C’est le nouveau spectacle de Patrizia Poli, créé en coproduction avec le pôle de formation et d’éducation par la création théâtrale, L’ARIA. Après VERSUNIVERSU, album récompensé par le grand prix de l’Académie Charles-Cros en janvier 2020, l’artiste décide de bousculer les codes du tour de chant. Pendant une heure trente, accompagnée par Pascal Arroyo au piano et à la basse, elle alterne une quinzaine de titres de son nouveau programme musical avec des propos délibérément libres et enjoués. Comédienne et humoriste, on se souvient de « I scrianzati », l’émission phare de RCFM, elle s’amuse à égratigner ses contemporains d’un ton enlevé et décapant, tout en portant sur eux un regard plein d’amitié. Et elle n’oublie pas l’ingrédient indispensable, celui qui rend l’exercice élégant, l’autodérision. En croquant avec bonheur scènes de la vie publique et scènes de la vie privée, elle se fait la fabuliste tendre de notre petit monde. Les lumières de Vincent Grisoni investissent l’espace, donnant du relief aux deux personnages. Car oui ! Un « one-woman-show » à deux, c’est possible en Corse ! Pascal Arroyo, sans lequel rien de la magie de ce drôle de spectacle qui mêle musique, récits et chants ne serait possible, met son talent au service de textes qu’il prolonge avec le brio qui en fait l’un des musiciens qui comptent sur la scène française.
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00:00:12Applaudissements.
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00:03:28Applaudissements.
00:03:29Bonne zèle à tous.
00:03:30...
00:03:36Bonne zèle à tous.
00:03:37Bonsoir et bienvenue dans Parrainouvolle et on dirait des histoires, ce soir à l'auditorium de Pigne.
00:03:45Je suis très heureuse d'être ici en Balagne, une région que j'affectionne tout particulièrement.
00:03:52Alors ce soir, je vais chanter, bien sûr, mais je vais aussi vous raconter des histoires vraies, souvent drôles, pas toujours, mais souvent drôles.
00:04:02Je vous parlerai de mes proches, mais sans jamais citer de nom de lieu ni de personne, pour la plupart.
00:04:10En fait, je n'ai jamais trop apprécié de livrer des noms comme ça en pâture, c'est inutile.
00:04:18Ce qui est important, c'est l'histoire, c'est le contenu.
00:04:23Je sais que certains d'entre vous brûleront de curiosité de connaître l'identité de certaines personnes dont je vais parler.
00:04:31Mais à Quamboc, m'y canomme.
00:04:37De même, je n'ai jamais trop aimé parler de ma vie privée en public, sur scène ou sur les réseaux sociaux.
00:04:45Mais les circonstances n'en font qu'à l'annonce du premier confinement,
00:04:51l'envie de partager des vidéos sur les réseaux sociaux m'a obligée à révéler l'identité de mon co-confiné,
00:04:59M. Pascal Arroyo, au piano et à la basse.
00:05:09Le confinement, cette situation inédite que nous devions vivre, nous comme vous, reclus chez nous,
00:05:17plein de ressources, d'enthousiasme et de désir de rester connectés avec notre public,
00:05:25nous a donc incité à enregistrer des vidéos de chansons.
00:05:28Alors, des vidéos minimalistes, certes.
00:05:32Vous n'allez pas nous imaginer dans des studios de cinéma ou d'enregistrement.
00:05:36Non, non, non.
00:05:37Quoique certains artistes qui publiaient des vidéos étaient eux dans leur studio
00:05:43et le résultat était d'ailleurs remarquable.
00:05:46Mais pour nombre d'entre eux, à ma grande stupéfaction,
00:05:51ils apparaissaient assez, enfin même très négligés sur eux.
00:05:55Confinés, donc négligés.
00:05:58Bon, nous c'était tout le contraire.
00:06:01C'était tout le contraire.
00:06:02Bon, on avait très peu de matériel, un petit peu quand même.
00:06:05Nous avions un piano, une basse, un micro, un téléphone pour nous filmer
00:06:12et donc on pouvait fixer le téléphone sur un pupitre, trouver le meilleur angle
00:06:17et c'était parti.
00:06:18Mais nous avions le look, eh oui, soucieux d'apparaître au mieux devant notre public.
00:06:23Donc on soignait le look.
00:06:25Nous avons donc enregistré quelques 16 vidéos.
00:06:29Il faut savoir qu'au moment du confinement, nous venions de sortir un album,
00:06:34Verse Universe, qui d'ailleurs avait été récompensé au mois de janvier 2020
00:06:39par le Grand Prix de l'Académie Charles-Croix.
00:06:42Album récompensé, mais album confiné.
00:06:46Et comme nous entendions à longueur de journée qu'il fallait nous réinventer,
00:06:51nous avons dit nous allons partager nos chansons sur les réseaux sociaux.
00:07:22Ororô su morro gampa
00:07:28E kuala dila
00:07:34O mare nero gume anote
00:07:40O sole accende via mes pente
00:07:46O mare nero gume anote
00:07:52O sole accende via mes pente
00:07:58A fiore da concepuali du zolo un falcuba un angiolo
00:08:03A fiore da concepuali du zolo un falcuba un angiolo
00:08:09Tante stonde in corpo a te
00:08:15Tante stonde in corpo a te
00:08:46Et ce confinement avait également interrompu une tournée théâtrale
00:08:50d'une pièce d'Orlando Forioso, Bella Ciao,
00:08:53que nous avons d'ailleurs jouée ici à l'auditorium
00:08:56avec les Soledones, Padri, Diagata Jigga qui est là ce soir.
00:09:00Et nous avons eu envie de prolonger un petit peu le plaisir
00:09:04parce que dans cette pièce nous déclignons le chant Bella Ciao
00:09:07un petit peu sous toutes ses formes.
00:09:11Una mattina mi son svegliato
00:09:16O bella ciao, bella ciao, bella ciao, ciao, ciao
00:09:22Una mattina mi son svegliato
00:09:27O bella ciao, bella ciao, bella ciao, ciao, ciao
00:09:33Una mattina mi son svegliato
00:09:38Una mattina mi son svegliato
00:09:43E ho trovato l'invasor
00:09:48O partigiano portami via
00:09:53O bella ciao, bella ciao, bella ciao, ciao, ciao
00:09:58O partigiano portami via
00:10:02Che io mi sento di morir
00:10:13Grazie. Merci beaucoup.
00:10:18Alors je ne sais pas ce que vous faisiez chez vous pendant ce confinement
00:10:22mais nous, en plus d'enregistrer des vidéos,
00:10:25nous avions beaucoup de temps pour regarder des films,
00:10:28de nouveaux films et puis d'anciens,
00:10:30de redécouvrir certaines chansons qui avaient marqué ces films
00:10:34comme celui de Carlos Saura, Cria Cuervos.
00:10:44Oye en mi ventana brilla el sol
00:10:49Y el corazón
00:10:52Se pone triste contemplando la ciudad
00:10:58¿Por qué te vas?
00:11:02Como cada noche desperté
00:11:07Pensando en ti
00:11:10Y en mi reloj todas las horas vi pasar
00:11:16¿Por qué te vas?
00:11:20Todas las promesas de mi amor serán contigo
00:11:24Me olvidarás
00:11:28Junto a la estación yo lloraré igual que un niño
00:11:33¿Por qué te vas?
00:11:36¿Por qué te vas?
00:11:39¿Por qué te vas?
00:11:42¿Por qué te vas?
00:11:58Merci beaucoup.
00:12:00Donc vous voyez des chansons diverses et variées,
00:12:03des chansons en plusieurs langues,
00:12:05en espagnol, en italien, en corse, en français.
00:12:08Parce qu'une chanteuse corse,
00:12:11la chanteuse corse que je suis,
00:12:13ne chante pas que des chansons en langue corse
00:12:16avec un foulard noir sur la tête.
00:12:18Vous croyez que j'exagère.
00:12:21Non, non.
00:12:23Si vous saviez combien les clichés
00:12:25sont encore ancrés dans l'esprit de certains,
00:12:28il y a quelques années de cela,
00:12:30je suis à Paris pour faire la promotion
00:12:32de mon album Tzar.
00:12:34Et je me rends avec l'attaché de presse
00:12:36de la maison de disques dans une célèbre radio parisienne
00:12:39où nous sommes accueillis par l'assistant.
00:12:42Il se plante devant moi comme ça
00:12:44et en articulant exagérément,
00:12:47il me demande
00:12:49« Vous parlez français ? »
00:12:54Alors, comment vous dire ?
00:12:56Le parler, je l'ai vu écrit avec « er » à la fin,
00:12:59vous savez ?
00:13:01Alors, ma première réaction,
00:13:03en bonne magagneuse que je suis,
00:13:05presque un réflexe,
00:13:07était de lui répondre avec un fort accent
00:13:09« Oui, je parle très bien le français
00:13:12et d'ailleurs je m'exprime très bien
00:13:14dans la langue de Molière, n'ayez crainte. »
00:13:17Mais la petite voix de la sagesse,
00:13:20celle de la raison,
00:13:21elle insistait, elle me disait
00:13:23« Padry, on se calme là.
00:13:25Tu ne vas pas tout gâcher tout de suite.
00:13:27Tu es là pour faire ta promo. »
00:13:29Le type, là, il croyait que la Corse était indépendante
00:13:32alors qu'on n'a pas encore l'autonomie.
00:13:35Un visionnaire !
00:13:37« C'est pas grave, c'est pas grave. »
00:13:39Donc, je lui réponds « Oui, oui, écoutez,
00:13:41oui, je parle français.
00:13:43Je le comprends très bien, ne vous inquiétez pas.
00:13:48Et puis,
00:13:50et puis,
00:13:52chassez le naturel, il revient au galop,
00:13:54je ne peux m'empêcher de rajouter
00:13:56« Et aujourd'hui, pour monter à la capitale
00:13:59pour me présenter devant vous,
00:14:01j'ai même ôté mes peaux de bête. »
00:14:04Alors là,
00:14:06grand moment de solitude de l'assistant.
00:14:09Il se rend compte de sa bourde,
00:14:11l'attachée de presse, elle, elle panique,
00:14:13elle panique carrément parce que
00:14:15elle connaissait très bien la Corse.
00:14:17Et donc, la susceptibilité des Corses.
00:14:20Et ma susceptibilité aussi,
00:14:22je dois bien le reconnaître.
00:14:24Et donc, elle redoutait ma réaction.
00:14:27Alors, j'ouvre une parenthèse sur l'attachée de presse
00:14:29parce qu'elle me disait toujours
00:14:31« Oh, mais tu sais, mon lapin,
00:14:33ou elle m'appelait son lapin,
00:14:35tu sais, alors moi, c'est très simple,
00:14:37j'adore, j'adore la Corse.
00:14:39C'est très simple, tu sais, avec mon mari et les gosses,
00:14:42alors ça fait dix ans,
00:14:44on vient tous les ans avec le camping-car,
00:14:47alors c'est génial parce qu'on va,
00:14:49on va dans une petite crique, tu sais,
00:14:51dans le sud de la Corse,
00:14:53c'est près de Portovec,
00:14:55alors c'est super parce que tu vois,
00:14:57l'eau est transparente,
00:14:59on voit les petits poissons,
00:15:01c'est génial.
00:15:03Et puis en plus, alors c'est la liberté totale,
00:15:05totale, c'est bien simple,
00:15:07on vit à poil pendant un mois
00:15:09avec les habitants du village.
00:15:11Oui, je vois que comme moi,
00:15:13vous avez du mal à visualiser.
00:15:16Connaissant les habitants de nos villages,
00:15:18nous-mêmes étant habitants des villages.
00:15:20Bon, je referme la parenthèse de l'attaché de presse.
00:15:23« D'où est Zola ? »
00:15:25est une chanson à laquelle nous tenons particulièrement
00:15:28parce que c'est le premier fruit
00:15:30de notre collaboration avec Pascal.
00:15:46« Passo lindu, leggero chi ba »
00:15:50« Sguardo desu all'eternità »
00:15:54« Senza vretta un ballo chi simbenta »
00:15:59« Tongo lentu gabbagina »
00:16:03« Bola gullare »
00:16:06« Dilu mio gamba »
00:16:09« Non c'est facile »
00:16:13« Zola gullare »
00:16:16« Dilu mio gamba »
00:16:19« Non c'est facile »
00:16:24« Zola gullare »
00:16:27« Non c'est facile »
00:16:31« Zola gullare »
00:16:36« Gullare »
00:16:38Fugilade, bruja de daue, barole mate
00:16:45Due solale, bersei di sensale
00:16:50Straccia de daue, fugilade, due solale
00:16:58Et bas il y a un autre gamin
00:17:11D'accarer ça, adhére l'imbide
00:17:16Et se boucha vers ce jatte lontane
00:17:21Nâcheu elle l'accouletteu, bola goulale
00:17:27D'i l'ou mio gomtu, stonda ghibale
00:17:34Stonda ghibale, ou giramondu, bola goulale
00:17:44Due solale, di sensale, straccia de daue
00:17:52Fugilade, bruja de daue, barole mate
00:17:59Due solale, bersei di sensale, straccia de daue
00:18:07Fugilade, due solale, di sensale, straccia de daue
00:18:17Fugilade, bruja de daue, barole mate
00:18:24Due solale, bersei di sensale, straccia de daue
00:18:32Fugilade, due solale
00:18:39Due solale
00:18:43Due solale
00:18:48Due solale
00:18:53Due solale
00:19:03Merci, Glaz.
00:19:09Nous avions pour habitude, avec les Soledones,
00:19:12d'aller une fois par an à la maison d'arrêt de Borgo,
00:19:16près de Bastia, pour donner un concert.
00:19:18Alors voilà comment ça se passait,
00:19:20on arrivait, on donnait un concert d'une heure,
00:19:23et puis on nous laissait une heure avec les soledones,
00:19:27pour échanger avec eux.
00:19:29Alors moi, je ne posais pas de questions,
00:19:33d'ailleurs je crois quelque part que je ne voulais pas connaître
00:19:36la raison de leur incarcération.
00:19:38Mais alors mon amie, Padrice Agatagé, qui est là,
00:19:41alors elle, c'était tout le contraire,
00:19:44elle, elle y allait direct, non mais franco,
00:19:47comme ce jour où elle demande à cet homme,
00:19:49je pourrais presque dire,
00:19:51Et vous, qu'avez-vous fait pour vous retrouver ici ?
00:19:54Me reconnaissez pas ?
00:19:57Vous n'avez pas lu le journal, vous ?
00:20:00Non, c'est moi qui ai tué la femme de Bip.
00:20:05Bon, attendez, je vous explique, je vous explique,
00:20:08c'est-à-dire que,
00:20:10il y a un jour, il y a un jour,
00:20:12il y a un jour, il y a un jour,
00:20:14il y a un jour, il y a un jour,
00:20:16il y a un jour, il y a un jour,
00:20:18je vous explique, non, je vous explique,
00:20:20c'est-à-dire qu'au départ, j'étais avec elle, vous voyez,
00:20:23parce que ma femme, elle m'avait laissée.
00:20:25Mais après, ma femme, elle m'avait repris.
00:20:28Et elle, elle, elle n'entendait pas de cette oreille.
00:20:31Oh, elle voulait me faire casser mon couple.
00:20:33Elle marcelait, elle marcelait, elle marcelait,
00:20:36et puis bon, ce jour, elle a voulu discuter en voiture,
00:20:39donc on est partis sur la route là-bas,
00:20:41voilà, bon, et puis le temps est monté,
00:20:43et je lui ai mis une balle.
00:20:50Gatajega ne se laisse pas déstabiliser,
00:20:53et elle poursuit.
00:20:55Et finalement, quand même,
00:20:58vous n'aviez pas besoin de la tuer,
00:21:00vous auriez pu juste lui mettre une gifle.
00:21:02Bon, attention, c'est pas bien de frapper une femme,
00:21:05non, non, c'est pas beau du tout,
00:21:07mais quand même, de la, la tuer.
00:21:09Madame, sachez que je n'ai jamais levé la main
00:21:12sur une femme.
00:21:42Après bien des années d'errances,
00:21:44de populations déplacées,
00:21:47la solitude n'a pas de nationalité.
00:21:52La solitude n'a pas de nationalité.
00:21:57La solitude n'a pas de nationalité.
00:22:02La solitude n'a pas de nationalité.
00:22:07La solitude n'a pas de nationalité.
00:22:14Il faudrait casser ce silence,
00:22:17vous l'avez mal interprété.
00:22:20La dignité n'est pas votre spécialité.
00:22:27Kume wa umondu eros uzangwe,
00:22:31ea dadura adidi guvranka.
00:22:34Kume wa l'amoro ziva jezante,
00:22:37dumondai gurbide sebazianti.
00:22:41Kume wa widao ne kuzi fiera,
00:22:44inaenoe dodie inaenoe deri.
00:23:00Merci.
00:23:01Et vous savez sans doute qu'en Corse,
00:23:03on voue un réel culte à la mort.
00:23:06On a des codes, des coutumes
00:23:09qui sont autant de formes de respect.
00:23:11Par exemple, on ne manque jamais
00:23:12d'aller présenter les condoléances
00:23:14à la famille d'un défunt qu'on a connu
00:23:17ou simplement parce qu'on connaît
00:23:19un membre de la famille.
00:23:20C'est comme ça, ça fait partie
00:23:21de nos particularités, de notre culture.
00:23:24Et d'ailleurs, on a pu constater
00:23:26pendant ce confinement
00:23:27combien ce rituel nous avait manqué,
00:23:29combien il avait été douloureux
00:23:31de ne pas pouvoir enterrer nos morts.
00:23:33Donc, ça arrive très souvent,
00:23:35on se connaît tous, on est une petite île.
00:23:38Alors, au début de son installation en Corse,
00:23:42Pascal Arroyo avait beaucoup de mal à s'y faire.
00:23:45Il ne supportait pas de voir les morts.
00:23:48Non, parce que chez nous,
00:23:51le mort est exposé.
00:23:53Chez nous, c'est cercueil fermé.
00:23:55Chez nous, non. Je suis désolée.
00:23:58Voilà, c'est comme ça.
00:23:59Alors, je lui expliquais qu'il fallait aller
00:24:02saluer la famille qui se trouvait
00:24:04de part et d'autre du défunt.
00:24:07Bon, je vous rassure,
00:24:09depuis, il s'est habitué.
00:24:11Maintenant, il se rend même à des obsèques
00:24:15de défunts qu'il n'a absolument pas connus
00:24:18et dont il ne connaît même pas la famille
00:24:20juste pour nous écouter chanter
00:24:22avec les soledones.
00:24:24Parce qu'on nous appelle souvent
00:24:25pour chanter des messes.
00:24:27Très, très souvent.
00:24:29Alors, certains nous font même
00:24:31la demande de leur vivant.
00:24:33Alors ça, sous différentes formes,
00:24:35il y en a qui disent,
00:24:36les filles, s'il vous plaît,
00:24:37promettez-moi de me chanter
00:24:39ma messe d'enterrement.
00:24:41Alors, d'autres, c'est,
00:24:42bon, vous, les filles,
00:24:43vous avez intérêt à me chanter la messe
00:24:45quand je meurs.
00:24:47Parce que sinon,
00:24:49non, mais ce n'est pas marrant.
00:24:51Je me suis dit, on va leur demander des arts.
00:24:53Ça va les calmer.
00:24:56Non, je rigole.
00:24:57Ce n'est pas vrai.
00:24:58On ne se fait jamais payer
00:24:59pour chanter une messe.
00:25:00Jamais.
00:25:01Ça fait partie de notre vie
00:25:02de chanteuse corse.
00:25:03N'est-ce pas ?
00:25:05Donc, voilà.
00:25:07On nous appelle pour chanter
00:25:08la messe du pauvre Ours Toussaint.
00:25:12Alors, ça vous fait rire, Ours Toussaint ?
00:25:15Orsousa, prénom composé.
00:25:17Ben oui, chez nous,
00:25:18les prénoms composés,
00:25:19il y en a beaucoup.
00:25:20Alors moi, rien que dans ma famille,
00:25:22je ne peux pas tous les citer.
00:25:24Mon fils Bruno Maxime.
00:25:26Bruno Maxime.
00:25:27Mon ex-premier mari François-Marie.
00:25:29Ma petite fille Francesca-Marie.
00:25:31Mes neveux Pierre-Antoine, Jean-Dominique,
00:25:34Marc-Antoine, mon gendre André-Pierre.
00:25:37Oui.
00:25:38Et tu oublies Charles-Jean.
00:25:39Charles-Jean, mon beau-frère.
00:25:41Non, mais bon, je ne peux pas tous les citer.
00:25:43Mais vous voyez, ça alors.
00:25:45Je m'intéresse.
00:25:46Maintenant, il s'y retrouve.
00:25:48Parce qu'avant, il ne s'y retrouvait pas non plus
00:25:50dans les prénoms composés.
00:25:51Il mélangeait tout.
00:25:53Ça, c'est une preuve d'intégration.
00:25:55Voilà.
00:25:56Tu as bien mérité ton statut de résident.
00:25:59Je me suis appliqué.
00:26:00Bravo.
00:26:03On nous appelle donc pour chanter la messe
00:26:05de Ours Toussaint,
00:26:07que nous avions connu de son vivant.
00:26:10Alors, Ours Toussaint,
00:26:12c'était ce qu'on appelle un sale type.
00:26:15Non, mais vraiment.
00:26:16Alors, il était alcoolique au dernier degré.
00:26:19Il jouait.
00:26:21Il flambait tout l'argent du foyer.
00:26:23Il était violent avec sa femme,
00:26:26parfois même avec ses enfants.
00:26:28Enfin, non, mais vraiment.
00:26:29On a rubach, comme on dit chez nous.
00:26:31Mais alors, dès lors qu'il mourut,
00:26:36Ours Toussaint devint une sorte de divinité.
00:26:40Un saint.
00:26:41Il était devenu formidable.
00:26:44Donc, nous voilà partis pour aller chanter la messe.
00:26:47Tout le monde a droit à une messe.
00:26:49Et nous nous rendons au domicile du défunt
00:26:52pour présenter nos condoléances à la famille.
00:26:54Et nous sommes accueillis par la belle-mère.
00:26:57La belle-mère qui avait pris son air,
00:27:00le plus attristé,
00:27:03le plus affecté,
00:27:04le plus douloureux,
00:27:06le plus meurtri par la mort
00:27:08du pauvre et merveilleux Ours Toussaint,
00:27:12oubliant tout ce qu'il avait fait subir à sa fille.
00:27:16Il régnait dans cette pièce, là,
00:27:19une atmosphère qui faisait penser un petit peu
00:27:21à un film d'Almodovar.
00:27:23Mais made in Corsica, version de chez nous.
00:27:26C'était une ambiance un peu comme ça.
00:27:47J'en doute, j'en doute, j'en doute
00:27:53Que tu m'aimes comme je t'aime à toi
00:28:02J'en doute, j'en doute, j'en doute
00:28:09Que tu m'aimes comme je t'aime à toi
00:28:40Alors, la belle-mère, la belle-mère nous accueille
00:28:44avec un torchon de cuisine sur l'épaule droite.
00:28:47Et nous comprenons rapidement son utilité du torchon.
00:28:53Nous étions en plein été, en pleine canicule.
00:28:58Le corps du pauvre Ours Toussaint
00:29:02exposé depuis déjà deux jours
00:29:04dans le salon de belle-maman
00:29:06et quelques mouches commençaient à lui tourner autour.
00:29:11Voilà que la belle-mère se lance dans une sorte de
00:29:15bodger ou des temps modernes.
00:29:17Vous savez, ce chant qu'improvisaient les femmes
00:29:19sur le corps des défunts.
00:29:20Et elle attaque.
00:29:22Oh, Orsousa, j'touba j'titsou
00:29:26Oh, j'touba j'titsou, Orsousa
00:29:29Oh, ce Toussaint, ce pastis
00:29:32On t'avait dit, laisse-le tomber, ce pastis.
00:29:36Mais toi, tu voulais rien écouter.
00:29:38Toi, il n'y avait que le pastis
00:29:40qui comptait que le pastis.
00:29:42Bon, comment vous dire.
00:29:44Nous sommes prises d'un énorme fou rire,
00:29:46énorme, à une seule issue sauf à nous, la fuite.
00:29:50Nous quittons précipitamment la pièce
00:29:52pour nous rendre à l'église
00:29:54où le prêtre nous attendait.
00:29:56Il nous voit arriver hilar, on pleurait de rire.
00:29:59Il nous demande ce qu'il se passe.
00:30:00On lui raconte, il nous dit,
00:30:02Tchigampemou.
00:30:06Eh oui, Tchigampemou, parce que ce prêtre,
00:30:08c'était un joyeux dril.
00:30:10Vraiment, il était...
00:30:12On a beaucoup ri avec lui.
00:30:14On a aussi chanté de nombreuses messes,
00:30:16mais on a vraiment beaucoup ri avec lui.
00:30:18Il était très, très drôle.
00:30:20Certains d'entre vous l'ont peut-être connu,
00:30:22mais bon, j'ai dit que je ne citais pas de nom.
00:30:28Donc, résultat des courses,
00:30:31Ours Toussaint avait eu sa belle messe en polyphonie,
00:30:35chantée par trois femmes.
00:30:37Nous, nous avions accompli notre mission
00:30:39et nous voilà dans le cortège
00:30:42pour accompagner Ours Toussaint
00:30:44jusqu'à sa presque dernière demeure.
00:30:47Je dis presque parce que, de son vivant,
00:30:51Ours Toussaint n'avait pas anticipé,
00:30:53il n'avait pas réservé une concession au cimetière.
00:30:56Et donc, un habitant du village
00:30:58lui avait prêté une place provisoire.
00:31:00Et là, nous avons eu la révélation
00:31:04et une fois de plus,
00:31:06la preuve de l'existence de Dieu
00:31:08en observant trois petits vieux
00:31:10sur un banc de pierre
00:31:12qui se trouvait en contrebas du caveau
00:31:14qui lui était au-dessus de la fontaine
00:31:16et l'un d'eux, en indiquant l'eau qui coulait,
00:31:19prédit...
00:31:22Et oui, là, il va couler même du pastis,
00:31:25si Dieu le veut.
00:31:31Si Dieu le veut.
00:31:35Je me suis laissée dire
00:31:37que dans le ciel napolitain,
00:31:39il y avait des anges très malicieux,
00:31:42très facétieux.
00:31:44Écoutez plutôt.
00:31:46Une nuit à Napoléon,
00:31:49avec la lune et l'océan,
00:31:52j'ai rencontré un ange
00:31:55qui ne pouvait plus voler.
00:31:58Une nuit à Napoléon,
00:32:01des étoiles se sont oubliées
00:32:04et même sans ailes,
00:32:07je me suis emmenée au ciel.
00:32:10Avec lui volant,
00:32:13loin de la terre,
00:32:19oubliant les tristesses de la nuit,
00:32:27au paradis,
00:32:30au-delà des nuages,
00:32:35au paradis,
00:32:38au-delà des nuages,
00:32:43folle d'amour
00:32:46comme les poules,
00:32:52combien de temps peut-il durer,
00:32:57combien de nuits à rêver,
00:33:01combien d'heures,
00:33:04combien de jours et des caresses
00:33:07infinies.
00:33:10Quand tu aimes à mourir,
00:33:14fermer les yeux et ne pas penser,
00:33:18le temps passe,
00:33:20l'amour disparaît
00:33:22et la danse finira.
00:33:25Une nuit à Napoléon,
00:33:29avec la lune et le mer,
00:33:33j'ai rencontré un ange
00:33:37qui ne pouvait plus voler.
00:33:41Une nuit à Napoléon,
00:33:45des étoiles se sont oubliées
00:33:49et même sans ailes,
00:33:53je me suis emmenée au ciel.
00:33:59La-la-la-la
00:34:03La-la-la-la
00:34:07La-la-la-la
00:34:11La-la-la-la
00:34:15La-la-la-la
00:34:19La-la-la-la
00:34:23La-la-la-la
00:34:26La-la-la-la
00:34:29Et tristement,
00:34:32tout doit finir.
00:34:35Mais quand mon cœur
00:34:38s'est brisé
00:34:43et le ciel
00:34:46m'a abandonnée,
00:34:49à moi,
00:34:53maintenant, sur la terre,
00:34:56je suis de retour.
00:35:00Mais plus d'aimer,
00:35:03je me suis emmenée.
00:35:06Mais je regarde
00:35:09combien de temps peut-il durer,
00:35:13combien de nuits de rêve,
00:35:17combien d'heures,
00:35:19combien de jours et des caresses
00:35:22infinies.
00:35:25Quand tu aimes,
00:35:27tu dois mourir.
00:35:29Ferme les yeux et ne pense pas.
00:35:33Le temps passe,
00:35:35l'amour disparaît
00:35:37et la danse finira.
00:35:40Une nuit à Napoléon,
00:35:44dans la lune et le mar,
00:35:47j'ai rencontré un ange
00:35:51qui ne pouvait plus voler.
00:35:55Une nuit à Napoléon,
00:35:59il s'est oublié des étoiles
00:36:03et même sans ailes,
00:36:07il m'a emmenée au ciel.
00:36:10Il m'a emmenée au ciel.
00:36:12Il m'a emmenée au ciel.
00:36:14Il m'a emmenée au ciel.
00:36:16Il m'a emmenée au ciel.
00:36:18Il m'a emmenée au ciel.
00:36:20Il m'a emmenée au ciel.
00:36:24Oh, l'empreinte tango !
00:36:38Vous jouez au tango aussi ?
00:36:40Ah, si, si.
00:36:44Mais revenons plutôt à notre ciel de Corse,
00:36:48notre ciel étoilé,
00:36:52nos nuits multicolores,
00:36:56nos nuits bleues.
00:36:58Vous voyez de quoi je veux parler ?
00:37:02Alors, je préfère vous le dire d'entrée de jeu.
00:37:06Je n'ai jamais fait partie du FLNC.
00:37:11Non, je le dis parce que chez nous,
00:37:14il y en a beaucoup qui laissent entendre que,
00:37:17qui laissent planer le doute,
00:37:19qui voudraient faire croire que,
00:37:21enfin, qui insinuent avoir fait partie du FLNC.
00:37:24Alors certains, pour renforcer l'insinuation,
00:37:27portent même un bijou très ostentatoire,
00:37:30une chaîne, un gros maillon en or 24 carats,
00:37:33avec le matiadiol ou le clandestin en or massif.
00:37:37Alors, il y en a même qui ont les deux petits diamants,
00:37:40vous savez, pour faire les yeux.
00:37:42Hum, un look très branché.
00:37:45Nostral, peut-être ?
00:37:47Très branché à la mode de chez nous.
00:37:49Oui, nostral, tout à fait, nostral.
00:37:52Bon, je vous rassure,
00:37:54ceux qui en disent le plus sont ceux qui en ont fait le moins,
00:37:57en général.
00:37:59Mais bon, moi, je vous le disais,
00:38:01j'ai fait partie du FLNC,
00:38:03mais, comme tous les jeunes de mon âge,
00:38:06enfin, de l'âge de quand j'étais jeune,
00:38:09j'ai rendu quelques services.
00:38:13Et bon, il faut savoir qu'à ce moment-là,
00:38:17à ce moment-là,
00:38:20le simple fait de chanter corps,
00:38:23c'était considéré comme subversif.
00:38:25C'était un moment où il y avait la cour de sûreté de l'État,
00:38:29la juridiction d'exception.
00:38:31Alors, j'ai même été témoin au premier procès du FLNC,
00:38:35en 1979, à Paris,
00:38:38à la cour de sûreté de l'État,
00:38:40et alors, ça ne rigolait pas du tout.
00:38:42Ça peut paraître incroyable aujourd'hui,
00:38:45mais, comme je vous le disais,
00:38:47chanter en corps, c'était considéré comme subversif.
00:38:51Nos amis d'Ymouvry,
00:38:53eux, s'étaient fait alors expulser du lieu
00:38:56où ils devaient donner leur concert,
00:38:58à grand renfort de CRS.
00:39:01Je me souviens, parce qu'il n'était pas rare
00:39:03que nous nous retrouvions en garde à vue,
00:39:06un de nos camarades s'était fait interpeller
00:39:10parce que, photographié devant le commissariat de Bastia,
00:39:13la bouche ouverte.
00:39:16Oui, comme ça. Vous vous demandez pourquoi ?
00:39:19Parce que, la bouche ouverte,
00:39:21il pouvait proférer des slogans hostiles à l'État français.
00:39:25Et oui, c'était comme ça à l'époque.
00:39:27Et donc, tous ensemble,
00:39:29nous avons connu le fameux réacquisto,
00:39:32la réappropriation culturelle, ou réacquisto.
00:39:37Et je pense à cette période avec beaucoup d'émotion,
00:39:40parce qu'on a vécu des moments magnifiques.
00:39:44Tous les jeunes, nous étions solidaires, tous unis,
00:39:47tous là, les uns pour les autres.
00:39:50C'était le réacquisto.
00:39:52On se battait pour une cause noble,
00:39:55on se battait pour notre langue, pour notre culture,
00:39:58pour avoir une université.
00:40:01C'était le réacquisto.
00:40:25Mais le réacquisto, ce n'était pas toujours un tango,
00:40:55car l'histoire a été violente aussi.
00:40:58Mais moi, ce soir, j'ai envie de vous parler
00:41:01de choses plus légères et d'anecdotes drôles
00:41:05de la lutte de libération nationale.
00:41:08Et un très bon ami, ancien membre de l'organisation clandestine,
00:41:12m'en a raconté quelques-unes
00:41:14qui méritent vraiment que je les partage avec vous.
00:41:17Ce serait même un péché de ne pas les partager.
00:41:22Alors voilà, c'est un commando du FLNC
00:41:25qui s'introduit dans la magnifique maison
00:41:28avec vue sur mer d'un couple de...
00:41:31Ah, j'allais dire de français.
00:41:33Non, mais c'est parce qu'après, Pascal me dit que c'est raciste.
00:41:37Tiens, parle dans le micro.
00:41:40Ah, tu as un problème.
00:41:42Non, mais un couple de français, tu dis que c'est raciste.
00:41:45Un couple de corse, ce n'est pas raciste.
00:41:49Alors pourquoi un couple de français, ça serait raciste ?
00:41:53Mais Pascal, je t'ai dit qu'il ne fallait pas tout mélanger.
00:41:56Il n'y a pas I-F devant.
00:41:59S'il y a I-F-F, d'accord.
00:42:01D'accord, c'est raciste.
00:42:03Mais tu mélanges tout.
00:42:05Je vais vous expliquer.
00:42:07Pascal, il est un petit peu navré,
00:42:11un petit peu déstabilisé,
00:42:14en plus de son petit problème technique.
00:42:17Parce que nous habitons Bastia.
00:42:19Vous savez, à Bastia, il y a de nombreuses terrasses
00:42:22où nous déjeunons souvent.
00:42:24C'est très agréable.
00:42:26Et autour de ces terrasses, il y a des murs.
00:42:29Et sur les murs, il y a des tags.
00:42:32Toujours sur le même thème.
00:42:34Le thème I-F-F,
00:42:37Yvrenchezivour, Avranchavour.
00:42:40Il y en a même, en descendant sur le vieux port,
00:42:44qui renforce l'idée de non-acceptation de l'autre.
00:42:48Vous voyez, celui du pays ami.
00:42:50Oui, vous êtes vraiment des Français de merde.
00:42:53Alors, vous comprenez bien que ce n'est pas très agréable.
00:42:56Parce que Pascal,
00:42:58qui est français par sa mère, normande,
00:43:01donc Pinsoudu,
00:43:04espagnol par son père, de Cadix,
00:43:07Arroyo, donc espagnol.
00:43:10Alors, un Pinsoudu et un espagnol,
00:43:12qu'est-ce que ça donne ?
00:43:14Un Pinsagnol.
00:43:18J'avais trop envie de la faire, celle-là.
00:43:21Non, mais il aime bien en même temps.
00:43:24Il aime bien parce qu'il préfère le terme de Pinsoudu.
00:43:29Je trouve que le son est plus doux à mes oreilles.
00:43:33Donc, on dira que le commando s'introduit
00:43:37dans la maison d'un couple de Pinsoudi.
00:43:40Et quand un des membres, deux des membres,
00:43:43ligotent le couple,
00:43:45il y en a un qui se dirige vers le réfrigérateur.
00:43:48C'était la première chose qu'il faisait
00:43:50quand il entrait dans une maison à plastiquer.
00:43:53Parce qu'il était assez costaud.
00:43:56Et il avait besoin de se sustenter.
00:43:59De plus, il était anti-gaspi.
00:44:02Mais alors, ce soir-là,
00:44:05horreur, horreur,
00:44:07le réfrigérateur ne contenait que des yaourts à 0%.
00:44:12Vous pensez bien que l'énervement s'intensifie.
00:44:16L'énervement s'intensifie.
00:44:18Pendant ce temps, la femme paniquait, la pauvre.
00:44:21On la comprend.
00:44:22Lui, le mari, il tentait désespérément
00:44:24d'expliquer qu'il était un ami de la Corse.
00:44:26Alors, il disait, vous faites une grave erreur,
00:44:29je vous assure, vous faites une grave erreur.
00:44:31Je suis un ami de la Corse, je suis un ami de la Corse.
00:44:36Alors, il y en avait un dans le commando,
00:44:38le plus gentil de tous,
00:44:40le plus gentil de tous,
00:44:42qui dit autre idée, attendez, attendez.
00:44:46Il dit qu'il est un ami de la Corse.
00:44:48Si ça se trouve, on fait une grave erreur.
00:44:50On fait une grave erreur, laissez-le parler au moins.
00:44:53Pourquoi vous dites que vous êtes un ami de la Corse ?
00:44:56Vous savez, quand le docteur Simeoni était en prison,
00:45:00j'ai envoyé de l'argent, des mandats,
00:45:02j'ai tous les récépissés dans mon bureau.
00:45:04Là, vous pouvez vérifier.
00:45:06Et puis, je suis abonné au Ribonbout.
00:45:08Et puis, avec ma femme, on adore la Corse.
00:45:11Mais vraiment, on adore, on adore.
00:45:13Vous faites une grave erreur.
00:45:15Alors, bon, en plus du gentil,
00:45:17d'autres membres du commando commençaient à douter.
00:45:19Ils se disaient, bon, c'est sûr que là,
00:45:21si on fait une erreur,
00:45:23les autres, les plus énervés,
00:45:25continuaient à installer les charges.
00:45:27Ils disaient, ouais, ouais, c'est ça, c'est ça.
00:45:29Ils sont tous amis de la Corse, avec la ville à vue sur mer.
00:45:32C'est ça. En tout cas, nous, maintenant, ce soir,
00:45:34on est venus pour tout faire sauter.
00:45:36Femme aux artes à toutes.
00:45:38On n'est pas venues pour rien.
00:45:40On fait tout sauter.
00:45:42Ou alors, il faut trouver une solution, il faut, il.
00:45:48Ben, moi, j'ai la solution.
00:45:50J'ai la solution.
00:45:52Mais c'est quoi, votre solution ?
00:45:54Ben, vous savez, mon frère,
00:45:56il a exactement la même maison que la mienne.
00:45:59Elle est juste à côté.
00:46:01On avait acheté les terrains ensemble.
00:46:03On avait eu un prix de gros.
00:46:05Et lui, alors, il ne vous aime pas du tout.
00:46:07Alors, lui, il ne peut pas vous voir.
00:46:11La suite, vous l'imaginez, la suite.
00:46:13Je vous ai dit, on est dans Paris, nous vol.
00:46:15C'est quand la réalité dépasse la fiction.
00:46:17C'est la maison du frère qui a sauté.
00:46:21Eh oui, eh oui.
00:46:23Et alors, l'UFLNC s'est même payé une magagne
00:46:25dans les colonnes du Corse, ce matin,
00:46:27en indiquant, dans la revendication,
00:46:29maison de monsieur.
00:46:31Bip.
00:46:33Frère de monsieur.
00:46:35Bip.
00:46:37Eh oui, en tout cas,
00:46:39il fallait trouver une solution.
00:46:41Ils l'ont cherchée.
00:46:43Ils l'ont trouvée.
00:46:45Et vous voyez que tout finit toujours par s'arranger.
00:46:47Même mal.
00:46:49Alors, voilà.
00:46:51Moi, je vous parlais de ma jeunesse tout à l'heure.
00:46:55Quand j'étais jeune,
00:46:57l'université de Corte n'existait pas.
00:46:59Nous, nous avions les t-shirts
00:47:01Universidad de Igorti.
00:47:03Et nous avons
00:47:05beaucoup manifesté pour qu'elle existe,
00:47:07cette université. Beaucoup, beaucoup.
00:47:09Mais donc, les étudiants
00:47:11en Corse, eh bien, nous allions
00:47:13faire nos études sur le continent.
00:47:15Pour la plupart, c'était Nice, Aix-en-Provence,
00:47:17Marseille.
00:47:19Moi, j'avais choisi Nice,
00:47:21où je partageais un petit appartement
00:47:23avec une amie,
00:47:25dont je ne citerai pas le nom.
00:47:27Et je me souviens
00:47:29très bien du premier
00:47:31jour de notre installation.
00:47:33Nous étions heureuses.
00:47:35C'était la liberté.
00:47:37Et le soir même, nous décidons d'aller
00:47:39au cinéma.
00:47:41Et je nous revois, arpentant
00:47:43la fameuse avenue Jean-Médecin,
00:47:45quand soudain, nous nous rendons
00:47:47compte que nous sommes poursuivis par une bande
00:47:49de punks.
00:47:51Vous savez, les punks, avant, il y avait
00:47:53ces bandes de punks. Alors, ils avaient des coiffures
00:47:55bizarres, des accessoires
00:47:57assez inquiétants, des chaînes
00:47:59avec des boules de fer,
00:48:01avec des clous, des chiens.
00:48:03Alors, ils nous poursuivaient et ils nous insultaient.
00:48:05En plus.
00:48:07Ah, les petites putes, les petites salopes.
00:48:09Alors, ces qualificatifs nous déplaisaient
00:48:11au plus haut point. Vraiment.
00:48:13Et au moment où nous nous demandions
00:48:15comment les semer,
00:48:17nous apercevons, dans la vitrine d'un bar,
00:48:19una bandera gorse,
00:48:21un drapeau corse.
00:48:23On fonce dans le bar, on rentre,
00:48:25on leur explique. On est poursuivis
00:48:27par une bande de punks. En plus,
00:48:29ils nous insultent. Alors là.
00:48:33Pas le temps d'en dire plus.
00:48:35Les punks étaient entrés dans le bar
00:48:37avec leur chef en tête de fil.
00:48:39Et il se met
00:48:41comme ça, face au chef des corses.
00:48:43Nous, on était sur le côté.
00:48:45Et le corse lui dit.
00:48:47C'est à elle que tu cherchais.
00:48:49C'est à elle que tu cherchais. Parce que tu cherches à elle.
00:48:51Tu cherches à moi. Tu as compris au moins.
00:48:53Tu as compris. Tu cherches à elle. Tu cherches à moi.
00:48:57Regarde ébobie
00:48:59du punk. Il ne comprenait
00:49:01rien. Alors là,
00:49:03l'incompréhension, arme
00:49:05de dissuasion massive.
00:49:07Il n'a tellement rien compris qu'il a tourné
00:49:09les talons et est reparti aussi vite
00:49:11qu'il était entré.
00:49:13Donc, sans violence.
00:49:15Impeccable.
00:49:17Il n'a rien compris. C'est vrai qu'il y a beaucoup
00:49:19d'incompréhension entre
00:49:21les continentaux
00:49:23et les corses.
00:49:25C'est un petit peu, parfois,
00:49:27le choc des cultures.
00:49:29On croit qu'on ne peut pas
00:49:31s'entendre. Et pourtant.
00:49:33C'est un petit peu comme
00:49:35le mash-up. Vous savez ce que c'est un mash-up ?
00:49:37C'est
00:49:39le principe de chanter
00:49:41les paroles d'une chanson sur la
00:49:43musique d'une autre. Alors, a priori,
00:49:45on croit que ça ne peut pas fonctionner.
00:49:47Et puis, on se rend compte que, oui,
00:49:49c'est possible.
00:49:51On peut vous montrer un exemple de mash-up.
00:49:55Monsieur Arroyo a sûrement une idée.
00:49:57Voilà.
00:49:59Je vais chanter en espagnol alors.
00:50:01Donc, ça sera El Mashup.
00:50:03On va voir si vous devinez.
00:50:15El Mashup
00:50:17El Mashup
00:50:19El Mashup
00:50:21El Mashup
00:50:23El Mashup
00:50:25El Mashup
00:50:27El Mashup
00:50:29El Mashup
00:50:31El Mashup
00:50:33El Mashup
00:50:35El Mashup
00:50:37El Mashup
00:50:39El Mashup
00:50:41El Mashup
00:50:43El Mashup
00:50:45El Mashup
00:50:47El Mashup
00:50:49El Mashup
00:50:51El Mashup
00:50:53El Mashup
00:50:55El Mashup
00:50:57El Mashup
00:50:59El Mashup
00:51:01El Mashup
00:51:03El Mashup
00:51:05El Mashup
00:51:07El Mashup
00:51:09El Mashup
00:51:11El Mashup
00:51:13El Mashup
00:51:15El Mashup
00:51:17El Mashup
00:51:19El Mashup
00:51:21El Mashup
00:51:23El Mashup
00:51:25El Mashup
00:51:27El Mashup
00:51:29El Mashup
00:51:31El Mashup
00:51:33El Mashup
00:51:35El Mashup
00:51:37El Mashup
00:51:39Alors moi je dis que si on peut chanter
00:51:41Les paroles de Keith Haas
00:51:43Sur la musique de
00:51:45On the road again de Bernard Lavier
00:51:47Vous avez tous reconnu bien sûr
00:51:49Mais je dis que tout est possible
00:51:51Non ?
00:51:53Again oh
00:51:55On the road again
00:51:57Again oh
00:51:59On the road again
00:52:01Again oh
00:52:03On the road again
00:52:05Non ça va ça va ça va
00:52:07Ça nous vole Pascal
00:52:09C'est bon on a compris
00:52:13Non mais c'est vrai
00:52:15Ça veut dire que tout est possible
00:52:17Qu'on peut arriver à s'entendre
00:52:19C'est possible
00:52:21Bon
00:52:23C'est vrai que nous les corses
00:52:25On a certaines expressions
00:52:27Qui traduites littéralement
00:52:29En français
00:52:31Sont incompréhensibles
00:52:33Pour le Pinsou
00:52:35Un exemple
00:52:37Si je dis
00:52:39Laisse courir le poisson
00:52:41Parce que là ça me monte et ça me descend
00:52:43Bientôt il va me partir le bouchon
00:52:45Je vais sortir de tête
00:52:47Parce que là je suis totalement adossé à la bruyère
00:52:49Je traduis
00:52:51Pour ceux qui ne comprendraient pas
00:52:53Parce que
00:52:55Laisse courir le poisson
00:52:57Laisse courir le poisson
00:52:59On s'exprime beaucoup par métaphore
00:53:01Ça veut dire laisse tomber
00:53:03Ça me monte et ça me descend
00:53:05Ça veut dire
00:53:07Ça commence à bien faire
00:53:13Bientôt il va me partir le bouchon
00:53:15Donc je vais perdre patience
00:53:21Je vais sortir de tête
00:53:23Donc je vais péter un câble
00:53:27Je suis adossé à la bruyère
00:53:29Vous voyez l'idée
00:53:31Je suis adossé à la bruyère
00:53:33Ça veut dire je ne suis pas soutenu
00:53:35Je suis seul, je ne suis pas aidé
00:53:39Celle-là je l'adore
00:53:41Être adossé à la bruyère
00:53:45Je suis totalement adossé à la bruyère
00:53:49Elle devrait même être intégrée à la langue française
00:53:51Elle est trop mignonne
00:53:53D'ailleurs vous savez l'ex-ministre Marlène Schiappe
00:53:57Je dis Schiappe
00:53:59Attendez, rassurez-moi
00:54:01Il y a des linguistes dans la salle
00:54:03Le S-C-H-I se prononce bien
00:54:05Ski en Corse
00:54:07Donc Marlène Schiappe
00:54:09Parce que là-bas ils disent Chapa
00:54:11Marlène Chapa
00:54:13Moi je dis Chapa
00:54:15Oui parce que Marlène
00:54:17C'est Chapa du gouvernement
00:54:23Bravo
00:54:25Alors là
00:54:27On te met 20 sur 20
00:54:29Bravo
00:54:31Avant de s'échapper du gouvernement
00:54:33Marlène Schiappe faisait souvent
00:54:35référence à des expressions corses
00:54:37Elle les utilisait dans ses discours
00:54:39Et elle aurait pu
00:54:41Proposer au Président Macron
00:54:43D'en intégrer certaines à la langue française
00:54:45Pourquoi ?
00:54:47Ça aurait pu être une main tendue
00:54:49Vers la Corse
00:54:51Bon de toute façon il n'aurait pas été d'accord
00:54:53Non
00:54:55Il aurait dit que la communauté
00:54:57Historique corse voulait
00:54:59Coloniser la France
00:55:01A tous les coups
00:55:03Mais bon
00:55:05Passons
00:55:07Il y en a d'autres des expressions
00:55:09Qui dit galine à nage
00:55:11C'est une terre à rousse
00:55:13Celui qui naît de la poule gratte la terre
00:55:15Ce qui revient à dire tel père tel fils
00:55:17Par exemple
00:55:19On peut dire ça de Jean-Marie Le Pen
00:55:21On peut dire
00:55:23Qui dit galine à nage c'est une terre à rousse
00:55:25Vous voyez
00:55:27Qui naît de la poule gratte la terre
00:55:29Il y en a d'autres
00:55:31Beaucoup moins raffinés
00:55:37Celui qui vit en espérant meurt en
00:55:39Je ne peux pas traduire
00:55:41C'est trop vulgaire
00:55:43J'ai horreur de la vulgarité
00:55:45C'est trop grossier
00:55:47Je ne traduirai pas
00:55:51Remarquez que dans l'autre sens
00:55:53L'expression française
00:55:55Pétez les plombs
00:55:57Traduite en corse
00:55:59Vous avouerez que ce n'est pas mieux
00:56:05Moi je dis que
00:56:07Nous avons tous nos expressions
00:56:09Nos particularités
00:56:11Si on veut nous les emprunter
00:56:13On les prête
00:56:15Prêter pas donner
00:56:17Et puis
00:56:19Ça veut dire qu'on peut bien vivre ensemble
00:56:47Et camine, et camine
00:56:49Aux oléades fondant
00:56:51Et camine, et camine
00:56:53Aux oléades fondant
00:56:55Et camine, et camine
00:56:57Aux oléades fondant
00:56:59Et camine, et camine
00:57:01Aux oléades fondant
00:57:03Et camine, et camine
00:57:05Aux oléades fondant
00:57:07Et camine, et camine
00:57:09Aux oléades fondant
00:57:11Et camine, et camine
00:57:13Aux oléades fondant
00:57:15Et camine, et camine
00:57:17Aux oléades fondant
00:57:19Et camine, et camine
00:57:21Aux oléades fondant
00:57:23Et camine, et camine
00:57:25Aux oléades fondant
00:57:27Et camine, et camine
00:57:29Aux oléades fondant
00:57:31Et camine, et camine
00:57:33Aux oléades fondant
00:57:35Et camine, et camine
00:57:37Aux oléades fondant
00:57:39Et camine, et camine
00:57:41Aux oléades fondant
00:57:43Et camine, et camine
00:57:45Aux oléades fondant
00:57:47Et camine, et camine
00:57:49Aux oléades fondant
00:57:51Et camine, et camine
00:57:53Aux oléades fondant
00:57:55Et camine, et camine
00:57:57Aux oléades fondant
00:57:59Et camine, et camine
00:58:01Aux oléades fondant
00:58:03Et camine, et camine
00:58:05Aux oléades fondant
00:58:07Et camine, et camine
00:58:09Aux oléades fondant
00:58:11Et camine, et camine
00:58:13Aux oléades fondant
00:58:15Et camine, et camine
00:58:17Aux oléades fondant
00:58:19Et camine, et camine
00:58:21Aux oléades fondant
00:58:23Et camine, et camine
00:58:25Aux oléades fondant
00:58:27Et camine, et camine
00:58:29Aux oléades fondant
00:58:31Et camine, et camine
00:58:33Aux oléades fondant
00:58:35Et camine, et camine
00:58:37Aux oléades fondant
00:58:39Et camine, et camine
00:58:41Aux oléades fondant
00:58:43Et camine, et camine
00:58:45Aux oléades fondant
00:58:47Et camine, et camine
00:58:49Aux oléades fondant
00:58:51Et camine, et camine
00:58:53Aux oléades fondant
00:58:55Et camine, et camine
00:58:57Aux oléades fondant
00:58:59Et camine, et camine
00:59:01Aux oléades fondant
00:59:03Et camine, et camine
00:59:05Aux oléades fondant
00:59:07La la la la la la
00:59:09La la la la la la
00:59:11La la la la la la
00:59:13La la la la la la
00:59:15La la la la la la
00:59:17Hey!
00:59:37Et camine, et camine
00:59:39Aux oléades fondant
00:59:41Et camine, et camine
00:59:43Aux oléades fondant
00:59:45Et camine, et camine
00:59:47Aux oléades fondant
00:59:49Et camine, et camine
00:59:51Aux oléades fondant
00:59:53Et camine, et camine
00:59:55Aux oléades fondant
00:59:57Et camine, et camine
00:59:59Aux oléades fondant
01:00:01Et camine, et camine
01:00:03Aux oléades fondant
01:00:05Aux oléades fondant
01:00:07Aux oléades fondant
01:00:09Aux oléades fondant
01:00:11Aux oléades fondant
01:00:13Aux oléades fondant
01:00:15Aux oléades fondant
01:00:17Aux oléades fondant
01:00:19Aux oléades fondant
01:00:21Aux oléades fondant
01:00:23Aux oléades fondant
01:00:25Aux oléades fondant
01:00:27Aux oléades fondant
01:00:29Aux oléades fondant
01:00:31Aux oléades fondant
01:00:33Applaudissements
01:01:03Musique
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