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Clique, c'est présenté par Mouloud Achour, tous les jours pour les abonnés, en deuxième partie de soirée sur CANAL+
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00:00Vous avez grandi un peu entre ces deux cultures, vous avez été naturalisée française, et vous dites que c'est aussi le moment qui vous touche le plus dans cette pièce et dans la barre de Marielle.
00:09Rien qu'd'y penser. Je sais ce que vous allez dire. Tandis que je suis chez moi.
00:12Oui, c'est ça. Quand elle rentre à Paris, elle dit qu'elle est chez elle, et vous aussi.
00:15Bah oui.
00:16Pourquoi ça vous émeut à ce point ?
00:17Parce que...
00:24Attendez.
00:25Je vous en prie.
00:26C'est chez vous aujourd'hui ?
00:29Et vous avez l'impression que ça a été un long chemin pour que ce soit enfin chez vous ? C'est peut-être ça ?
00:33Non, pas que pour moi, mais pour...
00:36C'est ridicule.
00:37Mais c'est vrai que cette pièce me touche. Non, non, pas du tout.
00:40Au contraire.
00:41C'est chez moi, et la France est un pays d'accueil qui doit être fière des gens qu'elle a accueillis.
00:51Et on vit un moment difficile où on rejette tout ça et où on veut faire une politique d'immigration très dure.
01:01Et donc, c'est vrai que tous les soirs, quand je dis que je suis ici chez moi, c'est comme si je voulais passer un message à ces 300 personnes qui sont dans la salle et leur dire
01:13« Voilà, j'ai rien volé. Mes parents n'ont rien volé. J'ai travaillé dur. Et aujourd'hui, vous êtes fiers de moi, de l'actrice que je suis devenue, de cette carrière que j'ai eue. »
01:24Et donc, moi, je suis très reconnaissante à la France de ça.
01:29Et je pense que c'est une richesse aussi pour la France.
01:33Et donc, j'ai envie de leur dire « Voilà, il faut accueillir les gens. Il faut les accueillir bien. Il faut leur donner des possibilités de justement être important pour la France. »
01:44Donc, c'est vrai, tous les soirs, je me dis « Bon, allez, je vais pas pleurer quand je vais dire cette phrase. »
01:50Et tous les soirs, je regarde les gens et je leur dis « Voilà, vous êtes là ce soir pour venir me voir, mais en fait, je suis argentine. Je suis pas née en France. Et pourtant, vous m'aimez. »
02:01Et donc, je me dis « S'il y a quelqu'un dans la salle qui a une politique d'immigration un peu trop dure ou qui est peut-être... Peut-être que ça va le faire réfléchir, quoi. »
02:11Donc, voilà, tous les soirs, je traverse ça. C'est vrai que le monde va... C'est compliqué.
02:15Moi, quand je vois cette jeune iranienne en sous-vêtements, j'ai qu'une envie, c'est de sortir dans la rue et me mettre en sous-vêtements.
02:22C'est-à-dire qu'on a la chance d'être en France et il faut continuer à accueillir des gens qui n'ont pas le choix.
02:28Et mes parents n'avaient pas le choix. Et donc, évidemment, on peut pas accueillir tout le monde.
02:34Mais c'est une manière de dire « Voilà, je suis pas politique, je suis que actrice, mais si je peux ouvrir un débat et des idées... »
02:44Je suis désolée, ça m'a émue parce que j'ai rejoué la scène, en fait.
02:48C'est des paroles très importantes que vous formulez là.
02:50Et en tout cas, la façon que vous avez de le faire tous les soirs, ce que vous faites sur scène, c'est exactement ça.
02:54Et je pense que c'est pour ça aussi qu'on est cueillis à ce point.
02:56C'est parce qu'on sent très bien que ça vient de loin et que c'est votre histoire.
02:59Donc merci pour ça.