• il y a 2 mois
L'humoriste Paul de Saint Sernin, connu pour "clasher" gentiment les invités de l'émission "Quelle époque !" sur France 2, présente un spectacle au théâtre du Marais, à Paris. Et se confie sur son parcours d'ancien journaliste sportif, issu d'une grande famille catholique traditionnelle.

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Transcription
00:00Et Charline Vanhoenacker, ce matin vous recevez le sniper du samedi soir à la télé !
00:05Bonjour Paul de Saint-Cernin !
00:06Salut Charline, je suis super fier, super content d'être là !
00:09Mais je suis ravie que vous soyez là ! Vous décochez des vannes dans quelle époque ?
00:13L'émission de Léa Salamé sur France 2, un rôle qu'a occupé Laurent Bafide, ou ce terme sniper,
00:18dans un style très différent du vôtre. Mais le principe elle-même, assis au milieu du public,
00:23vous lancez une saillie drôlatique, au milieu de l'interview...
00:26Parfois ! Parfois drôlatique !
00:28Au milieu de l'interview d'un invité. Sniper, donc vous êtes un tireur d'élite de l'humour ?
00:33Vous avez vu, ces termes guerriers, mais je sais que vous pensez comme moi,
00:37ils sont parfois un peu violents, non ?
00:39Oui, ça fait un peu frappe chirurgicale.
00:40Oui, c'est ça, c'est des termes qu'on utilise aussi dans les JT,
00:44pour parler d'événements pas trop trop cools dans le monde.
00:46Alors qu'en fait, ce sont des petites balles de fleurs et de paillettes.
00:50Non mais tu vois, je pense qu'il faut beaucoup de bienveillance,
00:53et que ça se sente, ne serait-ce qu'à travers le regard, quand tu balances une vanne.
00:58Et c'est ce que j'essaye de faire, ça ne veut pas dire que je réussis tout le temps.
01:00Ça c'est moins pratique qu'à la radio, mais c'est vrai qu'à la télé, le regard bienveillant...
01:04Le regard et la voix, j'en suis persuadé.
01:06Parce que vous faites des interventions courtes, vous clashez dit-on sur les réseaux,
01:11parce que vos SAI tournent sur les réseaux, on dit ils clashent,
01:14mais vous clashez dans le respect.
01:15Ah mais à fond ! Je suis persuadé qu'il faut trois qualités à mon avis essentielles,
01:21qui sont rapidité d'esprit, sens de la répartie et bienveillance.
01:24Et en fait, j'aurais dû commencer par bienveillance, j'en suis persuadé.
01:27Qui je suis pour dire à tel ministre, ta loi elle est pourrie,
01:30ou à tel chanteur, ta chanson elle est pourrie.
01:32Je ne suis ni homme politique, ni chanteur, je n'ai pas leur talent.
01:35Donc si je le fais, je suis obligé de le faire avec énormément de recul,
01:39et il faut qu'ils sentent dans mon regard que j'aurais aimé être eux.
01:42Notamment les footballeurs.
01:43J'aurais tellement aimé être à votre place que quand je vous vanne,
01:45vous sentez que c'est avec beaucoup d'amour.
01:48Vous avez peur du bide ?
01:50En fait, moins à la télé que sur scène.
01:54Là où je vibre vraiment, et là où je vis les émotions puissance 10.
01:58Là t'as très peur du bide, et là t'es très heureux quand ça marche aussi.
02:01On va y venir à la scène, mais d'abord une petite confidence.
02:04Paul de Saint-Cyr entre nous.
02:06Léa Salamé quand elle est à France 2, elle parle de ses collègues de France Inter ou pas ?
02:10Franchement, ça lui est arrivé de dire
02:15la meuf qui me remplace pendant les vacances de la Toussaint,
02:19mais j'ai pas la fin de la phrase.
02:20Je fais pareil, je comprends bien.
02:23Vous avez été journaliste sportif.
02:25Avant de vous compromettre dans l'humour, qu'est-ce qui vous a fait basculer ?
02:29L'envie de créer moi-même.
02:30Quand t'es journaliste, tu parles et tu relates des faits,
02:35mais tu parles de ce que créent les autres.
02:37C'est-à-dire que tu parles de la loi de tel ministre, de l'album de tel chanteur
02:40et des deux buts de Kylian Mbappé.
02:42Mais toi, t'as pas sorti d'album, t'as pas marqué de but, t'as pas créé de loi.
02:46Et ça me manquait à fond à la fin.
02:48Écoutez bien Simon Le Baron, si vous n'êtes pas trop dans la création.
02:52C'est une question qui me tiraille également.
02:54Avec beaucoup d'amour, et peut-être que c'est une forme d'égo aussi,
02:57de vouloir absolument créer ou montrer ta personnalité.
02:59Moi en tout cas, c'était mon cas, je l'ai assumé à fond.
03:02Et je trouve ça parfois dangereux, les journalistes qui donnent leur avis,
03:04ou qui montrent leur personnalité, qui utilisent trop leur position de journaliste
03:08pour dire ce qu'ils pensent.
03:09C'est pas ce que j'ai voulu faire, j'ai assumé, je suis parti,
03:11j'ai refusé le contrat de canal et je suis parti dans des bars faire des blagues.
03:14Devant des gens qui boivent des bières et qui t'écoutent pas.
03:16Vous êtes un créateur.
03:18On va écouter l'une de vos saillies.
03:20Au moment, j'ai l'impression de cette bascule entre journaliste et humoriste.
03:23Février 2021, la chaîne Téléfood va cesser d'émettre.
03:27Kylian Mbappé accorde une dernière interview en duplex.
03:30Et vous êtes en plateau.
03:32On espère que du bonheur pour la suite.
03:34En espérant vous revoir très vite dans d'autres pelouses.
03:37Merci.
03:38Kylian, c'est bien gentil ces conneries, mais tu prolonges quand ?
03:43Toi, tu vas pas me moquer, toi.
03:46Toi, tu vas pas me moquer.
03:48Alors ça, est-ce que c'est pas le meilleur compliment ever pour un humoriste ?
03:52Toi, tu vas pas me manquer.
03:53Ben ouais, exactement.
03:54Et vous avez vu, c'est hyper intéressant parce qu'on parlait de journalisme juste avant.
03:57En fait, là, j'ai une forme de réponse.
04:00C'est-à-dire que là, il a réussi à bien s'en sortir.
04:02Mais peut-être que la question que je pose, un journaliste peut pas la poser aussi frontalement.
04:06Peut-être que sa non-réponse est une réponse peut-être qui va paniquer et qu'on va voir dans son œil.
04:10Oui, j'ai prolongé ou oui, je me casse.
04:12À travers l'humour, tu peux aussi décrocher des infos.
04:16Ah oui, donc tu peux approcher parfois davantage la vérité des faits par l'humour que par le journalisme ?
04:21Mais vous le savez mieux que personne, avec les hommes politiques, ils ont des réponses préparées à des questions qu'ils connaissent à l'avance.
04:27Alors que quand on les vanne, il y a l'humanité qui ressort, qui prend le pas sur l'homme politique.
04:34Et tu vois, il a de l'autodérision ou pas, il a de la répartie ou pas, il est déstabilisé ou pas.
04:40L'humour permet de montrer tout ça.
04:42Ah oui, mais ça peut être une question presque éthique.
04:46Est-ce qu'en régie, on peut sauter à un son un peu plus loin, qui concerne Jordan Bardella par exemple ?
04:53Donc là, c'est l'émission du samedi soir, qu'est l'époque.
04:57Jordan Bardella est en plateau et vous allez le faire sourire avec cette vanne.
05:02Jordan Bardella, vous êtes un homme très occupé et j'ai envie de vous faire gagner du temps.
05:05J'ai déjà rédigé vos deux tweets pour demain après le match.
05:08Allez-y !
05:10En cas de victoire, j'ai la France championne du monde, bravo à Giroud, Griezmann et Lloris.
05:14Et en cas de défaite, j'ai l'Argentine championne.
05:17Défaite cruelle pour Chouameni, Koundé et Dembélé.
05:22Ça vous fait plaisir ou pas ? Parce qu'il éclate de rire Jordan Bardella.
05:25Ouais, et c'est là où il est fort en fait.
05:27C'est qu'il éclate de rire et qu'il paraît presque plus sympa après.
05:30Alors que si tu prends la vanne de manière littérale, en fait ça veut dire Jordan, tu es raciste.
05:35Je le regarde dans les yeux, devant un plateau avec 100 personnes et une émission qui fait je sais pas combien de millions de gens.
05:41Et je lui dis dans les yeux, tu es raciste en fait.
05:44Et donc c'est une vanne que je trouve violente.
05:47Et pourtant, il explose de rire et il se represque grandit à la fin du truc.
05:51Comme vous disiez, ça humanise et il rit du fait que vous lui disiez qu'il est raciste.
05:56Alors ça ne me fait pas forcément plaisir, mais bon j'ai fait mon travail.
06:00Voilà qui vous mène aujourd'hui sur scène avec un premier one man qui porte votre nom.
06:04Paul de Saint-Cernin.
06:05Ça c'est vraiment la flemme, c'est pas de l'égo, j'ai pas titre.
06:08Mais aussi le sujet, c'est vous.
06:10Et à travers vous, parler de la différence. Vous vous sentez différent ?
06:13Je me suis beaucoup senti différent plus jeune.
06:17L'humour et le sport m'ont permis de m'intégrer, de m'inclure dans le groupe et dans la société.
06:23Ça c'est une grande phrase qui fait un peu pompeuse, mais en fait je l'ai vécue vraiment de manière concrète.
06:27Vous êtes issu d'une famille d'aristocrates ?
06:30Ouais, alors je connais pas bien les différences entre aristocrate, noble, bourgeois.
06:36Malheureusement je ne me suis pas tellement intéressé à ça.
06:38Comptez pas sur moi parce que je n'y connais rien non plus.
06:40Mais oui je m'appelle Paul de Saint-Cernin et je viens d'une famille surtout très catholique, traditionnelle.
06:47Et j'en suis hyper fier.
06:49Vous vous voyez vos parents ?
06:51Je vous vois mes parents, ça c'est ouf ça.
06:53Ils regardent ses news ou pas ?
06:54Alors que nous on se connait pas et j'ai l'impression que je peux tutoyer.
06:56Mes parents, je les vous vois.
06:58Je me souviendrai toujours de cette scène à 7 ans où je sors des cours de l'école avec mon copain Antoine.
07:02On arrive chez lui et il ouvre la porte et il y a sa mère nue au milieu du salon.
07:08Mais vraiment, il y a sa mère nue et Antoine, on a 7 ans, il est là.
07:11Mais qu'est-ce que tu fais ? Maman va t'habiller, va t'habiller.
07:13Et moi je me dis la honte, il tutoie sa mère.
07:15Et là je découvre qu'en fait c'est pas normal de voir ses parents que peut-être je suis le seul de tous mes potes.
07:21Il y a quelque chose peut-être de fondateur dans ce que vous faites aujourd'hui.
07:25Vous le racontez sur scène au début du spectacle.
07:27Un dîner familial avec les 43 cousins.
07:31Il y a le grand-père en bout de table, le patriarche.
07:33Et là qu'est-ce qu'il se passe ?
07:35Et en fait le patriarche, il se moque un peu de sa femme, de ma grand-mère.
07:40En fait mon grand-père se moque de ma grand-mère qui racontait sa journée.
07:43Sa cousine donc ?
07:45Alors ça il faut avoir vu le spectacle pour comprendre la blague.
07:48Vous le dites au début.
07:49Et donc il se moque d'elle et c'est une scène dont je me souviens de toute ma vie
07:52parce qu'il y a un silence froid glacial une fois qu'il s'est moqué d'elle.
07:55Et il reprend ses phrases.
07:57Il dit gni gni gni, cote cote cote.
07:59Et il la singe un peu.
08:00Et moi, petit enfant de 9 ans, il y a un silence glacial à table.
08:03On est tous là.
08:04Et d'un coup c'est moi qui me moque de mon grand-père.
08:07Et qui sort du silence parce qu'à l'époque les enfants ils n'ont pas le droit de parler.
08:09Ils sont en bout de table.
08:10Ils sont servis en dernier.
08:11Et d'un coup c'est moi qui fait gni gni gni, cote cote cote.
08:13Et qui me moque de mon grand-père.
08:14Le parrain, le vitocorleone de l'avion.
08:17Et il y a un silence glacial.
08:19Et là je me dis c'est bon, je suis mort, je vais mourir, c'est fini.
08:22Et en fait, il explose de rire et toute la table explose de rire avec lui.
08:25Et là je capte que l'humour va me servir quand tu es en bout de table.
08:29Et que personne ne parle de toi.
08:30Et qu'on ne connaît à peine ton prénom parce qu'on est 43 cousins.
08:32Tu fais une vanne et là tu existes.
08:34C'est votre premier snipe ?
08:35C'est mon premier snipe.
08:36C'est ouf, c'est vrai.
08:37Vous faites vaciller le patriarche.
08:39Donc vous vous attaquez au fort.
08:41Et oui.
08:42Non, c'est exactement.
08:45C'est super bien ce que vous dites là de s'attaquer au fort.
08:47Dans le foot, il y a un joueur qui s'appelle Zlatan Ibrahimovic à qui on a beaucoup reproché
08:51d'être fort avec les faibles et faible avec les forts.
08:53De marquer 10 buts contre l'Orient et de perdre contre le Real Madrid.
08:57Et j'essaye de faire ça dans mes snipes.
08:59C'est-à-dire que vanner le petit chanteur ou la petite chanteuse qui vient vendre son premier album à 19 ans,
09:04c'est nul, ça n'a pas d'intérêt.
09:06Vanner François Hollande, ancien président de la République.
09:08Nicolas Sarkozy, ancien président de la République.
09:10Là il y a du challenge, là il y a du défi.
09:12Et là, ça me titille un peu, ça me fait plaisir.
09:14Et il y a de la rigolade.
09:16Vous êtes chez les scouts le samedi, à la messe le dimanche.
09:18Quelle est la place de la religion dans votre vie ?
09:20Et au foot après, c'est ça qui est fou.
09:22C'est que le dimanche matin, je suis servant d'hôtel.
09:24Donc je suis le petit enfant avec sa grande robe blanche qui assiste le prêtre.
09:28Et deux heures après, je suis au fin fond de Villeneuve-la-Garenne ou Châtenay-Balabrie
09:31en train de jouer un match au milieu d'une cité.
09:33Et le fait de connaître ces deux milieux, ça m'a tellement enrichi dans la vie.
09:40Et aujourd'hui, c'est génial, les gens ne savent pas où me placer.
09:43T'en as qui, tu vois les haters, ils disent
09:45« c'est un noble bourgeois, il est sûrement le fils de quelqu'un ».
09:48Et t'en as qui disent « c'est un bobo gaucho ».
09:50Ils ne savent pas. Ils ne savent pas où je vote et c'est super.
09:53D'ailleurs, ils seraient surpris parce que, malheureusement,
09:55« ah pardon, je ne devrais pas le dire ici, je ne vote pas ».
09:57Mais ils ne savent pas où me placer.
09:59Et votre question, pardon, c'était la place de la religion ?
10:01Oui, la place de la religion dans votre vie.
10:03Parce que vous êtes humoriste et les deux cohabitent généralement assez mal.
10:06Et en fait, si.
10:08Je suis très croyant, très catholique, ça m'aide beaucoup.
10:13Et c'est marrant, parfois, quand t'as besoin d'un truc,
10:18t'en as qui vont faire un stage de yoga quand t'as besoin de te reposer un peu
10:20ou de poser ton cerveau.
10:22Moi, c'est simple, soit je fais ma petite prière, soit je vais jouer au foot.
10:26C'est là où j'anticipe plus rien, où je pense à rien
10:29et où je dépose mon cerveau et plus rien n'a d'importance.
10:32Vous êtes toujours entre deux mondes.
10:33Vous venez d'un milieu, on l'a dit, un certain milieu
10:36et vous évoluez dans un autre.
10:38Il n'y a pas du tout les mêmes codes, la télévision.
10:40Vous êtes à l'aise partout, vous avez tous les codes
10:42ou vous sentez un peu le cul entre deux chaises ?
10:44C'est marrant.
10:46Je crois qu'en fait, je suis mal à l'aise partout
10:48et que je me suis tellement adapté
10:50parce que j'ai une grande capacité d'adaptation
10:52que je parais à l'aise partout.
10:54Moi, je pensais être à l'aise partout jusqu'à il n'y a pas longtemps.
10:56Je me suis dit, j'arrive au fin fond d'un concert de hip-hop, je suis à l'aise.
11:00Et j'arrive au château de Versailles et à l'Élysée, je suis à l'aise.
11:03Et en fait, je crois que je suis un peu mal à l'aise
11:05tout le temps partout et que j'arrive à m'adapter
11:07et à donner le changement.
11:08Vous êtes un cube magie, on vous met dans toutes les sauces.
11:10C'est pas mal, j'aime bien.
11:12Prochain spectacle, le cube magie.
11:14C'est bon de ouf, c'est hyper bon le cube magie, on est d'accord ?
11:16Merci.
11:17Ça relève, la sauce en tout cas.
11:19Dans le foot, vanner, c'est facile ou pas facile ?
11:24J'ai l'impression que c'est plus casse-gueule qu'en politique.
11:26C'est d'ailleurs un de mes grands combats depuis une dizaine d'années,
11:30c'est de montrer que les joueurs sont intelligents, ont de la répartie.
11:35J'en ai marre qu'on leur fasse dire
11:37« alors, vous avez gagné les 3 points, c'est important ».
11:39J'ai envie de montrer l'humain derrière le joueur
11:41et ça passe à travers la vanne.
11:43Eux, c'est des vanneurs professionnels.
11:45Je vous invite à venir un jour dans un vestiaire de foot,
11:47qu'il soit masculin ou féminin, vous allez prendre 18 vannes.
11:50Tout le monde est meilleur vanneur que moi dans un vestiaire.
11:52Moi, je suis le plus nul de toute ma team.
11:55Et je trouve ça très dommage parfois
11:57que les supporters ne comprennent pas ça.
11:59Parce qu'on vous a vu dimanche,
12:01vous étiez au Stade Vélodrome pour O.M.P.S.G.
12:03chargé d'animer les grandes soirées
12:05de la Ligue 1 sur... Comment ça s'appelle ?
12:07D'Azone. C'est le diffuseur du championnat de France.
12:09Vous avez été un petit peu
12:11auspillé par les supporters marseillais.
12:13A fond. Par un supporter marseillais.
12:15Et c'est fou d'ailleurs,
12:17cette société où, tu vois,
12:19j'ai arpenté le long de la pelouse
12:21et j'ai fait peut-être 60-65 selfies
12:23avec des gens qui me disent
12:25« Super, bravo, on t'aime ».
12:27Et il y a un gars qui s'est amusé à me faire un doigt d'honneur
12:29et c'est la vidéo qui tourne partout.
12:31En fait, j'avais mes oreillettes, donc mes écouteurs
12:33parce qu'il y a beaucoup de bruit dans le stade, on a l'antenne dans l'oreille.
12:35Et donc j'entends pas.
12:37Et je suis dos à la tribune et il y a un petit garçon,
12:39un ramasseur de balles, qui fait que de se retourner et de me regarder.
12:41Je comprends pas, il veut me parler, il veut me dire un truc
12:43et je lui dis « Salut, ça va ? »
12:45Et il me dit « Enlève ton oreille ». Et j'enlève mon oreillette
12:47Et en fait, j'entends qu'il y a 2-3 mecs
12:49qui m'insultent, mais vraiment très très très violemment.
12:51Toute ma famille est passée,
12:53j'ai eu droit à tout.
12:55Vous avez vécu dans Twitter quelques milliers de fois ?
12:57Ah, j'ai vécu avec ces gars-là.
13:01Et je me dis en fait, c'est pas possible
13:03que je fasse comme si j'entendais pas, je me retourne
13:05et je leur montre que j'ai pas peur,
13:07je m'approche d'eux et j'essaie de leur tendre la main.
13:09Et ils ont préféré me faire un doigt d'honneur
13:11et en fait,
13:13j'essaye de pas
13:15le prendre personnellement,
13:17mais je trouve ça très violent venant
13:19de la part d'un monde qui m'a
13:21permis de m'intégrer dans la vie, c'est le foot
13:23qui m'a fait sentir avoir des copains plus jeunes
13:25là où j'en avais pas à l'école.
13:27Et aujourd'hui, ce monde que j'essaye
13:29de rehausser, toute la journée à ce micro,
13:31j'essaye de dire « Faites-nous confiance,
13:33c'est pas un sport de beauf, c'est pas un sport de con. »
13:35Et en fait, il y a 2-3 mecs
13:37qui décrédibilisent tous les autres
13:39parce que j'ai reçu des centaines de...
13:41En matière d'intégration, le football, il y a aussi
13:43de l'homosexualité, ils sont pas très intégrés
13:45les gays au football.
13:47Et pareil, ça m'embête de tirer sur mon sport
13:49et ce truc qui m'a fait tant de bien dans la vie,
13:51mais c'est le seul sport où aujourd'hui, tu peux
13:53plus déplacer des supporters, où il y a un match
13:55au MPSG, il y a que les supporters marseillais dans le stade,
13:57il y a un match Lyon-Marseille, il y a que
13:59des Lyonnais dans le stade, c'est le seul sport au monde
14:01où on dit aux gens « Vous pouvez plus vous croiser
14:03parce que vous êtes pas assez intelligents. »
14:05Et ça me fend le cœur,
14:07ça me fait énormément de peine, mais
14:09premier degré, ça me fait de la peine pour
14:11tous les gens qui m'ont envoyé des messages hier, qui m'ont dit « Moi, je suis marseillais,
14:13t'es le bienvenu, pardon, ne fais pas d'amalgame. »
14:15Moi, je vais pas en faire, évidemment.
14:17Malheureusement, tous ceux qui nous écoutent
14:19et qui ont juste vu la vidéo, ils en font.
14:21Ils disent « Les supporters de foot, c'est des cons. »
14:23À cause de deux Mongoliens, pardon.
14:25Non, mais c'est...
14:27Ça me rend hyper triste, vraiment.
14:29Vous riez avec le handicap aussi,
14:31Paul de Saint-Cernain. C'est pas très cateau,
14:33ça, de rire du handicap ?
14:35Moi, je crois que c'est justement
14:37en riant pareil d'un
14:39handicapé que d'un valide que tu les inclues
14:41à fond dans le monde. Et aussi,
14:43sans spoiler le spectacle,
14:45peut-être que j'ai un tout petit
14:47peu plus le droit, moi, que d'autres humoristes, de venir
14:49sur le handicap. Voilà, j'en dirais pas plus.
14:51Enfin, je le dis dans le spectacle, mais...
14:53Vous êtes T-H-P-I,
14:55c'est-à-dire très haut
14:57potentiel intellectuel.
14:59Alors ça, c'est quelque chose qui est
15:01diagnostiqué. C'est toujours très bizarre de le dire,
15:03parce qu'on a l'impression qu'on dit « Moi, je suis super intelligent,
15:05j'ai 154 de QI. » En fait, pas du tout.
15:07Pour rétablir une vérité, tiens, c'est hyper bien que vous me posiez la question,
15:09le H-P-I
15:11n'est pas plus intelligent, il est plus logique.
15:13Le test de QI, c'est un test de
15:15logique. Voilà.
15:17Et la logique n'est pas de l'intelligence ? Pas du tout !
15:19D'ailleurs, t'as des personnes qui ont un très haut QI,
15:21qui peuvent pas sortir de leur chambre,
15:23qui font rien dans la vie, malheureusement,
15:25qui sont très inadaptés, ça a failli être mon cas.
15:27Et t'as des gens qui ont un
15:29soi-disant faible QI,
15:31qui font des études de 8 ans et qui sont brillants dans leur taf.
15:33L'intelligence n'a rien à voir là-dedans
15:35et c'est hyper cool que je puisse en parler
15:37aujourd'hui. Et souvent, d'ailleurs,
15:39ce truc de TTH-PI
15:41qu'on m'a détecté est accompagné d'un autre
15:43truc qui s'appelle TSA.
15:45Trouble du spectre autistique.
15:47Qui est un spectre très large. Avant, on disait « c'est les autistes »,
15:49on les met tous dans un sac. Maintenant, imaginez un spectre
15:51très large comme ça, et il y a plein de petites
15:53particularités. Et tu pioches
15:55et tu choisis la tienne. On est encore super en retard
15:57en France pour détecter tout ça.
15:59Mais souvent, ce qu'on pense
16:01être un cadeau est souvent un cadeau empoisonné.
16:03Mais sauf que là,
16:05ce que j'ai compris de votre
16:07spectacle, Paul de Saint-Sernin,
16:09c'est que ça permet
16:11d'avoir un filtre différent pour vous.
16:13Et c'est ce qui permet d'avoir tout
16:15le sel aussi de votre art aujourd'hui.
16:17C'est génial, en fait, cette différence.
16:19Moi, par exemple, ça s'accompagne de
16:21l'absence de convention sociale
16:23et de certains filtres. Tiens, qu'est-ce qu'on me
16:25demande de faire dans mon travail à la télévision ?
16:27Dire des dingueries sans trop réfléchir aux conséquences.
16:29Ah ben voilà ! Si tu fais
16:31de tes faiblesses des forces, tu peux aussi
16:33être gagnant à la fin.
16:35Un peu cliché ce que je viens de dire,
16:37mais je le pense à fond et je le vis.
16:39On arrive doucement à la fin de cet entretien,
16:41Paul de Saint-Sernin, alors c'est peut-être le moment
16:43de sortir un petit dossier.
16:45Un gentil dossier, on a dit qu'on était
16:47dans la bienveillance. A votre tout début,
16:49vous avez présenté une matinale,
16:51petit cachotier.
16:53Oui, à fond, je me suis régalé.
16:55Oui, moi je mets jamais de réveil, je mets jamais de réveil.
16:57Ecoutez ceci.
16:59Bon réveil à toutes et à tous, vous regardez
17:01Good Morning People jusqu'à 11h.
17:03Bonjour, comment allez-vous ?
17:05Paul de Saint-Sernin vous réveille chaque matin
17:07avec les dernières news people.
17:09Beaucoup de monde va voir ce matin direction
17:11les Etats-Unis avec notre correspondant sur place.
17:13Mobilisés en France et à l'étranger,
17:15nos experts décrivent de le meilleur
17:17et le pire de l'actualité people.
17:19Retrouvez-moi chaque matin
17:21dans la bonne humeur pour les dernières news people,
17:23vous serez les premiers informés.
17:25Donc, à 24 ans,
17:27on peut se réveiller avec Paul de Saint-Sernin.
17:29T'as entendu le professionnalisme
17:31du gars ? Tu vois comment on présente
17:33une matinale ?
17:35On a commencé cet entretien en parlant de télévision,
17:37ça vous habite depuis très longtemps ?
17:39Oui, en fait, j'ai commencé super jeune
17:41par présenter des JT sport à la télé
17:43et très vite, au moment où je me rends compte
17:45que le journalisme, on en a parlé tout à l'heure, n'était pas forcément fait pour moi,
17:47il y a cette chaîne qui se crée
17:49et qui dit, on va parler de culture
17:51et tu vas pouvoir montrer ta personnalité.
17:53Et là, je me dis, je vais pouvoir commencer à faire des vannes.
17:55Et c'est la première antenne sur laquelle j'ai commencé à faire des vannes.
17:57Personne ne regardait, personne n'a
17:59jamais connu l'existence de cette chaîne.
18:01Et moi, je me suis régalé, j'ai écrit des vannes
18:03et j'ai commencé à monter sur scène dans les Comedy Club
18:05à ce moment-là.
18:07Et vous voilà sur scène aujourd'hui, on se quitte.
18:09Comment vous dites au revoir au public, Paul de Saint-Sernin ?
18:11Ah ouais, très bien ça.
18:13D'ailleurs, j'étais très fier que vous veniez au spectacle. Je leur dis au revoir comme ça.
18:15Je dis, bon, alors ?
18:17Mais là, forcément, ça marche moins bien.
18:19Vous jouez votre spectacle
18:21les mercredis, jeudis et samedis
18:23à 21h au Théâtre du Marais
18:25à Paris. Ensuite, vous partez en tournée
18:27dans toute la France.
18:29J'ai hâte. Et je peux même vous annoncer un truc.
18:31Oui, allez-y. Parce que j'ai la chance,
18:33j'ai beaucoup de chance, je suis complet partout au Théâtre du Marais.
18:35Il doit rester 2-3 places en décembre. Ensuite,
18:37je pars dans toute la France, dans les grandes salles, je me régale.
18:39Et je vous annonce, Charline, que je suis à l'Européen
18:41en septembre, à partir de septembre.
18:43Formidable. Deux jours par semaine.
18:45Et je suis très heureux de vous être la première à qui je le dis.
18:47Je reviendrai vous voir.
18:49Merci, Paul de Saint-Sernin. Merci d'être venu.
18:51Franchement, j'étais hyper stressé de vous voir
18:53dans la salle et tout. Merci.
18:55C'était le professionnalisme, ça.
18:57C'était plein de bienveillance, en tout cas, cette interview.

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