Erik Tegnér, directeur de la rédaction "Frontières", était invité dans l'émission 100% Politique, ce lundi 28 octobre, sur CNEWS. Il s'est exprimé sur le projet de l’exécutif de passer d’un à trois jours de carence pour les arrêts-maladie : il estime qu'il faut : «traquer ceux qui font de la fraude, ceux qui le font en profitant. Ça va en défaveur de ceux qui sont vraiment malades».
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00:00Déjà, pour commencer, je dirais qu'effectivement, moi, je rejoins l'idée que de toute façon,
00:04aujourd'hui, la situation, elle se dégrade pour tout le monde.
00:06Est-ce que vous trouvez ça juste ?
00:08Dire toujours les fonctionnaires, on tape toujours sur eux,
00:10en attendant qu'on se souvient quand même de la révolte des gilets jaunes,
00:13c'était qui ? C'était ces petites classes moyennes,
00:15souvent qui sont des entrepreneurs et des artisans,
00:17qui, eux, n'ont pas la possibilité d'être représentés ou d'être syndiqués.
00:20Et c'est de facto ce qu'ils faisaient quand ils faisaient grève,
00:22ils le faisaient le samedi, alors que dans la fonction publique,
00:25ils ont la possibilité justement de bloquer le pays et de se faire entendre.
00:28Donc, au niveau des revendications, je pense qu'on les entend.
00:30Ensuite, il faut arrêter de se tromper.
00:32À chaque fois que, justement, on parle des fonctionnaires,
00:34on nous ressort le coup du policier, de l'infirmier, etc.
00:37Mais je voudrais rappeler certains chiffres.
00:39En France, pour 1 000 habitants, on a 85 fonctionnaires.
00:43En Allemagne, un pays voisin qui s'en sort très bien,
00:45pour 1 000 habitants, c'est 56 fonctionnaires.
00:48On nous a promis, lors de la fusion des régions, par exemple,
00:51le fait de pouvoir faire des économies sur la fonction publique territoriale.
00:55Il n'y a pas eu ces économies et pourtant, on a fusionné.
00:57Ça paraît illogique. Pourquoi ?
00:59Parce qu'il y a un réflexe aussi des maires, des présidents de régions, etc.
01:03de se dire à chaque fois qu'il y a un problème, on va créer des emplois publics
01:07et qu'à chaque fois qu'effectivement, il y a un fonctionnaire qui va se dire
01:09tiens, il y a une nouvelle mission, on va recruter quelqu'un d'autre.
01:13Alors que dans le privé, on leur apprend, par exemple, à utiliser de nouvelles technologies,
01:16à utiliser l'intelligence artificielle pour optimiser tout cela.
01:20Donc, bien entendu, si aujourd'hui, on commence, dès qu'on veut faire une économie,
01:23à dire oui, mais en attendant, ça ne représente pas les 60 milliards.
01:26Je suis désolé, Julien, il n'y a aucune mesure aujourd'hui qui, d'un coup, ferait tomber 60 milliards.
01:31Aucune. On va chercher des petites miettes ici et là.
01:33Juste un dernier chiffre.
01:34Effectivement, lorsqu'on a, comme le disait Nicolas Bouzou tout à l'heure,
01:38l'avantage, c'est qu'on a pu comparer en 2014, Hollande l'a supprimé,
01:41en 2018, le jour de carence dans la fonction publique.
01:44Macron l'a rétabli.
01:45On a vu dans l'éducation nationale une baisse de 25%, justement, de cette abstentie.
01:51C'est-à-dire que ça a fonctionné, ça montre bien que c'est important.
01:54Et ne nous trompons pas, on n'est pas en train de parler de s'attaquer aux gens qui sont très malades.
01:59Sur ce jour de carence, ramener à trois, parce que les autres pourront continuer.
02:02Et d'ailleurs, moi, j'aimerais qu'on aille plus loin, notamment pour les chefs d'entreprise aussi dans le privé,
02:06cette possibilité également, entre guillemets, de traquer ceux qui, pour le coup, font de la fraude.
02:11Ceux qui le font en profitant.
02:12Et du coup, ça va en défaveur, justement, de ceux qui sont vraiment malades.
02:16On sait que ça existe et un chef d'entreprise ne peut pas envoyer, par exemple, des médecins au-delà d'un certain délai.
02:21Il faut qu'il attende un ou deux ans pour essayer de contrôler si, véritablement, c'est un arrêt maladie.
02:26Et ça aussi, c'est un sujet important.