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Amusant
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00:00Lui, on vient de l'entendre, fredonner et se trémousser, chantant Chekitov, un des
00:04moments peut-être les plus gênants de l'histoire de cette émission, en 2016, cet amoureux
00:08du cinéma regardait en boucle le remake américain de la comédie-culte d'Yves Robert, Un Elephant,
00:13ça trempe énormément, vanne qu'il a mise dans ma bouche, sans me consulter, dont je
00:16lui laisse porter toute la responsabilité, mais par encunier, je l'accueille malgré
00:20tout dans ce studio, Thomas Croisière, 2016 au cinéma, c'était comment ?
00:242016, et pour les salles obscures comme pour les vins blancs de Bordeaux, un mauvais millésime,
00:31Captain America Civil War, 13ème film du Marvel Cinematic Universe, est premier de
00:36la phase 3, alors que je ne savais même pas qu'il y avait eu une phase 1, et encore
00:39moins 2, règne sur le box-office mondial, tandis que Vayana, où la mer touche le ciel
00:45et m'appelle, cache un trésor, que tous ignorent, avec moi, c'est le vent doucement
00:55qui se lève et me révèle, le bleu de l'eau, domine les entrées France, une France qui
01:03avec Rogue One, Zootopia ou encore Deadpool, est sous totale domination américaine, en
01:082016, ne figure dans notre top 10 national, qu'un seul film français, qui comble de l'ironie
01:13à pour sous-titre, le rêve américain, il s'agit de L'étuche de putain, envie de crever,
01:23heureusement, un irréductible gaulois, résiste encore et toujours à l'envahisseur, Bertrand
01:28Tavernier, Bertrand, qui contrairement à ce que peut laisser penser, son nom n'est
01:32pas aubergiste, mais un auteur-réalisateur, 5 fois césarisé, et un formidable passeur
01:37de cinéma, en 2016, avec Voyages à travers le cinéma français, il nous embarque pour
01:41une croisière de 3 heures, au milieu de sa cinéphilie, et ça s'ouvre par cette réplique
01:46de Louis Jouvet, 582 extraits tirés de 94 films, pour une évocation de 4 décennies
01:54de cinéma, qui débute et se conclue par les deux personnalités, à qui ce film est
01:58initialement dédié, sauté et Becker, Becker est pour moi le cinéaste de la décence ordinaire,
02:05cette notion si chère à George Orwell, qui implique une pratique ordinaire de l'entraide,
02:11de la confiance mutuelle, des liens sociaux minimaux, mais fondamentaux.
02:16Alors, il ne parle pas de Boris, un triple vainqueur de Wimbledon, mais de Jacques, réalisateur
02:21de Casques d'or, Touchez pas au Grisby, ou Le Trou, et c'est là toute la puissance
02:24de cette somme documentaire, c'est qu'elle donne envie de revoir tellement de films,
02:28et il n'y a que Tavernier pour raconter.
02:30J'ai beaucoup parlé de Renoir, avec Jean Gabin.
02:33Alors, il ne parle pas de Candice Renoir, l'héroïne de Fiction de France 2, mais
02:36de Jean, réalisateur entre autres de La Bête Humaine, ou La Grande Illusion, avec Gabin
02:40qui lui dit donc.
02:41Tavernier, je vais vous dire un truc, moi, mon métier, je l'ai appris avec Renoir
02:46et Duvivier.
02:47Renoir, il m'a appris tout sur le jeu, Duvivier, il m'a tout appris sur comment jouer avec
02:54la caméra.
02:55On y entend sur le tournage de l'aîné des Ferchauts, Belmondo, s'engueuler avec
02:59son réalisateur, Jean-Pierre Melville.
03:00J'en ai marre, monsieur Melville, marre et jusque là, j'en ai ras le bol, parce que
03:05moi, je ne suis pas un digneur, ça fait une semaine que j'attends, hier, j'attendais
03:09de 8h jusqu'à 11h, je suis passé, j'étais dans ta baignoire.
03:13Martin Scorsese, qui en 1995 sortait un voyage avec Martin Scorsese à travers le cinéma
03:18américain, dit du travail du français, vous êtes persuadé de connaître tout ça par
03:22cœur, et arrive Tavernier, nous révélant la beauté pure.
03:26C'est de toute beauté ! Dans son générique de fin, Tata va annoncer
03:29et bientôt, Claude Autant-Lara, Christian Jacques, Henri-Georges Clouseau, Sacha Guitry
03:33et 2 ans plus tard, France 5 diffusa la série documentaire Voyage au pluriel à travers
03:38le cinéma français.
03:397 heures d'orgasme cinéphile, une durée qui peut faire peur, mais après tout, ce
03:43n'est guère plus que celle d'une saison de série Netflix, que vous aurez aussi vite
03:46oublié que visionné, à la différence de ce mémorable voyage.
03:50Vive le cinéma ! Par Bertrand Tavernier.

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