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Transcription
00:00C'est un moment qui nous a marqué tous, et bien évidemment au niveau des policiers, ça a été un moment unique.
00:07On s'était préparé au pire, on avait déjà vécu hyper cachère,
00:11c'est un service comme le rappelément JAU, qui pratique aussi le grand bonditisme, et une semaine avant le Bataclan on avait
00:19fait une opération sur un enlèvement avec une fusillade, donc on a quand même l'habitude de la grande violence.
00:25Là,
00:26on n'était pas parti pour avoir cette scène de guerre,
00:30moi-même, à mon niveau, j'étais chez moi dans ma maison de compagne,
00:34tranquillement, et puis j'ai été appelé tout simplement par des gens qui sont spécialisés dans les explosifs,
00:40qui m'ont appelé parce qu'il y avait des explosions au Stade de France, une première sur laquelle on a pensé dans un premier temps
00:46que c'était peut-être
00:48un accident, il y a plein de barraques à frites, ce genre de choses, donc une bouteille de gaz qui a explosé, on ne sait pas.
00:54La deuxième explosion, on a compris que là, c'était plus du tout la même chose.
00:59Cette zone est
01:02normalement d'intervention, il y avait une zone de partage d'intervention qui était plutôt pour l'ORED
01:06à Saint-Denis, donc on a laissé l'ORED prendre la main sur Saint-Denis,
01:11parce qu'il fallait aller là-bas, et nous on s'est quand même mis en endroit de marche, et très rapidement, il y a eu les fusillades
01:18sur les terrasses de café, donc à partir de là, on a tous compris qu'on subissait une attaque de masse,
01:24et là, moi je suis rentré,
01:28à Saint-Denis, très très vite, puisque j'ai mis 23 minutes pour faire 60 kilomètres,
01:32et j'étais avec mon épouse, puisqu'on était partis se reposer à la maison de campagne, donc je l'ai lâchée sur le trottoir
01:40en la laissant comme ça, désemparée, et puis je suis allé au service, et là, entre temps,
01:44j'ai eu un peu tous les renseignements qui me tombaient, petit à petit,
01:48des fusillades, du nombre de morts importants qu'il y avait un peu partout dans Paris.
01:54À partir de là,
01:55on sait qu'on a un boulot à faire, donc une première partie de l'abbayerie était partie déjà
02:00d'abord sur les terrasses, et ensuite, ça se passait au Bataclan, donc moi j'ai rejoint
02:05mon chef de l'époque, Christophe Molmy, qui était avec une partie des équipes, j'ai ramené tout le reste de l'équipe,
02:12j'ai ramené le fameux bouclier, qui s'est fait mitrailler, et on a monté une opération ensuite au Bataclan.
02:19Quand on est arrivé, la situation était un peu figée, parce qu'on avait ce
02:24commissaire de police
02:25accompagné de son chauffeur, qui était rentré de la Bac Nuit, et qui finalement avait neutralisé un des terroristes,
02:32enfin en lui tirant dessus, et puis le gars s'était fait sauter, le terroriste,
02:36et on ne savait pas trop exactement combien il y avait de terroristes encore dedans, d'ailleurs quand on arrive,
02:43la communication est compliquée, parce que c'était quand même le chaos,
02:45et on ne sait pas trop, et quand on demande aux policiers qui sont intervenus,
02:50combien il y en a encore de terroristes, personne ne peut nous répondre, et il y en a même qui nous disent, peut-être qu'il n'y a plus personne.
02:56Donc on est rentré un petit peu là-dedans, en voyant bien évidemment les cadavres,
03:01et il y avait beaucoup de gens aussi qui étaient au sol,
03:05et assez rapidement on a compris qu'il y avait aussi des gens qui étaient couchés tout simplement, qui se protégeaient.
03:10Donc la première chose à faire c'était d'évacuer les valides,
03:14donc c'est pour ça qu'il y a eu une polémique un petit peu sur le temps, mais
03:18moi j'ai pris la décision, et puis Christophe qui était avec moi était tout à fait d'accord,
03:24il fallait, si on montait une opération, il fallait sortir tous les gens valides, pour ne pas avoir de blessés en plus.
03:29Donc il fallait prendre le temps de le faire, et donc on a fait évacuer les gens, par tous moyens, alors on a fait rentrer des policiers,
03:36qui se sont servis de brancards, parfois même de barrières au banc, parce qu'il n'y en avait pas assez, et on chargeait les gens comme ça.
03:44Et puis le travail petit à petit a été fait, c'est-à-dire qu'on a réussi à évacuer
03:49tous les gens qui étaient valides, les blessés,
03:54et pour en arriver qu'aux otages qui se trouvaient à l'étage, et puis les morts.
04:00Et là on a eu un contact, et on a compris qu'il restait deux terroristes, un minimum, qui étaient à l'étage,
04:07et on a monté une opération.
04:09Cette opération c'était de les neutraliser, alors on a essayé de négocier, il faut le savoir,
04:14on fait toujours de la négociation, même dans des cas les plus difficiles.
04:18Le titre du bouquin, c'est la devise de la BRI, c'est par le verbe, par le glaive, le verbe ça veut bien dire qu'on n'est pas,
04:26on essaie par tous les moyens, on utilise tous les moyens, parce qu'on est des policiers, on n'est pas des
04:34mercenaires, on est là pour essayer de régler une situation, et si on peut arrêter des gens, on le fait, et puis le glaive,
04:40c'est parce que quand on ne peut plus rien faire, et qu'on n'a plus le choix, et bien on utilise le glaive.
04:45Et donc en l'occurrence, après avoir
04:48utilisé beaucoup le verbe,
04:50on s'est aperçu qu'on le travaillait en même temps, on travaillait déjà le glaive,
04:55donc en général on fait des opérations qui sont d'abord d'urgence, quand on arrive, parce qu'on ne sait pas trop où on va,
05:02et à la différence d'ailleurs d'un service d'intervention militaire
05:07qui prépare une opération, et qui a les plans, et qui sait ce qu'il va faire, et dont il a un objectif,
05:11nous quand on arrive, on découvre la situation, et après il faut travailler
05:15avec beaucoup d'urgence, beaucoup de rapidité, donc ça, les gens sont habitués à travailler sur ce genre de méthode de travail,
05:24et on a monté un plan
05:26beaucoup plus élaboré, et à partir du moment où on a eu
05:30l'autorisation qu'on a eu très très vite, par rapport à Hypercacher, où ça a mis beaucoup plus de temps,
05:34je crois que pour Hypercacher on avait mis 45 minutes à nous donner l'autorisation,
05:38là, pour le Bataclan, je crois que la décision a été prise tout de suite, et on est passé à l'assaut,
05:44cet assaut, tout le monde, ça a été raconté un nombre de fois important,
05:49on a donné l'assaut sur les deux endroits du balcon, il y avait deux parties,
05:53et les terroristes en fait étaient surtout sur une partie, de l'autre côté il y avait beaucoup d'otages,
05:58et à partir de là, les terroristes se sont défendus, donc ils nous ont mitraillés,
06:02le fameux bouclier a pris une trentaine d'impact, on a eu,
06:07comme c'était un couloir,
06:09on a eu un gars de chez nous qui a été touché, c'était le sixième de la colonne, parce qu'il y avait les balles, partait Henri Cochet,
06:15et on a continué à avancer, on a perdu notre bouclier aussi, parce que ça tirait dans tous les sens, donc nous,
06:20on n'a pas beaucoup ouvert le feu, une dizaine de coups, et on a abattu le premier terroriste,
06:27et ce terroriste-là, enfin les deux qui restaient, et celui-là s'est fait exploser,
06:34et il a blasté le deuxième, et là on est intervenu et on l'a neutralisé.

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