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Aujourd'hui dans le 6/9, l'invité du grand entretien est Pascal Canfin, député européen Renew, membre de la Commission de l'environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire et de la Commission des affaires juridiques.

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Transcription
00:00L'invité du Grand Entretien ce matin est député européen Renew, il est membre de
00:04la Commission de l'Environnement, de la Santé Publique et de la Sécurité Alimentaire,
00:10membre également de la Commission des Affaires Juridiques, COP 29, Mercosur, l'Union Européenne
00:16face au défi de l'élection de Donald Trump, déforestation, vos questions, vos réactions
00:22chers auditeurs au 01 45 24 7000, le standard est ouvert ou sur l'application Radio France.
00:29Bonjour Pascal Canfin.
00:30Bonjour.
00:31Bonjour.
00:32Et bienvenue avant d'aborder tous ces sujets qui sont sur votre table et depuis longtemps
00:36maintenant à savoir la question du réchauffement climatique, de la question du libre-échange,
00:42on va partir d'abord de la question ukrainienne de la guerre en Ukraine avec cette décision
00:47inédite qui a été prise hier, la vice-présidente de la Commission Margrethe Verstager a annoncé
00:53avoir pour la première fois financé l'achat conjoint d'armes par les 27 États membres
00:59et c'est quelque chose qui est donc inédit.
01:02Quelle est votre réaction ce matin Pascal Canfin ? Est-ce qu'il est temps, grand temps
01:07de s'y mettre ?
01:08Plus que temps, bien sûr, plus que temps, c'est un moment historique dans lequel nous
01:12sommes.
01:13Est-ce qu'on arrive ou pas, et nous nous battons pour qu'on y arrive, à franchir
01:17ce pas de la construction d'une Europe de la défense, d'une industrie européenne
01:23de la défense qui achète ensemble, qui produit ensemble et qui, lorsque c'est nécessaire,
01:30livre ensemble à l'Ukraine dans le cas d'espèces ? C'est ça, c'est ça l'enjeu
01:34historique auquel on est confronté et je peux vous dire que cette mesure annoncée
01:38par Margrethe Verstager hier est le résultat d'années et d'années de travail, de changements
01:45des comportements, de changements des idées, de façon à ce qu'on gagne cette bataille
01:49de l'Europe-puissance.
01:50Et c'est ça le cœur du sujet.
01:51Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'adressera depuis Kiev au Parlement européen
01:57la semaine prochaine.
01:58Il sera donc face à vous Pascal Canfin pour marquer les 1000 jours, 1000 jours de guerre
02:04en Ukraine.
02:05C'est ce qu'annonçait mardi la présidente du Parlement européen.
02:09L'Union européenne est à la hauteur de cet enjeu ou pas ? On parlait de cette décision
02:14inédite mais est-ce que l'effort de guerre et l'effort de soutien à l'Ukraine n'est
02:19pas en train de faiblir et est-ce qu'il pourra être poursuivi maintenant que Donald Trump
02:23est de retour à la maison blanche ?
02:25Autre question historique du moment dans lequel on est.
02:29On a fait plusieurs choses que nous n'avions jamais faites.
02:32Vous venez d'en citer une mais il y en a une autre qui date d'il y a quelques semaines
02:35que je voudrais rappeler.
02:36C'est le fait d'avoir pris l'argent des avoirs gelés russes qui font l'objet de sanctions
02:42internationales pour le transférer vers l'Ukraine.
02:44Que cet argent ne dorme pas dans les caisses des banques ou des banques centrales mais
02:48qu'il soit transféré et rendu utile pour l'effort de guerre ukrainien.
02:51Autre décision que jamais personne n'avait prise avant.
02:54Donc on est capable, heureusement et je m'en réjouis, on est capable de ces décisions
02:59historiques.
03:00Mais est-ce qu'on est encore à la hauteur ? Est-ce que c'est suffisant pour battre Vladimir
03:04Poutine ? Au moment où on parle, la réponse est non.
03:08Il suffit de regarder le front sur le terrain.
03:11Et évidemment, le retour de Donald Trump est une mauvaise nouvelle dans ce contexte
03:15parce que ça veut dire que si les Etats-Unis retirent une partie de leur soutien, voire
03:19la totalité de leur soutien, je ne sais pas de quoi Donald Trump est capable, eh bien
03:23nous devrons prendre le relais.
03:24On devra prendre le relais pour deux choses.
03:27Une première raison c'est le respect de nos valeurs, notre intérêt européen fondamental.
03:32On ne peut pas laisser un pays démocratique européen se laisser envahir par une puissance
03:37autoritaire comme Vladimir Poutine.
03:38D'abord c'est l'Ukraine et si Poutine gagne en Ukraine, c'est quoi la suite ?
03:41Et le deuxième élément, c'est qu'une étude allemande vient de sortir récemment,
03:44pour ceux qui sont très inquiets sur les questions migratoires.
03:46Vous savez combien de millions d'Ukrainiens arriveraient en Europe si Poutine prenait
03:50le pouvoir ? Plus de 10 millions ! Plus de 10 millions !
03:54Et donc tous ceux qui se disent « oh là là, attention, nous on a des sujets migratoires
03:58en Europe, et on en a, il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt », pourraient
04:01se dire aussi que, attention, toute l'extrême droite qui s'allie à Vladimir Poutine et
04:05à Donald Trump, en fait, c'est eux qui génèrent potentiellement ces 10 millions
04:09de migrants ukrainiens.
04:10Donc moi, je veux que les Ukrainiens soient libres, je veux qu'ils puissent racheter
04:13ses jeux et vivre en paix, et donc je me bats pour ces combats.
04:16Mais Pascal, enfin, Donald Trump, il a promis de régler cette guerre en Ukraine en 24 heures
04:20quand il arrivera au pouvoir.
04:21Oui, je crois que la réponse est dans la question.
04:23Alors, sans vraiment préciser comment, attendez un peu la question, mais les observateurs
04:26craignent qu'ils fassent des concessions territoriales au président russe, que certains
04:31territoires ukrainiens déjà annexés soient cédés pour de bon à Vladimir Poutine,
04:35ça vous inquiète ? Et qu'est-ce qu'il faut faire ?
04:37Ce qui m'inquiète, c'est l'irresponsabilité de Donald Trump, et elle est vraie sur le
04:42sujet ukrainien.
04:43Enfin, qui peut dire qu'il règle la guerre en Ukraine en 24 heures ? Quelle est la moindre
04:46crédibilité ? Mais ce n'est pas lui, et ce n'est pas Donald Trump, qui négocie
04:52les territoires.
04:53L'Ukraine est un pays souverain, et le président Zelensky va nous le rappeler mercredi, mardi.
04:57C'est un pays souverain.
04:58Il a un moyen de pression.
04:59Le fait même que quelqu'un comme Donald Trump disait « c'est moi qui vais régler
05:03le problème en tête-à-tête avec Vladimir Poutine » et ce que dit Zelensky, en fait,
05:07on s'en fout.
05:08C'est incroyablement négatif, ça nie de manière incroyable la souveraineté même
05:14de l'Ukraine.
05:15Donc c'est insupportable.
05:16Et évidemment, on est dans ce contexte extrêmement difficile, le retour de Donald Trump, on
05:21va en parler sur d'autres sujets, climatique, économique.
05:23Et donc, on doit plus que jamais, et on est à la croisée des chemins, on doit plus que
05:28jamais construire cette souveraineté européenne, cette demi-stratégie européenne, cette indépendance
05:33et cette souveraineté européenne.
05:34Si on ne le fait pas maintenant, nous avons un vrai risque, et je pèse mes mots, un vrai
05:38risque de disparaître de l'histoire, de l'histoire écrite par les autres.
05:43Autre sujet important, c'est la COP29 qui se déroule en ce moment en Azerbaïdjan.
05:48Et Pascal Canfin, vous avez travaillé sur la préparation des accords de Paris, accord
05:52historique au moment de la COP21 en 2015.
05:55La COP29, elle divise les pays les plus riches et les pays les plus pauvres, les pays qui
06:01croient encore en l'avenir d'une économie carbonée et ceux qui veulent absolument s'en
06:08passer.
06:09Est-ce que vous avez peur aujourd'hui d'un recul dans les négociations sur le réchauffement
06:13climatique ? On sait qu'on a déjà dépassé les seuils limites fixés à Paris.
06:18Qu'est-ce qu'on fait maintenant dans une COP ?
06:22Alors, c'est une bonne question.
06:23Il y a deux grands niveaux d'action si on veut gagner la bataille climatique.
06:27Le premier niveau d'action, il est dans chacun des pays et à l'échelle européenne, à
06:33l'échelle de l'Union européenne, pour changer nos modèles énergétiques, changer
06:36nos modèles de transport, etc.
06:38Ça, ce sont des politiques économiques, des politiques industrielles, c'est le cœur
06:42de ce qu'on fait en Europe avec le pacte vert.
06:43On y reviendra peut-être.
06:45Puis ensuite, il y a la négociation internationale.
06:47Et nous, Européens, on ne négocie pas toutes nos politiques climatiques.
06:51Par contre, on en négocie certaines.
06:53Et c'est là où aujourd'hui, au moment où on parle, je pense qu'on peut dire que c'est
07:00totalement dysfonctionnel.
07:02On est dans un pays gazier, l'Azerbaïdjan, qui n'a aucun intérêt, mais alors aucun
07:09intérêt au succès de la COP 29.
07:12Et on a la rumeur, à la COP 29, dans les prochains jours, d'une possible annonce du
07:18retrait des États-Unis de la Convention climat.
07:22Comme il l'avait fait en 2005.
07:23Ou de l'accord de Paris, exactement.
07:26En alliance, excusez-moi, je finis ma phrase, en alliance avec le président argentin.
07:30Qu'est-ce que ça veut dire ?
07:31Ça veut dire qu'on a une alliance internationale des présidents d'extrême droite,
07:37Orban, Trump, Milley, qui s'organisent pour saboter tous les efforts que nous faisons
07:45pour lutter contre le dérèglement climatique.
07:47Tous, à l'échelle nationale, comme à l'échelle internationale.
07:50Et c'est contre ça que je me bats tous les jours.
07:53Je peux vous dire que c'est une bataille homérique, mais nous n'avons pas la possibilité,
07:57nous n'avons pas le luxe de la perdre.
07:58Alors, est-ce qu'il fallait y aller ou pas à cette COP ?
08:01Parce que le président de la République n'y va pas.
08:02Agnès Pannier-Renachez, notre ministre de la Transition écologique, n'y va pas non plus.
08:07Alors, pour des raisons de brouille avec le régime de Bakou,
08:10mais est-ce que finalement, c'est pas aussi éviter du greenwashing ?
08:14Éviter du greenwashing ?
08:14Écoutez, c'est ce que disait Raphaël Glucksmann à ce micro la semaine dernière.
08:17Le fait d'y participer ou pas, d'un point de vue politique,
08:21c'est une décision que je peux comprendre,
08:23de ne pas y aller au regard des attaques qui ont été faites contre la France
08:27en direct par les responsables en Azerbaïdjan.
08:30Néanmoins, il y a toutes les équipes techniques de négociation
08:32qui sont là pour faire avancer les dossiers.
08:34Néanmoins, ce que je voudrais dire, c'est qu'aujourd'hui,
08:37on voit ce qu'on appelle le baclage, c'est-à-dire une contre-attaque,
08:40une contre-offensive...
08:41Un recul, hein ?
08:43Je vois d'abord une contre-offensive.
08:45Et ce que ça mène à un recul, c'est autre chose.
08:47Mais je vois une contre-offensive.
08:49Contre toutes les politiques climatiques que nous menons depuis des années.
08:52Et c'est le cas notamment en Europe, avec une alliance de la droite
08:55et de l'extrême droite européenne, contre toutes les politiques...
08:58On va y venir, un point important.
08:59Je voudrais revenir là-dessus.
09:00Il y a quelques jours.
09:01Je voudrais...
09:02Ok, je reviendrai là-dessus, mais c'est extrêmement important.
09:05Non mais c'est important, la question politique et ce qui se joue en Azerbaïdjan.
09:09On a vu une photo, Pascal Canfin, c'est celle du président du Conseil européen,
09:13Charles Michel, qui serre la main du président azerbaïdjanais, Aliyev.
09:17Est-ce qu'elle vous a choqué, cette photo, pour le dire simplement ?
09:20Non, écoutez, sincèrement, c'est vraiment pas le sujet.
09:23Elle a fait polémique.
09:24Mais on ne va pas dire « machin a raison d'y aller », contre « untel a tort de ne pas y aller ».
09:28Ce n'est pas le sujet.
09:29Vraiment, c'est totalement anecdotique.
09:31Ce qui se joue, c'est est-ce qu'on est capable de faire front contre la contre-offensive,
09:38je vais dire, conservatrice-réactionnaire qui touche notamment toutes les politiques
09:44climatiques et qui nous empêcheront de respecter les accords de Paris ?
09:48C'est ça, l'enjeu.
09:49Le reste est honnêtement totalement anecdotique.
09:51Et moi, ma bataille, c'est de rappeler qu'en Europe, aujourd'hui, on importe 400 milliards
10:00par an d'énergies fossiles, du gaz et du pétrole, qui est le cœur de ce qui génère
10:04le réchauffement climatique.
10:06400 milliards par an.
10:07Les États-Unis, qui sont les premiers exportateurs au monde, les premiers producteurs au monde
10:11d'énergies fossiles, eux gagnent chaque année, par des recettes d'exportation, presque
10:16200 milliards de dollars.
10:18Ça veut dire qu'on commence sur la ligne de départ le 1er janvier avec 600 milliards
10:23d'écarts, 400 d'un côté, 200 de l'autre, ça s'additionne.
10:26600 milliards d'euros de déficit avec les États-Unis.
10:32Imaginez ce qu'on pourrait faire si, en décarbonant notre économie, en passant au
10:36renouvelable, au nucléaire, à l'efficacité énergétique, pour sortir des fossiles, combien
10:41d'investissements dans nos services publics ?
10:43Combien d'investissements dans l'intelligence artificielle ?
10:45On réglerait nos problèmes.
10:47Et donc, c'est pour ça que moi, je n'oppose pas du tout la compétitivité de nos entreprises
10:51et de l'Europe et le pacte vert.
10:53Au contraire, ce sont les deux faces de la même médaille.
10:56Mais compliqué de convaincre le président de l'Azerbaïdjan que le pétrole et le gaz
11:00ne sont pas un cadeau de Dieu pour reprendre son expression.
11:02C'est exactement pour ça que ça pose question d'organiser la COP là-bas.
11:05On va filer au standard.
11:07Bonjour Alain.
11:08Bonjour, bonjour toute l'équipe de France Inter.
11:11Et bienvenue à vous.
11:12Bienvenue aussi.
11:13Alors ma question, aujourd'hui on parle d'Europe, on parle de mondialisation.
11:21Je trouve que les manifestations qui sont faites en France auront un effet très faible.
11:27Il fallait surtout voir les pays qui sont pour, les pays qui sont contre le problème agricole.
11:35Et elle est manifestée en Europe.
11:37On a donné tous les pouvoirs à l'Europe.
11:39Maintenant, je pense qu'à faire éplier.
11:42Merci pour votre intervention.
11:43La question du Mercosur, elle est cruciale et elle divise les Européens, Pascal Canfin.
11:48Absolument, merci pour votre question sur le Mercosur.
11:50Moi, je suis contre l'accord Mercosur comme vous, je pense Alain, pour deux raisons.
11:59La première raison, c'est que dans le texte de cet accord tel qu'il est aujourd'hui,
12:04il n'y a rien sur le climat et la biodiversité, contrairement à d'autres accords commerciaux
12:09que nous avons pu signer.
12:10Vous parlez de l'ASEAN ?
12:11Non, je parlais de l'accord avec le Chili ou l'accord avec la Nouvelle-Zélande par
12:16exemple, qui comportent des clauses environnementales très strictes, ce qui n'est pas le cas à
12:20notre connaissance du texte qui pourrait être signé dans quelques jours sur le Mercosur.
12:24La deuxième raison, elle sera encore plus chère au cœur d'Alain, c'est la lutte
12:29contre la concurrence déloyale pour nos éleveurs.
12:31Parce que, et c'est sorti il y a quelques jours, vous en avez parlé ici même à ce
12:36micro cette semaine, on a découvert grâce à un contrôle de la Commission européenne
12:41le fait qu'alors que c'est interdit depuis près de 40 ans, le Brésil exporte du bœuf
12:50élevé avec des hormones interdites en Europe.
12:53Et pourquoi elles sont interdites en Europe ? Parce qu'elles sont cancérigènes.
12:56Donc c'est à la fois un enjeu de concurrence déloyale pour Alain et c'est un enjeu de
13:00santé publique pour nous.
13:01Donc rien à voir avec le Mercosur puisque l'accord n'est pas entier en application.
13:04Exactement.
13:05Or, qu'est-ce qu'on s'apprête à faire avec le Mercosur Alibadou ? C'est à donner
13:09beaucoup plus de quotas d'exportation de bœuf sans tarif douanier aux Brésiliens
13:17à au même moment, alors que cette semaine, nous venons de contrôler et nous avons découvert
13:22qu'en fait il n'y avait aucun système de traçabilité.
13:24Mais la France est très isolée dans l'Union Européenne, elle est très isolée contre
13:28le Mercosur.
13:29Je vais venir là-dessus, je vais donc totalement dans le sens d'Alain et le cœur de ce qui
13:32fera la différence.
13:33Puisque l'Europe, ce n'est pas là où j'ai un point de désaccord avec Alain, c'est
13:37dans sa formulation sur « on a donné tous les pouvoirs à l'Europe ».
13:39D'abord, le « on », c'est personne, c'est nous qui nous sommes organisés pour ça.
13:43Deux, on n'a pas donné « on », les pouvoirs ne sont pas totalement donnés à la Commission
13:47Européenne.
13:48Heureusement, l'Europe est une démocratie.
13:50Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'on peut s'opposer au Mercosur si on est un nombre
13:53suffisant de pays.
13:54Et donc la France, qui s'opposera au Mercosur, toutes les forces politiques aujourd'hui
13:59en France l'ont rappelé, Michel Barnier l'a rappelé, le Président de la République
14:03l'a rappelé, on doit trouver des alliés pour former ce qu'on appelle une minorité
14:09de blocage pour bloquer le Mercosur.
14:10Et au Parlement Européen, puisque ça viendra au Parlement Européen pour ratification,
14:15l'accord Mercosur doit être ratifié par l'instance démocratique européenne qui
14:19est le Parlement, ça sera extrêmement serré.
14:22Et donc, je le dis Alain, ce qui fera la différence, c'est la mobilisation agricole.
14:27Non pas tant en France, en France tout le monde est convaincu, mais dans les pays qui
14:30ne le sont pas encore.
14:31En Italie, en Pologne.
14:32Mais le Journal de l'Opinion dit que la Commission peut se passer de son vote.
14:36Non, pas le vote du Parlement Européen.
14:39Elle peut adopter le volet commercial du traité à la majorité, qualifié sans consultation
14:43des Parlements Nationaux.
14:44Vous avez raison sur le fait qu'il y a une voie juridique qui permet de ne pas faire
14:5127 ratifications nationales, les fameux Parlements Nationaux dont vous parlez à l'instant.
14:55Par contre, il est impossible pour la Commission Européenne de se passer de l'aval majoritaire
15:01du Parlement Européen.
15:03Et c'est là où la bataille va se mener.
15:05Si, comme on s'y attend, même si on fait tout pour que ça ne soit pas le cas, le Mercosur
15:11est signé par la Commission Européenne dans quelques jours, quelques semaines, il viendra
15:16ensuite pour ratification au Parlement Européen.
15:18Et là, la bataille sera extrêmement serrée.
15:20Je peux vous dire, ça se jouera à quelques voix.
15:22Mais aujourd'hui, la France n'est pas en situation de se placer à l'adoption du Mercosur.
15:25Et la mobilisation de Alain et de tous les mouvements syndicaux agricoles en Europe,
15:29notamment dans quelques pays clés, en Italie, en Pologne, qui pourront faire la bascule,
15:34feront qu'on pourra gagner.
15:35Est-ce que vous craignez une alliance de la droite et de l'extrême droite comme on a
15:38pu le voir il y a quelques jours, hier, avec le report d'un an de la loi contre la déforestation
15:44qui a été reportée par une alliance de la droite avec les forces d'extrême droite
15:47au Parlement Européen ?
15:48Ce n'est pas que je la crains, c'est que je la vois.
15:51Vous venez de le dire.
15:52Mais sur cet accord ?
15:53Je la vois.
15:54Alors, sur l'accord Mercosur ? Non.
15:56Et c'est tout.
15:57L'énorme paradoxe, c'est que la droite européenne, qu'on appelle le PPE, le Parti Populaire
16:02Européen, dans lequel il y a LR et d'autres mouvements de droite européens, fait campagne
16:08aux élections européennes en disant « nous sommes le parti des agriculteurs ». C'est
16:13l'expression utilisée par le chef du parti, Manfred Weber.
16:15Ils ont dit même que votre présence sur l'élite, c'était un doigt d'honneur
16:18aux agriculteurs.
16:19Eh bien, ce parti, le PPE, Manfred Weber, la CDU, le Parti Populaire Espagnol, la Forza
16:26Italia en Italie, Berlusconi, ce sont les plus gros promoteurs du Mercosur, Marion Lourd,
16:31ce sont eux qui sont derrière le Mercosur.
16:34Et donc, nous sommes face à une imposture totale.
16:37Et je le dis à Alain, vous vous faites avoir ! Vous vous faites avoir ! C'est la droite
16:43européenne qui est aujourd'hui la force politique la plus en soutien au Mercosur.
16:48Et donc, regardez la réalité des votes, et nous, nous sommes à vos côtés, contre
16:54le Mercosur.
16:55Le Parlement européen, c'est un espace où on fait des compromis, où les alliances
16:58ne sont pas celles qu'on retrouve dans les parlements nationaux.
17:01Quoi de choquant, après tout, que des élus se retrouvent pour voter, contre un texte,
17:06en l'occurrence, celui qui concerne la déforestation.
17:09Est-ce que vous ne critiquez pas la démocratie et son principe même sur le plan européen,
17:15Pascal Coffin ?
17:16Bien sûr que non.
17:17On gagne, on perd.
17:19Ça, c'est la démocratie.
17:20Mais la question, c'est dans quel contexte politique ? Quelle est l'alliance qui est
17:24en train d'essayer de vider de son contenu le pacte vert ? Hier, en l'occurrence, le
17:28texte sur la déforestation, demain, d'autres.
17:31C'est une alliance entre la droite et l'extrême-droite.
17:34Et donc, encore une fois, il faut revenir à un enjeu majeur qui est qu'on ne peut
17:40pas mettre, on ne peut pas gouverner l'Europe.
17:43Le lundi, en faisant une alliance entre forces pro-européennes, nous et le centre gauche
17:48social-démocrate et le centre droit, et de l'autre côté, le mardi, faire une alliance
17:52avec l'extrême-droite.
17:53C'est totalement instable.
17:55C'est impossible de gouverner comme ça dans la durée.
17:58Or, c'est exactement le début de crises politiques dans lesquelles nous sommes à
18:02l'échelon européen.
18:03A savoir que nous sommes en train de générer, enfin nous sommes en train, non on essaie
18:08d'y résister, nous voulons être une force stabilisatrice, mais la droite européenne
18:13est en train de passer des alliances régulières avec l'extrême-droite européenne et cela
18:18déstabilise profondément notre capacité à construire l'Europe.
18:21Dans un moment où, nous le rappelions en introduction, il y a Vladimir Poutine qui
18:26est en Ukraine, il y a Trump et il y a l'enjeu de compétitivité absolument majeur pour
18:31notre avenir et notre liberté avec la Chine.
18:33On n'a pas le droit de jouer à ce petit jeu politicien.
18:36Ce n'est pas du tout à la hauteur des enjeux.
18:38Donc moi, je me bats avec mes collègues au Parlement européen, avec Valérie Haillet,
18:42la présidente du groupe centriste au Parlement européen, pour être une force de stabilisation
18:47et une force qui construit l'Europe puissante.
18:49Mais vous êtes une force qui est peu nombreuse et donc qui a du mal à peser sur les grandes
18:53décisions.
18:54Nous sommes moins nombreux qu'avant, c'est le résultat des élections.
18:57Nous l'avons dit pendant la campagne, on l'a dit pendant la campagne, si nous sommes
19:01moins nombreux, la France sera moins forte.
19:03C'est la réalité, on l'a dit, on y est.
19:06Parce que les électeurs qui se sont portés sur d'autres listes, nous ont de facto affaibli
19:12et affaibli la voie de la France, on l'a dit pendant la campagne.
19:14Vous avez parlé de l'extrême-droite, Pascal Canfin, cinq ans de prison dont deux fermes
19:19ont été requis et cinq ans d'inéligibilité contre Marine Le Pen dans le procès des
19:24assistants parlementaires du FN au Parlement européen.
19:27La peine fait l'objet d'une exécution provisoire, ça veut dire que même si un recours
19:32est introduit, elle serait quand même appliquée si elle est prononcée au début de l'année
19:35prochaine, ce qui provoquerait l'absence de Marine Le Pen à la prochaine présidentielle.
19:40Pour Gérald Darmanin, ancien ministre de l'Intérieur, il ne fallait pas, parce que
19:43le combat se fait dans les urnes.
19:45Quelle est votre position là-dessus ?
19:46Je trouve que cette phrase est extrêmement dangereuse, extrêmement dangereuse, parce
19:51qu'elle politise un procès qui est un procès comme un autre.
19:56Et je pense que Gérald Darmanin, bien sûr c'est un procès comme un autre, Alibadou,
20:01pourquoi penseriez-vous que la justice devrait fonctionner de manière différente parce
20:07que c'est Marine Le Pen ou que c'est un délinquant en col blanc ou que c'est un
20:12voleur et un cambrioleur ? Pourquoi ? Parce que vous-même vous avez intégré dans votre
20:17question le fait qu'il puisse y avoir une politisation de ce procès.
20:21Il n'y a pas de politisation de ce procès.
20:22Je ne sais pas qu'elle sera intégrée, Gérald Darmanin l'a intégrée, bien sûr,
20:29mais exactement.
20:30Jean-Luc Mélenchon et d'autres font de la question de violer la justice une question
20:37politique.
20:38Et le fait qu'il y ait sur la même ligne de départ, telle que vous venez de la lire,
20:41la listée Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Gérald Darmanin, me donne beaucoup, beaucoup
20:45de raisons de penser que j'ai raison dans ma position de ne pas être de leur côté.
20:49Pourquoi ? Parce que moi, je ne préjuge pas quel sera le résultat du procès, mais je
20:54ne souhaite rien, je ne souhaite rien.
20:57Regardez, analysez, regardez les pièces du dossier.
21:01Il se trouve que c'est une fraude au Parlement européen.
21:03Je suis parlementaire européen, j'ai donc regardé d'extrêmement près les pièces
21:07du dossier.
21:08C'est parfaitement documenté.
21:10C'était totalement systémique, organisé et c'était une fraude à l'argent public.
21:15A quel jugement ça conduira ? Je ne le dis pas, je ne le sais pas et surtout...
21:22On va passer sous-entendu dans votre discours.
21:24Pas du tout.
21:25Si la justice conclut sur la base de l'état de droit, sur la base des règles qui s'appliquent
21:30à tous que Marine Le Pen est innocente, eh bien Marine Le Pen serait innocente.
21:35Si sur les mêmes bases, le même état de droit, elle est jugée inéligible, elle est
21:41jugée inéligible.
21:42Vous savez, c'est extrêmement grave.
21:44Parce que j'ajoute un autre nom à votre liste, c'est Orban.
21:46Qu'est-ce qu'il a dit Orban hier, président de la Hongrie ?
21:49Il a dit « c'est du harcèlement juridique contre Marine Le Pen ».
21:53Ne vous inquiétez pas, à la fin, on finit toujours par gagner.
21:55Comme Trump, il a fait la comparaison.
21:56Comme Trump, exactement.
21:57Vous voyez cet international d'extrême droite qui toujours, on parlait climat, on
22:01parlait déforestation, maintenant on parle état de droit, c'est toujours la même
22:04bataille.
22:05Et il ne faut jamais, jamais céder.

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