Spécialiste du sport auto à L'Equipe, Erik Bieldermann revient sur le podium décroché par Esteban Ocon et Pierre Gasly lors du Grand Prix du Brésil.
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00:00Est-ce qu'on a assisté ce week-end à un exploit sans lendemain de la part de nos Français et d'Alpine ?
00:05Parce que nous, on a notre avis, mais toi, l'expert ?
00:07J'ai peur que oui. Pourquoi ? Parce que quand vous êtes une écurie neuvième du championnat,
00:13vous n'êtes pas à cette place par hasard. Vous avez un déficit poteur, vous avez un déficit de châssis.
00:18Ce ne sont pas les pilotes qui sont en cause. Et seules les conditions extrêmes de pluie nivellent le niveau des voitures.
00:26Donc on est là sur la qualité du pilotage. Or, Esteban Ocon et Pierre Gasly, sous ces conditions-là,
00:34ont montré qu'ils étaient au niveau des meilleurs en dehors de l'extraterrestre Max Verstappen.
00:39Et comment on peut expliquer cette capacité à briller sous la pluie ?
00:45C'est tout simplement parce qu'ils ont passé leur jeunesse ensemble à faire du karting en Normandie.
00:50Dans le Nord ?
00:52Non, c'est la Normandie. Et en fait, ils s'entraînaient qu'il pleuve et même qu'il neige.
01:00C'est des gamins qui demandaient à leur père. Les deux s'entendaient bien à l'époque.
01:05Les deux, avec les parents, partaient sur le circuit qui est sur une boucle de la Seine à Amnéville.
01:12Et ils s'entraînaient même sous la neige jusqu'à moins 5. Alors ils finissaient avec les doigts comme ça.
01:18Mais c'est surtout les parents. Parce que les parents, quand il fallait mettre les mains dans la mécanique, l'acier...
01:23L'acier, tu ne peux pas faire de la mécanique avec des gants.
01:25Donc les parents s'en souviennent. C'est pour eux un bon souvenir aujourd'hui,
01:29mais de très, très mauvais moments passés à l'époque.
01:31Pierre Bouby, toi qui es fan de Formule 1, qui as suivi ce Grand Prix du Brésil avec attention,
01:34est-ce que tu t'es emballé ou est-ce que tu te dis un peu bon, c'est un accident ?
01:37Pour l'instant, je le classe dans le top 3 des Grands Prix de cette saison, même si ce n'est le meilleur.
01:42Parce que c'est un doublé français ou pas du tout ?
01:43Non, mais parce qu'il y a tout dans le contexte. Parce que nous, on est français,
01:46mais aussi par rapport à la pluie qui n'était pas là au début.
01:50Ça a pris du retard au début, donc du coup, après, ça a décalé aussi la pluie.
01:54Le changement de pneus, il faut aussi saluer la stratégie d'Ocon de vouloir rester aussi en circuit pendant cette pluie,
02:00alors que tout le monde change des pneus, ce qui lui a permis d'avoir un changement de pneus gratuit.
02:03Mais ça veut dire aussi qu'on a des pilotes français qui savent vraiment piloter.
02:08Pas uniquement sous la pluie, mais on se rend compte que quand tout le monde est sur un pied d'égalité
02:11et que les machines ne peuvent pas aller à fond, il y a quand même une forme de risque et de maîtrise.
02:16Je pense qu'ils ont vraiment une sensibilité sous la pluie qui est beaucoup plus importante chez eux que chez les autres.
02:22Oui, mais totalement, ça ne ment pas la pluie.
02:25On a vu tous les jeunes pilotes qui, jusqu'à présent, Colapinto, Biermann,
02:29qui donnaient l'impression d'être au niveau de la Formule 1,
02:32de pouvoir rapidement concourir pour un baquet de titulaires.
02:36D'ailleurs, certains l'ont comme Biermann et on les a vus passer totalement au travers.
02:41Ça ne s'invente pas. Il y a Lewis Hamilton, qui ne va pas aller au carton.
02:45Max Verstappen ne va pas aller au carton.
02:46Et Orlando Norris, tout beau, tout supposé être celui qui doit faire la guerre à Max Verstappen
02:53et éventuellement être le futur champion du monde.
02:55Qu'est-ce qu'il a fait ? Il a savonné son départ.
02:58A la relance, il est parti à l'extérieur, il a perdu deux positions.
03:01Il a montré lui aussi, malgré le fait qu'il soit un Anglais
03:04et qu'il ait cette culture aussi de la conduite sous la pluie, il a montré aussi ses limites.