• le mois dernier
Dans l’épisode 1, nous avions laissé Donald Trump à l’aube de la quarantaine, en 1985. Il a déjà plusieurs projets derrière lui, une tour à son nom, un bon réseau grâce à son père et des rentrées d’argent régulières. Dans la 2e partie des années 1980, tout va s’accélérer. ll va multiplier les projets. Pour le meilleur, et aussi pour le pire.

Category

🗞
News
Transcription
00:00Dans l'épisode 1, nous avions laissé Donald Trump en 1985.
00:04Jusque-là, il a repris l'entreprise de son père,
00:07ouvert le Grand Hyatt Hotel et construit la Trump Tower.
00:10Il n'a pas fait beaucoup d'erreurs.
00:12Mais dans la seconde partie de sa vie, tout bascule.
00:19En 1985, Trump est installé.
00:21Ce qu'il veut désormais, c'est qu'on parle de lui.
00:24Donald Trump se fabrique une image et il veut être célèbre, vraiment.
00:29Nicole Bacharan est historienne et politologue,
00:31spécialiste des Etats-Unis.
00:33Elle a consacré un livre à Trump.
00:35D'ailleurs, il est obsédé par les magazines où il est en photo,
00:38par tout ce qui montre « je suis célèbre ».
00:42Et comme ça ne va pas assez vite pour lui d'être célèbre,
00:45il fait sa propre publicité en appelant des journaux
00:48et en déguisant sa voix et en se faisant appeler,
00:52notamment parce qu'il a pris plusieurs pseudos « John Barron ».
00:56Il appelle les journaux pour lancer des histoires sur Donald Trump,
01:01sur ses réussites financières et immobilières fabuleuses,
01:05mais également sur sa vie de playboy.
01:07La plupart des gens reconnaissent à qui ils ont affaire,
01:11mais pas toujours.
01:12Un chantier va changer son approche du business.
01:14C'est la rénovation de la patinoire Wallman,
01:17une célèbre patinoire à ciel ouvert de New York,
01:19située dans le sud-est de Central Park.
01:22Dans les années 80, elle ferme pour travaux de rénovation.
01:25Mais les travaux s'éternisent
01:27et le chantier coûte des millions à la municipalité.
01:30Trump intervient en 1986.
01:33Il propose d'achever la rénovation en renonçant à tous bénéfices.
01:37En contrepartie, le nom de Trump doit rester attaché au site.
01:42Après quatre mois de travaux, la patinoire ouvre ses portes.
01:45Et même la surfaceuse est désormais logotée Trump.
01:48Au final, le coût des travaux a été de 25 % inférieur au budget prévu.
01:52Trump a sauvé un lieu culte pour les New Yorkais.
01:55Il en sort grandi et toujours plus populaire.
01:59La machine est lancée.
02:00Trump multiplie les projets, notamment immobilier.
02:03Le Plaza Hotel en 1988,
02:06et plus tard, il y aura le Trump World Tower,
02:08le Trump Building,
02:09le Trump International Hotel and Tower,
02:12une résidence Mar-a-Lago en Floride.
02:19Suzanne Craig est journaliste au New York Times,
02:22et co-autrice du livre Lucky Loser, paru en 2024.
02:45Trump va ensuite vouloir mettre son nom sur des casinos.
02:47Mais rien ne va s'aligner comme prévu.
02:52Venez à la Castle à l'Atlantic City.
02:54C'est plus qu'un hôtel, c'est un resort de quatre étoiles.
02:57Et ça ?
02:58Il y a de l'action, il y a de la vie nocturne, le tout.
03:02Atlantic City est une ville balnéaire
03:04située sur la côte atlantique du New Jersey.
03:06Dans les années 70, la ville est à la recherche d'un nouveau souffle.
03:10Les habitants se prononcent en faveur de l'ouverture de casinos,
03:13dont le premier ouvre en 1978.
03:16Trump s'engouffre dans la brèche.
03:18Il fait main basse sur une partie des établissements de la ville
03:21et y organise notamment les plus grands combats de boxe de Mike Tyson.
03:25Surtout, il ouvre le Trump Taj Mahal,
03:28un casino dans les proportions défis tout entendement,
03:31avec ses 42 étages.
03:33Mais tout ça a un coût.
03:35Donald s'endette auprès des banques
03:37qui émettent 675 millions de dollars de junk bonds,
03:40des obligations pour IA au rendement,
03:43afin de financer ses investissements.
03:45En juin 1989, un analyste financier pointe la crise qui arrive.
03:50Il s'alarme du montant astronomique de dettes liées aux casinos de la ville.
03:54Dès 1990, il apparaît en effet que les revenus générés par le Taj Mahal
03:59ne permettent pas de couvrir les dettes contractées.
04:01Trump comprend-il qu'il est allé trop loin ?
04:04Une fois de plus, c'est Fred Trump, le papa,
04:07qui intervient discrètement.
04:35En 1991, le Taj Mahal fait faillite.
04:38L'Empire vacille.
04:40Trump s'aide ses parts dans les casinos,
04:42vend son yacht, le Trump Princess,
04:44et cède sa compagnie aérienne.
04:46Mais le mot échec ne fait pas partie de son vocabulaire.
04:49Jamais, jamais, ça, c'est un trait caractéristique de Donald Trump,
04:54jamais il ne dira qu'il a fait faillite
04:57ou qu'il a fait faillite.
04:59Il ne dit jamais qu'il a fait faillite,
05:01il ne dira qu'il a fait faillite ou qu'il a rencontré un échec.
05:05Il va toujours, parlant même de cette période d'Atlantic City,
05:09disant, j'ai eu de grands succès, je n'ai jamais rencontré d'échec.
05:13Plus révélateur qu'un aveu,
05:15il fait ce qu'on pourrait appeler dans le langage business un pivot.
05:19Il va se lancer dans les produits dérivés.
05:21Vodka, déodorant, parfum, montre,
05:25steak, magazine, poupée, université,
05:27chocolat en forme de lingot d'or,
05:29mais aussi de l'eau en bouteille,
05:31qu'on peut toujours acheter sur Internet, pour 930 dollars.
05:34Pendant ces mêmes années,
05:36on le croise dans de nombreux films et séries.
05:38Il y interprète généralement son propre rôle,
05:41qu'il négocie en échange de l'accès à ses luxueux immeubles.
05:44Samantha, un cosmopolite, et Donald Trump.
05:48Vous n'obtenez pas plus de New York que ça.
05:50À la fin des années 90, un producteur de télévision, Mark Burnett,
05:54va lui offrir une occasion unique d'achever sa légende.
05:58Je m'appelle Donald Trump,
05:59je suis le plus grand développeur de New York.
06:01J'ai même une télévision.
06:03Je m'amuse de l'énergie.
06:05Ce n'est pas un jeu.
06:06Je ne joue pas aux jeux.
06:07Qui va réussir ?
06:09Qui va gagner ?
06:10Et qui sera l'apprentissage ?
06:13Le show est un carton qui va durer sur 15 saisons.
06:16Mais on voit qu'il se récupère
06:18de l'échec des années 90.
06:20Il est aussi dans ces entreprises...
06:22Il est maintenant dans le golf.
06:24Des entreprises qui ne sont pas généralement bonnes.
06:27Il n'est pas...
06:29Je ne sais pas où l'histoire l'aurait emmené
06:31s'il n'avait pas rencontré Mark Burnett.
06:33Mais Mark Burnett a injecté une ligne de vie,
06:36une ligne de vie en cash,
06:38qui est à peu près l'équivalent de ce qu'il a hérité
06:40et de l'argent qu'il a reçu de son père.
06:43On ne peut pas sous-estimer l'importance de ça,
06:45financièrement et d'un point de vue public,
06:49sur lequel nous pouvons parler.
06:50Ce show,
06:52qui est tracé dans la tête de des millions d'Américains,
06:55c'est qu'il est un bon entrepreneur
06:57qui continue jusqu'à ce jour.
06:59C'est vraiment important dans sa vie,
07:01pour l'argent et pour ça.
07:03Tout d'un coup, tu as passé de l'argent en deute
07:05à une valeur de 90 millions ?
07:09Non.
07:10900 millions ?
07:11Non.
07:121 milliard ?
07:14Non.
07:155 milliards ?
07:16C'est ce qu'ils disent.
07:17Je ne sais pas si c'est vrai.
07:19Ils disent 5 milliards. Je ne sais pas si c'est vrai.
07:21Mais c'est suffisant pour manger.
07:24C'est une émission très produite.
07:26Tout est évidemment écrit à l'avance.
07:29Pourtant...
07:30Beaucoup de gens ont cru que c'était vrai.
07:32Et ça a fait démarrer, au bout de 14 ans,
07:34sa carrière politique en tant qu'homme d'affaires
07:37avec un succès planétaire,
07:39comme il aimait à le dire,
07:42qui ne se trompe jamais
07:43et qui mènerait au succès la grande entreprise amérique.
07:46Même si, quand on fait les comptes, c'est une autre histoire.
07:49C'était une calculation qu'on a faite
07:51avec l'aide d'un professeur de commerce.
07:54Russ Buettner est journaliste d'investigation
07:57au New York Times,
07:58prix Pulitzer et auteur d'un livre sorti en 2024
08:01sur Donald Trump.
08:21On peut noter que,
08:22à l'origine, en 2018,
08:24ça aurait coûté environ 2 milliards d'euros.
08:26Et maintenant,
08:27c'est environ 4 milliards d'euros,
08:30quelques années plus tard.
08:31C'est bien au-delà
08:32des comptes les plus généreux
08:35de ce que son argent en fait vaut.
08:37Et on peut voir que les lignes de tendance
08:40de son entreprise au cours des dernières années
08:42n'ont pas été si bonnes.
08:43Des courses de golf au Royaume-Uni,
08:46la Torre de Chicago, qui n'a pas été un succès,
08:48l'ancien poste, qui n'a pas été un succès,
08:51ces choses ont aidé à gagner de l'argent.
08:53Et il avait,
08:54comme on peut le voir sur ses revenus,
08:56de l'argent qu'il avait
08:57de l'entretien et de l'indemnité
09:00pour garder ces choses ouvertes.
09:01Cet argent a disparu.
09:03Il l'a remplacé avec des choses plus petites,
09:06comme des Bibles
09:08qui sont customisés,
09:09des chaussures de tennis avec ses initiales,
09:12ce genre de choses.
09:13Mais ce n'est vraiment pas le genre de l'argent
09:15qu'il avait vu quand il était
09:17une marque de luxe,
09:19quand les développeurs lui donnaient
09:20des millions de dollars
09:21pour mettre leur nom sur un bâtiment,
09:23et c'était aussi
09:24une marque de consommateur
09:26quand une entreprise de chaussures
09:27ou un fabricant de vêtements lui donnait
09:29des millions de dollars
09:30au cours de plusieurs années
09:32pour l'utilisation de son nom.
09:33Après plus de 50 ans d'expérience
09:35dans le business,
09:36dont beaucoup d'échecs maquillés en victoire,
09:38Trump a appris à réécrire l'histoire.
09:41Son nom est devenu une marque,
09:43une marque qui deviendra une arme redoutable
09:45dans l'arène politique.
09:47Comme il le théorisait déjà dans nos colonnes
09:49en 1996,
09:51son nom demeure
09:52son meilleur outil de marketing.

Recommandations