• il y a 2 mois
Transcription
00:00Alors j'attends, j'attends la personne qui doit en fait me recevoir en entretien et j'attends,
00:20j'attends.
00:2110 minutes passent, 20 minutes passent, entre temps il y a une personne qui vient me voir
00:24et qui me dit « on sait que vous parlez anglais, est-ce que vous pourriez regarder
00:29un peu ce mail et voir si l'anglais ça va, etc. »
00:33Donc je corrige un peu le mail de cette personne et voilà, j'attends, la personne me remercie
00:41et enfin, après une quarantaine de minutes, cette personne vient et me dit « Madame
00:46Dunne ? »
00:47Je dis oui, elle me dit « suivez-moi », j'entre dans une petite pièce et elle me
00:52dit « mais avant qu'on ne commence cet entretien, je vais me fumer une clope.
00:57»
00:58Ok, très étrange, mais bon, on entre, elle finit sa clope, elle entre dans le local
01:10et elle commence à me poser des questions par rapport à mon parcours, pourquoi est-ce
01:14que j'ai postulé dans leur société et autres.
01:18Et en fait, la manière dont cet entretien était en train de se mener, j'ai bien compris
01:24que je n'allais pas être prise, mais je voulais voir, j'étais curieuse de voir
01:29comment est-ce qu'elle allait me le dire.
01:31Alors à la fin de l'entretien, elle me dit, vous savez, elle prend ma lettre de motivation
01:37et elle commence à corriger ma lettre de motivation.
01:39Elle me dit « il y a une faute là, il y a une faute là, il y a une faute là, il
01:44faudrait peut-être que vous lui dîtes un peu plus de livres en français, enfin si
01:48vous parlez anglais, mais oui, il faudrait ». Et je dis alors gentiment, poliment « mais
01:54c'est étrange que vous me dites tout ça, vous avez bien lu ma lettre de motivation
01:58avant de m'avoir appelée ». « Ah oui, oui, oui, donc vous saviez que j'avais déjà
02:03peut-être des compétences rédactionnelles qui n'étaient pas forcément très bonnes
02:08». Et elle me dit « oui, oui, mais bon, voilà, bon, j'avais bien compris ». Je
02:14dis « bon, merci » et je quitte.
02:17Bonjour à tous et bienvenue, comme vous pouvez le voir, je suis aujourd'hui avec
02:21Nina.
02:22Nina Donatupensil.
02:23Alors je vais te laisser te présenter, à savoir quelles sont tes activités générales.
02:28Alors moi c'est Nina Donatupensil, je travaille en tant que coordinatrice dans un organisme
02:35d'instruction socioprofessionnelle à Saint-Gilles et j'ai une formation en psychologie sociale
02:41et interculturale.
02:43On a eu le plaisir, c'est de te recevoir aujourd'hui en tant qu'intervenante pour
02:47notre conférence sur la thématique.
02:49Qu'est-ce qui en ressort par rapport à cette conférence ? Est-ce que tu as apprécié
02:53justement participer en tant qu'intervenante ? Comment as-tu trouvé cette conférence en
02:58général ?
02:59Alors j'ai adoré parce que ce sont des questions qui me parlent tellement et en plus ça fait
03:04lien avec ma formation et même dans ma vie quotidienne, c'est des choses qu'on en parle
03:11souvent avec mes apprenants et stagiaires.
03:14Je dirais qu'il faudrait qu'il y ait plus de projets de ce genre et que les personnes
03:18puissent avoir des partenariats pour pouvoir aller dans les écoles parce que c'est là
03:22qu'on peut trouver nos jeunes et parler de ça et parler de l'histoire, que ce soit
03:26de la Belgique ou autre, mais pouvoir déconstruire toutes ces questions-là.
03:29Je m'appelle Annie Morteau, je suis maman de trois enfants et je suis née blanche,
03:36deux parents noirs.
03:38Nina a dit tout à l'heure qu'il n'y a pas de race.
03:41Je suis totalement d'accord.
03:43On n'a pas besoin de lire dix mille bouquins pour comprendre qu'il n'y a pas de race,
03:48mais il y a simplement la couleur humaine.
03:52Mon papa est noir, ma maman est noire et ma peau elle est blanche.
03:58Ma fille elle est noire et ma peau elle est blanche.
04:02Alors, si on devait me classer en termes de race, puisqu'on classe les gens en ce
04:09cas de leur couleur, on me classerait dans quelle race?
04:14La race blanche?
04:16La race noire?
04:17Parce que je ne suis pas métiste.
04:19Un métiste pourrait se dire, je ne veux pas parler d'eux, mais moi je suis 100% noire
04:25et ma peau est 100% blanche.
04:29En parlant de ce postulat, ça a été quelque chose de compliqué.
04:34Je suis née en Afrique, j'ai grandi en Afrique, je suis arrivée en Belgique, j'avais 22 ans.
04:40J'ai eu une enfance très difficile parce que, de nouveau, ma couleur était différente
04:46et donc la communauté dans laquelle j'ai grandi n'avait pas compris ma différence.
04:54Madame Annie Mokhto, bonjour Annie.
04:56Bonjour.
04:57Vous nous avez fait un plaisir d'être présente durant cette conférence.
05:01J'ai une question à vous poser.
05:04Vous nous avez expliqué que vous avez eu du mal à trouver du travail suite à l'handicap
05:09que vous avez.
05:10Est-ce que vous pouvez me dire quel a été le défi, quels sont encore actuellement les
05:15défis que vous avez suite à l'handicap avec lequel vous vivez constamment?
05:22Pour répondre à la question, il est clair qu'en tant que femme, en tant que personne
05:26en situation de handicap, il est hyper compliqué, difficile d'accéder à un emploi.
05:31Pour la simple raison qu'il faut une adaptation du poste de travail.
05:34Pour la plupart des employeurs, ils pensent que c'est contraignant.
05:38Ils pensent qu'avec le handicap, on n'est pas productif.
05:41Mais la difficulté, c'est aussi lié à la formation.
05:45Parce que déjà, pour trouver un travail, il faut pouvoir se former, il faut pouvoir
05:47étudier, etc.
05:48Donc quand on a un handicap, c'est compliqué.
05:50C'est compliqué d'avoir un suivi scolaire, puis un emploi.
05:55Mais par contre, mon message que j'ai à dire ici, c'est qu'au travers d'une scolarité
06:01inclusive, les enfants et les jeunes peuvent eux déjà acquérir l'essentiel, acquérir
06:07le savoir.
06:08Et avec ce savoir-là, ce sera un outil pour eux de pouvoir intégrer le monde de l'emploi.
06:12Et pour pouvoir intégrer le monde de l'emploi, il faut que ces employés aient l'audace
06:15et la curiosité de donner leur chance à tous ceux qui ont un handicap.
06:19Pourquoi ? Parce que le handicap, c'est une limite physique ou autre.
06:24Mais ça n'empêche pas que quand on a un handicap mental, quand on a un handicap physique,
06:28quel que soit celui-là, on a des capacités à faire quelque chose.
06:31Que ce soit rouler, que ce soit fabriquer une boulette, ou fabriquer une voiture, ou
06:36fabriquer un avion.
06:37Peu importe.
06:38Chaque personne en situation de handicap a des capacités, mais capacités qui doivent
06:42être cultivées, qui doivent être aidées.
06:46Quand je veux parler de mon propre parcours, si je n'avais pas eu la chance d'avoir
06:49quelqu'un qui m'avait appris à lire et à écrire, aujourd'hui le travail que je fais,
06:53je n'aurais pas pu le faire.
06:54Donc ça veut dire que chacun a le droit d'accéder au savoir, chacun a le droit d'être
06:58encouragé et soutenu.
06:59Parce qu'aujourd'hui, je ne suis pas au service de la société, mais moi je contribue
07:03à la société.
07:05Nous aussi, en tout cas moi, qui travaille avec les grands centres de formation, comme
07:08le Centre de formation ICI Interface 3, ou la mission locale, c'est qu'à partir du
07:13moment qu'il y a un handicap visible ou invisible, il n'y a pas de question de discrimination
07:18parce qu'eux vont s'adapter à la personne.
07:20Et là, on parle bien des écrans, on parle bien justement des compétences techniques
07:25et surtout formatives.
07:27Parce que le but ici, c'est de se dire que la diversité n'est pas qu'une question
07:32de couleur, c'est aussi des parcours athypiques, c'est aussi tout simplement, tiens, cette
07:38personne a peut-être été dans une trame de formation ou d'expérience et qu'elle
07:43décide tout à coup de se réorienter.
07:45Alors, je ne sais pas si vous connaissez Nadia Aimé qui est une des personnes qui
07:54a justement été, enfin, qui est toujours la seule femme noire, mais qui a sous son
08:00aile, on va dire, plus ou moins 500 personnes techniciennes chez, on va dire, le poste
08:07scientifique.
08:08Mais c'est juste pour dire qu'elle a appris ça pendant le Covid.
08:11Donc le fait d'avoir appris justement à l'informatique pendant le Covid a permis
08:15justement de se dire, tiens, finalement, elle qui devait être hacker a été engagée
08:19par justement une des plus grosses internationales structures pour pouvoir justement diriger
08:24une équipe quasiment d'hommes.
08:26Et ça aussi, c'est une fierté de se rendre compte qu'aujourd'hui, on a des pionniers
08:31qui ont ouvert les portes.
08:32Et là, voilà, je veux dire merci à Annie et à Nina, mais qui aujourd'hui, en fait,
08:37font passer le relais.
08:38Et ce combat, c'est un combat qu'on a tous, en tout cas, quotidien et ceux, en tout
08:43cas, pour avancer les lignes.
08:44Et j'ai parti de ceux et de celles qui continueront encore à faire avancer les lignes.
08:48Donc voilà.
08:49On n'est pas juste face à des différences, non, des blancs qui ont vu des rouges et
08:53qui n'ont vu rien.
08:54Non, non.
08:55En fait, on a une différence qui a été exploitée par un système et qui a été même,
08:59j'irais, simplifiée presque, dans ce cas-ci, par l'Église.
09:03Et comme quand l'Église a déclaré, par exemple, que le noir n'avait pas d'âme,
09:07c'était pour effectivement déterminer la possibilité d'utiliser le noir comme
09:11esclave.
09:12Et je le rappelle souvent, les premiers qui n'avaient pas d'âme, c'étaient les
09:15femmes.
09:17Donc cet aspect-là, peut-être, nécessite aussi d'être un peu creusé, qu'il y ait
09:23effectivement les comportements humains qu'on a, qu'on peut modifier plus facilement
09:27par la discussion, l'ouverture aux autres, la philosophie pédagogique comme cela.
09:31Mais après, il y a un système qui, en fait, a intérêt au racisme quelque que soit la
09:36division.
09:37Et en Belgique, vous savez, le problème des Wallons et des Flamands, donc ils ont la
09:41même couleur, la même origine.
09:43Je ne vais pas rappeler ce qui s'est passé au Rwanda aussi, je suis d'origine rwandaise,
09:47où on avait la même couleur, la même origine, la même langue, et on a quand même réussi
09:50à s'attaquer dessus.
09:51Donc cet aspect-là, je trouve qu'il mériterait un peu d'être creusé si on veut vraiment
09:55résoudre le problème.
09:57Je suis également en présence d'une personne très connue en tant que militant au PTB
10:03et délégué syndical.
10:05Bonjour, je suis Gérard Mugamengango, merci de m'avoir invité à cette conférence,
10:09qui était d'ailleurs très intéressante.
10:12Oui, donc on s'est fait un plaisir de t'avoir parmi notre public, donc tu as posé des questions
10:16quand même assez intéressantes.
10:18Moi j'ai une question à te poser, c'est à savoir pour toi, comment pourrions-nous
10:23faire en sorte de plus introduire les jeunes, les jeunes en général, à s'intéresser
10:29aux questions de la discrimination ?
10:32Je pense que beaucoup de choses ont été dites aujourd'hui.
10:35Je pense que la première chose qu'on doit faire, c'est que chaque personne qui est
10:38victime de discrimination ne doit pas hésiter à porter plainte et à signaler la discrimination
10:43et à s'y intéresser et à se faire aider là-dessus.
10:46Et je pense que beaucoup de gens, et les jeunes aussi en particulier, ont l'impression
10:49que ça ne sert à rien de porter plainte parce qu'ils ne voient pas beaucoup de résultats.
10:53Mais en fait, il faut pouvoir nourrir la machine pour que les choses changent et donc on doit
10:56vraiment encourager les jeunes à s'impliquer là-dedans.
10:59La diversité se vit aussi dans la représentation des différentes religions.
11:03Religions catholiques, judaïques, anglicanes, islamiques, orthodoxes et évidemment la laïcité,
11:10tous ces choix sont reconnus, mais n'ont pas pour autant tous un représentant à la défense.
11:16Mais il en est tenu compte dans la vie de tous les jours, comme par exemple dans l'octroi
11:20de congés de circonstances, selon les choix philosophiques et religieux de chacun.
11:24Je pense qu'effectivement la discrimination, comme on l'a vu aujourd'hui, est un problème
11:28qui reste aussi intergénérationnel et je pense que les discriminations ont vécu à travers
11:35justement les différentes générations.
11:37Moi aujourd'hui, comme je le dis, je suis né en Belgique, mais mes parents sont arrivés
11:40à une certaine époque et ont connu aussi cette discrimination, ils se sont adaptés,
11:45nous on est nés, maintenant moi-même je me retrouve aussi papa, j'ai aussi mes enfants
11:49qui y sont.
11:50Donc effectivement, je pense que le plus important ou en tout cas la chose qui pourrait en tout
11:55cas permettre à ce que les choses aillent mieux, c'est de faire savoir.
11:59Et c'est comme on a dit, il faut parler.
12:00Et je pense que si on ne discute pas ou si on ne parle pas, je préfère parler que discuter
12:06parce que parler c'est partager la parole avec nos enfants ou avec les plus jeunes,
12:10et bien effectivement on ne pourra jamais mettre peut-être ce problème ou cette thématique
12:14là en avant.
12:25Oui, non, non, non.