Atteinte du syndrome d’alcoolisation fœtale, Sabrina raconte depuis des années son combat aux Réunionnaises et Réunionnais. À travers son histoire, elle espère lever le tabou autour de ce sujet et continuer la lutte pour faire de cette problématique une urgence nationale.
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00:00À 25 ans, quand je suis allée à un rendez-vous gynécologique, parce que justement je voulais
00:07savoir si je pouvais porter un bébé, c'est là où la gynéco m'a dit « vous êtes
00:13un enfant, c'est à vous ». Je lui ai dit « je ne vous connais pas, on n'a pas
00:18encore commencé la consultation, donc dites-moi comment vous pouvez me dire ». Elle me dit
00:23« mais ça se voit ». Je lui ai dit « ben oui, mais donnez-moi les détails », parce
00:26que là, elle me dit « ben vous avez un petit poids, vous avez une petite taille et
00:31vous n'avez pas l'info de palatine, donc vous êtes saf ». Et là, je n'avais pas
00:40longtemps, je n'avais pas beaucoup de temps pour assimiler l'info et je l'ai regardée,
00:46je lui ai dit « mais vous m'avez sonné là ». Elle me dit « ah bon ? », je lui
00:50ai dit « vous n'étiez pas au courant ? ». Je lui ai dit « ben je sais que c'était
00:52à cause de l'alcool, mais je ne savais pas le nom ». Et donc, je lui ai demandé,
00:57je lui ai dit « ben ça, ça veut dire quoi ? ». Elle me dit « c'est un drôme d'alcoolisation
01:01fétale ». Maman, c'était une consommation, je dirais, en deux têtes. Des fois, c'était
01:10j'assume et des fois je me cache. Et quand elle assumait, elle disait « ben oui, j'ai
01:18vécu des violences, j'ai vécu des traumatismes et je vis ton handicap, donc c'est ça qui
01:27me fait souffrir et c'est pour ça que je bois ». Et après, c'était quand elle
01:31avait des nouvelles personnes dans sa vie, et ben c'était caché. Mais nous, nous on
01:36le remarquait parce qu'on était sa famille, donc on s'est dit « ben là, elle s'est
01:43mis à boire ». Depuis toute petite, je voulais aider maman parce que je la voyais
01:50souffrir et je voulais être cette enfant qui la sauve de sa bouteille. Et ensuite,
02:00quand moi j'ai appris pour moi, je me suis dit « moi j'ai besoin d'aide et j'ai
02:07besoin de mettre des mots là-dessus ». Et du coup, je me suis mis à en parler, je
02:12me suis mis à écrire à travers mon livre. Et après, c'est arrivé « ben si moi je
02:18peux le faire, je peux aider les autres ». Je suis fière de me dire que je fais partie
02:23de ces personnes qui sont capables de lever le tabou et de protéger la nouvelle génération.
02:32Donc l'objectif maintenant, c'est de nationaliser ?
02:34Oui, c'est ça. C'est de nationaliser, c'est de protéger et c'est de lever le tabou partout.