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En cette année du 80e anniversaire des débarquements et de la Libération, le défi est de taille : comment transmettre la mémoire de ces événements sans cesse plus lointains ? Comment faire perdurer le devoir de mémoire quand les témoins disparaissent peu à peu ? Si les méthodes traditionnelles comme l'école et les cérémonies officielles continuent de jouer leur rôle, de nouvelles formes d'expression, plus ludiques et innovantes, émergent. Des réseaux sociaux à l'art urbain, en passant par les escape games ou les bandes-dessinées, rencontre avec ceux qui transmettent la mémoire autrement.

Immersion au sein des forces armées.
Au travers d'images réalisées au plus près des entraînements comme en opérations, Le Journal de la Défense pose chaque mois un autre regard sur l'actualité des armées pour mieux appréhender et comprendre l'univers de la Défense.

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Transcription
00:00Transmettre la mémoire est une préoccupation majeure de nos sociétés.
00:21Mémoire d'une communauté, d'un peuple ou d'un événement,
00:25elle nous permet de nous situer dans le temps,
00:27de comprendre notre place dans le monde et de construire un avenir meilleur.
00:35En ce cycle commémoratif du 80e anniversaire des débarquements,
00:39de la libération de la France et de la victoire, le défi est de taille.
00:43Comment maintenir l'intérêt pour ces événements sans cesse plus lointains ?
00:47Comment faire perdurer le devoir de mémoire quand les témoins disparaissent peu à peu ?
00:53Cette transmission est aujourd'hui stimulée par des outils plus ludiques.
00:57Parmi eux, les réseaux sociaux, le tourisme, les bandes dessinées ou encore les escape games.
01:04Rencontre avec les nouveaux passeurs de mémoire.
01:15Alors Oma, elle est très connue, elle a un surnom.
01:18Vous connaissez sans doute Oma, la sanglante.
01:21Donc c'est ce qu'on va tâcher de comprendre aujourd'hui.
01:24Pourquoi est-ce que cette plage, elle a ce surnom-là ?
01:27Pourquoi est-ce qu'Oma, c'est Bloody Oma ?
01:31Il se trouve que c'est sur cette plage-là qu'il va y avoir le plus grand nombre de victimes le 6 juin.
01:40Découvrir les plages du débarquement autrement, c'est la promesse de l'association Eolia Normandie.
01:46Le concept, une randonnée en fat bike, des vélos tout-terrain et électrique.
01:53Aujourd'hui, la balade est encadrée par Véronique Lefranc.
01:58C'est la meilleure façon de visiter cette plage.
02:00La plupart des touristes, ils s'arrêtent sur deux monuments emblématiques.
02:04Ici, les Braves et puis Dock Green à Vierville.
02:08C'est là que vont tous les cars, ils vont aussi au cimetière américain.
02:11Mais avec cette façon de visiter la plage, on va dans des endroits où les autres touristes ne vont pas.
02:15En fait, on a accès à des endroits un petit peu secrets, un petit peu différents.
02:21Et puis on est dans la situation des militaires américains, on est au niveau du sol.
02:28On se rend vraiment compte de ce que ça peut être le débarquement.
02:33On est sur le point de vue américain.
02:36Et puis en posant les vélos, en montant sur la falaise, on passe sur le point de vue allemand.
02:40Et là, on voit les choses de l'autre côté de la médaille.
03:11On va poser nos vélos ici.
03:14Dans les plans, l'invasion à 6h30 du matin commençait à marée basse pour éviter tous les obstacles de plage.
03:23Il fallait arriver à marée basse.
03:25Ça posait un problème parce que les soldats allaient être à découvert sur 250, 300, 400 mètres.
03:31Il fallait parcourir tout ça pour se mettre à l'abri.
03:35Voilà, alors on va s'arrêter ici.
03:37Explication du déroulé des combats, visite de blocos, découverte des monuments mémoriels.
03:42L'excursion plonge Marie Odile et Alain dans les pas des soldats alliés lors du débarquement du 6 juin 1944.
03:49Vous savez que tous les blocos sur le mur de l'Atlantique, les Allemands ont utilisé plein de stratagèmes pour les camoufler.
03:55Ils étaient peints, parfois on peignait des fenêtres, des portes pour faire croire que c'était des maisons.
04:00On entendait des filets, on les couvrait de feuillages, de branches, etc.
04:03Donc voilà dans le centre des blocos du WN.
04:06Ce qui est très frappant ici, c'est qu'on voit encore la trace des combats.
04:09Et si vous allez de l'autre côté, ici aussi sur les côtés là.
04:14On imagine un petit peu ce qui a pu se passer.
04:17Bien qu'il n'y ait que celui qui y était qui peut vraiment donner le ressenti qu'il a eu à ce moment-là.
04:23Mais bon, ça remonte en surface toutes les grosses difficultés qu'ont pu avoir effectivement tous ces hommes de Georgie.
04:34Et que par conséquent, quelquefois, de rouler à vélo, c'est notre participation à leur reconnaissance éternelle comme on dit toujours.
04:47Parce que sans eux aujourd'hui, on ne sait pas trop là où on en serait.
04:53C'est de la reconnaissance et puis refaire vivre la mémoire de toutes ces personnes qui ont vécu ça.
05:01C'est un ressenti très profond pour moi-même et pour l'enseigner à mes petits-enfants après, leur faire découvrir tout ça.
05:14La société française s'intéresse beaucoup à l'histoire.
05:17C'est un phénomène assez étonnant parce qu'il est peut-être propre à la France.
05:22J'en veux pour preuve par exemple l'affluence considérable du public lors des rendez-vous de Blois qui ont lieu chaque année au mois d'octobre.
05:30À Créteil, il existe un festival d'histoire populaire également qui a beaucoup de succès.
05:34Donc oui, l'intérêt est très fort.
05:36L'histoire, c'est un processus de connaissance, de construction de connaissances historiques qui vise à attester la vérité des faits, comme on le disait au XIXe siècle.
05:47Ça ne veut pas dire que c'est une vérité définitive.
05:49C'est une vérité temporaire qui est constamment révisée parce qu'il y a de nouvelles archives qui surgissent, de nouveaux questionnements, des tournants historiographiques importants, etc.
05:59La mémoire, c'est tout autre chose parce que c'est un récit, mais c'est un récit qui vise à établir une filiation entre le passé, le présent et le futur.
06:12Aujourd'hui, c'est le grand jour pour Louis Tessé-Doux, professeur d'histoire, et ses élèves de bac pro de la cité scolaire d'Amiens dans la Somme.
06:27On va procéder à l'accrochage de l'exposition.
06:29Alors vous avez le droit à ce mur-là, le mur d'en face.
06:34Il y a des cartels qui sont prêts, disposés.
06:37Vous avez les cadres pour regarder et vous essayez de faire un ensemble cohérent.
06:43Ils présentent leur exposition mémoire de reconstruction, le résultat d'un an de travail qui les a projetés 80 ans en arrière à la libération de la ville.
06:53Tout commence par la découverte de 300 photos de la reconstruction d'Amiens après-guerre par Henri Salès,
07:00devenu photographe au ministère de la reconstruction et de l'urbanisme à la libération en 1945.
07:07Le professeur et ses élèves les montrent aux résidents d'un EHPAD de la ville pour recueillir leurs souvenirs de l'époque.
07:15Quand il a vu cette photo, Henri, qui est un des résidents de l'EHPAD, nous a expliqué que pour aller à la cantine, il fallait traverser une prairie enneigée.
07:23Ils avaient l'habitude d'appeler ça la retraite de Russie.
07:26Ça nous a fait pas mal sourire.
07:28Et là, on a des photos extraordinaires qui sont conservées à l'ECPAD.
07:34C'est la visite du général de Gaulle en 1945 à Amiens.
07:38Dixit, les résidents de l'EHPAD de Gaulle, c'était Dieu.
07:42Il avait une aura quand même assez extraordinaire.
07:48Que ce soit le débarquement ou la première guerre mondiale ou la guerre d'Algérie,
07:52le fait d'être confronté à l'archive brute comme des photographies,
07:57d'être confronté à la mémoire parce que les gens disent des choses.
08:00Après, on a été vérifier ce qu'ils racontaient.
08:03Mais c'est vraiment une démarche d'enquête.
08:05Et puis, c'est de l'histoire locale.
08:08Et ça, c'est assez important pour un élève de 16-17 ans.
08:11C'est redécouvrir sa ville, le passé de sa ville.
08:14Et ça, c'est quand même une carte à jouer assez importante parce que ça résonne tout de suite en elle.
08:21Je me dis que c'est un travail de mémoire.
08:23Et que c'est important de garder l'histoire des personnes qui étaient là avant nous.
08:28Et que eux, ils étaient là pour le voir.
08:31Et nous, maintenant, on est là pour l'entendre.
08:37Aujourd'hui, on va faire venir quelques résidents qui ont participé au livre.
08:41Ceux qui nous ont fait écouter leurs témoignages.
08:44J'ai hâte parce que je me dis qu'ils vont être contents de voir que leur histoire ne sera pas oubliée.
08:50Et pour le remerciement, vous m'avez donné de la confiture.
08:53Pour garder une trace de cette expérience, le professeur a eu l'idée de faire un catalogue de l'exposition.
08:59Derrière la conception, des étudiantes de la cité scolaire.
09:04Par exemple, là, on peut voir des illustrations des résidents de l'EPAD d'Amiens.
09:08Et puis après, par la suite, tout ce qui est témoignages, illustrations,
09:13qui est mis en scène avec des photographies d'archives de la ville d'Amiens.
09:17Donc là, on peut voir l'arrivée du général de Gaulle à Amiens.
09:22Souvent, on se balade dans les rues sans forcément savoir que ça a été reconstruit de telle manière.
09:27Et là, ça nous fait une petite rétrospective d'Amiens.
09:31Puis à travers aussi les yeux des résidents de l'EPAD qui étaient là à la reconstruction.
09:36Donc on voit d'un oeil différent par rapport à nous, jeunes.
09:39C'est bien de confronter les deux âges et les deux mémoires, en fait.
09:44Le projet a été récompensé du label de la mission nationale « Les 80 ans de la Libération ».
09:49Une distinction qui leur a valu d'être invitées à la cérémonie du débarquement à Omaha Beach.
09:55Moi, j'ai l'habitude de dire que la République, ça se pratique.
09:58C'est des élèves qui sont des futurs citoyennes.
10:00Donc il y a des anciennes générations, il y a des nouvelles générations.
10:05Voilà, l'histoire, c'est une science sociale. L'histoire, ça se pratique.
10:10L'image, on l'oublie souvent, est un vecteur de mémoire
10:14qui est souvent beaucoup plus puissant que le vecteur écrit.
10:18Et puis, il y a de nouveaux supports qui ont surgi,
10:21qui sont les supports Internet, les blogs, la bande dessinée.
10:26L'art contemporain, naturellement, joue un rôle très important aujourd'hui dans la transmission de la mémoire.
10:32Et bien d'autres supports encore.
10:34Donc moi, j'y vois un processus d'adaptation d'une mémoire qui est extrêmement vive
10:38et qui utilise des supports contemporains et modernes
10:43qui sont susceptibles de toucher les populations et en particulier les jeunes.
10:49Parmi ces nouveaux supports, le célèbre site d'hébergement de vidéos, YouTube.
10:54Certains créateurs fédèrent d'immenses communautés derrière eux.
10:58C'est le cas de Florian N., 34 ans, alias Mamytwink,
11:02suivi par près de 2,5 millions de personnes.
11:06Depuis son studio à Metz, en Moselle, il vulgarise l'histoire face caméra.
11:11On pourrait croire que sur YouTube, parfois, c'est un peu fait à l'arrache.
11:16Mais ce n'est pas plus vraiment forcément le cas,
11:19surtout pour les créateurs qui sont présents depuis longtemps sur la plateforme.
11:22Nous, un épisode d'Histoire de guerre, c'est en général au moins six mois de travail.
11:28Sachant que l'ensemble du processus est validé et vérifié par un historien
11:33qui fait figure de conseiller historique pour s'assurer de la véracité historique qu'il donne aux propos.
11:40Sur YouTube, en général, la tendance, ça va être de se mettre soit en avant,
11:44c'est le YouTuber qui va prendre sa caméra, aller vloguer, raconter des histoires face caméra,
11:50ce qu'on a fait pendant longtemps.
11:52Au bout d'un moment, on a décidé de prendre le contre-pied et de mettre les images en avant.
11:57On peut passer parfois des heures entières à fouiller des bases de données,
12:01des albums scannés en ligne pour trouver des pépites qui vont vraiment sublimer le reportage.
12:07Et donc, dans nos recherches, on est un jour par hasard tombé sur la base de données de CPAD,
12:15donc Images Défense, et rapidement on a noué contact avec les équipes de CPAD
12:21jusqu'à, après plusieurs mois de discussion, arriver à signer un partenariat.
12:27Mamytwink est la première chaîne YouTube à signer en juillet 2023 un partenariat avec l'établissement.
12:37C'est désormais aussi le cas de la folle histoire.
12:39Derrière ce pseudo, Thibaut Bourdin, 23 ans et 900 000 abonnés.
12:45J'avais envie de parler de la guerre indogène parce qu'on était au niveau des 70 ans de la bataille de Dien Bien Phu.
12:51Donc j'avais vu qu'ils avaient déjà travaillé avec d'autres créateurs, notamment Mamytwink, Loïc Germer,
12:57et je me suis permis de les contacter en leur demandant « est-ce qu'on pourrait faire quelque chose ensemble ? »
13:02et ils ont accepté de m'accompagner sur cet épisode où ils m'ont offert les droits d'utilisation.
13:08J'ai été sur la banque Images Défense, sur laquelle il répertorie toutes les photos, les vidéos que recense le CPAD.
13:15J'ai fait une sacrée sélection que je leur ai envoyée.
13:18Ils se sont chargés de tout numériser, de me l'envoyer pour pouvoir directement l'intégrer dans mon montage.
13:30Une vidéo déjà vue près de 450 000 fois.
13:34Essayer de trouver une bonne accroche, comment maintenir un certain... garder l'attention du spectateur.
13:41On sait que c'est un petit peu le sujet maintenant, surtout à une époque où les gens sont de plus en plus habitués à des formats très courts, de moins d'une minute.
13:47Je sais qu'il y a des formats qui sont parfois plus adaptés aux plus jeunes, mais avec lesquels je suis moins à l'aise.
13:52Mais il y en a qui le font très bien.
13:54Je pense à, par exemple, Yann Bouvier, qui est professeur d'histoire de géographie et qui a un compte TikTok qui marche très bien.
14:00Et donc il sait s'adresser aux jeunes bien mieux que moi, alors qu'il est plus âgé.
14:04Donc voilà, il y a plein d'autres moyens de s'adresser aux jeunes.
14:08A chaque époque, il y a de nouveaux formats, de nouvelles façons de raconter l'histoire.
14:13Et donc à chaque fois, il y a les bonnes personnes pour s'approprier les bons formats.
14:16Aujourd'hui, les amis, je vous propose de découvrir une histoire très particulière.
14:21C'est l'écore des dix dernières vidéos chez Mamytwink, entre 350 000 et 3 millions de vues.
14:27Ces youtubeurs ont trouvé la formule magique pour parler aux plus jeunes.
14:31Nous, notre façon de transmettre l'histoire, c'est avant tout de la transmettre avec passion.
14:36Mais voilà, on essaye de le rendre palpitant, prenant pour que ça marque.
14:41Et peut-être qu'après, le spectateur, il se dit, ah, mais je vais un petit peu me renseigner dessus.
14:46Ou peut-être même aller visiter le lieu en question sur place.
14:51Ce qui arrive assez fréquemment quand on réalise des vidéos sur des lieux spécifiques.
14:57Et l'année passée, on a réalisé un documentaire sur un fort qui avait servi pendant la Seconde Guerre mondiale de lieu de détention de résistants.
15:08Ça a rencontré un vif succès.
15:10Et dans les jours qui ont suivi l'apparition et les semaines, il y a eu un gros, gros pic de fréquentation.
15:18Et ça, c'est génial. Nous, on est trop contents parce qu'on se dit que si on peut contribuer à faire connaître des lieux méconnus
15:25et perpétuer l'histoire, parfois même locale ou régionale, c'est qu'on a gagné.
15:35André Malraux, Emilienne Moreau-Evrard, Hubert Germain, vous avez peut-être déjà vu ces visages dans Paris.
15:43Ces portraits réalisés au pochoir sont l'œuvre de l'artiste urbain Christian Guémy, alias C215.
15:50Son sujet de prédilection, les figures historiques.
15:53L'intérêt de l'art urbain par rapport à d'autres formes mémorielles comme les sculptures ou les bas-reliefs ou toutes ces choses-là,
16:00c'est qu'on est dans de la mémoire soft. On se glisse dans des interstices de la ville.
16:07Et notamment avec ce mobilier urbain-là, une transformation d'un objet qui n'a pas vocation à devenir un objet mémoriel.
16:17Et aussi d'œuvres mémorielles qui sont réversibles.
16:21C'est-à-dire qu'on peut très bien réaliser le portrait à l'occasion d'une commémoration d'une figure à un emplacement donné
16:27et qu'un peu plus tard, cette œuvre et cette figure ne s'y trouvent plus.
16:33C'est donc aussi aller au-delà de toute la thématique du boulonnage, des boulonnages, des sculptures.
16:39Je pense qu'au XXIe siècle, on est de plus en plus dans cette approche où la mémoire est inscrite dans le temps présent et non plus pour l'éternité.
16:52Artiste aux multiples engagements, Christian Guémy s'est progressivement tourné vers des œuvres à caractère mémoriel.
16:59Une démarche qui l'a conduit fin 2023 à devenir peintre des armées et à mettre son talent au service de l'institution militaire.
17:07Dans l'univers de l'art urbain, les questions historiques ou les questions civilisationnelles,
17:14ce n'étaient pas nécessairement les sujets qui étaient les plus convoités par les artistes urbains.
17:21Les artistes urbains ont préféré la pop, la pop culture, les choses un peu déco et d'identification facile avec des thématiques esthétiques en quelque sorte.
17:33La première fois que j'ai fait le portrait du général de Gaulle au pochoir, on m'a dit « mais t'as perdu la tête en fait, qu'est-ce que tu fais ? ».
17:40Je voulais aider à donner des supports, créer un imagier qui nous permette de réfléchir à nos référentiels,
17:49nos repoussoirs référentiels d'attraction, de répulsion, des choses qui nous permettent de nuancer notre réflexion identitaire.
18:01Je suis un des rares artistes du milieu de l'art urbain qui s'intéresse à ces questions et surtout qui prend l'initiative de le faire
18:11parce qu'on est toujours à la frontière d'entendre qu'on serait ringard à aborder ces thématiques.
18:19Moi ça me plaisait donc je n'ai pas eu beaucoup à me forcer.
18:22Peut-être que j'aurais gagné dix fois mieux ma vie si j'avais continué à faire que des petits chats et des Frida Kahlo,
18:26mais j'ai voulu faire aussi des résistants, des figures politiques, des résistants au sens large, des figures d'engagement citoyen.
18:38Voilà, c'est ce qui m'a plu, c'est ce qui m'a plu.
18:42On ne gagne pas un sou lorsqu'on fait le portrait de Samuel Paty, mais on parle à la société.
18:48Symbole de son engagement, l'artiste présente ce jour-là une exposition permanente à l'Institut National des Invalides,
18:55un hôpital dédié aux blessés de guerre et aux grands handicaps.
19:08Ses œuvres représentent des personnages emblématiques de l'histoire de l'établissement.
19:13Dans ce couloir, qui est l'un des couloirs principaux qui héberge les œuvres que j'ai réalisées,
19:17on a huit portraits sur des plaques métalliques. J'ai essayé de faire en sorte que ça s'intègre dans l'établissement.
19:23Et là, ici, vous avez Napoléon Louis XIV avec un cartel.
19:27Ce qui est important pour moi, ce n'est pas de me substituer à l'historien, c'est d'éveiller une curiosité.
19:36De l'art de rue au salon feutré, il n'y a qu'un pas.
19:40À Paris, l'hôtel de Brienne accueille une cérémonie du ministère des Armées qui récompense les auteurs de bandes dessinées.
19:47Aurore Donte, 25 ans, reçoit le prix Jeunesse pour son ouvrage Ginette Colinca, récit d'une rescapée d'Auschwitz-Birkenau.
19:55Je suis très honorée d'être là, vraiment très touchée de recevoir ce prix. Il y a tant de personnes que j'aimerais remercier.
20:04Là, je suis encore dans vraiment le tourbillon du moment, l'événement.
20:08Je pense que je réaliserai vraiment plus demain quand tout sera redescendu.
20:13Très touchée, très honorée d'être là, franchement, de recevoir ce prix.
20:18Je pense très très fort à Ginette, vraiment. J'aurais vraiment aimé qu'elle soit là et qu'elle vive ce moment
20:23et qu'elle voit que ce sont les jeunes qui ont remis ce prix à son histoire.
20:27Oui, un peu sonnée.
20:30Ginette Colinca a passé sa vie à témoigner devant les jeunes générations de son expérience durant la Seconde Guerre mondiale.
20:37Un jour, en 2019, elle croise la route d'Aurore Donte, alors âgée de 19 ans.
20:43Cette rencontre, elle m'a vraiment bouleversée, elle m'a vraiment marquée,
20:47parce qu'en face de moi, j'avais une dame âgée qui avait 94 ans à l'époque
20:52et qui me parlait de ses 19 ans au moment où moi j'avais 19 ans.
20:55Je me suis pris une claque énorme, et moi qui suis passionnée de dessin et d'écriture depuis que je suis toute petite,
21:00je me suis dit, mais en fait, l'histoire de cette femme est tellement bouleversante
21:06qu'il faut absolument en faire une bande dessinée.
21:09En parallèle de ses études d'ingénieur, Aurore va travailler sur cette bande dessinée pendant 4 ans.
21:15spontanément, je suis allée vers ce format-là parce que c'est ma sensibilité,
21:19mais aussi, avant tout, c'est Ginette qui le dit, ça vient toucher tout un autre public
21:27qui peut-être n'aurait pas eu accès à son histoire, parce que la lecture,
21:35parce qu'elle a déjà écrit des livres, c'est quelque chose qui n'aurait pas été accessible,
21:40je pense notamment aux plus jeunes, et qui est vraiment le cœur de cible de son témoignage,
21:45parce que Ginette a de cesse de parcourir les écoles, les établissements scolaires
21:48pour transmettre son témoignage aux jeunes, et donc pour ça, la bande dessinée,
21:52avec ces dessins en plus montrés qui sont relativement ronds, permet de toucher ce cœur de cible-là.
22:00Son ouvrage a été présenté au Festival international de la bande dessinée d'Angoulême en 2023.
22:06Une reconnaissance de ses pairs, mais aussi de ses lecteurs, parfois plus jeunes qu'elle.
22:11Parmi les retours qui me marquent le plus, c'est forcément, ça va être les collégiens,
22:17ça va être les plus jeunes, moi quand je vois un ado de 12-13 ans qui a la BD entre les bras
22:24et qui commence à la lire, et qui me dit qu'il l'a lue dans son CDI, qu'il va absolument l'acheter
22:28parce qu'il l'a adorée, moi je me dis, c'est vraiment ça que Ginette voulait,
22:33c'est vraiment tout le but de cette bande dessinée.
22:36Il y a des moments où on a besoin de chercher, dans le passé, des choses qui puissent nous aider à construire le futur.
22:43Je crois que le récit mémoriel a une force bien plus importante que le récit historique en particulier
22:50parce qu'il repose sur des mythes qui sont très profondément ancrés dans la culture.
22:54Un livre d'histoire, honnêtement, c'est souvent assez ennuyeux.
23:00Un récit de mémoire, c'est un récit vivant, c'est un récit qui joue sur les émotions
23:05et qui est beaucoup plus prenant qu'un récit d'histoire, ça fait aucun doute.
23:12Ces adolescents vont en faire l'expérience à Rennes, en Ile-et-Vilaine,
23:16où ils s'apprêtent à participer à un jeu de piste théâtralisé.
23:23Depuis le balcon de l'hôtel de ville, ce comédien costumé sous les traits du maire collaborationniste de l'époque,
23:28René Pathé, donne le départ.
23:36Le but ? Faire revivre la libération de Rennes du 4 août 1944 à 200 collégiens et lycéens.
23:45Organisé par l'Office national des combattants et victimes de guerre et encadré par des militaires,
23:51cet Escape Game XXL se veut une manière ludique et immersive de s'intéresser à l'histoire.
23:59Un Escape Game, ça apporte un côté ludique, qui fait revivre, qui donne des émotions.
24:04Les jeunes, vous les voyez courir partout, il y a de l'adrénaline, ils se posent des questions,
24:08donc du coup, ils sont beaucoup plus impliqués.
24:10Alors effectivement, à la fin de la journée, ils ne vont pas retenir tout ce que les comédiens
24:13leur ont apporté comme informations historiques, mais ils vont quand même avoir les grandes lignes
24:17et surtout se souvenir de cette journée comme une enquête, un vrai jeu de piste et une véritable adrénaline.
24:24Indice numéro 2, on repart à la place de l'hôtel de ville, sous le beau temps renné.
24:34Emilienne, c'est la photo presque en face de la mienne.
24:37Le long du parcours, des comédiens incarnent des personnages historiques.
24:41Chacun dispose d'un indice.
24:43Tout l'intérêt d'avoir des comédiens et des comédiennes comme on a là,
24:46c'est qu'ils sont vraiment tout terrain, ils sont capables de tout jouer.
24:49Et donc, même s'ils ont des énigmes à faire, ils peuvent sortir de l'énigme, les emmener sur autre chose
24:54et surtout de communiquer entre les personnages.
24:57Donc ils voient des liens stissés entre les personnages qui étaient historiques en fait.
25:01En fait, c'est plus immersif de le faire comme ça que d'aller un jour, on bouge, on va voir des personnages,
25:06puis ils nous mettent dans le jeu, ils sont déguisés et tout.
25:09C'est une nouvelle manière aussi de diffuser la mémoire, de transmettre la mémoire à une jeune génération
25:17dont les grands-parents n'ont peut-être pas connu la Seconde Guerre mondiale.
25:27Fin du jeu, l'énigme est résolue.
25:29Les apprentis résistants fêtent la victoire devant l'hôtel de ville.
25:34Dès qu'on s'amuse, on se souvient mieux.
25:36Et de juste leur donner des infos sur la Seconde Guerre mondiale,
25:39on voyait bien que c'était un peu compliqué et qu'il passait autre chose très vite.
25:43Alors que dès qu'on les implique dans des actions, des énigmes, on leur donne des noms,
25:46peut-être qu'ils ne se souviendront pas de tout, mais il y a des informations qui vont rester à vie
25:50puisqu'ils ont vécu, évidemment pas comme à l'époque, mais ils ont vécu des choses cet après-midi-là.
25:54Bonne journée à tous, soyez heureux !
25:57Merci !
26:05Si les commémorations, les monuments aux morts, la cellule familiale et l'école
26:09restent des vecteurs indispensables,
26:11les nouvelles manières de transmettre reflètent l'évolution des mœurs de la société.
26:18Une société tournée vers le numérique et le divertissement,
26:21mais toujours aussi passionnée par son histoire.

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