Mathieu Bock-Côté propose un décryptage de l’actualité des deux côtés de l’Atlantique dans #FaceABockCote
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00:00Quasiment 19h sur l'antenne de CNews, bienvenue d'en face, à boc côté, bonjour chère Mathieu, c'est un plaisir d'être avec vous pour cette émission.
00:09Arthur de Vatrigon est également avec nous, bonsoir chère Arthur.
00:12On va entrer dans le vif du sujet d'ici quelques instants, d'abord l'occasion de faire un point sur l'actualité à cette heure avec vous Isabelle Piboulot, bonsoir chère Isabelle.
00:20Bonsoir Thomas, bonsoir à tous.
00:22Roman Suézère encore endeuillé, la maire de la commune a réagi sur X, Nicolas n'est plus à 22 ans, il a été victime d'une fusillade jeudi devant une boîte de nuit à Saint-Péret en Ardèche, probablement liée au trafic de stupéfiants.
00:36Le tireur présumé a pris la fuite, deux autres personnes ont été blessées.
00:40Nicolas, lui, faisait partie du club de rugby dans lequel était inscrit le jeune Thomas tué l'an dernier lors d'un bal à Crépole.
00:47La banlieue lyonnaise emploie des violences urbaines, des renforts vont être déployés ce soir aux côtés de la police municipale, des CRS, la BAC, une brigade canine.
00:56Trois personnes ont été interpellées hier soir à Saint-Fonce après une série d'incidents également à Rieux-la-Pape.
01:02Deux soirs de suite, des jeunes ont incendié des voitures, des bus et des poubelles en prenant à partie les forces de l'ordre.
01:09Et puis c'est une première au Royaume-Uni, une femme d'origine nigériane élue à la tête du parti conservateur britannique.
01:16Kemi Beidnok prend la tête des Tories après avoir obtenu 57% des suffrages.
01:22Elle succède donc à Rishi Sunak, cet ingénieur de formation âgé de 44 ans et considéré comme anti-UOC et partisan d'une politique stricte en matière d'immigration.
01:34Merci beaucoup, chère Isabelle. Au programme ce soir, Poitiers est dans l'actualité cette semaine.
01:40La ville, théâtre d'une fusillade, illustre le narcotrafic qui gagne du terrain et qui touche désormais des villes jusque-là épargnées.
01:46Poitiers, ville dont le nom nous plonge dans l'histoire de France, la mémoire justement au cœur des débats cette semaine au gré des discours d'Emmanuel Macron.
01:56Et puis, à quelques jours du scrutin, on parlera ce soir de la droite américaine.
02:01Souvent caricaturée, voire moquée, vous nous montrerez Mathieu, au contraire que la pensée de droite aux Etats-Unis s'appuie sur des travaux de qualité.
02:09On se posera aussi la question, est-ce que la droite française devrait s'en inspirer ?
02:13Et puis la politique américaine, ce sera aussi un thème que vous aborderez avec votre invité ce soir, cher Mathieu.
02:20Essayiste, financier, il est l'auteur de « Cessez de vous faire avoir », ce sera à 19h30.
02:28On commence donc avec Poitiers. Poitiers, une ville qui a une forte charge symbolique dans l'histoire de la France, de l'Europe, on sait pourquoi.
02:35On l'a aussi vu cette semaine se charger d'un symbole nouveau en devenant le théâtre d'un affrontement des gangs dans la guerre de la drogue.
02:42Mais ces événements, selon vous Mathieu, dépassent cette seule guerre et tel sera le sujet de votre premier édito ce soir.
02:48Oui, vous avez raison de mentionner le symbole que représente Poitiers dans l'histoire de l'Europe.
02:53Il fut un temps en fait où c'était le lieu qui avait stoppé, dans la mémoire collective, le lieu qui avait stoppé l'invasion,
02:59le lieu où finalement les armées de l'islam avaient été stoppées et où l'Europe s'était presque constituée dans cette bataille,
03:07dans la conscience autrefois d'un ennemi civilisationnel. On ne présente plus des choses comme ça aujourd'hui.
03:13Je pense même que certains historiens parleraient de Poitiers de manière triste en disant « dommage que ça n'ait pas été jusqu'au bout, ça aurait pu donner une autre Europe ».
03:19Mais quoi qu'il en soit, c'est une ville qui a une forte symbolique dans l'histoire de la civilisation européenne.
03:24Je suis attaché au symbole. Alors voir que cette ville aujourd'hui est effectivement le théâtre de cette guerre des gangs,
03:31de cette guerre des gangs au cœur de la guerre de la drogue, nous en dit beaucoup sur ce que la France est devenue, sur ce que l'Europe devient.
03:38Alors je ne reviens pas sur le détail des affrontements dont on a beaucoup parlé depuis quelques heures, quelques jours,
03:44mais je reviens sur l'élément central. Pour que des gangs s'affrontent ainsi, aussi ouvertement, aussi violemment,
03:52cela présuppose qu'un acteur a disparu du paysage et c'est l'État français, c'est la souveraineté française.
03:59Une telle guerre des gangs n'est possible que lorsque la France elle-même a été chassée de chez elle.
04:06Cela nous fait penser un peu, rappelez-vous, c'était en 2019, si je ne me trompe pas, ou 2020 à Dijon,
04:11un affrontement entre différents gangs, de mémoire aussi maghrébins et tchétchènes, et leur conflit s'était réglé à la mosquée.
04:19C'était réglé à la mosquée, donc la nouvelle autorité capable de réconcilier les populations, les gangs à ce moment, c'était la mosquée.
04:27Alors dans les circonstances, opération très vive de l'État pour reprendre le terrain occupé par ces gangs dans le cadre de la guerre de la drogue,
04:35mais c'est une opération quasiment militaire. Il faut comprendre, on n'est pas devant une opération de police classique pour rétablir l'ordre dans un quartier déstabilisé.
04:43Lorsque les forces de l'ordre plus largement interviennent, les CRS, c'est une opération quasi-militaire de reconquête temporaire du territoire national.
04:52Qu'est-ce qu'on voit à Poitiers, mais qu'est-ce qu'on voit de plus en plus sur le territoire national ?
04:57Des rixes, des expéditions punitives, des raids et des contre-raids, des assassinats et des contre-assassinats.
05:03Autrement dit, c'est une forme d'implosion non seulement du lien social, mais de l'existence même de la société.
05:09Ce que reconnaît Bruno Retailleau en parlant de mini-État dans l'État, le narcotrafic constitue tout autant de petites citadelles qui se définissent à la fois dans une logique de résistance à l'État,
05:22mais aussi dans une logique de conquête. Sur ce territoire, désormais, c'est notre pouvoir qui s'applique et l'État n'est désormais plus le bienvenu.
05:29Alors, on parle de guerre de la drogue, mais je pense qu'on doit situer la guerre de la drogue dans une logique plus vaste qui est une logique de conquête.
05:36Avec des guillemets, je prends la peine de le dire, mais c'est important cette logique de conquête qui est multiforme et qui est, je pense, l'actualité profonde,
05:45la trame de fond de l'actualité française et européenne ces dernières années et pour les prochaines années surtout.
05:51Donc, guerre de la drogue d'abord. Qu'est-ce qu'on voit ? Une armée véritablement équipée, des armées équipées pour la guerre civile et avec, je dirais, le droit de tirer.
06:01La plus grande prudence, c'est normalement celle des gendarmes, des CRS, des forces de l'ordre. Quand on est avec ces gangs, on n'est pas devant la prudence.
06:09On tire d'abord et on questionne ensuite. Donc, c'est une violence et souvent, je pense qu'on doit le dire, on utilise beaucoup les enfants.
06:16Notez, il y a beaucoup de mineurs qui sont mobilisés là-dedans. Mais les enfants soldats, ce n'est plus seulement vrai en Afrique aujourd'hui.
06:21Les enfants soldats, c'est vrai aussi en Europe. C'est une utilisation des enfants pour contourner le droit et on les utilise dans une logique.
06:29Véritablement, on contourne le droit et on dit la plus grande violence sera permise et l'État sera paralysé. Donc, guerre de la drogue.
06:35Mais il faut aller au-delà de la guerre de la drogue. La violence qui pèse sur les Français, ce sentiment d'être victime en fait d'une forme de conquête,
06:45prend d'autres visages. Vous avez parlé de Crépole il y a un instant. Eh bien, il faut se souvenir des bandes de la bordurette de Crépole,
06:52de la rasia de Crépole. C'était l'an passé si je ne me trompe pas. Rappelez-vous cette formule que les autorités n'ont pas voulu retenir.
06:59Mais on voulait aller planter du blanc. On voulait aller planter du blanc. Les autorités ont décidé que ça ne comptait pas finalement dans la manière
07:06de caractériser les événements. Mais il y avait une dimension d'hostilité raciale déclarée dans une telle formule.
07:13Je note qu'il y a eu un nouveau jeune de Crépole qui est passé. Donc autrement dit, Thomas n'est pas le seul. Il y en a un autre encore aujourd'hui.
07:19Les morts s'accumulent. La délinquance au quotidien. Donc ça, je parlais des bandes qui peuvent lancer des raids. La délinquance au quotidien,
07:27délinquance qui va dans sa forme, on pourrait dire soft, mineure. C'est simplement l'agressivité au quotidien qu'on peut ressentir dans les transports en commun,
07:34dans la rue, dans certaines villes et dans sa forme extrême. Eh bien, c'est le sort de Philippines. C'est le sort de Philippines par une...
07:41On s'en souvient, cette jeune femme violée, massacrée par un OQTF qui, par ailleurs, quand il tentait de la ramener en France, au début, il n'était pas d'accord.
07:49Ensuite, il l'a été, apparemment, de le remercier. Mais quittons même la violence la plus nette et parlons simplement, je dirais, d'une forme de conquête non violente.
07:58L'occupation culturelle. L'occupation culturelle quand les normes françaises sont effacées, quand on entre sur un territoire et qu'on ne se sent plus en France.
08:06On sent qu'on est dans un pays qui s'appelle juridiquement France, mais qui est devenu autre chose. Alors, évidemment, je ne dis pas que tous ces phénomènes sont équivalents,
08:14qu'on se comprenne bien. Il faut avoir l'esprit de mesure. Mais je dis qu'on se retrouve quelques fois dans des territoires qui, juridiquement, sont encore la France,
08:20mais culturellement et civilisationnellement ne le sont plus. Et à travers ça, n'oublions pas l'existence de forces qui coopèrent, de manière un peu étonnante,
08:29en la gauche radicale, la gauche décolonisatrice, la gauche décoloniale, postcoloniale, qui accueille cette violence à la manière d'une violence rédemptrice,
08:38pour dire les Européens ont tellement péché qu'ils doivent aujourd'hui subir ce qu'ils ont fait subir autrefois. Alors, on se comprenne bien.
08:46Quand je présente tout ça, je ne dis pas qu'il y a une coordination de ces phénomènes. Je ne dis pas qu'il y a je ne sais quelle instance qui piloterait quelques conquêtes.
08:53Je dis qu'à l'échelle de l'histoire, si on regarde ça à bonne hauteur, nous sommes devant une poussée historique d'un monde qui rentre en conflit avec un autre.
09:02Et dans ce conflit, ça engendre des différentes formes de violences, des violences les plus extrêmes comme les violences du quotidien.
09:09Et tout ça, évidemment, indissociable des vagues migratoires qui s'abattent sur l'Europe, qui s'abattent sur la France et qui nous font penser aux conditions qui ont mené à la chute de Rome.
09:19Alors, on connaît la formule de Toynbee. L'histoire se remet en mouvement. L'histoire s'est remise en mouvement.
09:25« History is again on the move », c'est la formule de Toynbee. Et devant cela, les Européens, pétrifiés dans une conception complètement paralysante et déphasée de l'état de droit,
09:34sont tout simplement incapables de réagir, de répondre, parce qu'ils ne voient pas les civilisations qui entrent en conflit les unes avec les autres, non plus que leurs chocs.
09:42Elles ne voient que des individus. Elles ne voient que des individus juridiquement protégés par le droit. Elles se paralysent, dis-je donc, quand vient le temps de défendre l'intérêt commun, l'intérêt général, le bien commun.
09:52Vous avez évoqué Crépole. Ces événements qui sont revenus dans l'actualité, on l'a vu ces dernières heures, mais aussi cette semaine. De quelle manière ?
09:58Alors, c'est absolument tragique, en fait. Crépole, on s'en souvient. Je le redis, raide dans une fête de village. À la fin, raide avec l'intention de planter du blanc.
10:07Et qu'est-ce qu'on voit à travers ça ? Eh bien, la mort de Thomas. C'est tragique. Et là, on attend. Les tribunaux prennent leur temps.
10:14Mais qu'est-ce qu'on apprend cette semaine ? Ça nous est raconté par Boulevard Voltaire. Eh bien, des gens qui, à ce moment-là, sont en colère.
10:20Des gens sont en colère. Le commun des mortels qui commande, qui tweet, qui fait un commentaire sur les réseaux sociaux et qui exprime sa colère.
10:26Quelquefois, vous savez, tous n'ont pas l'habitude des propos à m'y donner. Il existe une telle chose qu'une parole de comptoir, une parole de bistrot, une parole en colère.
10:34Et les réseaux sociaux favorisent son expression. Et qu'est-ce qu'on a vu ? Eh bien, plusieurs personnes ont fait un lien entre Crépole et l'immigration.
10:40Et ils l'ont fait de manière, quelquefois, certains diront brutale, d'autres diront décomplexée.
10:45Quoi qu'il en soit, ces personnes qui ont exprimé leur colère devant l'assassinat de Thomas, eh bien, qu'est-ce qu'elles sont ? Elles sont poursuivies devant les tribunaux.
10:54Pour des propos, par exemple, l'un d'entre eux s'est raconté par Boulevard Voltaire. Un des tweets a toujours le même profil.
11:00Suédois de bonne famille, par exemple. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est cette personne.
11:04Mais pour un tel propos, qui est moqueur, qui est deuxième degré, eh bien, poursuites devant les tribunaux.
11:10Et au nom, avec cette idée qu'il y aura un sous-entendu raciste dans un tel propos.
11:15La notion de sous-entendu est terrifiante ici. Ça donne au procureur, ça donne à l'inquisiteur le droit de dire, je ne vous jugerai pas sur ce que vous avez dit,
11:24mais sur ce que je crois être le sens de ce que vous avez dit, même si vous ne l'avez pas dit.
11:28C'est de la justice soviétique. Et on s'inquiète souvent de la surcharge des tribunaux, de la surcharge des administrations en France.
11:36Il faut comprendre que là, dans un pays qui est dans une situation quelquefois d'extrême violence, une partie des tribunaux, des ressources de l'État,
11:43financières, juridiques, administratives, sont mises au service, dans les faits, d'une lutte contre la liberté d'expression,
11:50contre la possibilité pour le commun et mortel, s'ils le croient, s'ils ne le croient pas c'est autre chose,
11:55mais s'ils le croient, de faire un lien entre immigration et insécurité, un dispositif s'est mis en place pour persécuter ceux qui veulent nommer,
12:04ceux qu'ils croient être, cette réalité.
12:07Donc, pendant que la répression des coupables de Crépole tarde, la répression de ceux qui s'indignent de Crépole, elle, est au rendez-vous.
12:14De la même manière, ça me fait penser à ce qui s'est passé au Royaume-Uni cet été. Gardez-le à l'esprit.
12:19Des émeutes anti-immigration, on a vu cette semaine d'ailleurs, soit dit en passant, que suite à l'assassinat de trois fillettes,
12:25on nous avait dit, ah ben oui, c'est un gallois catholique. Et finalement, on a vu que c'était un fils d'immigrés rwandais.
12:33Et par ailleurs, on a découvert chez lui un manuel de terrorisme version al-Qaïda. Ça change le portrait.
12:39Depuis combien de temps on le savait, soit dit en passant, ceux qui ont dénoncé à ce moment ce geste, sur Twitter, sur Facebook, ont été poursuivis par les tribunaux.
12:48Donc, encore une fois, on est dans un système où l'État prend moins la peine de poursuivre, de sanctionner ceux qui remettent en question la sécurité dans ce cas-là des Britanniques,
12:56et sanctionne plutôt ceux qui nomment les troubles liés entre insécurité et délinquant et immigration.
13:03Donc là, il faut bien voir, l'État a sa priorité. Les autorités décident qui sanctionner, qui punir. C'est un système répressif qui se met en place.
13:12Rappelez-vous, soit dit en passant, cet été, on avait même libéré de la place en prison pour faire de la place pour les émeutiers.
13:18Pas seulement pour les émeutiers, pour ceux qui s'étaient permis de mauvais tweets dans les circonstances.
13:23Donc, il y a quelque chose qui se met en place partout en Occident, c'est que devant une délinquance conquérante agressive,
13:29l'État décide de punir non pas les délinquants, mais ceux qui les nomment.
13:33Vous parliez plutôt de choc des civilisations. Est-ce qu'il ne s'est pas invité dans la vie publique cette semaine, à travers la question du choc des mémoires issus de la colonisation ?
13:43Comme dirait l'autre, tout est dans tout et inversement. Alors, qu'est-ce qu'on a vu cette semaine ?
13:47On a parlé du voyage d'Emmanuel Macron au Maroc, évidemment. On a parlé notamment de la présence de Yassine Benatar, c'est l'information que vous nous avez révélée.
13:55Mais il y a un autre élément dont on a assez peu parlé, je trouve, et qui est fondamental.
13:59La déclaration d'Emmanuel Macron qui fait l'éloge de l'Andalus, c'est-à-dire globalement l'Europe conquise par l'islam,
14:08la colonisation islamique et arabe de l'Europe qui va s'étaler sur sept siècles environ. C'est quand même quelque chose.
14:17Donc là, le discours d'Emmanuel Macron, j'en ai dit un mois face à l'info cette semaine, mais je le détaille un peu ici.
14:21Dans le discours d'Emmanuel Macron, critique d'abord de la colonisation européenne en disant que ça fonde un rapport inégal,
14:26fondé sur un rapport inégal dû à la force mécanique des Européens. Et deuxièmement, éloge de la colonisation arabe et musulmane de l'Europe.
14:35C'est fascinant. Donc finalement, l'éloge de la colonisation, c'est bien, pour peu que ce soit l'éloge de la colonisation de l'Europe et non pas par l'Europe.
14:43C'est assez fascinant. De la même manière, aujourd'hui, donc c'est en fait hier, célébration du début de la guerre d'indépendance algérienne,
14:52et on a le recteur de la mosquée de Paris qui dit, je cite, « Le 1er novembre 2024, à minuit, la célébration du 70e anniversaire du déclenchement de la guerre d'Algérie commence.
15:02Quelle émotion ! » Et là, on a envie de lui dire, si vous ressentez une telle émotion à l'idée de l'indépendance de votre pays et c'est merveilleux,
15:10on peut demander, mais qu'est-ce qui vous a amené à préférer finalement vivre dans le pays que vous avez été si heureux de chasser de chez vous ?
15:16C'est une question qui est légitime, je crois. Il ne faut plus que la réponse soit convaincante. Je n'en sais rien.
15:20C'est un peu comme si, si je peux me permettre l'idée, après avoir chassé démocratiquement le Canada du Québec suite à l'indépendance du Québec,
15:26j'allais ensuite m'exiler à Toronto. Ce serait un peu étrange quand même. Il y aurait quelque chose d'un peu étonnant.
15:32Donc, il y a un espèce de choc des mémoires. De mon avis, aujourd'hui, la France reconnaît l'assassinat d'une figure importante liée au nationalisme révolutionnaire algérien,
15:43mais qui est une figure qui était responsable quand même de la mort de Français.
15:47Donc, la mémoire est très particulière. Au moment où une partie de l'Algérie a une mémoire véhémente hostile à la France,
15:53la France préfère développer le réflexe coupable, la mémoire pénitentielle.
15:58J'ajoute une dernière chose, je le mets en lien avec ce qui s'est passé en Grande-Bretagne.
16:02Tout récemment, le premier ministre Starmer, dans le cadre du sommet du Commonwealth, se fait dire,
16:08« Un instant, il y a une question fondamentale aujourd'hui, c'est celle des réparations dues à l'esclavage dans le Commonwealth.
16:13Donc, voilà combien vous nous devez, on dit ça aux Britanniques, 21 500 milliards d'euros à verser aux pays qui ont été victimes de l'esclavage. »
16:21C'est quand même beaucoup d'argent, si je peux me permettre.
16:24Et Starmer dit non, mais c'est compliqué pour lui, parce qu'il a accepté, comme tout le parti travailliste,
16:29il a accepté le discours de culpabilisation pénitentielle des Occidentaux, et plus encore des Britanniques,
16:34sur l'expansion coloniale de l'Occident. Et là, qu'est-ce qu'on voit?
16:38Eh bien, on dit « payé ». Et là, il ne sait pas comment réagir.
16:41Ce qui nous rappelle une chose, je crois, c'est que la contre-colonisation qui vit en Occident aujourd'hui
16:45se présente sous le signe de la justice sociale, mais est animée par un désir d'accaparement aussi.
16:50Une logique de rasia dissimulée derrière l'engrève de la justice sociale.
16:54On dit « justice sociale », mais on dit surtout « donner l'argent ».
16:57Je ne parle pas des gens ici, je parle des mouvements idéologiques qui portent ça, bien évidemment.
17:01De même, à certains égards, on pourrait dire que l'état social en Occident aujourd'hui
17:04est aussi dans cette logique de réparation permanente.
17:07Les Occidentaux paient très cher à un état social dont ils profitent de moins en moins,
17:10mais qui favorise l'immigration massive.
17:12Et à travers tout ça, le wokisme, nouvelle religion, nous amolie,
17:16nous amène même à célébrer ceux qui voudraient en finir avec nous,
17:19les indigénés, les décoloniaux.
17:20De ce point de vue, on peut se dire que Rome tombera une seconde fois.
17:23Arthur, de votre égard, très intéressant ce parallèle entre ce choc des mémoires
17:27et ces dynamiques différentes, mais qui se rejoignent finalement aussi à l'intérieur de nos frontières.
17:33Il y a eu, je vous rappelle, quelques jours avant la guérilla à Poitiers,
17:37il y a eu, vous savez, les rues de la ville qui ont été rebaptisées par les noms de terroristes du Hamas.
17:43Et ça s'est passé le 25 octobre.
17:46Et le 25 octobre, c'est la date anniversaire de la victoire de Charles Martel à Poitiers,
17:50soutenue évidemment par les jeunes communistes,
17:53mais si on a l'habitude, les communistes choisissent toujours l'envahisseur au départ.
17:56Mais Poitiers, après Martel, je rappelle que c'est aussi la ville de naissance à Liénor d'Aquitaine,
18:00et donc le cœur de l'Empire de Plantagenet.
18:02Ce siècle de lumière, comme le rappelle souvent l'écrivain Romaric Sangars,
18:06qui faisait vivre ensemble, comme on dit vulgairement aujourd'hui,
18:09Socrate, Charlemagne et le Christ.
18:12Aujourd'hui, de vivre ensemble, c'est une colloque de squatteurs qui sont venus d'ailleurs
18:16et qui font rimer Islam, Kalash et drogue.
18:18C'est ça Poitiers, aujourd'hui.
18:20C'est le seul héritage qu'ils vont laisser, ça sera malheureusement du sang et des ruines.
18:24C'est vous dire la chute vertigineuse entre le XIIe siècle et aujourd'hui.
18:27Mais malheureusement, il ne reste guère de périmètre qui échappe encore au narcotrafic en France aujourd'hui.
18:33Mais il y a une curiosité, c'est cette rapidité avec laquelle la criminalité
18:38se développe dans les villes tenues par la gauche.
18:40Poitiers, on a cité Poitiers, il y a Grenoble, Lyon, Nantes et bien d'autres.
18:47Et à Poitiers, Mme Le Maire, à Panélu, je vous rappelle, avait déclaré
18:50que l'aérien ne doit plus faire partie des rêves de l'enfant.
18:54Mission réussie, aujourd'hui les enfants ne rêvent plus, ils cauchemardent.
18:57Ils cauchemardent des balles perdues, des guérillas,
18:59et puis ils cauchemardent des innocences volées, par exemple,
19:02lorsqu'ils découvrent qu'un de leurs jeunes amis est mort.
19:05Donc la France est devenue un terrain vierge, un terrain de jeu pour certains,
19:09un terrain de mort pour beaucoup d'autres.
19:11Et si vous voulez, c'est une terre qui était défrichée pendant des années.
19:14On a vu un bon nombre d'élus passer la tondeuse sur tout ce qui ressemblait
19:17de près ou de loin à une idée de patrie.
19:19Forcément, quand vous défrichez pareil, après il y a tout qui pousse,
19:22et surtout des mauvaises herbes.
19:24Vous avez promis le paradis sur terre, en criminalisant ou en éliminant le passé,
19:29ils l'ont transformé des siècles d'histoire en un vague territoire administratif
19:34où on dit que la patrie aujourd'hui c'est des droits.
19:36Sauf qu'on voit que les seuls droits qu'il y a, c'est les droits du nombre
19:39et les droits du plus fort.
19:41Et il ne faut jamais oublier que dans une coloc d'individus qui ne partagent rien,
19:45ça se termine toujours en massacre.
19:46C'est ce qu'on voit dans toutes les villes aujourd'hui, malheureusement.
19:49Et puis, comme jusqu'au sommet de l'État, si vous voulez,
19:51on affirme à l'étranger, chez le voisin, que ce soit dans un voyage au Maroc
19:55ou un voyage en Algérie, que notre baraque est pourrie de fond en comble
19:58et qu'en plus les fondations ont été bâties sur leurs ancêtres qui sont morts
20:03et qu'on offre même une statue en tout cas symbolique jusqu'à présent
20:06au Jean Boulin algérien comme on le présente aujourd'hui.
20:08Au passage, Jean Boulin n'a jamais eu l'idée de poser des bombes
20:11chez un glacier fréquenté par des enfants.
20:13Juste comme ça, en aparté.
20:15Forcément, la caution morale pour détruire, elle n'est pas très difficile à brandir.
20:19Les esprits taquins diront qu'aujourd'hui, l'immigration est une chance pour la France
20:24puisque le business de la drogue est florissant
20:26et que c'est une nouvelle industrie qui se développe en France.
20:28Bruno Retailleau semble avoir pris la mesure du désastre
20:31mais il semble malheureusement être bien le seul.
20:33Et je vous parie, le dernier quotidien en tweet de Mathieu,
20:35que bientôt, d'ici quelques jours, on va entendre des gens qui vont dire
20:38qu'en fait, il va falloir légaliser la chenouf,
20:40que ce sera plus simple que d'essayer de la combattre.
20:42Forcément, parce que combattre les trafics en drogue,
20:44c'est une guerre et une guerre, si vous voulez.
20:46Ce n'est pas quand on s'oppose à des barons de la drogue
20:49qui violent des enfants, qui travaillent leurs adversaires
20:51ou leurs concurrents de la perceuse et dont leur âme s'est envolée
20:54à la première chute d'héros.
20:55Ce n'est pas un confinement et ce n'est pas des paperas
20:57juste pour aller promener son chien.
21:01Mathieu, mardi soir, les Américains voteront pour leur nouveau président.
21:05Alors, tout a été dit ou presque sur cette folle campagne,
21:08mais au-delà du personnage Trump, comprenons-nous bien
21:11les évolutions de la droite américaine ces dernières années
21:13et surtout, est-ce que la droite française, finalement,
21:15a des leçons à retenir de cette évolution ?
21:18Alors, vous avez raison de dire qu'on présente souvent
21:20de manière très caricaturale la droite américaine.
21:22Globalement, on la présente comme ultra-capitaliste,
21:24impérialiste et religieuse.
21:25Donc, ce serait une collection de Texans bornés,
21:29exagérément bigots et qui, par ailleurs, n'aimeraient rien tant
21:33qu'envahir un nouveau pays à chaque année.
21:35Je ne dis pas qu'il n'y a pas un peu de vérité dans cette caricature,
21:37mais il y a surtout beaucoup de fausseté.
21:39Parce que la droite américaine, si on prend la peine de la lire,
21:41produit, édite, publie des revues d'une qualité exceptionnelle,
21:45fait un travail de fond sur les politiques publiques
21:48dans les différents think tanks tout à fait remarquable.
21:51Je me permets de nommer certaines des revues qu'il vaut la peine de lire
21:54si on lit un peu l'anglais pour voir comment la pensée conservatrice
21:57évolue aux États-Unis.
21:58La Chronicle Review of Books, American Conservative, Chronicles,
22:02First Things, City Journal, je pourrais en mentionner d'autres.
22:05Ce sont des revues où, chaque mois ou chaque deux mois,
22:07vous avez une réflexion de fond sur l'époque et pas simplement
22:10un commentaire de surface ou de l'actualité.
22:12Au cœur du travail de la droite américaine intellectuelle
22:15ces dernières années, qu'est-ce qu'on a vu?
22:17Oui, la guerre au wokisme, bien évidemment, qui a pris une place
22:20considérable, mais qui a été théorisée, pensée et surtout,
22:23on a pensé des stratégies pour vaincre le wokisme.
22:25C'est le travail de Christopher Ruffolk, par exemple,
22:28dont on a un peu parlé d'ailleurs de ce côté de l'Atlantique.
22:30Il y a une réflexion de fond sur l'État administratif.
22:34Vous savez, ce qui fait qu'aujourd'hui, vous votez pour un parti,
22:36vous votez pour l'autre, mais finalement, ce sont des pentins
22:38parce que l'administration profonde, l'État administratif,
22:42gouverne un pays néanmoins.
22:44Christopher Caldwell a fait un travail remarquable sur ça,
22:46en plus de réfléchir au comment, dans nos sociétés,
22:49où il y a la « logique des droits », c'est substituer
22:52à la constitution historique des sociétés libérales.
22:54Une réflexion sur la « big tech », la puissance des empires
22:58technologiques qui, aujourd'hui, régissent notre monde.
23:01Et qu'est-ce qu'on voit dans cette élection américaine?
23:03Il y a aussi le choc entre, d'un côté, Elon Musk,
23:06et d'autres puissants de la « big tech ».
23:08Qu'est-ce qu'on voit? La « big tech », c'est-à-dire
23:10les géants de la technologie, les super puissances
23:13non étatiques technologiques.
23:15La droite américaine a cherché à réfléchir à ça.
23:18Une réflexion aussi fondamentale sur l'étatisme.
23:21Et ça, je pense que c'est l'erreur, c'est une erreur peut-être
23:23un peu française, mais pas seulement française-européenne.
23:26C'est cette idée que l'État est la solution à tous les problèmes.
23:30Et les Américains, dès les années 50, mais jusqu'à aujourd'hui encore plus,
23:33nous disent honnêtement, l'État crée souvent les problèmes
23:36qu'il prétend régler ensuite.
23:38Donc, il est la cause de problèmes et il se veut ensuite
23:40le grand réparateur.
23:42Et cette critique de l'étatisme n'est pas menée au nom
23:44strictement d'un individualisme libéral désincarné,
23:47mais souvent au nom de la tradition, de la culture,
23:50des mœurs, de l'identité.
23:52Et on se demande si l'État, quelquefois, n'est pas le déconstructeur
23:56des identités qu'il prétend protéger.
23:59Donc, autrement dit, cette droite américaine est assez
24:01intellectuellement intéressante parce qu'elle nous sort
24:04des paramètres habituels de la discussion publique
24:07et nous amène à réfléchir sur la nature du régime
24:09dans lequel nous vivons aujourd'hui.
24:11Est-ce que cette droite américaine refondée trouve un écho ailleurs,
24:13en Occident?
24:15Oui, c'est ce qu'on appelle le mouvement national conservateur
24:17aujourd'hui, qui a une portée des deux côtés de l'Atlantique,
24:20qui est centrée sur trois grands thèmes.
24:22Le retour de la souveraineté nationale contre la gouvernance globale.
24:25La critique de l'immigration massive qui vient changer
24:28la composition démographique de nos sociétés
24:30et a des conséquences immenses.
24:32C'est le destin de la Californie, si je peux me permettre.
24:34C'est aussi la question de la liberté d'expression,
24:36qui est peut-être la plus fondamentale qu'il soit aujourd'hui.
24:38Elle était au cœur de l'élection américaine aujourd'hui.
24:40C'est-à-dire la guerre contre la liberté d'expression menée
24:43d'un côté au nom de la lutte contre la haine,
24:45de l'autre côté pour la lutte contre la désinformation.
24:47Cette lutte, dans les faits, condamne aux sociétés
24:50un destin soviétique.
24:52Alors, ce qui est intéressant dans la droite américaine,
24:54c'est qu'elle dirait, on pourrait dire, à la droite française,
24:56le problème de la droite française, c'est qu'elle s'enferme
24:58dans un système qui veut la condamner.
25:00Donc, qu'est-ce qu'un homme de droite, en France, souvent,
25:02c'est un homme qui répare les erreurs de la gauche
25:04et qui permet à un système qui le condamne à la disparition
25:06de mieux fonctionner.
25:07Il arrive avec une calculette, il répare un peu
25:09comme un bon comptable, et ensuite, la machine repart.
25:11La droite américaine dit, aujourd'hui,
25:13penser la question du régime, pas au sens formel,
25:15mais le cadre politique, intellectuel, philosophique,
25:18mental, dans lequel nous évoluons aujourd'hui.
25:21Elle nous invite, finalement, à repenser les paramètres
25:23de l'action politique, à ne pas toujours jouer
25:25dans le scénario écrit à l'avance par les multiculturalistes,
25:28les néo-féministes, les socialistes, et ainsi de suite.
25:31De ce point de vue, elle est beaucoup plus intéressante
25:33qu'on ne le croit. Encore, doit-on prendre la peine
25:34de la lire?
25:35Marc-Philippe Trigon, la droite américaine,
25:37source d'inspiration pour la droite européenne,
25:39droite française, pourquoi pas?
25:41La droite française, on en est bien loin,
25:43pour une raison simple, c'est qu'elle est encore
25:45soumise à la gauche. On parle souvent de normalisation,
25:47se normaliser, ça veut dire se gauchiser,
25:49ça veut dire obéir à la gauche, ça veut dire se mettre
25:51encore dans les bras des chargés de conscience.
25:53Ensuite, c'est compliqué de comparer les deux,
25:56parce qu'il y a quand même une spécificité américaine,
25:58notamment dans les élections, et encore plus,
26:00une spécificité trumpienne, c'est de jouer la carte
26:02populiste à fond. On voit, il ne veut surtout pas
26:05se normaliser, au contraire. Mais là, il y a une nouveauté
26:07dans cette élection, qui n'est pas dans la précédente,
26:09c'est son vice-président, en tout cas annoncé,
26:12et c'est l'entourage des intellectuels,
26:14qu'on appelle des post-libéraux.
26:16J.D. Evans, il est assez disruptif par rapport
26:18à ce qu'on a l'habitude d'entendre des Américains,
26:21et notamment parce que, vous savez,
26:23ce qui avait terrorisé les Somewhere et les Anywhere,
26:26J.D. Evans vient de là, il a écrit un livre,
26:29on avait dit que c'était l'Obama blanc,
26:31sauf que lui, pour le coup, c'était pas que romancé,
26:34et il ne parle plus de capitalisme,
26:37il ne parle plus de marché ou d'économie de marché,
26:40il parle de biens communs, il parle de doctrine sociale
26:42de l'Église, il parle des vertus classiques.
26:44C'est-à-dire, en somme, l'affirmation d'un ordre moral.
26:46Et ça, c'est assez disruptif, notamment aux États-Unis,
26:48et c'est-à-dire qu'il y a un fond intellectuel
26:50qui s'oppose à l'oligarchie et qui s'enracine
26:53bien plus profondément que des simples discours
26:55faciles et accrocheurs, mais qui sont aussi décevants,
26:59si vous voulez, qu'une barbe à papa.
27:00Ça a l'air très gros comme ça,
27:01puis une fois dans la bouche, il n'y a plus rien.
27:02Là, ça s'enracine un peu plus profondément,
27:04et c'est peut-être la nouveauté,
27:06On marque une pause.
27:07Dans quelques instants, vous recevez votre invité.
27:09Ce soir, c'est Charles Gave.
27:10Il sera notamment question de l'élection américaine.
27:12A tout de suite sur l'antenne de CNews.
27:17De retour, d'en face à Boccote, Mathieu, ce soir,
27:20votre invité, c'est Charles Gave, essayiste, financier.
27:23Pourquoi avez-vous décidé d'inviter Charles Gave ce soir ?
27:25Alors, il publie ces jours-ci.
27:27Cessez de vous faire avoir.
27:28Occupez-vous de votre épargne.
27:30Je reviens sur ça dans un instant.
27:31Donc, ce sera le premier thème de notre entretien,
27:33la question de l'épargne,
27:34et plus largement de la situation budgétaire en France
27:36dont on a tant parlé ces dernières semaines.
27:38Et en deuxième partie, on parlera des élections américaines.
27:40Charles Gave est un observateur éclairé de la politique américaine.
27:42Mais d'abord, le livre.
27:44Cessez de vous faire avoir.
27:45Occupez-vous de votre épargne.
27:47J'ai l'impression que ces derniers temps,
27:48le gouvernement français a voulu s'occuper de l'épargne des Français,
27:50en s'en emparant.
27:51Charles Gave, bonsoir.
27:52Bonsoir.
27:53Merci beaucoup de m'inviter à nouveau.
27:54Alors, question première.
27:55Est-ce que nous sommes devant...
27:56Moi, j'ai regardé les débats.
27:57J'ai l'impression qu'ils ont tous demandé au gouvernement
28:00de quelle manière s'emparer de l'épargne des Français.
28:02Sommes-nous devant des pilleurs d'épargne ?
28:04Ou des pilleurs d'épargne, ou des pilleurs d'épargne.
28:06C'est à peu près la même chose.
28:07Si vous voulez, on mettait autrefois des feux en Bretagne, je crois,
28:10pour faire chavirer les bateaux.
28:12Puis ensuite, on allait piquer ce qu'il y avait là.
28:14Comme l'État français est en train de chavirer,
28:16ils se précipitent pour aller chercher de l'argent
28:18là où il y en a encore un peu.
28:20Mais je voudrais faire une petite remarque là-dessus,
28:23parce que ça me gêne énormément.
28:24C'est qu'il y a des années,
28:27j'avais été interviewé par un journaliste suisse, imaginez-vous,
28:30et qui avait publié un article ensuite dans le journal de Genève,
28:33ou je ne sais plus quoi, qui disait
28:34« Charles Gable, le libéral qui aime les petites gens ».
28:36J'ai été très flatté.
28:38Et je trouve ça absolument honteux
28:40d'inquiéter les gens qui ont travaillé toute leur vie dure
28:44et qui ont une petite épargne,
28:45de les inquiéter au point où ils sont inquiets aujourd'hui.
28:47Vous n'imaginez pas l'état de désespoir.
28:50Où sont ces gens ? Pour deux raisons.
28:52La première, c'est qu'ils ne sont pas certains de toucher à la retraite
28:54quand ils écoutent tout ce qu'on leur raconte.
28:55Et deuxièmement, ils ont mis de côté, au cas où la retraite ne marcherait pas,
28:58de l'argent, et ils ont l'impression qu'on va leur piquer.
29:00Et donc, il y a une espèce de panique.
29:02Et c'est pour ça que j'ai écrit ce petit livre.
29:04C'est que je leur dis « mais arrêtez de penser que l'état vous veut du bien.
29:09Occupez-vous de votre épargne,
29:11vous pouvez le faire et le mettre à l'abri de ces gars-là
29:14quand ils vont essayer de vous le piquer ».
29:16Et c'est tout ce que j'essaie de faire.
29:17Et vous pouvez faire du 4 ou 5% réel par an
29:20avec une volatilité très faible
29:22et ne pas reprendre votre retraite tranquillement.
29:24Donc, le problème des Français,
29:26c'est qu'ils épargnent comme des écureuils, et c'est très bien.
29:28Mais à aucun moment,
29:30ils ne font l'effort de savoir comment le gérer.
29:33Ils disent « l'État va s'en occuper ».
29:35Mais depuis le temps que l'État s'occupe des trucs et qu'il les fout en l'air,
29:37il faudrait peut-être que les Français apprennent
29:39que l'État, c'est l'ennemi de tous les citoyens,
29:42comme disait Saint-Justin.
29:44– Oui, qui en était lui-même d'ailleurs.
29:46– Absolument, il aurait pu leur couper la tête,
29:48ce qui était une bonne idée aussi d'ailleurs.
29:49– Alors, point de départ, la situation présente,
29:53le gouvernement Barnier se constitue et découvre
29:55une situation catastrophique des finances publiques.
29:57– Oui, tout le monde le savait.
29:58– Alors, vous avez reçu ici, justement, un peu,
30:00à la fin de la saison électorale, vous nous disiez
30:03« ils vont découvrir un État catastrophique des finances publiques ».
30:05Il découvre ça, l'État se dit
30:07« je ne peux faire autrement qu'augmenter les impôts,
30:10augmenter les différentes taxes, augmenter les charges ».
30:12Pouvait-il faire autrement ?
30:14– Écoutez, je crois qu'il y a combien ?
30:17450 ou 500 hautes autorités, grands conseils
30:21qui ne servent à rien.
30:23Il y a des voitures de fonction, on a mis tous les recalés
30:26de la République et tout, on peut les supprimer,
30:28tous ces trucs-là, ça ne sert à rien.
30:30Il y a tellement de trucs qu'on peut supprimer.
30:32Regardez ce qu'a fait l'EI.
30:34– En Argentine.
30:35– En Argentine, il a fait baisser le poids de l'État.
30:37Et dans votre pays, il y a quelques années,
30:39le Canada, il y avait eu Chrétien qui avait déclaré
30:42un jour en arrivant, on appelait le dollar canadien à l'époque
30:45le PCO canadien, ce qui n'était pas un très gros compliment.
30:51Et il a dit à tous les ministères,
30:54« Vous baissez de 20% toutes vos dépenses,
30:56et je ne veux rien entendre. »
30:58Tout le monde a dit, il va y avoir une dépression
31:00parce que la demande va s'écrouler.
31:01Mais si vous transférez du pognon à des gens qui le veulent,
31:03ou qui en font des mauvaises activités,
31:05pour le transférer à des gens qui l'utilisent gentiment,
31:08la croissance a repris au Canada,
31:10et ce n'est pas arrêté pendant 10 ans.
31:12On est aujourd'hui sous une espèce de dictature intellectuelle
31:15qui dit que si l'État coupe ses dépenses,
31:17l'économie va se casser la gueule.
31:19Elle va reprendre, parce que vous transférez du pognon
31:22à des deux bons à rien, vous transférez de celui
31:24qui enterre son talent à celui qui en gagne quatre.
31:27Et c'est comme ça que l'économie reprend.
31:29Alors, il y a un concept qu'on va emprunter un instant aux marxistes,
31:32c'est la lutte des classes.
31:33Est-ce qu'on peut dire qu'aujourd'hui,
31:34il y a une forme de lutte des classes
31:35qui ne dit pas son nom entre d'un côté la classe bureaucratique
31:37et de l'autre côté les classes qui fonctionnent
31:39dans les paramètres de l'économie privée?
31:41Et c'est exactement ce qui se passe,
31:42non seulement en France, mais aux États-Unis,
31:44où la bagarre électorale est entre la classe bureaucratique
31:49et le reste des États-Unis.
31:52Vous pouvez l'analyser comme ça, c'est beaucoup plus simple
31:54et comme ça vous comprenez ce qui se passe.
31:56Mais en France, l'embêtant, c'est que nous avons une droite
31:59qui n'aime pas la liberté.
32:01La France, toute la droite française,
32:03a toujours été férocement antilibérale, antiliberté.
32:07Le but de tous les gens en France,
32:10avec qui j'ai pu avoir des contacts politiques,
32:12c'est grosso modo d'être calife à la place du calife.
32:14Alors, ça ne vous dit rien,
32:15parce que vous n'avez pas Louis Snogwood.
32:16Mais c'est sûr que j'ai lu quand même.
32:17Quelle bonne idée.
32:18Je ne pensais pas qu'un Canadien avait Louis Snogwood.
32:21Et puis c'est une marque québécoisie, c'est pour ça.
32:24Donc ils veulent tous être calife à la place du calife
32:27et ils pensent tous que quand ils seront là,
32:30qu'ils pourront utiliser l'appareil d'État
32:31pour faire le bien du peuple.
32:33Mais ils ne se rendent pas compte
32:34que c'est la structure qui est pourrie.
32:36C'est-à-dire qu'on ne peut pas faire le bien du peuple
32:38avec une structure politique administrative
32:41qui ne fonctionne qu'au détriment du peuple.
32:43C'est une imbécilité logique.
32:45Donc, ce que j'essaie de dire aux gens,
32:46c'est occupez-vous de votre épargne.
32:48Ce n'est pas difficile.
32:49Ça vous prendra, si tout va bien,
32:51une heure tous les dimanches et encore.
32:53Une fois que vous aurez appris, ça prend cinq minutes.
32:56Ce n'est pas plus difficile que d'apprendre
32:57l'Internet ou un tableau Excel.
32:59Et vous le ferez en cinq minutes.
33:00– Je passe la parole à Arthur de Matrigan dans un instant.
33:02Mais une question, il y a deux pôles dans votre réflexion finalement.
33:05D'un côté, il y a la question
33:07« qu'est-ce qu'on doit faire de l'État ? » se pose néanmoins.
33:09Il est là, il faut une réflexion sur l'État.
33:11Mais vous nous dites que l'individu ne doit pas miser exagérément sur ça
33:15et finalement tout faire pour s'autonomiser,
33:18acquérir son indépendance pour ne plus dépendre
33:20soit de l'État, soit de la case bureaucratique.
33:23– Le moins vous dépendez de l'État,
33:24le moins vous avez besoin de subventions,
33:26le plus libre vous serez.
33:28Dans la mesure où vous attendez la subvention pour bouffer,
33:31vous savez, c'est ce qu'on dit toujours.
33:33– La question du pouvoir d'achat,
33:34les fameux chèques gouvernementaux que chacun attend,
33:37l'assistanat généralisé ?
33:39– Oui, mais c'est toujours pareil.
33:41L'État d'animal domestique implique la boucherie.
33:47Ce qu'il faut, c'est un loup qui s'occupe de sa famille
33:51et personne ne s'occupe mieux des loups que leur famille.
33:53C'est la seule race d'animaux qui s'occupe de ses vieux,
33:56qui les garde, c'est tout à fait extraordinaire.
33:59Donc il faut apprendre à vivre libre.
34:02La liberté, comme disait Rousseau, c'est un appareil,
34:05c'est un apprentissage extraordinairement dur.
34:08Mais c'est ça d'être un citoyen, c'est d'être libre,
34:11de ne pas avoir besoin des autres et de rendre service.
34:14Moi, je fais tout ça.
34:16J'ai 81 ans, qu'est-ce qui m'arrive ?
34:19J'essaie vite ça pour aider tous ces pauvres gens.
34:21Vous n'imaginez pas le désespoir de ces gens que j'ai tout le temps.
34:25C'est un système de liberté où on a 400 000 abonnés ou je ne sais pas quoi.
34:30Ils me disent, mais qu'est-ce que je dois faire ?
34:32On ne leur a jamais appris à l'école ce que c'était un taux d'intérêt,
34:35ce que c'était une action, ce que c'était une obligation.
34:38Ils ne savent pas, ils ne savent rien.
34:41Alors justement, moi je fais partie de ceux qui ne savent rien.
34:44J'ai compris qu'il ne fallait pas faire confiance à l'État.
34:46Puis en plus, on n'était pas dans la brancoude,
34:48donc ils allaient piller le livret A qu'on avait.
34:50Concrètement, qu'est-ce qu'on peut faire ?
34:52Est-ce que vous pouvez nous dévoiler en exclusivité
34:54ce qu'il y a de trois conseils pratiques dans votre livre ?
34:56Il n'y a que ça d'ailleurs.
34:5850 ans d'expérience, c'est que du jus de crâne.
35:0050 ans de jus de crâne.
35:02Mais je vais vous expliquer un truc très simple.
35:04Dans les marchés financiers, vous ne pouvez acheter que deux choses.
35:06Vous pouvez acheter des contrats
35:08ou vous pouvez acheter des parts de propriété.
35:10Donc les contrats, c'est les obligations de l'État.
35:13Vous faites un contrat avec l'État.
35:15Acheter un contrat avec l'État français aujourd'hui,
35:17il faut être bête comme un âne.
35:19C'est sévère.
35:21Non.
35:22Donc il ne faut avoir que des parts de propriété.
35:24Vous achetez Air Liquide, vous achetez Schneider,
35:26vous êtes protégé par le droit de propriété
35:28qui est constitutionnel.
35:29Ils ne peuvent pas vous le piquer.
35:31Quand vous avez un contrat avec l'État français
35:33qui est souverain, ils peuvent changer les termes
35:35du contrat contre vous
35:37et vous ne pouvez rien dire.
35:39Donc vous ne devez avoir que des parts de propriété.
35:41Et la propriété ultime, et je sais que je ne suis pas infarniatique d'eux,
35:44c'est l'or, qui est le seul actif
35:46qui soit passif de personne.
35:48Donc vous vous mettez en action et en or
35:51et vous dites à ces gars-là de se faire foutre.
35:56Et si l'euro s'écroule,
35:58comme 90% des bénéfices d'Air Liquide ou de Schneider
36:01sont faits en dehors de France,
36:03les actions monteront à hauteur de la baisse de l'euro.
36:07Permettez-moi de vous ramener à la politique un instant
36:09parce qu'il y a un lien entre la question d'Arthur et la mienne.
36:12Rappelez-vous cette formule d'une politique associée au NFP
36:16qui disait qu'il y a une question de dette en France, c'est vrai,
36:19mais il suffirait de saisir l'épargne des Français
36:22pour rembourser la dette.
36:24Est-ce que vous redoutez un jour ce scénario à la Chypriote ?
36:27On s'en souvient, cette question a déjà été évoquée à Chypre.
36:30Est-ce que vous redoutez un scénario
36:32où l'État s'emparerait de l'épargne des gens
36:34pour rembourser la dette ?
36:36Non seulement je le redoute,
36:38mais ils ont déjà préparé tous les textes de loi
36:40avec la loi Sapin 2.
36:42C'est-à-dire qu'au début de la présidence de Hollande,
36:45ils savaient qu'ils étaient dans une situation impossible,
36:48ils savaient qu'un jour ils seraient peut-être obligés
36:50de prendre l'épargne des Français,
36:52donc ils peuvent, des lois qui ont été votées,
36:55les appliquer demain,
36:57et par exemple dire que votre obligation à 10 ans
37:00que vous avez acheté de l'État français,
37:02ils vous la rembourseront dans 30 ans.
37:04Mais rien ne les interdit, c'est dans la loi.
37:06Mais alors cela dit, ce qui les en empêche,
37:08de votre point de vue,
37:10c'est la nécessité pratique immédiate,
37:12mais théoriquement les conditions sont rassemblées,
37:14selon vous, pour une forme de confiscation de l'épargne.
37:16Exactement.
37:18Mais alors les gens me disent, pourquoi on n'annule pas la dette ?
37:20Je leur dis parce que la quasi-totalité
37:22des entreprises d'assurance
37:24ont comme garantie,
37:26pour garantir votre maison
37:28qu'elle ne va pas brûler,
37:30si elle brûle vous serez remboursé,
37:32mais ils ont des obligations françaises,
37:34parce que pour ajouter le vice au crime,
37:36ils ont exigé que les compagnies d'assurance
37:38mettent en garantie uniquement des obligations d'État.
37:40Oui, et autrefois
37:42la compagnie d'assurance avait 80% d'actions
37:44ou des immeubles, etc,
37:46maintenant c'est que des obligations d'État.
37:48Il y a des gens qui payent le pays à leur profit
37:50et que les gens ne se protègent pas.
37:52Je leur dis, mais protégez-vous,
37:54arrêtez.
37:56Juste une question,
37:58que pensez-vous du bitcoin ?
38:00Parce que dans ce que je vous entends,
38:02il semblerait que ce soit une monnaie
38:04sur laquelle aucun État, aucune institution
38:06puisse avoir la main.
38:08Alors le bitcoin, ça revient à une vieille discussion
38:10que j'avais eue il y a 30 ou 40 ans avec Milton Friedman
38:12justement,
38:14qui disait, dans le fond,
38:16et je lui avais posé la question, pourquoi pas l'état de l'or ?
38:18Milton Friedman, l'économiste américain.
38:20Un prix Nobel et puis un type marrant comme tout.
38:22Et pourquoi pas l'état de l'or ?
38:24Il m'a dit, on peut faire mieux.
38:26J'avais dit, mais quand on va les marquer sans trop, je ne suis pas convaincu.
38:28Il m'a dit, non, non, ce n'est pas ça du tout.
38:30Ce qu'il faut, c'est programmer un ordinateur
38:32pour qu'il augmente la monnaie de banque centrale,
38:34la base monétaire,
38:36de 3% par an,
38:38prendre la clé, la fermer et la jeter au fond du Pacifique
38:40et fermer toutes les banques centrales.
38:42Ça, c'est le bitcoin.
38:44C'est exactement le bitcoin, c'est-à-dire une quantité
38:46limitée qui est imprimée.
38:48Et la beauté du bitcoin,
38:50c'est quelque part,
38:52c'est la communauté elle-même qui décide
38:54d'arrêter d'imprimer.
38:56Donc, c'est la première fois dans l'histoire qu'il y a quelque chose
38:58qui naît. Les autres monnaies, ça ne vaut pas un coup
39:00la paix de lapin.
39:02Mais le bitcoin, c'est tout à fait spécial.
39:04C'est-à-dire, c'est une tentative de créer
39:06une réserve de valeur qui ne soit
39:08adossée ni sur un état, ni sur l'or.
39:10Mais vous conviendrez qu'il y a une très grande inquiétude
39:12autour du bitcoin. Plusieurs considèrent que
39:14c'est une illusion en fait
39:16et ceux qui s'y touchent seront emportés par elle.
39:18Oui, je suis tout à fait d'accord.
39:20Mais vous savez, comme le disent
39:22tous les bons spécialistes économistes,
39:24la valeur, c'est complètement subjectif.
39:26Si tout le monde pense que le bitcoin a une valeur,
39:28il a une valeur.
39:30Ce n'est pas un truc gros.
39:32Si vous pensez que le bitcoin a de la valeur,
39:34c'est de la valeur, puis c'est tout. Il n'y a pas à discuter.
39:36Passons, traversons l'Atlantique.
39:38Il y aura dans quelques heures,
39:40quelques jours, dans 72 heures environ,
39:4296 heures, une élection américaine.
39:44D'un côté Kamala Harris,
39:46de l'autre Donald Trump. On n'apprend rien ici.
39:48Pour vous, quelle est la portée de cette élection ?
39:50Est-ce qu'il s'agit, comme plusieurs disent, d'une élection historique
39:52ou est-ce finalement, au-delà du théâtre,
39:54une élection américaine comme une autre ?
39:56Non, c'est tout à fait historique.
39:58La réalité, c'est que, vous vous souvenez, j'ai présenté
40:00un livre où j'expliquais qu'il y avait une tentative mondiale
40:02par une classe mondiale de dominer
40:04en s'appuyant sur les tribunaux
40:06et en s'appuyant sur l'extraterritorialité,
40:08les systèmes politiques mondiaux.
40:10Une sorte de logique oligarchique.
40:12Oui, une espèce d'oligarchie, tout à fait.
40:14Vaguement criminelle aussi.
40:16Et donc, ce qui se passe, c'est qu'aujourd'hui,
40:18vous avez l'élection
40:20qui se présente sur un jour très simple.
40:22C'est, d'un côté,
40:26Trump,
40:28qui fait appel à la classe
40:30moyenne américaine
40:32d'autrefois, mais qui rajoute
40:34des Noirs, des Mexicains,
40:36et qui réussit
40:38à élargir sa coalition électorale.
40:40Il réussit à élargir l'idée de classe moyenne
40:42qui n'est pas celle d'autrefois,
40:44qui était des Blancs.
40:46Et de l'autre côté, c'est l'oligarchie.
40:48Et qui est parfaitement représentée
40:50par Obama, parce qu'Obama,
40:52ce qu'on a eu avec Biden, c'était
40:54la deuxième présidence Obama.
40:56Ce serait la troisième.
40:58C'est quand même le seul président des États-Unis
41:00qui, quand il a pris sa retraite, s'est fait bâtir une maison
41:02à Washington.
41:04Tous, ils partaient
41:06à mille kilomètres pour ne pas embêter les gens
41:08une fois qu'ils étaient partis.
41:10Lui, il est là tout le temps, il est toujours là.
41:12Donc, vous avez, d'un côté, une espèce de
41:14coalition qui tient tous les...
41:16Et de l'autre côté, vous avez...
41:18Et ce qui est très intéressant, dans l'autre côté,
41:20Trump, c'est qu'il est entouré d'anciens démocrates.
41:22C'est-à-dire Kennedy,
41:24c'est-à-dire...
41:26Pas que ceux d'Asie. Le Parti républicain historique
41:28est avec lui, quand même. Sauf l'aile néoconservatrice
41:30de Cheney.
41:32Tous les néocons sont contre lui.
41:34Donc, il a...
41:36Tout ce que l'on pouvait appeler les country clubs
41:38républicains, ils sont contre lui.
41:40Les néoconservateurs sont plutôt avec...
41:42Tous ceux qui sont pour les aventures militaires
41:44sont contre lui. Donc, vous avez
41:46maintenant
41:48Kennedy qui représente... Robert Kennedy.
41:50Robert Kennedy, qui est très bien. Vous avez
41:52Musk
41:54qui votait démocrate.
41:56Il votait démocrate à chaque fois.
41:58Et ce qui est très intéressant,
42:00ce que je viens d'apprendre aujourd'hui,
42:02qui m'a laissé pantois, c'est que d'habitude,
42:04quand quelqu'un va être élu,
42:06quand l'État est élu,
42:08l'État américain paye pour le team
42:10de transition. Vous savez, à partir
42:12du 6 ou 7 novembre, une fois que l'élection
42:14a eu lieu.
42:16Et bien, Trump a organisé
42:18son team de transition
42:20qu'il a déjà fait, et il les paye sur ses fonds
42:22propres. Et il dit, je me suis fait avoir la première
42:24fois parce que je ne comprenais pas du tout comment en gouverner,
42:26mais cette fois-ci, je ne me ferai pas avoir.
42:28Posons la question. Vous présentez deux camps,
42:30vous marquez votre préférence, mais la moitié des Américains
42:32demain voteront pour l'un ou pour l'autre.
42:34Donc la moitié des Américains, globalement, voteront Harris.
42:36Ce ne sont pas tous des oligarques,
42:38ce ne sont pas tous des gens au service
42:40de l'oligarchie mondialiste.
42:42Comprenez-vous les raisons qui poussent
42:44tant d'Américains, des millions, des dizaines de millions
42:46d'Américains à voter démocrate néanmoins?
42:48Il y a une rationalité quand même chez eux.
42:52Si vous voulez me faire dire que
42:54les électeurs sont toujours rationnels, non.
42:56Non, je dis qu'il y a une légitimité
42:58des deux camps en démocratie.
43:00Il y a une légitimité des deux camps démocratiques
43:02et la seule chose qui compte, c'est est-ce qu'en fin de parcours,
43:04il y en a un des deux qui va avoir la majorité
43:06et on va voir parce que
43:08je ne fais pas mon boulot
43:10d'expliquer ce qui va se passer,
43:12de faire des prévisions,
43:14mais il me semble qu'il y a
43:16une telle haine
43:18partout aux Etats-Unis.
43:20Vous savez qu'aujourd'hui, les classes aux Etats-Unis
43:22qui sont les plus détestées,
43:24c'est avant-dernier l'homme politique
43:26et dernier le journaliste.
43:28C'est-à-dire que
43:30vous n'imaginez pas la haine qu'il y a
43:32partout aux Etats-Unis contre
43:34ces intellectuels,
43:36qui ont été à Harvard, qui ont été tout ça.
43:38C'est une espèce de
43:40rejet presque.
43:42Ça leur donne envie de vomir,
43:44c'est extraordinaire.
43:46Et ce que je vois là, c'est que pour moi,
43:48peut-être que je suis un très mauvais observateur,
43:50mais on le verra,
43:52je pense que ça va être un raz-de-marée.
43:54Arthur de Vastrigan.
43:56On commente beaucoup d'un point de vue
43:58idéologique, notamment en France,
44:00mais sur le point de vue purement pragmatique,
44:02pour l'intérêt
44:04des Français, mieux vaut-il que ça soit
44:06Trump ou que ça soit Harris ?
44:08Il faut faire une distinction très forte.
44:10Si Trump est élu et qu'il n'a
44:12pas les deux parlements,
44:14c'est-à-dire qu'il va avoir le Sénat.
44:16Le Sénat, c'est à peu près certain, ça va être
44:185 ou 6 voix de plus. Il va y avoir
44:2055 Républicains contre 45 Démocrates.
44:22C'est déjà dans la boîte, ça, on le sait.
44:24La question importante, c'est l'élection
44:26aux représentants.
44:28S'il a les représentants, s'il a
44:30été élu, s'il a les représentants, s'il a le Sénat,
44:32à ce moment-là, c'est ce qu'on appelle le grand chelem,
44:34il a deux ans pour agir.
44:36Il y a des élections deux ans plus tard.
44:38Ce que ça veut dire, c'est que
44:40prenez encore une fois un homme comme
44:42Musk, Trump l'a donné
44:44comme boulot de nettoyer
44:46des trucs qui servent à rien, de faire
44:48le boulot de Munei.
44:50Il a commencé à dire, aujourd'hui, il y a
44:52472
44:54aux Etats-Unis
44:56institutions
45:00d'Etat qui sont censées
45:02contrôler différentes choses, la bouffe,
45:04les médicaments, tout ça.
45:06Et d'après Musk,
45:08il devrait y en avoir 10.
45:10Donc, ce qu'on voit, c'est que partout les
45:12Démocrates, où ils sont passés, mettent ce qu'on appelle
45:14des petits hommes gris. J'avais écrit une lettre
45:16il y a des années où je parlais des petits hommes gris
45:18et Milton Friedman m'avait félicité, c'était il y a 20 ans.
45:20Donc, les petits hommes gris,
45:22à partir de ça,
45:24ils verrouillent tout ce qui peut se passer derrière.
45:26Vous ne pouvez pas passer, ces petits hommes gris.
45:28Ils sont ça, ils bloquent tout.
45:30Donc, le but de Musk
45:32et le but de Trump, et ils vous le disent tranquillement,
45:34c'est de faire sauter ce glacier.
45:36Vous noterez, vous connaissez probablement la formule
45:38de Chesterton qui dit
45:40les progressistes font des erreurs
45:42et les conservateurs se font le devoir de ne pas les réparer.
45:44J'applique cette formule à ce que vous nous dites.
45:46Depuis le New Deal,
45:48l'administration s'étend et les conservateurs
45:50annoncent chaque fois vouloir la diminuer
45:52mais ils n'y parviennent pas. Même Reagan n'y est pas
45:54parvenu tant que ça.
45:56Reagan, il voulait aussi réarmer, alors il avait besoin un peu
45:58des Démocrates à l'époque. Mais selon vous, aujourd'hui,
46:00il est possible, le scénario
46:02d'une réduction significative de l'État fédéral
46:04américain est à l'horizon si Trump l'emporte.
46:06Oui, et en plus, ça va tout à fait dans
46:08les idées de Trump qui est de rendre le pouvoir,
46:10ce qu'il a montré au moment d'ailleurs des lois sur l'avortement,
46:12de rendre le pouvoir aux États.
46:14D'enlever toute une série de pouvoirs de Washington
46:16et ce que disait
46:18ce que dit Trump tout le temps,
46:20c'est que si vous vivez mal en province,
46:22c'est que les gens à Washington
46:24vivent trop bien.
46:26Donc,
46:28pour moi, c'est très important parce que
46:30si vous avez Kennedy qui s'occupe
46:32de toutes les histoires
46:36de domination par les grandes sociétés
46:38de ce qui est bouffe, pharmacie,
46:40etc.
46:42Puis si vous avez
46:44Musk qui nettoie
46:46tous ces machins qui ne servent à rien
46:48mais qui empêchent tout le monde de bouger.
46:50Et si vous avez Tulsi Gabbard, qui est une jeune femme
46:52tout à fait remarquable qui a été dans l'armée américaine
46:54et qui s'occupe de nettoyer
46:56le complexe militaro-industriel,
46:58on va peut-être enfin arriver
47:00à nettoyer
47:02ce qui donnait tant d'inquiétudes à ce bon
47:04Eisenhower il y a quand même 60 ou 70 ans.
47:06Je ne dis pas que c'est possible, mais je dis
47:08que ça a été fait.
47:10Alors, je retourne la question. Est-ce que néanmoins,
47:12Trump suscite chez vous, comme chez plusieurs,
47:14une inquiétude? J'entends par là que plusieurs
47:16personnes qui se répandent des accords avec vous disent
47:18que sa personnalité est à ce point improbable,
47:20à ce point certains diraient strionique,
47:22qu'il suscite chez nous une inquiétude.
47:24Partagez-vous cette inquiétude?
47:26Pas du tout.
47:28Trump me fait rigoler, cette histoire
47:30d'aller quand même monter dans le camion poubelle
47:32pour aller à la prochaine réunion électorale
47:34parce que Biden avait dit que
47:36les gens qui votaient Trump, c'étaient tous
47:38des ordures.
47:40Moi, ça ne me fait plus rien de rire.
47:42Quand il va servir ces trucs à McDonald's,
47:44ça me fait plaisir.
47:46C'est un fabuleux
47:48homme de théâtre, de télévision.
47:50Il a été numéro un
47:52dans tous les programmes de télévision
47:54pendant 20 ans aux États-Unis de suite.
47:56Donc, moi, ce qui m'amuse beaucoup,
47:58c'est toute une série de petits gars en France
48:00qui n'ont pas très bien réussi de leur vie
48:02et qui se disent que Trump, c'est un type
48:04bon à rien. Mais le type, il a quand même
48:06monté un empire immobilier
48:08qui était très étonnant.
48:10Puis ensuite, il a été le numéro un de la télévision.
48:12Puis ensuite, il se présente
48:14aux États-Unis. Il est élu la première fois
48:16alors que jamais
48:18personne n'avait été élu s'il n'était soit un militaire
48:20soit un élu.
48:22Donc, il n'avait jamais été élu à rien être fait.
48:24Ensuite, il se fait battre.
48:26Et puis, il revient. Et là, il va peut-être gagner.
48:28Il est marrant, ce type.
48:30C'est un type qui prend...
48:32Il prend non pour une réponse.
48:34Il nous reste une minute trente. Dernière question.
48:36Justement, il y a une nouveauté
48:38aussi dans l'entourage de Trump.
48:40C'est son vice-président annoncé,
48:42et tout le courant intellectuel
48:44qui n'est plus le même que lors de sa première élection
48:46et qui s'appelle post-libéraux
48:48comme Patrick Dineen et d'autres.
48:50Qu'est-ce que vous en pensez ? Qu'est-ce qu'il y a de différent ?
48:52Est-ce que ce sont des gens qui vous plaisent
48:54sachant qu'ils ne se définissent pas vraiment comme libéral ?
48:56C'est-à-dire que oui,
48:58libéral, vous savez, il faut être...
49:00Dès que vous mettez quelque chose devant libéral,
49:02ça cesse d'être libéral.
49:04Il ne faut pas néolibéralisme,
49:06libéralisme avancé, tout ça, c'est des conneries.
49:08Mais la réalité, c'est que
49:10oui, il y a...
49:12Ce qu'on peut espérer, c'est que
49:14par exemple, les taux d'intérêt bas,
49:16ça a été gouverné en faveur de Wall Street
49:18pendant dix ans.
49:20Ça fait la fortune des riches et ça appauvrit les pauvres,
49:22les taux d'intérêt bas, ce que j'ai montré dix fois,
49:24ce que je montre encore une fois dans ce livre.
49:26Mais ce que j'espère avec de tout mon cœur,
49:28c'est qu'au bout d'un moment, il va gouverner pour Main Street,
49:30pas pour Wall Street.
49:32Et ça, ça va être...
49:34C'est pour ça qu'il est tellement attaqué.
49:36Parce que tout ce qu'il fait,
49:38c'est...
49:40pour les petites gens.
49:44Merci beaucoup, c'était passionnant.
49:46Et je retiendrai quand même que vous avez la paternité
49:48de l'expression les petits hommes gris, qu'on utilise beaucoup ici.
49:50Ça, on le retiendra. Merci.
49:52J'en sais, Michael Friedman m'avait envoyé un petit mot
49:54en disant c'est très malin votre histoire de continuer dessus.
49:56Et je rappelle le titre de votre livre,
49:58Cessez de vous faire avoir.
50:00C'est un livre...
50:02Occupez-vous de votre épargne.
50:04Surtout, lisez-le et faites-le, parce que sans ça,
50:06vous allez avoir une vieillesse pas marrante.
50:08Merci Mathieu.
50:10Merci Arthur.
50:12On fait une très courte pause.
50:14On se retrouve dans l'heure des pro 2 en quelques instants.
50:16On reviendra évidemment sur ce nouveau drame
50:18à Crépole, presque un an, jour pour jour,
50:20après la mort de Thomas. A tout de suite.