Grand succès pendant la crise sanitaire, le service numérique éducatif de France Télé peine à retrouver ses belles audiences d’antan. Sauf avant le brevet et le bac ! Et pourtant, Lumni regorge de contenus pédagogiques de grande qualité pour les écoliers, collégiens et lycéens.
Anne Daroux
directrice de l’unité éducation de France Télévisions
Anne Daroux
directrice de l’unité éducation de France Télévisions
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00:00Bonjour Anne Darou, il y a un programme tout nouveau dont j'aimerais que vous nous parliez,
00:04c'est la série Sexotruc, mais d'abord, je me suis rendue compte en préparant votre
00:08venue que peu de gens autour de moi connaissaient l'Umni.
00:10Et quand je leur en ai parlé, tous ceux qui sont parents m'ont dit « oh c'est génial
00:14je vais montrer ça à mes enfants ». Après 5 ans d'existence, comment expliquez-vous
00:17ce manque de notoriété ?
00:18Je crois que je l'explique parce que c'est une notoriété qui existe néanmoins mais
00:25qui est biaisée.
00:26On a eu un grand moment de gloire, si je puis dire, pendant la période du Covid, puisque
00:32pendant le premier confinement, on a rempli à plein nos missions de services publics
00:36dans la continuité pédagogique.
00:37Les cours à la maison, c'était sur l'Umni ?
00:39C'est ça, c'était les cours sur l'Umni.
00:40Mais alors du coup, les cours à la maison, c'est un peu pénible comme souvenir, et
00:44le Covid encore plus.
00:46Donc on a un peu disparu, je crois, de la mémoire des élèves et des parents.
00:52Et puis surtout, on est resté avec les cours à la maison diffusés sur France 4.
00:56Non, c'est pas que ça.
00:57Oui, voilà.
00:58En oubliant qu'initialement, on n'est pas ça d'ailleurs, on est une ressource numérique,
01:04donc une plateforme, l'Umni.fr, une application, et puis des comptes sur les réseaux sociaux.
01:09Donc là, on va recommencer à parler de nous, d'ailleurs, on a des belles bandes annonces,
01:14des renvois sur les antennes depuis quelques temps.
01:16C'est pour ça que vous êtes sur France Info, vous en parlez à la vie.
01:19Justement, parlons de ce « Sexotruc », série animée qui éveille à la vie affective
01:24et à la sexualité.
01:25C'est pour les 8-11 ans.
01:26Le titre, je suppose que c'est une référence à Barbapapa, Barbatruc ?
01:29C'est ça, Sexotruc.
01:30C'est plutôt sympa, ça rappelle pas mal de souvenirs.
01:33Alors ce sont de très courts épisodes, 3 minutes, par exemple sur l'égalité fille-garçon,
01:37l'hygiène intime, l'inceste, les sentiments amoureux, ou encore, et on va écouter un
01:41extrait, le sexe masculin.
01:42Dans les vestiaires au sport, quand mes potes se mettent tous nus pour prendre la douche,
01:46je vois que mon pénis, il n'est pas pareil que celui des autres.
01:49J'ai peur qu'on se moque de moi, alors je me cache.
01:52Tu as 16 ans, Dia.
01:54Et pendant cette période, les garçons ont tendance à regarder leur sexe à la loupe,
01:58à le mesurer, à le comparer à celui des copains, et du coup, à se fabriquer des
02:03complexes qui n'ont aucune raison d'être.
02:06En fait, chaque sexe est unique.
02:08Il existe toutes sortes de tailles, de couleurs, de grains de peau, de poils ou pas, de formes,
02:14de types de testicules.
02:15Et l'apparence n'a pas la moindre importance.
02:18Ce qui compte, c'est d'avoir un sexe qui fonctionne comme il faut, et d'être à l'aise
02:22dans son slip.
02:23C'est en plus sous le ton de l'humour, c'est très très chouette.
02:26Comment avez-vous pensé cette série ? De quels constats êtes-vous parties, Anne Darou ?
02:30En fait, on est partis de plusieurs constats.
02:33C'est des raisons un peu multifactorielles.
02:35La première raison, c'est qu'on avait déjà travaillé avec des auteurs remarquables sur
02:41une série qui s'appelle toujours d'ailleurs Andico, avec Pauline Brunner, avec Maxine
02:48Baudet, et on avait Virginie Baudat.
02:50Et on avait envie de travailler, en tout cas de produire et de diffuser une ressource autour
02:55de l'éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité, parce que ce n'est pas
03:02seulement de l'éducation à la sexualité.
03:04On avait déjà une série pour les plus grands, pour les lycéens, Sexo-Tuto.
03:09Et vraiment, on avait envie de faire ce pont.
03:11D'abord, pour servir différents objectifs.
03:16Le premier, c'est quand même une série qui ne met pas seulement en garde ou qui ne viendrait
03:21pas seulement sensibiliser ou protéger les enfants contre les violences et contre l'accès
03:25à la pornographie, qui est absolument terrible.
03:27Mais c'est surtout aussi une série, on vient de l'entendre aussi, sur le bien-vivre-ensemble.
03:32Une série qui doit permettre aux enfants de bien se connaître, d'être plus libres,
03:39de trouver leur place dans la société et de travailler plein d'autres compétences.
03:43– Vous n'avez pas peur que certains parents soient choqués d'entendre ça ?
03:46Ils n'aient pas envie que leurs enfants entendent ce genre de choses ?
03:49– Peur, je ne sais pas si j'ai peur.
03:52Je crois que je me doute bien, parce qu'on a déjà eu un certain nombre de réactions
03:57justement concernant la série Sexo-Tuto de parents.
04:01Mais bien sûr, je le comprends en fait.
04:04Parce qu'on est des parents différents, certains avec plus ou moins de pudeur,
04:09certains avec plus ou moins de difficultés à envisager,
04:13d'aborder ces sujets-là avec les enfants.
04:16Mais justement, je dirais que pour tous les parents qui n'osent pas,
04:20ou en tout cas qui ont des vraies difficultés,
04:23les épisodes de Sexo-Trucs sont là pour les aider et pour les soutenir.
04:26– Ça se substitue à ce que pourraient raconter les parents à leurs enfants ?
04:30– Oui, j'ose le dire, en tout cas, c'est l'ambition qu'on a nourrie.
04:37Ça se substitue, ça trouve les mots justes.
04:40Vraiment, d'abord parce qu'il y a eu un comité scientifique qui a travaillé le sujet.
04:45Ce n'est pas nous à la direction, à l'unité éduque, on n'est pas suffisamment experts.
04:50Mais je pense que ça peut en tout cas avoir ce bénéfice-là.
04:55Permettre aux enfants de bien se connaître, c'est surtout bien grandir.
05:00– Et ça, ça pourrait se décliner pour les moins de 8 ans ?
05:02– Oui, c'est une bonne question parce qu'on y pense justement.
05:06On a envie d'aller vers une série 5, 5-7, 5-7 ans.
05:11Peut-être encore un tout petit peu plus vaste que ces sujets-là.
05:16On aborderait aussi les soucis malheureusement de santé mentale
05:21parce qu'on sait avec les derniers bilans, les dernières études,
05:25que les plus petits sont impactés.
05:28Et puis nous sommes surtout, enfin nous, on a une conviction assez forte
05:32de se dire que protéger, c'est quand même s'éduquer.
05:37Et s'éduquer dès le plus jeune âge.
05:39On le voit bien avec toutes les dérives, les adolescents qui sont mal,
05:45qui vivent une sexualité terrible.
05:48Moi j'ai lu tous les bilans, c'était pas une sinecure, c'était assez glaçant.
05:53Mais c'est absolument terrible ce qu'on peut vivre ou ressentir
05:58quand on n'a pas été éduqué ou en tout cas quand on n'a pas compris
06:03ce qui nous arrivait à la puberté, quand on est amoureux.
06:07Parce qu'il y a aussi de jolis sujets.
06:09Sur l'UMI, on peut aussi réviser chaque matière scolaire en fonction de sa classe.
06:14Il y a des méthodes de travail.
06:16Quels sont les chiffres de fréquentation de la plateforme ?
06:18En moyenne par mois, on a 1,3 million de visiteurs.
06:24On monte jusqu'à 1,8 million de visites.
06:27C'était combien pendant le Covid à titre de comparaison ?
06:30C'était bien plus que ça, on était à plus de 2 millions,
06:35enfin même plus, mais on avait surtout l'audience antenne,
06:39qui du coup captait toute l'attention.
06:44Vous savez qui va sur l'UMI ?
06:46Est-ce que ce sont des enfants avec leurs parents à la maison ou alors des enseignants ?
06:50Alors on a les deux.
06:52On a des enfants qui vont sur l'UMI avec leurs parents,
06:55évidemment les plus jeunes, maternelles, primaires,
06:58qui sont assez bien accompagnés.
07:01Ensuite, là on le voit, mais ça c'est l'effet aussi justement Covid dont je parlais tout à l'heure,
07:06c'est que les collégiens d'aujourd'hui, qui étaient les écoliers il y a 4 ans, 5 ans,
07:12sont aujourd'hui notre audience principale.
07:15Donc ils sont là, ils ont été fidélisés,
07:17donc ça c'est plutôt chouette parce qu'on se dit qu'on est utile.
07:20Et puis il y a évidemment les lycéens, les professeurs peuvent y aller.
07:24Là ils ont un accès, alors c'est un peu compliqué, mais pas tant que ça,
07:27mais ils ont un accès sécurisé.
07:30Et là c'est une partie de la plateforme qui est gérée par notre partenaire Lina.
07:36Mais qu'est-ce qui marche le mieux sur l'UMI ?
07:38Alors ce qui marche le mieux, ça va être dans les vidéos,
07:42tout ce qui touche quand même à l'histoire, au sujet d'histoire, géographie.
07:48On a évidemment des séries emblématiques comme la Grande Explication.
07:53On va en fait toucher tout ce qui relève des enseignements fondamentaux,
07:59c'est ce qui fonctionne le mieux.
08:01Évidemment, savoir écrire, compter, lire, c'est primordial.
08:06Donc ça, ça fonctionne très bien.
08:08On voit depuis l'éducation aux médias aussi, évidemment,
08:11puisqu'on a tout un pan aussi de production autour de l'éducation aux médias,
08:15parce qu'on voit combien c'est essentiel d'éduquer aussi contre les fake news.
08:20Et puis, tout le pan révision.
08:23Au moment du bac, il y a un pic.
08:26Ah non, mais ils sont coquins, ils sont assez super.
08:28On a des audiences merveilleuses, au moment, avant le brevet des collèges et avant le bac.
08:33Et là, on est heureux comme tout, on aimerait que la période dure et dure et dure,
08:37parce qu'ils viennent tous pour réviser.
08:39On a des dossiers de révision complets, on a des dossiers sur Parcoursup,
08:42on fait des quiz qui surperforment.
08:45Voilà, tous les jeunes viennent tester un peu leurs connaissances.
08:47Vous avez parlé d'histoire, Anne Darou.
08:49Alors justement, on peut regarder sur Lummi des extraits de notre histoire de France,
08:53la série documentaire racontée par Tomer Sisley,
08:55qui vient de passer sur France 2 et qui a très bien marché.
08:58Tomer retrace des grands moments historiques.
09:01C'est, me semble-t-il, la première fois que vous utilisez,
09:04vous reprenez un programme télé sur Lummi ?
09:06Alors, c'est la première fois, non.
09:09En fait, on le fait déjà très fréquemment avec des documentaires ou d'autres fictions,
09:15puisqu'on a une clause éducative qui nous permet d'utiliser des extraits
09:21de toutes les productions de France Télévisions.
09:23Là, effectivement, on l'a un petit peu plus accompagné,
09:26on l'a un peu plus marketé.
09:28On y a rajouté des quiz spécifiques sur chacun des personnages historiques
09:34qui sont évoqués dans la série.
09:36Et puis, on utilise ces extraits et on les recontextualise aussi
09:41pour coller à un point précis du programme scolaire.
09:44Alors, on l'a fait sur notre histoire de France.
09:46On le fera sur d'autres productions.
09:48Voilà, c'était ma projection.
09:50Sur Anne Franck, qui va bientôt arriver aussi en documentaire.
09:55Et puis, surtout, on le fait beaucoup sur les séries d'animation,
09:59puisque moi, on est la direction de l'éducation,
10:03elle fait partie de la direction de l'animation et jeunesse, éducation.
10:07Et donc, on fait des ponts éditoriaux entre les séries d'animation.
10:11Et nous, le dernier en date, c'est La Petite Casbah,
10:14qui est un très, très beau programme d'animation,
10:17pour lequel on crée des modules spécifiques autour de l'histoire
10:22des différentes communautés en Algérie, en 1955,
10:25pour montrer aux enfants combien il est facile de vivre ensemble,
10:29sereinement et avec beaucoup de joie.
10:31Voilà, je suis ravie d'avoir pu mettre en lumière
10:33cette belle plateforme qu'est Lummi.
10:35Merci d'être venue, Anne Darousse.
10:37Merci beaucoup. Au revoir.