• il y a 2 mois
GRAND DÉBAT / Budget : les fonctionnaires dans le collimateur

« Le récap » par Valérie Brochard

Dans une interview au Figaro le 27 octobre 2024, Guillaume Kasbarian a déclaré : « nous voulons passer le nombre de jours de carence des fonctionnaires d'un à trois, comme dans le privé ». Le ministre de la Fonction publique, de la simplification et de la transformation de l'action publique jette ainsi un pavé dans la mare. Il s'appuie sur un rapport de l'Inspection Générale des Affaires Sociales qui constate un écart net : les fonctionnaires posent en moyenne 14,5 jours d'arrêt de travail par an quand les salariés du privé ne prennent que 11,5 jours par an. En augmentant le nombre de jours non indemnisés par la sécurité sociale, les macronistes veulent lutter contre « les arrêts maladie de confort », comme l'a défini le député « Ensemble pour la République », Jean-René Cazeneuve. Le gouvernement envisage toutes les pistes pour parvenir à faire 60 milliards d'euros d'économies : quitte à se mettre les fonctionnaires à dos ?

Invités :
- Sarah Legrain, députée LFI de Paris,
- Véronique Louwagie, députée « Droite Républicaine » de l'Orne,
- Christian Grolier, secrétaire général de FO Fonction publique,
- Fanny Guinochet, journaliste économique à « France Info » et à « La Tribune ».

INTERVIEW FRANC-PARLER / Élisabeth Borne : « Vingt mois à Matignon », ou l'expérience d'un chemin de croix ?

Le 29 octobre 2024, Élisabeth Borne a choisi de retirer sa candidature à la tête du parti présidentiel. Elle laisse ainsi le champ libre à Gabriel Attal pour devenir secrétaire général de « Renaissance ». Quelles sont les raisons qui ont motivé sa décision ? Certains éléments de réponse se trouvent certainement dans son livre « Vingt mois à Matignon ». « Je ressens sinon l'envie, du moins la nécessité de revenir sur mon expérience du pouvoir pour expliquer des décisions, rétablir des vérités, corriger certaines présentations caricaturales, donner mon récit de cette page d'histoire, et surtout présenter les enseignements que j'en tire pour l'avenir », résume Élisabeth Borne dans son livre. En révélant la brutalité d'une fonction qui bouscule la frontière entre vie professionnelle et vie privée, la deuxième Première ministre de l'Histoire de France s'attarde sur sa pratique du « militantisme féministe par la fonction ». Dès son discours lors de sa nomination, elle avait annoncé son ambition : « Je ferai le maximum pour qu'on retienne qu'une femme peut être Première ministre pour sa compétence, son sens politique, sa capacité à affronter les crises, au-delà de son genre ». De la réforme des retraites à la loi immigration, quelle trace Élisabeth Borne souhaite-t-elle laisser dans l'Histoire ?

Grande invitée : Élisabeth Borne, ancienne Première ministre et autrice de « Vingt mois à Matignon » (Flammarion)

LA QUESTION QUI FÂCHE / LFI à l'Assemblée : fini le « boxon » ?

- Antoine Oberdorff, journaliste politique à « L'Opinion »,
- Hadrien Mathoux, rédacteur

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Transcription
00:00Générique
00:06Bonsoir et bienvenue, très heureuse de vous retrouver.
00:09Dans ça, vous regarde ce soir Haro sur les fonctionnaires.
00:13Les syndicats ne décollèrent pas depuis l'annonce du gouvernement
00:16l'instauration de 3 jours de carence pour s'aligner sur le privé.
00:20Y a-t-il un véritable problème d'absentéisme
00:23dans la fonction publique
00:24où les fonctionnaires sont les boucs émissaires de ce budget ?
00:27Grand débat dans un instant sur ce plateau avec mes invités.
00:30Dans Francs Parler, ce soir, une invitée exceptionnelle.
00:33On l'a appris en fin de journée.
00:35Elle renonce à sa candidature à la tête du parti présidentiel
00:39pour une union avec Gabriel Attal.
00:41Elle se dévoile aussi dans un livre.
00:4420 mois à Matignon, chez Flammarion.
00:46Elisabeth Borne sera avec nous dans la deuxième partie.
00:49Enfin, la question qui fâche ce soir les Insoumis,
00:52ce sont-ils assagi à la tête de plusieurs postes clés
00:57à l'Assemblée ?
00:58Ils gagnent en respectabilité.
00:59Alors, est-ce la fin du boxon au Palais Bourbon ?
01:02C'est recroisé avec nos chroniqueurs.
01:04Voilà pour le programme. Installez-vous, c'est parti.
01:08Musique dynamique
01:10...
01:19C'est la mesure budgétaire surprise de cette fin de week-end
01:22et elle a pris tous les syndicats de cour.
01:24Pour combler le déficit, le gouvernement veut instaurer
01:27trois jours de carence pour les arrêts maladie des fonctionnaires.
01:30Est-ce une mesure de justice pour aligner les règles
01:33sur celle du privé ou bien une fausse bonne idée
01:36qui risque de renforcer les inégalités ?
01:38On va essayer de démêler le vrai du faux ce soir
01:41avec nos invités. Véronique Louvaji, bonsoir.
01:44Merci d'être là. Députée droite républicaine de Lorne,
01:47bonsoir, Sarah Legrain.
01:48Bienvenue, députée de la France insoumise de Paris,
01:51bonsoir, Christian Grollier.
01:53Bienvenue, secrétaire générale,
01:55force ouvrière, fonction publique, et bonsoir, Fanny Guinochet,
01:58journaliste économique, La Tribune et France Info.
02:01Merci à tous les quatre d'être là en direct sur LCP.
02:04Un débat qui s'ouvre comme chaque soir
02:06par le récap de Valérie Brochard.
02:08...
02:19Bonsoir, ma chère Valérie.
02:20Bonsoir, Myriam.
02:22Il en faut, trouver des économies.
02:24Le gouvernement s'attaque à l'absentéisme des fonctionnaires.
02:27Le gouvernement le répète à l'envie.
02:29Il cherche à faire 60 milliards d'euros d'économies.
02:32On en connaît même déjà toutes les grandes lignes,
02:35mais l'exécutif avait gardé un peu de mystère
02:38autour de 5 milliards qui seraient présentés
02:40par voie d'amendement au fil de la discussion parlementaire.
02:43Sur qui ? Sur quoi ?
02:45Beaucoup de flous et quelques frissons
02:47pour les oppositions qui ne savaient pas
02:49à quoi s'attendre quand tout à coup, dimanche soir,
02:52dans un entretien publié par Le Figaro,
02:54on apprend que le ministre de la Fonction publique
02:57veut passer le nombre de jours de carence des fonctionnaires
03:00de 1 à 3, comme dans le privé,
03:02une action totalement justifiée pour le ministre.
03:05C'était la même chose privé-public il y a quelques années.
03:08On a une divergence, un écart s'écreuse entre le public et le privé.
03:12Je décide de proposer au Parlement, avec le gouvernement,
03:15le passage des jours de carence de 1 à 3 jours de carence,
03:18comme c'est le cas dans le privé en termes de règle générale,
03:22et la baisse de la prise en charge au-delà de la carence.
03:24Aujourd'hui, dans le public, c'est pris en charge à 100 %.
03:27Ca passera à 90 %.
03:29Cette idée est venue en lisant le tout dernier rapport
03:32de l'Inspection générale des affaires sociales,
03:34qui constate que les arrêts de travail en France
03:37sont en moyenne de 14 jours et demi par an chez les fonctionnaires
03:41et de 11 jours et demi par an pour les salariés du privé
03:44hors congé maternité ou paternité, bien évidemment.
03:47Alors, Guillaume Casparian a sorti sa calculette
03:49et il pense pouvoir réaliser 1,2 milliard d'économies.
03:53Et voici comment.
03:54En imposant aux fonctionnaires un délai de carence de 3 jours,
03:573 jours non payés, et ainsi économiser 300 millions d'euros.
04:01Mais il veut aussi réduire l'indemnisation à 90 % du salaire
04:04pour les 3 premiers mois d'un congé maladie ordinaire.
04:08Et ainsi, il pense récupérer 900 millions d'euros.
04:11Au total, ça fait 1,2 milliard d'euros.
04:13La démonstration semble implacable,
04:15sauf que le ministre a oublié une donnée.
04:17Beaucoup de salariés dans le privé sont protégés,
04:20remboursés par des conventions collectives
04:23qui prévoient le paiement de la carence
04:25et le maintien du salaire à 100 %.
04:27Et ça, Sophie Binet, elle l'a bien en tête
04:29pour la secrétaire générale de la CGT.
04:32Cette mesure est tout simplement injuste.
04:34Cette annonce est vécue comme une insulte
04:37pour les plus de 5 millions de fonctionnaires
04:39qu'on fait encore une fois passer,
04:41et pour des privilégiés et pour des gens
04:43qui choisiraient d'être en arrêt maladie.
04:46Il faut arrêter ce fonctionnaire bashing.
04:48Ca va défavoriser les femmes majoritaires
04:50dans la fonction publique et qui sont concernées
04:53par les arrêts courts.
04:54En cas d'endométriose, on sait que les femmes ont des arrêts courts.
04:58C'est une proposition populiste, dangereuse.
05:01Vous venez de l'entendre, les syndicats s'étranglent.
05:04Et sur les bancs de l'hémicycle aujourd'hui,
05:075 questions au gouvernement ont été posées,
05:09dont 4 par des élus de gauche
05:11qui considèrent que la proposition
05:13est tout simplement indigne.
05:15Mais qu'importe, Guillaume Casparian reste convaincu
05:18par un calcul qui ne déplaît pas au RN.
05:20Ecoutez.
05:21Je suis favorable à cet ajustement
05:23entre les fonctionnaires et les salariés du privé
05:26à une seule condition, c'est que ces potentielles mesures
05:30qui ont été annoncées par le ministre de Travail
05:32puissent être utilisées pour financer des mesures
05:35en faveur du pouvoir d'achat et permettre de payer
05:38les heures supplémentaires d'agents de la fonction publique
05:41qui n'ont pas payé, comme les agents de la pénitentiaire
05:44ou nos forces de l'ordre.
05:46Le ministre de la Fonction publique
05:48pourrait donc compter sur le soutien des élus
05:50du RN qui devraient discuter ses amendements
05:53prochainement en Commission des finances.
05:56Merci pour ce récap, limpide.
05:57Je commence avec le syndicaliste que vous êtes,
06:00Christian Grelier.
06:01Est-ce que vous avez été mis sur le fait accompli,
06:04dimanche soir, ou est-ce qu'on vous a passé un coup de fil
06:07avant l'interview dans le Figaro du ministre ?
06:09Je pense qu'il a une petite difficulté de compréhension
06:12entre le dialogue social et un petit coup de fil
06:15le dimanche à 17h.
06:16Il faudra qu'on lui explique si on remet du dialogue social
06:19avec lui, ce qui n'est pas gagné.
06:21C'est ça, l'information qu'on a eue.
06:23C'était sous embargo avec la presse et on l'a appris par un coup de fil.
06:27On entend les syndicats tous unis pour dénoncer la mesure.
06:30Vous êtes d'accord avec Sophie Binet de la CGT
06:32et vous appelez à la grève ?
06:34On a l'impression que quelque chose se prépare pour Noël.
06:37Pour Noël, peut-être pas.
06:39Il faut le temps de se rencontrer, de réunir nos exécutifs.
06:42On est en vacances scolaires,
06:44donc une partie de la fonction publique de l'Etat
06:47est en congé, c'est-à-dire les enseignants.
06:49Il y a deux éléments.
06:50C'est tout, sauf une mesure de justice
06:53et une mesure égalitaire.
06:54Ca a été dit dans la présentation.
06:56Quand vous avez 2 tiers des salariés du secteur privé
06:59couverts sur les trois jours, la première mesure d'égalité,
07:02c'est de couvrir le tiers des salariés.
07:042 tiers du privé couverts à 100 % par les conventions
07:07des salariés mutuels, c'est-à-dire que 2 tiers du privé...
07:10On s'alignerait sur le moins-disant des salariés du privé.
07:13Sur le petit tiers des salariés des TPE et des petites entreprises
07:17qui n'ont pas ce type d'accord.
07:19C'est l'argument massue ?
07:20C'est pas l'argument massue.
07:22Il y a quand même une explosion.
07:23Vous reconnaissez les arrêts de travail.
07:26Vous avez cité le rapport dans l'introduction.
07:28Il précise plusieurs éléments.
07:30Il y a la différence des trois jours,
07:32mais il précise aussi que la différence s'explique
07:35par la popularité des métiers dans la fonction publique.
07:38Autre exemple, la moyenne d'âge, plus élevée de 3 ans
07:40dans la fonction publique que dans le secteur privé.
07:43La mesure est uniquement budgétaire.
07:45On ne parle pas d'égalité ou de justice sociale.
07:48On tape sur les fonctionnaires.
07:50On tape sur les fonctionnaires. Où est la justice ?
07:53Comment vous arrivez à justifier ça,
07:55mis à part que c'est vrai que dans l'opinion,
07:57on dit qu'il faut aligner public-privé.
07:59Mais quand on regarde dans le détail,
08:02sur les 2 tiers du privé couverts à 100 %,
08:04je crois qu'il y a 2 questions qui méritent d'être posées.
08:07Est-ce qu'aujourd'hui, il peut être justifié
08:09de maintenir des régimes différents d'application
08:12lors d'arrêts maladie ? C'est une question.
08:15Est-ce que le service public,
08:17le fait de s'engager, travailler en qualité de fonctionnaire,
08:20justifie qu'il y ait un traitement différent ?
08:23A cette réponse-là, je considère que non.
08:25Ensuite, une 2e question.
08:27Nous avons une augmentation importante des arrêts maladie.
08:30Je vais redonner le chiffre.
08:32En 2014, c'était 44 millions de journées.
08:35On les a exacts.
08:3643 millions, le chiffre de la fonction publique.
08:39On va les voir s'afficher.
08:4143 millions en 2014, 77 millions en 2022.
08:45Ca fait donc près de 80 % de plus en moins de 10 ans.
08:48On va regarder dans le détail.
08:49C'est pas partout pareil.
08:51Il y a des différences entre la fonction hospitalière,
08:54où il y a plus d'arrêts, la fonction territoriale et la fonction d'Etat.
08:58C'est autant d'abus ou pas ?
09:00Non, je ne parlerai pas d'abus.
09:02C'est l'équivalent de 300 000 agents.
09:04Quand ces 300 000 agents manquent,
09:06parce qu'il y a des arrêts,
09:08le travail repose aussi sur les autres.
09:10Il faut se poser une question,
09:12de savoir pourquoi il y a ces arrêts de travail.
09:15Je considère que dans un certain nombre de métiers,
09:18de missions, et je pense à la fonction hospitalière,
09:21parce que ça va parler à tout le monde,
09:23il y a un certain épuisement du personnel.
09:25Un épuisement administratif du personnel
09:28qui se trouve, je dirais, surchargé.
09:30La crise de l'hôpital ne date pas d'hier,
09:32c'est pareil pour les profs, pour les policiers.
09:35Ca, c'est une question qui mérite d'être posée.
09:38Vous allez vous corriger peut-être la mesure
09:40qui est trop générale ?
09:41C'est ce que vous nous dites ?
09:43Derrière, il faut qu'il y ait un accompagnement
09:46des métiers et des missions de la fonction publique.
09:49Je considère qu'il y a aujourd'hui
09:51une surcharge, un enchevêtrement,
09:53une confusion dans un certain nombre de missions,
09:56de fonctions, et une bureaucratie
09:58qui pèse sur les agents de la fonction publique.
10:00Cara Legrun. Quand on regarde les chiffres,
10:03c'est vrai qu'il n'y a rien à dire, ça augmente,
10:05mais on va essayer, juste après votre réponse,
10:08de ne plus regarder dans le détail.
10:10Qu'est-ce que vous répondez ?
10:12Vous venez de nous dire qu'il faut aller chercher des causes
10:15et vous trouvez autre chose que les questions de jour de carence.
10:19Cette proposition du gouvernement, c'est simple,
10:21elle est honteuse, absurde et inefficace, incohérente.
10:24Elle est honteuse parce qu'il s'agit de dénigrer
10:27les fonctionnaires, d'expliquer que les soignants,
10:30les enseignants, les policiers et autres,
10:32quelque part, prendraient des faux arrêts maladie.
10:35Ca veut dire qu'on les traite de menteurs,
10:37on les traite de faussaires.
10:39C'est parfaitement honteux.
10:41Ensuite, c'est absurde, parce que tout le monde sait
10:44que quand on est malade, il vaut mieux s'arrêter tout de suite,
10:47reprendre des forces et revenir en forme,
10:49plutôt que de laisser traîner et avoir des arrêts longue durée.
10:53Ce qui est démontré, c'est que l'effet du jour de carence,
10:56c'est que les gens prennent moins d'arrêts courts,
10:59mais s'arrêtent plus longtemps.
11:01Enfin, c'est incohérent, car c'est pour trouver 1,2 milliard
11:04d'économies. J'ai une nouvelle,
11:06en commission des finances, on a trouvé 60 milliards d'économies.
11:09Ca tombe bien, car c'est ce qu'Emmanuel Macron,
11:12chaque année, a donné à la plus riche.
11:14On ne refait pas le débat du budget ?
11:16Vous ne refaites pas le débat du budget,
11:19mais c'est une mesure budgétaire.
11:21Vous avez des économies
11:22aux normes populaires.
11:23C'est incohérent avec ce qui se passe dans l'Assemblée,
11:26que ce gouvernement minoritaire
11:28est en train de voir l'Assemblée adopter un budget
11:31du nouveau Front populaire.
11:32Vous répondrez, Fanny Guinochet,
11:34avant de vous entendre, je voudrais qu'on rentre
11:37dans le détail de ce rapport de l'IGAS.
11:39Quand on regarde fonction publique par fonction publique,
11:42on voit que, par exemple, pour les collectivités locales,
11:45peut-être qu'on peut nommer un dérapage,
11:48vous nous direz si le mot est approprié.
11:50C'est différent ailleurs, c'est un décryptage de Marion Becker.
11:53...
11:58En 2022, les arrêts maladies de la fonction publique
12:02auraient coûté 15 milliards d'euros à l'Etat,
12:05soit l'équivalent de 350 000 postes à temps plein,
12:09un record.
12:10La tendance à la hausse a démarré en 2020.
12:14Les absences médicales ont augmenté beaucoup plus vite
12:17dans le secteur public que dans le secteur privé.
12:20En 2022, les agents de la fonction publique d'Etat
12:23étaient absents en moyenne dix jours par an.
12:26Les enseignants, 11 jours,
12:28soit une augmentation de 113 % des absences depuis 2019.
12:33À l'hôpital, ce sont 18 jours d'arrêt en moyenne,
12:3717 dans les collectivités territoriales
12:40et jusqu'à 34 dans les grandes collectivités.
12:44L'Inspection générale des affaires sociales
12:47et l'Inspection générale des finances
12:49tirent un bilan positif du jour de carence
12:51réintroduit en 2018 dans la fonction publique.
12:55Il aurait permis de réaliser 134 millions d'euros d'économie
12:59et une réduction d'environ 11 %
13:01des arrêts maladie de moins de trois jours.
13:0534 jours par an dans les grandes collectivités,
13:09ce chiffre l'interroge.
13:11Est-ce qu'on peut parler de dérapage, d'abus ?
13:13Est-ce qu'il y a eu un problème de management
13:16dans ces grandes collectivités qu'on a trop embauchées
13:19et qui ont été faiblement qualifiées, baissées ?
13:22Quand on regarde, d'ailleurs, dans le rapport précisément,
13:25il y a certaines collectivités, même, qui sont pointées du doigt,
13:29mais vous voyez qu'à Marseille, à Toulon, à Bordeaux,
13:32on est à plus de 40 jours.
13:34On peut se poser la question de pourquoi on est plus malade,
13:37on a plus d'absentéisme du côté de Marseille
13:42qu'on en aurait du côté de Lille ou de Grosse ou de Lyon,
13:46de Grosse métropole.
13:48Ca, c'est factuel, là, ce sont vraiment les chiffres.
13:51Ensuite, quand on regarde la difficulté
13:55de ce genre de sujet, c'est que, finalement,
13:58vous voyez bien que le rapport au travail a changé.
14:01Dans les collectivités, ça, c'est quelque chose d'assez large,
14:05ça traverse public comme privé,
14:07même aux Etats-Unis, on parle de grande démission.
14:10C'est vrai qu'on a pu voir que dans les collectivités,
14:13il y a beaucoup plus d'agents de la fonction publique
14:16qui sont plutôt en catégorie C.
14:18Ce sont les métiers, ce sont les agents de catégorie C,
14:21ce sont ceux qui sont les moins diplômés,
14:24les moins bien rémunérés et ce sont ceux, souvent,
14:27qui font les métiers les plus pénibles.
14:29Très concrètement, c'est des gens qui travaillent dehors,
14:32dans les jardins municipaux, dans les établissements scolaires,
14:36les aides à la cantine.
14:37Ce sont aussi des gens, des fonctionnaires,
14:40qui sont face au public.
14:42Et donc, quand on regarde d'ailleurs très précisément,
14:46il y a plus d'absentéisme du côté des agents publics
14:50dans les zones ZEP, les zones d'éducation prioritaire,
14:53parce que c'est plus difficile, plus pénible
14:55que dans certains quartiers, établissements,
14:58dans des quartiers plus faciles.
15:00Donc, vous voyez, il y a quand même un lien
15:02entre pénibilité et arrêt de travail.
15:05Par ailleurs, c'est vrai que la fonction publique,
15:08on voit qu'il y a une composition
15:12de la population qui n'est pas tout à fait pareille
15:15que dans le privé.
15:16Il y a plus de femmes.
15:17Les fonctionnaires sont les femmes.
15:19Les femmes, elles s'arrêtent plus, en moyenne, que les hommes.
15:24Non pas parce qu'il y a les problèmes d'endométriose,
15:28mais souvent, les femmes ont encore un peu trop la charge de famille.
15:32C'est-à-dire que dès qu'il y a une grève,
15:34dès qu'il y a un enfant malade,
15:36en général, elles jouent aussi d'une absence.
15:39C'est vrai que c'est difficile,
15:41et c'est toute la difficulté de ce sujet,
15:43parce que quand on comptabilise les arrêts de travail,
15:46on comptabilise les absences, on ne comptabilise pas les abus.
15:50Il y a eu des renforcements, des contrôles
15:52de la part de la caisse d'assurance maladie,
15:54y compris pour voir les agents qui étaient peut-être trop en arrêt
15:58ou trop longtemps ou trop souvent,
16:00mais aussi du côté des médecins,
16:02pour voir les médecins qui étaient un peu trop prescripteurs.
16:05Peut-être qu'au lieu de faire une mesure unanime, collective,
16:11il faut peut-être regarder aussi...
16:13-"Cibler davantage".
16:14-"Cibler davantage".
16:15Le syndicalisme que vous êtes,
16:17est-ce que vous reconnaissez...
16:19Le problème, il est différencié.
16:21Parfois, ce n'est pas un problème du tout,
16:23mais sur les collectivités lesquelles,
16:25il y a quelque chose qui interroge.
16:28Est-ce que vous seriez d'accord pour un renforcement des contrôles
16:31ou une mesure plus ciblée ?
16:33Comment vous réagissez à ces questions,
16:35grandes collectivités, où on voit qu'à Marseille ou à Toulon,
16:38on est à des chiffres, 40 jours par an, c'est beaucoup.
16:41Sur le rapport, les rapporteurs eux-mêmes,
16:44parce qu'on a fait l'alpha et l'oméga de tout,
16:46les rapporteurs eux-mêmes affirment
16:48qu'ils n'ont aucune donnée suffisante
16:50sur le versant territorial et hospitalier.
16:53Ils le disent clairement, et c'est écrit,
16:55parce qu'on le sait, quand il y a 36 000 employeurs
16:58dans les collectivités territoriales,
17:00on n'a pas les remontées.
17:01C'est un rapport qui parle d'absence,
17:04et non pas d'absentéisme.
17:05Il y a déjà quelque chose de suspect
17:07dans l'expression.
17:08Ca a été dit, la fonction publique territoriale,
17:11ce sont les métiers où il y a le plus d'agents de catégorie C.
17:14Sur plus de 2 millions d'agents, 75 % sont en catégorie C,
17:17c'est-à-dire les métiers les plus techniques,
17:20les plus pénibles, et vous n'avez pas les mêmes contraintes.
17:23Dans une petite collectivité,
17:25vous avez juste la secrétaire de mairie,
17:27qui est un peu le couteau suisse de la mairie,
17:29et un conseil départemental ou régional,
17:32où il y a plus de services techniques,
17:34les égouts, des métiers beaucoup plus pénibles.
17:36Il n'y a pas quelque chose à changer
17:38sur les contrôles ?
17:39Si vous voulez, les contrôles...
17:41Les collectivités payent ces contrôles.
17:43Il y a deux éléments.
17:45Ce qu'il faudrait remettre en marche dans la fonction publique,
17:48c'est la médecine de prévention.
17:50Vous avez des milliers de services
17:52où il n'y a plus de médecine de prévention,
17:54ni de visite médicale.
17:55On aurait une prévention qui permettrait d'éviter
17:58ce genre de dérapage.
17:59Et après, les contrôles.
18:01On n'a jamais été opposé au fait de contrôler.
18:03Ca éviterait cette suspicion qui laisse penser
18:06qu'il y a des arrêts de maladie de complaisance.
18:08Un fonctionnaire, quand il s'arrête,
18:10doit envoyer son certificat médical
18:12et son arrêt de travail.
18:14S'il ne l'envoie pas dans un délai de 48 heures,
18:16il reçoit une note de son chef de service
18:19qui lui rappelle qu'on lui ponctionnera sa journée.
18:22On en a un peu assez, si vous voulez,
18:23d'avoir le sentiment que nous, on serait des faux malades.
18:27Véronique Louvagie, ce qui ressort de ce dossier,
18:30c'est qu'il est complexe et différencié.
18:32Est-ce qu'en faisant une mesure générale
18:34à toute la fonction publique,
18:36vous y prenez de la bonne manière ?
18:38Honnêtement.
18:39Écoutez, en fait, le point qui est posé,
18:42c'est qu'est-ce qui justifie aujourd'hui
18:44une différence entre le privé et le public ?
18:47Dans le privé aussi,
18:48vous avez des tas de situations différentes,
18:51avec des métiers différents,
18:52avec une pénibilité différente.
18:54Les métiers peuvent être quasiment les mêmes.
18:57Vous avez des métiers techniques,
18:59des métiers de ménage,
19:00des métiers avec des charges lourdes, etc.
19:03Et les situations diverses sont de même nature.
19:06Est-ce qu'il n'y a pas un nivellement par le bas
19:08à aligner sur les trois jours pour tous ?
19:11Aujourd'hui, le droit commun,
19:12c'est effectivement un délai de carence de trois jours.
19:16Il apparaît qu'un certain nombre de conventions collectives,
19:19mais pas beaucoup, plus d'entreprises
19:22qui se sont saisies pour apporter
19:24une couverture supplémentaire à leurs salariés.
19:26Ca existe au niveau des mutuelles, au niveau des prévoyances,
19:30et ça, c'est à la liberté de l'entreprise.
19:32C'est très important de laisser cette liberté
19:35au niveau de l'entreprise,
19:36qui peut décliner tous les avantages
19:39que l'entreprise souhaite accorder à ses salariés.
19:42Ca peut être des tickets à restaurant,
19:44des chèques vacances,
19:45et ça fait partie d'une panoplie.
19:47On peut y arriver avec trois jours,
19:49mais il faut plus de justice, peut-être,
19:52pour tous, au niveau des fonctionnaires ?
19:54Moi, je pense que d'avoir un droit commun
19:57qui est équivalent...
19:58C'est l'argument principal.
20:01J'aimerais revenir sur la notion d'absentéisme.
20:03C'est celle qui est employée par le ministre.
20:06Le mot qu'il emploie, c'est absentéisme.
20:08Qu'est-ce que ça veut dire ?
20:10Ca veut dire être volontairement absent.
20:12Ca s'applique à 80 % des élus macronistes
20:15qui ne sont pas présents en hémicycle.
20:17Je ne parle pas de vous,
20:18parce que vous avez fait partie des deux LR présentes.
20:21Ca, c'est l'absentéisme.
20:23Je suis désolée, mais c'est honteux de dire un truc pareil.
20:26Les macronistes sont absents volontairement
20:29pendant ce débat bibliothèque.
20:30Les enseignants et les soignants sont des menteurs ?
20:33C'est ça qu'on leur dit.
20:35Vous avez posé la question du nombre d'absences.
20:37Pourquoi y a-t-il autant d'absences ?
20:40Vous avez des métiers où on est exposé à l'arrêt maladie.
20:43Quand on est enseignant, on attrape les maladies des élèves.
20:46Ca expose particulièrement.
20:48Les métiers de la fonction publique...
20:50Le rapport au travail a changé.
20:52Ca s'observe, cette explosion des arrêts, dans tous les pays.
20:55Les métiers de la fonction publique
20:57sont très féminisés, moins bien rémunérés que le privé.
21:00J'aimerais qu'on le dise,
21:02parce qu'on fait comme s'il y avait une inégalité
21:04en faveur du public.
21:06C'est moins bien rémunéré, c'est très féminisé.
21:08C'est des métiers au contact des publics
21:10où on peut tomber malade, mais je ne veux pas esquiver la question.
21:14Oui, l'explosion a un coût, elle a une cause.
21:16C'est le coût qu'on a fait peser sur nos services publics
21:20et que vous avez eu des baisses
21:21de nombre de fonctionnaires délirants ces dernières années.
21:25Vous avez un hôpital public à bout de souffle,
21:27où vous n'avez plus personne qui veut y aller.
21:2960 000 postes vacants d'infirmières,
21:31et c'est une bonne idée de leur proposer les trois jours de carence.
21:35Ca va achever de créer des vocations chez les infirmières.
21:38Ca, c'est lié aux conditions de travail qui se sont détériorées,
21:42à des services publics à bout de souffle.
21:44Des Français ont voté en juin pour qu'il y ait plus de services publics
21:48et ils ont affaire à un budget qui casse massivement
21:50les services publics, qui refusent d'aller chercher l'argent
21:54et des ministres qui, en plus, derrière,
21:56viennent parader en insultant les fonctionnaires.
21:59La gauche considère qu'on va créer davantage d'inégalités.
22:02Des inégalités, il y en a déjà,
22:04y compris chez les salariés du privé, en fait,
22:08parce qu'on parle des trois quarts des salariés du privé
22:11qui sont couverts en cas d'arrêt maladie
22:15totalement par leur convention collective.
22:17En fait, il y en a quand même un quart,
22:20un gros tiers, presque, qui n'est pas couvert
22:22et souvent, ce sont des salariés des petites entreprises.
22:26Donc, il y a une vraie différence, là aussi,
22:29entre ceux qui sont dans une grande boîte,
22:31ils savent qu'ils ne perdront pas d'argent
22:33s'ils prennent un jour ou deux,
22:35et ceux qui sont dans un petit atelier.
22:37Donc, déjà, des différences, il y en a de façon importante.
22:42Après, la question des arrêts maladie,
22:44ça semble assez logique que le gouvernement
22:47se penche sur ce sujet, parce que la courbe,
22:49elle est effectivement exponentielle.
22:51C'est un sujet de société, de conditions de travail,
22:54est-ce que c'est un sujet plus large ?
22:56C'est 15 milliards d'euros.
22:5815 milliards d'euros.
23:00C'est uniquement sur la prise en charge
23:02de la couverture maladie.
23:05Donc, effectivement, après, il faut regarder peut-être toutes les...
23:08Moi, je dis très factuellement,
23:10on est face à une population active qui vieillit,
23:13mais on a pu voir aussi que ces arrêts maladie,
23:16c'est un peu moins le cas cette année,
23:18mais que ces arrêts maladie,
23:19ils étaient aussi pris par les plus jeunes.
23:22Donc, le vieillissement de la population active
23:24n'explique pas tout.
23:26Donc, effectivement, il y a un rapport aussi...
23:28Il y a un rapport aussi au travail
23:31qui fait qu'aujourd'hui, il y a d'autres attentes,
23:34et ça va... Effectivement, ce sujet des arrêts maladie,
23:37il doit être pris en charge, parce qu'on ne peut pas laisser...
23:41Les comptes de la Sécurité sociale vont déraper encore et encore,
23:44et c'est vrai que c'est difficile de laisser ce sujet de côté.
23:47On ne va pas vous mettre d'accord sur le fond,
23:50on verra comment la mesure est ficelée
23:52dans le débat budgétaire, on n'en est qu'à l'annonce.
23:55Je voudrais vous faire réagir sur l'autre phrase du jour,
23:58monsieur Guillaume Kasbarian, la fin d'un tabou,
24:01l'emploi à vie, dans l'obcillage de Stanislas Guérini.
24:04Je voudrais juste dire, je suis d'accord avec ce que vous disiez,
24:07il y a un changement de société.
24:09Il y a 20 ans, personne n'allait assassiner un prof,
24:12personne n'allait agresser les personnels de santé aux urgences.
24:15Ca aussi, ça fait partie de la dégradation
24:18des conditions de travail et de la multiplication des arrêts.
24:21Le monde a changé, la société a changé,
24:23elle est plus violente, et les services publics
24:26en front office avec les usagers subissent ça.
24:28Et le licenciement pour insuffisance professionnelle ?
24:31Vous aviez déjà eu l'occasion d'en discuter
24:34avec Stanislas Guérini, le nouveau ministre reprend
24:37le dossier en main, il dit qu'il faut le favoriser.
24:40Il existe déjà, mais très peu utilisé.
24:42Est-ce que, là encore, vous serez vendebout
24:45de façon unitaire pour vous y opposer ?
24:47Déjà, on voit que ce ministre a peu d'imagination,
24:50puisqu'il est capable de reprendre les propos de son prédécesseur.
24:53Le licenciement pour insuffisance professionnelle,
24:56ce n'est pas une sanction disciplinaire.
24:58Aujourd'hui, vous avez une commission paritaire,
25:01des représentants du personnel élu, c'est une photographe.
25:04Un licenciement pour insuffisance professionnelle,
25:07c'est quelqu'un qui a passé un concours,
25:10qui avait un diplôme, et il s'avère que, le temps faisant,
25:13il a raté à la mission sur laquelle son statut le fait travailler.
25:16Pourquoi il y en a peu ?
25:17Pour une fois, ça ne marche pas si mal.
25:20Les chefs de service essaient de le former davantage.
25:23S'ils ne peuvent pas, grâce au statut général des fonctionnaires,
25:26on le met sur une autre mission et le détache sur un autre corps.
25:30Ce n'est pas une sanction disciplinaire.
25:32Quand le ministre dit la garantie de l'emploi à vie,
25:35si un jour il nous rencontre, on pourra lui expliquer.
25:38Le statut, quand on le crée en 1946
25:40et qu'on le formalise davantage en 83
25:41avec tous les versants,
25:43ce n'est pas la garantie de l'emploi à vie,
25:45c'est la carrière.
25:46Un fonctionnaire ne peut pas travailler dans le privé à côté.
25:50L'Etat est censé lui garantir un déroulement de carrière
25:53pour qu'il puisse vivre dignement.
25:55On en est de plus en plus loin.
25:56C'est ça, le statut, la garantie de la carrière.
25:59Oui, on n'a pas le licenciement économique,
26:01ce n'est pas anodin.
26:02Mais les salaires sont différents.
26:04C'est la contrepartie.
26:06Véronique Louvagie, vous suivez le ministre Casbarian
26:09sur ces deux terrains qui sont très explosifs
26:12vis-à-vis du dialogue social, qui reprend à peine.
26:15On n'est pas dans le cadre budgétaire,
26:17il faudrait une réforme à venir.
26:19Oui, oui.
26:20Je pense qu'il faut travailler sur un certain nombre de sujets,
26:23sur la fonction publique, d'une manière générale.
26:26Je crois qu'il a raison de se saisir de ces différents sujets.
26:30Il faut faire évoluer aussi la fonction publique.
26:33Après, on peut se poser une vraie question.
26:35Est-ce que, dans la fonction publique,
26:37on a une obligation uniquement de moyens
26:39ou une obligation de résultats ?
26:41C'est une question de base que l'on peut se poser.
26:44Et je crois qu'il faut faire évoluer les statuts.
26:47Peut-être qu'il faut libérer aussi le statut de la fonction publique.
26:51On est un peu en fermeture.
26:52C'est une vaste réforme que vous dessinez,
26:55de la fonction publique.
26:56Vous ouvrez un débat sur d'autres sujets.
26:58Pour terminer ce débat,
27:00vous ne serez pas au rendez-vous dans l'hémicycle.
27:03C'est une évidence.
27:04Il y a quelque chose de caricatural là-dedans.
27:07Il y a un homme qui veut noyer son chien,
27:09l'accuse de la rage.
27:10C'est un point de jonction très clair
27:12entre les macronistes et la droite.
27:14C'est quelque chose que porte la droite.
27:17C'est une violence vis-à-vis de la fonction publique
27:19au moment où les Français disent qu'ils veulent plus de service public.
27:23C'est une provocation de M.Casparian
27:26de parler d'emploi à vie.
27:27Il utilise tous les poncifs qu'on peut utiliser.
27:30Le décryptage de Fanny Guinochet.
27:32A quoi joue le gouvernement ?
27:33Il n'est même pas encore adopté.
27:35Il y a un aspect budgétaire,
27:37mais on voit que ce sont des marqueurs politiques très forts.
27:40C'est très clivant.
27:42Les jours de carence, c'est la droite,
27:44c'est un marqueur de droite.
27:46La fonction publique, changer le statut,
27:48faire évoluer le statut de la fonction publique,
27:51c'est aussi un marqueur de droite.
27:53On voit que dans l'ambiance actuelle politique,
27:56forcément, il y a aussi ces recours
27:58à ces chiffons rouges un peu idéologiques.
28:01On s'arrête là.
28:02C'est le début. On a bien compris
28:04que cette question de la fonction publique vous reviendrait.
28:07Merci à tous les quatre.
28:09Bonsoir, Elisabeth Borne.
28:10Merci beaucoup d'avoir accepté l'invitation d'LCP
28:13pour évoquer ce récit très personnel.
28:15Vos 20 mois à Matignon,
28:17chez Amarion, mais aussi la campagne
28:19pour la direction du parti présidentiel.
28:22On l'a appris en fin de journée.
28:24Vous retirez votre candidature.
28:26Les précisions de Marco Pommier,
28:28interview juste après.
28:29Si on vous invite, Elisabeth Borne,
28:31c'est parce que vous vous dévoilez,
28:33dans votre premier livre,
28:3520 mois à Matignon,
28:37un titre à l'image de votre personnalité,
28:40sobre, anti-punchline,
28:42techno, diront certains.
28:43-"Ma pudeur a pu être caricaturée en froideur."
28:46-"Une pudeur qui vaut aussi pour votre vie privée,
28:49longtemps silencieuse sur le drame de votre vie,
28:52un père rescapé de la Shoah
28:54et qui finira par se suicider,
28:56vous aviez 11 ans."
28:57-"C'est précisément à cet instant
28:59que je me résous à ne plus compter dans l'existence
29:02que sur mes propres forces pour me définir un chemin."
29:05-"Un chemin qui vous mènera à Matignon le 16 mai 2022,
29:09pour vivre, non pas un enfer,
29:11mais 20 mois passionnants, très durs,
29:13ce sont vos mots,
29:1510 mois de plus qu'Edith Cresson,
29:17avec qui vous êtes régulièrement comparée.
29:19Sexisme, dites-vous."
29:21-"Je suis heureuse de livrer ici un triple scoop,
29:23j'ai aussi tenu plus longtemps que Bernard Cazeneuve,
29:26Pierre Bérégovoy et aussi longtemps que Laurent Fabius."
29:30-"Un récit dans lequel s'invite Emmanuel Macron.
29:32Pas le même caractère, ni le même vécu,
29:35vos rapports sont parfois houleux.
29:37Sa décision de vous remplacer vous laissera sous le choc.
29:40Alors votre bilan, vous le réhabilitez
29:43dans ce journal de bord.
29:44En revenant sur des épisodes marquants,
29:47loi immigration et meute urbaine,
29:49assassinat de Dominique Le Pen,
29:51et bien sûr, la réforme des retraites et son 49.3."
29:54-"Cette décision me collera à la peau,
29:56me rendra extrêmement impopulaire,
29:58j'en suis parfaitement consciente et meurtrie."
30:01-"Madame 49.3, un surnom qui vous blesse,
30:03après avoir activé cet article de la Constitution
30:06à 23 reprises, 20 fois, sur le budget du pays
30:10et celui de la Sécurité sociale.
30:12Aujourd'hui, c'est depuis votre siège de député
30:15que vous participez à la réforme des retraites
30:17et c'est depuis votre siège de député
30:19que vous participez à la séquence budgétaire
30:22aux premières loges pour observer le nouveau Premier ministre."
30:26-"Je pense que je mesure la difficulté
30:28de ce que vit Michel Barnier."
30:31-"Dans cet hémicycle, un rang seulement
30:33vous sépare d'un certain Gabriel Attal,
30:35votre chef de groupe,
30:37et bientôt sans doute le président de Renaissance,
30:40car on l'a appris en fin de journée,
30:42vous renoncez à briguer la tête du parti,
30:45mais avec ce livre, on l'a bien compris,
30:48il faudra compter sur vous à l'avenir."
30:53Bienvenue à vous, Elisabeth Borne.
30:55Vous étiez candidate pour la direction du parti Renaissance,
30:58le parti présidentiel.
31:00Vous ne l'êtes plus
31:01pour le poste de secrétaire général ce soir.
31:04Pour quelles raisons ?
31:06Vous savez, moi, ce qui me tient à coeur,
31:08c'est d'inscrire durablement notre famille politique,
31:11ce bloc central,
31:12au coeur de la vie politique française.
31:15C'est pour ça que je m'étais portée très tôt candidate,
31:18au mois d'août, pour qu'on ait un débat d'idées,
31:21et c'est ce que je souhaite porter.
31:23Gabriel Attal m'a fait savoir
31:26qu'il souhaitait candidater pour le poste de secrétaire général.
31:29Comme vous l'imaginez, dans la période politique
31:32qu'on connaît, la division n'était pas une option.
31:35Donc, on a recherché les voies d'un accord
31:38dans lequel on joue la complémentarité,
31:40le partage des responsabilités,
31:42plutôt que la division.
31:44Je suis d'accord.
31:45Donc, ce sera une direction à deux têtes
31:48si, au fond, le TK Attal-Borne
31:49est élu par les adhérents au Congrès,
31:52à lui, le secrétariat général,
31:55à vous, la présidence du Conseil national,
31:57d'après ce que je comprends de l'accord
32:00que vous avez signé et négocié.
32:02C'est une fonction qui n'existait pas jusqu'à présent.
32:05Qu'est-ce que ça va changer ?
32:06Comment allez-vous répartir les rôles ?
32:09Vous êtes numéro deux ?
32:10Non, c'est pas comme ça qu'on a conçu cet accord.
32:13Je pense qu'on est complémentaires,
32:15comme profil, et c'est ce que les militants
32:17nous ont dit ces dernières semaines.
32:19Donc, Gabriel aura la fonction de secrétaire général.
32:22Le Conseil national, c'est lui qui fixe
32:25les grandes orientations du parti,
32:27c'est lui qui définit les orientations
32:29pour des élections locales ou nationales.
32:31Donc, on va travailler la main dans la main.
32:34Je pense que, dans la période qu'on connaît,
32:36qu'on puisse rassembler, jouer l'unité,
32:39c'est ce que les militants attendaient de nous.
32:41C'est pas l'histoire d'une femme qui renonce pour un homme.
32:44Je vous confirme, c'est pas mon tempérament.
32:47C'est pas votre tempérament.
32:49C'est vrai qu'on peut se poser la question...
32:51Certes, les temps sont tumultueux pour la Macronie,
32:54c'est le moins qu'on puisse dire.
32:56Ce socle commun n'a pas grand-chose de commun.
32:59Les fractures sont là.
33:00Pourtant, avoir deux candidats pour la présidence d'un parti,
33:03c'est la simple démocratie.
33:05C'est pas si grave, c'est même bien.
33:07Non, vous savez, je pense que...
33:09Ce que nous ont dit les militants,
33:11c'est qu'ils souhaitaient qu'on rassemble notre parti
33:14et, moi, je souhaite, au-delà,
33:16qu'on rassemble notre famille politique
33:19avec nos partenaires du modem d'Horizon.
33:21On voit qu'en effet,
33:23la période politique est très compliquée
33:26et l'heure n'est pas à avoir des débats internes à un parti.
33:29Des débats, en plus, qui ne seraient pas sur des lignes politiques,
33:33puisque ce n'est pas de ça que l'on parle,
33:35des débats de personnes.
33:37Je pense que chacun doit mettre ses qualités
33:40au service de notre parti.
33:42C'est le sens de l'accord qu'on a trouvé avec Gabriel Attal.
33:45Peut-il rester à la tête du groupe à l'Assemblée
33:48et être celui qui prendra la tête du parti ?
33:51C'est un sujet qui n'était pas à l'ordre du jour de notre accord.
33:54Je pense que les deux fonctions sont très prenantes.
33:58Je pense qu'il le mesure
33:59et je pense qu'en responsabilité, il aura à prendre sa décision.
34:03La réponse est non, pour vous.
34:05Ca fait un peu trop.
34:06Je vous le redis, je pense qu'on voit à quel point
34:09la vie parlementaire est compliquée en ce moment.
34:12Les discussions autour du budget,
34:14je pense qu'on ne donne pas une bonne image.
34:16Je souhaite vraiment, par exemple,
34:19que les lignes rouges
34:21et les points essentiels pour notre parti
34:25puissent être entendus dans ce débat budgétaire.
34:28Tels que les choses sont engagées,
34:30on peut craindre que ça ne soit pas le cas.
34:32Soit on arrive à un rejet
34:34de la première partie du projet de loi de finances,
34:37soit on épuise le temps imparti par la Constitution.
34:40Je pense qu'il y a vraiment besoin de beaucoup de présence
34:43sur ces sujets et on sait qu'il y a beaucoup de travail aussi.
34:47-"La double casquette n'est pas souhaitable",
34:49c'est ce qu'on comprend de votre part.
34:51On en vient à votre livre.
34:53Il est passionnant sur l'exercice du pouvoir par gros temps.
34:57C'est une aventure extraordinaire, vous l'écrivez, vous l'assumez,
35:00mais vous êtes aussi sans phare.
35:02Ces 20 mois ont été, je vous cite,
35:04très durs.
35:0549-3 à assumer dans l'hémicycle.
35:07Brutalité des oppositions, en passant par l'incertitude
35:11dans laquelle vous entretient Emmanuel Macron
35:13régulièrement sur votre avenir à Matignon,
35:16avec un peu de recul.
35:17Qu'est-ce qui a été le plus dur à traverser ?
35:19Moi, vous savez, je ne me suis pas posé ce genre de questions.
35:23On le sait, et quand on a l'honneur d'occuper une telle fonction,
35:27je crois que chacun imagine que ça n'est pas une fonction simple.
35:31Peut-être, ce à quoi je me suis attachée,
35:33c'est dans cette espèce de tourbillon
35:35que j'ai vécu pendant ces 20 mois,
35:37et peut-être même plus globalement,
35:39puisque j'étais cinq ans ministre avant,
35:42et dans toutes les crises qu'on a pu traverser,
35:45de continuer à être en prise
35:48avec la réalité que vivent les Françaises et les Français
35:51et apporter des réponses concrètes.
35:53Ca, on le sent très bien,
35:55parce que vous êtes tout sauf déconnecté,
35:57et votre parcours personnel,
35:59mais aussi votre carrière, le démontrent.
36:01On est à l'Assemblée nationale,
36:03il y a cette étiquette qui est étonnante
36:05et qui vous a fait souffrir, vous le reconnaissez,
36:08c'est Mme 49-3, notamment sur les retraites.
36:11Une partie de la droite vous lâche,
36:13et pourtant, qu'est-ce que vous avez négocié
36:15avec les Républicains, des dizaines d'heures ?
36:18Est-ce que vous leur en voulez, à cette droite,
36:20ou à certains d'entre eux ?
36:22Moi, c'est pas dans mon tempérament,
36:24vous voyez, de ressasser le passé.
36:26Je pense que cette réforme,
36:27c'est quand on nous dit aujourd'hui
36:29que l'état de nos finances publiques est préoccupant.
36:32Effectivement, on a beaucoup de commissions d'enquête
36:37et autres missions d'inspection...
36:39C'est loin qu'on puisse dire.
36:40...pour éclairer le sujet.
36:42On voit à quel point on ne peut pas se permettre
36:45d'avoir un régime de retraite structurellement déficitaire.
36:48C'est sa pérennité...
36:49Revenir aux 62 ans.
36:51Du coup, je pense qu'il faut faire preuve de responsabilité.
36:54Moi, je regrette, évidemment,
36:55qu'on n'ait pas pu aller au bout de l'accord
36:58qui avait été trouvé avec le groupe LR à l'époque,
37:01mais en responsabilité,
37:02moi, j'ai considéré qu'alors même qu'on avait déjà abandonné,
37:06pour cause de Covid, une réforme dans le premier quinquennat,
37:09on avait besoin de cette réforme,
37:11pour laquelle il y a eu des semaines et des semaines
37:15de discussion avec les organisations patronales
37:18et syndicales pour s'assurer qu'on ne demandait pas
37:21à tout le monde, uniformément, de travailler plus longtemps.
37:25Cet élargissement impossible de la majorité aux Républicains
37:28quand vous étiez à Matignon,
37:30aujourd'hui, d'une certaine manière,
37:32c'est Michel Barnier qui en bénéficie.
37:34Comment vous regardez ça ?
37:36Ce qui était impossible hier est devenu possible aujourd'hui.
37:39Vous savez, au-delà des caricatures
37:42et du fait que, pour chacun des budgets,
37:44j'ai dû recourir à 10,493, puisqu'il y a 10 votes.
37:47Donc, 10 votes, quand les oppositions vous disent
37:50qu'on votera systématiquement contre,
37:52ça veut dire 10,493.
37:54Quand vous l'entendez dire,
37:55je vais laisser durer le débat, 1,493,
37:58au lieu de 5, la situation institutionnelle...
38:00Je sais pas si c'est plus satisfaisant.
38:03En effet, la situation n'est pas la même.
38:05A la fois, l'Assemblée est plus éclatée,
38:07on n'est plus en majorité relative,
38:10on est vraiment dans un éclatement en bloc de cette Assemblée.
38:13C'est plus satisfaisant pour lui, pour Michel Barnier,
38:161,493 plutôt que plusieurs ?
38:18Moi, ce que je veux dire, c'est que pour l'Assemblée nationale,
38:22je pense qu'à un moment donné,
38:23que le gouvernement prenne ses responsabilités
38:27et dise, voilà, après avoir entendu les débats,
38:30après avoir pris connaissance des amendements
38:33qui ont été discutés, proposés,
38:35voilà le texte sur lequel j'engage ma responsabilité,
38:38ça me semble plus respectueux de l'Assemblée nationale
38:41que de laisser filer un débat
38:43dans lequel plus personne ne comprend rien,
38:45dans lequel, finalement, le Rassemblement national
38:48permet l'adoption de taxes...
38:51Voilà, qui fleurissent tous les jours.
38:53Vous ne validez pas forcément cette stratégie ?
38:55J'espère que l'Assemblée nationale aura bien toute sa place
38:59et que le socle commun, comme on dit maintenant,
39:02pourra exprimer ses attentes sur ce budget
39:05et on voit que si on épuise le temps parlementaire,
39:08le temps constitutionnel,
39:09ou bien si on devait avoir un rejet d'une première partie
39:13de notre projet de loi de finances qui ne ressemble plus à rien
39:16après les amendements du NFP adoptés
39:18avec la complaisance du Rassemblement national,
39:21finalement, l'Assemblée n'est pas respectée
39:24dans le cadre de la construction de ce budget.
39:26-"Être infusible", fait partie du job,
39:29de la fiche de poste.
39:30Vous l'assumez, vous l'écrivez,
39:32vous l'intégrez parfaitement dès le départ.
39:35Mais la relation avec Emmanuel Macron,
39:37je ne sais pas comment la qualifier précisément,
39:40parce que rien ne se passe jamais comme prévu.
39:42Il vous dit qu'il sera en retrait,
39:44et ça n'est pas possible.
39:46Après, il vend votre méthode,
39:47et finalement, publiquement, il peut la critiquer
39:50quand il sent que c'est opportun, dans l'opinion,
39:53de la mettre un peu à distance.
39:55Il y a des moments difficiles.
39:56Vous allez à la radio connaissant votre histoire personnelle,
40:00on va en dire un mot, pour rappeler l'histoire.
40:02Le RN est un parti héritier de Pétain.
40:05Sans vous citer au Conseil des ministres,
40:07il fustige cette façon de lutter contre le RN.
40:10C'est viol.
40:11Certains commentateurs font état de fuite.
40:13Le président de la République a lui-même eu l'occasion de dire
40:17que la seule chose qui valait,
40:18c'était le compte-rendu du Conseil des ministres.
40:21Comment ça s'est passé avec le président ?
40:24On a eu une relation de travail qui a toujours été cordiale.
40:27Je pense que, lui, comme moi,
40:29on aime rentrer dans le fond des sujets et on aime l'échange.
40:32Après, vous savez, et c'est le sens des propositions
40:35que je fais dans mon livre, je crois profondément
40:38à cette Ve République,
40:39mais je pense que de révision en révision,
40:42on est arrivé, notamment, après la révision de 2000,
40:45le quinquennat et l'inversion du calendrier
40:48des élections législatives,
40:49a finalement un partage des rôles qui n'est pas clair
40:52entre le président de la République et le Premier ministre.
40:55C'est au Premier ministre de maîtriser le Conseil des ministres.
40:59Je pense qu'il y a des évolutions à apporter
41:02pour qu'on retrouve un président de la République
41:04qui garante l'unité nationale,
41:06du respect des traités, du respect de la Constitution,
41:09et un Premier ministre qui, comme le prévoit la Constitution,
41:13définit et conduit la politique de la nation.
41:15Il y a beaucoup d'autres propositions,
41:17notamment sur la proportionnelle.
41:19Toutes ces difficultés, c'est la méthode Born,
41:22c'est la marque Born, ça glisse sur vous.
41:24Parler d'enfer de Matignon est indécent,
41:27car l'enfer, ça n'est pas ça.
41:28Pour la première fois, vous écrivez l'histoire
41:31de votre père, Joseph Bornstein, résistant,
41:34déporté à Auschwitz en 1944, qui prend le chemin de l'horreur,
41:37avec votre grand-père, Zelig, Isaac,
41:39et Albert, vos oncles.
41:42Il ne vous a jamais raconté cette histoire.
41:45Et ce qu'on découvre dans ce livre,
41:47et dans ces pages, vraiment difficiles pour vous,
41:51on le sent très bien, c'est qu'après,
41:53à Matignon, vous recevez des lettres,
41:56vous recevez des témoignages d'historiens,
42:00des lettres qu'il a écrites,
42:02et ce détail-là de cette histoire, si douloureuse, si longtemps tue,
42:06vous la découvrez vraiment.
42:08Non, c'est vrai qu'être un personnage public,
42:11comme on l'est quand on est Premier ministre,
42:13ça n'a pas que des avantages,
42:15mais ça suscite des témoignages qui ont été extrêmement émouvants
42:19et qui m'ont éclairé sur mon histoire familiale,
42:21sur des volets que je ne connaissais pas.
42:24Je ne savais pas, par exemple, que mon père avait été arrêté
42:27deux fois et s'était évadé
42:30avant d'être arrêté une dernière fois en Isère,
42:34à Grenoble, pour être déporté vers Auschwitz,
42:36et tous ces témoignages étaient évidemment très émouvants.
42:40Et puis, peut-être, cette histoire,
42:42elle m'est aussi revenue à des moments
42:44où vous êtes en proie à beaucoup de critiques,
42:47comme vous le dites.
42:48C'est une fonction qui...
42:52qui n'épargne pas beaucoup,
42:54et à ce moment-là, moi, j'ai sans doute pris conscience
42:57de la force que me donne aussi cette histoire familiale,
43:00parce que quand on se dit qu'on a un père
43:03qui a survécu à la déportation,
43:05une mère qui s'est retrouvée toute seule
43:08à élever ses deux filles sans avoir de revenus,
43:10ça permet de relativiser beaucoup de choses
43:13et de petites attaques.
43:14On se dit que c'est pas grave.
43:16La retenue, la sobriété, c'est votre marque de fabrique,
43:20le storytelling, très peu pour vous,
43:22même si, encore de temps en temps,
43:24aujourd'hui, on vous trouve un peu trop corsetée,
43:27trop techno, diront certains.
43:29Vous n'avez jamais voulu faire de cette histoire
43:31une forme de récit politique.
43:33Vous êtes appelée,
43:34pour les commémorations du 80e anniversaire du Veldiv,
43:38à faire le discours pour représenter le gouvernement
43:41comme chef de l'exécutif,
43:43et là, c'est du 100 % Premier ministre
43:45et du 0 % Borne.
43:46Ca, vous l'assumez ?
43:48Oui, je l'assume, effectivement.
43:50Quand vous êtes chef de l'exécutif,
43:53comme vous dites, lors d'une commémoration,
43:55je pense que les Français sont en droit d'attendre de vous,
43:59que vous vous exprimiez à ce titre.
44:01Et pour autant, cette histoire,
44:03elle m'a aussi construite beaucoup politiquement,
44:06parce que, finalement,
44:08mon histoire, le fait que vous puissiez
44:10être fille d'un apatrite qui a été déporté,
44:14qui a survécu au camp de concentration,
44:16qui s'est suicidé d'une mère qui se retrouve sans revenu,
44:19que vous soyez pupille de la nation,
44:21et que, parce que vous avez une bourse,
44:23parce que vous intégrez une école où vous êtes rémunérée,
44:27vous puissiez devenir préfète de région,
44:29PDG d'une grande entreprise publique,
44:31ministre et Premier ministre,
44:33c'est le coeur de mon engagement politique,
44:36et c'est ce que je souhaite qu'il soit possible
44:38pour chaque jeune dans notre pays.
44:40Que la promesse républicaine soit au rendez-vous.
44:43Ce qu'on découvre aussi, c'est le puissant sexisme en politique.
44:47Emmanuel Macron préfère déjeuner avec Jean Castex,
44:50avec qui il aime partager une copieuse côte de bœuf.
44:53On vous envoie en permanence aux codes masculins,
44:56on vous scrute, on regarde vos gestes,
44:58on regarde vos tenues, en permanence,
45:00en fait, on comprend qu'il y a deux Premiers ministres,
45:03deux catégories, les hommes et les femmes.
45:06Vous voyez, ça se manifeste aussi
45:09au moment de mon départ de Matignon,
45:12où il n'y a pas un seul nom de femme
45:14qui circule pour me remplacer,
45:16et puis, où on dit, elle a tenu plus longtemps...
45:20On a coché la cage femme Premier ministre.
45:22C'est ça, voilà. Du coup, il y a deux catégories,
45:25comme vous le dites,
45:26les femmes Premiers ministres, une fois tous les 30 ans,
45:29et les vrais Premiers ministres,
45:31ceux-là, on reprend le cours normal des choses
45:34et on nomme un homme Premier ministre.
45:36La situation de notre démocratie vous inquiète,
45:39vous faites, d'ailleurs, on en a évoqué
45:41quelques-unes des propositions, la proportionnelle,
45:44la question du septéma, également.
45:46Marine Le Pen pourrait l'emporter en 2027.
45:48Vous écrivez à la fin de votre introduction,
45:51j'ai l'envie d'être prête,
45:53fin de citation. Prête à quoi ?
45:55Non, moi, je m'engagerais,
45:58enfin, de toutes mes forces,
45:59pour éviter, effectivement,
46:01que le Rassemblement national soit considéré
46:04comme une solution par une majorité
46:07de nos concitoyens.
46:08Donc, moi, je pense que ça suppose d'être à l'écoute
46:12des préoccupations qu'expriment les Françaises et les Français.
46:16J'ai, évidemment, rencontré beaucoup de nos concitoyens
46:19dans les campagnes européennes et législatives.
46:22Je suis aussi, quand je parcours le pays,
46:24à l'écoute de ces préoccupations.
46:26Je pense qu'on doit absolument veiller
46:29à apporter des réponses rapides, concrètes,
46:32face à beaucoup d'attentes,
46:33pour éviter que, par défaut,
46:35ce soit le Rassemblement national qui l'emporte.
46:38Dernière question. Pour vous situer
46:40dans un imaginaire politique, dans une filiation,
46:43de qui êtes-vous l'héritière ?
46:45Avez-vous un modèle en politique ?
46:47De Jaurès à Rocard, en passant par De Gaulle,
46:51on parle aussi d'Angela Merkel,
46:53Simone Weycki représente un guide pour vous.
46:56J'ai pas vraiment de modèle.
46:58Vous voyez, moi, je cite à plusieurs reprises
47:01Michel Rocard dans mon livre,
47:04parce que je pense que c'est un homme
47:06qui a porté des réformes à la fois de progrès,
47:08mais qui les a portées sans démagogie.
47:11Je cite aussi Lionel Jospin,
47:13parce que j'ai beaucoup admiré
47:15la façon dont il animait un collectif gouvernemental.
47:18Vous aurez compris que je crois au travail collectif.
47:21Et puis, évidemment, j'ai beaucoup de respect
47:24pour ce qui a été engagé par Emmanuel Macron,
47:27avec ce dépassement, parce que je pense
47:29que notre pays souffre beaucoup
47:31de cette alternance droite-gauche
47:33qui fait qu'on n'a pas apporté depuis des années,
47:36des décennies, des réponses à des vraies difficultés
47:39que rencontrent les Français.
47:41Merci beaucoup. Merci, Elisabeth Borne.
47:43Il faut lire ses 20 mois à Matignon,
47:45chez Flammarion, parce qu'avec la pudeur
47:48qui vous caractérise, vous en dites beaucoup
47:50sur l'exercice du pouvoir et les femmes
47:52aux premières places. Merci à vous.
47:54On termine, comme chaque soir,
47:56avec la question qui fâche, et on accueille nos chroniqueurs.
48:10Tirs croisés, ce soir,
48:11avec deux fines lames du journalisme politique
48:14qui connaissent parfaitement la gauche et les Insoumis.
48:17Antoine Oberdorf, bonsoir.
48:19Journaliste politique à L'Opinion et Adrien Matou, bonsoir.
48:23Bienvenue de Marianne.
48:25Préparez vos arguments.
48:27Voici la question qui fâche.
48:29Il y a quelques mois encore,
48:31LFI, adepte des coups médiatiques,
48:33multipliait les provocations à l'Assemblée.
48:36-"Monsieur Delangueu !
48:37...
48:39Monsieur Delangueu !
48:41Vous êtes un imposteur et un assassin."
48:44Mais depuis quelques semaines,
48:46la France insoumise semble adopter
48:48une attitude plus polissée.
48:49Le parti aurait-il troqué le brouillé et la fureur
48:52pour une posture plus modérée ?
48:54Lors de cette nouvelle législature,
48:56le groupe s'est emparé de quatre postes clés à l'Assemblée.
49:00D'abord, une vice-présidence pour Clémence Guettet.
49:03Idem, pour Nadej Abomangoli,
49:05une présidence de la Commission des finances pour Éric Coquerel
49:09et celle des affaires économiques,
49:11arrachée in extremis par Aurélie Trouvé.
49:13Depuis ses nouvelles nominations,
49:15Exit, le chahut permanent sur les bancs de l'hémicycle,
49:19Place a une attitude plus consensuelle.
49:21Illustration, la semaine dernière,
49:23lorsqu'il s'agit d'accélérer les débats.
49:25-"Ce serait bien d'essayer de faire un effort.
49:28Le NFP m'a annoncé avoir baissé de 25 %
49:30le nombre d'amendements qui lui restaient."
49:33A tel point que certains en viennent même
49:36à recadrer des élus de leur propre camp.
49:38-"Monsieur le président Coquerel,
49:40vous avez dit tout à l'heure qu'il fallait accélérer.
49:43Encore un coup, ça marche pas."
49:45-"Voyeur, sur l'amendement, s'il vous plaît."
49:47-"Il y a un débat." -"Non, sur l'amendement."
49:50-"Je ne suis pas députée La France insoumise,
49:53je préside l'Assemblée nationale
49:55et je m'applique à le faire avec le plus d'impartialité possible."
49:59-"Jean-Luc Mélenchon l'a bien compris,
50:01détenir ses postes clés a bien changé la donne."
50:04-"Ce qui compte, c'est ce que ça nous permet de faire
50:07et ce que ça nous permet d'apprendre,
50:09parce que je suis persuadé que les Insoumis exerceront le pouvoir."
50:13-"Alors, la question qui fâche, la voici.
50:15La fin du boxon, faut-il y croire ou pas ?"
50:20On commence avec vous, Antoine Oberdorf.
50:23Après le bruit et la fureur,
50:24le sérieux et le calme à l'Assemblée, vous y croyez ?
50:27-"Le sérieux en apparence,
50:29parce qu'en réalité, ça ne trompe personne.
50:31Les Insoumis se tiendront sages sur les bancs de l'Assemblée
50:34tant que Jean-Luc Mélenchon l'aura décidé.
50:37En 2017, ils étaient un tout petit effectif de 17
50:39à chahuter en permanence, à boxonner dans l'hémicycle.
50:42-"Le terme est de Jean-Luc Mélenchon lui-même."
50:45-"Aujourd'hui, ils sont 72 députés.
50:47Naturellement, la radicalité s'émousse un peu,
50:50mais il y aura nécessairement,
50:52et les Insoumis ne failliront pas à leur réputation,
50:55deux nouveaux faits d'armes,
50:56Sébastien Delogu qui brandit un drapeau palestinien...
50:59-"Le naturel reviendra."
51:01Quand vous dites que c'est Jean-Luc Mélenchon qui décide,
51:04vous avez des infos ?
51:05Il y a un changement de stratégie opéré par le grand leader ?
51:09Et le grand leader, le leader Maximo,
51:11dès la rentrée parlementaire,
51:13les journées parlementaires des Insoumis,
51:15s'est adressé à ses troupes en disant qu'il fallait
51:19qu'ils offrent un beau visage, une belle vitrine parlementaire
51:23à dessein de sa future candidature présidentielle,
51:26sa quatrième potentielle candidature présidentielle.
51:29C'est ce que font Eric Coquerel, Clémence Guété,
51:31Nadejda Boumangoli, tous ces visages
51:34de l'embourgeasement ou l'institutionnalisation
51:36de la France insoumise qu'on a au Palais-Bourbon.
51:39Mais encore une fois, si Jean-Luc Mélenchon
51:41se décide à remettre l'accélérateur
51:44sur le bouton de la radicalité,
51:47ils le feront sans hésiter.
51:49Tout ça participe d'une stratégie, pour l'heure,
51:52de Jean-Luc Mélenchon, Adrien Matoux.
51:54Justement sur ça, il y a une tendance,
51:56dans la France insoumise et dans les commentateurs,
51:59à élaborer une espèce de mythologie,
52:01comme quoi Mélenchon planifierait tout
52:04au centimètre près sur des années,
52:06et qu'il aurait théorisé d'abord une phase d'agitation,
52:09et que là, on rentrerait dans la phase du sérieux
52:11en vue de la présidentielle.
52:13Cette stratégie existe, mais il faut souligner
52:15que s'il y a un changement dans le ton,
52:18c'est avant tout parce que la stratégie précédente,
52:21celle du chahut et de l'agitation, a donné des résultats catastrophiques.
52:25Il faut voir les enquêtes d'opinion.
52:2769 % des Français estiment qu'elle est fiée
52:29et dangereuse pour la démocratie.
52:31Quand on regarde en intention de vote,
52:33Jean-Luc Mélenchon face à Marine Le Pen,
52:35c'est Marine Le Pen.
52:37On n'y est pas.
52:38C'est le mouvement politique le plus rejeté par les Français,
52:41loin devant le RN, qui était le diable de la vie politique.
52:44Certes, il y a ce nouveau ton,
52:46il y a cette volonté d'être un peu plus respectueux
52:49des normes et des institutions.
52:51Ceci dit, attention, déjà, il y a une limite,
52:53c'est celle du casting.
52:55Le casting du groupe insoumis, c'est, Antoine l'a dit,
52:58Sébastien Delogu, c'est Hercile Assoudet,
53:00c'est Thomas Porte, c'est Hugo Bernalicis,
53:03c'est Raphaël Arnault.
53:04Vous ne pouvez pas demander de devenir des députés
53:07extrêmement sérieux.
53:08La cravate, c'est impossible.
53:10Celui qui est fait porter une cravate à Raphaël Arnault
53:13n'est pas né. La première limite, c'est celle du casting.
53:16Ils sont là pour faire de l'agitation,
53:18ils ne vont pas se transformer en députés serieux d'un coup.
53:21La deuxième limite, c'est celle du fond.
53:23S'il y a peut-être une réduction du vacarme sur la forme,
53:28il y a toujours cette radicalité sur le fond
53:30et elle va toujours transparaître dans le discours des insoumis.
53:34Les gens sont attentifs au fond autant qu'à la forme
53:37et ça ne suffira pas de s'adoucir sur la forme.
53:39Si tout n'est pas contrôlé dans la stratégie de Jean-Luc Mélenchon,
53:43il y a des choses qui sont théorisées,
53:45notamment des cycles de convulsion sociale,
53:47des mouvements de radicalité
53:49où il faut aller très fort dans la contraction et dans les idées.
53:53Ca a été le cas depuis le 7 octobre 2023
53:56sur la question palestinienne.
53:58Si vous voulez,
54:00Jean-Luc Mélenchon a conscience qu'aujourd'hui,
54:02il dispose à gauche d'une forme de monopole
54:05sur la question de Gaza,
54:06de par les outrances, de par la montée en charge sémantique,
54:09le fait qu'il soit le seul à parler de génocide.
54:12Ca a été fait, c'est cranté.
54:14Les élections européennes, plus 1 million de voix
54:16pour les insoumis par rapport à 2019,
54:18il lui faut, s'il ne veut pas rester dans une culture minoritaire,
54:22essayer de se refaire.
54:23Ca veut dire quoi, se refaire ?
54:25Concentrer sur la forme, sur le fond,
54:28miser sur l'oubli ? L'oubli de quoi ?
54:30Il mise sur une forme d'amnésie des électeurs.
54:33Il se font une drôle de conception
54:35de ce qu'est, finalement, la morale petite bourgeoise.
54:38C'est-à-dire que le bourgeois qui, à deux ans de l'échéance,
54:41crie au diable en voyant Mélenchon,
54:43au moment de l'entre-deux-tours,
54:45de choisir entre Mélenchon et Le Pen,
54:47contrairement à ce que disent les sondages,
54:50ira cotiser chez Mélenchon.
54:51Il faut être qualifié au deuxième tour.
54:53Le diable a vraiment changé de camp.
54:55Le seul homme politique, à notre connaissance,
54:58qui, aujourd'hui, verrait s'exercer contre lui
55:00un front républicain, c'est Jean-Luc Mélenchon
55:03face à Marine Le Pen.
55:04Il y a une forme de déni ou d'aveuglement ?
55:07Le front républicain aurait changé de camp ?
55:09Il y aurait beaucoup d'abstentions, on peut l'imaginer,
55:12dans un duel Mélenchon-Le Pen, et ça, il ne l'a pas mesuré ?
55:16Il y a une forme de déni liée, en partie,
55:18au résultat des dernières législatives.
55:21Mélenchon et les Insoumis ne réalisent pas
55:23que le front républicain, certes, s'est produit,
55:25mais il ne s'est pas fait grâce à eux,
55:28il s'est fait malgré eux.
55:29Les gens ont fait front républicain pour éviter le RN,
55:32mais c'était plus compliqué dans une circonscription
55:35où il y avait un député Insoumis que dans une circonscription
55:38où il y avait un député PS.
55:40Mais Jean-Luc Mélenchon a toujours une forme de mépris
55:43en considérant que les électeurs de centre-gauche,
55:46les bourgeois sociaux-démocrates,
55:48ils râlaient, ils étaient de mauvaise volonté...
55:50Il n'a pas tort.
55:52Quand on voit son score à la présidentielle en 2022,
55:54c'est ce qui s'est produit.
55:56Le souci, c'est que cette stratégie peut, à la limite,
55:59je suis circonspect, parce que Mélenchon est très dégradé,
56:02il peut éventuellement arriver au deuxième tour,
56:05mais braquer un pistolet sur la tente des électeurs
56:08de toute la France, pas seulement les électeurs de gauche,
56:11en disant que c'est le fascisme, je ne suis pas sûr que ça marche.
56:14Le mot de la fin, Antoine Oberdorf.
56:16Moi, tout simplement, je veux les mettre à l'épreuve,
56:19voir combien de temps ça va durer.
56:21Je suis convaincu qu'en réalité, quand on a 72 députés,
56:24on ne peut pas avoir l'œil partout,
56:26qu'en réalité, Mélenchon donne souvent à ses troupes
56:29des règles contradictoires et que l'embourgeoisement
56:32de ses troupes, ça va très rapidement l'agacer
56:34et que l'odeur du soufre va rattraper ce groupe insoumis.
56:38Bon, vous sont assez sceptiques sur la fin du boxon à l'Assemblée.
56:42Merci beaucoup, c'était passionnant et j'espère à très vite.
56:46Avant de se quitter, sachez qu'LCP ouvre
56:48une série d'émissions spéciales USA,
56:51élections américaines, et oui, c'est dans une semaine.
56:55Vous aurez des documentaires chaque soir,
56:57des émissions spéciales de Rambobina,
56:59ça commence dès ce soir, ne ratez pas.
57:01Donc, ce rendez-vous, 20h30, 21h30, tous les soirs.
57:05Très belle soirée sur LCP. A demain.
57:07Merci, messieurs. Même mieux, même heure.
57:10SOUS-TITRAGE ST' 501

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