Au lendemain de sa prise officielle de fonction, le nouveau préfet de Corse est l'invité de la rédaction de RCFM. Jérôme Filippini arrive de La Réunion, où il était en poste depuis plus de deux ans. Âgé de 55 ans, il a également été préfet dans le Lot et dans l'Eure.
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00:00Bonjour Jérôme Philippine. Bonjour madame.
00:02Est-ce que vous avez hésité quand on vous a proposé ce poste il y a quelques
00:06semaines seulement ?
00:07Ah non, pas du tout.
00:09Ça a été un très grand honneur, une surprise aussi qu'on me le propose parce
00:12que c'est un
00:13poste magnifique mais je n'ai pas beaucoup hésité compte tenu de
00:16l'intérêt du métier.
00:17Vous avez dit que c'était un des plus beaux postes et un des plus exigeants de la
00:21République.
00:22Pourquoi c'est qualificatif ?
00:24Très beau parce que c'est venir travailler sur un territoire aussi
00:27magnifique que l'île de Corse,
00:29venir servir ses habitants et
00:31aider à faire avancer tous les dossiers. Et puis très exigeant parce que je sais
00:34qu'il y a une très forte attente à l'égard de l'État
00:36avec des relations qui ont pu être parfois difficiles, conflictuelles, tendues.
00:40Je sais aussi que j'aurai ma part à prendre
00:42dans la qualité de la relation avec les élus, les partenaires. Voilà donc c'est
00:46une exigence que je mesure.
00:47C'est aussi un des postes de préfets les plus exposés.
00:51Peut-être encore davantage l'année qui arrive, 2025, la fin de l'année
00:56avec ce risque
00:57d'un échec, d'obtention des trois cinquièmes au Parlement ?
01:02Moi je ne me place pas dans une perspective d'échec. Le gouvernement a
01:05clairement annoncé qu'il reprenait complètement le processus
01:08institutionnel à partir de ce qui avait été le processus dit de Beauvau,
01:12qu'il n'y avait pas d'interruption,
01:13avec un calendrier que la ministre des relations,
01:16enfin des partenariats avec les territoires a réexpliqué, qui est un
01:19calendrier très serré, très tenu,
01:22qui nous amène à la fin de l'année 2025, c'est pas loin.
01:25Et donc il faut se placer plutôt dans l'hypothèse d'une réussite et pour moi
01:29c'est important d'arriver comme préfet à ce moment-là.
01:31Dans ce calendrier, vous l'avez dit, vous allez prendre votre part.
01:35Est-ce que vous avez déjà échangé avec le président du conseil exécutif
01:38Gilles Simeone ? Est-ce que ça arrive dans les prochains jours ?
01:42Alors on a eu un échange téléphonique rapide et très agréable et très
01:45courtois et je l'en remercie. Puis on se voit ces jours-ci.
01:47C'est évidemment un des premiers interlocuteurs élus avec lequel je
01:51souhaitais avoir un échange.
01:53Et pour les autres ?
01:54Et ça vient très vite. Mon objectif est de voir
01:56le plus vite possible, bien sûr, le président de la collectivité de Corse,
02:00la présidente de l'Assemblée, les parlementaires
02:02et puis les maires, les présidents des associations des maires.
02:04Je dis les présidents parce que comme préfet de Corse
02:06et préfet de la Corse du Sud, je vais commencer par aller à la rencontre des élus,
02:10des partenaires de la Corse du Sud, mais évidemment j'irai aussi très
02:13rapidement en haut de Corse pour rencontrer le maximum de monde.
02:15Cette rencontre prévue avec les maires, elle s'inscrit dans
02:19ce message qu'on a bien compris porté par la ministre Catherine Vautrin
02:24ces cinq derniers jours dans sa visite en Corse.
02:28Vraiment cette importance de s'atteler au dossier concret du quotidien,
02:33de la vie des Corses, c'est votre priorité ?
02:35Ce sera votre politique également ?
02:37Oui, c'est le travail.
02:38Alors le préfet n'a pas de politique en tant que telle, mais par contre,
02:40il a un mandat et une mission, je dirais, quels que soient les territoires.
02:45C'est d'essayer d'aider à mettre en oeuvre les politiques publiques,
02:48celles qui sont définies nationalement par le gouvernement et par le Parlement,
02:53mais de les mettre en oeuvre le plus intelligemment possible
02:56au contact des territoires.
02:58Ce qu'on peut faire ici n'a pas la même valeur et le même sens
03:01qu'en Seine-Saint-Denis ou que dans un autre outre-mer.
03:04Il faut territorialiser les politiques publiques.
03:06Et pour le faire, il faut le faire avec ceux qui connaissent le terrain
03:09bien mieux que vous, préfet, quand vous arrivez, vous découvrez.
03:12Moi, je redécouvre un peu la Corse, mais je ne peux pas dire que je la connais.
03:14Donc vous mettez en oeuvre ces politiques publiques avec ceux qui la connaissent.
03:17Et les premiers qui la connaissent, ce sont les élus,
03:20désignés par le suffrage universel.
03:22C'est donc, bien sûr, la collectivité de Corse.
03:24Et puis, ce sont les maires, tous les maires de l'île,
03:28qui connaissent très, très bien leur territoire en proximité.
03:30J'essaierai d'aller le maximum au contact de ces maires, oui.
03:32Et pour ce faire, est-ce que vous estimez qu'il faudrait avoir parfois plus de latitude ?
03:38Vous avez parlé dans la présentation, dans votre présentation à la presse hier,
03:42des lois montagne et littorale.
03:45Oui, c'est un exemple, une illustration du fait qu'il nous faut à la fois
03:49des règles générales, nationales, c'est normal.
03:52Et puis, il faut aussi pouvoir les adapter.
03:54Soit la loi elle-même peut les adapter,
03:57soit il faut qu'on permette localement à ceux qui sont en responsabilité de les adapter.
04:01Donc, c'est une demande notamment des élus corse pour ce qui les concerne.
04:05Et puis, c'est aussi pour le représentant de l'État que je suis,
04:07c'est mon quatrième poste de préfet.
04:10Je converge sur ce fait qu'il faut nous donner plus de marge de manœuvre
04:14pour nous permettre d'apporter une réponse beaucoup plus adaptée.
04:18Quand vous êtes dans un territoire insulaire,
04:20ce n'est pas la même chose que quand vous avez une connexion avec le département d'à côté.
04:23Quand vous êtes dans un territoire de montagne,
04:25ce n'est pas la même chose que quand vous êtes dans un territoire très plat.
04:27Moi, j'ai servi en Normandie, un magnifique département leurre.
04:30Évidemment, il n'y a pas les défis liés à la montagne et à l'insularité.
04:33Et donc, on ne met pas en œuvre les politiques de la même façon.
04:36Et c'est pour ça qu'on demande au préfet, avec l'ensemble des services de l'État,
04:39de faire preuve de, je vais dire ça avec un terme un peu convenu,
04:42mais d'intelligence territoriale.
04:44De souplesse, en tout cas.
04:45Oui, l'un des rôles essentiels du préfet, c'est la question de l'ordre, la sécurité.
04:53Ici, l'ampleur, l'emprise de la criminalité organisée est très important.
04:59D'ailleurs, petite aparté, criminalité organisée ou mafia ici en Corse ?
05:04Je n'entre pas dans ces débats sémantiques.
05:06D'abord, je découvre les dossiers et je veux mesurer l'ampleur des phénomènes que vous décrivez.
05:11Je sais qu'ils sont intenses ici, très développés.
05:15Et tout ce que je peux dire, c'est qu'évidemment, ma priorité sera avec les services de police,
05:19de gendarmerie, avec les services d'enquête.
05:21Et puis, évidemment, l'autorité judiciaire qui est indépendante du préfet,
05:25mais de travailler en bonne intelligence pour arriver à entraver ceux qui,
05:29finalement, en faisant preuve de violence,
05:32mais aussi en organisant une criminalité économique et financière,
05:36portent tort au territoire et portent tort aux habitants.
05:39Pour le reste, je vais mesurer, en travaillant avec les uns et les autres,
05:42plus s'il s'agit de tel type de phénomène ou de tel autre.
05:45Ce qui est sûr, c'est qu'il va contre l'intérêt des habitants.
05:48Est-ce qu'on peut considérer que cela fait partie des priorités que vous avez aujourd'hui ?
05:53Oui, tout à fait. C'est la priorité de tout préfet en général.
05:56Et c'est évidemment une priorité pour le préfet de Corse que je suis.
05:59Mais je ne veux pas la mettre en comparaison avec les autres sujets que je peux évoquer,
06:06du logement, de la vie chère, de l'économie, de l'agriculture, de l'eau, de l'assainissement.
06:11Voilà, tous ces sujets-là sont à prendre ensemble
06:13et je vais essayer de m'atteler à tous ces thèmes en même temps.
06:15Et donc, avec de nombreuses rencontres sur cette courte semaine que vous avez,
06:19puisqu'on peut supposer que vous allez également à Paris
06:23pour discuter du futur de la CCI, jeudi.
06:27Vous êtes bien informé.
06:28Avec la ministre.
06:28Absolument.
06:29Un dossier également qui sera l'une de vos priorités.
06:33Merci beaucoup d'avoir été avec nous ce matin sur RCFM.
06:36Merci madame.