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Alors que des soupçons de dopage planent sur les performances de Pogacar, l’enquête de la cellule investigation de Radio France dévoile l’usage intensif de médicaments et de compléments alimentaires dans le peloton. Des produits autorisés mais susceptibles d’améliorer les performances.

L'enquête complète :

Vidéo produite par la cellule investigation de Radio France.
Direction : Benoît Collombat

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Transcription
00:00En discutant avec des coureurs professionnels, on a découvert qu'à côté des soupçons
00:16de dopage qui entourent les performances hallucinantes de Taddeï Pogacar, il y avait
00:21une zone grise, une zone grise de produits autorisés, utilisés par certains coureurs,
00:27et qui, mis bout à bout, pourraient améliorer les performances et fausser la compétition.
00:32Dans cette zone grise, il y a notamment ce que les coureurs appellent la Bomba, c'est
00:36un mélange de Voltaren, de paracétamol et de caféine, et ça rappelle ironiquement
00:42la Bomba version années 50-60, le cocktail d'amphétamine qui lui était interdit.
00:47On m'a parlé aussi de la Magic Box, donc une boîte magique qui serait mise à disposition
00:53des coureurs d'une équipe le matin avant le départ d'une course, et dans cette boîte
00:58il y aurait là encore de la caféine en comprimé, il y aurait du paracétamol, de la théophiline,
01:04c'est un stimulant respiratoire, de la thiocolchicocide, c'est un anti-inflammatoire et un analgésique,
01:11et donc tous ces produits sont autorisés et constituent un éventail de médicaments
01:15mis à disposition des coureurs.
01:16Et puis il y a les cétones synthétiques utilisés quasiment dans tout le peloton,
01:22y compris dans les équipes françaises membres du mouvement pour un cyclisme crédible,
01:27c'est ce que montre notre enquête.
01:29Les cétones, c'est un petit bidon de liquide que les coureurs prennent en fin de course.
01:34Pour beaucoup d'équipes, il s'agit d'un simple complément alimentaire, mais des études
01:39de chercheurs anglais et belges montrent que l'ingestion de cétones synthétiques augmente
01:45la concentration de PO dans le sang, de PO endogène, donc naturellement secrété par
01:51le corps humain, et à minima améliorer la récupération.
01:55Et évidemment la récupération, c'est quelque chose qui est très important dans une course
01:59par étapes comme l'est le Tour de France.
02:07Ça peut paraître contre-intuitif parce que le monoxyde de carbone à la base, c'est
02:11un gaz qui est dangereux, mais c'est bien ce que font Pogacar et Vingegaard, deux des
02:16stars du peloton actuel.
02:18Ils ont reconnu cet été inhaler du monoxyde de carbone pour, disent-ils, voir comment
02:24leur corps réagit à l'altitude.
02:27À la base, inhaler du monoxyde de carbone, ça se fait dans un cadre médical, à l'hôpital,
02:32pour les personnes dialysées, mais cette machine est aussi commercialisée à destination
02:37des sportifs.
02:38Notre enquête montre qu'avec cette machine dans le monde sportif, on pouvait déclencher
02:44ce qu'on appelle une hypoxie, donc un manque d'oxygène dans le sang, et donc ensuite
02:49une stimulation de la production d'EPO, donc de globules rouges.
02:53Évidemment, on est dans une zone plus que limite.
02:55L'Agence mondiale antidopage dit qu'elle regarde de très près l'utilisation excessive
03:02potentiellement de cette machine dans le monde sportif et cycliste en particulier.
03:15Ce n'est pas de la science-fiction, d'après l'Agence mondiale antidopage, qui dit que
03:19cette menace du dopas génétique n'a jamais été aussi réelle.
03:23Le dopas génétique, en fait, c'est un détournement de la thérapie génique, qui à la base concerne
03:29les malades.
03:30Et il s'agit donc, dans le cadre sportif, il s'agirait de modifier son patrimoine génétique
03:36en ajoutant, par exemple, un gène supplémentaire d'EPO ou d'hormones de croissance, qui sont
03:43deux hormones naturellement présentes dans le corps, mais là, on stimulerait leur production.
03:49Évidemment, c'est interdit.
03:50L'AMA, l'Agence mondiale antidopage, dit qu'elle sait normalement détecter ces cas
03:56de dopas génétiques et pour l'instant, d'après elle, il n'y a pas encore eu de cas avérés.

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