Category
📺
TVTranscription
00:00Je m'appelle Christelle Jimaré et j'ai fondé la société EcoCleanOnDemand
00:04qui est une société, en fait c'est une appli qui va matcher l'offre et la demande sur les services de nettoyage
00:10que ce soit en entreprise ou en B2C.
00:13Donc grosso modo ça fonctionne comme Uber.
00:15En fait vous allez sur l'appli, vous demandez un service de nettoyage
00:18et en moins de 20 minutes dans les grandes métropoles ça vient sonner à votre porte
00:22et la prestation a lieu et ensuite vous la notez comme sur Uber et vous payez avec votre carte bleue.
00:26Il n'y a pas d'engagement, il n'y a pas d'abonnement.
00:29Moi j'ai instauré le travail de jour, donc chez nous c'est du 8h à 20h,
00:33début de shift 8h, fin de shift 20h, du lundi au vendredi
00:37parce que derrière nous nos cleaners sont des hommes, des femmes
00:41qui ont une vie de famille, qui ont aussi une vie tout court
00:44et nous quand on va à un dîner ou qu'on est en week-end, eux aussi.
00:48Ils ont aussi des enfants donc ils auraient peut-être envie de les voir grandir.
00:52A la base je suis enseignante en mathématiques, j'ai fait ça pendant 10 ans
00:56mais toujours avec l'idée depuis toute petite de monter ma boîte.
00:59Pourquoi ? Parce que historiquement mon grand-père avait sa boîte, je traînais dans ses usines
01:03et je disais quand je serai grande je serai chef.
01:05Même si c'était chef de moi-même mais je serai chef.
01:07L'idée c'était de maturer une idée de boîte qui soit rentable et pérenne
01:13parce que l'idée ce n'est pas de monter une boîte puis de la faire au bout d'un an.
01:16Je dis toujours que c'est une question de timing aussi
01:19parce que celui qui a inventé le Radio Réveil dans les années 60 c'est génial,
01:22celui qui l'inventerait aujourd'hui c'est complètement obsolète.
01:24Donc ce n'est pas parce que vous avez le meilleur produit,
01:26s'il n'est pas en phase avec votre timing ce n'est pas bon.
01:29Là aujourd'hui par exemple d'utiliser des produits écologiques et de faire du travail de jour,
01:33fort heureusement c'est devenu un petit peu plus la norme.
01:36Donc les nouveaux entrants sur le marché s'ils n'ont que ça
01:39comme élément différenciant ce n'est pas suffisant.
01:41Donc c'est vraiment une question de momentum
01:43et nous l'idée c'est d'avoir toujours un slot d'avance sur la concurrence.
01:48Mais l'idée vraiment de créer ma boîte elle est vraiment ancrée depuis toute petite.
01:51Un chef d'entreprise c'est avant tout un capitaine
01:53donc des fois le bateau ce n'est pas la mer calme en fait.
01:56C'est d'ailleurs rarement la mer calme.
01:58Et c'est la différence entre un très bon second et le chef d'entreprise.
02:02Très bon second, dès qu'il y a un peu trop de houle, il va se dire houlalala.
02:06Et là nous on est là pour justement rassurer en disant ça va bien se passer.
02:11Et ça passe toujours.
02:12Pour moi la plus grosse des qualités d'un entrepreneur c'est d'être un marathonien.
02:18Parce qu'à part les champions de marathon qui eux vont toujours être flat à 22 km heure,
02:25nous ce n'est jamais le cas.
02:27Des fois on est en sprint, des fois on est limite à reculer,
02:30et puis d'autres où on est carrément à l'arrêt.
02:32Et puis après on va resprinter et puis après c'est rarement à la même vitesse.
02:37Donc là je pense qu'il faut vraiment déjà avoir une vie personnelle assez structurée.
02:44Parce que honnêtement on ne peut pas gérer sur tous les fronts.
02:47On ne peut pas gérer que des problèmes.
02:49Parce qu'être chef d'entreprise c'est quand même dans 90% des cas gérer que des problèmes.
02:54En tout cas trouver des solutions.
02:56Si en plus dans votre vie perso, ce n'est pas bon.
03:01Il faut avoir aussi des loisirs pour vous vider la tête.
03:05Moi par exemple je cours.
03:06Je cours régulièrement entre 4 et 5 fois par semaine.
03:09Pour prendre l'air tout simplement.
03:12Parce que quand on prend l'air, on s'aère le cerveau.
03:15Et bizarrement c'est là où toutes les bonnes idées peuvent venir.
03:18Alors il y en a c'est sous la douche.
03:20Mon associé c'est sur son scooter.
03:22Moi c'est quand je cours.
03:23L'idée c'est vraiment de se dire quand je suis au boulot, je suis au boulot.
03:26Et quand je rentre à la maison, ce n'est pas grave.
03:30Alors moi comme je dis toujours quand je rentre à la maison,
03:32l'entreprise elle peut brûler, je m'en fous.
03:34Pourquoi ? Parce que les pompiers arrêteront mieux le feu que moi.
03:37Je ne suis pas un bon manager opérationnel.
03:39Déjà l'opérationnel ne m'intéresse pas.
03:41Parce que ce n'est pas mon expertise et je ne serai pas bonne.
03:44Donc ça je sais très bien le déléguer aux bonnes personnes.
03:48Parce qu'après c'est pareil, on fait des erreurs de recrutement.
03:52Puis le jour où on a la bonne personne, ça marche beaucoup mieux.
03:55Là on a la chance d'avoir les bonnes personnes.
03:57Donc ça c'est cool.
03:59Mais je ne suis pas un manager.
04:02Et je pense qu'il faut faire le distinguo entre le chef d'entreprise
04:05qui doit donner les grandes idées.
04:07Où est-ce qu'on va ? La gouvernance.
04:09Où est-ce qu'on va ? Comment on y va ?
04:11Mais après sur le terrain, il faut savoir aussi déléguer
04:16et s'en remettre aussi à son manager.
04:18Et de dire je ne comprends pas trop pourquoi tu fais ça.
04:22Et le manager en général va dire parce que c'est comme ça qu'on va réussir.
04:26Parce que sinon ça va planter.
04:27Et il faut avoir l'humilité d'écouter son manager.
04:29Et pour moi, après ça n'engage que moi,
04:32mais on ne peut pas être les deux.
04:34C'est impossible.
04:35Surtout quand vous avez des équipes avec plusieurs centaines de personnes.
04:38L'énergie que vous mettez à être en bas, j'ai envie de dire,
04:42vous ne la mettez pas à être en haut.
04:44Et en haut, c'est où est-ce qu'on va ?
04:46Comment on emmène les équipes ?
04:48Sur quels objectifs ?
04:50Sur quelles stratégies ?
04:52Et ça, ça prend énormément d'énergie.
04:55Donc moi, je n'y crois pas aux entrepreneurs
04:58qui sont tout seuls à tout faire sur les trois premières années.
05:01Mais au-delà, c'est impossible.
05:03Des crises de croissance, oui, on en a régulièrement.
05:06Sachant que moi, j'ai des équipes qui,
05:08dès que j'arrive en disant on a remporté tel contrat,
05:10leur première réaction, c'est comment on va faire ?
05:13On n'a pas le personnel.
05:14Et moi, mon rôle de chef d'entreprise, c'est de leur dire,
05:17vous allez recruter en fait.
05:19D'accord, oui, mais on les trouve où ?
05:21Ça, c'est votre job.
05:22Et là, du coup, ils sont occupés à recruter.
05:24Moi, si j'ai un conseil à donner,
05:26ce n'est pas tant en rôle modèle
05:29ou en gens qu'on admire
05:31ou qu'on a pu lire le portrait dans Capital.
05:34C'est surtout ne rester pas seul.
05:37Aller dans des réseaux d'incubation.
05:39Moi, par exemple, j'ai eu la chance d'avoir été
05:41la première incubée du réseau Les Premières,
05:43qui s'appelait Paris Pionnières à l'époque.
05:45Parce que ça vous apprend déjà à ne pas être seule.
05:48Ça vous apprend surtout,
05:49parce qu'au début, on n'avait pas les moyens d'avoir un bureau.
05:51Donc, ça vous sort de chez vous.
05:53Parce qu'on dit toujours,
05:55the guy in the garage.
05:58Là, en l'occurrence, c'était la nana dans sa cuisine.
06:01C'est toujours bien de sortir de chez soi,
06:03se dire, je vais au travail.
06:05Et surtout, ne pas rester seul.
06:06Parce que quand il vous arrive...
06:08Par exemple, je prends l'exemple du premier contrôle fiscal.
06:11Je me suis dit, oh là là, mais qu'est-ce que...
06:13Je vais finir en taule,
06:14alors qu'on n'avait rien à se rapprocher.
06:16Et là, tout le monde vous dit,
06:17mais attends, mais moi, j'en ai subi 3, 4 déjà.
06:19Ne t'inquiète pas.
06:21Ils viennent, ils sont très bienveillants.
06:23Ils vont te poser ça, ça, ça comme question.
06:25Et en réalité, ça se passe comme ils ont dit.
06:27Donc, c'est quand même beaucoup plus cool.
06:29Et pareil sur, je ne comprends pas,
06:32tel client, il m'avait promis qu'il signerait.
06:34Et puis, c'est très long.
06:35Et là, on vous rassure en vous disant,
06:36tu sais, le cycle de signature d'un contrat,
06:38c'est parfois très long.
06:39Et puis, plus le client est gros,
06:41et plus les cycles décisionnaires sont longs.
06:44Mais ça, on ne le sait pas au début.
06:45On est candide.
06:46On pense que notre boîte, elle va cartonner
06:47et qu'on va la revendre au bout de 2 ans
06:49avec une méga plus-value.
06:50Ça, ce n'est pas vrai.
06:51Je peux vous dire que les femmes ont beaucoup évolué là-dessus.
06:53Il y a de moins en moins de syndrome de l'imposteur.
06:55Et bizarrement, le syndrome de l'imposteur,
06:57on le reconnaît plus chez des cadres
07:03La chef d'entreprise, elle se sent légitime.
07:06En tout cas, de plus en plus.
07:07L'erreur que l'on pourrait faire,
07:09c'est de se considérer toute petite.
07:12Moi-même encore aujourd'hui, je me dis,
07:15le chemin à parcourir, il est encore très très long.
07:18Et tout le monde me dit, mais ça ne va pas.
07:20Mais fais un arrêt sur image.
07:22Regarde le chemin parcouru.
07:24Oui, mais moi, je regarde de l'avant.
07:25Et je vais de l'avant et je vois les objectifs
07:27que je me suis fixés.
07:28Et je suis loin de les avoir atteints.
07:30Mais on me dit, oui, mais tu ne te rends même pas compte.
07:33Mais tu es un rôle modèle pour beaucoup de gens.
07:35Parce que le chemin parcouru, il est exceptionnel.
07:38Sauf que nous, en tant que chef d'entreprise,
07:40on a tellement la tête dans le guidon
07:41que ça, on ne peut pas le voir.
07:43On ne peut pas l'entendre.
07:44Donc, c'est vrai que ça fait du bien aussi
07:45de se mélanger avec ses pairs.
07:47Et même si on ne l'entend pas,
07:49si on ne l'écoute pas,
07:51mais de l'entendre de temps en temps,
07:53surtout sur un jour où ça ne va pas bien,
07:55ça fait toujours plaisir.
07:56Donner du sens, c'est très bien.
07:58Mais il y a un moment donné,
07:59il ne faut pas tomber non plus dans l'utopie.
08:01Parce qu'une boîte,
08:03la différence avec une association,
08:05c'est qu'elle doit, à un moment donné,
08:07être rentable.
08:09Si en plus, elle dégage des profits,
08:10c'est tant mieux.
08:11Mais l'idée, c'est quand même d'être rentable.
08:13Quand vous êtes dans l'utopie,
08:14vous êtes très vite en cessation de paiement,
08:16en réalité.
08:17Et ce n'est pas le but pour vos salariés.
08:19Parce que vous leur avez promis la structure idéale.
08:21Et en fait, en réalité,
08:22on s'aperçoit que ça ne marche pas.
08:25Et ça a été le cas de beaucoup de coopératives
08:28d'anciens salariés
08:30d'usines qui avaient fermé
08:32et qui se sont dit,
08:33on se monte en coopérative
08:35et on reprend la boîte.
08:36Sauf qu'il y a un moment donné
08:38où il faut quand même être structuré.
08:41Et l'idéal, c'est parfait.
08:43Mais dans la vraie vie,
08:45c'est-à-dire dans la vie entrepreneuriale,
08:46ça n'a pas sa place.
08:48Dans quelques années,
08:49ce que j'aimerais qu'on retienne de moi,
08:51de mon parcours,
08:53c'est qu'elle a été une bonne chef d'entreprise.
08:56Que son entreprise,
08:58il faisait bon y vivre,
09:00bon y travailler.
09:01Et que nos clients étaient très satisfaits.
09:04On a un taux de satisfaction de 4,87 sur 5.
09:07Donc, ce n'est pas négligeable.
09:08Et après, ce que moi, j'ai envie de me dire,
09:10c'est bien, tu n'as pas failli.
09:12Petite, je me disais,
09:13je serais chef d'entreprise.
09:15Aujourd'hui, je suis chef d'entreprise.
09:17Je ne me suis pas mentie et je n'ai pas failli.
09:19Voilà ce que j'ai envie.
09:21On pense de moi et pensez de moi.