« Le retour de Trump secoue l'UE : L'Ukraine et l'élargissement menacés ? »
Première partie : Caroline de Camaret reçoit Pierre Moscovici, Président de la Cour des Comptes et ancien commissaire européen, pour évoquer l'actualité européenne et la victoire de Donald Trump.
Deuxième partie : Caroline de Camaret et Thibault Henocque reçoivent Nathalie Loiseau (eurodéputée Renew) et Nicolae Stefanuta (eurodéputé Vert) pour un débat : « Le retour de Trump secoue l'UE : L'Ukraine et l'élargissement menacés ? »
Ici, l'Europe
Chaque semaine, LCP Assemblée nationale, Public Sénat et France24 vous plongent au coeur des questions qui secouent l'Europe : Covid-19, questions migratoires, « Green deal », Brexit ou encore souveraineté digitale. Quel avenir pour l'Union et ses 450 millions d'habitants ? Une demi-heure d'information pour mieux comprendre les enjeux européens.
Abonnez-vous à la chaîne YouTube LCP - Assemblée nationale : https://bit.ly/2XGSAH5
Suivez-nous sur les réseaux !
Twitter : https://twitter.com/lcp
Facebook : https://fr-fr.facebook.com/LCP
Threads : https://www.threads.net/@lcp_an
Instagram : https://www.instagram.com/lcp_an/
TikTok : https://www.tiktok.com/@LCP_an
Newsletter : https://lcp.fr/newsletter
Retrouvez-nous sur notre site : https://www.lcp.fr/
#LCP #assembleenationale #Politique
Première partie : Caroline de Camaret reçoit Pierre Moscovici, Président de la Cour des Comptes et ancien commissaire européen, pour évoquer l'actualité européenne et la victoire de Donald Trump.
Deuxième partie : Caroline de Camaret et Thibault Henocque reçoivent Nathalie Loiseau (eurodéputée Renew) et Nicolae Stefanuta (eurodéputé Vert) pour un débat : « Le retour de Trump secoue l'UE : L'Ukraine et l'élargissement menacés ? »
Ici, l'Europe
Chaque semaine, LCP Assemblée nationale, Public Sénat et France24 vous plongent au coeur des questions qui secouent l'Europe : Covid-19, questions migratoires, « Green deal », Brexit ou encore souveraineté digitale. Quel avenir pour l'Union et ses 450 millions d'habitants ? Une demi-heure d'information pour mieux comprendre les enjeux européens.
Abonnez-vous à la chaîne YouTube LCP - Assemblée nationale : https://bit.ly/2XGSAH5
Suivez-nous sur les réseaux !
Twitter : https://twitter.com/lcp
Facebook : https://fr-fr.facebook.com/LCP
Threads : https://www.threads.net/@lcp_an
Instagram : https://www.instagram.com/lcp_an/
TikTok : https://www.tiktok.com/@LCP_an
Newsletter : https://lcp.fr/newsletter
Retrouvez-nous sur notre site : https://www.lcp.fr/
#LCP #assembleenationale #Politique
Category
🗞
NewsTranscription
00:00France 24, LCP, Public Sénat présente.
00:05Générique
00:07...
00:25Bonjour à tous et à toutes.
00:27En cette semaine où l'Europe est tétanisée
00:30à la suite de l'élection de Donald Trump à la Maison-Blanche,
00:33elle s'interroge bien sûr sur son avenir.
00:34La France aussi est à un tournant
00:36avec le délicat vote de son budget en déficit.
00:40Et nous en parlons aujourd'hui avec Pierre Moscovici,
00:42notre grand invité du jour.
00:44Bonjour.
00:45Vous êtes le premier président de la Cour des comptes,
00:48une juridiction financière française
00:50chargée de contrôler la régularité des comptes publics.
00:53Un poste qui a été précédé d'une carrière européenne
00:56bien remplie.
00:57Vous avez été commissaire européen, Pierre Moscovici,
01:00de 2014 à 2019,
01:01auparavant ministre des Finances,
01:03ministre en charge des affaires européennes
01:05sous deux gouvernements socialistes.
01:08Vous avez été aussi député européen.
01:09Vous avez siégé dans les trois institutions, j'ai envie de dire.
01:12Absolument. Je fais le tiercé dans le désordre.
01:14Voilà.
01:15Nous commençons évidemment par une actualité
01:17qui marque cette semaine la réélection,
01:20un peu surprise quand même, de Donald Trump.
01:23Vous avez tweeté
01:24nuit blanche, nuit sombre, c'est-à-dire ?
01:27Nuit blanche, parce que je connais bien la politique américaine,
01:30elle m'intéresse, je suis professeur à Columbia accessoirement.
01:33J'ai regardé l'élection presque toute la nuit.
01:37Nuit sombre, parce que vous disiez que c'était une victoire inattendue.
01:41Je n'en suis pas si sûr.
01:43C'était une victoire possible
01:45et qu'on voyait en réalité venir de loin.
01:47On a espéré la conjurer.
01:50Et je pense que c'est tout de même une nouvelle difficile
01:52pour le monde, pour la France, pour l'Europe.
01:57Évidemment, il va falloir voir ce qui se passe.
01:59Il ne faut jamais condamner un président par avance.
02:02Donald Trump a été plutôt un peu plus apaisé
02:04dans ses propos suivant son élection.
02:07Il a manifesté la volonté d'unir les Américains.
02:09Est-ce qu'il saura se réinventer à 78 ans avec son tempérament,
02:13avec ce qu'il est, avec ce qu'il a été ?
02:14Je n'en suis pas sûr.
02:16Les Etats-Unis sont nos alliés, ce sont nos amis.
02:19Il va falloir naturellement continuer à travailler avec eux
02:22et donc, avec le président des Etats-Unis,
02:24entretenir une relation politique et diplomatique.
02:27D'où les félicitations qui ont été faites par les uns et les autres,
02:29notamment le président de la République française, très tôt.
02:32Mais il faut quand même regarder les choses.
02:34Ce sera difficile, peut-être même très difficile,
02:38voire très, très compliqué.
02:40Vous estimez d'ailleurs que cette élection
02:42égiste de l'Europe un sursaut existentiel
02:46malgré ses divisions. Quel sursaut ?
02:48L'Europe n'est plus la priorité des Etats-Unis depuis quelque temps.
02:52Le pivot vers l'Asie a été opéré par Barack Obama.
02:55On a eu une espèce d'éclaircie avec Joe Biden,
02:59qui était un homme d'une génération antérieure,
03:03qui avait connu la guerre froide, qui était sénateur depuis des décennies
03:06et qui a impliqué à nouveau les Etats-Unis en Europe.
03:09Il était entouré aussi d'une administration
03:10qui nous connaissait bien, quelqu'un comme Blinken,
03:13qui est un Américain qui a vécu en France,
03:16un ami, des gens qui étaient des pro-européens.
03:18Mais là, on va revenir vers quelque chose
03:20qui sera, à l'évidence, beaucoup plus isolationniste.
03:22Alors, espérons le mieux, mais le mieux, c'est ça.
03:25C'est une sorte de neutralité, d'amitié un peu contrariée.
03:30Et puis, il y a un autre scénario, c'est que ça se passe moins bien.
03:34Et les risques ne sont pas négligeables.
03:35Si on écoute ce que dit Trump
03:38et si on regarde ce qu'il a fait dans son premier mandat,
03:40attention, c'est un homme qui... C'est un businessman.
03:43Donc, il fait ce qu'il dit.
03:45Et les risques sont multiples.
03:48Faire la paix en Ukraine en 24 heures,
03:51c'est ce qui vous inquiète ?
03:52Faire la paix en 24 heures,
03:53si c'est aux conditions de Vladimir Poutine, c'est difficile.
03:56Mais si les Américains décident de retirer la prise,
03:58en quelque sorte, d'arrêter leur soutien à l'Ukraine,
04:00alors qu'ils sont quand même les premiers contributeurs.
04:02Nous sommes les Européens ensemble, les premiers contributeurs.
04:05Mais bien sûr, ça repose beaucoup sur le soutien américain.
04:07Et sur les armes américaines.
04:08Et sur les armes américaines.
04:10Donc, là, il y a une question fondamentale.
04:12Et la question qui nous est posée, c'est comment est-ce que nous pouvons
04:16apprendre le langage de la puissance,
04:18faire aussi la preuve que nous sommes capables de nous défendre,
04:21non pas sans les Américains, nous resterons dans l'OTAN,
04:24mais éventuellement, par nous-mêmes, si la situation l'exige.
04:27Donc, il y a un défi géopolitique et de défense.
04:29Il y a un deuxième défi, qui est la question climatique.
04:33Donald Trump est un climato-sceptique.
04:35Il a annoncé son intention de retirer
04:39des dispositifs comme l'ARA.
04:40Alors, ça présente certains avantages pour nous,
04:42parce que c'était assez protectionniste,
04:43mais c'était aussi quelque chose qui manifestait
04:46l'implication des États-Unis...
04:47Les subventions massives à l'industrie verte américaine, disons.
04:50Oui, mais ça voulait dire aussi que les États-Unis avaient conscience
04:54que le changement climatique était un défi.
04:56Ce n'était pas le cas avec Donald Trump dans son premier mandat,
04:58puisqu'il avait retiré son pays des accords de Paris.
05:01Souvenez-vous de ce qui avait suivi la COP 21.
05:04Et donc, c'est un problème si les États-Unis décident
05:07que le climat n'est plus un défi mondial qui doit être assumé par tous.
05:11Et enfin, il y a la question économique.
05:15Donald Trump est un protectionniste.
05:17« America first ».
05:18Il a précisé que même si nous étions alliés,
05:20il nous taxerait déjà d'entrée de 10 %
05:23de droits de douane supplémentaires.
05:24On sait qu'il y aura cette confrontation,
05:26compétition avec la Chine,
05:28avec des droits de douane qui seront, pour le coup,
05:29massifs, sans doute, avec la Chine,
05:30mais qui seront aussi significatifs avec nous de 10 à 20 %,
05:33ce qui veut dire que ça peut générer de l'inflation,
05:35ça peut créer des difficultés pour nos entreprises.
05:38Et donc, voilà, trois défis.
05:41Et c'est pour ça que je parle de sursaut existentiel de l'Europe,
05:43parce que ça veut dire que dans cette situation-là,
05:45nous n'avons pas d'autre alternative que de nous construire.
05:48Regardez le monde autour de nous.
05:49Mais comment être unis ?
05:50Parce que j'ai envie de dire, les divisions des Européens
05:51sont bien réelles.
05:52C'est bien pour ça que j'ai marqué...
05:54C'est pour ça que j'ai marqué, j'ai écrit malgré nos divisions.
05:57Européennes, jeudi, donc, à 49 pays du Vieux Continent
06:01qui sont réunis dans un stade de foot à Budapest
06:05pour se réjouir de l'élection Trump.
06:08Cela va renforcer aussi les chevaux de Troie en Europe
06:11et peut-être les régimes autoritaristes ?
06:13C'est certain que nous avons affaire à un autoritariste.
06:17Certains de ses collaborateurs sont en train de parler d'un fasciste.
06:20Je souhaite qu'on évite ça, bien sûr.
06:22Mais disons que...
06:24Il faut quand même saluer la démocratie américaine.
06:26Cette élection, elle a été libre et régulière,
06:29comme toutes les précédentes, d'ailleurs.
06:31Même si Donald Trump avait contesté l'élection de 2020,
06:35souvenons-nous comme de cette insurrection devant le Capitole.
06:37Mais ces illibéraux qui prospèrent en Europe,
06:41dont Donald Trump est le chef, en quelque sorte l'inspirateur,
06:45avec Viktor Orban, avec M. Fixot, le leader slovak.
06:50Bon, tout ça, ça veut dire...
06:51Et vous mettez M. Jean-Germain Leuny dedans,
06:53parce qu'on dit qu'à l'époque...
06:54Non, Jean-Germain Leuny est également le leader
06:58d'une formation d'extrême droite qui a pris des propositions atlantistes.
07:01Mais il se peut que les États-Unis aient l'intention, justement,
07:04de prospérer sur nos divisions.
07:06Ils vont peut-être chercher à les susciter.
07:08Et c'est pour ça que je disais que c'était la difficulté du sursaut.
07:10Mais il faut surpasser ça.
07:12Il faut être conscient que si nous sommes divisés,
07:14si nous sommes fragmentés,
07:15si nous ne sommes pas capables de bâtir une réaction ensemble,
07:19alors à ce moment-là, nous serons affaiblis.
07:20Le monde est redevenu un monde de puissance
07:23et c'est de revenu un monde dangereux.
07:24La Chine, une puissance hégémonique
07:27qui vise la première place dans le monde.
07:29La Russie, qui a tout de même, aujourd'hui,
07:32un fauteur de guerre sur notre continent, l'Europe.
07:35Les États-Unis, avec cette espèce d'isolationnisme,
07:38nationalisme qui se profilent,
07:41avec des formes qui peuvent être plus ou moins agressives.
07:44Dans ce contexte-là, les Européens ont le choix.
07:46Soit ils se divisent et ils disparaissent.
07:49C'est-à-dire qu'ils sont réduits à être un certain nombre de cibles
07:52ou de proies livrées aux uns ou aux autres.
07:55Soit ils s'unissent et si nous nous unissons,
07:58nous avons la capacité de peser dans le monde.
07:59Nous sommes une puissance économique incontestable,
08:02la deuxième ou la première à réguleter les États-Unis.
08:04Nous avons des valeurs, nous sommes des leaders
08:07en matière de lutte contre le réchauffement climatique.
08:09Nous avons un système éducatif, un système social,
08:11un État-providence.
08:13Nous partageons et nous chérissons la démocratie.
08:16Nous avons aussi des capacités de défense si nous nous mettons bout à bout
08:18et si chacun augmente son propre effort.
08:21Et si nous sommes divisés, nous sommes faibles.
08:23Il va falloir avancer et avancer ensemble
08:25avec un puissant leadership.
08:27La France a sans doute un rôle à jouer en la matière.
08:28La France, mais Pierre Mouskovici,
08:31Premier Président de la Cour des comptes,
08:32la France affaiblit quand même puisqu'on est arrivé
08:35à se réveiller avec un déficit de 6% du PIB.
08:39Est-ce que vous, vous l'avez vu venir ?
08:42Est-ce que ça n'est pas un facteur d'affaiblissement certain
08:44de la France sur la scène européenne ?
08:46Vous savez, sur la scène européenne, ce qui affaiblit la France,
08:48c'est sans doute ça, je vais y venir,
08:49c'est avant tout la donne politique.
08:51Nous ne cachons pas que nous sommes dans une crise politique.
08:53La dissolution, l'absence de majorité,
08:55le socle commun fragile,
08:57les oppositions qui ne sont pas toujours des...
08:59Je semble commenter une situation politique
09:01dont je ne suis plus acteur.
09:02En tout cas, si j'en parle, c'est parce que ça se traduit
09:05dans l'action publique.
09:07Situation de finances publiques,
09:09oui, c'est un facteur d'affaiblissement objectif
09:12dans la mesure où nous avons connu une année noire en 2024,
09:16où on n'a jamais vu un dérapage budgétaire de cette nature
09:19et de cette ampleur hors période de crise.
09:21On a déjà vu des 1,5 de plus.
09:23Là, on a 1,7 tout de même de points de PIB,
09:254,4 % de déficit voté,
09:286,1 exécuté, 50 milliards de plus.
09:31Et nous faisons ça au moment où les autres,
09:33au contraire, réduisent leur déficit.
09:35Nous ne maîtrisons pas notre dette.
09:36Notre dette est aujourd'hui la troisième de l'Union européenne
09:38en pourcentage du PIB,
09:40plus de 110 %, et elle continue d'augmenter.
09:42C'est la plus importante en volume,
09:44plus de 3 200 milliards d'euros.
09:46Et nous avons le devoir,
09:48à l'égard de nos partenaires européens,
09:50de montrer que nous respectons les règles
09:52de notre copropriété commune,
09:54qui est l'euro.
09:56Nous avons le devoir de nous désendetter
09:57pour trouver des marges de malheur.
09:58Vous dites d'ailleurs que ce n'est pas sur cette année précisément,
10:01mais jusqu'en 2029,
10:03si on peut repasser à 3 % de déficit.
10:08Il faudra aller en dessous, oui.
10:09Il faut 20 milliards d'économies tous les ans.
10:12Est-ce que c'est possible sans sacrifier,
10:14justement, vous parliez de notre modèle social,
10:16les services publics,
10:18et puis quelle ratio, d'ailleurs, hausse d'impôts
10:20et baisse des dépenses pour vous ?
10:21Alors 2024 est le parachèvement
10:23d'un cycle budgétaire
10:25où nous n'allons jamais cesser
10:27d'augmenter les dépenses,
10:29d'affaiblir les recettes
10:30et de voir nos déficits croître.
10:32C'est une politique délibérément expansionniste.
10:35Je n'ai pas à commenter le fait de savoir
10:37s'il n'a pas réussi ou réussi.
10:39C'est toujours très compliqué,
10:40parce qu'il y a des choses qui ont fonctionné
10:41et d'autres qui n'ont pas fonctionné.
10:42Et puis, c'est facile de juger ex poste.
10:45Non, ce que je constate, en tout cas,
10:47c'est que c'est fini.
10:49L'ancien ministre des Finances, Bruno Le Maire,
10:50aimait bien dire souvent
10:52que le quoi qu'il en coûte était fini,
10:53puis il n'a jamais été fini.
10:54Là, c'est terminé.
10:55Autrement dit, nous entrons
10:56dans un nouveau cycle budgétaire.
10:58Il y a eu une phase expansionniste.
10:59Maintenant, nous allons avoir une phase d'effort.
11:01Et elle va durer plusieurs années.
11:03Et il faut être conscient
11:05que si nous voulons arriver à 3 % en 2029,
11:07je me réjouis que ce soit 2029 et pas 2027.
11:08J'ai été le premier, je crois, à le proposer.
11:112027, c'était trop court et trop brutal.
11:13Il va falloir faire un effort continu
11:15qui n'est pas de l'austérité.
11:16Et c'est là qu'on vous donnait 20 milliards d'euros.
11:18C'est énorme, 20 milliards d'euros comme ça.
11:20Ceux qui nous regardent,
11:20ils disent 20 milliards d'euros, c'est comme...
11:22Oui, mais cette année,
11:23on a augmenté le déficit de 52 milliards d'euros.
11:27Et donc, c'est de ça dont il faut partir.
11:28Nous avons quand même une masse budgétaire tout à fait considérée.
11:30Nous avons 57 % de dépenses publiques dans le PIB.
11:34C'est plus que n'importe quel pays au monde.
11:36Nous avons 3,5 % de plus qu'avant la crise en 2019.
11:40Est-ce que les Français ont l'impression
11:42que ces 3,5 % de plus de dépenses publiques
11:44ont créé davantage de services publics qui marchent mieux ?
11:46Non, il y a un problème de qualité de la dépense publique.
11:48Donc, on peut faire des économies.
11:49Alors après, enfin,
11:50il faut m'interroger sur la répartition impôts et dépenses.
11:54Cette année, constatons-le,
11:56pour des raisons qui tiennent justement à la crise politique,
11:58au fait que le gouvernement a été formé tardivement,
12:00qu'il n'a pas de majorité,
12:01on fait beaucoup d'impôts quand même.
12:04Il y a aussi un souci de justice fiscale qu'il faut entendre.
12:07Mais une fois, ça va, deux fois, bonjour les dégâts.
12:10Autrement dit, cette année, le partage impôts, économie,
12:14est plutôt en faveur des impôts
12:15parce que c'est ce qui est disponible tout de suite
12:17et parce qu'il y avait cette exigence de justice fiscale
12:19sans doute pour les années suivantes.
12:21Il ne faut pas recommencer, il faudra basculer
12:24dans un mode où c'est essentiellement
12:26l'économie sur la dépense publique,
12:28mais l'économie intelligente, la réforme des services publics,
12:31la qualité de la dépense publique
12:32qui permet de réduire notre déficit.
12:34Alors Pierre Moscovici,
12:34vous mentionnez notre place économique en Europe.
12:37Parlons de l'influence allemande avec une crise politique
12:40dans la première économie de la zone euro
12:42où Olaf Scholz s'est séparé de son trait rigoriste
12:46ministre des Finances,
12:47ce qui pourrait générer d'ailleurs de nouvelles élections.
12:50Ça n'est pas très bon pour l'Europe.
12:52Première chose, il y a d'abord la crise politique,
12:54mais ça se déroule sur un fonds qui est celui d'une crise économique.
12:58C'est-à-dire le modèle économique allemand,
13:00il est sévèrement impacté justement par cette situation du monde.
13:03Ce modèle économique qui reposait sur l'exportation,
13:06il était assez dépendant justement du marché chinois
13:09et il était très dépendant des énergies fossiles
13:14qui venaient de Russie.
13:15Et de ce point de vue-là, la guerre en Ukraine d'une part,
13:18la crise Covid, la montée du protectionnisme,
13:21l'offensive chinoise ont touché ce modèle allemand
13:24qui reste très fort, quand même 22% de l'industrie dans le PIB
13:28contre 11% en France,
13:29mais avec des années qui ont été des années de récession.
13:32L'année qui vient, 2025,
13:34sera encore une année de croissance très faible.
13:36Donc il y a une remise en cause du modèle allemand
13:38et il y a besoin de le redéfinir.
13:40Et dans ce contexte, je ne dis pas ça
13:42parce que je connais bien Olaf Scholz,
13:43avec qui j'ai beaucoup travaillé,
13:45qui était mon homologue
13:46quand j'étais commissaire en charge des finances,
13:48qui est un ami,
13:49mais je crois qu'il a entièrement raison.
13:51Christian Lindner,
13:52et je dis ça d'un point de vue européen,
13:55était un empêchement à investir pour l'Allemagne
13:59et aussi pour l'Europe.
14:01Et cette situation ne pouvait pas perdurer
14:03car quand vous avez besoin d'investir massivement,
14:05regardez ce qui s'est passé avec le rapport Draghi,
14:07et que vous avez un ministre allemand qui fait
14:09comme si rien ne se passait,
14:10qu'on était sans arrêt les pieds sur le frein,
14:12et tout le monde sait qu'il faut un modèle réaccéléré,
14:15cette situation ne pouvait pas perdurer.
14:17Et cette crise politique,
14:19je crois qu'elle vient aussi de ça,
14:20c'est-à-dire du fait qu'Olaf Scholz sait
14:22qu'il ne peut pas répondre à la crise économique et sociale allemande
14:26si on l'empêche d'agir sur le plan financier,
14:30ce que fait son ministre des Finances.
14:31Il a raison de vouloir provoquer cette clarification.
14:34Par ailleurs, il y aurait eu de toute façon
14:35des élections en Allemagne en 2025,
14:37il a sans doute voulu les provoquer
14:38parce qu'elles risquent d'avoir lieu,
14:39il ne faut pas s'illusionner.
14:41Ce que dit Christian Lindner est assez clair
14:43sur le sens du vote que le FDP fera,
14:45qui ne sera pas un vote de confiance.
14:48Après tout, il court sa chance ou il prend son risque.
14:51Mais là où vous avez raison,
14:53c'est que ça intervient précisément
14:54le jour où Donald Trump est réélu,
14:56ça intervient au moment où il y a cette confrontation,
15:02clarification entre les Européens.
15:05Et c'est vrai que pendant cette période,
15:07l'Allemagne risque d'être assez tournée,
15:09comme c'est toujours le cas en crise politique,
15:10vers elle-même et de ne pas être en situation
15:15forcément proactive en Europe,
15:16ne serait-ce que parce qu'il n'est pas improbable
15:18ou pas impossible que des élections sortent
15:20une nouvelle coalition.
15:22Et peut-être même un nouveau parti majoritaire, la CDU.
15:23Pour terminer, Pierre Mouskovici, au Parlement européen,
15:26c'est la semaine des auditions des 27 commissaires
15:28qui doivent composer la commission Vanderleyen 2.
15:31Vous avez subi ce grand oral qui paraît-il être terrifiant
15:35en 2014.
15:37Et effectivement, dans cette commission,
15:39il y aura Stéphane Séjourné, le Français,
15:41mais il y a aussi, pour la première fois,
15:43la droite radicale avec un Italien.
15:45Comment vous trouvez cette composition ?
15:47Écoutez, vous savez, j'ai une tête de bon élève.
15:51Je ne suis pas stressé par les grands euros.
15:53J'en ai fait beaucoup des examens dans ma vie.
15:55Donc j'avoue que j'y suis allé très concentré,
15:59très sérieusement préparé, mais pas vraiment paniqué.
16:02Un, c'est très dur et c'est très bien.
16:04C'est-à-dire que moi, je trouve ça bien
16:06que quand on a un ministre, on ne prenne pas n'importe qui
16:08et qu'on l'interroge avant.
16:10Et si on pouvait avoir des auditions parlementaires
16:12dans certains pays, ce ne serait pas forcément si mal.
16:14Deux, c'est très exigeant.
16:16Donc il faut quand même bosser beaucoup.
16:18Le conseil que je donne à Stéphane Séjourné,
16:20il n'en a pas besoin, je crois qu'il travaille jour et nuit,
16:22c'est de se préparer à avoir en face de lui
16:24des gens qui vont vraiment le cuisiner sur tous les sujets.
16:26La droite radicale vice-présidente, ça...
16:29Il y a effectivement le cas de ce ministre italien
16:32qui vient de la droite radicale de Giorgia Melloni.
16:35Je peux imaginer qu'entre les trois grands blocs,
16:39d'une part le PPE, d'autre part les conservateurs,
16:43d'autre part le PSE et enfin ce marais d'extrême droite,
16:47il y aura des discussions qui sont du style, voilà,
16:51je te tiens, tu me tiens par la barbichette.
16:53Et ça, c'est un peu dommage
16:55parce que ça vient ternir la vérité des prix.
16:57La vérité des prix, ça devrait être la compétence
16:59qu'on montre à l'oral.
17:00En réalité, il y a aussi autre chose,
17:02mais ça s'appelle la politique, d'une certaine façon.
17:04Merci à vous, Pierre Moscovici,
17:05d'avoir été notre invité aujourd'hui.
17:07Merci à vous de nous avoir suivis.
17:08On poursuit ce débat entre deux eurodéputés
17:11sur la question de l'élection de Trump.
17:14Va-t-il faire tomber le flanc est sous influence russe ?
17:19Tout de suite, je vous retrouve à Bruxelles
17:22avec deux eurodéputés pour le débat.
17:24Générique
17:27...
17:29Bienvenue au Parlement européen
17:31pour parler de l'avenir de notre front est,
17:34car non seulement l'Ukraine essuie depuis deux ans et demi
17:37une guerre sans merci de Vladimir Poutine,
17:40mais la Russie a aussi multiplié
17:42les opérations de déstabilisation
17:44lors des dernières élections en Moldavie et en Géorgie,
17:49deux anciennes républiques de l'URSS
17:51qui ont désormais le statut de candidats
17:53à l'Union européenne.
17:54La Moldavie a choisi la voie européenne
17:57et la présidente Maya Sandou,
17:59tandis que la Géorgie penche nettement plus vers Moscou
18:02à l'issue d'un scrutin législatif
18:04marqué par des irrégularités, selon la Commission européenne.
18:09C'est dans ce contexte que s'est tenu le jeudi 7 novembre
18:12l'Assemblée de 49 chaises d'Etat et de gouvernement
18:15du continent européen, la communauté politique européenne,
18:19à l'exception de la Russie et de la Biélorussie,
18:21qui n'étaient pas présentes.
18:23C'est la Hongrie qui était puissance organisatrice,
18:26ce qui ne demande pas de piquant,
18:27puisque le remont en leader souverainiste
18:30est réputé plus proche du Kremlin que ses homologues,
18:33bloquant notamment l'aide à l'Ukraine.
18:35Il a aussi sabré le champagne à la victoire de Donald Trump
18:38aux Etats-Unis, alors que ce dernier a promis
18:41de régler la guerre en Ukraine en 24 heures.
18:43Une intégration de l'Ukraine, de la Moldavie et de la Géorgie
18:47au club européen est-elle encore possible ?
18:49Pour en parler, nous avons en notre compagnie
18:51deux eurodéputés, un roumain, vice-président de ce Parlement,
18:55Nicolas Estrifanuta, bonjour.
18:57Vous êtes eurodéputé vert, un parti qui est d'ailleurs
19:00plutôt favorable à l'élargissement de ce club européen
19:03dès 27, et vous êtes aujourd'hui face à Nathalie Loiseau,
19:06eurodéputée qui a été observatrice en Géorgie
19:09des élections, justement, pour le groupe Renew,
19:12le parti présidentiel en France, alors qu'Emmanuel Macron
19:15est l'initiateur de cette communauté politique européenne,
19:18mais plaide aussi pour une réforme de l'Union européenne
19:21qui accompagne l'élargissement. Parlons d'ailleurs de l'Ukraine,
19:25madame Loiseau, où vous êtes souvent rendue en délégation.
19:28L'ambiance a changé depuis la victoire de Donald Trump
19:31aux Etats-Unis. Le scénario de l'intégration
19:35de l'Ukraine est-il encore possible ou c'est celui
19:37de sa désintégration qui se profile ?
19:41Que Donald Trump ait gagné aux Etats-Unis,
19:43c'est une chose, mais nous ne devons pas,
19:46nous, en tant qu'Européens, nous déterminer par rapport
19:49à ce qui se passe aux Etats-Unis tous les 4 ans.
19:51Il est temps pour les Européens de passer à l'âge adulte
19:54et de nous demander quels sont nos intérêts.
19:57Nos intérêts, c'est que la Russie ne gagne pas en Ukraine.
20:00Ca veut dire qu'il faut qu'on fasse plus et plus vite
20:03pour aider l'Ukraine à être en situation favorable
20:07le jour où l'Ukraine décidera de négocier.
20:11Et sur l'intégration à l'Union européenne,
20:14là encore, ce n'est pas Donald Trump
20:16ou n'importe quel président américain
20:19qui décidera si l'Ukraine rejoint l'Union européenne.
20:22L'Ukraine le souhaite, elle est candidate,
20:25elle démarre ses négociations d'adhésion.
20:28Les Européens ont intérêt,
20:30parce qu'on voit bien le comportement de la Russie,
20:33de Vladimir Poutine, il est de contester ce que nous sommes,
20:37non pas d'essayer, pas seulement de reconstituer un empire,
20:42mais d'aller à l'encontre de ce que nous sommes
20:45en tant que société démocratique et libre.
20:48Notre intérêt, c'est que notre voisinage,
20:51Ukraine comprise, se tourne plus vers nous que vers Moscou.
20:55Nicolas Stéphanouta, l'invasion de l'Ukraine il y a deux ans
20:58a rouvert cette question de l'intérêt
21:01pour l'élargissement à l'Est.
21:03La Commission européenne a remis un rapport
21:06sur l'Ukraine et veut franchir une nouvelle étape en 2025.
21:09Est-ce que c'est toujours d'actualité ?
21:12Est-ce qu'on ne risque pas, après l'élection de Donald Trump,
21:15de devoir sacrifier l'Ukraine sur l'autel de la paix
21:18et d'un accord avec le nouveau président américain ?
21:21Je suis tout à fait d'accord avec Mme Loiseau.
21:24On doit penser à nos intérêts en tant que nos intérêts.
21:28Le fait que l'élection de Trump
21:31montre un peu que nous devons mieux
21:35nous mettre dans une position d'autonomie,
21:38de penser pour nous-mêmes.
21:40Bien sûr, les Américains restent une puissance très importante pour nous,
21:44un allié.
21:45Mais en ce qui concerne l'Ukraine,
21:49qu'est-ce que ça veut dire ?
21:50Ça veut dire de mieux expliquer au public.
21:53Puisqu'on parle de négociations de candidature et d'adhésion,
21:57mais sans trop bien expliquer au public ce que ça veut dire, pourquoi.
22:01Vous avez dit que ça réouvre l'intérêt, l'importance.
22:06Je dirais que ça réouvre l'urgence géostratégique
22:11d'intégrer l'Ukrainien, le Moldave et les autres.
22:15Mais si tu demandes à quelqu'un sur la rue de Nantes,
22:19il ne va pas savoir pourquoi,
22:22ce qu'on a à foutre avec l'Ukraine, la Moldavie.
22:25Donc on doit expliquer aux citoyens
22:28pourquoi c'est important, ce qu'est-ce que ça va nous donner, etc.
22:34Sinon, nous nous retrouvons dans une situation comme la de nouveau,
22:38où on perd puisqu'on ne connaît pas le vrai sujet du public.
22:42Parlons justement de la Moldavie que vous avez mentionnée,
22:46qui vient de réaffirmer par le vote son envie d'Europe
22:49avec un référendum, mais qui a été remportée d'extrême justesse.
22:53Et enfin, Maya Sandou, la présidente,
22:55qui a été plus largement réélue deux semaines après.
22:58Le camp européen a su résister aux ingérences russes.
23:02Qu'est-ce qui s'est passé là-bas ?
23:03D'abord, il y a eu des ingérences massives de la désinformation,
23:07des achats de voix par le biais d'un oligarque dont on sait,
23:11parce qu'il s'en est même vanté,
23:13qu'il voulait influencer le référendum.
23:16Il y a eu des transports
23:18des électeurs réputés pro-russes vers les bureaux de vote.
23:23Malgré tout, je dirais, Europe 1, Poutine 0.
23:27Malgré tous ces efforts,
23:28malgré la petite taille de la Moldavie,
23:31les Moldaves savent très bien où ils veulent aller.
23:33Maya Sandou, son gouvernement l'ont très bien expliqué,
23:37ont été très courageux de mettre le sujet sur la table.
23:41Elle a gagné de peu, mais c'est la démocratie, elle a gagné.
23:45La Moldavie estime que la Russie aurait dépensé
23:48jusqu'à 100 millions d'euros pour perturber cette élection.
23:52Plus.
23:53Même chose en Géorgie.
23:54Pourquoi ces opérations de déstabilisation,
23:56pourquoi ces deux pays sont aussi stratégiquement décisifs
24:00pour la Russie ?
24:02Vladimir Poutine ne cesse de le dire très franchement.
24:06Tout ce qui était l'ancien espace soviétique,
24:11c'est son cours à lui, à sa maison.
24:13C'est ce qu'il a dit depuis 2000.
24:16Je ne sais pas pourquoi on est étonné, d'ailleurs.
24:18C'est le même qu'a fait Hitler dans son livre,
24:22qu'il a tout dit, ce qu'il allait faire,
24:24et le monde continue d'être étonné.
24:26Voilà, Poutine a dit la même chose.
24:28Il va rétablir sa sphère d'influence
24:32en utilisant tous les moyens.
24:34Il ne va pas se montrer impressionné.
24:37Je félicite Maya Sandou,
24:38puisqu'elle a dû le faire avec le soutien de l'Union européenne,
24:42puisque c'est important aussi.
24:44Il y a des gens qui nous critiquent, qui disent
24:46pourquoi vous aidez économiquement l'Ukraine, la Moldavie ?
24:51Mais pourquoi ?
24:52Parce que sinon, les Chinois, les Russes vont entrer
24:55et vont tout occuper.
24:59Ils le font déjà, même dans les Balkans.
25:01Ils le font en Afrique, ils le font dans d'autres pays.
25:05Mais est-ce qu'on n'est pas en train, justement...
25:07Vous avez été observatrice, Nathalie Loiseau,
25:09occidentale des élections en Géorgie.
25:11Est-ce qu'on n'est pas en train de perdre la Géorgie ?
25:14Le rêve géorgien, le parti au pouvoir,
25:16vient de voter une loi inspirée de la Russie sur les médias.
25:21Il s'estime vainqueur de ces élections.
25:23Et vous, j'ai envie de dire, qu'est-ce que vous avez observé ?
25:26J'ai observé le cauchemar géorgien,
25:29c'est-à-dire des fraudes massives.
25:31J'ai eu l'occasion d'observer dix bureaux de vote
25:34avec des intimidations physiques devant les bureaux de vote.
25:38Il y avait eu énormément de criminels
25:40qui avaient été libérés par le gouvernement en place,
25:43qui a des relations étroites avec la Russie de Vladimir Poutine,
25:49pour intimider les électeurs.
25:50Il y avait des listes et ils cochaient quand les électeurs venaient.
25:54Un certain nombre d'entre eux prenaient en photo
25:56leur bulletin de vote pour pouvoir prouver qu'ils avaient bien voté,
26:00soit pour récupérer de l'argent, soit pour ne pas perdre leur travail.
26:05J'ai vu un observateur d'une ONG se faire à moitié étrangler
26:10parce qu'il avait filmé un bourrage d'urnes.
26:13Est-ce que l'Union européenne a réagi violemment, justement,
26:16à cette élection que vous dites pas très fair-play ?
26:19Nous, ce que nous avons dit, c'est que nous ne pouvons pas dire
26:22qui a gagné cette élection.
26:24L'Union européenne a déjà réagi avant même l'élection,
26:27parce qu'il y a un recul démocratique
26:29de la part du gouvernement au pouvoir,
26:32de ce fameux rêve georgien et de cet oligarque
26:36qui est très proche de la Russie, depuis des mois.
26:40Il y a eu des lois qui sont passées les unes après les autres,
26:43qui vont à l'encontre du pluralisme,
26:45qui vont à l'encontre de la liberté.
26:48Les Géorgiens sont en train de se faire voler
26:51leur liberté, leurs aspirations démocratiques
26:54et leurs aspirations européennes
26:57par un parti, par un oligarque
27:01qui pense qu'il doit...
27:02Et qui avance masqué, car il dit qu'il est pro-européen.
27:05Effectivement, au lendemain de ces élections géorgiennes,
27:09contestées, y compris par la présidente,
27:12le Premier ministre du parti rêve géorgien s'estime vainqueur.
27:15Il prétend vouloir toujours intégrer l'Union européenne.
27:19Il a reçu la visite du Premier ministre hongrois,
27:21Viktor Orban, à Tbilisi, pour le féliciter.
27:24On l'écoute.
27:25Personne ne veut détruire son propre pays
27:28et l'entraîner dans une guerre inutile.
27:31Nous comprenons le choix des Géorgiens qui ont voté pour la paix.
27:34Je vous félicite de ne pas avoir permis à votre pays
27:37de devenir une 2e Ukraine,
27:38alors que vous avez une politique pro-EU.
27:42Nicolas Ostefanouta, l'initiative d'Orban a été très décriée
27:46par les Européens.
27:47Il est allé immédiatement féliciter le côté géorgien,
27:50d'autant que la Hongrie tient actuellement
27:53la présidence tournante de l'Union européenne.
27:55Il valide ces élections, d'un certain point de vue.
27:58Pourquoi ? Comment ? Avec l'acclaimement des autres ?
28:01Est-ce que vous avez entendu ce qu'il a dit ?
28:04Je vous félicite de ne pas avoir devenu une Ukraine.
28:07Alors, s'ils ont voté comme ça,
28:12c'est-à-dire qu'ils n'ont pas la guerre.
28:14Mais s'ils auraient voté différemment,
28:15il y aurait eu la guerre, c'est ce que j'ai pu comprendre
28:18de ce que Orban a dit.
28:21Non, ce qu'il fait Orban,
28:24c'est un affront à ce qu'est l'Union européenne.
28:29Je pense qu'on doit prendre des décisions
28:33en ce qui concerne toutes ces manoeuvres de l'Hongrie.
28:38Nous, entre-temps, on est ici à faire les auditions,
28:41à nommer les commissaires,
28:42mais une fois que tout sera nommé,
28:44j'espère qu'il y aura des conséquences.
28:46Et malgré tout, Nathalie Loiseau,
28:48le pouvoir géorgien se dit pour une intégration.
28:51Victor Orban se dit pour une intégration de ce pays.
28:54Est-ce que ce n'est pas une intégration à double tranchant ?
28:57Mais vous savez qu'on a suspendu
28:59le processus de candidature de la Géorgie
29:02depuis que ces lois liberticides ont été votées.
29:06Et le gouvernement géorgien,
29:08qui a prétendu pendant toute la campagne
29:11qu'il restait pro-européen,
29:12n'a aucune crédibilité de ce point de vue-là.
29:14On a suspendu l'aide militaire à la Géorgie.
29:18Déjà, l'Union européenne avait donné des signaux d'alerte
29:22pour dire que si vous avez ce recul démocratique,
29:26vous n'allez pas vers l'Union européenne.
29:28Et on va rester fermes sur cette position.
29:30Je rappelle que quand on a suspendu
29:32le processus de candidature et l'aide militaire,
29:36Victor Orban ne s'y est pas opposé.
29:38Il n'a pas beaucoup de crédibilité dans ce qu'il a dit
29:41et dans ce qu'il a fait en se précipitant à Tbilisi.
29:44Je relève qu'il n'est pas allé féliciter Maya Sandou
29:47quand elle a été réélue présidente de la Moldavie.
29:51Alors, justement, on parle, pour échéance,
29:53de 2030, monsieur Stéphane Houta.
29:56Evidemment, ça inclut aussi les pays des Balkans occidentaux.
30:01Mais est-ce que vous croyez...
30:02Vous avez commencé à parler des Européens
30:04et de la pédagogie qu'on aurait dû faire.
30:06Est-ce que vous croyez que cette échéance de 2030
30:09est réaliste et que les Européens sont prêts, d'ailleurs ?
30:14L'échéance 2030 est une échéance qui se révise constamment.
30:18Je vous rappelle que l'ancien président de la Commission,
30:24monsieur Juncker,
30:26c'est lui qui a dit qu'on doit prendre une pause
30:28à l'enlargissement pour quelques années pour consolider.
30:33Mais entre-temps, est-ce qu'on a fait le consolidement ?
30:35Est-ce qu'on a éduqué le public ?
30:38Est-ce qu'on l'a fait prêt ?
30:39On a fait des échanges ?
30:41Je ne pense pas.
30:42Alors, je suis tenté de dire que non,
30:45le public, probablement, n'est pas prêt
30:47pour une nouvelle vague d'enlargissement.
30:51Mais on doit très bien expliquer
30:53quels sont les avantages.
30:55Sur cette nouvelle vague d'élargissement,
30:57l'intérêt d'intégrer ces nouveaux pays,
30:59on comprend d'un point de vue stratégique,
31:01mais on voit que ce n'est pas aussi évident.
31:03Ils sont sous le coup de la propagande russe.
31:05Va-t-il falloir trouver une nouvelle gouvernance dans l'Union
31:08avant d'intégrer ces nouveaux pays, éventuellement ?
31:11D'abord, l'échéance de 2030,
31:13le seul qui en a parlé, c'est Charles Michel,
31:15qui est jusqu'à présent président du Conseil,
31:18mais qui bientôt ne le sera plus.
31:19Moi, je déteste les échéances artificielles.
31:22Dire que tous les pays seront prêts en même temps
31:24à une date décidée à l'avance, ça n'a aucun sens.
31:27On a toujours dit que l'élargissement se faisait
31:30selon les mérites de chacun, et ça restera.
31:33On a le choix, en fait,
31:34entre l'élargissement de l'Union européenne
31:37ou son encerclement.
31:39On voit bien que ce qui se passe aujourd'hui en Géorgie,
31:42c'est que Vladimir Poutine veut nous encercler
31:47de pays qui nous seraient défavorables.
31:49Est-ce que c'est ça dont nous avons envie,
31:51dont nous avons besoin ? Sûrement pas.
31:53Est-ce que nous devons faire des réformes
31:55au sein de l'Union européenne avant d'ouvrir la porte ?
32:00Évidemment, oui, mais l'un ne doit pas être
32:03le prétexte de l'autre pour ne rien faire.
32:05On a intérêt à cet élargissement,
32:07on a intérêt à ces réformes de gouvernance.
32:10On voit déjà assez souvent qu'à 27, c'est compliqué.
32:13On voit qu'un Victor Orban, tout seul,
32:15peut, avec son droit de veto, bloquer des progrès,
32:19que parfois, l'Europe n'avance qu'au rythme du plus réticent.
32:23Face à un monde qui bouge très vite,
32:26face à des Etats-Unis,
32:28dont on espère qu'ils vont rester notre allié,
32:31mais avec un président dont on sait qu'il est imprévisible,
32:34on a besoin de changer de gouvernance.
32:36Justement, j'ai envie de dire, pour conclure,
32:39avec un président Trump imprévisible,
32:41qui, effectivement, veut régler la guerre en Ukraine
32:44en 24 heures, une Ukraine qui entre dans un hiver très difficile,
32:49des armes qui ne sont pas en réserve,
32:51finalement, dans les étagères européennes,
32:54parce que, pour l'instant, on les achète aux Etats-Unis,
32:58et puis une Géorgie qui est en train de flancher.
33:01Est-ce que tout ça vous fait dire
33:03qu'on va intégrer un jour ces trois républiques ?
33:06Comme disait Nathalie Loiseau, ça dépend.
33:08Tu ne peux pas offrir la même date
33:11aux trois réalités différentes.
33:13Vous avez décrit trois réalités différentes.
33:16Donc, on doit voir, mais c'est vrai
33:18que ce pays qui démontre l'intérêt,
33:22ils ont voté dans un référendum,
33:26ils ont voté pour un président pré-européen,
33:29ils font des réformes, ils le méritent, alors non ?
33:33On doit faire cette distinction
33:35et on doit faire tout ce qu'on peut
33:39pour ne pas le tromper non plus,
33:41puisque si on promet quelque chose aux autres,
33:44on doit aussi livrer un peu,
33:45parce que sinon, ils tournent eux-mêmes vers la Russie.
33:48Merci à vous d'avoir très bien illustré ce débat.
33:51Merci à vous de nous avoir suivis
33:53sur France 24, LCP et Public Sénat.