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Mobilisation exceptionnelle des hommes, renversement du vote latino, prépondérance de l’économie… au lendemain de l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, chacun y va de son explication pour analyser cette large victoire, que bon nombre d’instituts de sondage n’avaient pas vu venir. Une fois encore.

Que disent réellement les chiffres ? Quels sont les ingrédients de cette campagne victorieuse du désormais 45e et 47e président des Etats-Unis ? A l’aide de cartes animées, d’infographies, et des analyses de l’historienne Françoise Coste, L’Express fait le point dans une nouvelle vidéo, à retrouver aussi sur tous nos réseaux sociaux.

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Transcription
00:00Donald Trump sera le 47e président des Etats-Unis et s'installera à nouveau à
00:05la Maison-Blanche pour un second mandat.
00:11Mais comment a-t-il fait ?
00:13Après une nette victoire contre Kamala Harris et le Sénat qui redevient
00:17républicain, on vous explique les trois ingrédients de sa victoire.
00:20Le premier ingrédient de la victoire de Donald Trump, c'est sa campagne
00:24particulièrement réussie dans les swing states.
00:27Sans surprise, les Etats traditionnellement républicains se sont
00:31largement prononcés en faveur de Donald Trump.
00:34De son côté, Kamala Harris a également su conserver les Etats démocrates
00:38comme la Californie ou encore l'Etat de New York.
00:41Mais dans les sept Etats-clés annoncés très serrés, la candidate démocrate
00:46n'a pas su convaincre.
00:47Par exemple, le Wisconsin, le Michigan, la Pennsylvanie, la Géorgie ou la
00:52Caroline du Nord ont été remportés par Donald Trump.
00:58Elle paraissait plutôt bonne, c'est-à-dire qu'elle donnait l'impression
01:02d'avoir compris tout ce que Hillary Clinton, en 2016, avait raté.
01:06Et donc, c'était l'anti-Clinton.
01:08Elle a fait tout ce que les gens ont dit qu'il fallait que les démocrates
01:11fassent sur le terrain.
01:12Il y avait vraiment une bonne infrastructure de campagne qui avait l'air,
01:16je parle au passé maintenant, bien plus étendue, bien préparée en amont
01:22que celle des républicains.
01:23Trump n'avait pas ses milliers de militants qui sont allés faire du porte-à-porte,
01:27par exemple, les deux derniers week-ends.
01:29Si la différence ne s'est pas faite dans l'occupation du terrain par les militants,
01:33ça s'est fait dans les médias.
01:35Il n'y a pas mille façons de parler aux gens.
01:38Je pense que le jeu médiatique de Trump était sans doute très bon.
01:53Je pense qu'avec le recul, on se rendra compte que dans les derniers jours,
01:56toute la pub gratuite qu'il a eue, par exemple, en allant travailler chez McDo,
02:00toutes ces images qu'on a trouvées tellement ridicules avec le camion de poubelle,
02:04tout ça habillé en éboueur, ça a saturé le paysage médiatique.
02:08C'est gratuit.
02:09Et force est de constater que ça a dû convaincre suffisamment d'indécis
02:14de pencher vers lui ou carrément d'électeurs démocrates de basculer vers lui.
02:18Le deuxième ingrédient de la victoire de Donald Trump,
02:21c'est d'avoir compris les préoccupations principales de ses électeurs.
02:25Si la campagne de la vice-présidente démocrate s'est focalisée
02:28sur la défense des institutions démocratiques, des droits des femmes et des minorités,
02:32côté républicain, la campagne de Donald Trump s'est concentrée sur l'immigration,
02:36l'inflation et l'économie,
02:38une thématique considérée comme principale préoccupation des Américains.
02:42Selon une enquête menée par l'agence de presse américaine,
02:4539% des Américains considèrent que l'économie est le sujet le plus important pour le pays.
02:50Je pense qu'on a sans doute sous-estimé le traumatisme de l'inflation dans la population américaine.
02:55Dans le contexte, ce n'était pas idiot de penser que post-6 janvier 21,
03:01les gens seraient inquiets sur la santé de la démocratie américaine
03:05et que post-fin du droit à l'avortement au niveau fédéral avec l'arrêt d'Obs de la Cour suprême,
03:10que les femmes seraient inquiètes sur le droit à l'avortement.
03:13Ce n'était pas ahurissant de se dire, voilà nos axes de campagne.
03:16Sauf que maintenant, on voit bien que les priorités de l'électorat étaient ailleurs.
03:21C'étaient des sujets sur lesquels les démocrates étaient plus faibles.
03:25Parce que comme le président sortant est démocrate,
03:29l'inflation a été assez logiquement considérée comme un problème démocrate par les électeurs.
03:41Pendant toute sa campagne,
03:42Donald Trump a donc martelé des messages politiques sur des thèmes chers aux Américains.
03:47Le deuxième exemple, c'est l'immigration, considérée comme la deuxième préoccupation des Américains.
03:59Toujours selon cette même enquête,
04:00seuls 4% des Américains ont déclaré que la politique étrangère était un facteur principal de leur vote.
04:06Le paradoxe de la superpuissance américaine,
04:09c'est que les États-Unis sont une puissance hégémonique dans le monde,
04:12mais la population de cette puissance hégémonique ne se préoccupe pas trop de cette hégémonie,
04:17n'est pas intéressée par les questions internationales.
04:20Les États-Unis, pour eux, Gaza, l'Ukraine, Taïwan, c'est très très loin.
04:25Il y a une indifférence de l'électorat, la majorité de l'électorat, pour ces questions-là.
04:32Et l'idée que de toute façon, je pense avec cette élection de Trump,
04:35que Trump c'est un homme fort, qui sera fort à la maison et à l'étranger.
04:40Enfin, le troisième ingrédient de la victoire de Trump,
04:44c'est la contre-performance de Kamala Harris dans ses électorats clés.
04:48Pour l'emporter, Kamala Harris devait par exemple faire au moins aussi bien que Joe Biden auprès de l'électorat latino.
04:55Or, les premières enquêtes d'opinion réalisées à la sortie des urnes
04:59indiquent que Kamala Harris aurait obtenu 61% du vote des femmes latinas
05:04contre 69% pour Joe Biden,
05:07et seulement 44% du vote des hommes latinos, soit 15 points de moins que Joe Biden.
05:13Je pense que les démocrates, et on pourrait dire sans doute toute la gauche occidentale,
05:19se bercent de l'illusion depuis des années que les minorités sont de gauche.
05:25Les chiffres que vous montrez sont fascinants parce que ça prouve que ce n'est pas vrai,
05:30que les latinos qui sont présents aux Etats-Unis, c'est des électeurs comme les autres.
05:39Kamala Harris, comme Hillary Clinton, aurait pu devenir la première femme présidente des Etats-Unis,
05:45une double défaite pour le camp démocrate qui a de quoi interroger.
05:50Si l'on compare les chiffres de l'électorat féminin,
05:53en 2020, 57% des femmes avaient voté pour Joe Biden,
05:57et en 2024, 54% des femmes ont voté pour Kamala Harris.
06:02Pourquoi les femmes ont plus voté pour un homme que pour une femme ?
06:06Il va falloir affiner ces statistiques parce que je crois que le nœud du problème est exactement là.
06:12En 2016, on avait vraiment été, je pense, dans un déni assez frappant de la misogynie de l'électorat
06:19comme un des facteurs, pas le seul, mais un des facteurs de la défaite d'Hillary Clinton.
06:24Huit ans après, je pense qu'il faut remettre la question sur le tapis là aussi.
06:27Une des leçons que le Parti démocrate va tirer de ça, c'est qu'on va attendre longtemps
06:32avant qu'une femme soit de nouveau candidate pour la présidence aux Etats-Unis.
06:35Ça va donner l'impression que c'est juste impossible,
06:37que le plafond de verre est incassable aux Etats-Unis.
06:42C'est le moment de vous abonner à notre chaîne pour continuer à suivre et à tenter de comprendre
06:47cette Amérique qui plonge à nouveau pour quatre ans de présidence Trump.
06:51Trump n'est pas une anomalie. Là, il a gagné le collège électoral et le vote populaire.
06:57Il n'y a pas de photo finish. Tout le monde pensait que ça allait durer des jours et des jours.
07:00On s'est tous trompés, tous. C'est un choix, ce n'est pas une erreur, ce n'est pas un accident.
07:06C'est un choix qui montre que le système politique américain, et par extension le système politique occidental,
07:12est en train de basculer dans quelque chose de nouveau. Je ne sais pas quoi.
07:16Mais c'est vraiment une nouvelle ère qui s'ouvre. Et là, pour de vrai.

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