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Court métrageTranscription
00:00Cette semaine, on a rendez-vous avec une cagole.
00:02Je m'appelle Liane Pougy, j'ai 19 ans.
00:05Pourquoi tu veux faire de la téléréalité ?
00:09Oh ça c'est ma collègue !
00:11Je vais devenir la Kim Kardashian française, tu vas voir.
00:13Ça j'aime trop, elle me chavite !
00:15On vous fabrique un bagage pour que vous trouviez un vrai travail.
00:17C'est un vrai travail la télé, il y a des contrats, je vous signale.
00:19Je vois pas bien l'utilité de tout ça.
00:21C'est utile puisque ça fait rêver les gens.
00:22Diamant Brut, c'est le premier long-métrage d'Agathe Ridinger
00:24qui a eu les honneurs de la compétition officielle du Festival de Cannes
00:28avec ce premier film très étonnant qui raconte l'histoire de Liane, 19 ans.
00:34C'est une jolie pépée du sud de la France, une cagole,
00:38dont le rêve ultime est de participer à une émission de téléréalité.
00:41Pas n'importe laquelle, une émission qui s'appelle Miracle Island, l'île des miracles.
00:46Saison 9 qui se tourne à Miami, vous voyez le tableau.
00:48Même si j'ai des réserves sur le film, je dois dire que Liane est un personnage assez extraordinaire.
00:54Elle est jouée par Malou Kebizi, qui est vraiment une révélation.
00:57Ce qui me passionne le plus dans le film, c'est tout ce qui touche au travail sur le corps.
01:01C'est-à-dire que Liane mise tout sur l'autocréation, la création d'elle-même
01:07pour devenir une vedette de la téléréalité.
01:09Et ça passe par beaucoup de souffrances physiques,
01:11ça passe par déjà se redessiner littéralement.
01:15Je trouve que c'est les séquences les plus fascinantes du film.
01:17C'est quand elle se peinture l'ure.
01:19C'est l'art du contouring, de se créer des sourcils, des faux ongles.
01:22Elle s'est fait aussi refaire la poitrine, elle se fait gonfler les lèvres.
01:28T'as pété les plantes, toi, en fait.
01:29C'est mon corps, je fais ce que je veux.
01:42Il faut faire ton garde-corps.
01:43Je n'ai pas besoin d'homme pour me protéger.
01:45Diamant Boots, c'est un film extrêmement ambitieux, extrêmement gonflé aussi.
01:49La réalisatrice essaie toujours de se tenir à peu près en équilibre
01:52entre l'empathie qu'elle éprouve pour son personnage,
01:56qui effectivement, comme l'a dit Marie, est assez fascinant par sa volonté,
01:59à la fois son immaturité et en même temps une volonté extrême.
02:02Elle se défend par rapport aux hommes en particulier.
02:05Elle a vraiment une personnalité très forte.
02:06Donc, il y a une vraie empathie pour ce personnage.
02:08Et en même temps, il y a quand même un aspect critique sur les rêves de ce personnage
02:13qui sont à la fois, comme l'a bien dit Marie, autodestructeurs,
02:16puisqu'elle va presque se mutiler pour atteindre cet idéal
02:20de la représentation de la femme dans les émissions de téléréalité.
02:23Le film est très intéressant là-dessus, sur cette tension permanente
02:26entre l'empathie et la critique.
02:28Malheureusement, elle n'y arrive pas toujours.
02:30C'est-à-dire qu'il y a des fois, on ne sait pas trop bien sur quel pied danser.
02:33Le film s'égare un petit peu parfois.
02:35Et puis, elle n'assume pas totalement tous ses choix.
02:39De fait, il y a des maladresses.
02:40Je pense notamment au personnage de la mère, qui est joué par Andrea Bescon.
02:43C'est vrai que le milieu social est hyper chargé.
02:46Le personnage de la mère l'est aussi.
02:48C'est par exemple le genre de femme qui va avoir des rapports sexuels
02:53quasiment devant ses enfants, en tout cas à portée d'oreille.
02:56Je trouve que charger la mère à ce point-là, c'est faire fi du fait que
03:00finalement, les canons de la téléréalité ont pénétré
03:03plein de couches sociales différentes dans la jeunesse.
03:06Il n'y a pas que des cas sociaux qui veulent être la Kim Kardashian française.
03:10Et donc ça, je trouve que c'est une petite maladresse du film,
03:13mais qui par ailleurs, ménage des séquences vraiment à couper le souffle.
03:17On va découvrir notamment que dans ce corps sursexualisé,
03:21qui est obligé de se défendre constamment et qui le fait avec beaucoup de fougue,
03:26se cache une jeune femme qui a un rapport très distant avec sa sexualité,
03:33voire avec son absence de sexualité.
03:48Ce qui est réussi dans le film, c'est la mise en scène.
03:51Il y a un sujet où on pourrait se dire que ça va être du Ken Loach.
03:54Mais non, ce n'est pas du Ken Loach.
03:56Ça fait référence à une cinéaste anglaise, c'est Andrea Arnold.
03:59En fait, le film fait beaucoup penser à Fish Tank.
04:02C'est un film assez réussi parce qu'on n'est pas dans le réalisme,
04:05on est plutôt dans l'hyper-réalisme avec deux trucs.
04:08C'est-à-dire qu'il y a un film qui fait référence à une cinéaste anglaise,
04:11c'est Andrea Arnold.
04:13C'est un film assez réussi parce qu'on n'est pas dans le réalisme,
04:15on est plutôt dans l'hyper-réalisme avec deux ou trois scènes un peu oniriques,
04:18un traitement de l'image où les couleurs sont saturées,
04:20qui est un petit peu déconcertant au premier abord
04:22et qui, je trouve, apporte vraiment quelque chose à cette histoire.
04:24Il évite d'être dans un naturalisme qui serait pour le coup trop pesant.
04:27Diamant brut, franchement, c'est une petite pépite. C'est bien.
04:31Diamant brut, c'est un peu brut, mais c'est bien.
04:35Je me rappelle de toi.
04:37Non.
04:38Si, si, si, si, je me rappelle.
04:40T'étais la fugueuse. T'as vu, 13 ans.
04:43Oh, là, Gino, il soulève la qualité.
04:45Ouais, je suis sûr, il a dû la galocher comme jamais.
04:48Oh, respecte-moi, toi, sale frustré.