Florian Aït Ali, président de l'US Colomiers
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00:008h moins le quart, c'est notre quart d'heure Toulousain, c'est votre quart d'heure Toulousain.
00:04Comment se passent les matchs de vos enfants ? Est-ce que vous avez déjà été témoin de comportements déplacés de parents aux abords des terrains de foot ou de rugby ?
00:12On prend tous vos appels dans notre quart d'heure Toulousain, vous appelez Christine 05 34 43 31 31.
00:17Et on en parle avec notre invité, bonjour Florian Haïtali.
00:20Bonjour.
00:20Vous êtes le président du club de foot de l'US Colombie et en arrivant vous m'avez dit « je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée ».
00:26Effectivement, c'est beaucoup d'engagement social, de bénévoles, de temps.
00:32On laisse nos familles comme tous les éducateurs et effectivement il n'y a pas que des moments de joie alors que ça devrait être le cas en fait.
00:39Deux de vos éducateurs ont été indirectement agressés il y a une dizaine de jours.
00:43Leur voiture personnelle incendiait devant chez eux et un de ces incendies s'est même propagé à la maison d'un d'entre eux.
00:50Quatre enfants, il a fallu évacuer tout le monde d'urgence.
00:52Comment ils vont aujourd'hui vos éducateurs ?
00:54Alors, ils sont encore sous le choc, c'est-à-dire qu'avec l'adrénaline pendant les deux trois jours qu'ils ont suivi,
01:02ils ont maintenu leurs engagements parce qu'il y avait des tournois qui étaient prévus avec les enfants.
01:07Mais maintenant, effectivement, ça redescend.
01:10Donc le choc, la réalisation de ce qui s'est passé et que ça aurait pu être plus grave.
01:14Ils vont revenir au club ?
01:15Ils vont revenir au club, ça a été la première question que je leur ai posée parce que ça appartient à chacun.
01:19On n'est pas à la place de ces éducateurs-là quand on subit des choses comme ça.
01:23Donc c'est ce qu'ils ont évoqué de suite.
01:25Ils souhaitent continuer pour montrer qu'il faut qu'on soit fort et qu'on continue à accompagner ces enfants dans leur passion.
01:31Le Parc et Toulouse nous dit que personne n'a été interpellé dans cette affaire.
01:34Est-ce que vous, vous savez qui a pu intimider vos éducateurs ?
01:37Une enquête est en cours.
01:38Donc malgré tout, il faut quand même être prudent.
01:41Cependant, quand vous avez dans la même nuit deux éducateurs d'une même catégorie, d'un seul club de foot,
01:46après des décisions qui ont été prises pour aller faire un tournoi,
01:48qui habitent à une vingtaine de kilomètres l'un de l'autre,
01:50dans deux villes complètement différentes, 45 minutes d'intervalle,
01:53je pense qu'on a plus de chances de gagner au loto autour de la table que ça nous arrive.
01:58Donc effectivement, les liens laissent à penser qu'il y a un vrai fort lien avec le club de foot de l'US Columbia.
02:05Donc ça pourrait être un parent, une maman, un papa qui a fait ça ?
02:09En tout cas, une personne qui n'a rien à faire dans cette société.
02:15Vous avez pris une décision forte, vous avez dit stop, on arrête tout, plus de match.
02:19Oui, parce qu'on a connu des agressions, on a connu des insultes verbales
02:25qui deviennent le quotidien de presque des week-ends au bord des terrains.
02:29A l'encontre de ces mêmes éducateurs ?
02:30A l'encontre des éducateurs en général.
02:32Et là, vu tout le soutien qu'on a reçu de tous les clubs régionaux, mais également de la France entière,
02:37je sais que ce n'est pas un cas isolé et que finalement la prochaine étape, c'est quoi ?
02:41C'est un mort et il est hors de question qu'on laisse passer ça.
02:45Vous qui nous écoutez, qui nous regardez sur France 3, 05, 34, 43, 31, 31,
02:50je suis sûre que vous avez plein de choses à nous raconter sur ce qui se passe dans les clubs de vos enfants.
02:54Il se passe quoi ? C'est quoi le problème des parents en fait ?
02:57Parce que c'est souvent des parents qui dérapent, qui vous invectivent.
03:00C'est parce que leurs enfants ne sont pas sélectionnés pour des tournois, pour des compétitions ?
03:04C'est ça le problème ? Vous souriez, vous rigolez presque ?
03:08Je souris jaune, mais oui, c'est aussi futile que ça.
03:15On a eu des cas où des parents sont venus à notre rencontre parce que l'enfant avait joué une minute de moins que les copains.
03:21On a eu des cas où on a des éducateurs bénévoles des fois qui ont leur enfant
03:25et qui sont targués de laisser plutôt leur enfant jouer que les autres enfants.
03:30Ça commence par des SMS, des textos quand on fait les groupes pour le week-end
03:34en prétextant d'abord le mécontentement, puis après en insultant, puis après en intimidant.
03:40C'est ça le quotidien.
03:41Et ces gamins-là, vous êtes obligés de les accepter le lendemain, le week-end,
03:45avec les parents qui sont là, qui vous ont potentiellement insultés par SMS ?
03:48En fait, on essaie malgré tout d'avoir des espèces de règlements intérieurs.
03:53Après, il y a un énorme contexte à prendre en compte.
03:58On essaie d'accompagner ces gens-là.
04:00On est un club populaire, on n'est pas là pour exclure tout le monde à la première chose.
04:04Mais je trouve que nous, dans notre projet de club, même si on est exigeant,
04:08on essaie de développer les jeunes enfants, mais on essaie aussi de développer des citoyens avant tout.
04:14Et pour nous, c'est vraiment important.
04:15Et on se rend compte que c'est de plus en plus difficile,
04:17notamment avec des parents et des actes tels qui sont réalisés.
04:21Pour jouer à l'US Columbia, arrêtez-moi si je me trompe,
04:23il faut passer des sélections dès le plus jeune âge.
04:25Est-ce que ce système-là ne participe pas aussi aux tensions ?
04:29En fait, ce que vous appelez sélection, aujourd'hui on a 5 terrains,
04:33on a 40 bénévoles et on ne peut pas accueillir tout le monde.
04:36Moi, si je pouvais avoir 10 hectares de terrain et 250 bénévoles,
04:40je vous assure qu'on pourrait accueillir tout le monde.
04:42Donc, quand on crée les effectifs, on les crée avec plusieurs critères,
04:46qui est notamment également la sécurité, puisque c'est comme dans l'animation,
04:49vous avez des animateurs, c'est 1 pour 8.
04:51Les éducateurs, quand vous en avez 1 pour 15, la sécurité n'est pas réelle.
04:56Donc, comment vous sélectionnez ?
04:57Du coup, on fait ce qu'on appelle des portes ouvertes,
04:59comme ça peut arriver dans n'importe quelle association, n'importe quel sport,
05:03et on a des effectifs qui sont 24.
05:06Aujourd'hui, il faut savoir que 67% à peu près des effectifs sont columérains,
05:10puisqu'on est quand même un club columérain,
05:12et donc on a aussi ce critère qui rentre en compte.
05:15Ensuite, on complète les effectifs avec des portes ouvertes, des qualités.
05:19Notre projet de club, il est aussi clair.
05:22Les parents, quand ils veulent venir jouer à l'US Columbia,
05:25ils savent aussi qu'on a des installations de qualité,
05:27qu'on a des éducateurs diplômés, tout le monde est diplômé de qualité.
05:30Qu'est-ce qu'on veut faire pour éviter ces violences ?
05:32Est-ce qu'il faut interdire l'accès au stade aux parents, par exemple ?
05:35Certains clubs professionnels l'ont fait.
05:38Moi, je vais vous surprendre, mais je suis contre ça.
05:41Je ne suis pas président d'une association pour créer ça.
05:45Aujourd'hui, le lien associatif, les échanges qu'on a avec les parents,
05:48c'est un temps pour eux qui leur permet de sortir de leur quotidien.
05:51On a des bénévoles qui font des crêpes le mercredi,
05:53on a de l'aide aux devoirs, on crée des tournois, des lotos.
05:56C'est ça, une association.
05:58L'exigence, ce qu'on veut faire du développement d'un jeune joueur,
06:02n'est pas antinomique avec la citoyenneté, le lien, le partage.
06:07On prend la parole sur France Bloc, c'est-à-dire qu'on fait des ateliers ce week-end,
06:10à la place des matchs, il y aura des ateliers ?
06:12Il y aura des ateliers.
06:14Je remercie Marco Santin et Arnaud Dallapria,
06:17président du district et de la Ligue.
06:19Quand nous, on prend cette décision d'arrêter,
06:21on le fait sans savoir ce qui va se passer derrière,
06:24sans l'effet médiatique qu'il peut y avoir.
06:26Vous allez apprendre quoi aux familles, aux enfants ?
06:28Que la vie, la citoyenneté, ne se règle pas par la violence.
06:35Il faut discuter.
06:36J'ai l'impression que c'est un reflet exacerbé de la société.
06:39Il y a quelques années, on discutait, on trouvait des solutions, on avançait.
06:43La frustration, ça crée aussi un enfant, la frustration.
06:48Aujourd'hui, on a des enfants rois.
06:51Du coup, les parents ne supportent pas qu'on leur dise non.
06:55Les enfants ne supportent plus qu'on leur dise non.
06:57C'est ça aussi la création d'un citoyen.
07:00C'est aussi ça.
07:01Donc oui, des ateliers, des discussions,
07:03et continuer avec toutes les associations,
07:05tous les clubs de sport différents,
07:07parce qu'Auhand, ma fille fait du basket,
07:09il y a aussi des incivilités au basket, sur différents postes.
07:12Il faut qu'on continue et qu'on ait vraiment un rôle d'éducation avec les parents.
07:16Je suis sûre que vous avez fait passer plein de messages ce matin.
07:18Merci beaucoup Florian Aytali, président du club de foot de l'US Colombie,
07:22qui annule tous ses entraînements ce week-end après l'agression de deux de ses éducateurs.