REDIFF | Le 13 novembre 2015, la ville de Paris était victime d'attentats qui ont marqué son histoire. Cette nuit, remplie d'horreurs, plusieurs attaques ont eu lieu à différents endroits de la capitale, parmi elles, celle du Bataclan.
Nous écoutions en 2020 le témoignage résilient de deux pères endeuillés.
Nous écoutions en 2020 le témoignage résilient de deux pères endeuillés.
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00:00Non, on ne savait pas qu'ils allaient au Bataclan.
00:02On a voulu rouler de nuit, on les a cherchés au petit matin
00:05et on a su seulement à 18 heures, donc voilà.
00:09On peut faire adeuil d'un parent, d'un père, d'une mère,
00:12c'est dans l'ordre des choses,
00:13mais père d'un enfant, c'est pas dans l'ordre des choses.
00:18Je suis le papa de Marie, décédé au Bataclan le 13 novembre 2015.
00:22Je suis le papa de Mathias, décédé au Bataclan le 13 novembre 2015.
00:27Marie avait 23 ans, c'était quelqu'un de très solaire,
00:34de très ouvert sur les autres.
00:36Mathias, il avait 22 ans et il était passionné de la vie,
00:41passionné par Marie.
00:44C'était un couple de jeunes qui se sont connus en terminale.
00:49Ils sont arrivés sur Paris trois mois avant les attentats.
00:54Non, on ne savait pas qu'ils allaient au Bataclan.
00:56On l'a appris par le cousin de Marie, qui n'avait pas de nouvelles de Marie.
01:00On a décidé de partir à Paris pour être au plus près de ce qui se passait.
01:06On a vous roulé de nuit, on les a cherchés au petit matin.
01:09On a passé deux heures à l'Institut Médico-Légal,
01:14qui ne savait pas nous dire où étaient nos enfants alors qu'ils étaient là.
01:18Depuis 8h du matin.
01:19Et on a su seulement à 18h, donc voilà, le samedi.
01:25On a, impossible de les voir,
01:28on est revenu lundi pour les voir à travers une vitre.
01:32On a pu les embrasser une semaine après.
01:34Donc vous voyez la douleur de se dire, tiens,
01:40il n'est plus là.
01:42On ne pouvait pas le toucher.
01:45Donc ça, il ne faut pas que ça se reproduise, c'est attenable.
01:51On peut faire adeuil d'un parent, d'un père, d'une mère,
01:54c'est dans l'ordre des choses,
01:56mais perdre un enfant, ce n'est pas dans l'ordre des choses.
01:59Ils nous parlaient toujours de leurs amis sur les réseaux sociaux.
02:03On s'était dit, bon, c'est l'accordeur de la jeunesse.
02:06On a des amis, et c'est en fait ces amis.
02:09Il s'avère qu'ils nous ont énormément aidés quand c'est arrivé,
02:13par des témoignages divers.
02:16Et donc, c'est pour ça qu'on a créé l'association,
02:19sur leurs demandes, avec eux,
02:22et pour aider les jeunes parce qu'ils sont formidables.
02:25Notre ADN, c'est faire travailler les jeunes
02:29pour les mettre en valeur, pour leur donner la visibilité,
02:32les aider à montrer que leur pouvoir de création
02:35et de force et de positivité est vraiment très grand.
02:38On fait des choses, on donne des bourses à des jeunes.
02:42On a donné à peu près pour 28 000 euros de bourse en six ans.
02:46On retranscrit ce qu'était l'esprit.
02:49La volonté de Marie et Mathias d'aller de l'avant, d'aider les autres,
02:55ce qu'on ne peut plus faire avec nos enfants
02:57parce qu'ils ne sont plus là, on le fait pour d'autres jeunes.
03:02Si on était reclus avec notre douleur, ils auraient gagné.
03:06Alors que là, au moins, c'est une réponse non violente de solidarité.
03:10Positive.
03:11Voilà, c'est le meilleur moyen de répondre à cette barbarie.
03:14On ira au procès par solidarité avec ces jeunes qui sont blessés,
03:19physiquement, psychologiquement.
03:22Le procès va durer environ huit à neuf mois.
03:25C'est un procès historique.
03:27On est là pour parler de ce qu'on a vécu
03:31et que, surtout, ça ne se produise pas pour d'autres personnes.
03:35L'idée maîtresse, c'est de présenter nos enfants,
03:39de parler, comme on l'a dit, de cette journée qui nous a détruits.
03:45Il y a un mot d'ordre, c'est qu'en fait, ils n'auront pas notre haine
03:49parce que le fait d'avoir notre haine,
03:51c'est déjà une façon d'avoir gagné par rapport à nous.
03:54Donc, nous voilà, on est là, ils seront humiliés.
03:56C'est ce qui cherche à faire, nous diviser.
03:58Et c'est les jeunes gens qui nous ont soutenus
04:01par leur message de positivité, leur mot simple,
04:04des phrases courtes, mais poignantes.
04:08Quand des jeunes vous disent, vous êtes notre famille maintenant,
04:11ça vous touche.
04:12C'est quelque chose qui fait chaud au cœur
04:15et qui nous aide à continuer à vivre.