Martina Cufar-Potard, Liv Sansoz et Marion Poitevin sont trois femmes passionnées d'escalade et de montagne. Nous découvrons leurs trajectoires inspirantes et singulières dans ce film tourné dans la vallée de Chamonix et dans le massif du Mont-Blanc.
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00:36Notre corps fonctionne avec les émotions, avec le mental et avec le physique.
00:40Les trois sont liés.
00:42Et je pense que la force c'est quand les trois sont bien connectés,
00:46qu'on est en harmonie et que l'envie est là.
00:50Pour moi, la force elle vient de l'intérieur.
00:53Ce serait presque comme une grosse boule,
00:56comme une grosse boule de feu ou quelque chose qui est là à l'intérieur
01:00et qui va m'aider quand j'en ai besoin.
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01:27La force pour moi c'est un mélange de tout.
01:31Si je réajuste l'escalade, parce que c'est le plus facile,
01:36c'est pas que le physique, c'est un peu la technique, les astuces et surtout la tête.
01:41Tu te laisses ton intuition te guider.
01:45Je pense que c'est ça, pas juste en escalade mais dans la vie.
01:50Tu fais confiance dans la vie.
01:52Si des fois tu es perdu et que tu ne sais plus quoi faire,
01:56tu attends que tu aies une réponse de l'univers.
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02:10Pour moi, la force elle vient du fond du ventre
02:13et puis c'est ce qui permet d'avancer sans s'arrêter.
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02:23Je pense qu'il faut être bien pour être fort.
02:25Je fais les choses que j'aime avec une certaine conscience
02:29et ça me permet d'être bien.
02:32Et le fait d'être bien, ça me permet d'être forte.
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02:44C'est vrai qu'au début, on pense à la force physique
02:48et puis on se rend compte que quel que soit le sport qu'on pratique,
02:51il n'y a pas que ça quand on veut être efficace dans son sport.
02:55Il faut aussi une force psychologique
02:58parce qu'il ne faut pas s'arrêter quand il y a un échec.
03:01Il faut continuer à s'entraîner, continuer à se lever le matin
03:04pour continuer son entraînement.
03:07C'est de la persévérance tout ça.
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03:38Martina, c'est une grimpeuse exceptionnelle.
03:41C'est une grimpeuse hyper technique, hyper forte
03:44avec une pression sur les pieds incroyable.
03:47Et humainement, c'est une super personne.
03:50En 2003, j'ai arrêté les compétitions un petit peu.
03:53Mon père est mort dans un accident
03:56et d'un coup, je n'avais plus la motivation.
03:59Je ne sais pas, je n'ai jamais fait de la compétition pour mon père
04:02mais il y a un truc qui manquait.
04:05Et après, je l'ai repris parce que je savais que c'était dur
04:08tellement d'années de compétition.
04:11Mon coude, il commençait à me faire très mal.
04:14Je me suis dit peut-être que c'est ça.
04:17Après, j'ai pris le livre de Louis Hey
04:20et c'était écrit que c'est le temps des changements.
04:23Le coude, c'est les changements.
04:26Je me suis dit que je n'allais plus faire la compétition.
04:29J'annonce maintenant en septembre que j'ai fini en décembre.
04:32Et déjà là, je n'avais plus mal.
04:36Avec Martina, on était partis au Yosemite.
04:39On était tous les deux avec Arnaud. Martina nous avait accompagnés
04:42parce qu'elle voulait s'initier aux fissures.
04:45Ce qui était rigolo, c'est qu'on avait rencontré Nicolas Potard
04:48qui est devenu son compagnon aujourd'hui.
04:55J'avais 31 ans et j'étais un peu perdue dans la vie.
04:58Je me suis dit que tout le monde a des enfants
05:01et moi, je n'ai personne.
05:04D'un coup, c'est tout qui s'est déroulé à la vitesse supérieure.
05:16Avant que j'étais enceinte, je me suis dit que ça allait être l'occasion
05:19que mon cœur se repose vraiment, que j'arrête un peu de grimper
05:22parce qu'avant, j'ai grimpé presque tous les jours.
05:25Mais en fait, ce n'était pas le cas parce que je me sentais tellement bien
05:28même enceinte, que j'ai grimpé deux fois jusqu'à la fin,
05:32pas jusqu'à l'accouchement carrément.
05:35La première fois, j'ai grimpé déjà 12 jours après
05:39et la deuxième fois, j'ai attendu trois semaines.
05:42La grand-sœur de Martina, ça a été compliqué pour moi
05:46parce que personne ne comprenait le fait qu'elle grimpe autant en étant enceinte
05:53et même moi, je ne comprenais pas.
05:57Je connaissais mon corps super bien et je savais exactement
06:00quel mouvement je pouvais faire et quel mouvement je ne pouvais pas faire.
06:03Je savais que je ne pouvais pas faire du mal.
06:06En fait, c'est plus dangereux d'aller courir et tomber que de grimper.
06:11Moi, je trouvais qu'elle était folle quand elle grimpait comme ça
06:14et tout le monde le trouvait, donc ça me confortait dans cette idée-là.
06:17Après, il faut bien voir qu'au passé trois mois, elle était toujours en moulinette
06:23mais quand bien même, des fois, elle allait faire du solo assuré
06:26avec un bidon énorme et dans des cotations vraiment élevées.
06:29Donc ça, c'était vraiment exceptionnel.
06:31Je ne sais pas si c'est déjà arrivé sur la Terre.
06:34Donc forcément, moi, j'avoue que je suis content que ça soit terminé.
06:38Il n'était pas très à l'aise quand les autres gens nous ont vu grimper.
06:41Ils ont dit qu'il était fou de laisser sa femme grimper enceinte.
06:45Mais bon, c'était mon choix, il ne pouvait rien faire.
06:48J'ai aussi le souvenir, quand elle avait trop envie de grimper,
06:50elle était enceinte de Tommy et finalement, elle n'avait trouvé personne.
06:53Donc elle était partie avec sa state à la maladière.
06:55Elle a balancé ses 200 mètres de state et elle a remonté des voies avec son bidon.
06:59Et elle a croisé des gens et elle a caché son ventre avec la corde
07:03pour ne pas que les gens se disent qu'elle était complètement malade.
07:06Même quand elle était enceinte et qu'elle grimpait en solo,
07:10elle était quand même sur une corde.
07:13Mais c'était après le fait de la voir partir avec un ventre de sept mois,
07:19avec une corde de 100 mètres de state,
07:22avec une heure de marche d'approche pour aller grimper toute seule sans téléphone.
07:28Moi, ça me parait fou.
07:30Mais après, je pense qu'elle, tout était en sécurité.
07:34La corde ne frottait pas.
07:36Elle ne s'inquiétait pas du tout.
07:39Je pense qu'elle maîtrise assez bien tout ce qu'elle fait.
07:43Mais ça fait peur un peu.
07:45Si je suis plus normal, j'aurais arrêté.
07:47J'aurais pris du poids et j'aurais arrêté tranquille.
07:51J'aurais été content d'arrêter, je pense.
08:17C'est bon, c'est bon.
08:47Elle fait quand même partie, elle a été incorporée à la vie de Martina.
08:56Elle est toujours motivée pour grimper.
08:58Je pense qu'elle a toujours dans le coin de sa tête l'idée de la prochaine voie,
09:02où elle va aller.
09:04Je pense qu'elle est vraiment tout le temps autant passionnée.
09:07Je pense que pour certaines personnes, ce n'est pas difficile de trouver
09:11ou d'avoir une motivation pour grimper.
09:14Si vous l'avez, vous l'avez.
09:16Si vous n'avez pas de motivation et que vous ne pouvez pas sortir de ça,
09:19vous trouvez quelque chose qui vous convient,
09:22que vous aimez et que vous aimez faire,
09:24et que vous vous sentez appréciée de pouvoir le faire tous les jours.
09:46Elle continue à grimper, elle continue à garder la motivation.
09:49On est bien avec ses enfants.
09:52Les enfants, ça a tout changé par rapport à notre pratique d'escalade.
09:55C'est-à-dire que tous nos objectifs de grimpe ont été modifiés.
10:01Ça a tout bouleversé, mais dans le bon sens.
10:04Des fois, on a quelques regrets.
10:06On repense aux années où on ne faisait que grimper.
10:08On était dans le camion et il n'y avait que ça qui comptait.
10:10Et là, maintenant, c'est juste fini.
10:12Faire 4 jours de suite ensemble, c'est le top du top.
10:15Mais les enfants nous apportent autre chose
10:18qui est tout aussi bien, voire beaucoup mieux.
10:21C'est la logique des choses.
10:24On est très contents d'avoir les enfants.
10:27Je pense que c'est hyper important d'avoir des enfants.
10:30Oui !
10:34C'est incroyable.
10:37Tommy !
10:40Je pense qu'elle est au quotidien de la même manière qu'elle est en escalade.
10:44C'est rapide, efficace, et surtout, toujours avec le calme.
10:49C'est le temps que j'ai pu passer avec elle et sa famille
10:53quand on va grimper à Bioux ou ailleurs.
10:56Elle, à 8h du matin, quand tu es au café,
10:59elle est déjà levée depuis 5h30, elle a fait 2h de yoga,
11:02elle a fait à manger pour toute la famille, elle a préparé les goûters.
11:05Les enfants sont prêts et toi, tu es avec ton fils et il est toujours en pyjama.
11:10En gros, c'est ça.
11:19La plus grande qualité de Martina,
11:22je pense que c'est sa constance.
11:25Sa constance dans ce qu'elle aime faire, dans sa régularité.
11:28Sa discipline.
11:31Pour moi, c'est un ensemble de qualités.
11:34Ce sont des qualités qui m'impressionnent parce que je ne les ai pas forcément.
11:37Je reconnais en elle des choses que je n'ai pas et que j'admire.
11:40Son plus grand défaut, je ne vois pas vraiment de défaut.
11:44Après, ça peut être la constance et la régularité aussi
11:47parce que parfois, on est tellement dans ce qu'on fait
11:50qu'on laisse peu de place pour autre chose.
11:53Je pense qu'on a tous les défauts de nos qualités et les qualités de nos défauts.
11:56Tous les matins, depuis bien plus que 10 ans, j'ai fait du yoga.
12:01Et ça, c'est ma routine depuis 2005.
12:04Même avec les enfants, en fait, j'ai vu que si tu veux vraiment faire quelque chose,
12:10tu as toujours le temps de le faire.
12:12Du coup, ça marche tous les matins.
12:14En Slovénie, on dit, je ne sais pas si aussi ici,
12:17que la femme, elle se porte trois coins de la maison.
12:20Je ne sais pas si c'est dans toutes les familles comme ça,
12:23mais je pense que les hommes ne se rendent pas compte que tout ce qu'on fait,
12:27même si on est juste à la maison.
12:29Je pense qu'elle est hyperactive, tout simplement.
12:31Elle n'arrive pas à s'arrêter.
12:33Ce que j'arrive moins bien à faire, mais elle est plutôt à bloc, en fait.
12:44Je pense que c'est bien de temps en temps de se reposer,
12:47et elle n'y arrive juste pas.
12:50En fait, je suis quelqu'un qui ne se projette pas trop dans le futur.
12:55Je vis un peu de jour à jour.
12:58Je ne peux pas imaginer que Martina arrête de grimper.
13:00Je pense qu'elle grimpera aussi longtemps que ses capacités l'offrent.
13:19La Liv que j'ai rencontrée, ça n'avait rien à voir avec celle qu'on voyait sur les podiums.
13:23Dix ans après ces podiums, physiquement, elle s'était un petit peu transformée.
13:27Elle avait pris des grosses épaules de montagnarde,
13:29elle avait pris des cuisses de skieuse,
13:31et puis elle était juste passionnée,
13:33passionnée d'être toujours dehors.
13:35On a tout de suite accroché, discuté plein de trucs,
13:38et tout de suite, on a eu envie de partir en voyage,
13:40et c'est ce qu'on a fait.
13:42C'est la première fois qu'on s'est rencontré.
13:44C'est la première fois qu'on s'est rencontré.
13:46Tout de suite, on a eu envie de partir en voyage,
13:48et c'est ce qu'on a fait d'ailleurs.
13:50Je suis née à Bourg-Saint-Maurice, en montagne,
13:52et j'ai grandi avec un papa qui faisait du ski de randonnée,
13:56et des petites courses en montagne pas très difficiles.
14:00Mais il m'a donné l'envie d'aller avec lui,
14:03et j'ai commencé d'abord par faire de la montagne,
14:05par faire du ski de randonnée,
14:07par lire les livres de montagne que je pouvais trouver dans la bibliothèque familiale.
14:13Et puis de la montagne, je me suis mise à faire de l'escalade,
14:16à grimper de plus en plus,
14:18et j'en suis venue à intégrer un club.
14:20Et de l'escalade sportive, je me suis mise aux compétitions.
14:26Pour moi, toutes mes années de compétition ont été des années magiques,
14:29parce qu'à chaque fois, ça n'a été que des bonnes surprises.
14:32J'ai gagné énormément de compétitions.
14:34C'est à cause d'elle que je n'étais jamais championne du monde des jaunes,
14:37parce qu'elle était toujours meilleure que moi.
14:41Je ne dis pas ça pour être méchante,
14:43mais c'est grâce à ces blessures que je suis championne du monde senior,
14:47parce qu'elle a arrêté la compétition avant.
14:50En 2001, j'avais 24 ans, j'ai eu un accident aux Etats-Unis.
14:55Ça m'a arrêtée nette dans ma carrière.
14:58Ça a été un moment difficile.
15:00Déjà difficile à accepter qu'à cause de quelqu'un d'autre,
15:02on soit comme ça mis à l'arrêt.
15:05Mais par contre, je n'ai aucun regret.
15:07Je veux dire, les choses se sont passées.
15:09Ça m'a aussi fait grandir, ça m'a fait passer à autre chose.
15:12Tant que je faisais de la compétition, j'avais une pratique hyper spécifique.
15:17On ne peut pas s'éparpiller dans trop de choses différentes
15:20quand on décide d'être dans une démarche de haut niveau.
15:23Une démarche de haut niveau, c'est extrêmement exigeant.
15:25Par contre, quand j'ai arrêté la compétition,
15:28j'ai eu envie de m'ouvrir à d'autres pratiques.
15:30Avec Petzl, on est parti sur les compétitions Ice Climbing,
15:34qui sont plus du dry que vraiment de la glace.
15:36J'ai voulu essayer plus de glace à côté.
15:39J'ai voulu refaire plus de blocs.
15:42Je me suis un peu plus ouverte à différentes pratiques.
15:44J'ai dit, je veux absolument faire un Big Wall.
15:46Je suis partie aux Etats-Unis, au Yosemite, pour faire mon premier Big Wall.
15:50Je pense que l'escalade, c'est une activité plurielle avec plein de facettes différentes.
15:53Pour moi, c'était important de goûter et d'essayer un peu toutes ces facettes.
15:57Je l'ai connue forte en escalade.
16:00Aujourd'hui, elle me dit qu'elle veut s'entraîner pour l'alpinisme
16:02comme elle s'entraînait quasiment pour l'escalade.
16:05Et je trouve que ce renouvellement de la motivation,
16:07c'est quelque chose qui est impressionnant et qui est inspirant.
16:10Et dans des activités assez variées, comme le parapente,
16:14à une période de sa vie, ça a été le best jump.
16:16Elle a traversé un petit peu les différentes facettes de l'escalade et de la montagne.
16:20Et c'est quelque chose qui me parle, même si moi, je suis restée comme Martina,
16:24justement, davantage axée sur l'escalade.
16:26Je trouve que cette ouverture au reste des activités
16:29qui peuvent être pratiquées dans la nature est chouette.
16:35...
17:01L'escalade, c'est une excellente école de vie
17:03parce qu'on retrouve plein, plein de choses dedans.
17:05Il faut effectivement être très déterminé,
17:08mais je crois qu'avant tout, ça apprend de croire en soi et de se dépasser.
17:13Il y a plein de moments dans la vie,
17:15quand on passe de la vie d'adolescent à la vie d'adulte,
17:20quand on est adulte et qu'on passe des capes, il faut croire en soi.
17:24Et je pense que ça, c'est très important d'être capable de dire,
17:27je crois en moi, je crois que je peux le faire.
17:29Ça permet de passer des choses, ça permet de déplacer des montagnes,
17:32ça permet de passer au-dessus de plein d'obstacles
17:36qu'on croyait peut-être compliqués ou infranchissables.
17:40Et en fait, non, je crois en moi et j'y vais.
17:44Et ça, c'est quelque chose que l'escalade m'a appris
17:47et quelque chose qui m'est fondamental dans ma vie.
17:51Et l'autre chose aussi, je pense que l'escalade m'a appris
17:54le dépassement de soi, d'aller chercher très, très loin.
17:57C'est quelque chose à la fois de physique et de mental,
17:59et d'aller chercher cette énorme énergie qu'on a en soi
18:04pour faire quelque chose que peut-être personne d'autre peut faire.
18:15Liv, elle est sûrement une personne forte.
18:19Elle a une force intérieure qui sort toujours
18:23dans les moments où il faut être forte, motivée et déterminée.
18:28Mais elle est super gentille, elle est super polie.
18:34Elle est vraiment une fille super chouette
18:38que tu ne dirais presque jamais quand tu la rencontres dans la ville.
18:44Elle a la même personnalité qu'elle est aussi forte en montagne.
18:54J'ai eu en décembre 2009 un accident assez grave
18:56où je suis restée pendant trois mois dans un lit allongée.
18:59J'ai fait du fauteuil roulant et petit à petit,
19:01j'ai pu recommencer à marcher et à regrimper.
19:05Cet accident en décembre 2009 m'a transformée.
19:08Il m'a fait réaliser que la vie, c'était quelque chose d'hyper précieux,
19:12d'hyper fragile aussi, que tout pouvait basculer
19:14en une seconde du jour au lendemain.
19:16Et je crois que je me suis vraiment dit à partir de maintenant,
19:19il faut vraiment que tu vives la vie pleinement,
19:22que tu sois présente à chaque instant.
19:24Et quand je dis pleinement, c'est avec tous les sens,
19:27c'est avec le corps, c'est avec les yeux, c'est avec ce qui se passe,
19:30c'est avec toutes les émotions, c'est pas juste
19:32« ah j'ai fait une voie super top classe, retour à la maison ».
19:35C'est vivre tout, c'est le toucher du rocher qu'on a sous les doigts,
19:39c'est l'odeur peut-être de l'herbe humide du matin,
19:43c'est le paysage que je vais voir,
19:45c'est les sourires que je vais échanger avec la personne avec qui je grimpe,
19:49c'est le combat intérieur que je vais me mettre si dans la voie je suis taquée,
19:52c'est tout ça.
19:53Ceux qui savent, comme Liv, justement rebondir
19:56et puis retrouver une motivation et des objectifs,
19:59ça les aide beaucoup à traverser ces moments difficiles
20:03et les blessures, à mon avis, sont positives dans la plupart des cas
20:06et chez Liv, en tout cas, c'est le cas.
20:08Ce qui est remarquable, c'est que ça ne lui a pas fait baisser les bras,
20:12alors qu'avec des accidents pareils,
20:14on aurait très vite fait de dire « bon ben là j'arrête »,
20:19alors qu'elle a toujours poursuivi,
20:21elle a toujours eu cette boulimie d'aller en montagne,
20:25de faire de l'escalade, de continuer à vivre sa passion,
20:30ses passions, parce que maintenant c'est quand même pluridisciplinaire
20:33entre le ski, l'alpinisme et l'escalade,
20:36c'est quand même vraiment très complet
20:38et ça ne l'a jamais freinée,
20:41c'est juste le moment du rétablissement qui l'a freinée,
20:45mais sinon, elle n'arrête pas.
20:48Ça n'a fait que renforcer sa personnalité,
20:51toutes les barrières qu'elle a eues, tous les échelons,
20:53toutes les marches qu'elle a franchies.
20:55Je suis assez intéressée par plein de choses.
20:57Là, je viens de faire 5 semaines sur un voilier au Groenland,
21:00je ne suis pas une habillatrice à la base,
21:02j'étais sur le projet MyOne
21:04et en fait, c'était super, j'ai appris plein de choses,
21:08j'ai trouvé ça juste génial
21:10et je reviens avec une super bonne énergie.
21:13Pareil, ça a été des moments très forts
21:16où on a appris des choses,
21:18où on a vécu des choses un peu exceptionnelles une fois de plus
21:22et où on a aussi dû apprendre à ne pas beaucoup dormir
21:26et à être tout le temps hyper vigilant
21:28et à sortir de sa zone de confort.
21:30Je la trouve quand même assez hyper active
21:32et puis tout le temps à fond,
21:34alors ce n'est pas forcément un défaut,
21:37mais c'est peut-être quelque chose qui peut être,
21:39je me dis parfois, fatigant pour elle
21:41et en même temps, chacun vit la vie
21:43en fonction de son caractère.
21:46...
21:54Pendant des années, j'ai adoré voyager
21:56et puis un jour, j'ai posé mon sac
21:58et je me suis dit, j'en peux plus d'avoir ma maison dans mon sac.
22:01Je veux un endroit où j'y suis,
22:03où je rayonne depuis cet endroit-là de temps en temps,
22:06mais je me construis et j'inscris dans une vie plus installée
22:11et j'ai décidé d'habiter ici dans la vallée de Chamonix
22:14et c'est vraiment une très bonne chose que j'ai faite,
22:16où je n'ai aucun regret
22:18et qui m'a aussi beaucoup changé et beaucoup apporté.
22:21...
22:24À l'heure actuelle, je suis plus attirée
22:26par des grosses montagnes ou des grosses faces
22:28et par la montagne en général.
22:30J'aime bien aussi combiner les activités,
22:32c'est-à-dire faire une ascension un petit peu plus alpine
22:35avec une belle descente en ski
22:37ou faire une ascension avec descente en parapente.
22:40...
22:44La montagne, pour moi, c'est le plus beau lieu qu'on a sur Terre.
22:50Être en montagne, ça te remplit tellement de bonnes émotions,
22:53ça te remplit tellement de bonheur et de force, au final,
22:57que pouvoir avoir la possibilité d'être en montagne le plus souvent,
23:01c'est une grande chance, c'est un luxe.
23:04Pour moi, c'est le bonheur.
23:07On est là pour quelque chose, on est là pour une raison.
23:10Je ne sais pas si c'est vraiment une mission,
23:12mais en tout cas, je suis là pour une raison
23:14et je fais les choses que je fais pour une raison.
23:16...
23:18Je considère qu'il y a trois niveaux de raison.
23:23Il y a les motifs, il y a les mobiles et puis il y a la symbolique.
23:27Et les motifs, c'est ce qu'on va annoncer aux gens.
23:31On va dire, par exemple, il y a un très beau coucher de soleil,
23:35un cadre extraordinaire, un paysage fantastique, etc.
23:40Et en fait, il peut y avoir les mobiles qui sont parfois moins glorieux.
23:43Ça peut être l'ego, ça peut être le besoin de faire des premières,
23:48donc d'avoir des réalisations.
23:51Donc ça, c'est quelque chose auquel, en général, on accède et qu'on ne dit pas toujours.
23:55Et pour moi, il y a encore un troisième niveau qui est plus important,
23:58qui est le moteur inconscient et qui est donc la symbolique et la montagne.
24:02Et la montagne, c'est forcément, la haute montagne, c'est le lieu, c'est se rapprocher du ciel.
24:07Très concrètement, ce que fait un alpiniste, il se rapproche du ciel.
24:10Un spéléologue, il va dans les entrailles de la Terre.
24:12La Terre, c'est la mer, le ciel, c'est le père dans toutes les cultures, dans toutes les civilisations.
24:15Et donc, ça va être les vraies raisons auxquelles on n'aura pas forcément accès
24:20tant qu'on n'a pas été là-dedans.
24:52Christian Poitras, c'est une fille que j'admire beaucoup parce qu'il est vraiment doué pour tout, pour tout.
24:57Il se met dans tous les sports, dans tout, et il maîtrise avant.
25:05J'ai toujours été habituée à me promener en montagne, à randonner en montagne avec mes parents.
25:09Mais il y a un moment où j'avais vraiment envie d'aller encore un petit peu plus haut,
25:12puis un petit peu plus loin, puis de monter sur la montagne qui était au-dessus de chez moi,
25:15puis celle qui était juste derrière.
25:17Et j'adorais monter sur la roche Parnal qui est au-dessus de chez moi
25:19parce que depuis le sommet de cette montagne, on peut voir le Mont Blanc.
25:21Donc je montais au sommet de la roche Parnal, je regardais le Mont Blanc, j'étais contente,
25:23puis je pouvais rentrer chez moi.
25:25La montagne, ça m'a toujours guidée depuis mes 14-15 ans.
25:41Je suis restée 3 ans en groupe militaire de haute montagne,
25:44ensuite 4 ans à l'école militaire de haute montagne en tant qu'instructeur pour les chasseurs alpins.
25:49Donc j'emmenais les chasseurs alpins en montagne pour leur apprendre les techniques de l'alpinisme.
25:54Aujourd'hui, je suis instructeure au SNAS,
25:56le Centre National d'Entraînement à l'Alpinisme au Ski, situé à Chamonix.
26:00Et c'est là où on forme les CRS de montagne.
26:03C'est des CRS qui sont spécialisés dans le secours en montagne.
26:09Je faisais partie de l'équipe nationale philalpiniste.
26:11C'était la première fois qu'ils faisaient une équipe nationale, féminine.
26:15Le groupe militaire de haute montagne, dont notamment le commandant Thomas Faucheur,
26:19s'est intéressé à cette équipe.
26:21Il s'est dit qu'il y avait pas mal de femmes qui arrivaient,
26:23que c'était intéressant d'en prendre une au GMHM
26:26pour voir ce que ça donne une femme en montagne.
26:29Pour voir ce que ça donne une femme dans un groupe de hauts niveaux, d'alpinistes comme le GMHM.
26:34C'était vraiment une nouveauté à l'époque.
26:36Le GMHM, c'est avant tout un endroit où on peut intégrer des gens
26:39qui sont déjà forts ou qui ont déjà du potentiel,
26:42à qui on peut donner une façon de pratiquer sa montagne professionnelle.
26:46Il n'y avait finalement pas de raison qu'on ne donne pas aussi cette chance-là,
26:50cette possibilité-là à une femme.
26:52J'hésitais à postuler parce qu'ils ont la réputation d'être super forts,
26:56c'est les meilleurs alpinismes de l'armée française,
26:58ils font des expéditions partout dans le monde.
27:00Donc je n'osais pas vraiment postuler, même si le poste me correspondait.
27:05J'ai mon ami Karine Ruby, à l'époque, avec qui je faisais beaucoup d'alpinisme,
27:09qui m'a dit, si ils te proposent, pourquoi tu n'y vas pas ?
27:12S'ils te proposent, c'est parce qu'ils pensent que tu as le niveau.
27:15Et pour elle, c'était d'une évidence que je me suis dit,
27:18elle n'est pas devenue championne olympique par hasard,
27:20elle n'a pas le même mental, on n'est quand même pas tous faits pareil.
27:23Effectivement, elle a la confiance en elle,
27:25elle ne se posait pas plus de questions que ça.
27:27Donc oui, je me suis dit, pourquoi pas ?
27:29Pourquoi pas ? Et puis j'ai postulé, et puis ça a marché.
27:32Et j'ai mis deux semaines à m'en remettre, c'était juste incroyable.
27:37Marion, quand on l'a rencontrée, on voyait une fille très déterminée,
27:42marquée par l'envie de démontrer des choses, etc.
27:47Et puis qui avait quand même grandi dans ce milieu de la montagne,
27:53qui est un milieu très masculin, donc elle le connaissait bien.
27:56On en avait parlé d'ailleurs, avec elle, très librement.
27:59Donc peut-être un peu naïvement, je me suis dit,
28:03ok, ça ne lui posera pas de problème.
28:07Les bonhommes de la montagne, elle les connaît,
28:10donc elle saura s'en dépatouiller, d'ailleurs plus peut-être que nous,
28:15avec cette nana qui démarquait.
28:17La période où j'étais au groupe militaire d'autres montagnes,
28:32c'était humainement pas facile, parce que j'étais la seule femme,
28:37et puis la première femme, pas facile, je me sentais un peu seule, un peu perdue.
28:42J'ai l'impression que je ne sais pas si c'était moi qui étais folle,
28:44ou si c'étaient les autres en face,
28:46mais j'étais vraiment un petit peu en décalé avec tout le reste du groupe.
28:49J'ai eu du mal à partir, parce que j'adorais ce métier-là,
28:52mais en même temps, ce n'était pas forcément vivable au quotidien.
28:56Parce que j'ai subi l'antiféminisme justement,
28:59voire on va dire le patriarcat, ça s'appelle je crois,
29:03et du coup je me suis bien renseignée sur le sujet.
29:05J'ai regardé comment ça se passe dans d'autres professions en France,
29:07ce n'est pas forcément beaucoup mieux.
29:09Donc déjà ça m'a un petit peu rassurée,
29:11je me suis dit qu'il n'y avait pas que moi, que je n'étais pas une victime,
29:13que je n'étais pas toute seule, ça m'a beaucoup rassurée.
29:16Et puis surtout, ça m'a ouvert les yeux qu'il y a encore du boulot.
29:19Par exemple, au GMHM, comme c'était la première fois qu'il y avait une femme,
29:23ils ne savaient pas trop comment s'organiser pour les tentes, pour aller au camp de base.
29:27Donc le camp de base, c'est à 4800 mètres d'altitude en Himalaya,
29:29c'est l'altitude du Mont Blanc.
29:31Donc à cette altitude, on peut faire un oedème pulmonaire, un oedème cérébral,
29:34et on peut mourir.
29:37Donc c'est quand même une altitude qui n'est pas négligeable.
29:40Et donc nous, on allait dormir là, au camp de base, pendant un mois et demi, dans une tente.
29:44Et le groupe, moi je venais d'arriver au GMHM,
29:48je ne savais pas trop comment ça se passait les expéditions de haute altitude,
29:51je n'avais vraiment pas assez d'expérience pour donner mon avis.
29:54Mais ils ont décidé qu'il valait mieux que je dorme toute seule dans la tente.
29:57Parce qu'on ne sait jamais ce qui peut se passer si je dors avec un homme dans une tente.
30:00Bon, moi je n'étais pas dans ces idées-là,
30:03mais j'allais en expédition pour monter sur la montagne.
30:05Mais voilà, ils ont décidé que c'était mieux que je dorme seule dans une tente.
30:08Sauf qu'en fait, par question de sécurité, on ne dort jamais seule dans une tente à ces altitudes.
30:12J'ai été mise en danger parce que j'étais une femme.
30:15Involontairement, non, attention, je ne les accuse pas.
30:18Donc suite à l'expédition et à cette, plus ou moins, mésaventure,
30:22on en a reparlé avec les membres du groupe,
30:25et puis ils se sont rendu compte que, oui, j'étais d'abord une alpiniste,
30:29avant d'être une femme, quand je partais en expédition avec eux.
30:32Tente, pas tente, Pakistan, pas Pakistan,
30:35c'est évident que ça a pu et ça a dû être difficile
30:40pour une fille, Marie en l'occurrence, de s'intégrer dans cette équipe.
30:45C'est sûr, c'est sûr.
30:47Je suis désolé, mais on bouscule du culturel, quoi.
30:49Et que sans doute que la prochaine, il y a des choses qui auront été intégrées à prise.
30:54Mais bon, le milieu de la montagne se féminise,
30:57on en voit de plus en plus quand même dans les guides,
30:59on voit ce groupe jeune féminin, etc.
31:04En fait, c'est toute une chaîne, quoi, qui doit se renforcer, c'est ça.
31:10Ça ne peut pas être juste un élément, ça ne peut pas être juste l'équipe du GMHM,
31:14ou ça ne peut pas être juste quelques femmes guides à l'ENSA.
31:17C'est tout un système qui démarre dans des clubs FFME, etc.
31:23C'est plus large que ça, quoi.
31:27Ouais, on peut dire que quand même j'en ai souffert, quoi,
31:30de me retrouver dans un milieu que d'hommes,
31:32dans un milieu aussi dur que le haut niveau, que l'armée.
31:34Et pour autant, c'est un métier extraordinaire, quoi,
31:36d'être payée à pouvoir faire sa passion.
32:01Il y a Marion que j'avais rencontrée,
32:03et puis Marion, après le groupe militaire de Haute-Montagne, je pense.
32:07Elle a pas mal changé.
32:08Il y avait une légèreté avant, un plaisir qu'elle arrivait à prendre dans la vie
32:12d'une manière assez facile, dans les activités qu'elle faisait,
32:15dans la manière de le partager.
32:17Et ensuite, je pense que c'est ce qu'elle a vécu au groupe militaire principalement
32:21qui a fait qu'elle a quand même changé
32:23et est devenue beaucoup plus dure envers elle et envers les autres.
32:25Très exigeante, plus résiliente,
32:28envers les autres.
32:29Très exigeante, plus dure,
32:31et peut-être moins insouciante.
32:35Elle a vraiment perdu de la jeunesse là-dedans.
32:38Peut-être que ça l'a un peu bousculée,
32:40peut-être que ça l'a remise en question, etc.
32:44Mais ça veut dire que ça fait partie de la vie, quoi.
32:47Il y a beaucoup de choses qui, à certains moments, nous bousculent.
32:53Donc elle, elle a sans doute retiré ce qu'il fallait pour elle de cette équipe,
32:57peut-être pour l'aider à construire une trajectoire
32:59sur laquelle elle se place aujourd'hui et qui n'est pas finie.
33:02C'est tout ce que je lui souhaite.
33:08Ma plus grande qualité,
33:10je l'ai découverte, je pense, il n'y a pas très longtemps,
33:13c'est la capacité à choisir un objectif
33:16et de foncer dessus comme un entonnoir
33:19et de penser qu'il y a ça
33:21et de se concentrer juste pour ça
33:23pendant, s'il faut, six mois, un an, deux ans.
33:27Et puis, finalement, d'arriver à son objectif.
33:29Parce qu'il y a un moment, il faut mettre tous les moyens
33:31pour remplir certains objectifs quand on se les fixe un petit peu haut.
33:36De Marion, j'ai appris qu'en fait, la tenacité incite à une progression rapide.
33:54Prendre un objectif bien précis, il faut déjà savoir ce qu'on veut.
33:57Ça, c'est déjà quand même vraiment compliqué.
33:59C'est pas facile de savoir vraiment qu'est-ce qu'on veut
34:01et qu'est-ce qui va nous faire du bien et nous rendre heureux.
34:05Et une fois qu'on a trouvé, ce qui est quand même déjà vraiment pas facile,
34:08il faut s'y tenir.
34:10Et puis, chaque action doit nous amener vers ce but-là.
34:15Quand j'ai préparé mon diplôme de brevet d'état de ski alpin,
34:19parce que je partais vraiment très loin, à 30 ans,
34:22je me suis mise au slalom et c'était plutôt ambitieux
34:25de se lancer dans ce diplôme-là à 30 ans.
34:27Et du coup, on m'a dit, tu peux toujours essayer de passer le diplôme,
34:32je pense que tu en as les capacités, mais ça va être long.
34:34Du coup, comme on m'a dit que ça allait être long, je me suis dit,
34:36je vais m'entraîner deux fois plus pour pas que ce soit trop long
34:38parce que vu que j'ai déjà 30 ans, je ne vais pas non plus finir le diplôme à 60 ans.
34:41Et du coup, je me suis entraînée tous les jours, tous les jours,
34:43je skiais au moins deux heures par jour tout le temps
34:45pendant trois mois, quatre mois.
34:47Et puis à l'automne, j'ai fait une préparation physique toute seule de mon côté.
34:50J'allais faire un peu de la fitness sur Internet,
34:53j'allais courir dans les montées pour me préparer pour le ski.
34:56Franchement, quand j'ai su qu'elle se lançait là-dedans
35:00et quand je vois d'où elle est partie,
35:02pour moi, c'est quand même une énorme performance.
35:05Le défaut qu'elle pourrait avoir,
35:08c'est peut-être un excès de confiance en elle
35:13qui peut déstabiliser certains.
35:15Mon plus gros défaut, c'est peut-être d'être égoïste
35:17parce que c'est vrai que j'ai mes petits projets, mes objectifs.
35:20Des fois, je mets un petit peu mes proches de côté, peut-être, je ne sais pas.
35:24Et puis aussi d'être un petit peu aussi parfois caractérielle.
35:30Alors disons que je sais ce que je veux et que des fois, il ne faut pas m'embêter.
35:33Et puis bon, avec la fatigue et toutes les...
35:36disons que la pression que je peux me mettre parfois pour certains objectifs,
35:39je pense que je suis un petit peu sensible, un petit peu surlénère parfois.
35:43Je pense que Marion veut laisser une trace sur cette terre à son niveau,
35:50avec ses capacités,
35:53ce qu'elle n'est pas forcément plus grande ou plus petite que n'importe qui.
35:58Mais c'est clair qu'elle cherche à impacter le monde dans lequel elle vit.
36:03Pas forcément de la montagne, non, le monde de la société, la société.
36:07D'être une lumière comme un phare,
36:10quelque chose qui peut aider.
36:13Et en fait, la première personne qu'elle a aidée,
36:16enfin une des personnes vraiment qu'elle a aidée, c'est moi-même,
36:19parce qu'elle m'inspire énormément.
36:22Et dans les moments difficiles, en ce qui me concerne,
36:25je pense à elle et je n'abandonne pas.
36:28Dans le sens où Marion réalisait des choses qu'aucune femme n'avait faites avant elle,
36:34donc on se dit que tout est possible.
36:37Il suffit d'y croire et repousser la limite de ses rêves.
36:40J'espère qu'on se souviendra de moi comme quelqu'un qui a fait ce qu'elle avait à faire.
36:45C'était la première, mais il en fallait bien une.
36:48J'espère vraiment que ça va suivre.
36:50J'espère qu'il y a d'autres femmes qui pourront prendre ce chemin.
36:53J'espère vraiment.
36:55J'espère qu'elles n'auront pas surmonté toutes les difficultés de la société que j'ai pu avoir.
37:00J'espère que ce sera plus simple.
37:03C'est vraiment des super métiers.
37:05Je leur souhaite vraiment qu'elles puissent y accéder.
37:07Il n'y a pas de raison que ce soit que des hommes qui puissent faire ça.
37:10Parce que c'est quand même super de pouvoir se balader en montagne,
37:13d'être payé pour ça, d'emmener des gens, des stagiaires.
37:16C'est un métier qu'on peut vraiment exercer de la façon qu'on veut.
37:19On peut être salarié, on peut travailler indépendant,
37:21on peut faire la moitié de l'année, on peut faire juste quelques jours par an,
37:24si on a une autre activité à côté.
37:26C'est vraiment une chance ce métier.
37:28C'est vraiment un chouette métier.
37:33Quand on fait des compétitions pour les enfants, par exemple,
37:36si vraiment les garçons sont plus forts, ils sont plus forts dans ce cas-là.
37:39Mais à la puberté, parce que les petits-enfants, il n'y a pas de raison.
37:42Et quand on fait des compétitions d'escalade, déjà, quand on est poussin, benjamin,
37:45il y a des voies d'escalade pour les garçons, des voies d'escalade pour les filles.
37:48On sépare les deux. Je suis désolée, mais c'est les poussins.
37:50Il n'y a rien qui justifie un truc comme ça.
37:52Et depuis toujours, on sépare les hommes et les femmes.
37:55Et au final, les hommes, ils sont plus forts
37:57parce qu'on fait des voies d'escalade un petit peu plus dures.
37:59À chaque fois, le gamin, il fait une voie plus dure. Et en ski, c'est pareil.
38:02Je pense que le problème, il date d'il y a très longtemps.
38:06Et c'est tellement ancré, cette histoire de sexisme,
38:09que les garçons sont comme si les filles sont comme ça.
38:12Moi, j'ai appelé ça le sexisme culturel.
38:15C'est qu'on s'en rend même plus compte.
38:18Et ce qui se passe, c'est que les femmes, souvent, on se met derrière l'homme.
38:21On s'auto-censure un petit peu.
38:23Quand il faut prendre la carte, on se met un petit peu derrière
38:25parce qu'on n'arrête pas de nous dire qu'on n'a pas de sens de l'orientation
38:28des femmes et que les hommes, eux, en ont.
38:30Mais je pense qu'il faudrait éviter d'arrêter de dire que les hommes sont comme ci
38:34et les femmes sont comme ça.
38:35C'est vraiment juste une histoire de personnes à la base.
38:37Il y a des femmes qui sont bonnes pour lire des cartes.
38:39Il y a des mecs qui sont bons aussi pour lire des cartes.
38:41Vraiment, ça dépend de chacun.
38:43Si on a envie de savoir lire une carte, si on a envie de savoir où on va,
38:45si on a l'expérience de lire des cartes.
38:47Et donc, je pense que le métier de guide est réservé pour nos hommes.
38:52Est-ce qu'ils sont vraiment plus forts physiquement ?
38:54Oui, à l'heure d'aujourd'hui, oui.
38:56D'un point de vue biologique, il doit y avoir un truc quand même possible.
39:01Je pense qu'on ne sait pas vraiment de quoi sont capables les femmes.
39:05On ne les a pas laissées encore trop s'exprimer.
39:08Je pense qu'une femme, elle a un peu ce double travail
39:15où à la fois en montagne, elle doit être capable d'endosser la veste du guerrier
39:20ou du conquérant.
39:21Conquérant, je n'aime pas trop ce mot.
39:23C'est la veste du dur, la veste du...
39:28Ben ouais, il faut se rentrer dedans.
39:30Et une fois rentrée à la maison, endosser sa peau de femme.
39:36On ne peut pas rester en mode guerrier tout le temps.
39:39Une femme, c'est une femme.
39:41Et une femme en montagne, à un moment, quand c'est dur,
39:44elle doit savoir endosser une autre veste.
39:47L'homme, il n'a pas la veste. L'homme, il incarne.
39:50L'homme, il incarne déjà cette force.
39:52Il incarne ce côté guerrier, ce côté conquérant qu'une femme n'a pas.
40:23Allez Martina.
40:25D'accord. Allez, allez.
41:22...
41:52...