• il y a 3 semaines

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Musique
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00:00En 2007, La France vous découvrait et vous adoptez presque au point de voter en masse
00:06pour vous et de vous propulser au rang de grand gagnant de la cinquième saison de l'émission
00:10d'M6 Nouvelle Star.
00:11C'était il y a 17 ans.
00:12Huit ans plus tard, vous remportiez la victoire de l'artiste interprète masculin aux victoires
00:15de la musique.
00:16En 17 ans, vous avez imposé votre personnalité, votre voix, votre style, vos chansons, vos
00:21reprises, votre univers sans cesse renouvelé.
00:24J'ai même l'impression que des fois, vous vous renouvelez sans vraiment le vouloir,
00:27sans savoir où vous allez.
00:28Le but du jeu, c'est de vous faire plaisir.
00:29Quand on regarde dans le rétro, on se rend compte que Julien Ngoldi de ses débuts et
00:34le fameux groupe d'Iga Pelvis, ou Julien Doré avec le Jean d'Ormesson, groupe protéiforme
00:40se réappropriant des succès discos avec ce côté très américain, a explosé les
00:44limites de ce qu'un bichon peut parfois se fixer en rêvant de voyager de Paris au Seychelles
00:50pour mieux affirmer son rapport entre le vous et le moi, aimer un peu plus et mieux les
00:55artistes qu'il a à cœur de reprendre, au point de réaliser le plus grand braquage
01:00de sa carrière en se réappropriant dans des versions personnelles mais pas confidentielles
01:04les titres de ces mêmes artistes tel un imposteur.
01:06Est-ce que vous avez le sentiment d'imposture, du coup, Julien ?
01:09Le sentiment d'imposture, il est présent aujourd'hui, en tout cas chez moi, un peu
01:14comme une vitamine, au sens où c'est le fait de douter, de me questionner sur tout
01:20simplement ma légitimité, de me permettre de parler aux gens qui m'aiment bien, de
01:25les inviter à venir me voir en concert, de leur dire que s'ils sont d'accord, ce serait
01:29cool d'écouter les nouvelles chansons que je fais, me questionner sur cette légitimité
01:33là, oui c'est important pour moi parce que ça veut dire que si je le fais, c'est que
01:39je ne m'endors pas au fil des années, que je me remets en question et surtout que j'ai
01:46conscience de l'amour qui parfois m'est donné et que c'est pour moi une forme de
01:50respect que de douter de sa place par moment et ensuite parce qu'on est dans une époque
01:55où ce syndrome d'imposture il est un petit peu partout, c'est-à-dire qu'on est quand
02:00même dans des sociétés où l'être humain est extrêmement culpabilisé en permanence
02:06sur sa façon de vivre, sur ses moments de joie, sur ses moments de peine.
02:09A-t-on le droit d'être triste aujourd'hui dans un monde qui va plus mal que peut-être
02:12notre tristesse de l'instant ? A-t-on le droit d'être joyeux dans un monde qui va
02:16si mal ? L'imposture, elle nous est injectée aujourd'hui pour chaque être humain sur cette
02:23planète qui va si mal. En fait, c'est une discussion qui peut être très vaste. Ce n'est
02:27pas simplement un sentiment de légitimité ou d'imposture chez les artistes. C'est vraiment
02:31une question qui est celle de l'être humain aujourd'hui sur cette planète, dans un monde
02:36assez bête, violent, etc. L'imposture, justement, est partout dans la société. C'est ce que vous
02:42racontez et c'est ce qu'on ressent d'ailleurs à travers cette démarche que vous avez. Il y a
02:47toujours une démarche, finalement. Il n'y a pas de côté où vous souhaitez faire la morale à qui
02:53que ce soit. Mais en tout cas, il y a une forme de questionnement, une main tendue, l'ouverture
02:57au débat. On l'a, par exemple, avec la présence de certains invités. Je pense à Sharon Stone,
03:02notamment. Vous nous avez déjà cueilli avec Pamela Anderson. Et quand il y avait eu déjà
03:07cette première collaboration, on s'était rendu compte à quel point Pamela Anderson, c'était un
03:12symbole pour vous. On avait malheureusement vécu les images très sexistes et les mots très sexistes
03:18de cette Assemblée nationale quand elle était venue défendre les oies et le gavage. Elle était
03:23venue, au contraire, lutter contre ça. Et j'ai l'impression qu'il y a aussi cette démarche-là.
03:27Encore avec Sharon Stone qui incarne quelque chose de très fort, de très emblématique. On pense à
03:32« Basic Instinct ». Effectivement. Et puis un film qui a abîmé aussi certaines choses pour elle,
03:43en tout cas de ce qu'elle m'a raconté. Ce qui m'intéresse aussi chez les icônes,
03:47quels qu'elles soient d'ailleurs hommes ou femmes, c'est la part d'anti-héros, la part qui échoue,
03:54la part qui se fragilise, qui se fissure. C'est souvent surprenant de se rendre compte à quel
04:01point des figures iconiques, particulièrement féminines, parce que souvent, les endroits où
04:07il y a ces fissures, c'est qu'elles ont été marquées à quasiment 100% à chaque fois par l'homme,
04:12par le masculin. Et pour Sharon, c'est un parcours assez étonnant. Alors on a eu la chance de parler
04:20un petit peu de tout ça parce qu'on a parlé justement de... Je parlais de mon fils, elle me
04:24parlait de ses enfants. Et voilà, c'est quelqu'un qui a eu un problème de santé à un moment donné,
04:28un long problème de santé. Quand elle s'est réveillée, une grosse partie de sa fortune qu'elle
04:32avait mis de côté s'était évaporée. C'est quelqu'un de qui... Et je me rends compte qu'en fait ces
04:38schémas se répètent en fait. Et ce que je trouve par contre extrêmement beau, voire noble, c'est que
04:44contrairement aux hommes, ces femmes-là ne se servent pas de ces blessures d'un point de vue
04:51médiatique. Là où les hommes que nous sommes s'engouffreraient dans la seconde sur venir au
04:59micro pour raconter telle chose qui les a fragilisés, qui les a abîmés, etc.
05:07Et parce que je repense à Pamela, ce sont des femmes qui encaissent de longues périodes de vie.
05:15Je pense aussi à Hélène Ségara, qui est présente dans l'album, à toutes ces discussions que j'ai
05:20eues avec ces femmes-là, qui à aucun moment n'ont laissé transparaître des choses absolument
05:26épouvantables dont elles auraient pu se servir pour toucher ou simplement expliquer, se libérer de
05:33quelque chose. Et je trouve ça assez fort, assez fou en fait.
05:39Quand on parcourt justement le tracklisting de cet album, Imposteurs, Julien, on se rend compte que c'est
05:46avant tout un hommage fait aux femmes. Il y a énormément de chansons sur les femmes, et pas des
05:52moindres d'ailleurs. Il y a ce côté, on va revenir sur cette chanson avec Sharon Henson, parce que c'est
05:55important, paroles et parolets. Il y a évidemment Mourir sur scène parce que c'est un clin d'œil à vos
05:59débuts. Lolita, moi Lolita, y est également. Mais dans Paroles et Paroles, il y a une espèce de sensualité
06:06à l'intérieur de cet album qui est très marquée, très fort. Il y a un jeu de séduction, mais qui est
06:11absolument pas malsain.
06:12C'est-à-dire que le jeu de séduction dans Paroles, Paroles, il est inversé par rapport à l'époque.
06:16À l'époque de l'existence de cette chanson, entre Delon et Dalida.
06:21Justement, on a l'impression, quand on écoute ce Delon, Dalida, dans ce Paroles, Paroles d'origine,
06:26qui n'est pas vraiment non plus d'origine, parce que c'est une reprise aussi d'une chanson, donc c'est
06:29assez fou. Mais bref, quand on écoute Delon et Dalida dans cette chanson, on entend cette voix de
06:35Delon parlée, très posée.
06:37On l'entend presque à distance, presque d'une façon supérieure, en fait, comme si Dalida l'écoutait et
06:41de part son Paroles, Paroles, encore des mots, toujours des mots.
06:45Il y avait quand même une « arrête, ne me piège pas, arrête d'essayer de me piéger ».
06:49Et je trouvais hyper intéressant de faire chavirer ce rapport-là, ce rapport de force au sens de
06:54séduction. Pas plus que ça, mais en tout cas, je trouvais intéressant que ce soit une femme et
07:01particulièrement chez Ronstone, qui drive un petit peu cette histoire et cette chanson-là.
07:09Je me posais la question de savoir quel était votre rapport aux femmes, les femmes de votre vie, je
07:13parle. Je ne parle pas de votre vie privée, je parle des femmes qui vous ont construit, qui ont
07:18fait de vous l'homme que vous êtes devenu.
07:21L'album Aimer, c'était le prénom de votre grand-mère.
07:23C'est quelqu'un que vous aimiez énormément, qui a disparu à l'âge de 102 ans.
07:26Votre maman, malheureusement, est partie plus tôt, en 2022.
07:29Qu'est-ce qu'elles vous ont apporté ces femmes, Julien ?
07:32Oui, mais c'est vrai qu'il y a quelque chose d'assez étonnant et c'est sans doute la raison pour
07:36laquelle cet album de reprise est là, à ce moment-là.
07:40C'est juste que je sors d'un album de chansons originales que j'écris, que je compose, où
07:46effectivement, le nom de l'album, c'est Aimer, Aimer et Eux, qui est donc le prénom de ma
07:51grand-mère, mais aussi le prénom de ma mère.
07:53Et pendant la tournée, une tournée complètement folle, avec ces chansons, etc., des chansons,
07:58d'ailleurs, parfois où je m'adresse à un enfant hypothétique, parce qu'au moment où je les
08:01écris, je ne suis pas encore papa.
08:03D'ailleurs, je ne pense même pas que ça va se faire.
08:06Et en fait, je vis une tournée où finalement, ce prénom de ma grand-mère, de ma mère est là en
08:12permanence, parfois même sur nos suites, parfois même dans de grands écrans chaque soir sur scène.
08:19Et puis, pendant cette tournée, je deviens papa, je perds ma grand-mère, je perds ma mère.
08:24Et donc, forcément, quand la tournée s'arrête, je me dis, mais là, les chansons que tu
08:27pourrais, si tu te mettais au piano pendant quelques semaines, quelques mois, quelle serait la
08:32matière avec laquelle tu ferais des nouvelles chansons ?
08:34Et je me suis dit, mais au fond, j'écrirais sans doute sur ma mère, sur ma grand-mère, en tout cas
08:38sur le deuil, sur la mort, sur l'absence, j'écrirais sans doute des chansons pour mon fils.
08:44Et en fait, d'une certaine façon, je l'avais fait dans ce disque sans le savoir, d'une façon même
08:49plus universelle qu'impudique.
08:51Et c'est là qu'il y a eu un truc où je me suis dit, déjà, en tant qu'homme, arrête-toi une
08:56seconde, regarde un peu ce qui s'est passé pendant 17 ans dans ta vie.
09:00Et je pense qu'il y a eu ce déclic de me dire, mais je crois que s'il y a un moment, pas parfait,
09:08mais en tout cas, qui pourrait être le moment idéal pour faire ce projet d'album, de reprise, je
09:13crois que c'est maintenant.
09:14Il y a quand même du Frank Sinatra aussi, « Fly me to the moon », vous vous faites vraiment
09:17plaisir. Et d'un seul coup, d'un seul, on découvre « Ah, les crocodiles ».
09:23Ça aussi, c'est votre patte, c'est-à-dire qu'il y a vos yeux d'enfants qui apparaissent.
09:26Et aujourd'hui, il y a ceux de votre fils qu'on ne voit pas parce que vous préservez ça et vous
09:30avez totalement raison.
09:33Mais voilà, il y a cette transmission, en fait, aussi.
09:36Et quand on parle d'héritage, ces chansons-là, les autres sont un héritage que vous avez obtenu
09:43d'avant vous. Et finalement, là, maintenant, c'est vous qui transmettez et vous avez ce besoin
09:47de transmettre ça.
09:49Bien sûr. Et puis, je ne me voyais pas dans cet album de reprise ne pas reprendre une chanson qui
09:55lui parlait à lui dans la seconde.
09:57Ça me paraissait, d'abord parce qu'il était souvent là en studio, qu'il y avait ce moment où je
10:04faisais de la musique, certes avec les chansons des autres, mais en fait, sa présence, ça allège
10:12aussi beaucoup de choses, même dans des périodes de travail.
10:15C'est d'ailleurs une grande chance de pouvoir travailler avec son enfant présent.
10:19Mais je ne pouvais pas ne pas reprendre une chanson qui lui parlait tout de suite.
10:24Et c'est vrai que j'en ai essayé trois.
10:26Il y a trois chansons sur lesquelles on a bossé et c'est celle des Crocodiles qui est restée.
10:31J'étais hyper content qu'ils choisissent celle-ci parce que moi, j'avais en tête le clip.
10:37J'avais dans la seconde où on a commencé à bosser la chanson.
10:42Évidemment, c'est un peu simpliste, mais j'ai tout de suite vu le costume de Crocodile qui allait
10:46arriver. Je savais qu'il allait arriver et je savais que j'allais faire marrer mon fils et que
10:50j'allais peut-être faire marrer quelques enfants et que j'allais peut-être même sans doute saouler
10:55beaucoup de parents. Mais en tout cas, avoir peut-être des messages, et ça a été le cas, de
10:58parents qui m'ont dit qu'on en avait tellement marre de la version qu'on se devait d'écouter, etc.,
11:04que celle-ci, elle nous fait quand même un peu de bien et elle nous fait marrer, même nous en
11:06tant que parents.

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