Dans Tout public du mardi 12 novembre 2024, Arthur Dénouveaux sur le rôle de la fiction dans le traitement des attentats du 13 novembre 2015, l'hommage au bédéiste Christian Godard, et la sortie de "No Other Land" au cinéma.
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00:00Avec vous Frédéric Carbone, à la veille de la commémoration des attentats du 13 novembre,
00:08la fiction s'empare à nouveau de ce traumatisme national.
00:11Effectivement, après Revoir Paris ou Novembre au cinéma, plus récemment encore la série
00:16sur celle qu'on a appelée la mythomane du Bataclan, c'est le volet enquête, renseignement,
00:21démantèlement de réseau terroriste qui est au cœur de cette série diffusée à
00:24partir de ce soir sur M6, Les Espions de la Terreur, et ça conduit évidemment à s'interroger
00:29sur la place de la fiction après cette tragique réalité, le regard porté aussi par ceux
00:35qui ont été en première ligne dans cette barbarie.
00:37Bonjour Arthur Denouveau.
00:38Bonjour.
00:39Vous présidez l'association Life for Paris, vous étiez au Bataclan ce 13 novembre 2015,
00:44est-ce que vous êtes déjà consulté, sollicité par ceux qui se lancent dans de tels projets
00:49et que leur dites-vous ?
00:50Je ne sais pas si le bon terme est consulter ou solliciter, en tout cas ils viennent nous
00:53voir, ils viennent nous voir souvent parce qu'ils savent que le sujet est très sensible
00:58et ils savent aussi la force symbolique de notre parole, donc ils veulent être sûrs
01:01de ne pas nous choquer, et ce que je leur dis c'est que finalement s'ils sont capables
01:06de faire une œuvre qui a du sens et dont ils seront encore fiers dans des années,
01:09il ne faut pas hésiter à y aller.
01:10C'est-à-dire que vous êtes dépositaire de cette mémoire, mais vous n'êtes pas
01:13un bureau de vérification ou de censure ?
01:15Exactement, cette mémoire-là en fait c'est ma vie, et c'est celle de mes adhérents,
01:19donc on est bien obligé quand même de dire quelque chose quand on nous interroge sur
01:23le sujet, mais on ne peut pas être des censeurs, c'est à chaque artiste finalement de décider
01:27où est-ce qu'il met la limite.
01:28Est-ce que c'est un détail ou est-ce que ça n'a aucun sens si je vous dis diffuser
01:31automatiquement au moment des commémorations, c'est inévitable ou alors est-ce que ça
01:36vient un peu brouiller d'une manière ou d'une autre ?
01:37Ecoutez, je crois que c'est...
01:38C'est pas à vous de juger non plus, enfin de décider quelle date, mais voilà.
01:41Non, c'est relativement inévitable et il faut quand même comprendre que les sorties
01:44se fassent au diapason de l'actualité, et en fait chaque année il y a une actualité
01:48autour du 13 novembre parce qu'il y a ces commémorations, et donc on l'a tous vécu,
01:53et il y a beaucoup d'ailleurs de victimes qui ont écrit des livres et qui l'ont vécu
01:55aussi.
01:56L'éditeur vous promet que ça va sortir en mars, et puis malheureusement il n'y a plus
01:59de papier et ça sort toujours mi-octobre, histoire de pouvoir faire la tournée promotionnelle
02:02au bon moment.
02:03Je crois qu'il ne faut pas avoir de cynisme vis-à-vis de ça.
02:06Alors rentrons-y dans cette série que vous avez vue, Laurent Vallière, bonjour Laurent.
02:10Bonjour Frédéric.
02:11Les espions de la terreur effectivement, et elle raconte la traque des terroristes.
02:14Oui c'est ça, ça débute quelques jours avant le 13 novembre en Syrie, la DGSE qui
02:18recherche un certain Abdelhamid Abaoud, les espions pressent qu'il concocte un attentat
02:23sur le territoire français, mais le rate de peu, il sera l'organisateur des attaques
02:27du 13 novembre.
02:28Et le soir, une cellule de crise se met en place qui réunit les directions de la sûreté
02:33intérieure et extérieure.
02:34L'ampleur des attaques est exceptionnelle, notre riposte de l'étrocit, alors au travail,
02:39la Turquie ça a donné quoi ? On a pu interroger un des anglais de la cellule
02:42OPEX avec Fred.
02:43Il n'a rien lâché sur Abaoud, mais il avait l'air au courant d'un truc imminent.
02:46Abaoud est sûrement derrière tout ça.
02:48Absolument le localiser en Syrie, avant qu'il nous envoie d'autres commandés.
02:50Si seulement on avait pu le choper en janvier à Athènes.
02:52Non, c'est pas le moment pour les regrets, c'est maintenant qu'il faut le stopper.
02:56C'est cette traque qui va durer un an que racontent les espions de la terreur, alors
03:01un an pour trouver et éliminer, ça c'est très rapide, le 18 novembre un Sadni Abdelhamid
03:06Abaoud, et un an pour traquer le grand organisateur en Syrie, un autre français Boubaker El Hakim.
03:12En fait, à la façon d'un bureau des légendes, la série suit des espions de la DGSE et de
03:16la DGSI, bien humains, avec aussi leurs problèmes de cœur et de famille, incarnés par Fleur
03:20Geffrier, Rachida Bracqueny, Vincent Elbaz, tous dévoués à la cause, avec aussi leurs
03:25indics, dont un certain minotaure dont on ne sait pas s'il joue carte sur table.
03:29Oui, s'il joue au double jeu, serré, Laurent, qui en tout cas se veut quasi pédagogique.
03:32Oui, c'est en creuse ce que racontait son auteur, Franck Philippon, ce matin sur France
03:36Info, donner les clés au grand public pour raconter cette traque, en se basant sur la
03:41réalité, et notamment le livre enquête du journaliste Mathieu Suc, qui détaillait
03:45les dessous des services secrets de l'État islamique et qui brossait en creux le portrait
03:49de ces terroristes.
03:50Franck Philippon.
03:51Il y avait dans le livre de Mathieu Suc une matière assez incroyable, qui racontait,
03:56en inversant le point de vue, en le racontant du point de vue des gens des services et de
03:59la manière dont ils ont traqué les commanditaires, il y avait une façon de faire quelque chose
04:02de très cathartique pour le grand public, c'est-à-dire de montrer qu'il y a eu une
04:05réelle efficacité du travail des services dans l'année qui a suivi, ce que raconte
04:09la série, et que pour le grand public, c'était une manière de rentrer de l'autre côté
04:12du miroir, de voir comment ça se passe l'antiterrorisme, comment c'est compliqué, comment le risque
04:16zéro n'existe pas, mais comment néanmoins, dans le travail que les deux services que
04:21vous avez mentionnés ont fait avec d'autres services, a été d'une grande efficacité.
04:25Alors c'est une série fine, Frédéric, ces espions de la terreur, presque complexes,
04:30qui donnent à voir les services secrets en action, filature, écoute, nuit passée au
04:34bureau, et puis l'importance aussi des indices qui permettront à l'État français finalement
04:38d'éliminer et de revendiquer l'élimination des terroristes ciblés.
04:42Et les deux premiers épisodes, merci Laurent, de ces espions de la terreur, à voir à partir
04:45de 21h sur M6, et à trouver en permanence sur M6.
04:49Voilà, M6.
04:50Plus, on l'entend, Arthur Desnouveaux, l'objectif des auteurs de cette série, c'est presque
04:55quelque chose d'utilité publique.
04:57C'est quelque chose que vous partagez dans ces projets-là ?
05:00En tout cas, il y a beaucoup de manières de parler du 13 novembre.
05:04Là, oui, j'entends l'utilité publique, nous on a assisté au procès, à la démonstration
05:10de la manière dont ces services de renseignement travaillent, et des regrets qu'ils pouvaient
05:15avoir finalement de ne pas avoir réussi à attraper Abdelhamid Abaoud et ses complices
05:18avant le 13 novembre.
05:19Donc on sait que ces gens-là font un travail formidable, un travail extrêmement difficile,
05:24et que le moindre trou dans la raquette, ça peut être 133 morts, comme ce qui est arrivé.
05:28Et c'est bien aussi que la série, qui à mon avis n'est pas simpliste et monolithique
05:33dans son approche, permette de toucher du doigt ce travail-là, parce que finalement
05:38la lutte contre le terrorisme, il n'y a pas que deux côtés à ce miroir-là, il y en
05:42a beaucoup.
05:43Et les services de renseignement font un travail de l'homme formidable, qu'il faut saluer,
05:47et c'est notamment leur excellente organisation depuis les attentats de 2015 qui permet d'avoir
05:51moins d'attentats sur le sol français.
05:53La vérité judiciaire et ses fictions, tout ça peut être complémentaire ?
05:57Oui, je pense que de toute façon, vous connaissez le dicton, il y a au moins trois vérités,
06:02la tienne, la mienne et ce qui s'est vraiment passé.
06:04Je crois que dans le 13 novembre, il y en a encore plus que ça, on peut le prendre du
06:07côté des victimes, on peut le prendre du côté des auteurs, on peut le prendre du
06:10côté du renseignement, la vérité judiciaire est une chose, et donc je pense qu'il faut
06:15accepter que de toute façon, il y aura une pluralité de regards, et il faut accepter
06:19la force de la fiction là-dedans.
06:20Revenons sur un des regards, le précédent, je disais, une série il y a quelques mois,
06:26une amie dévouée, celle qu'on appelait la mythomane du Bataclan, qui faisait d'ailleurs
06:29partie, Arthur, de votre association.
06:31Voici ce qu'en disait sur France Info, votre micro d'ailleurs, on va lire déjà,
06:34l'orchale Amy, qui incarne le personnage.
06:36Cette personne est condamnable moralement, et en même temps, je pense que ce que réussit
06:41juste Philippot, le réalisateur, c'est de faire en sorte qu'on la suit très loin,
06:47c'est-à-dire on s'identifie même à elle à des moments je pense, enfin en tout cas
06:51on a de la sympathie pour elle, et en même temps on ressent aussi de l'horreur, du dégoût,
06:56et on est sans cesse tiraillé comme ça, et donc on est sur une crête qui est assez
07:00passionnante, on n'est pas dans le manichéisme, c'est pas la méchante manipulatrice avec
07:03les pauvres victimes, il y a toute la complexité de cette histoire.
07:06Le mot crête, qu'en peut l'orchale Amy, Arthur Deneuve, s'applique d'ailleurs à
07:10beaucoup de ses fictions, celle-là par exemple avait pu gêner une partie des victimes, après
07:14tout, peut-être est-ce le jeu aussi ?
07:15Oui, bien sûr, écoutez, on n'est pas les meilleurs juges de ce qui nous est arrivé
07:18ni de la manière dont il faut le raconter, et encore une fois, je ne pense pas qu'on
07:21puisse être censeur, c'est toujours gênant de voir quelqu'un qui nous a fait autant
07:25de mal être mis en lumière, mais je crois que quand on regarde la série, c'est une
07:30histoire aussi d'une forme de condamnation, et donc c'est intéressant, mais en tout
07:33cas, multiplier ces points de vue, ça nous aide aussi à comprendre ce qui nous est arrivé,
07:37et je suis sûr qu'un bon nombre de mes adhérents, en regardant cette série sur cette fausse
07:41victime qui était dans notre association, ont mieux compris les ressorts psychologiques
07:44qu'il y avait derrière.
07:45Si on écoute un autre des parties pris, peut-être que tout le monde ne s'en souvient pas là,
07:51En Thérapie, une série sur Arte, et un extrait, une médecin jouée par Mélanie Thierry avec
07:58son psychanalyste, elle évoque sa soirée du 13 novembre 2015.
08:00Il y avait des blessés, des brancards, du sang partout, des infirmiers que je ne connaissais
08:05pas, mais c'est comme si tout le monde savait ce qu'il avait à faire, personne ne se plaignait,
08:13même les blessés ne disaient rien, on ne les entendait pas, c'était très bizarre,
08:16c'était comme un ballet à l'opéra, puis après moi je suis partie au bloc pour opérer
08:22pour les 48 heures suivantes, sans dormir, puis à un moment on est comme en transe,
08:29on a du mal à s'arrêter, c'était comme une très très longue nuit, à lutter contre
08:33la mort.
08:34On s'interroge ensemble, Arthur, de nouveau sur le rôle de la fiction, une forme de thérapie
08:38collective, là aussi on sort peut-être des victimes, des proches directement, mais de
08:42thérapie collective pour une société, ce n'est pas une mauvaise définition peut-être.
08:46Au minimum une forme d'empathie collective, je ne sais pas si vous avez déjà lu du Pierre
08:51Dudé de Lacombe qui vous parle de l'Iliade et de l'Odyssée et qui vous rappelle que
08:54ces grands récits-là, ils étaient racontés à tous les mariages et à tous les banquets,
08:59c'était une manière pour la société grecque de, quelque part, métaboliser la violence.
09:03Et je crois que c'est un peu ce qui est en train de se passer, le 13 novembre, les politiques
09:06ont arrêté d'en parler, ils vous font une petite commémoration de temps en temps, mais
09:09ils ne s'attaquent pas au fond, et heureusement qu'il y a la fiction pour maintenir autre
09:12chose que de la mémoire, mais une forme de réflexion, et c'est ça qui est intéressant
09:16dans cette multiplication des points de vue, c'est qu'on va être capable de se forger
09:20une opinion sur tout un tas de sujets autour du 13 novembre parce que ça fait partie de
09:25ces événements tellement complexes qu'on ne peut pas les aborder d'un seul angle.
09:27Et si vous regardez un peu ce que vous dites depuis tout à l'heure, il manque encore deux
09:32grands axes, il y a les victimes et la manière dont elles le vivent, et puis il y a les auteurs.
09:37Et un jour ou l'autre, il faudra aussi que la fiction essaye de proposer une représentation
09:41de pourquoi est-ce que des jeunes français, des jeunes belges qui n'ont jamais quitté
09:45l'Europe se sont dit qu'ils pouvaient aller tirer de dos dans une salle de concert sur
09:49des gens. Et ça, je crois qu'il n'y a que la fiction qui pourra le faire parce que le procès
09:52a échoué à vraiment comprendre leur motivation. S'attaquer à ce qui est peut-être la chance
09:57qu'on veut le moins regarder, c'est aussi notre histoire, à nous tous, ce qui s'est passé ce jour-là.
10:00Oui, bien sûr. Et il y a une question de temps derrière, de temporalité. Ça fera neuf ans,
10:06demain, et c'est probablement le moment où l'émotion a cédé le pas à la réflexion. En tout
10:12cas, chez les gens qui n'étaient pas là le jour J, pour nous, c'est toujours assez difficile. Mais
10:17demander à des artistes, ou plutôt que des artistes aient envie de proposer une lecture de cet
10:22événement-là, qui d'une manière ou d'une autre a redessiné notre manière de penser la France,
10:27notre manière de penser la civilité, c'est extrêmement important. Et c'est pour ça que je
10:31pense qu'il faut l'accueillir avec bienveillance. Je ne vous dis pas que tout va être agréable,
10:34mais après tout, rien ne m'oblige à le regarder. Et s'il y a un public pour le regarder, je pense
10:38que c'est très important que ce soit fait. Évidemment, vous en disiez à moi Arthur Desnouveaux,
10:42commémoration de ces attentats du 13 novembre 2015, et on se rend compte à quel point ils ne sont
10:47pas du passé. On sait que quelqu'un de votre association, le dessinateur Fred De Wilde,
10:52s'est donné la mort au mois de mai dernier, survivante du Bataclan. Aujourd'hui, vous voulez
10:57tout faire pour qu'il soit considéré comme une victime ? Oui, et son nom est gravé sur la plaque
11:03du Bataclan. Je l'ai vu hier, et son nom sera prononcé demain. Le terrorisme est un poison qui
11:09tue immédiatement, mais qui tue aussi sur le temps long. Et on s'en rend compte, aujourd'hui,
11:13il y a des décès, il y a des suicides. C'est le troisième suicide d'un escapé des attentats du 13
11:18novembre. Et donc ça aussi, c'est une réalité qu'on a besoin d'entendre. Pas parce qu'elle est
11:24glauque, mais parce qu'elle fait partie de la compréhension de ce que le terrorisme fait à nos
11:27sociétés. C'est sur le temps long qu'il faut s'y attaquer, et c'est un crime politique qui fait
11:32des dégâts. Et je pense que les parallèles sont assez forts dans l'histoire, mais en tout cas,
11:36c'est ceux avec les grands drames historiques. Primo Lévi aussi s'était suicidé.
11:40Donc c'est important que ce nom-là, comme les autres, soit sur ce monument ?
11:44Il est sur ce monument, c'est important qu'il y soit. C'est important que toute la complexité
11:49de ces atrocités soit dite et soit lue le 13 novembre, quand la liste de toutes les victimes est lue.
11:55C'est la dernière commémoration de votre association, demain, Arthur Desnouveaux. Vous
11:59avez toujours dit 10 ans, et on ne dépassera pas cette durée-là.
12:02Oui, c'est de l'avant-dernière. Je pense qu'on fera encore l'an prochain quand même.
12:06Notre idée, quand on a créé une association de victimes, c'était de se dire qu'il y avait
12:09un certain nombre de choses qu'on voulait faire bouger. Il y avait des choses très personnelles,
12:12l'indemnisation, le procès, la mémoire, et des choses plus globales, comment est-ce qu'on
12:16améliore l'action de l'État. Et à la fin du procès, on a regardé nos statuts et on s'est dit
12:21qu'on avait tout fait. Et donc, comme on ne voulait pas que la victimité soit un enfermement, on s'est
12:25dit qu'on allait mettre fin à notre association. Je crois qu'on est les premiers à faire ça. J'espère
12:29qu'on va réussir à aller au bout. Tout ça en mettant évidemment en place des garde-fous pour
12:32que ceux qui le veulent puissent rejoindre des associations d'aide aux victimes plus pérennes.
12:35Mais nous, en tout cas, en tant que corps social constitué et puis quelque part force politique,
12:41Life for Paris s'arrêtera le 13 novembre 2025. Et 10 ans, est-ce que c'est aussi le moment où le
12:47silence, je ne sais pas s'il est imposé ou si les politiques eux-mêmes se l'imposent ce jour-là,
12:52pourra laisser la place à des paroles politiques ou alors pas forcément ce jour-là ? Il y a une
12:58grande question autour de ce silence politique à laquelle je n'ai pas complètement la réponse. Nous,
13:02on leur a toujours demandé de ne pas parler le 13 novembre, mais ça n'excluait pas une parole
13:05politique plus globale. Et finalement, la seule chose dont ils ont toujours envie de parler,
13:08c'est du sécuritaire et des chiffres et pas du tout du fait que finalement, si les djihadistes
13:12nous frappent, il y a une raison politique derrière. Et donc, j'ai assez peu d'espoir qu'après ces 10
13:17ans, on mette fin à ça. Si vous regardez ce que fait François Hollande le 16 novembre 2015,
13:22c'est aller à la Sorbonne et faire une minute de silence. Et à ce moment-là, il n'y était pas
13:26obligé. Mais c'était quand même beaucoup plus simple de rien dire et ça a un peu donné le ton,
13:30malheureusement. Et quand vous regardez les Jeux Olympiques, vous voyez qu'on vous dit qu'il y a
13:33des jeunes de 15-16 ans qui se sont fait embrigader sur les réseaux sociaux. En France, ça veut donc
13:39dire que ces jeunes-là, qui ont 15-16 ans maintenant, ils en avaient 7-8 au moment du 13
13:43novembre et qu'on n'a pas réussi à les protéger sur notre propre territoire. Ça, ça fait aussi
13:47écho aux prosépathies actuellement et à la radicalisation sur les réseaux sociaux. Et donc,
13:51j'ai peur que moi, la parole politique, de toute façon, soit incapable de s'attaquer à ce problème-là.
13:55Et je ferais beaucoup plus confiance à la société civile. C'est peut-être ça,
13:58d'ailleurs, l'après l'IFOR Paris, c'est réussir à faire en sorte que ce soit nous,
14:02collectivement, qui nous attaquions à ce fléau-là.
14:04Merci beaucoup, Arthur Denouveau, d'être passé par le studio de France Info, si je peux me
14:08permettre, puisqu'on s'interrogeait sur le rôle de ces fictions. Votre association est absolument,
14:12et votre parole aussi, d'utilité publique. Merci.
14:14Merci. Merci Frédéric Carbone, tout public. Et vos invités reviennent après le Fil Info de 13h46.
14:21Théo, met ton régimbaud.
14:22Le vote est prévu à partir de 16h30 dans l'hémicycle. Après les questions au gouvernement,
14:29les députés doivent se prononcer sur la partie recette du projet de budget 2025. Une copie très
14:36éloignée de l'original proposé par le gouvernement. Elle pourrait être rejetée. Le Sénat étudierait
14:42donc, dans ce cas, la proposition initiale. Emmanuel Macron en visite en Argentine le
14:47week-end prochain pour poursuivre, dit l'Elysée, un dialogue exigeant, notamment sur le climat,
14:52avec le président Javier Millei. Visite avant le G20 au Brésil et un déplacement ensuite au Chili.
14:59Une foule d'anonymes, plusieurs centaines de personnes, se sont réunies ce matin aux obsèques
15:04du jeune Nicolas, à Romand-sur-Isère, dans la Drôme. Il a été tué dans une fusillade dans
15:09la nuit du 31 octobre, devant une boîte de nuit, non loin de Valence. Le président de
15:14l'Azerbaïdjan, qui accueille la COP29 sur le climat, répète que le gaz et le pétrole sont des
15:19cadeaux de Dieu. On ne doit pas reprocher aux pays d'en avoir et de les fournir au marché, dit-il
15:24encore à la conférence de l'ONU. Troisième record en sept jours pour le bitcoin, il a atteint la nuit
15:29dernière plus de 88 000 dollars. Une ascension portée par la victoire de Donald Trump la semaine
15:35dernière à l'élection présidentielle américaine, qui prévoit notamment d'alléger les règles sur les
15:40monnaies numériques.
15:50Deuxième partie de tout public, Frédéric Carbone, on rend hommage à présent à l'un des derniers témoins de l'âge d'or du dessin dans la presse jeunesse.
15:57Oui, ce qu'on appellerait peut-être dans le cinéma un grand second rôle. Et dans la BD, donc, un artisan inlassable de son art, à l'époque où
16:03effectivement cette presse était foisonnante et à l'immultination débordante. Christian Godard a
16:08connu toutes les revues, donc des années 50 aux années 90. Bonjour, Augustin Rivet. Bonjour. Et il y a
16:14côtoyé Goscinny, Franquin, Gregg et tant d'autres. Voilà, commençons par une petite archive, ça date de 1970.
16:21On va juste en écouter quelques secondes.
16:23Quoi ? Qu'est-ce que c'est ?
16:28Tu es curieux ? J'ai cru entendre une sorte de coup de sifflette tout proche.
16:32Écoute !
16:37Ce qu'on entend là, ce n'est pas un extrait de dessin animé, c'est juste un enregistrement audio. C'était un disque vinyle souple, une lecture de ce qui peut être sa série la plus connue avec Martin Milan à Christian Godard.
16:48Ça s'appelait La jungle en folie, des gags avec une bande d'animaux. C'était dessiné par Mick Delinck.
16:53Mon chouchou, c'était l'hippopotame.
16:55Ça paraissait d'un pif gadget. Et ce disque dont on a entendu un extrait, c'était justement un gadget offert avec le numéro 100 de Pif Gadget.
17:03On pouvait fabriquer un tourne-disque en carton et le poser dessus pour entendre ça.
17:07Mais Pif Gadget, c'était loin, Augustin, d'être le premier magazine auquel il participait.
17:12Voilà, il y a eu plein de séries éphémères dans les années 50, dans des périodiques, on disait comme ça.
17:16Koch Hardy, Fillette, Lisette, des publications bon marché avec des tirages considérables.
17:21Ça peut atteindre 250 000 exemplaires par semaine, même si d'un point de vue qualitatif, à l'époque, la BD, c'était plutôt la Belgique, Tintin, Spirou, etc.
17:29Lui, il est parisien, mais il fait son trou jusqu'à être repéré lorsqu'il entre chez Vaillant, qui a été créé après-guerre et qui est en quelque sorte l'ancêtre de Pif Gadget, mais sans le gadget.
17:39C'est là qu'il rencontre un autre Français de la BD, René Goscinny.
17:43C'est de cette rencontre que découle beaucoup de choses, puisqu'il participe avec Goscinny au lancement de Pilote.
17:47Il n'y avait pas qu'Astérix dans le premier numéro de Pilote, il y avait aussi une autre série de Goscinny qui s'intitulait Jaco le Mousse, puis Tromblons et Botaclou.
17:55C'est moins resté dans l'histoire, c'est sûr, mais tout ça, c'est Goscinny et Godard.
17:59À Pilote, il rencontre Greg, le créateur d'Achille Talon, qui devient lui chef du journal Tintin, et c'est son arrivée dans la presse belge.
18:06Il crée alors Martin Milan, un conducteur d'avion-taxi à qui il arrive des histoires au bout du monde.
18:10Là, on n'est plus dans le gag, plutôt vraiment dans l'aventure.
18:13Et Christian Godard, on le comprend, avait commencé par le dessin, et puis il bascule dans le scénario.
18:18Et d'ailleurs, pour la toute première édition du Festival d'Angoulême en 1974, c'est lui qui avait reçu le prix du meilleur scénariste.
18:25Il s'entoure de Mitei pour une reprise du Modeste et Pompon de Franquin, puis il recrute Julio Ribera, un espagnol.
18:32Thierry Fiori le prononcerait, il sera mieux que moi, pour Le Vagabond des Limbes.
18:36J'ai essayé de rouler les airs de la science-fiction.
18:38C'est l'histoire d'un homme qui part à la recherche à travers l'espace d'une femme qu'il ne voit qu'en rêve.
18:43Bon, il rejoindra ensuite le journal de Spirou pour d'autres univers.
18:46Ce qui est intéressant, au-delà de cette longue liste d'albums, c'est cette vague de presse jeunesse qui a quasiment entièrement disparu.
18:53Il ne reste de tous ces titres plus que Spirou.
18:55Pif Gadget a été relancé fin 2020 par l'ancien secrétaire d'État de François Fillon, Frédéric Lefèvre, mais c'est pas le même tirage.
19:02Et puis, c'est un trimestriel maintenant. En 1970, c'était Hebdo, avec parfois un million d'exemplaires vendus.
19:08Le secteur foisonnant est désormais dominé par, d'un côté, Bayard, c'est-à-dire J'aime lire, Astrapi et compagnie.
19:14Et de l'autre, le journal de Mickey, Picsou Magazine et toute la galaxie Disney.
19:17Christian Godard aurait-il eu cette carrière aujourd'hui ?
19:20Eh bien, voilà ce qu'il en pensait modestement.
19:22Quand je regarde tous ces exemplaires là, auxquels j'ai participé avec mon acolyte de l'époque,
19:29je me rends compte, avec le recul, que j'ai eu de la chance.
19:33Parce que la chance, c'est être au bon endroit, au bon moment.
19:38On peut avoir tous les talents du monde.
19:40Si on est au mauvais endroit et à un moment où on n'a pas besoin de vous, ça ne sert pas à grand-chose.
19:48Voilà, Christian Godard, qui avait 92 ans.
19:50Et sa modestie, son humilité, qu'on entend.
19:52Vous avez bien retenu Mathilde Romagnon, Tromblons et Bataclou, Jacques Olmou.
19:57Ça se trouve dans des magasins de BD, d'archives ?
20:00Oh ben, il faut faire vraiment les bookings.
20:02Mais sinon, sur Internet, il y a des numérisations.
20:04Moi, j'ai des thèmes journal de Mickey.
20:06Merci infiniment, Augustin Rivé, pour cette passionnante archéologie intime de la bande dessinée.
20:11Venons-en à la sortie demain.
20:13C'est pour ça que Thierry Fioril est là, d'un documentaire choc au cinéma,
20:17qui est aussi une histoire d'amitié improbable.
20:19No Other Land, primé à Berlin, qui raconte le quotidien fait d'expulsions, de destructions,
20:24d'humiliation dans le sud de la Cisjordanie.
20:27Et ça ne fait tout ça qu'empirer depuis le massacre du 7 octobre 2023 à la guerre à Gaza.
20:32Bonjour donc Thierry Fioril.
20:33Bonjour Frédéric.
20:34L'originalité, c'est qu'un des réalisateurs est palestinien, Bassel Hadra.
20:38L'autre, israélien, Yuval Abraham.
20:41Dites-nous d'abord où on se trouve, dans quel coin, dans quelle région ?
20:43On est au sud d'Hebron, dans des étendues quasi désertiques.
20:46C'est là que vivent, tant bien comme mal, 12 communautés palestiniennes,
20:50des agriculteurs et des éleveurs, moins de 3000 personnes.
20:53En 1980, l'armée israélienne déclare que les terres de Masafariata,
20:58zone d'entraînement militaire fermée, les palestiniens qui y vivent n'ont plus aucun droit.
21:04Au terme d'une longue bataille juridique, la haute cour d'Israël autorise en 2022
21:09l'expulsion des villageois, la destruction des maisons, des écoles, des hangars agricoles.
21:14Bassel, avec une petite caméra, filme l'arrivée quotidienne des bulldozers,
21:20escortés par des soldats, et il est rejoint par Yuval, un Israélien militant,
21:25engagé pour une paix durable.
21:27Pour les habitants qui perdent tout dans ces raids incessants,
21:31ne restent que des grottes, des tentes ou l'exil forcé vers les banlieues,
21:35déjà surpeuplées des villes palestiniennes.
21:37Mais depuis les massacres commis par le Hamas le 7 octobre 2023
21:42et la riposte israélienne à Gaza et sa cohorte de morts,
21:45la situation à Masafariata n'a fait qu'empirer.
21:49Ils ont détruit encore plus de maisons.
21:51Six communautés ont dû fuir.
21:53Elles ont disparu et ils ont construit de nouvelles colonies.
21:56Certains colons sont désormais des soldats en uniforme, avec des fusils.
22:00Ils arrêtent des gens, volent des troupeaux, détruisent maisons et puis d'eau.
22:04C'est de plus en plus difficile de filmer ces actes.
22:06Si j'y vais, je suis une cible, c'est effrayant.
22:09Et tout ça avec le soutien occidental, des Etats-Unis, de la France,
22:13qui fournissent les armes et l'argent.
22:15On fait avec nos moyens, des caméras, nos voix.
22:18C'est dur de résister, mais on ne lâche rien.
22:28Tous ces faits, Thierry, sont connus, documentés, dénoncés par les Nations Unies.
22:32Et cette résistance palestinienne-là, elle reste pacifique.
22:35Oui, c'est ce qu'on voit dans le film, malgré les humiliations quotidiennes,
22:39des conditions de vie indignes comme cet homme paraplégique
22:42depuis qu'il a reçu une balle dans le dos et qu'il n'a même pas un fauteuil roulant.
22:46La population n'a pas pris les armes.
22:48Pour Yuval Abraham, Hamas afer Yata, on ne veut pas tomber dans le cycle infernal de la violence.
22:56Depuis des décennies, les groupes militaires palestiniens comme le Hamas
23:00et les ministères israéliens, ainsi que tous ceux qui soutiennent l'occupation,
23:04se nourrissent mutuellement.
23:06Comme on l'a vu après le 7 octobre,
23:08les colons en Cisjordanie ont saisi l'occasion pour étendre le nettoyage ethnique.
23:12A Hamas afer Yata, 6 villages ont été détruits en réponse au pogrom.
23:17Le cycle de la violence est sans fin.
23:22C'est pour ça que je pense que le fait que la France ne reconnaisse pas un État palestinien
23:27et ne prenne pas de sanctions contre la colonisation est problématique.
23:31Ça nourrit ce cycle de violence dans la région.
23:34Et on le sait maintenant.
23:36La création à l'époque d'une zone militaire exclusive à Hamas afer Yata n'était qu'un prétexte.
23:40Depuis des années, des colonies israéliennes s'installent là où les Palestiniens ont dû fuir.
23:45Le film s'achève avec des images terribles tournées après le 7 octobre.
23:49On y voit des colons armés tirés sur les habitants
23:52sous le regard indifférent des soldats israéliens.
23:55Yuval Abraham.
23:59Bazel aurait pu mourir ce jour-là face aux soldats israéliens.
24:02Bazel aurait pu mourir ce jour-là face aux soldats.
24:04Je criais en hébreu, ne tirez pas !
24:06C'était fou, une journée horrible.
24:08Mais ce qu'il faut comprendre, c'est que oui, il y a des colons fanatiques
24:12avec une idéologie religieuse extrême.
24:14Mais s'ils peuvent étendre leur conquête, être là,
24:17c'est que l'État d'Israël a fait le choix que ça continue.
24:20Si un jour la colonisation s'arrête et qu'un État palestinien est créé,
24:24je crois que les colons devront partir car ils ne peuvent rester qu'avec le soutien d'un système total.
24:33Non, Overland, pas d'autre terre récit d'un conflit sans fin,
24:39dont l'unique lumière vient de l'amitié entre ces auteurs.
24:43Thierry Fioril et demain, un autre film ne ferait pas de parallèle d'autres terres de conflits.
24:47La Corse, le Royaume, film magnifique dont le réalisateur Julien Colonna est nommé.
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