Aujourd'hui, dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de comment les entreprises Michelin et Auchan en sont venues à supprimer plus de 3600 postes.
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00:00J'aimerais qu'on parle aussi de l'actualité française, de ce qui se passe notamment chez Michelin, avec ses emplois qui sont terriblement menacés.
00:08Entre Michelin et le distributeur alimentaire au champ, il y a 3500 postes qui risquent de s'effondrer cette semaine.
00:16On va écouter un témoignage qui moi m'a bouleversée. Fabrice, il a travaillé toute sa vie chez Michelin.
00:21C'est un Michelin, comme il dit, c'est des familles Michelin.
00:23Depuis 26 ans, il a salarié et il dit que ça lui fait très mal.
00:29J'ai travaillé dès l'âge de mes 18 ans, pendant toutes mes vacances scolaires.
00:33J'étais ici, donc je n'avais pas de vacances. J'étais à l'école et je venais tout le temps travailler ici.
00:38Mais aujourd'hui, la conjoncture actuelle au niveau financier, c'est très compliqué pour tout le monde, dans le monde ouvrier.
00:45Et quand on nous annonce qu'on ferme une entreprise, ça fait mal.
00:49On vit Michelin. Notre famille, on dit que Michelin c'est famille.
00:53Voilà, c'est ça. On a vécu famille.
00:56Mon père a travaillé là, moi j'ai travaillé là, mon frère a travaillé là, mon ex-beau-frère a travaillé là.
01:03Donc on a tout donné. Aujourd'hui, on finit.
01:08C'est terrible, Marc Toitier, parce que c'est un pan de notre pays qui disparaît.
01:12C'est un drame humain, mais malheureusement ce n'est que la conséquence des erreurs stratégiques qui ont été faites depuis des années.
01:17Je rappelle que la volonté de faire de la France une économie sans usine est une volonté politique dans les années 80, 90, même 2000.
01:23On peut très bien vivre sans usine, tout va bien se passer, entre guillemets.
01:27Sauf qu'évidemment, on voit ce qui se passe ensuite.
01:29Et puis surtout, c'était une erreur, parce qu'on a besoin effectivement d'une industrie.
01:33Et le drame, c'est que quand on a entendu parler de réindustrialisation, c'était que du marketing.
01:37Rien n'a été fait.
01:39Et ce qui est fou, c'est que derrière les entreprises, parce qu'on parle de grandes entreprises, Michelin, Auchan, etc.
01:45C'était Goodyear il y a des années.
01:48Je pense également au PME, il y a des records aujourd'hui de défaillances d'entreprises qui sont en train d'être enregistrées en France.
01:54Et là derrière, c'est des milliers de personnes qui vont malheureusement tomber au chômage.
01:59Et sachez que sur les derniers mois, le taux de chômage est en train d'augmenter en France.
02:03Alors que dans la zone euro, ça continue de baisser, on est à 6,3%.
02:06En France, on est à 7,6%.
02:08Et j'ai regardé quelque chose d'incroyable.
02:10Le graphique, je ne l'ai pas amené, mais il est sur ma chaîne YouTube pour ceux qui s'intéressent.
02:13On a cet écart de taux de chômage entre la France et la zone euro.
02:16Tu sais que jusqu'en 2017, le taux de chômage de la zone euro était supérieur à celui de la France.
02:21Et puis en 2017, en disant qu'on devait tout changer, tout devait aller mieux, là, c'est l'inverse.
02:25Le taux de chômage de la France devient supérieur à celui de la zone euro.
02:29Ça veut dire qu'il a baissé, certes, parce qu'on a profité des avantages que tout le monde a eus,
02:33mais il a beaucoup moins baissé qu'ailleurs.
02:34Et donc, il y a un problème structurel de taux de chômage.
02:36D'ailleurs, quand on parle de 7,6%, c'est le taux de chômage qu'on appelle de catégorie A, donc officiel.
02:41Mais le vrai taux de chômage en France, il est autour des 16,5%.
02:44Et on nous parle de plein emploi.
02:47On est très loin du plein emploi, surtout parce que ça ne s'arrête pas à un chiffre.
02:50Parce que d'ailleurs, la personne l'a dit à l'instant, c'est que malheureusement, il y a des familles qui sont concernées.
02:55Et donc, ça veut dire que là aussi, chômage, moins de revenus, moins de consommation,
02:59donc la récession qui s'aggrave, et c'est le sacre dernier.
03:02Écoutons juste Michel Barnier qui a réagi cet après-midi sur ces suppressions d'emplois.
03:06Écoutez le Premier ministre.
03:09Je suis en désaccord avec cette décision, naturellement, je veux le dire,
03:14et j'ai pour la même sentiment que vous, je le regrette, cette décision qui touche Chollet et Vannes.
03:19Je veux d'ailleurs, M. Chassaigne, vous dire, comme à d'autres députés,
03:22que j'ai le souci de savoir ce qu'on a fait dans ces groupes de l'argent public qu'on leur a donné.
03:27Je veux le savoir.
03:30Et donc, nous allons poser des questions,
03:35et nous verrons si cet argent a été bien ou mal utilisé, pour en tirer les leçons.
03:43On aimerait bien suivre ça, en fait.
03:45Oui, quand il fait de l'argent...
03:47Et puis surtout, est-ce qu'on va leur réclamer des comptes ?
03:49Est-ce qu'il va aller jusqu'au bout de la démarche et leur réclamer des comptes ?
03:52Non mais là, je veux bien.
03:54Non mais si, on leur prête de l'argent pour qu'ils restent en France,
03:58ou alors, il ne faut pas expliquer qu'on leur pose des questions,
04:01ça ne sert à rien de leur poser des questions.
04:03Ce n'est pas des prêts, c'est qu'on leur donne.
04:05Après, pour aller dans le sens de lui aussi,
04:08c'est le même gouvernement qui va augmenter les impôts de production.
04:11Il ne faut pas que d'augmenter les impôts de production,
04:13on va aider à la réindustrialisation.
04:15Attendez, juste, on leur prête ou on leur donne ?
04:17Non, il y a un truc très simple.
04:19Qui a pris la décision de ne pas leur donner,
04:21mais de leur prêter ou leur faire des avantages ?
04:23C'est l'État.
04:24Donc c'est ça, le gros problème.
04:25Pourquoi fait-il ça ?
04:26Parce que nous sommes, je le rappelle,
04:28le pays où il y a le plus de pression fiscale dans le monde.
04:31C'est la France.
04:32C'est le pays où le coût de la main-d'oeuvre est l'un des plus chers au monde.
04:35Il ne faut quand même pas l'oublier.
04:36Moi, je dis plutôt que de donner des aides.
04:37Ça ne sert à rien, les aides.
04:38Mieux vaut rendre l'économie française moderne,
04:41réduire ses charges, réduire sa fiscalité.
04:43Mais il nous faut ces emplois salariés, il nous faut ces endroits.
04:45Mais c'est ça, le vrai enjeu.
04:46Encore une fois, si vous vous contentez de donner des aides,
04:49ça ne sert à rien.
04:50Ça, c'est le proverbe chinois.
04:51Quand on donne un poisson, il va manger une journée.
04:53S'il lui apprend à pêcher, il va manger toute sa vie.
04:55Nous, on est...
04:56C'était la folie des aides avec ce coronavirus, mais pas seulement.
04:58Et donc, c'était le quoi qu'il en coûte.
05:00Rappelez-vous ce que dit Macron.
05:01L'État payera.
05:02Ah ouais ? OK.
05:03Sauf que qui paye à la fin ?
05:04Au travers des impôts, c'est nous qui payons.
05:06Et c'est un échec dramatique avec une dette qui a flambé, encore une fois.
05:09Mais malheureusement, pas de croissance à l'arrivée
05:12et des entreprises qui sont aujourd'hui en train de disparaître.
05:15Je trouve que le bashing de Michelin est beaucoup trop facile.
05:18C'est une très belle entreprise française
05:21des capitaux français.
05:22C'est une entreprise sociale.
05:24Et d'ailleurs, ça s'entendait dans les mots de la personne qui parlait de ce plan.
05:29Connaissant la culture de cette entreprise,
05:31ça a dû être un crève-cœur réel.
05:33C'est sincère de la part de la direction de devoir faire ça.
05:36C'est encore une des rares sociétés
05:38qui s'occupe réellement de toute la vie,
05:40parfois familiale, de ses salariés.
05:42Quasiment tous ont des voitures de fonction
05:44adaptées à leur famille.
05:45Ils ont des aides pour acheter des logements.
05:47C'est un peu comme les entreprises paternalistes,
05:50comme il y en avait encore au XIXe siècle.
05:52Il y a très peu d'entreprises qui ont gardé cette culture-là.
05:54Donc, saluons quand même cette exception française
05:57que demeure Michelin.
05:59Et je rappelle simplement que par rapport à ça,
06:02pourquoi est-ce que des sociétés aujourd'hui
06:04n'ont pas d'autre choix que de faire ces choix-là
06:06pour préserver leur activité en France ?
06:08Ils pourraient tout à fait partir en Europe de l'Est
06:10ou je ne sais pas où et tout enlever d'un coup.
06:12Précisément, s'ils restent,
06:13c'est parce qu'ils sont attachés à l'incarnation en France.
06:17Aujourd'hui, si des entreprises comme ça
06:19sont obligées de faire ça,
06:20c'est tout simplement parce que,
06:22ça rejoint ce que disait Marc Twaty,
06:24quand on n'est pas compétitif,
06:25quand l'État vous met des bâtons dans les roues tout le temps,
06:27qu'il y a des normes qu'on fait venir des entreprises
06:29qui viennent complètement casser les prix,
06:32eh bien forcément, vous n'aidez pas.
06:34Je trouve ça un peu facile, moi,
06:35de tirer sur des entreprises.
06:37On entend la détresse des salariés aussi.
06:39On ne tire pas sur l'entreprise.
06:40Mais même quand on dit
06:42qu'il faudrait exiger des comptes par rapport aux aides,
06:45et toutes les entreprises...
06:46On n'a pas le droit de se poser la question ?
06:48Oui, mais parce que là,
06:49c'est une entreprise qui a été connue.
06:50Il y a énormément d'entreprises privées
06:52qui bénéficient d'énormément d'argent public
06:54alors qu'elles ne produisent rien.
06:55Jamais on leur demande des comptes.
06:57Marc, dernier mot.
06:58Juste très vite,
06:59vous faites le lien avec les États-Unis,
07:01parce qu'il y a aussi un gros problème.
07:02C'est le secteur automobile
07:03qui est dans une catastrophe mondiale,
07:05avec la concurrence notamment des Chinois.
07:06Également les erreurs,
07:07parce qu'on veut tout faire écolo,
07:08tout électrique, etc.
07:09Et là aussi, ça a des coûts sur le secteur automobile.
07:11Et c'est un vrai sujet.
07:12Oui, donc c'est ça le problème.
07:13C'est un sujet global.
07:14Et malheureusement,
07:15on ne peut pas l'envoyer par le fil de l'oreillette.
07:16Mais ce qui est très dangereux,
07:17c'est ce qui nous manque
07:18par rapport notamment aux États-Unis.
07:19Il n'y a pas de volonté économique.
07:21Il n'y a pas d'impulsion.
07:22Il n'y a pas de liberté d'introduction.
07:24L'impulsion, c'est aussi le rappel des titres de l'actualité.
07:2718h33 sur CNews.org.