L’arrivée de Donald Trump à la tête des États-Unis rebat en partie les cartes de la croissance mondiale. Son mantra : un nationalisme économique affirmé pour réindustrialiser le pays, une politique pro-business le tout résumé dans le slogan « America First ». Mais c’est aussi la primauté du politique sur l’indépendance de la Banque Centrale et ses décisions monétaires. Or le nouveau Président trouve le dollar beaucoup trop élevé, notamment vis-à-vis de l’euro ! Très concrètement, la réindustrialisation voulue par le nouvel hôte de la Maison Blanche passe d’abord par l’instauration de 10% de droits de douane sur tous les produits importés et même de 60% pour les biens en provenance de Chine. [...]
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00:00L'arrivée de Donald Trump à la tête des Etats-Unis rebat en partie les cartes de la croissance mondiale.
00:15Son mantra ? Un nationalisme économique affirmé pour réindustrialiser le pays,
00:21une politique pro-business, le tout résumé dans le slogan « America first ».
00:26Mais c'est aussi la primauté du politique sur l'indépendance de la Banque centrale et ses décisions monétaires.
00:32Or, le nouveau président trouve le dollar beaucoup trop élevé, notamment vis-à-vis de l'euro.
00:37Très concrètement, la réindustrialisation voulue par le nouvel hôte de la Maison-Blanche
00:42passe d'abord par l'instauration de 10% de droits de douane sur tous les produits importés
00:46et même de 60% pour les biens en provenance de Chine.
00:50Les conséquences vont être de deux ordres.
00:53Sur le marché intérieur américain, une hausse des prix à la consommation,
00:57soit parce qu'il n'existe pas d'offres domestiques alternatives aux importations,
01:01soit parce que le made in the US est plus cher.
01:04Sinon, il se serait imposé.
01:06Quoi qu'il en soit, à court terme, ce n'est pas bon pour le pouvoir d'achat des Américains.
01:10La consommation, principal moteur de l'économie du pays, ralentira suffisamment
01:15pour faire passer la croissance sous la barre des 2% selon notre scénario.
01:19Le second effet se situe au niveau des principaux pays ou zones économiques
01:24concernées par la hausse des tarifs douaniers.
01:27La Chine bien évidemment.
01:28Le coût est d'autant plus rude que l'Empire du Milieu doit faire face à une demande domestique amorphe.
01:33Confrontés à la chute des prix de l'immobilier, les ménages voient leur patrimoine se dévaloriser.
01:38Or, la pierre reste le placement favori des Chinois.
01:41C'est bien souvent leur assurance retraite et santé.
01:44Cela explique pourquoi la confiance des ménages reste plantée à son niveau plancher
01:48et pourquoi la consommation est sans ressort.
01:51La faiblesse de l'économie chinoise n'est pas simplement passagère,
01:54mais s'inscrit dans une tendance plus structurelle dont les causes sont profondes,
01:58avec peine mêle, vieillissement de la population, épuisement des effets rattrapage,
02:04emballement de la dette publique comme privée, coût de la transition énergétique,
02:09intervention de l'État dans les entreprises qui fait fuir les investisseurs étrangers
02:14et enfin panne durable de l'immobilier construction.
02:17Moteur incontournable de la croissance chinoise depuis plus de 20 ans.
02:21Tous ces éléments participent à l'épuisement de la croissance, notamment dans sa composition interne.
02:27Et c'est là tout le problème pour ces partenaires régionaux
02:31qui bénéficiaient jusqu'à présent du dynamisme de leurs puissants voisins.
02:35Pour les Européens, c'est la double peine, voire la triple peine.
02:39D'un côté, ils voient un débouché, leur nouvel Eldorado pour beaucoup se dérober, voire se comprimer.
02:45Cela pèse sur le niveau de leurs exportations.
02:48Faute de pouvoir écouler leur production sur leurs marchés intérieurs,
02:51les industriels chinois sont devenus ultra agressifs sur les marchés extérieurs,
02:55d'autant plus qu'ils sont amplement subventionnés et bénéficient de tarifs de l'énergie très favorables.
03:01Cela peut se lire à travers l'évolution de leur prix de production.
03:04Ils ont progressé de 7% depuis 2020 contre 40% en zone euro,
03:10mais aussi à travers les 1000 milliards de dollars d'excédent que le pays va dégager cette année.
03:15Il ne faut pas se tromper de diagnostic, la Chine exporte sa crise intérieure.
03:20Et il va s'ajouter les dégâts collatéraux de la hausse des droits de douane décidés par Donald Trump.
03:25C'est logique, l'Europe est la seule destination, compte tenu du niveau de vie de ses habitants,
03:30capable d'absorber ce qui ne sera pas vendu aux États-Unis.
03:34C'est sa croissance qui va principalement en faire les frais.
03:37Alors certes, la zone euro devrait connaître un léger sursaut en 2025,
03:41mais c'est uniquement à la faveur du rebond mécanique de l'Allemagne après deux années passées en récession.
03:46L'Europe, c'est le dindon de la farce, de l'histoire, de la volonté de réindustrialisation des États-Unis.
03:53C'est leur politique, mais c'est notre problème.