• le mois dernier
L'Assemblée Nationale rejette la partie recettes du budget.

Invités :
- Benjamin Lucas-Lundy, député des Yvelines, groupe Ecologiste et Social,
- Olivier Paccaud, sénateur de l'Oise, groupe Les Républicains.

Parlement Hebdo est au coeur de l'actualité politique pour vous faire vivre cette année parlementaire inédite.
Chaque vendredi c'est le tour d´horizon complet d'une semaine au Parlement. Kathia Gilder (LCP-Assemblée nationale) et Alexandre Poussart (Public Sénat) passent en revue les événements et les discussions en séance ou en commission.
Cette saison, une nouvelle formule : un débat entre un député et un sénateur sur les grands sujets qui rythment la vie du Parlement.

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Transcription
00:00Bonjour à tous, très heureux de vous retrouver pour ce nouveau numéro de Parlement Hebdo,
00:12l'émission qui revient sur les temps forts de la semaine au Parlement.
00:15Et comme chaque semaine, nous vous proposons un débat entre un député et un sénateur,
00:19et aujourd'hui sur ce plateau, nous accueillons Benjamin Lucas Lundi, bonjour.
00:22Bonjour à vous.
00:23Vous êtes député écologiste des Yvelines et face à vous, Olivier Paco, bonjour,
00:27sénateur apparenté des Républicains de l'Oise, le budget est à la une pour vous.
00:32Eh oui, car pour la première fois dans l'histoire de la Ve République,
00:35l'Assemblée nationale a voté contre le budget, en tout cas le volet sur les recettes de l'État.
00:40Les députés du Bloc central et du Rassemblement national ont rejeté un texte profondément remanié.
00:44Par la gauche, un rejet qui a mis fin à l'examen budgétaire à l'Assemblée.
00:49La balle est désormais dans le camp des sénateurs qui vont examiner le budget initial
00:53proposé par le gouvernement de Michel Barnier.
00:55La majorité de droite du Sénat propose de faire 4 milliards d'euros d'économies supplémentaires
00:59et aussi de faire travailler les Français un jour de plus par an.
01:04Mais d'abord, ce rejet historique du volet recettes du budget 2025 à l'Assemblée.
01:09Marco Pommier.
01:13Pour 192 contre 362, l'Assemblée nationale n'a donc pas adopté.
01:19Mardi 17h30, dans un hémicycle quasi plein, les députés rejettent le volet recettes du budget 2025.
01:27L'ensemble du projet de loi est considéré comme rejeté.
01:30Une première sous la Ve République, seule la gauche a voté ce budget qu'elle avait largement remanié.
01:36L'Assemblée est devenue une sorte de théâtre d'ombre.
01:39Ceux qui ont participé à ces majorités et qui ont construit avec nous ce budget
01:44ont décidé de le rejeter aujourd'hui.
01:46Tout le travail fait patiemment, fait de négociations et de discussions depuis trois semaines
01:51est maintenant jeté à la poubelle.
01:53Les quatre partis de la coalition soutenant le gouvernement ont voté contre un texte selon eux dénaturé.
02:00Le camp présidentiel dénonce un barbouillis fiscal.
02:0380% des hausses d'impôts qui étaient prévues aujourd'hui et soumises au vote
02:08nécessitaient de sortir de l'Union européenne, de violer les traités internationaux
02:12ou bien de mettre à bas notre ordre constitutionnel et juridique.
02:16Opposition aussi du Rassemblement national qui renvoie dos à dos la gauche et le socle gouvernemental.
02:22C'était initialement un budget de faillite LR Macron et c'est devenu un budget de faillite Macron NFP.
02:30Bon, les sigles changent mais la catastrophe est la même pour les Françaises et les Français.
02:35Le gouvernement prend acte du rejet mais le ministre des Comptes publics reste confiant.
02:39J'ai confiance dans l'esprit de responsabilité collective du Parlement dans son ensemble
02:44pour trouver un budget à notre pays, un budget qui permette de redresser nos comptes publics
02:49mais un budget qui ne matraque pas nos concitoyens et nos entreprises par l'impôt.
02:53Et maintenant le budget 2025 va être examiné au Sénat où Michel Barnier dispose d'une majorité.
03:00Alors on va revenir sur le détail de ce vote mais Benjamin Lucalindi,
03:04première question puisque le Premier ministre a déclaré dans une interview au journal Ouest France
03:09qu'il l'utiliserait probablement le 49-3 au final puisqu'il n'y a pas de majorité qui se dessine, il n'a pas le choix.
03:16Écoutez, c'est le constat d'un échec, une véritable chianlie au Parlement sur cette discussion budgétaire.
03:21C'est la première fois, vous l'avez rappelé, qu'un budget est rejeté en première lecture par l'Assemblée nationale
03:26et rejeté par les groupes gouvernementaux.
03:28C'est-à-dire qu'on est vraiment dans quelque chose d'inédit et d'assez catastrophique pour l'image de notre Parlement
03:34dans un moment où l'antiparlementarisme monte partout à travers le monde.
03:37Je crois que ce n'est pas rassurant et que M. Barnier avait dit vouloir aller dans la discussion.
03:43Il semble maintenant y être fermé mais on verra, vous savez le processus est encore long.
03:48Moi j'ai confiance aussi dans la discussion qui va avoir lieu au Sénat.
03:51Ça veut dire qu'il pourrait au final avoir un accord entre députés de gauche et sénateurs de droite pour un budget commun ?
03:57Écoutez, nous nous avons démontré, on va y revenir je pense dans un instant,
04:00nous avons démontré dans la discussion budgétaire à l'Assemblée nationale
04:02qu'on pouvait avoir des majorités pour aller chercher des recettes nouvelles.
04:05On est privé de la discussion sur les dépenses parce que la règle constitutionnelle fait qu'on ne peut pas discuter des dépenses
04:10quand on a rejeté les recettes mais là aussi nous serions capables de démontrer qu'il y a des majorités possibles
04:14pour nos services publics, pour préserver les 4000 postes dans l'éducation nationale
04:18qui sont indispensables pour les enfants des classes moyennes et des classes populaires notamment.
04:21Mais 49.3 est inévitable ? Olivier Pacot ?
04:24Écoutez, Elisabeth Borne avait usé et abusé du 49.3.
04:29Michel Barnier a tenté de ne pas l'utiliser et il a fait son maximum.
04:34Vous avez pu débattre le plus longtemps possible.
04:37Je pense qu'on ne peut que s'en réjouir.
04:39Maintenant, même si c'est un peu de la politique fiction,
04:42il est évident qu'après le Sénat, je ne vois pas vraiment,
04:47compte tenu de la configuration actuelle de l'Assemblée nationale,
04:51j'ai apprécié que mon collègue député utilise cette expression gaulliste de chien en lit,
04:57je ne vois pas vraiment comment on peut faire autrement.
04:59Ce n'est pas une volonté de l'utiliser, c'est une nécessité fait loi.
05:04Le 49.3 sera donc très probablement utilisé,
05:07mais le Sénat aura bien travaillé avec le respect des oppositions,
05:13les socialistes défendront des amendements
05:16et je pense que sur certains points, on pourra se rejoindre.
05:19Mais il y a 49.3 et 49.3.
05:21La question dans le 49.3, quand il intervient à la fin,
05:24ce qui est mieux d'ailleurs effectivement que ce qu'était la méthode de Mme Borne,
05:26mais peut-être que là on voit, si je peux décerner un bon point à M. Barnier,
05:29ça ne m'arrive pas souvent, qu'on voit que l'expérience politique,
05:31qu'avoir une histoire, qu'avoir une certaine culture parlementaire,
05:34ça compte et ça aide.
05:35Ça ne veut pas dire qu'à la fin, je m'y retrouve,
05:37mais ça veut dire qu'on voit là une différence qui est appréciable de mon point de vue.
05:40Mais la question c'est, est-ce qu'on garde des choses à la fin ?
05:43Il y avait chez Mme Borne un mépris complet pour tout ce qui s'était passé au Parlement.
05:46Là on jugera M. Barnier, s'il recourt au 49.3, ce que je ne souhaite pas,
05:49mais puisqu'on invite à entrer dans la fiction, j'y entre.
05:51Est-ce qu'à la fin, il est capable de garder les choses qui ont été votées,
05:54qui parfois ont été votées avec le Modem par exemple,
05:56qui soutient sa majorité minoritaire, sur les superdividendes ?
06:00Est-ce qu'il va faire cet effort d'aller vers ce qui a été voté souverainement
06:05par l'Assemblée nationale, notamment pour augmenter les recettes,
06:07pour éviter au pays le drame de l'austérité et de la casse des services publics, ou pas ?
06:11Et c'est là-dessus qu'on jugera.
06:12– Et justement Olivier Pacot, est-ce que Michel Barnier doit garder
06:15des amendements qui ont été votés par la gauche à l'Assemblée nationale,
06:19la gauche qui au total a voté 35 milliards d'euros d'impôts supplémentaires ?
06:24Est-ce que le gouvernement Barnier doit faire un geste
06:26en reprenant certains amendements de gauche ?
06:29– Alors, on ne peut pas faire tout et n'importe quoi,
06:31mais je vais vous prendre un exemple précis.
06:34À l'Assemblée nationale, il y a eu un vote concernant la mesure
06:39que le gouvernement va mettre en place sur le prix de l'électricité.
06:43Je prends cet exemple très précis. Pourquoi ?
06:44Parce qu'au Sénat, nous avons commencé l'examen en commission,
06:49et en commission des finances, je suis membre de la commission des finances,
06:52nous avons supprimé, nous aussi, la hausse de l'électricité, du prix de l'électricité.
06:58Je suis sûr que ce point précis sera gardé par…
07:02– Sur certaines hausses d'impôts, parce que là c'est une baisse de taxes en l'occurrence,
07:05mais sur certaines hausses d'impôts votées par la gauche,
07:07est-ce que le gouvernement Barnier devrait en retenir certaines ?
07:10– Je pense qu'il y aura certaines hausses sur des points précis
07:15concernant des super profits de façon temporaire,
07:20mais pour être très honnête, ça m'étonnerait que la grande majorité
07:23des éléments de ce que M. Saint-Martin appelle de matraquage fiscal,
07:27ça je ne pense pas que ce sera retenu.
07:29Mais il ne peut pas, Michel Barnier, ne pas retenir beaucoup d'amendements du Sénat,
07:34et quelques-uns qui viendront de la gauche, il faut faire des gestes.
07:38– Benjamin, Lucas, au total, la gauche a fait voter 35 milliards d'euros
07:43d'impôts supplémentaires, en tout cas a modifié le budget
07:46en ajoutant ces hausses d'impôts qui, finalement, n'ont pas été votées.
07:50En France, la pression fiscale est très lourde,
07:52et notre pays n'est pas forcément en bonne santé économique.
07:54Est-ce que c'est raisonnable, autant de hausses d'impôts proposées ?
07:58– Je crois qu'il faut rétablir des vérités, parce qu'on a un débat public
08:01qui est tourmenté, et les Français ont du mal à y voir clair,
08:05compte tenu de tout ce qu'ils entendent, et notamment de la propagande gouvernementale
08:09qui, vous avez repris cette expression, parle de matraquage fiscal.
08:13L'effort qui est fait sur la fiscalité, sur les recettes,
08:16il est à la hauteur du défi qui est celui de nos déficits publics aujourd'hui
08:19et qui est celui de nos services publics.
08:20Je le dis, l'austérité, elle serait dramatique,
08:22elle serait dramatique pour l'attractivité économique de la France,
08:24elle serait dramatique pour son activité,
08:26elle entraînerait un ralentissement de son activité économique,
08:29donc, par un effet, par un cycle infernal, j'allais dire,
08:33elle serait pire encore pour les déficits et pour la dette.
08:36Cet effort de justice fiscale, pardon, mais il est juste,
08:40parce qu'aujourd'hui, à proportion de ce que vous gagnez,
08:42les classes moyennes et les classes populaires payent moins,
08:44payent plus, pardon, d'impôts, payent plus de prélèvements obligatoires
08:48que les ultra-riches dans notre pays.
08:49Et nous avons effectivement créé des taxes et des impôts supplémentaires,
08:52nous en avons augmenté certains, mais nous en avons aussi réduit beaucoup d'autres.
08:56– Alors, ce n'est pas passé.
08:56– Notamment sur les classes moyennes et les classes populaires,
08:58notamment aussi pour aider le logement social,
09:02pour aider la transition écologique,
09:03pour aider nos collectivités territoriales.
09:05On est ici au Sénat qui ont besoin de collectivités
09:08qui sont aujourd'hui le premier rempart des Français face aux crises,
09:10qui sont le premier instrument de leur sécurité du quotidien,
09:13de leur service public, de leur solidarité essentielle.
09:15Donc nous avons fait ce travail-là, qui est un travail de justice,
09:19de justice fiscale et de justice sociale,
09:20qui me paraît indispensable aujourd'hui, compte tenu de ce qu'est,
09:23et je termine par cela, ce qu'est l'accumulation ces dernières années
09:27des richesses et des ressources par une infime minorité de privilégiés.
09:29Le patrimoine des plus riches a été multiplié par six ces dernières années.
09:33Je ne crois pas que ce soit le cas des classes moyennes et des classes populaires.
09:35Il faut remettre de l'équité et de la justice.
09:36– Olivier Pacot, on a parlé de ce qu'a voté la gauche,
09:38je voudrais qu'on parle également du socle commun,
09:41les députés macronistes et les républicains
09:43qui sont censés soutenir le gouvernement de Michel Barnier,
09:45mais en réalité, dans cet examen budgétaire,
09:47ils ont souvent voté contre ce que proposait le gouvernement dans ce budget.
09:52Est-ce qu'il n'y a pas un manque de cohésion de ces députés du socle commun
09:55vis-à-vis du gouvernement ?
09:57– Alors il faut reprendre quand même la jeunesse du budget.
10:00Et la jeunesse du budget, c'est la formation d'un gouvernement très tardif.
10:05On a, je crois qu'il a été nommé le 5 septembre, Michel Barnier,
10:08et puis il a composé son gouvernement.
10:10Et pour être très clair, ce n'est pas le gouvernement qui a fait le budget,
10:14c'est Bercy, ce sont ce que certains appellent les petits hommes gris de Bercy.
10:18Et les ministres ont hérité d'un budget qui ne leur convient pas forcément,
10:23et les parlementaires du socle commun ont vu arriver un budget qui ne leur convenait pas.
10:28Et donc ce budget, il est encore, entre guillemets,
10:32non seulement en discussion, mais en construction.
10:34Et en tant que rapporteur spécial du budget de l'éducation nationale,
10:37et je sais que Benjamin Lucas y est sensible,
10:40moi j'ai vu à plusieurs reprises Madame le Ministre,
10:43ainsi que le ministre chargé de la réussite scolaire Alexandre Portier,
10:46ainsi que le conseiller auprès de Michel Barnier pour les affaires scolaires,
10:51pour essayer de trouver la meilleure solution.
10:54Donc très concrètement, que le socle commun n'ait pas fait preuve toujours de cohérence,
10:58c'est une évidence, mais c'est lié à cette jeunesse.
11:01C'est la première fois qu'on a cette situation.
11:07Et malheureusement, on ne pouvait pas faire autrement.
11:09– Mais ce socle commun, en attendant, il a quand même réussi à vous faire barrage,
11:12vous n'avez pas pu faire passer les gros impôts.
11:14– Oui, parce que le Rassemblement national de Marine Le Pen lui a fait du bouche à bouche,
11:17comme à chaque fois, d'ailleurs M. Barnier n'est là que parce que Mme Le Pen
11:20a refusé de le censurer et qu'elle a permis à M. Macron de procéder à ce coup de force
11:24qui vise à nier le résultat des élections législatives.
11:26Il n'y a pas de socle commun, il y a un dislogue commun.
11:28Il y a aujourd'hui un cartel, même pas une coalition,
11:31une coalition ça implique une certaine forme de cohérence, d'accord politique.
11:34Il y a un cartel qui s'est constitué pour que le NFP ne gouverne pas, j'entends.
11:37Il peut y avoir des alliances en défensive, nous avons nous-mêmes fait un barrage républicain
11:41pour empêcher que l'extrême droite ne l'emporte,
11:44même si je pense que ce n'est évidemment pas la même chose.
11:46Ce cartel, on voit, il n'a aucune forme de cohérence.
11:50Et aujourd'hui, on voit, pour reprendre l'expression du Président Chirac,
11:53la politique avec un petit P.
11:54Quand vous avez M. Wauquiez qui court aux 20 heures annoncer quelque chose
11:57dont on apprend qu'en fait le ministre des Comptes publics n'était pas vraiment au courant,
12:00qui n'a pas été discuté collectivement,
12:01quand vous avez une démission de fait des parlementaires macronistes
12:06qui ne viennent pas siéger en séance pendant des journées et des nuits entières,
12:10alors qu'on parle du budget qui est présenté par le gouvernement, qu'ils soutiennent,
12:13tout ça renvoie une image détestable de la politique qui nourrit l'anti-parlementarisme.
12:16Mais encore une fois, il n'y a pas de socle commun,
12:18il n'y a pas de cohérence gouvernementale, tout ça fait du mal aussi à la politique.
12:21Olivier Pacot, 30 secondes avant de passer au budget au Sénat,
12:24quand on voit cet épisode Laurent Wauquiez qui fait les annonces
12:26à la place du gouvernement sur les pensions de retraite,
12:28il y a quelque chose qui cloche ?
12:30C'est un coup politique, un coup médiatique,
12:32mais ce n'est pas un coup de force, parce que, je ne veux pas défendre Laurent Wauquiez,
12:35mais le budget, il est voté par qui ?
12:39Il est voté par le Parlement, alors que des parlementaires puissent mettre en avant leur poids
12:44pour avoir fait évoluer certaines choses dans le projet de trois jours avant.
12:48C'est certainement très maladroit, très politique,
12:52mais que le Parlement soit au centre du jeu, ce n'est pas une mauvaise chose finalement.
12:55Malheureusement, avec l'archipel d'aujourd'hui de l'Assemblée nationale,
12:58c'est sûr que les choses sont compliquées.
12:59C'est surtout de l'enfumage, pardon, sur les retraites, c'est surtout de l'enfumage.
13:01Je me suis évoqué, vient nous annoncer finalement une souverainisation en deux temps.
13:07En fait, les retraités vont perdre du pouvoir.
13:09On va en parler, puisque maintenant, c'est le Sénat qui est au centre du jeu budgétaire.
13:14Les sénateurs veulent examiner la version initiale du budget
13:17proposée par le gouvernement de Michel Barnier
13:19et la majorité de droite sénatoriale souhaite la modifier.
13:22Flora Sauvage.
13:24C'est un projet de budget dans sa version initiale dont s'est emparé le Sénat.
13:31Rejeté par les députés après un examen chaotique à l'Assemblée nationale,
13:35les sénateurs entendent apposer leurs marques.
13:37La première des priorités, nous devons faire davantage d'efforts
13:41pour réduire la dépense publique et les dépenses de l'État.
13:45Je crois qu'on peut aujourd'hui considérer que ce budget est enfin
13:50celui qui marque la fin du quoi qu'il en coûte.
13:53Dans son projet de budget pour 2025, l'exécutif vise 60 milliards d'euros d'économie
13:58pour ramener le déficit à 5% du PIB.
14:01Si le rapporteur général du budget, le sénateur LR Jean-François Husson,
14:05soutient le projet du gouvernement, il n'entend pas moins imprimer sa vision.
14:09Je pense personnellement qu'on peut faire mieux avec moins d'argent.
14:15Pour certains, c'est une formule un peu éculée.
14:18Mais je pense que c'est un objectif que nous devons poursuivre.
14:22Parmi les amendements adoptés en commission,
14:24la majorité sénatoriale veut réaliser 150 millions d'euros d'économie sur l'apprentissage.
14:29Elle entend aussi insérer dans le projet de loi de finances
14:32des dispositifs contre les abus et la fraude.
14:35Son objectif est de réduire les hausses d'impôts en réalisant des économies supplémentaires.
14:40Nous avons déjà adopté un certain nombre d'amendements.
14:43Nous sommes aujourd'hui à plus de 4 milliards d'économies.
14:46Sur les dépenses de l'Etat, le Sénat promet notamment
14:48la suppression du service national universel,
14:51la réduction du budget de la formation des enseignants
14:53et une baisse des fonds alloués à l'aide médicale d'Etat.
14:56Mises bout à bout, ces mesures pourront, selon la majorité sénatoriale,
15:00compenser la suppression de la hausse de la taxe sur l'électricité,
15:04adoptée à l'unanimité en commission.
15:06Il ne serait pas juste de profiter de la baisse à venir des prix d'électricité
15:13pour augmenter subrepticement les impôts pour les Français.
15:18La Chambre des territoires cherche enfin à cajoler les collectivités locales
15:22qui sont ciblées dans le budget proposé par le gouvernement.
15:25Quant à la gauche, minoritaire au Sénat,
15:27elle fourbit ses armes en vue de l'examen en séance publique,
15:30à compter du 25 novembre.
15:32Olivier Pacot, la droite sénatoriale souhaite 4 milliards d'euros
15:36d'économies supplémentaires, rien que ça, sur l'aide médicale d'Etat,
15:39le service national universel ou encore le budget formation des enseignants.
15:42Mais trop de réduction de dépenses, ce n'est pas très bon
15:45pour préserver les services publics ?
15:47Tout à l'heure, je crois que Benjamin Lucas a utilisé le mot « austérité ».
15:53Le Sénat ne souhaite pas un budget d'austérité,
15:55il souhaite un budget de rigueur.
15:56Quand je dis le Sénat, c'est la Commission des finances à majorité LR.
16:00Parce que nous savons très bien que l'austérité aurait des effets récessifs
16:04sur la croissance.
16:05Le meilleur exemple, ce sont les collectivités.
16:07Lorsqu'on a appris que dans le budget,
16:10on voulait ponctionner 5 milliards sur les collectivités,
16:13nous nous sommes dit que c'est une grosse erreur
16:15et nous allons tout faire pour que des 5 milliards,
16:18nous arrivions seulement à 2 milliards de prélèvements.
16:20Tout faire, c'est-à-dire ?
16:21Vous allez tout faire pour empêcher ces réductions, c'est-à-dire ?
16:24Oui, alors on va vous prendre un exemple très précis.
16:26En Commission des finances, mercredi matin,
16:28nous avons supprimé l'amendement qui concerne le reparamétrage du FCTVA,
16:33le fonds de compensation de la TVA.
16:35C'est quelque chose auquel les départements,
16:38notamment, sont très attachés.
16:40Ça permet de donner de l'activité dans les collectivités.
16:43En gros, les départements touchaient une fraction de TVA, c'est ça ?
16:46Alors non.
16:47Pour expliquer concrètement ?
16:48Le FCTVA, c'est pour récupérer la TVA qu'ils versent dans un premier temps.
16:51D'accord.
16:52Pour bien comprendre.
16:5320%, tout à fait.
16:54Et donc là, concrètement, c'est de l'ordre de 800 millions d'euros.
16:56Ce n'est pas tellement important,
16:58mais par rapport aux 5 milliards,
17:00c'est déjà une marche sur laquelle on permet de faire des économies.
17:05Donc vous dites rigueur, mais attention, pas d'austérité.
17:07Surtout pas d'austérité, parce que ça aura un effet récessif.
17:09Benjamin Lucalindi, pour reprendre les mots du rapporteur Jean-François Husson,
17:13est-ce qu'on peut faire mieux avec moins de moyens ?
17:16C'est un vieux slogan.
17:18Et rationaliser la machine administrative française.
17:20C'est un vieux slogan.
17:21Moi, je n'ai pas d'hostilité par principe aux économies.
17:24Simplement, je regarde où elles sont proposées.
17:26Je le disais tout à l'heure,
17:274 000 postes en moins dans l'éducation nationale,
17:29ça va pénaliser les enfants des classes moyennes et des classes populaires.
17:31Et ça va faire que notre école,
17:32qui malgré l'engagement fort des équipes éducatives,
17:36reste et demeure une école profondément inégalitaire,
17:39qui d'ailleurs est soumise à des changements incessants de ministre,
17:42à des réformes consécutives qui font qu'il n'y a aucune lisibilité pour les personnels,
17:45cette école va être encore affaiblie.
17:47Vous parliez des collectivités, je disais,
17:50ce sont le service public du quotidien.
17:51Je disais tout à l'heure qu'il y avait du bon dans l'ancienneté,
17:53si je puis dire, de Michel Barnier.
17:55Vous savez, moi, je respecte et j'ai même une forme de sympathie
17:59pour les convictions, qu'elles soient de droite ou de gauche.
18:01Je pense que la vie politique, démocratique de notre pays,
18:04s'est structurée autour de ça depuis deux siècles.
18:06Je suis plutôt content d'avoir un Premier ministre qui s'assume
18:08venant d'une droite, d'une histoire, d'une idéologie,
18:10au sens noble du terme.
18:11Il y a du bon, vous dites.
18:12J'allais dire, il y a du bon dans l'idée de venir de loin,
18:14mais il y a du mauvais dans ce budget.
18:16C'est que c'est un budget qui n'est pas du tout tourné vers l'avenir.
18:18On a besoin aujourd'hui d'investir massivement dans le service public
18:20pour protéger les Français.
18:21On a besoin d'investir aujourd'hui massivement dans la transition écologique
18:24parce qu'on voit, au regard de cette course contre la montre
18:26engagée avec le réchauffement climatique,
18:28ne pas avancer assez vite, c'est reculer,
18:31pour adapter notre société au réchauffement climatique, par exemple.
18:33On a besoin d'investir pour l'école.
18:35On a besoin d'investir pour la sécurité des Français.
18:37On a besoin d'investir pour nos protections du quotidien,
18:40sociales, environnementales, etc.
18:42Or, là, on a un budget qui est un budget très frileux
18:44sur ces sujets, pour ne pas dire plus.
18:46Et moi, je considère que c'est encore et toujours, malheureusement,
18:49un budget d'austérité, au regard des saignées
18:51qui sont proposées dans un certain nombre de domaines.
18:53Et je termine par ça.
18:54Pour ça, et si on veut être un peu audacieux,
18:56il faut regarder les sources de financement,
18:58parce qu'on ne peut pas réduire à l'os la puissance publique.
19:00Et donc, les sources de financement, c'est de faire contribuer,
19:02exceptionnellement, les ultra-riches de notre pays,
19:04dont je le disais, le patrimoine a augmenté,
19:06dont les revenus et les dividendes ont augmenté ces dernières années,
19:08et que ce n'est pas dramatique.
19:09Ça s'est fait ailleurs, ça s'est fait dans d'autres temps,
19:11et ça nous permettra de faire tenir la République debout.
19:13Notre contrat social est en jeu.
19:16Olivier Pacot, une réaction sur l'école.
19:18Le gouvernement souhaite 4000 suppressions de postes d'enseignants.
19:21Est-ce que la majorité de droite du Sénat va laisser passer cette mesure ?
19:24Alors, il a beaucoup de verve, Benjamin.
19:27Mais il faut rétablir une petite vérité.
19:29Le budget de l'école, je suis rapporteur spécial du budget de la mission d'enseignement scolaire,
19:34eh bien, il augmente.
19:35Il augmente.
19:36De peu, hein.
19:37Il augmente de 0,2%, mais il augmente.
19:39Moins que l'inflation, donc il recule.
19:41Il augmente.
19:43Alors que le nombre d'élèves baisse dramatiquement.
19:46Et je suis le premier à en être contrarié,
19:49mais on a une chute qui a pris naissance depuis des années,
19:53mais on a de moins en moins d'élèves.
19:55Et donc, pourquoi doit-on faire des efforts ?
19:58C'est parce qu'on est dans une situation économique aujourd'hui et budgétaire
20:01avec une charge de la dette de 50 milliards d'euros.
20:03Ce serait bien de pouvoir mettre ces 50 milliards d'euros ailleurs que dans le remboursement.
20:07Et par exemple, dans l'école.
20:08Pour revenir sur vos 4000 postes,
20:10moi, j'aimerais bien qu'il n'y ait pas 4000 suppressions.
20:13Et hier, j'étais à Matignon pour discuter de cette problématique.
20:16Je ne dis pas que je vais gagner.
20:18Simplement, il y a une écoute.
20:19Et je pense qu'au lieu de 4000 suppressions,
20:21si on ne pouvait en avoir que 2000, ce serait pas mal.
20:24Parce qu'il ne faut pas oublier que l'année prochaine, il y a 100 000 élèves en moins.
20:26100 000 élèves en moins.
20:27Que vous a dit Matignon sur ces suppressions de postes ?
20:29Matignon n'a pas encore arbitré.
20:31Matignon n'a pas arbitré.
20:32La ministre elle-même ne souhaite pas avoir 4000.
20:37À l'origine, ça devait être 4800.
20:39Ils ont descendu à 4000.
20:40Objectivement, moi, je leur propose, pour être très clair,
20:44de passer à 2000 suppressions et de financer ces 2000 suppressions.
20:48Et au sein de la droite du Sénat, ça pourrait être voté, votre amendement ?
20:52Ce n'est pas aussi simple que ça, soyons très francs.
20:55Mais il faut proposer des solutions.
20:57Et donc, moi, très concrètement, je finance ce maintien de postes
21:01par 100 millions d'euros qu'on prendrait sur l'augmentation du pacte enseignant
21:05qu'ils veulent faire passer de 700 à 800 millions d'euros.
21:07Le pacte n'a pas forcément donné totalement satisfaction.
21:10Je pense qu'on pourrait trouver l'argent là-dessus.
21:12Olivier Paco, Benjamin Lucas, le Sénat s'oppose à une hausse de la taxe
21:15sur l'électricité au-delà du niveau d'avant crise.
21:18Ça, c'est peut-être une mesure sur laquelle on peut vous mettre d'accord tous les deux.
21:22Bien sûr, moi, je crois qu'aujourd'hui, dès qu'on peut construire des unions sacrées
21:25pour préserver le pouvoir d'achat des Français, qui est un pouvoir de vivre,
21:28parce qu'aujourd'hui, le passage à la caisse du supermarché devient un calvaire,
21:31parce qu'à chaque fois qu'on reçoit une facture d'électricité,
21:33on a des gens qui décident de ne plus se chauffer,
21:35dont les enfants vivent dans des conditions de précarité énergétique considérables.
21:40Donc, à chaque fois qu'on peut protéger leur pouvoir d'achat,
21:42évidemment, moi, on me trouvera du côté de celles et ceux qui le proposent.
21:46Simplement, la question énergétique, elle est aussi liée, par exemple,
21:49à la question de la lutte contre les passoires thermiques
21:51et donc à l'investissement dans la transition écologique.
21:53Il faut avoir une vision globale aussi de ces sujets.
21:55Donc, évidemment, on sera d'accord pour empêcher une hausse des tarifs de l'électricité et du gaz
22:01qui va pénaliser durement les Français, et notamment les Français les plus modestes.
22:04Mais il faut aussi qu'on aille plus loin encore dans les investissements
22:07pour adapter notre société à ce qu'est aujourd'hui le défi énergétique.
22:10Olivier Pacot, il nous reste 2-3 minutes.
22:12Je voudrais qu'on parle des pensions de retraite, puisque finalement,
22:14après les annonces de Laurent Wauquiez, le gouvernement va revaloriser
22:17toutes les pensions de retraite dès le mois de janvier 2025,
22:20mais à hauteur de la moitié de l'inflation, au lieu de les revaloriser au niveau complet d'inflation en juillet.
22:26Au final, une majorité de retraités vont être perdants avec ce nouveau dispositif.
22:30Qu'est-ce que vous leur dites à ces retraités ? Qu'il faut faire un effort ?
22:33C'est ce que leur dit le gouvernement.
22:35Moi, je comprends tout à fait que les retraités ne soient pas heureux
22:40de faire des efforts fiscaux après avoir fait des efforts dans leur travail toute leur vie.
22:46Maintenant, objectivement, il faut trouver des moyens de faire des économies,
22:51soit en baissant la dépense publique, soit en augmentant la fiscalité.
22:54Tout le monde doit y contribuer, mais très honnêtement,
22:57moi je fais partie de ceux qui pensent qu'on ne peut pas exonérer totalement les retraités,
23:02mais il faut qu'ils prennent un petit peu leur part.
23:05Benjamin, Lucas, les retraités doivent prendre leur part ?
23:08Vous avez démontré d'abord que les retraités vont y perdre.
23:11Moi, je crois qu'aujourd'hui, je vous parlais tout à l'heure des tabous sur le patrimoine,
23:15sur l'accumulation et sur l'explosion du patrimoine des ultra-riches.
23:18Je pense qu'il faut d'abord aller regarder du côté de ceux qui, aujourd'hui,
23:21sont l'infime minorité qui accumule les richesses, à cas part les ressources naturelles,
23:25avant d'aller embêter nos aînés qui, par ailleurs, se sont paupérisés.
23:32Rapidement, une réponse très courte à cette question.
23:35Est-ce qu'il faut faire travailler les Français une journée de plus, gratuitement,
23:38chaque année, pour financer notamment la solidarité ?
23:41Je ne suis pas pour la suppression d'un jour férié, mais travailler un peu plus,
23:45ça peut être une seconde journée de solidarité ou un allongement à la carte, oui.
23:50Benjamin, Lucas ?
23:51Non, j'y suis hostile, on ne va pas faire reposer sur les travailleurs l'effort nécessaire.
23:55Aujourd'hui, l'inégalité entre capital et travail a explosé ces dernières années.
24:00La rémunération du capital a considérablement augmenté.
24:02C'est là qu'il faut aller regarder le financement de nos services publics
24:05et la réduction des déficits, et pas en allant encore plus pénaliser
24:08des salariés et des travailleurs qui ont perdu en pouvoir d'achat ces dernières années.
24:11Peut-être que les Français accepteraient plus ça plutôt que d'avoir des hausses d'impôts
24:14pour redresser les comptes sociaux, vous l'admettez ?
24:16Je pense que les Français sont prêts à la justice fiscale, encore une fois.
24:18Rétablissons l'impôt de solidarité sur la fortune.
24:20Taxons, comme le propose le Modem, qui n'est pas réputé pour être un groupuscule gauchisant,
24:25taxer mieux les super-dividendes, par exemple.
24:28Allons regarder dans les super-profits, c'est-à-dire vraiment dans ce qui génère aujourd'hui
24:32de l'argent qui n'est pas utile à celles et ceux qui les récupèrent
24:36et dont ils n'ont pas besoin pour vivre,
24:38et donc celles et ceux qui n'ont que leur force de travail pour vivre.
24:40C'est ça, à mon avis, la priorité des choix et des arbitrages que l'on doit faire.
24:43Olivier Pacot, en 10 secondes, le gouvernement de Michel Barnier avait dit
24:46qu'on ne touchera pas aux travailleurs dans ce budget.
24:48En tout cas, c'est ce que dit la droite, finalement, avec une mesure
24:50comme ce que proposent les sénateurs, ça va être le cas.
24:52Oui, un petit peu, bien sûr.
24:54Mais 3 250 milliards de dettes.
24:57N'oublions jamais ça, et ce seront nos enfants, nos petits-enfants
25:01qui paieront les pots cassés.
25:03Et c'est la fin de ce débat, merci d'y avoir participé, Olivier Pacot.
25:06Oui, parce que Benjamin, il va apprendre un grade supplémentaire.
25:10Mais bien sûr, lui, il travaille pour notre avenir,
25:13il va avoir un petit garçon, et alors au Sénat, on a du cœur,
25:16et je t'ai amené, pour le petit qui sera gâté, je sais,
25:19un petit nounours qui vient du Sénat.
25:21Merci beaucoup.
25:22Je connais bien la maman.
25:24Un cadeau du Sénat à l'Assemblée.
25:26La générosité sénatoriale.
25:28Ce sera le mot de la fin.
25:30Merci à vous deux d'avoir été avec nous sur ce plateau.
25:33Et merci d'avoir suivi cette émission.
25:35On se retrouve la semaine prochaine.
25:36A très bientôt, ciao ciao.

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