La bande de "Perrine jusqu'à minuit" évoque les polémiques sur les avantages des agents du srvice public.
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00:00Ce gouvernement déteste-t-il les fonctionnaires ?
00:02En tout cas, il en donne l'impression, pour la bonne et simple raison,
00:05que dans cette atmosphère tendue à l'Assemblée nationale,
00:11qui nous rappelle la période fin Vincent Toriol, début René Coty,
00:16au niveau de la 4ème République, il faut se pencher sur la naissance
00:19de ce statut des fonctionnaires, qui date de 1946.
00:231946, nous sommes au lendemain de la Seconde Guerre mondiale,
00:27nous avons un gouvernement d'union nationale,
00:29où le Parti communiste pèse extrêmement fort.
00:32Et qu'est-ce qu'il se passe ?
00:33C'est que la crainte de tout le monde, c'est qu'on a vu
00:36ce qui s'est passé lors de la collaboration,
00:38il a fallu nettoyer complètement les grands corps de l'État,
00:42l'administration en particulier...
00:44On a initié beaucoup de choses, quand même.
00:46Et beaucoup de fonctionnaires.
00:47On a passé l'éponge, beaucoup, beaucoup.
00:49Oui, mais les statuts étaient extrêmement différents.
00:51Par exemple, il n'y avait pas de police nationale, tout ça, rappelez-vous.
00:54On décide donc de donner un statut aux fonctionnaires
00:56pour créer, un peu sur le modèle anglais,
00:59une sorte de public service, c'est-à-dire des gens
01:02qui seraient susceptibles de travailler pour l'État
01:05dans la continuité et une sorte de neutralité.
01:09C'est-à-dire que ce qu'il faut assurer, c'est la continuité de l'État.
01:12Voilà l'idée qui va amener à ce statut des fonctionnaires en 1946.
01:16Alors c'est sûr que la Startup Nation, c'est pas trop son idée
01:20d'avoir la continuité de l'État, d'avoir des grands corps,
01:23qui sont un peu trop anciens, un peu trop...
01:26Le monde a un peu changé.
01:27Le monde a certes un peu changé.
01:29Mais ce qu'on nous explique, c'est que grosso modo,
01:31il faudrait que le statut des fonctionnaires puisse être
01:34sur le même modèle que le privé.
01:35Mais sauf que ce n'est pas la même nature.
01:37Et qu'on voit bien qu'il y a aussi quelques intérêts bien vécus.
01:42C'est-à-dire que quand vous détruisez une direction dans l'administration,
01:46vous pouvez faire venir vos amis de McKinsey pour faire le même travail.
01:50Et on l'a vu dans un certain nombre de choses.
01:53Et qu'évidemment, on estime qu'il y a aussi des emmerdeurs.
01:57Ces directions générales qui sont des forteresses,
02:02qui empêchent justement de faire un certain nombre de changements
02:05trop abrupts dans la société.
02:07Eh bien ça, on veut s'en débarrasser.
02:09Et donc, on a décidé qu'il fallait expliquer qu'il fallait être agile
02:13et utiliser des termes de l'entreprise.
02:16Sauf que l'État, c'est la continuité, c'est le temps long.
02:19Et que peut-être qu'il y a des choses à changer en termes de modernisation.
02:23C'est vrai que les méthodes de travail ont modifié.
02:26C'est vrai que la technologie a considérablement augmenté la productivité.
02:30Mais demander de la productivité à des gens qui assurent la continuité de l'État,
02:34on se trompe et on essaye de mettre une mauvaise accusation sur les fonctionnaires.
02:39Je ne fais pas une déclaration d'amour aux fonctionnaires.
02:42Donc les boucs émissaires, les fonctionnaires.
02:45Oui, les boucs émissaires, parce que surtout, ils ennuient sur des gens
02:50qui pensent peut-être se prendre des parts de cette activité
02:55en faisant disparaître des pans entiers de l'administration française.
02:58On l'a vu, notamment en créant des agences à la place des directions départementales.
03:03On crée des agences.
03:04Ces agences, elles coûtent 80 milliards d'euros à l'État chaque année.
03:08Elles font doublon avec une administration qui marche très bien.
03:11On a vu effectivement le fonctionnaire bashing depuis deux jours rouler à plein.
03:16Et ce qui est un peu terrible, je trouve, c'est que c'est rigolo de se dire la fin de l'emploi à vie
03:20parce que la problématique aujourd'hui, notamment la territoriale,
03:24c'est que ce n'est plus du tout attractif.
03:26C'est qu'aujourd'hui, demandés à des maires, à des intercos, à des conseils départementaux,
03:31ils en arrivent à travailler leur marque employeur, parce que ça s'appelle comme ça,
03:35pour essayer d'attirer des fonctionnaires.
03:38C'est bien qu'il n'y ait pas de problème de chômage.
03:40C'est ce que dit Sophie Wigner, c'est que ça va accentuer la crise de vocation
03:43dans un certain nombre de services publics.
03:45C'est moins bien payé.
03:46Prenez une assistante administrative.
03:48Une assistante administrative, est-ce qu'elle va aller s'enquiquiner en mairie,
03:52être amenée, par exemple, à tenir des bureaux de vote,
03:55à être dans cette continuité de l'État, alors qu'elle peut travailler pour une PME
03:58avec, pourquoi pas, un bout de treizième mois, sa carte Navigo qui est payée à 50% ?
04:04Bref, là-dessus, la réalité des collectivités aujourd'hui,
04:08notamment dans les territoriels, c'est qu'ils n'arrivent pas à fonctionner,
04:11déjà parce qu'ils ne sont pas attractifs.
04:13À tel point que là, ils sont en train de se demander,
04:15ils se font concurrence les uns les autres.
04:17Et ils se piquent des agents, et ils font en sorte de travailler
04:21à avoir des surprimes pour essayer d'être attractifs, premièrement.
04:24Deuxièmement, on est bien content, on a privatisé une partie d'EDF,
04:28souvenez-vous, pas complètement, mais on est bien content
04:31quand on a des tempêtes, quand on a des catastrophes climatiques,
04:34d'avoir des agents qui sont en capacité, en fait,
04:36pour cette continuité du service public, de se dire,
04:39bon, on va aller remettre en état les installations, les infrastructures.
04:43Pareil avec les plans blancs cet été, vous avez des policiers,
04:46vous avez déjà des agents des services publics hospitaliers
04:49qui ont été empêchés de partir en vacances.
04:52Est-ce qu'on serait tous susceptibles, sauf à avoir effectivement
04:55une petite... enfin, un petit sucre, pardon, pour un emploi à vie en face,
05:03est-ce qu'on serait tous capables, en fait, d'aller se lancer
05:06dans ce type de trajectoire ? Je ne suis pas certaine.
05:10Et là-dessus, il y a quand même quelque chose d'un fonctionnaire bashing,
05:13et j'en terminerai là, c'est que tout ça, en fait,
05:15alimente aussi quelque chose de ces espèces de feignasses
05:18qui ne bossent pas. Il faut quand même avoir conscience
05:21de ce que c'est que de travailler aujourd'hui avec tous les transferts
05:24de compétences, notamment de l'État, vers les collectivités,
05:26vers l'hospitalière, etc. Franchement, c'est très vilain.
05:29Et il y a un sondage que j'aimerais vous soumettre, Charles.
05:32Sondage, qui date d'il y a quelques mois, mais qui est récent,
05:35qui date d'avril. Sondage au Doxa. Il y a 8 Français sur 10
05:38qui apprécient les fonctionnaires, et ça a changé, le regard sur les fonctionnaires
05:41depuis la crise Covid, où on a applaudi, effectivement,
05:44les personnels soignants, depuis les attentats aussi,
05:47où on a applaudi les policiers. Taper sur les fonctionnaires,
05:50est-ce que stratégiquement parlant, au niveau électoral, c'est judicieux ?
05:55C'est extraordinaire, la France, parce que Barnier propose
05:59des pauvres petites économies en disant, attendez, si on ne les fait pas,
06:02on va se retrouver avec le FMI qui va gouverner à notre place.
06:07On lit partout dans la presse ultra-subventionnée,
06:10plan de rigueur. Barnier soumet la France à la rigueur.
06:15On propose une pauvre mesure sur le jour de carence,
06:19en disant, il y a peut-être un petit problème d'absentéisme,
06:22parce que quand on compare le privé au public,
06:24il y a plus d'absentéisme dans le public.
06:26Qu'est-ce qu'on en parle ?
06:30On ne parle pas de ça, on parle du statut, du travail à vie,
06:33du travail de fonctionnaire.
06:36Je sais de quoi on parle, Arnaud.
06:38Je suis là autour de ce plateau, j'ai un cerveau qui fonctionne normalement,
06:41donc j'ai compris de quoi on parlait.
06:43On parlait du fonctionnaire bashing.
06:46C'est venu notamment à cause de la proposition sur le jour de carence.
06:49Ça t'a peut-être échappé, ça a fait polémique ces derniers jours.
06:52On est tous les deux au même niveau d'attention.
06:54C'est bien qu'en France, on sur-réagit sur certains thèmes comme ça,
06:59parce qu'on est sur notre petite îlot et on ne veut rien changer.
07:03Et en ne changeant rien, grâce à des gens qui sur-réagissent à tout ça,
07:10régulièrement, la France, en réalité, est en train de devenir un pays de 15e zone,
07:15parce qu'on refuse la réforme.
07:17Je suis désolé, il y a un problème d'absentéisme dans la fonction publique.
07:20Peut-être que s'il n'y avait pas l'emploi à vie,
07:23effectivement, il y aurait un peu plus de motivation dans certains secteurs.
07:27Et peut-être aussi qu'on a peut-être parfois un peu trop de fonctionnaires.
07:31Je ne terminerai pas un chiffre, on va en parler tout à l'heure.
07:34À Paris, vous avez 24 agents et demi pour 1000 habitants.
07:40À Londres, vous en avez 4.
07:42Peut-être qu'on peut faire un petit quelque chose sur la fonction publique.
07:47Est-ce qu'on peut estimer, par exemple,
07:52qu'avoir moins de fonctionnaires qui restent au statut,
07:58c'est-à-dire qu'on ne remplace pas forcément tous ceux qui partent,
08:00mais on n'est pas obligé de réembaucher tout de suite celui qui part ?
08:05Est-ce que les jours de carence, c'est lié ?
08:11La perte du statut, notamment dans les personnels roulants à la SNCF,
08:16a fini par tuer.
08:17Souvenez-vous que l'année dernière, on n'avait pas assez de machinistes,
08:20on n'avait pas assez de conducteurs de train,
08:22et qu'il a fallu, à grand renfort de campagne,
08:25essayer de ramener des gens.