour moi,
23:54parce que je suis
23:56une capsule orbitale
23:58à ma petite station de l'espace
24:00que j'habite
24:02toute seule,
24:04totalement déconnectée
24:06physiquement des autres.
24:08Je dois être autonome,
24:10self-reliant, etc.
24:12Mais il y a une semaine
24:14de détente
24:16de la terre.
24:18Les premiers deux jours
24:20c'est l'adrénaline,
24:22la première fois que tu as survécu
24:24à la première frontière,
24:26et que certains bateaux
24:28ont déjà des problèmes.
24:30Tu es au milieu de l'action
24:32et tu réalises que c'est seulement
24:34trois jours,
24:36et que tu as encore
24:38trois mois à faire.
24:40C'est comme une montagne,
24:42une montagne mentale devant moi,
24:44et que c'est impossible
24:46d'aller au-dessus.
24:48C'est une grande montagne
24:50et parfois je ne sais pas
24:52comment faire.
24:54C'est vraiment difficile pour moi.
24:56Il y a des moments
24:58où je ne sais vraiment pas
25:00comment faire.
25:02Je suis vraiment incertain
25:04et c'est difficile.
25:06Mais j'ai maintenant
25:08une certaine expérience.
25:10Je sais que cette sensation
25:12est la plus forte
25:14à la fin de la première semaine
25:16et dans les jours
25:18où c'est tellement long
25:20à traverser le Pacifique.
25:22A traverser le Pacifique,
25:24c'est comme aller
25:26de Los Angeles
25:28à Warsaw,
25:30à Moscou.
25:32C'est super loin.
25:34Donc tu as vraiment
25:36beaucoup de temps
25:38à regarder.
25:40C'est comme une grande montagne
25:42à remonter.
25:44Je sais que cette sensation,
25:46c'est du matin au midi
25:48et l'après-midi
25:50c'est mieux.
25:52A la nuit, je n'ai pas
25:54cette sensation du tout.
25:56A la nuit, l'univers est
25:58le plus proche.
26:00On ne voit que quelques mètres
26:02autour du bateau
26:04et je me sens comme dans
26:06un petit nid.
26:08Et le matin,
26:10quand tu vois le horizon
26:12et que tu te souviens
26:14c'est un peu difficile parfois.
26:16Mais c'est seulement
26:18quelques jours
26:20dans toute la course.
26:22Et tu as trouvé des moyens
26:24pour sortir de cet état-là ?
26:26De la sophrologie ?
26:28Est-ce que tu as cherché
26:30à pallier
26:32ce petit handicap ?
26:34Oui, j'ai un petit handicap
26:36avec ça.
26:38Je ne pense pas que tous les compétiteurs
26:40vivent
26:42dans ces moments difficiles
26:44avec la solitude.
26:46Certains sont un peu plus relaxés.
26:48Après le Vendée Globe,
26:50j'essayais de trouver
26:52un psychologue
26:54qui m'aiderait un peu.
26:56Mais je n'ai pas trouvé
26:58quelqu'un
27:00qui m'a permis d'imaginer
27:02ce que c'est comme.
27:04Je n'ai pas trouvé
27:06quelqu'un
27:08qui m'a permis
27:10d'imaginer
27:12ce que c'est comme.
27:14J'espère que ça va mieux.
27:16Je n'ai pas de technique spécifique.
27:18On verra.
27:20Mais je sais
27:22combien de jours
27:24ça peut durer.
27:26Ce n'est pas tout le temps.
27:28Parfois.
27:30Je sais qu'à la nuit,
27:32je n'ai pas ce sentiment.
27:34Au pire, j'attends la nuit.
27:36Je sais que ça va mieux.
27:38Maintenant, tu es sportif.
27:40Avec cette campagne,
27:42tu l'as dit,
27:44tu as pris de la confiance.
27:46Tu as monté ton niveau encore.
27:48Dans toutes les courses de préparation,
27:50tu joues devant.
27:52L'Ocean Race, les Transat de cette année.
27:54Tu es vraiment assis
27:56dans ce petit peloton
27:58de tête
28:00qui s'est battu
28:02pour toutes les courses.
28:04Comment vis-tu ce nouveau statut sportif
28:06et quelles sont tes ambitions
28:08pour le prochain Vendée Globe?
28:10Je pense que nous sommes
28:12les préférés du Vendée Globe.
28:14Si on regarde sur le papier
28:16ce que nous avons fait
28:18pour préparer la course,
28:20nous sommes les bateaux
28:22qui ont sauté le plus de miles
28:24au cours des quatre dernières années
28:26de préparation.
28:28Nous avons eu ce nouveau bateau
28:30de tous les nouveaux bateaux
28:32et nous avons pris ce nouveau bateau
28:34dans le monde et dans l'océan.
28:36Nous l'avons fait
28:38pour préparer
28:40ce bateau pour le Vendée Globe.
28:42Il y a eu une grande course
28:44avec la crew
28:46pour préparer le Vendée Globe.
28:48Il n'y a personne d'autre
28:50qui l'a fait,
28:52sauf Paul Mayer
28:54et Benjamin Dutrot.
28:56Benjamin avait le problème
28:58qu'il avait un problème technique
29:00et qu'il ne pouvait pas faire
29:02parce qu'il avait un manque d'océan
29:04dans la course autour du monde.
29:06Je pense que les deux seuls
29:08qui ont fait cette grande préparation
29:10sont Paul Mayer et nous.
29:12Paul avait des problèmes cette année.
29:14Nous sommes les bateaux
29:16qui ont fait les courses
29:18les plus préparatoires
29:20et c'est ce qui nous met
29:22dans la position des préférés.
29:24Emotionnellement,
29:26cela ne change rien pour moi.
29:28Si c'est bon,
29:30je ne me sens pas sous pression.
29:32Pour moi,
29:34le Vendée Globe est plus qu'une course
29:36et peut-être même pas une course.
29:38J'essaie vraiment
29:40d'aller là-bas
29:42en termes de voyage.
29:44Je suis conscient
29:46du risque
29:48dans le Vendée Globe.
29:50Je pense que c'est une course
29:52qui a une haute proportion
29:54de déception.
29:56Quelque chose peut tomber.
29:58Tu es sorti de la course
30:00mais tu peux toujours faire le voyage.
30:02Je veux vraiment être préparé
30:04pour aller faire un voyage.
30:06C'est la notion de la compétition
30:08qui m'invite à le faire.
30:10Mais je peux aussi
30:12regarder
30:14et dire
30:16que la compétition
30:18est un bon prétexte
30:20pour faire ce voyage.
30:22J'aimerais le voir
30:24comme ça,
30:26apprécier le privilège
30:28de recevoir cette machine
30:30et le temps et l'opportunité
30:32d'aller en voyage
30:34avec ce bateau qui peut
30:36aller plus vite que le vent,
30:38qui peut m'emmener dans le monde
30:40en moins de 70 jours,
30:42qui peut aller à une vitesse de 40 knots,
30:44qui peut voler sur l'eau.
30:46C'est ce que j'ai rêvé
30:48quand j'avais 15 ou 16 ans.
30:50C'est ce que je veux faire.
30:52Je ne sais pas si je suis
30:54en 15 ou 16 ans.
30:56Je ne veux pas être moins de 15 ans.
30:58Mais c'est une partie
31:00de la compétition.
31:02C'est notre travail de compétition.
31:04Les autres bateaux sont très bien préparés.
31:06Ils sont des sailleurs incroyables.
31:08Ils ont déjà fait
31:104 Vendée Globe.
31:12Évidemment, ils vont nous battre.
31:14Je ne m'attendais pas à gagner du tout.
31:16Mais vous pouvez parler de nous
31:18en étant un favori.
31:20Ça ne me dérange pas.
31:22Pour l'amateur de sport
31:24que tu es,
31:26de compétition,
31:28j'imagine que l'excitation
31:30de pouvoir participer
31:32à Arms Egal
31:34avec les meilleurs
31:36sur cette course qui s'annonce passionnante
31:38parce que le niveau n'a jamais été
31:40aussi élevé
31:42est une jouissance
31:44géniale, non ?
31:46C'est vrai.
31:48Je suis un compétiteur.
31:50Je suis un peu
31:52un rêveur naïf aussi.
31:54J'adore les histoires
31:56de la Vendée Globe,
31:58de Mottissier, de Tabarly.
32:00J'adore sortir pour l'aventure.
32:02C'est une grande ressource
32:04que j'ai, j'espère,
32:06pour pouvoir m'amuser
32:08à l'extérieur de la compétition.
32:10Je suis aussi un compétiteur.
32:12J'ai passé tant de temps
32:14en compétition sur de petites courses
32:16et en essayant de trimer
32:18un millimètre ici
32:20et un peu là.
32:22J'ai fait tout ça
32:24toute ma vie
32:26et j'adore ça.
32:28Maintenant, j'ai été donné
32:30l'opportunité d'être
32:32au niveau de l'œil
32:34avec les meilleurs
32:36et les préférés.
32:38J'ai les ressources
32:40d'un bon équipe
32:42qui peut préparer le bateau
32:44dans les meilleures conditions.
32:46C'est ce qui nous permet
32:48de construire ce bateau
32:50et d'avoir de belles sailles
32:52et de tout être propre.
32:54On y va avec tout ce qu'on peut souhaiter
32:56dans cette compétition
32:58et c'est un grand sentiment.
33:00Vous êtes une équipe
33:02qui communique beaucoup.
33:04Tu envoies aussi
33:06beaucoup d'images.
33:08Raconte-nous cette révolution
33:10Starlink qui rend les communications
33:12très faciles.
33:14Qu'est-ce que tu estimes
33:16être ton rôle
33:18dans le projet que vous portez
33:20avec des causes,
33:22avec des missions ?
33:24Cette partie communication
33:26du métier de marin
33:28pendant la compétition.
33:30Partager l'aventure
33:32du Vendée Globe
33:34a toujours été
33:36une partie de mon idée.
33:38C'est comme ça que ça a commencé pour moi.
33:40Quelqu'un a partagé ces images
33:42et filmé, comme Louis Perron
33:44et d'autres gens à l'époque.
33:46Ils filmaient leurs moments.
33:48Ils filmaient les oiseaux
33:50qui volaient autour du bateau,
33:52la mer,
33:54leurs crashs.
33:56Et ce sont ces histoires
33:58qui m'ont amené où je suis aujourd'hui.
34:00Pour moi, c'est un cycle naturel
34:02de partager l'aventure.
34:04C'est vraiment
34:06ce que je veux faire.
34:08Je me suis rendu compte
34:10pendant le dernier Vendée Globe
34:12qu'en la deuxième partie du jour,
34:14quand je parle à mon téléphone
34:16et que je fais un petit vidéo,
34:18après avoir partagé
34:20mon jour,
34:22mon expérience de ce moment
34:24de la course,
34:26ça m'aide beaucoup mentalement.
34:28Je me sens moins seul,
34:30je me sens motivé
34:32et je me sens un peu connecté
34:34au monde.
34:36Je me suis donc rendu compte
34:38que j'ai communiqué
34:40de plus en plus
34:42dans le Vendée Globe
34:44et je pense que ça devrait
34:46se faire encore une fois.
34:48Ce n'est pas vraiment
34:50quelque chose
34:52que vous pouvez vous obliger.
34:54Quand vous êtes dehors,
34:56les émotions sont si fortes,
34:58les émotions d'étonnement
35:00de ce qui est trop,
35:02je ne peux pas,
35:04je suis stressé, je suis fatigué,
35:06si ça ne vient pas
35:08de l'intérieur,
35:10maintenant je veux en parler,
35:12des centaines de personnes
35:14pourraient m'appeler
35:16et me demander
35:18de faire un vidéo
35:20pour parler de ça.
35:22Ça serait toujours
35:24complètement inauthentique
35:26et débordant
35:28si ça ne vient pas
35:30de l'intérieur.
35:32C'est quelque chose
35:34que nous devrions faire
35:36même en vie.
35:38Jusqu'à présent,
35:40nous n'avons jamais
35:42exploré cette opportunité.
35:44Nous avons toujours
35:46enregistré notre vidéo,
35:48la envoyé lentement
35:50avec un upload
35:52et la mettons
35:54dans le monde.
35:56Maintenant, nous pouvons
35:58vraiment parler en vie
36:00aux gens et nous verrons
36:02ce qui se passe
36:04à l'extérieur.
36:06C'est un nouveau territoire
36:08à explorer.
36:10Nous pouvons maintenant
36:12avoir une connexion internet
36:14qui est aussi rapide
36:16que chez nous.
36:18Est-ce qu'il y a un risque
36:20aussi de te sortir
36:22de ta bulle de course
36:24parfois ?
36:26Parce qu'il y a effectivement
36:28dans un sens,
36:30nous avons toujours été
36:32très connectés à la mer.
36:34Je me souviens de ma première course
36:36autour du monde en 2008.
36:38Nous avons utilisé l'email
36:40mais cela vous donne
36:42une connexion très forte aussi.
36:44Parfois, vous recevez 30 ou 40
36:46e-mails par jour.
36:48Il peut y avoir un jour dans l'océan
36:50où vous n'avez pas besoin de changer
36:52de voyage et où vous prenez
36:54une heure dans la matinée
36:56pour aller lire quelques e-mails
36:58à vos parents ou à votre équipe.
37:00Cela a toujours été possible
37:02et même envoyer des vidéos
37:04à ce moment-là.
37:06Je ne pense pas que c'est un risque
37:08d'avoir maintenant la possibilité
37:10d'une connexion internet plus rapide.
37:12Mais honnêtement,
37:14je ne sais pas
37:16comment ça va se passer.
37:18Nous l'avons seulement essayé
37:20un peu jusqu'à présent.
37:22Sur les deux courses transatlantiques
37:24que nous avons faits
37:26j'avais déjà cette possibilité
37:28mais je ne l'utilisais pas
37:30tellement, honnêtement,
37:32car j'étais dans mon bubble émotionnel.
37:34J'étais dans mes routines
37:36de la façon dont je faisais des choses.
37:38Cela n'a pas encore fait de différence
37:40mais je sais que
37:42le Vendée Globe est beaucoup plus long
37:44et il y aura des temps
37:46où j'aurai plus l'énergie
37:48d'ouvrir mon bubble un peu
37:50et de parler
37:52de différentes façons au monde.
37:54Sur la météo,
37:56on a vu
37:58dans les dernières Transat
38:00que tu étais capable
38:02d'assumer des choix, de faire des choix
38:04et c'est notamment là
38:06que tu as eu le temps d'envoyer beaucoup d'images
38:08dans cette longue remontée
38:10vers l'Islande,
38:12vraiment à la hauteur de l'Irlande.
38:14Est-ce que
38:16a posteriori,
38:18ça t'a donné de la confiance
38:20sur ta capacité
38:22à faire des choix stratégiques,
38:24tactiques
38:26sur le reste de la flotte ?
38:28Est-ce que ça t'a apporté
38:30de la confiance ?
38:32Oui, je pense
38:34que le fait que dans les
38:36premières courses de saison cette année
38:38j'ai pu faire
38:40des choix stratégiques
38:42originaux,
38:44notamment dans la course de New York
38:46à la France. J'ai fait un énorme détour
38:48vers le nord
38:50et tout le monde était un peu
38:52à l'aise.
38:54Qu'est-ce qu'il fait ?
38:56Est-ce qu'il va à la mauvaise place ?
38:58Qu'est-ce qui se passe ?
39:00En fait, à un moment,
39:02le gagnant, Charlie Dalin,
39:04et moi,
39:06nous étions à 2,500 kilomètres
39:08séparés,
39:10nord et sud.
39:12J'étais dans des conditions polaires,
39:14et il était dans des conditions subtropiques
39:16et nous étions tous
39:18dans le même endroit.
39:20Je pense que c'est unique.
39:22C'est très improbable que nous voyions
39:24de telles options stratégiques
39:26dans le Vendée Globe.
39:28Le Vendée Globe va nous garder
39:30un peu plus à l'aise
39:32dans le sud,
39:34et dans le nord, dans l'Atlantique,
39:36vous n'aurez jamais
39:381 000 nauticales
39:40latérales.
39:42Le lieu dans le Vendée Globe
39:44où je pense que c'est le plus critique
39:46c'est le sud de l'Atlantique.
39:48Une fois que nous passerons
39:50le coin du Brésil,
39:52où nous passerons probablement
39:54tous,
39:56la route peut s'ouvrir un peu.
39:58Certaines personnes pourraient
40:00prendre un détour au sud
40:02vers la Sainte-Hélène.
40:04Comme la dernière fois,
40:06j'ai essayé d'aller un peu
40:08vers le milieu de la Sainte-Hélène.
40:10C'est un grand moment
40:12qui peut être très décisif
40:14dans la course.
40:16L'expérience du printemps
40:18où je suis allé
40:20très différemment,
40:22je pense que ça m'a aidé
40:24car j'ai trouvé
40:26un peu de joie
40:28dans la route
40:30extravagante.
40:34Même si ça ne marche pas,
40:36honnêtement, personne ne sait
40:38100 % la réponse.
40:40Il n'y a pas de bon et de mauvais.
40:42Il y a une réponse scientifique
40:44qui dit que vous avez
40:46une certaine probabilité.
40:48Mais parfois, c'est la même chose
40:50pour les deux routes.
40:52Il faut choisir une.
40:54Il y a aussi la joie
40:56de ce spectacle
40:58de ce que la nature
41:00va décider sur nous.
41:02Parle-nous de la nouveauté
41:04avec ces grands foils.
41:06C'est la dureté des bateaux
41:08qui s'est encore accentuée.
41:10Est-ce que tu peux nous
41:12décrire
41:14la difficulté de vivre à bord
41:16et la difficulté
41:18de vivre à bord
41:20pendant deux mois et demi
41:22dans ce niveau de violence
41:24physique,
41:26auditive.
41:28Comment tu appréhendes ça ?
41:30Cette partie
41:32de l'aventure
41:34qui vous attend ?
41:36Je pense qu'il y a un aspect
41:38qui est très différent pour moi
41:40que pour les autres équipes.
41:42Notre bateau
41:44est plus gentil
41:46pour moi.
41:48Plus gentil pour moi.
41:50Il a la capacité
41:52de traverser l'océan
41:54de façon plus gentille.
41:56Il y a seulement deux autres bateaux
41:58qui ont une capacité similaire
42:00qui sont Thomas Royan
42:02et Johan Richombe
42:04qui ont des bateaux
42:06qui peuvent traverser
42:08l'océan
42:10mais qui ne peuvent pas
42:12traverser l'océan.
42:14Comparé à mon autre bateau,
42:16je pense que ce bateau
42:18est plus gentil pour moi.
42:20Il a une forme plus ronde
42:22et c'est vraiment
42:24l'impression
42:26du dernier Vendée Globe
42:28qui nous a permis
42:30de construire ce bateau
42:32pour dire qu'on ne veut pas
42:34avoir un bateau qui peut
42:36traverser l'océan
42:38qui doit être un peu ronde
42:40pour s'adapter
42:42à l'état de l'océan.
42:44Je pense que c'est un grand succès
42:46de notre campagne
42:48que ce bateau peut faire ça
42:50et que je peux,
42:52pendant que le bateau
42:54passe à 30 nœuds,
42:56me tenir un peu
42:58avec un cup de thé.
43:00Je ne suis pas éloigné
43:02du fait que,
43:04sur l'Atlantique,
43:06nous serions peut-être
43:08un peu plus lents.
43:10C'est vraiment une grande question
43:12de comment ce Vendée Globe
43:14va se produire.
43:16Cela dépend beaucoup
43:18des conditions de l'Atlantique.
43:24Pour moi,
43:26un succès
43:28dans le Vendée Globe
43:30serait d'arriver
43:32à la fin
43:34et de partager l'aventure,
43:38d'être
43:40dans les top 10,
43:46d'avoir pris du plaisir
43:48de le faire
43:50et de pouvoir le faire à nouveau,
43:52et de revenir
43:54avec nos données scientifiques
43:56que nous collectons.
43:58C'est tout ce qu'on souhaite.
44:00Merci beaucoup.

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