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La bande de "Perrine jusqu'à minuit" évoque les propos de Jean-Luc Mélenchon sur la "haine de classe".

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Transcription
00:00J'aimerais qu'on donne la parole à Christophe Barbier parce qu'effectivement la fonction publique grogne après ses propositions.
00:06Il y a le personnel soignant qui était en grève aujourd'hui pour sauver l'hôpital public et Jean-Luc Mélenchon a participé à cette mobilisation.
00:13Il a réagi à une autre proposition à laquelle le gouvernement est favorable qui est celle de supprimer un nouveau jour férié. Écoutez.
00:22Il y a une espèce de haine de classe qui s'exprime à travers cette manière de maltraiter les gens qui sont salariés.
00:30Ils considèrent que ce sont tous des profiteurs, tous des planqués. Moi, je sens quelque chose qui a un mépris pour ceux qui travaillent.
00:41Mais c'est normal parce que quand on voit la composition sociale des milieux dirigeants, on y trouve que des gens qui n'ont rien à voir
00:49avec les gens avec qui on peut parler ici. — Christophe, ce terme de « haine de classe » vous fait réagir ?
00:54— Oui, c'est très intéressant. C'est très intéressant, cette expression « haine de classe », d'abord parce que c'est le retour de Jean-Luc Mélenchon
01:00vers une stratégie de discours, une logomachie, comme on dit, où il parle de classe, alors qu'il a depuis des années plutôt travaillé
01:06horizontalement sur la mosaïque de la société, les minorités, la France nouvelle. D'un seul coup, il reverticalise les classes, les classes sociales.
01:13C'est un retour à un marxisme, si j'ose dire, classique. Mais il le fait d'une manière très intéressante. C'est qu'il dit que la haine de classe,
01:18dont son propos, c'est clair, ça va du haut vers le bas. Les classes favorisées vers les basses classes. Or, la haine de classe,
01:25dans la mythologie révolutionnaire, c'est l'inverse. C'est la constitution d'une colère féconde par le bas pour mobiliser les masses
01:33et renverser le haut. La haine de classe, dans la logomachie communiste, pour dire vite, c'était quelque chose de positif.
01:40C'est comme ça qu'on explique 1789. À un moment donné, la haine de classe a permis au peuple de renverser l'ancien régime.
01:47Et c'est comme ça qu'on en parle depuis le marxiste Leniniste. Celui qui en parle le mieux, c'est un philosophe communiste qui s'appelait
01:53Gilbert Muri, qui s'est spécialisé aussi dans l'étude des religions et qui a été aussi un turiféraire de l'Albanie, d'Enver Hoxha.
01:59Il a écrit un livre qui s'appelait « Albanie, terre de l'homme nouveau ». C'est vous dire s'il était un peu égaré quand même dans ça.
02:04Mais il a quand même une réflexion qui est intéressante. Et il écrit ceci. « La haine est née dans la classe ouvrière et chez les peuples opprimés.
02:12On peut aimer chacun pour soi, mais il faut haïr tous ensemble. » C'est-à-dire la haine de classe n'est pas, comme chez Jean-Luc Mélenchon,
02:19quelque chose qui tombe du château, mais au contraire, quelque chose qui rassemble, qui mobilise, qui chauffe à blanc un peuple et qui permet
02:26les révolutions. Donc je suis très intéressé par ce renversement dans le propos de Jean-Luc Mélenchon.
02:31– Et je pense que la une de libération de demain va vous faire réagir. Si on peut la voir, voilà, Mélenchon, c'est reparti pour un tour.
02:39– Je ne suis pas en retraite, je suis en retrait. Faites mieux. C'est ce qu'il avait dit il n'y a pas si longtemps, en 2022.
02:44Jean-Luc Mélenchon est candidat à la présidentielle. Il sera le candidat incontesté de la France insoumise.
02:50– De la France insoumise. – Il sera le candidat qui aura beaucoup de mal à trouver un rival à la pérille de la France insoumise.
02:56Je pense à Ruffin, je pense à cette gauche qui, tout en étant radicale, est hors du cercle de Mélenchon.
03:01Et je ne vois pas comment la gauche sociale-démocrate, puis il l'anime en manque de leader charismatique,
03:07arrivera à créer en deux ans un candidat ou une candidate qui pourra attirer le peuple et qui souffrait le peuple en colère
03:14mieux que ne le fait Mélenchon. Oui, il y aura une candidature de Glucksmann ou une tentative,
03:18une candidature peut-être Carole Delga, une candidature François Hollande.
03:22Ça commencera comme en 2022 où on était à touche-touche entre Anne Hidalgo et Jean-Luc Mélenchon dans les sondages de janvier.
03:28Ça s'est terminé à 1,7 pour elle et à 22 pour lui. Parce qu'à un moment donné, dans cette France des gens qui souffrent,
03:35c'est celui qui a des dents pour mordre qui attire le vote populaire. C'est celui qui dit la haine de classe qui attire le vote populaire.
03:43Et donc nous aurons un Mélenchon à 17, 18, 19, une Marine Le Pen ou un Jordan Bardella sans doute un peu au-dessus.
03:50Si le corps central, la droite républicaine, les macronistes éparpillés ont plus d'un candidat, nous aurons un second tour Le Pen-Mélenchon.
03:58— J'ai pas l'impression que Noah s'en accorde. — Non, non, non. Alors là, on est dans la politique fiction.
04:02— Tu sens Luxman porté par un puissant courant bouclier ? — Non, non, non. Non, je le sens pas. Et en fait, c'est ça le sujet.
04:08Et ce qui est intéressant dans ce qui est en train de s'opérer, c'est de revenir en fait sur des discours classistes à l'heure où la gauche,
04:14et on l'entend depuis une quinzaine d'années maintenant, avait... Enfin on l'entend, on l'entend plus justement, avait abandonné un petit peu
04:21ces questions notamment vis-à-vis des classes populaires, s'étant focalisées sur plutôt ce que je pourrais de manière très raccourcie dire,
04:28les bobos urbains, plutôt CSP+, voilà, pour les social-démocrates... — Oui, pour les social-démocrates et les minorités opprimées,
04:33la mosaïque des minorités pour la gauche radicale. — Mais là-dedans, c'est ça, l'enjeu. C'est réussir en fait à recréer un discours non pas classiste
04:40mais qui remet la question sociale au centre... — Exactement. — ...de telle sorte à retravailler en fait ce terrain qui permet une forme de convergence
04:49sur des valeurs, sur des valeurs de justice fiscale, de justice sociale, sur le service public qui est le premier patrimoine de ceux qui n'en ont pas.
04:56Souvenons-nous de cette phrase. Et clairement, là-dessus, la social-démocratie a complètement abandonné cet espace.
05:02Et est-ce qu'il n'est pas déjà trop tard, puisque c'est en 2027, voire peut-être avant, on verra, on ne sait jamais, là aussi ça peut bouger très vite ?
05:10On voit bien qu'en fait il y a nécessité de reprendre un peu ces espaces. Et là, ils l'ont tellement abandonné depuis si longtemps...
05:17— Ouh là là ! Au moins 20 ans ! — ...que c'est peut-être déjà... — ...depuis Jospin ! Donc question sociale au-dessus de la question sociétale et au-dessus de la question raciale.
05:25C'est ça, l'enjeu de la question sociale. — Et il n'est pas au-dessus ! Il faut que ce soit exactement au même niveau.
05:29— Mais la locomotive, c'est la question sociale. — Alors, j'ai juste une réponse sur un truc. — Rapidement, Arnaud.
05:32— Il y avait des calis qui avaient été faits par le Rassemblement national à l'époque pour savoir... — Des sondages qualitatifs.
05:37— Oui, des sondages qualitatifs, pardon. — Avec des échantillons de personnes. — Arrêtez de parler... Oui, c'est vrai. Voilà, il faut parler à tout le monde.
05:43Donc des échantillons qualitatifs. On a essayé de comprendre ce qui faisait venir et rester les électeurs de gauche au Rassemblement national, de savoir ce que c'était.
05:54Et donc ils avaient pensé à une époque, c'était avec un discours extrêmement social. Quand ces calis sont venus, c'est que...
05:59Et les électeurs issus de la gauche et ceux sociodémocrates, c'est-à-dire des fonctionnaires exprès qui venaient au RN, c'était pour les questions de sécurité et d'identité.

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