Un déjeuner partagé avec Stéphane Lenormand, président du groupe LIOT à l'Assemblée nationale et député de Saint-Pierre-et-Miquelon pour parler du coût de la vie dans les territoires ultramarins plus élevé que dans l'héxagone.
Au menu également: la pêche, principal moteur de l'économie de Saint-Pierre-et-Miquelon, souffre de la crise. Tarissement des ressources,moratoire sur la morue, les pêcheurs sont de moins en moins nombreux et plus qu'une quinzaine de bateaux encore en activité. Quel avenir pour ce secteur?
Valérie Brochard et Jean-Pierre Montanay partagent un repas avec une personnalité : politiques, chefs cuisiniers, artistes.... L'occasion d'aborder un thème d'actualité, autour de reportages et d'un menu élaboré avec des plats typiques de leur région, souvenirs d'enfance ou qu'ils apprécient particulièrement. Comment le contenu de nos assiettes impacte-t-il nos modes de vie ? Tout en parlant gastronomie, c'est l'avenir de notre société et les enjeux de demain qu'ils questionnent.
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#LCP #Politiquesatable
Au menu également: la pêche, principal moteur de l'économie de Saint-Pierre-et-Miquelon, souffre de la crise. Tarissement des ressources,moratoire sur la morue, les pêcheurs sont de moins en moins nombreux et plus qu'une quinzaine de bateaux encore en activité. Quel avenir pour ce secteur?
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NewsTranscription
00:00Générique
00:02...
00:18Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans Politique à table.
00:21J'espère que vous avez faim,
00:23parce qu'on va encore vous régaler d'actualités politiques
00:26et de reportages autour de la consommation
00:28de l'astronomie. Ce midi, nous avons le plaisir
00:31d'accueillir Stéphane Lenormand. Bonjour.
00:33Bonjour.
00:35Et bonjour à vous, Jean-Pierre Montanay.
00:37Stéphane Lenormand, vous êtes député
00:39de la circonscription de Saint-Pierre-et-Miquelon,
00:42une île au large du Canada, un petit bout de France,
00:45au loin là-bas, où l'on écoute de l'accordéon
00:48tout en affrontant les vents glacés de l'Atlantique Nord.
00:51Professeur de français et d'histoire géo,
00:53vous entrez en politique dès la fin des années 80
00:56sous la bannière du parti de centre-droit Archipel.
00:59Demain, vous êtes élu député en 2022 et réélu cet été.
01:02Vous présidez aujourd'hui le groupe Liott
01:05pour liberté, indépendance, outre-mer et territoire.
01:08Un petit groupe avec une certaine agilité, dites-vous,
01:12et je vous cite, avec Liott,
01:13je peux soutenir le gouvernement lorsque la mesure est bonne,
01:17mais aussi m'opposer lorsqu'elle sera néfaste,
01:19comme celle sur les retraites, où je suis absolument contre.
01:22Attaché à la préservation du patrimoine local,
01:25il s'agit pour la protection de l'environnement
01:28et la transmission des savoir-faire ancestraux
01:30comme la pêche durable, l'art du tissage, des filets.
01:33La devise de Saint-Pierre-et-Miquelon,
01:35c'est à marrer la borde,
01:37ce qui signifie du travail de la mer,
01:39et il en sera question dans cette émission,
01:42mais pas dans nos assiettes, n'est-ce pas, Jean-Pierre ?
01:45Au menu, pas de poisson, mais la vedette du jour,
01:47c'est le rognon à la Normande,
01:49en dessert pain perdu avec glace vanille et confiture,
01:52un plat de bière qu'Esaco a découvrir dans le Pêcher mignon.
01:55Dans le dessous des plats, nous partirons en Martinique,
01:58où le coût de la vie, et en particulier le coût de l'alimentation,
02:01génère de graves tensions.
02:03Quel avenir pour la pêche à Saint-Pierre-et-Miquelon.
02:06Jadis, un paradis pour les pêcheurs,
02:08et demain, de quoi sera-t-il fait ?
02:10À suivre.
02:11Pour le menu, on passe à table,
02:13et je vous propose de nous ouvrir l'appétit
02:15avec cuisine et confidence.
02:23Quel honneur, Valéry, de recevoir à cette table une rareté,
02:26un Saint-Pierre-et-Miquelonnet,
02:28un des 5 400 habitants de cet archipel du bout du monde,
02:31un caillou situé, oui, à 4 000 km d'ici.
02:35Avec Valéry, on s'est dit, Stéphane le Normand,
02:37il ne va pas faire le voyage pour rien.
02:39Quelle occasion unique pour vous d'inaugurer votre valise isotherme
02:43et de la remplir des trésors de vos océans aux eaux froides,
02:47crabes des Neiges, flétans, homards, moules, noix de Saint-Jacques.
02:50Non, je t'ai plu, ça sent l'excédent de bagage,
02:53mais non, rien du tout, même pas un bigorneau.
02:55Les douaniers m'ont dit que vous aviez déclaré
02:58un pot de confiture bizarre pour le dessert,
03:00mais rien pour nous épater avec vos recettes de la mer.
03:03En guise de homard, on se retrouve avec des rognons.
03:06Même pas de baleine, non, c'est interdit, des rognons de veau.
03:09Le nouveau président de l'IOT, il est dans l'autopromo
03:12et dans la métaphore.
03:14Il a choisi des abats pour nous signifier
03:16que son combat, il va le mener dans l'hémicycle avec ses tripes,
03:19et que pour bousculer les choses,
03:21il est prêt à donner un bon coup de rein,
03:24d'où les rognons.
03:25Et pour finir, cette recette à la Normande,
03:28évidemment, c'est clair, c'est pour soigner votre notoriété.
03:31Alors, soyez franc, ce plat, il sert votre marketing politique
03:35ou bien c'est une sincère passion ?
03:37Alors, c'est une sincère passion,
03:40puisque je n'aurais jamais eu l'idée
03:42de faire le speech que vous venez de prononcer.
03:46Non, c'est tout simplement un souvenir d'enfant,
03:48c'est dans l'affect.
03:50Alors, naturellement, c'est en lien un peu avec notre histoire.
03:53Je suis assez âgé, maintenant, il y a 40-50 ans,
03:56on était sur un territoire qui était approvisionné,
03:59mais où rien ne se perdait,
04:01et où on mangeait, c'est vrai, les tripes, la langue, les rognons.
04:06Et les rognons, c'était pour moi un plat
04:08qui m'est resté dans l'esprit,
04:10comme un moment de...
04:14d'appréciation de la nourriture,
04:16mais aussi parce que c'était des moments de convivialité.
04:18C'est un territoire qui est petit,
04:20et où la vie de famille est importante.
04:23J'ai un souvenir des rognons, et en plus,
04:25je m'appelle le normand,
04:26aujourd'hui, ils sont à la Normande,
04:29c'est pas trop mal.
04:30On va le goûter, ce plat, tout de suite.
04:32Comme ça, vous allez pouvoir nous dire
04:35ce que vous en pensez,
04:37s'il a été bien préparé, comme dans vos souvenirs.
04:40...
04:44Alors, dites-nous.
04:46Est-ce que ça ressemble aux rognons de votre enfance ?
04:49C'est une première appréciation très positive.
04:52Ah ! Tant mieux. Et alors ?
04:54On va en parler.
04:55J'ai envie d'avoir l'avis de Valérie.
04:57Je crois qu'elle a déjà mangé un rognon.
05:00Alors, Valérie, comment est-ce rognon ?
05:02Je vais être très honnête.
05:03Il faut être honnête sur cette table.
05:05On sait que c'est clivant, le rognon, donc parlez.
05:08J'allais y venir.
05:09Je... Vous savez, vous prenez un risque en...
05:13Pour vous, c'est une évidence, le rognon,
05:15que la Terre entière aime ça ou...
05:17Ah non.
05:18Vous saviez que vous preniez un risque.
05:20Je ne vais pas finir le plat.
05:22Je vous le dis, c'est trop fort, c'est un goût...
05:24Vous ne voulez pas prendre un risque ?
05:26Si, j'ai goûté.
05:28Comme quand j'étais petite, j'ai goûté.
05:30C'est spécial, c'est très spécial.
05:32Et ça, vous le saviez, avant de nous le proposer.
05:34Oui, oui.
05:36Pour moi, c'est un vrai souvenir d'enfance,
05:38une forme d'insouciance.
05:40C'était un plat qui, toujours, me faisait agiter les...
05:44Les papilles.
05:45On l'adore ou on le déteste.
05:47Sur cette table, on a tout. On l'adore et on le déteste.
05:50Vraiment, j'ai goûté.
05:51C'est un peu comme les tripes.
05:53C'est excellent, mais parfois, c'est pas forcément...
05:56On aime ou on n'aime pas.
05:58Alors, ce plat, il a été disposé sur un drapeau.
06:00J'imagine que c'est le drapeau de Saint-Pierre-et-Miquelon,
06:04un peu comme ce que vous avez sur votre veste.
06:06Vous pouvez nous expliquer, en gros, ce qu'on voit dessus ?
06:09Bien sûr, c'est notre drapeau.
06:11C'est un peu un condensé de notre histoire,
06:13puisqu'on retrouve le drapeau des trois régions
06:16qui ont constitué, à un moment donné,
06:19l'arrivée des régions de France en Amérique.
06:24Donc, Bretagne, Basse, Quai Normand.
06:26Des gens qui ne sont pas têtus du tout
06:29et qui ont des caractères assez affirmés.
06:31Et puis, vous avez, naturellement, le navire de Jacques Cartier,
06:35qui a été le premier à prendre possession de ces îles
06:39au nom du roi de France, en 1536.
06:41On ne le voit pas, mais vous avez notre nevise,
06:44que vous avez reprise, un var-la-bord,
06:46qui, en fait, on peut la traduire comme le travail vient de la mer,
06:49puisque l'existence de Saint-Pierre-et-Miquelon
06:52est liée à la mer, à la pêche,
06:54et aussi, à cette nouvelle France, à ce nouveau monde
06:57que l'Europe découvre.
06:58Alors, justement, sur la mer, Jean-Pierre ?
07:01C'est vrai qu'on est un peu surpris,
07:03parce que je l'ai un peu fait dans un speech un peu capilotracté,
07:07mais on s'attendait à ce que vous nous commandiez du poisson.
07:11Vous avez overdose de poissons quand vous êtes à Saint-Pierre-et-Miquelon
07:15et ça vous permettait de changer,
07:17ou vous préférez les produits de la terre plutôt que de la mer ?
07:20Non, je le répète, c'était vraiment un produit dans l'affect enfant.
07:24Après, bien sûr, on a cette chance sur un territoire...
07:28On est un territoire de pêche et de chasse.
07:30C'est exactement là où je voulais en venir.
07:33Je voulais vous demander si vous étiez chasseur.
07:35J'ai lu que la consommation de rognon est liée à l'histoire de la chasse.
07:39Est-ce que Saint-Pierre-et-Miquelon est une terre de chasse ?
07:42On est chasse, pêche et tradition, que je dis souvent pour résumer.
07:46Parce qu'on est en contact avec la nature,
07:48on a toujours eu cette tradition.
07:51Il y a énormément de chasseurs...
07:53Vous êtes vous-même chasseur ?
07:55Non, je suis pêcheur, mais je n'ai jamais été chasseur.
07:58Et pêcheur, qu'est-ce que ça veut dire ?
08:00Oui, dans les étangs,
08:02où, entre guillemets, on peut y aller aussi en bateau,
08:06mettre des lignes pour pêcher la morue, le mackereau.
08:09Je lisais même qu'à Saint-Pierre-et-Miquelon,
08:12on pouvait chasser les grands oiseaux migrateurs,
08:14de terre, de mer, les faisans, les lièvres,
08:17les lièvres arctiques et même le cerf de Virginie.
08:20Quelle est votre position là-dessus ?
08:22Il faut faire de la régulation, la chasse...
08:24Comment vous regardez les choses ?
08:26La chasse et la pêche, ça fait partie de notre histoire,
08:30de notre identité.
08:31C'est vrai qu'à une époque, c'était une chasse aussi
08:34de subsistance qui amenait des compléments,
08:36puisque l'approvisionnement du territoire était parfois compliqué.
08:40Puis, c'est devenu aujourd'hui une activité plus de loisirs.
08:44C'est vrai qu'on a la chance d'avoir du gibier,
08:47donc du lapin, lièvre arctique, chevreuil,
08:49mais aussi des oiseaux de passage, comme les canards, les outardes.
08:53Sur notre territoire,
08:54on a une forme d'intelligence territoriale
08:57où on travaille parfaitement avec la société de pêche
09:00et avec l'association des chasseurs,
09:02parce qu'ils ont bien compris qu'on avait tous intérêt
09:05à avoir une chasse durable,
09:07à faire en sorte que l'on puisse...
09:11faire notre loisir,
09:13tout en préservant la faune et la fleur.
09:15Il y a un travail extrêmement intelligent
09:18qui est fait par les chasseurs et les pêcheurs
09:20pour préserver, entre guillemets, notre faune,
09:23de façon à ce qu'elle soit finalement régulée,
09:27par la chasse, mais de manière intelligente.
09:29Puis, ça reste notre histoire.
09:31Vous venez à Saint-Pierre-et-Miquelon,
09:34et ça fait partie du décor,
09:36puisqu'on est sur la nature, sur la mer,
09:38et on a toujours eu cette vocation.
09:40Comment vous regardez ceux qu'on appelle les anti-chasse,
09:43ceux qui luttent contre la chasse, ici, par exemple,
09:46sur le territoire métropolitain ?
09:48Je respecte toutes les opinions,
09:50mais souvent, ceux qui sont contre la chasse
09:53ne sont pas dans des régions où on la pratique
09:56et ne sont pas dans des milieux aussi naturels
09:58que celui des îles et de Saint-Pierre-et-Miquelon.
10:01Vous avez un bon coup de fourchette,
10:03en plus, vous êtes gourmand.
10:05J'admire. Un jeune garçon séduit par les rognons,
10:08c'est pas souvent le cas. On apprend à aimer les rognons.
10:11Mais êtes-vous aussi très bon au fourneau ?
10:13Est-ce que vous aimez et savez cuisiner ?
10:16On aime bien les députés qui savent cuisiner.
10:18Je vais vous faire un aveu.
10:20Il m'est arrivé quelque chose dans ma vie.
10:23C'est que j'ai eu une grand-mère,
10:26une mère et une femme qui cuisinent merveilleusement bien.
10:30Il faut se déconstruire, M. Le Normand.
10:33C'est ce que me disent mes filles.
10:35Il faudrait que je me déconstruise.
10:37Je cuisine peu.
10:38J'aime bien la bonne table, c'est évident,
10:41car c'est toujours des moments conviviaux,
10:43soit en famille, soit avec les amis.
10:45Mes talents culinaires se résument
10:47à quelques petits plats très simples.
10:50Lesquels ?
10:51Pâtes avec un peu de crème et du saumon coupé en fine lamelle.
10:55C'est déjà pas mal.
10:57C'est facile à faire.
10:58J'arrive à me cuire un peu un steak et à faire quelques frites.
11:02C'est tout.
11:03Vous n'êtes pas capable de la produire ?
11:05Non.
11:06Est-ce qu'on peut en manger de bons rognons sur Paris ?
11:09Vous savez ça ?
11:11Non. Franchement, j'en ai mangé à proximité.
11:14Je ne dirais pas le nom du restaurant.
11:17Il n'y a pas très longtemps.
11:18On en voit aussi très rarement.
11:20Peu, bien sûr.
11:22Il y a eu toute la vache folle qui a mis un coup à toutes les tripes.
11:26C'est revenu un peu en vogue.
11:27Dans certains bistrots traditionnels
11:30qui veulent garder la cuisine française,
11:32on trouve des rognons et des tripes.
11:34Mais ça n'arrive pas dans n'importe quelle brasserie.
11:37Il faut s'y prendre à l'avance.
11:39A Saint-Pierre-et-Miquelon, on mange des rognons ?
11:42Oui, bien sûr.
11:43Peut-être plus facilement, mais on en mangeait, oui.
11:46Mais on mange encore aussi beaucoup les tripes,
11:49la langue, la sauce piquante, etc.
11:52On a gardé cette tradition-là dans les familles.
11:55Je le répète, à une époque où il fallait tout manger.
11:59Oui, on n'essayait rien.
12:01Bien sûr.
12:02D'où aussi ce qui est en dessert,
12:04qui est un petit rappel à ce que j'ai connu.
12:06C'était aussi ma jeunesse,
12:08où il fallait faire en sorte de tout consommer.
12:11Avant de d'arriver au dessert,
12:13je voulais vous demander cette sauce normande.
12:15Pourquoi avoir choisi une sauce normande ?
12:18Parce que mes ancêtres viennent de Normandie.
12:21Comme votre nom l'indique, peut-être ?
12:23Voilà. Quand vous vous appelez le Normand,
12:25il n'y a pas trop de mystère, mais c'est vrai que...
12:28En plus, on a une attache avec la Normandie.
12:31L'académie, on est rattachés à l'académie de Caen.
12:34Il y a des passerelles.
12:36Il y a des passerelles, il y a beaucoup d'étudiants
12:39qui vont faire leurs études en Normandie.
12:42Moi-même, j'ai...
12:43Les professeurs qui enseignent à Saint-Pierre-et-Miquelon
12:46sont de l'académie de Caen ?
12:48Ils relèvent en partie de l'académie de Caen.
12:50J'ai fait l'école normale, qui était à Caen, à l'époque,
12:53rue Caponnière. J'ai fait mes 3 années à Caen
12:56pour devenir professeur des écoles, dans un premier temps.
12:59Il y a cet attachement politique.
13:01Maintenant, on s'est rapprochés de la région
13:04où j'étais président de la collectivité.
13:06On avait fait un rapprochement avec la région Normandie
13:09de façon à profiter de l'expertise de plus grosses régions
13:13pour nous accompagner dans des prospects
13:16de développement économique
13:18pour remplacer progressivement la pêche,
13:20par exemple, et diversifier nos structures économiques.
13:23-"Existe-t-il..."
13:24C'est une question qui me taraude,
13:26car on a parlé d'héronions, de la chasse.
13:29Il y a ces variétés d'animaux qu'on ne connaît pas chez nous.
13:32Existe-t-il une vraie spécificité culinaire à Saint-Pierre-et-Miquelon
13:36ou s'est métissée à cause de ces arrivages de Normands,
13:39de Basques, ces influences ?
13:41Comment pourrait-on la caractériser,
13:43cette cuisine de Saint-Pierre-et-Miquelon ?
13:46Les héronions, c'est pas très local.
13:48Non. Alors, on a une...
13:49Parlez-nous de votre terroir, de votre cuisine.
13:52On a une cuisine qui est assez riche.
13:54Il y a... Ca, c'est vrai.
13:57Ensuite, c'est vrai que les différentes régions,
14:01Bretons, Normands et Basques,
14:03ont apporté quelques touches.
14:05On a énormément de produits de la mer, naturellement.
14:10Vous avez cité le crabe des Neiges, le homard, le saumon,
14:13mais c'est aussi beaucoup la morue,
14:15donc il faut savoir que l'âge d'or,
14:17un des âges d'or de l'archipel, a été la pêche à la morue.
14:21On a quasiment, pendant de nombreuses années,
14:23nourri une bonne partie de l'Europe et du monde.
14:27Donc là, on la cuisine de différentes façons.
14:30On va retrouver parfois
14:32une préparation un peu plus épicée,
14:35avec du piment d'Espelette,
14:37mais on peut aussi avoir une influence plus espagnole,
14:41parce qu'on a aussi été un port.
14:43Vous avez toutes ces petites touches qui se retrouvent,
14:48et c'est difficile de la caractériser,
14:50parce qu'elle est un peu universelle.
14:52Elle est très plurielle.
14:53On en sait un peu plus que sur la gastronomie de Saint-Pierre-et-Miquelon,
14:58mais il nous reste encore plein de choses sur les rognons.
15:01Vous allez les refaire aussitôt arriver chez vous.
15:04D'abord, sachez que les rognons de boeuf sont les plus classiques,
15:08ceux du veau, les plus raffinés,
15:09et le Bourbon nous a offert le raffinement,
15:12ce sont des rognons de veau.
15:14Et ceux de l'agneau sont les plus appréciés dans le sud de la France.
15:18Ce sont des abats dits rouges, comme le coeur, la langue et la cervelle,
15:22tandis que les oreilles, les pieds ou les tripes,
15:25sont des abats blancs,
15:27c'est-à-dire blanchis ou demi-cuits,
15:30ce qui leur confère cette petite couleur ivoire.
15:33Il faut impérativement les acheter bien frais
15:36et les consommer rapidement.
15:37Ne laissez pas traîner vos tripes au frigo.
15:39Demandez à votre boucher de retirer le nerf blanc à l'intérieur.
15:43Faites-les tremper dans de l'eau froide
15:45pendant 15 minutes pour les nettoyer et éliminer toute odeur.
15:49Pour la cuisson, il faut les saisir dans une cocotte à feu vif
15:52pendant quelques minutes, ajouter du bouillon, du vin ou de la crème,
15:56baisser le feu, faire cuire 30 minutes les rognons de boeuf,
16:0015 minutes pour les rognons de veau,
16:02et très peu pour les rognons d'agneau,
16:04qui peuvent être poilés en aller-retour.
16:06Les rognons, ce sont les reins ?
16:08Oui, ce sont les reins.
16:10Je ne crois pas.
16:11Je l'ai dit dans mon petit préambule,
16:13mais il faut le répéter, vous avez raison.
16:16C'est intéressant de savoir que ce sont les reins que l'on cuisine.
16:20Pour accompagner ces rognons, vous nous avez ramené de la sapinette.
16:23La bouteille est juste là.
16:25On s'est évidemment servi un petit peu juste avant l'émission.
16:31C'est quoi, la sapinette ?
16:33On a une grande tradition avec les alcools,
16:36mais on a été une des plaques tournantes de la prohibition.
16:40Aujourd'hui, on a des très bons produits
16:42par des entreprises locales.
16:44On a un très bon whisky, de très bonnes bières.
16:47Depuis peu, une nouvelle distillerie fait des arrangements.
16:50La sapinette, c'est en lien naturellement
16:52avec quelque chose de très spécifique,
16:55puisque Saint-Pierre-et-Miquelon est la seule forêt boréale française.
16:59Une forêt de sapins, de sapins baumiers.
17:01Ce produit se déguste plus comme une petite liqueur
17:05qui est très boisée et fait à base de jeunes pousses de sapins baumiers.
17:09C'est même les épines, non ?
17:11Oui, tout à fait.
17:13C'est ça qu'on fait macérer.
17:14Avec, naturellement, une petite touche du concepteur,
17:18ce qui donne un produit assez boisé et qui goûte.
17:21C'est délicieux, c'est très sucré.
17:23Ça ressemble un peu à une liqueur, si je ne dis pas de bêtises ?
17:27On peut le dire comme ça.
17:2828 degrés, j'ai vu, non ?
17:30Là, c'est uniquement pour vendre le terroir de Saint-Pierre-et-Miquelon.
17:35Comme ça, chez vous, de la sapinette sur du rognon à table.
17:38Non, là, c'était...
17:39C'est plutôt en fin de repas.
17:41C'est plutôt en fin de repas.
17:43Est-ce que ça se mélange aussi dans des cocktails ?
17:46Ou est-ce que ça se boit toujours pur ?
17:48Avec de l'alcool, on peut tout faire.
17:50Donc, tout est possible.
17:53En termes d'arrangement, c'est tout à fait envisageable.
17:56Après, moi, je préfère la déguster comme ça.
17:58On sent mieux le terroir et la forêt boréale.
18:03Oui, vraiment, le goût du sapin.
18:05J'essaie de le transmettre, mais c'est délicieux.
18:08Est-ce qu'on peut cuisiner avec ?
18:11Les chefs aiment bien rechercher le sapin.
18:13Il y en a qui cuisinent au sapin.
18:15C'est peut-être pas mal.
18:16C'est une très bonne idée.
18:18La prochaine fois, on fera des rognons au sapin.
18:21Je lisais même que ça avait des vertus thérapeutiques,
18:24des vertus magiques, notamment pour lutter contre le rhume.
18:27On peut s'en mettre dans un grog ?
18:30Si vous aimez le risque, allez-y.
18:32Vous me direz des nouvelles.
18:34Vous ne l'utilisez pas, par exemple ?
18:36Non, je l'apprécie comme ça,
18:39comme une petite boisson rafraîchissante après un repas.
18:42Afrodisiaque, Valérie ?
18:43J'ai pas lu ça. J'en sais rien, je vous le dirai après.
18:46Je vous le dirai après l'émission.
18:49Voilà, maintenant, on sait cuisiner les rognons.
18:52On connaît l'origine de la sapinette.
18:54Saurez-vous répondre à notre petit questionnaire ?
18:57C'est tout de suite dans le quiz.
19:02Vous avez bien fait de nous dire que vous avez les passerelles
19:06avec les Normands. Il va falloir faire appel à ces passerelles.
19:09Figurez-vous qu'à Lonnie, aux Perches, tous les ans,
19:12a lieu la foire aux tripes.
19:13Vous, l'amateur d'Abbas, sauriez-vous nous dire
19:16si ces affirmations sont vraies ou fausses ?
19:19Cette foire a été créée en 1970, en même temps que la confrérie
19:22des compagnons du plat de tripes. Vraie ou faux ?
19:25J'aurais tendance à dire vraie.
19:27Oui, vraie, effectivement.
19:28Il y avait une tradition des tripes.
19:30Ils ont décidé de faire une confrérie.
19:32Il y en a beaucoup en France.
19:34Du brie de môre.
19:35Du brie de môre.
19:36Elle se déroule tous les 1ers avril de l'année,
19:39cette foire aux tripes. Vraie ou faux ?
19:42Ca sent le poisson d'avril, je dirais non.
19:44Oui, bien vu. Mais cela dit, ça se passe tous les 1ers mai.
19:48On pourrait dire la fête du travail.
19:50On a autre chose à faire que de faire cuire des tripes.
19:53Non, c'est la tradition de faire des tripes ce jour-là.
19:56C'est en surfant sur cette tradition
19:59La confrérie a changé de nom depuis
20:01et s'appelle désormais la confrérie des manches-tripes.
20:04Vraie ou faux ?
20:06Pas très porteur, j'irais plutôt faux.
20:09Faux, exactement.
20:10La confrérie des fins gourbets, ce qu'il y a pour le pire porteur.
20:14Mais attention, la confrérie des manches-tripes existe déjà.
20:17On ne pouvait pas copier. Ca existe dans le gars.
20:20Enfin, D, pour fêter la tripe à l'honneur,
20:23tous les commerçants jouent le jeu ce jour-là.
20:25C'est vraiment la tripe à l'honneur.
20:27J'ai vu, en 2023, une pizza aux tripes. Vraie ou faux ?
20:31En vrai, je pense que c'est possible.
20:33C'est celle que Valérie a prise, d'ailleurs.
20:35Elle a laissé tomber la quatre fromages, la tripe.
20:38Moi, je prends de la pizza à la sapinette, je préfère.
20:41On passe à notre deuxième quiz.
20:43Comme vous êtes président du groupe Lyott,
20:46je vais vous poser des questions sur les présidents de la République.
20:50Une fois à l'Elysée, ils ont tous eu des lubies à table.
20:53Sauriez-vous me dire si ces affirmations sont vraies ou fausses ?
20:57C'est possible, vu la personnalité.
20:59C'est faux. Non, comme tout le monde,
21:01il préfère manger chaud.
21:03Est-ce que la hantise de François Mitterrand,
21:06c'était de s'attabler seul ?
21:10Être seul face à soi-même, c'est possible.
21:13C'était une hantise. Il demandait toujours, évidemment,
21:16à ce qu'il y ait du monde autour de sa table.
21:19Troisième question.
21:20Nicolas Sarkozy adorait les déjeuners
21:22qui se produisent dans les restaurants.
21:24Sarkozy adorait les déjeuners qui se prolongeaient.
21:27C'est vrai ou c'est faux ?
21:29Je dirais que c'est faux.
21:31Vous avez raison. C'est complètement faux.
21:33Il préférait écourter les choses.
21:35Vu le personnage, je le vois mal rester très longtemps à table.
21:38Exactement. Et enfin,
21:40François Hollande n'imaginait pas un repas sans fromage.
21:43C'est vrai ou c'est faux ?
21:45Je pense que c'est vrai.
21:47Vous avez raison, c'est tout à fait vrai.
21:49Il a fait revenir le plateau de fromage à l'Elysée
21:52qui avait disparu sous Nicolas Sarkozy.
21:55Bon, merci beaucoup pour ces réponses.
21:5712 sur 4, c'est très bien.
21:59C'est pas mal. Non seulement on mange bien,
22:01mais en plus, on apprend plein de choses dans Politique à table.
22:05Puisque le dîner est une affaire sérieuse,
22:07comme le disait Oscar Wilde,
22:09on passe maintenant à la brève de comptoir.
22:15Alors, on vous a demandé de retrouver dans vos souvenirs
22:19une anecdote qui mêlerait politique et gastronomie.
22:24Déjeuner, petit déjeuner, dîner.
22:26A quoi vous avez pensé ?
22:27Alors, j'en ai pas eu beaucoup,
22:29mais il y en a une qui est assez...
22:32Alors, qui commence, en fait, lorsque j'ai débuté en politique.
22:36J'étais tout jeune.
22:37Et vous avez à Saint-Pierre-et-Miquelon
22:39souvent des navires militaires qui arrivent.
22:42Naturellement, il y a le repas au carré du pacha,
22:45du commandant du navire, donc il y a les autorités.
22:49J'ai eu à représenter la collectivité territoriale.
22:52J'étais assez jeune, quand même,
22:54avec une expérience des us et coutumes
22:56d'une table extrêmement bien garnie que je ne maîtrisais pas.
23:00Et je suis arrivé là avec quatre fourchettes et quatre couteaux.
23:05Je les ai pris dans le mauvais sens.
23:07C'est un enfer, bien sûr.
23:08Et là, au troisième plat, je me suis senti un peu mal,
23:11car je voisais bien que mes ustensiles
23:13n'étaient pas en adéquation avec le plat qui arrivait.
23:16Personne n'a osé me le dire, donc j'ai fini le repas un peu hanteux
23:20et j'ai juré, après, d'y voir un peu plus clair
23:22sur ces us et coutumes pour pas que ça me retombe dessus.
23:25Mais c'est un moment, voilà, un peu de jeunesse,
23:28un petit moment de solitude,
23:29parce qu'on s'aperçoit qu'on n'a pas les mêmes ustensiles
23:33que les autres qu'on vive.
23:34Et là, après, quand vous êtes à table,
23:36c'est pas facile de les jeter ou d'en récupérer d'autres,
23:39puisqu'ils sont retirés au fur et à mesure.
23:42C'est une petite anecdote sur mes débuts en politique,
23:45un peu dans ces cercles que je ne connaissais pas.
23:47Avec un côté novice, on apprend toujours de ses erreurs en politique.
23:52C'est intéressant, il y a des codes à table.
23:55Donc, si je dis pas de bêtises,
23:56on commence toujours à l'extérieur et on se rapproche de l'assiette ?
24:00Moi non plus, je ne suis pas spécialiste des grands dîners.
24:03Vous avez commencé par l'intérieur.
24:05Vous avez pris le plus proche.
24:07Je le connais pragmatique.
24:09Et après, pour manger la caille, vous aviez une fourchette.
24:12C'est là que je me suis rendu compte que ça ne collait pas.
24:15Très bien.
24:16On s'est moqué de vous ?
24:18Après, j'étais quand même représentant de la collectivité.
24:21Peut-être qu'ils n'ont pas osé me le dire,
24:24ce que j'aurais apprécié du reste.
24:26En tout cas, ça vous a vaccinés à vie.
24:28Vous savez maintenant comment.
24:30C'est un moment de solitude.
24:31On l'imagine très bien.
24:33Avec une délégation chinoise, c'est plus facile.
24:36C'est plus simple.
24:37Allez, on part maintenant, pardon, pour la Martinique,
24:40où les manifestations contre la vie chère
24:42ont émaillé la rentrée politique.
24:45On en parle tout de suite dans Le Dessous des Plains.
24:54Le coût de la vie dans les territoires ultramarins
24:56est plus élevé que dans l'Hexagone.
24:59La vie chère en Martinique n'est pas une nouveauté,
25:01mais elle s'aggrave.
25:03Aujourd'hui, sur l'île, les produits alimentaires
25:06coûtent jusqu'à 42 % plus cher qu'en France métropolitaine,
25:09d'après l'INSEE.
25:10Face à cet écat, les distributeurs affirment ne pas pouvoir agir.
25:14Voici un reportage sur place de Cécile Marre et Thierry Sokan,
25:17pour la première.
25:18...
25:20-"La grande distribution ne réalise pas davantage de profits
25:24outre-mer qu'ailleurs.
25:25Les groupes ont déclaré entre 14 et 22 % de marge
25:28à la commission d'enquête parlementaire.
25:31Mais cet arbre cache une forêt,
25:33celle de la multitude des marges avant l'arrivée au magasin.
25:36Prenons l'exemple du plus grand groupe GBH pour Carrefour.
25:40Achat, stockage, dédouanement,
25:42ces sociétés sont présentes à toutes les étapes de l'importation.
25:46Chaque entreprise prend sa marge sur les opérations.
25:49On appelle ça l'intégration verticale.
25:52Tout retourne à GBH.
25:53Un système pratiqué par d'autres groupes,
25:56comme SAFO pour Carrefour Market,
25:58afin de faire des économies, argumentent les distributeurs.
26:02...
26:03-"Est-ce que l'intégration verticale est plus coûteuse
26:06que le fait de passer par des intervenants extérieurs ?
26:09Notre conviction, c'est que non.
26:11A chaque fois qu'on passe par un tiers,
26:13ce tiers a pour but d'équilibrer son activité,
26:15mais également de réaliser une marge.
26:17C'est pas notre cas.
26:19On fait des arbitrages en interne pour être plus compétitifs."
26:22...
26:23-"Le problème, c'est que la répression des fraudes
26:25n'est pas d'accord."
26:27Dans un rapport de 2009, juste après la crise sociale,
26:30l'organisme d'Etat avait passé les chiffres à la loupe.
26:33-"Les marges prélevées par les importateurs grossistes
26:36apparaissent relativement élevées,
26:38de 20 à 60 % sur un grand nombre de références
26:41et peuvent dépasser 100 % pour certaines.
26:44Le cumul des marges du grossiste et du détaillant
26:47atteint de 50 à 70 % du prix de vente,
26:50significativement supérieur aux valeurs atteintes en métropole."
26:53...
26:54Un constat dressé également par l'ancien ministre
26:57de l'Outre-mer, Jean-François Carrincaux,
26:59qui ne cachait pourtant pas ses relations
27:02avec le président du groupe GBH.
27:04...
27:05L'idée d'une étude extérieure sur l'accumulation des marges
27:09me semble une bonne idée.
27:10On n'arrive pas à vraiment trouver la vérité.
27:13Il y a un endroit où il y a accumulation des marges,
27:16je pense que c'est quand la marchandise arrive au port.
27:20Comme je le pense, je pense que les transitaires...
27:23Là, il y a une accumulation de marges.
27:27Sur lesquelles, notamment en Martinique et en Guadeloupe,
27:31on essaye de travailler.
27:32Il y a des marges qui ne me semblent pas
27:36se justifier.
27:37En 2019, un nouveau rapport de la répression des fraudes
27:40répète le même constat.
27:41Si les grands groupes ne font pas de bénéfices excessifs
27:44avec la vente en magasin, ils semblent donc les faire avant.
27:48...
27:50Stéphane Lenormand, l'Etat vient d'annoncer un accord
27:53pour baisser les prix de l'alimentaire de 20 % en Martinique.
27:56Est-ce un bon signal ?
27:58C'est un premier signal intéressant,
28:00puisque cette problématique de la vie chère
28:02se trouve dans tous les Outre-mer,
28:04avec des degrés plus ou moins différents.
28:06C'est une priorité, d'ailleurs, du groupe que je préside,
28:10cette continuité territoriale des biens et des personnes.
28:15C'est un sujet de préoccupation
28:18que l'on a porté auprès du Premier ministre,
28:21parce qu'il n'a échappé à personne qu'il y a énormément de tensions
28:25dans les Outre-mer, en partie liées à la vie chère
28:27et à la problématique qui a été évoquée dans votre reportage,
28:32à savoir l'accumulation des marges, des intermédiaires
28:35qui se posent avec parfois des situations de monopole.
28:38Sur les causes, on y reviendra,
28:39mais je voulais aussi vous demander comment ça se passe à Saint-Pierre-et-Miquelon.
28:44On regarde la situation de la Martinique,
28:46on comprend qu'il y aura quelque chose,
28:48donc l'Etat s'investit, intervient, pour la Martinique.
28:51Comment ça se passe chez vous ?
28:53Ça fait partie de vos combats, on le sait.
28:55C'est un vrai sujet, dans le sens où, en plus,
28:57à Saint-Pierre-et-Miquelon, on a un petit marché.
29:00Un marché plus grand, vous pouvez avoir des phénomènes de volume
29:03qui vont, entre guillemets, tasser les marges et les prix.
29:06Chez nous, on a un petit marché, on a énormément d'intermédiaires.
29:10C'est un vrai sujet, parce qu'aujourd'hui,
29:12le pouvoir d'achat et la préoccupation de mes concitoyens
29:16et concitoyennes...
29:17Lors de la période post-Covid,
29:19on a approché une inflation à deux chiffres.
29:21C'est énorme.
29:22Je ne vous donnerai pas le prix des yaourts et des fromages.
29:26Ça nous intéresse.
29:27Vous pouvez avoir un camembert à plus de 15 euros.
29:30Ah ouais ?
29:31Tout ce qui va être produit frais, c'est horriblement cher.
29:35Les yaourts aussi.
29:36Les yaourts aussi.
29:37Donc, voilà. Aujourd'hui, comme on est un petit territoire,
29:41on a, en concertation avec l'Etat et la collectivité,
29:44une étude en cours sur la transparence des prix
29:46et de la fixation du prix arrivé à Saint-Pierre-et-Miquelon
29:50du départ de la métropole.
29:51L'idée n'est pas de stigmatiser les grossisses, les prestataires.
29:55C'est de dire, d'avoir, entre guillemets,
29:58un débat objectif sur, oui, là, ça monte quand même pas mal,
30:01là, pourquoi ça ne monte pas, etc.,
30:03de façon à comprendre comment se structurent ces prix.
30:06Aujourd'hui, c'est une priorité de baisser le coût de la vie
30:10dans nos territoires, et surtout à Saint-Pierre-et-Miquelon.
30:13Vous commencez à l'aborder, ce monopole des distributeurs,
30:16c'est aussi quelque chose que vous vivez à Saint-Pierre-et-Miquelon,
30:20comme on l'explique sur tous les Outre-mer et Martinique.
30:23C'est le même constat ?
30:25C'est le même constat, avec des sensibilités différentes,
30:28mais on a cette problématique dans les Outre-mer,
30:31où il y a plus de concurrence.
30:32Chez nous, on a un cheminement d'un petit marché.
30:35Qu'est-ce qu'on fait ? On les contraint, on les oblige ?
30:38Qu'est-ce qu'on peut faire ?
30:40Il faut déjà clairement identifier, comme je disais,
30:43cette étude devrait sortir pour Saint-Pierre-et-Miquelon
30:46d'ici quelques semaines, où se font réellement les marges,
30:50puisqu'aujourd'hui, on a une parfaite connaissance.
30:52On a un logiciel qui s'appelle Cydonia,
30:55on sait quels sont les produits qui rentrent sur Saint-Pierre-et-Miquelon,
30:58on sait à combien ils ont été achetés.
31:01Je pense que c'est pour objectiver le débat.
31:03Ensuite, oui, il peut y avoir des contraintes,
31:06il peut y avoir aussi, au niveau de ce qu'on appelle
31:09les délégations de services publics,
31:11qui sont dans cet esprit de continuité territoriale.
31:14Une autre façon, pour les prestataires
31:16qui seront réceptionnaires de cette délégation de services publics,
31:20une autre façon de les rémunérer.
31:22C'est peut-être aussi un effort plus important
31:24et mieux ciblé de la force publique,
31:27parce qu'aujourd'hui, c'est un sujet extrêmement,
31:30comment dire, fort dans tous nos Outre-mer,
31:32et qui génère, naturellement, ce qu'on a connu en Martinique,
31:36mais la Guadeloupe a aussi ces mêmes problèmes,
31:39la Guyane, Saint-Pierre-et-Miquelon.
31:41On a vu des voitures brûler en Martinique ou en Guadeloupe,
31:44on n'en a pas vu à Saint-Pierre-et-Miquelon.
31:47Est-ce que la colère populaire est moins forte dans la rue ?
31:50Ca ne s'exprime pas de la même façon,
31:52mais pour régulièrement rencontrer mes concitoyens,
31:56elle devient aujourd'hui un vrai sujet.
31:58C'est un sujet qui inquiète,
32:00parce qu'en plus, notre territoire
32:03est un des rares qui a un hiver,
32:06donc on a aussi des coûts de chauffage
32:08qui sont exorbitants par rapport au reste
32:11des autres territoires d'Outre-mer,
32:13si on veut garder cette comparaison-là,
32:15ce qui fait que beaucoup de ménages
32:17ont de la difficulté à finir les fins de mois,
32:19parce que lorsque vous cumulez une vie chère,
32:22il faut acheter de l'avion, des produits variés,
32:25et que vous avez en plus des frais de chauffage
32:27qui sont très importants.
32:29On ne chauffe pas sur deux mois.
32:31On chauffe quasiment sur huit mois dans l'année, minimum.
32:35Donc, voilà.
32:36Après, on est un territoire un peu plus apaisé à ce niveau-là.
32:40La colère est très profonde.
32:42En Martinique, on le voit, il y a une action de l'Etat,
32:45mais je me demandais si les initiatives locales
32:48ne pourraient pas être plus efficaces,
32:50ou en complément, vous parlez de développer le local.
32:53Est-ce que ça pourrait être une solution ?
32:55Oui, je pense.
32:57Je suis naturellement un adepte de la décentralisation.
33:00Je crois beaucoup en l'intelligence territoriale.
33:02S'il en parle des Etres-mers, c'est une erreur magistrale
33:06de penser qu'on peut avoir une solution
33:08qui va s'appliquer partout.
33:09On est sur du cousumain, sur de la dentelle,
33:12et je pense que chaque territoire, en fonction de ses spécificités,
33:16doit s'ajuster en fonction de ses réalités.
33:18Moi, je suis, à Saint-Pierre-et-Miquelon,
33:21entouré d'un univers nord-américain et canadien,
33:24avec des problématiques qui sont particulières.
33:27Dans les Antilles, c'est un autre environnement régional.
33:32Il faut vraiment avoir cette démarche,
33:34qui se heurte un peu à l'esprit très jacobin
33:37de la gestion de la France,
33:40et surtout depuis sept ans, d'ailleurs.
33:42Mais je pense que la solution est là,
33:44dans la décentralisation et dans la capacité pour les territoires
33:48à tenir compte de leurs spécificités.
33:50Avec plus d'autonomie ?
33:51Oui, tout à fait.
33:52Question de Béossien, vous parlez du camembert et des yaourts.
33:56Est-ce qu'il n'y a pas moyen, je dis ça,
33:58d'essayer de construire des laiteries ?
34:00J'étais là sur le côté concret,
34:02pour ne plus importer des yaourts et du camembert,
34:05manger un autre fromage, de Saint-Pierre-et-Miquelon,
34:08qui permettra de satisfaire les populations locales
34:11à un prix plus économique.
34:12En Martinique, vous nous direz comment ça se passe à Saint-Pierre-et-Miquelon,
34:16et plus de 90 % des produits de consommation sont importés.
34:19On est à peu près dans ce ratio-là.
34:21Vous importez du Canada, aussi.
34:23Oui, tout à fait.
34:24Il peut y avoir aussi des petits soucis,
34:27par exemple sur la viande,
34:28où il n'y a pas les mêmes normes entre l'Europe
34:31et l'Amérique du Nord.
34:32Mais on a déjà entamé ce processus,
34:34maintenant, à Saint-Pierre-et-Miquelon,
34:37justement, d'implanter, d'aller vers une autonomie
34:39alimentaire beaucoup plus...
34:42Concrètement, vous avez fait quoi ?
34:44On a maintenant du fromage, on a des chèvres...
34:47Vous avez construit des coopératives, des laiteries...
34:50On a favorisé et accompagné, notamment au niveau de la collectivité,
34:54des jeunes qui ont voulu se lancer dans cette production agricole
34:57pour, justement, limiter, aussi, l'impact,
35:01entre guillemets, sur la...
35:04Comment dire ?
35:05L'économie...
35:07Durable.
35:08C'est beaucoup plus vertueux.
35:10Et ça commence à prendre.
35:12Après, on est aussi une terre qui jouit d'un climat particulier,
35:16donc il y a quelques difficultés, mais je vois sur les oeufs,
35:19sur le poulet, on a eu des bonnes expériences.
35:23On a aussi développé des ponts d'agriculture
35:27sur, comment dire, le fromage.
35:29Donc, voilà. Sur le canard...
35:31Donc, on a cette volonté d'oeufs.
35:33Après, il faut les porteurs de projets,
35:35parce qu'ils arrivent à supporter les contraintes
35:38que l'on a sur un petit territoire.
35:40Est-ce que... Je reviens sur la loi Lurel de 2012,
35:45et ce bouclier qualité-prix qui avait été instauré en 2022,
35:48est-ce que c'est quelque chose dont vous bénéficiez aussi
35:51sur le territoire de Saint-Pierre-et-Miquelon ?
35:54On a un bouclier qualité-prix sur une cinquantaine de produits.
35:57C'est une mesure qui a son sens,
36:00mais dont la pertinence n'est pas forcément avérée.
36:04C'est-à-dire ?
36:05Je pense qu'il faudrait déjà l'étendre à beaucoup plus de produits,
36:09en tout cas chez nous, de façon à couvrir aussi
36:12l'ensemble des aliments et des ingrédients
36:15qui peuvent être nécessaires pour vivre.
36:18Ensuite, je pense qu'il y a automatiquement,
36:20en parallèle, il faut qu'on arrive à intervenir
36:23sur les différentes marches qui se pratiquent,
36:25parce que là, il y a un vrai problème.
36:27Donc, tant qu'on n'aura pas pu atteindre ce frein,
36:32ce sera difficile d'avancer.
36:34Quand vous parlez de marge, vous parlez des distributeurs
36:37ou vous revenez sur toute la chaîne ?
36:39Sur toute la chaîne.
36:41Pour vous, les distributeurs ne sont pas les seuls...
36:44Non, c'est pas possible.
36:45...les seuls responsables ?
36:47C'est une responsabilité collective.
36:49C'est pour ça que pour Saint-Pierre-et-Miquelon,
36:51je veux cette étude de façon à avoir un discours apaisé.
36:55Pourquoi il n'y a jamais eu d'étude ?
36:57Pourquoi on a attendu si longtemps ?
36:59C'est des problèmes de statistiques.
37:01C'est mieux qu'on ait mis tant de temps.
37:03Vous avez des freins. L'étude est enfin d'exercice,
37:06mais son achèvement est un peu plus compliqué.
37:08Parce que, voilà, vous allez quand même découvrir des choses,
37:12mais si on veut vraiment s'attaquer à un problème
37:15qui peut être un problème vital pour les territoires d'outre-mer,
37:18avec le niveau de vie chère que l'on a,
37:20on peut, à un moment donné, voir un exode qui se fait
37:23parce que vous n'arrivez plus à vivre, vous allez ailleurs.
37:27Vous perdez les habitants ?
37:28On a commencé à en perdre, oui,
37:30parce que le coût de la vie est devenu trop important chez nous.
37:33Quand vous entendez François-Noël Buffet,
37:36le nouveau ministre chargé des Outre-mer,
37:38qui explique que l'Etat va prendre ses responsabilités,
37:41vous le croyez ? Vous avez confiance ? Vous vous méfiez ?
37:44Vous ne savez pas ce que ça veut dire ?
37:47Ca fait 30 ans que je fais de la politique,
37:49que j'entends un peu ce message-là.
37:51Mais bon, on l'a vu, les tendances sont quand même à la baisse
37:55sur les budgets outre-mer.
37:57Donc...
37:58L'Etat français oublie les outre-mer ?
38:00Je ne dirais pas oublié, non,
38:02parce qu'il y a quand même de l'argent de mise.
38:04On ne peut pas le dire comme ça,
38:06mais on a eu cette approche un peu trop jacobine
38:09pour gérer les territoires d'outre-mer.
38:11Et en cela, on a sans doute fait cette erreur,
38:14et on l'a vu, on a sorti plusieurs textes
38:16qui s'appliquaient à l'ensemble des outre-mer,
38:18et dans les déclinaisons, on s'est aperçu
38:21que ça ne marchait pas forcément.
38:22En Polynésie, un territoire immense,
38:24un territoire tout petit, ça ne s'appliquait pas.
38:27Vous avez des prérogatives, un peu plus,
38:29en matière fiscale...
38:31L'avantage, c'est qu'à Saint-Pierre-et-Miquelon,
38:33on a un très bon statut qui nous donne l'autonomie fiscale
38:37et douanière, qui responsabilise automatiquement les élus,
38:40parce que quand il faut actionner ces leviers-là,
38:43vous prenez directement les contre-coûts, etc., etc.
38:46Donc, vous le faites avec parcimonie
38:48et vous essayez d'optimiser vos décisions.
38:50C'est un bon outil lorsque l'on est
38:52un territoire d'outre-mer,
38:54perdu devant le géant canadien, et très loin de Paris, quand même,
38:57on a cette autonomie.
38:59Les élus de Saint-Pierre-et-Miquelon sont plus chanceux
39:02qu'une bonne partie de nos collègues des autres territoires.
39:05Vous allez demander à ce que la Corse ou la Martinique,
39:086 000 aliments sur 40 000 et une baisse des prix,
39:11viennent jusqu'à chez vous ou soient limités aux Antilles ?
39:14C'est des choses qui se regardent,
39:16parce qu'aujourd'hui, c'est devenu un problème crucial.
39:19On parlait de Saint-Pierre-et-Miquelon,
39:21on va aller faire un tour chez vous.
39:23On part très précisément au large de Saint-Pierre,
39:26suivre la seule femme pêcheure de l'archipel
39:28et avec elle, on met les pieds dans le plat.
39:36Valérie, principal moteur de l'économie
39:38de Saint-Pierre-et-Miquelon au début du XXe siècle,
39:41la pêche souffre de la crise, tarissement des ressources,
39:44moratoire sur la merouille,
39:46les pêcheurs sont de moins en moins nombreux,
39:48d'autres bateaux en activité,
39:50dont celui d'Agathe et de Yohann, en pleine saison du homard.
39:53Eh bien, journée de pêche à 1h30 de haie-côte,
39:57en bateau, de Saint-Pierre.
39:59C'est un reportage de France Télévisions.
40:01Musique douce
40:03-"Saint-Pierre-et-Miquelon",
40:04un confetti français dans les eaux d'Amérique du Nord.
40:08Une terre de marins et de pêcheurs,
40:10ici, toutes les rues mentopores.
40:13Depuis des siècles,
40:15ces eaux froides sont réputées pour leur richesse.
40:18Dès le début du XVIe siècle,
40:20les Européens se ruent vers l'archipel
40:22pour pêcher la morue,
40:23dans des embarcations traditionnelles.
40:26Puis, dans les années 50,
40:28de grands chalutiers du monde entier
40:30chargent leur calve de tonnes de morue
40:32avant l'effondrement des stocks
40:34et l'interdiction de la pêche en 1992.
40:37Désormais, ils ne sont plus qu'une poignée de pêcheurs
40:41et 15 bateaux.
40:42Ce matin-là, alors que Saint-Pierre est encore endormi,
40:46Agathe Schmitt et Yohann Buneau, son compagnon,
40:49partent pour leur journée de pêche.
40:51Surtout le matin, on a le jour qui se lève,
40:53c'est toujours des moments assez magiques.
40:56Le couple termine sa saison avec la pêche au homard.
41:00À 1h30 de bateau de Saint-Pierre...
41:02Je le vois.
41:04Ils sont dans quel sens ?
41:05T'es dessus, mais t'arrives pas dans rien.
41:08Ils vont relever leurs 50 casiers immergés
41:10à 15 mètres de fond.
41:12Il y a juste le crabe sur le pic.
41:15Seuls les mâles adultes,
41:17mesurant plus de 9 cm, peuvent être conservés.
41:20Pour préserver la ressource, on laisse les petits grandir,
41:24se reproduire avant de les pêcher.
41:26C'est une femelle qui est grainée, qui a des oeufs.
41:29On les remet à l'eau directement.
41:31Vas-y !
41:32Il y a quelque chose de chouette dans le fait
41:35de nourrir aussi les gens.
41:36Je pense que le fait d'aller chercher de la ressource,
41:39ça a du sens aussi.
41:41Il va pas lâcher son compas.
41:42Si je tire dessus, je vais couper la place de l'autre.
41:45Johan est fils et petit-fils de pêcheurs.
41:48Il a commencé à 17 ans.
41:50Ça fait partie de l'ADN des gens d'ici,
41:53d'avoir un rapport avec la mer.
41:57Comme ça m'emmerderait d'être dans un bureau,
42:00je fais ce métier. Le bureau est pas mal.
42:02Le bureau est même plus que sympa.
42:05Retour au port.
42:06La pêche a été plutôt bonne.
42:09À Saint-Pierre, pas de marché ni de crier.
42:11La vente se fait directement sur le bateau.
42:14Il y a deux kilos.
42:17Ici, le homard est vendu 12 euros le kilo.
42:20En direct, auprès des marins-pêcheurs,
42:23c'est toujours agréable, ça fait travailler.
42:25Merci beaucoup.
42:26Depuis 30 ans, des quotas de pêche ont été instaurés
42:29pour préserver la ressource
42:31et perpétuer la tradition de la pêche,
42:33qui continue de façonner l'histoire de Saint-Pierre et Miquelon.
42:37L'histoire de Saint-Pierre et Miquelon,
42:39vous en avez parlé, de la morue,
42:41qui a fait la richesse de Saint-Pierre et Miquelon.
42:44Il y avait un moratoire sur la morue depuis 1992.
42:46Une petite parenthèse s'est ouverte dernièrement
42:49avec l'autorisation pour les pêcheurs de Saint-Pierre et Miquelon
42:53de pêcher 19 tonnes de morue par an.
42:55C'est une bonne nouvelle pour la morue ou pour Saint-Pierre et Miquelon ?
42:59C'est une nouvelle qui nous fait toujours un peu de mal.
43:03C'est vrai que l'archipel de Saint-Pierre et Miquelon,
43:06et d'autres régions dans l'Hexagone,
43:08a été victime d'une richesse basée sur une mono-industrie.
43:12Il faut bien comprendre qu'en 1992,
43:14tout s'arrête du jour au lendemain.
43:16On dit chez nous qu'on nous a cisaillé les pattes.
43:19C'est pire que ça.
43:20C'est une décision du tribunal international.
43:23La France et le Canada, déjà en conflit sur les quotas,
43:26ont décidé d'aller dans cette instance sans appel.
43:29Là, on s'est fait blouser complètement.
43:31Il faut dire les choses.
43:32Le diplôme d'artifices français n'a pas été bon.
43:35Comment vous l'expliquez-vous ?
43:37C'est à cause de la diplomatie ?
43:38On vous a abandonnés ?
43:40On n'a pas mesuré la force des Canadiens dans les négociations.
43:43Ce sont des normes américaines.
43:45Ils sont sans foi ni lois.
43:47Rappelez-nous le contexte.
43:49On connaît la morue, on la mange à la portugaise.
43:52Qu'ont-ils fait, les Américains ?
43:54Ils ont laissé pêcher la morue aux pêcheurs américains
43:57et l'ont interdit aux Français ?
43:59C'est plus compliqué.
44:00Comme on était dans les eaux à proximité de Terre-Neuve,
44:03les APS, etc.,
44:05il y a eu des tensions sur les quotas, etc.
44:09Et sur les zones de pêche ?
44:10Sur les zones de pêche.
44:12On est arrivé à cette décision de justice internationale
44:15qui est sans appel.
44:16Là, on espérait, entre guillemets,
44:19avoir quand même nos droits historiques,
44:21puisque la France était là,
44:23il y avait l'histoire du French Or, etc.
44:25On a eu une décision parce qu'on n'a pas été bien défendus.
44:29À l'arrivée, le résultat, ce qu'on appelle le French Baguette,
44:32quand vous regardez sur une carte,
44:34vous avez une petite baguette, une petite bande qui nous reste,
44:38c'est complètement ridicule.
44:40C'était en deçà de toutes les estimations
44:42les plus pessimistes qu'on pouvait faire.
44:44On s'est pris une tarte.
44:46Mais ce qui veut dire que du jour au lendemain,
44:49ce qui était notre fierté, notre force de vivre, d'existence,
44:53se retrouve arrêté.
44:55C'est plus de 450 personnes qui ont perdu leur emploi
44:58dans les usines, c'est des navires
45:00qui vont finalement ne plus repêcher.
45:02Des marins qui se retrouvent à chercher du travail.
45:05Finalement, on avait perdu un peu notre existence,
45:08notre sens de l'existence dans ce territoire.
45:11On a mis plus de 10 ans à s'en remettre,
45:13à se dire qu'il faut relancer le territoire,
45:16parce que ça a été un arrêt très brutal,
45:18qui est encore aujourd'hui quelque chose
45:21qui touche les gens de la génération
45:23qui sont un peu plus âgés que moi.
45:25Ils ont connu l'avant.
45:26Ca a presque tué la filière.
45:28Ca a quasiment tué la filière.
45:30Aujourd'hui, on essaie de reconstruire
45:33une pêche durable avec les différents quotas
45:35que l'on peut avoir.
45:37On a du flétan, on a, entre guillemets...
45:39-"Quota en baisse", pour le flétan,
45:41donc ça veut dire que les ressources ne sont pas là.
45:44Après, il y a eu l'autre facteur
45:46que l'on a appréhendé après,
45:48c'est qu'il y a eu un certain nombre de changements.
45:51Il y a eu de la surpêche, il faut dire les choses.
45:54Il y a eu aussi des phénomènes qui ont été liés
45:57au début du réchauffement climatique,
45:59qui ont bougé des espèces qui sont parties peut-être plus au nord,
46:03qui ont accentué le phénomène.
46:05Voilà. Donc aujourd'hui,
46:06on essaie d'optimiser les quotas que l'on a.
46:10On se bat régulièrement avec les Canadiens,
46:12car ils sont tenaces,
46:14mais on essaie aussi de faire une pêche durable,
46:16de la diversifier et de la monter en gamme.
46:19C'est vrai que je tire mon chapeau encore aujourd'hui
46:22à ceux qui continuent ce métier.
46:24Ils vont en mer.
46:25D'ailleurs, le jeune homme l'a dit,
46:27il préfère être en mer que dans un bureau.
46:30C'est aussi une force.
46:31Mais aujourd'hui, les politiques, on essaie de structurer la filière
46:35avec le niveau qu'elle a, la consolider, la diversifier.
46:38On le sent dans votre discours.
46:40Vous êtes attaché à l'écologie, à l'environnement,
46:43mais il y a ce problème de quotas.
46:45Alors, vous en pensez quoi ?
46:46C'est un handicap ou au contraire,
46:48vous comprenez l'existence de ces quotas
46:51et on ne peut pas faire n'importe quoi avec la pêche ?
46:54Voilà. Je crois qu'aujourd'hui, en 92,
46:56je ne vous aurais certainement pas tenu ce discours-là,
46:59parce qu'il faut être honnête.
47:01Il faut être conscient, indépendamment du résultat,
47:04qu'on doit aller vers de l'exploitation durable
47:07des ressources, y compris celles de la mer.
47:09Donc, voilà, ça demande un travail, au départ,
47:12avec les porteurs de projets,
47:14mais je crois qu'aujourd'hui, il y a cette génération
47:17qui a parfaitement intégré cette approche,
47:19à la fois le respect de l'activité et la nécessité
47:22pour les êtres humains qui vivent sur le territoire,
47:25mais aussi une approche durable.
47:27On ne peut pas refaire les erreurs du passé.
47:29Vous parlez justement de la vocation des jeunes.
47:32A Saint-Pierre-et-Miquelon, plus personne se lance dans la pêche ?
47:36Si, vous avez encore un noyau de fervents défenseurs.
47:39Ils sont une quinzaine de bateaux.
47:41Oui, tout à fait.
47:42Mais ils ont beaucoup de courage.
47:44Ils ont beaucoup de courage et ils tiennent à leur métier.
47:48Ils veulent, entre guillemets, le transmettre.
47:50Il faut les soutenir.
47:52Il faut les amener vers une pêche plus durable.
47:54Et sans doute aussi les inciter
47:57à être plus regroupés dans leur démarche.
48:01La pêche est un milieu un peu individualiste,
48:04à ce niveau-là, car c'est une pêche artisanale.
48:07Mais ils ont encore énormément d'énergie.
48:09On va bâtir sur ce positif,
48:12même si les quantités de quotas sont très faibles
48:14par rapport à ce que l'on a connu.
48:16Vous avez dû penser l'après-pêche,
48:18pour redonner de la vitalité, puisque le moteur pêche était en panne.
48:22Vous avez développé dans quel secteur
48:24l'activité à Saint-Pierre-et-Miquelon ?
48:27On a mis 10 ans à rebondir,
48:28en espérant que ça allait reprendre.
48:30C'est un peu compliqué.
48:32Ensuite, on s'est projeté
48:34sur un travail de perspective.
48:37On a fait ce qu'on appelle un schéma développement stratégique
48:41avec une vision à 30 ans, avec des étapes tous les 5 ans.
48:44Les premiers objectifs ont été d'accélérer
48:47le désenclavement du territoire.
48:49On a investi dans un câble sous-marin
48:51pour que le territoire soit connecté au haut débit,
48:54car c'est un élément d'attractivité
48:56et une forme de désenclavement.
48:58On a ensuite appuyé sur une politique touristique,
49:01dans notre environnement.
49:03On a Terre-Neuve-Labrador, qui est à côté de nous.
49:06En 30 minutes, avec un bateau rapide,
49:08vous êtes à Terre-Neuve.
49:10Il y a à peu près 550 000 à 600 000 touristes chaque année.
49:14On essaie de les capter.
49:16Valérie va y aller.
49:18C'est bien, il n'y a pas de souci.
49:19Vous irez sur nos superbes ferries.
49:22On a investi dans deux ferries qui font la liaison
49:24avec le Canada en 1h30, qui permettent aux touristes canadiens
49:28de venir dans un petit bout de France.
49:30Naturellement, ils viennent voir la culture, l'histoire,
49:33car on a une histoire très riche,
49:35mais aussi boire de la sapinette, du vin rouge
49:38et manger du camembert, même s'il est très cherché.
49:41Saint-Pierre, le Nouvel-Élyssas, c'est ça ?
49:43Non, ce n'est pas du tout le type de touristes
49:46que l'on recherche.
49:48Je vous propose de passer au dessert.
49:50Il est l'heure du pêché mignon.
49:54Oui, avec un dessert, ma chère Valérie, hybride.
49:57Fusion du continent et de l'archipel,
49:59du pain perdu, en l'occurrence, le bourbon,
50:02ils sont un peu aristocrates, c'est de la brioche,
50:05une glace vanille, qui n'a toujours pas fondu,
50:07et puis la touche exotique, ce fameux pot de confiture
50:11que les douaniers ont regardé attentivement
50:13avant de donner une validation et un feu vert.
50:16C'est de la confiture plate-bière.
50:18On se dit que c'est de la bière qui a été aplatie
50:20et dont on fait de la confiture.
50:22Je préfère vous laisser la parole,
50:24car j'aurais pu le raconter.
50:26C'est quoi, la plate-bière ?
50:28La plate-bière, c'est une baie qui ressemble un peu à la mûre,
50:31qui, naturellement, que vous allez retrouver au Canada,
50:35dans les pays scandinaves et à Saint-Pierre-et-Miquelon.
50:38Au Finlande, où il y en a beaucoup.
50:40Exactement.
50:41Alors, déjà, c'est une baie où il faut, entre guillemets,
50:45merci beaucoup,
50:46il faut avoir beaucoup d'énergie,
50:48parce qu'à ramasser, c'est dans un milieu un peu spongieux,
50:51mousseux, donc il faut aller la chercher.
50:54Ensuite, il faut l'accueillir une par une.
50:56Ensuite, ça vous fait une confiture particulière
50:59avec une saveur particulière que vous allez découvrir.
51:02On s'en sert, bien sûr, sur du pain perdu avec une bonne glace,
51:06mais on en fait aussi des liqueurs.
51:08Vous pouvez la mettre dans des cheesecakes,
51:10vous pouvez aussi cuisiner le gibier avec.
51:12Bref, ça se mélange un petit peu à tout.
51:15C'est cette baie orange qui a vraiment un look un peu particulier,
51:18qui est très riche en vitamine C,
51:20donc ça va vous donner de la tonicité.
51:22C'est bon pour la santé.
51:24Vous avez goûté ?
51:25J'y vais.
51:26Ca a une saveur particulière.
51:28On l'appelle aussi l'oublié des forêts, je dis pas de bêtises ?
51:31Je ne connaissais pas ce mot.
51:33J'avais lu ça, parce qu'elle pousse,
51:35comme vous l'expliquez, dans des zones marécageuses inaccessibles.
51:39C'est pourquoi on lui aurait donné ce surnom.
51:42Il y a plusieurs noms.
51:43Chikouté, j'avais lu.
51:44Chikouté, c'est plus canadien.
51:47C'est délicieux.
51:48On l'appelle la baie arctique aussi.
51:50Alors, on la déguste en confiture, là ?
51:54Là, confiture, oui.
51:55Mais vous, par exemple, vous en avez chez vous ?
51:58Quand je peux en avoir, oui, j'en ai toujours chez moi.
52:01Moi, j'en reviens un petit peu.
52:03On en met dans les plats ?
52:05Dans les plats, ça peut se cuisiner.
52:07Salé, sucré ?
52:08Moi, je l'utilise plus en dessert.
52:10D'accord.
52:11D'accord.
52:12Est-ce que...
52:14On va parler du reste aussi.
52:16Donc, le pain perdu, la glace vanille,
52:18c'est un dessert gourmand, de Saint-Pierre-et-Miquelon ?
52:22Non, alors, le pain perdu...
52:23Son enfance.
52:24L'enfance, comme je le disais, on ne perdait rien.
52:27Ma grand-mère faisait des pains perdus excellents.
52:30Elle y rajoutait des raisins.
52:32C'était vraiment du pain perdu.
52:34Là, c'est du pain perdu de luxe.
52:35C'était aussi dans cet esprit que l'on ne perdait rien.
52:38Le pain perdu était une façon de...
52:40C'est le rognon du dessert.
52:42C'est un peu ça.
52:43Pour moi.
52:44Qu'est-ce qu'on...
52:46Là, on a un exemple, en plus, qui fait appel à votre enfance.
52:51Qu'est-ce qu'on mange en dessert à Saint-Pierre-et-Miquelon ?
52:54Aujourd'hui, on mange de tout.
52:56Oui, oui.
52:57Il n'y a pas de spécialité ?
52:59On mange de tout, mais c'est très cher.
53:01Ça dépend, mais oui, on mange de tout.
53:03Si on se fout.
53:05Non, on mange de tout.
53:06Le mode de vie, il est très proche de ce qui se pratique en Europe.
53:11On va retrouver à peu près tous les desserts de la forêt noire,
53:15au banana split ou je ne sais quoi.
53:17Le panna cotta, le tiramisu, les italiens sont arrivés...
53:20On a tout ça.
53:22On s'est diversifiés et on est assez gourmands.
53:24Donc...
53:25Ça se boit, ça se déguste.
53:28Pour accompagner ce dessert, vous avez choisi une légende.
53:32Le boss, c'est The River, de Bruce Springsteen,
53:35qu'on écoute tout de suite.
53:37Musique douce
53:39...
53:56Pourquoi avez-vous choisi cette chanson ?
53:58Qu'est-ce qu'elle évoque ?
54:00J'aime beaucoup le chanteur.
54:02J'ai eu l'occasion de le voir.
54:03C'est l'Amérique du terroir.
54:06Et The River, c'est une nostalgie un peu
54:10au lieu où on devient un homme.
54:13Donc, voilà, c'est un peu ça.
54:15OK. Merci beaucoup.
54:17Merci infiniment, Stéphane Lenormand,
54:19d'avoir partagé notre table.
54:21Merci beaucoup, Jean-Pierre.
54:23Et remercie le restaurant Le Bourbon,
54:25qui a concocté ces bons plats en suivant les recettes
54:28de l'enfance de Stéphane Lenormand.
54:31On se retrouve très vite
54:32pour un prochain numéro de Politique à table.
54:35SOUS-TITRAGE ST' 501