En première ligne pour venir en aide aux exilés dans le Nord de la France, les humanitaires peinent face à l’ampleur de la tâche. Au moins 56 personnes sont mortes en tentant de traverser la Manche entre janvier et septembre 2024. Un record depuis le début des passages sur des bateaux de fortune en 2018.
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00:00Ce canot en flammes est tout ce qu'il reste d'une tentative de traversée de la Manche vers l'Angleterre,
00:06empêchée par les forces de l'ordre.
00:09Là-bas de l'autre côté, il y a aussi un lanceur de palais, de Lacrymo.
00:15Il est 6h du matin, Thomas Chambon, coordinateur de l'association Utopia 56, fait sa maraude.
00:22Son rôle est de porter secours aux migrants qui en auraient besoin.
00:26Le bateau est déjà bien brûlé, il y a un vêtement qui est trempé juste à côté,
00:31donc il y a des personnes qui étaient en train d'essayer de monter sur un bateau qui se sont fait gazer.
00:356 palais de grenades lacrymogènes sont retrouvés dans le canot, une quinzaine sont dispersées autour.
00:41Ce n'est pas en mettant le feu à un canot, en gazant depuis plus haut, qu'on sauve des vies.
00:55Personne n'est noyé.
00:57Est-ce que vos collègues ont tiré au gaz lacrymogène sur l'embarquation ?
01:00Personne n'est noyé, voilà.
01:02Assurez la sécurité des personnes.
01:08Les associatifs tentent depuis des années d'atténuer la précarité des candidats à l'exil vers l'Angleterre.
01:15Les conditions de vie des migrants sont précaires, les campements sont régulièrement évacués
01:21et les traversées clandestines restent dangereuses.
01:25Je pense que les NGOs jouent un rôle important avec les réfugiés.
01:35Et je ne peux pas imaginer sans les NGOs comment ces gens peuvent agir.
01:41Parce que c'est vraiment eux qui les aident à sauver la vie.
01:45Entre janvier et octobre 2024, au moins 60 personnes sont mortes en tentant de traverser la Manche.
01:52Un record depuis le début des traversées sur des bateaux de fortune, en 2018.
01:57On voit de plus en plus de décès, des enfants, des femmes, des hommes, une femme enceinte il y a trois semaines.
02:04En effet, c'est particulièrement difficile.
02:06Après, ça ne nous enlève pas cette volonté d'aller à l'exil.
02:09Mais après, il y a forcément cette forme d'impuissance qui pèse sur le long terme.
02:14Nikolai Posner a démissionné d'Utopia 56 il y a trois mois pour prendre du recul face aux souffrances dont il est témoin.
02:21Car leur impact peut être lourd sur la santé mentale.
02:25Face aux difficultés des humanitaires, certaines associations s'organisent.
02:29L'ONG Médecins Sans Frontières propose plus d'un million d'euros par année.
02:33Face aux difficultés des humanitaires, certaines associations s'organisent.
02:37L'ONG Médecins Sans Frontières propose par exemple un suivi psychologique pour ses membres.
02:42On peut avoir du stress post-traumatique secondaire, ce qu'on appelle le trauma vicarien.
02:47C'est le vécu de vos bénéficiaires, de vos patients.
02:52Vous le ressentez après comme le vôtre, parce que vous n'entendez que ça tous les jours.
02:55Tous les jours, des viols, des assassinats, de la torture.
03:00Vous sentez ça malheureusement.
03:03Il y a aussi bien sûr tout type de dépression, d'anxiété.
03:07En plus des traumatismes, le sentiment d'insuffisance pèse.
03:12C'est toujours un choc, un naufrage.
03:15Et plus les nombres sont conséquents et plus on est bouleversé.
03:19On est bouleversé et en colère également de voir qu'en fait ces drames se répètent.
03:27Et ont vocation malheureusement à se répéter.
03:30Et que malgré tout, les choses ne sont pas mises en place pour éviter que ces drames se répètent.
03:37Dans une tribune parue dans le journal Le Monde en septembre,
03:40plusieurs organisations ont dénoncé la politique migratoire de la France et du Royaume-Uni,
03:45appelant l'État à mieux prendre en charge les migrants.
03:50La préfecture du Pas-de-Calais se défend et souligne son action auprès des exilés,
03:55notamment via des associations spécialement mandatées par l'État.
03:58On est complet dans ce qu'on peut apporter comme réponse.
04:03Lorsque les personnes sont mises à l'abri,
04:05elles ont une information au droit pour éventuellement se stabiliser en France.
04:11Elles peuvent être accompagnées par des psychologues.
04:13Elles peuvent également faire leur machine.
04:15Elles ont des repas.
04:16Elles peuvent souffler dans un abri en dur.
04:20Toutes les réponses de première nécessité aujourd'hui sont couvertes par le dispositif mis en place par l'État.
04:27Mais ces solutions ne sont que temporaires.
04:32Et pour cause, la plupart des bénéficiaires cherchent avant tout à partir pour gagner le Royaume-Uni.
04:38Ils ont fait des centaines voire des milliers de kilomètres
04:41et eux voient seulement la trentaine de kilomètres qui les séparent de l'Angleterre.
04:46Donc ils entendent ça. Pour eux, c'est un rêve.
04:48On ne peut pas tenir les migrants et les forcer à rester surcalés.
04:51Chaque personne est libre de faire les choix qu'elle veut dans sa vie.
04:55Donc on ne peut pas les empêcher.
04:57Depuis le début de l'année 2024,
05:00plus de 25 000 personnes ont traversé illégalement la Manche à bord de bateaux de fortune,
05:04estiment les autorités britanniques.