• la semaine dernière
Lucie, une femme au regard intense et au sourire fragile, porte en elle les traces d’un combat qu’elle n’avait jamais imaginé devoir mener. Derrière son apparente sérénité se cache une histoire marquée par la souffrance, l’angoisse, et la douleur infligée par celui qu’elle aimait : son ex-compagnon.

Quand elle l’a rencontré, tout semblait parfait. Il était attentionné, charmant, et avait cet air rassurant qui la faisait se sentir spéciale. Ils se sont rapidement installés ensemble, bâtissant ce qui, aux yeux de tous, ressemblait à une relation idéale. Mais derrière cette façade, une autre réalité s’installait progressivement.

Les premiers signes étaient subtils. Une remarque dénigrante, un regard méprisant, une demande déguisée en obligation. Lucie pensait que c’était elle, qu’elle devait faire plus d’efforts, qu’elle devait se conformer pour préserver leur relation. Mais avec le temps, les mots sont devenus des armes, les silences des punitions, et bientôt les gestes ont suivi.

Il a commencé à la contrôler, à surveiller ses sorties, ses tenues, et même ses pensées. Les disputes se transformaient en éclats de violence. Une gifle, une poussée, puis davantage. Lucie vivait dans une peur constante, marchant sur des œufs, redoutant chaque moment où il rentrerait chez eux.

La honte et l’isolement l’ont enfermée dans ce cercle vicieux. Elle ne voulait pas inquiéter ses proches, ni admettre qu’elle vivait un cauchemar avec celui qu’elle avait choisi d’aimer. Mais un soir, alors que la violence dépassait une limite qu’elle n’aurait jamais cru possible, Lucie a compris qu’elle devait partir. Pour elle, pour survivre.

Avec une force qu’elle ne soupçonnait pas, elle a contacté une amie proche et s’est confiée. C’était le premier pas. Peu après, Lucie a pris son courage à deux mains, déposé une plainte et quitté définitivement cet enfer.

Aujourd’hui, Lucie se reconstruit pas à pas. Elle a trouvé refuge auprès de proches bienveillants et entame un long chemin de guérison

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Transcription
00:00Il y a deux ans, je me suis fait agresser sexuellement et je me suis fait séquestrer aussi.
00:06Et c'était un événement très, très, très dur parce que j'ai cru que j'allais mourir ce jour-là.
00:12Et j'en suis sortie, j'étais traumatisée.
00:14Cette personne, c'était quelqu'un que je connaissais,
00:17quelqu'un que j'avais fréquenté pendant un an.
00:19Et ça faisait sept ans qu'on se connaissait.
00:21Et en fait, il m'avait dit, si je vais t'emmener voir mon nouvel appart,
00:24parce que je suis maintenant en colocation avec mon pote.
00:27Je vais avec lui, je l'accompagne.
00:29Et j'étais déjà assez irritable parce que je n'étais pas dans une période très joyeuse.
00:33Je venais de quitter mon copain.
00:35Et en y repensant, mon instinct féminin avait fait surface.
00:39J'étais énervée parce qu'on a pris le métro ensemble.
00:42Il était très collant, il me faisait des bisous sur le visage.
00:45Et je lui avais dit d'arrêter parce que je n'aime pas me sentir compressée.
00:48Et il devenait de plus en plus insistant.
00:50Du coup, j'ai haussé la voix, ce qui m'a fait rester quand même.
00:54Je me suis dit, je suis venue jusqu'ici, je ne vais pas repartir.
00:58Et on est arrivé à l'appartement.
01:00Et il commençait à me parler, il s'approche de moi.
01:02Et le truc, c'est qu'il me fait un bisou sur le front.
01:05Je lui ai dit, arrête.
01:07Je t'ai déjà dit tout à l'heure que je ne voulais pas ça.
01:09Et il recommence.
01:10Je lui ai dit encore, arrête.
01:12Il m'a fait, vas-y Lucie, viens, on va parler.
01:15Dans la chambre.
01:16Je lui ai dit, mais pourquoi ?
01:18Tu es devant moi, on peut très bien parler là.
01:20Ça change quoi si on est dans la chambre ou pas ?
01:22Au final, le truc, c'est que j'étais tellement blasée.
01:25Je ne voulais pas faire d'efforts.
01:26Je lui ai dit, vas-y, on va dans la chambre, on va parler.
01:28Et j'arrive dans la chambre, les volets sont fermés.
01:30Du coup, je lui ai dit, mais tu te fous de ma gueule ?
01:33Je ne suis pas venue ici pour faire ça.
01:34Il m'a dit, non, c'est que je n'aime pas la lumière.
01:38Du coup, je lui ai dit, vas-y, je t'écoute.
01:40Et en fait, il s'approche de moi.
01:42Et il me fait un bisou dans le cou.
01:44Et mon premier réflexe, c'est de le repousser avec ma main.
01:46Et à partir de là, il a froncé les sourcils.
01:49Je lui ai dit, mais qu'est-ce qui t'arrive ?
01:50Pourquoi tu es comme ça ?
01:51Et je lui ai dit, depuis tout à l'heure, tu ne comprends pas.
01:53Donc, tu vois, à un moment donné, il faut faire quelque chose.
01:56Je voulais sortir de la chambre.
01:58Sauf qu'en fait, il m'a tenue les avant-bras.
02:00Et je voulais me débattre.
02:02Et le truc, c'est qu'il me tenait encore plus fort.
02:04J'ai essayé de partir.
02:06Et c'est un peu parti en vrille.
02:08Parce que là, je ne me rappelle plus trop.
02:10C'était sur le moment.
02:11Mais je sais qu'on est tombés par terre.
02:13Et au final, je me dirige vers la porte.
02:14Sauf qu'il se glisse devant moi.
02:16Il arrive dans la porte.
02:17Et du coup, je lui dis, pousse-toi.
02:19Je veux juste partir.
02:20Je ne veux pas rester là, en fait.
02:22Et le truc, c'est qu'il claque la porte.
02:24Fort.
02:25Je comprends que je suis en danger.
02:26Et le truc, c'est que tu es là.
02:28Tu es toute petite.
02:29Le gars, il est devant toi, comme ça.
02:30Au dernier moment, il y avait le mur.
02:32Je ne pouvais pas partir.
02:33Et en fait, il me dit, Lucie, qu'est-ce qui t'arrive ?
02:36Depuis tout à l'heure, tu es bizarre avec moi.
02:41Donc, il s'est mis sur moi, en fait.
02:43Et il commence à me crier dessus.
02:45C'est comme si le masque était tombé.
02:46Parce que c'est quelqu'un que je connaissais, on va dire, bien.
02:49C'est quelqu'un que j'ai toujours apprécié, qui était gentil avec moi.
02:52Et en fait, en me criant dessus, il fait ça, tu vois.
02:57Il fait, je ne suis pas ton chien, mais tu as vu que j'étais qui ?
03:00Et moi, quand il a fait ça, c'est vraiment là où j'ai vraiment peur.
03:05Au départ, si tu veux, je lui criais un peu dessus.
03:08En mode, laisse-moi partir, je veux partir.
03:10Donc, tu me laisses partir.
03:12Et là, en fait, quand il a fait ça, j'ai arrêté de parler.
03:15Et j'ai commencé à pleurer direct.
03:17Et du coup, à ce moment-là, je me dis, Lucie, là, tu vas mourir, en fait.
03:21Et je me suis imaginé ça en une fraction de seconde.
03:24Et du coup, c'était comme si mon monde s'est croulé.
03:26À un moment donné, je lui ai dit, je veux vraiment partir, tu me laisses partir.
03:30Et ce que j'ai réussi à faire, j'ai tiré fort la poignée.
03:33Du coup, j'ai réussi à partir, j'ai pris mes affaires.
03:35Sauf qu'avant la porte d'entrée, il y a une autre porte, avec l'entrée du SAS.
03:38Et en fait, ils bloquent toujours la porte.
03:40Du coup, moi, je prends mon téléphone et tout.
03:42Et j'appelle le 17 parce que, franchement, ça a duré tellement longtemps.
03:45Et le truc, c'est qu'il a appuyé sur le bouton raccroché.
03:48Et il commence à me dire, Lucie, calme-toi.
03:52Viens, on va parler. Après, je te laisse partir.
03:54Mais dans ce moment-là, tu ne peux pas te calmer.
03:56Je lui ai dit, écoute, tu as très bien vu ce qui s'est passé.
03:59Je crois vraiment que j'ai envie de me calmer, que je peux me calmer.
04:03Et il continue toujours, viens, on va juste parler deux minutes.
04:06Et après, je te laisse partir.
04:07Et ensuite, j'ai réussi à ouvrir la porte.
04:10J'ai pris mes chaussures. J'étais devant la porte de l'ascenseur.
04:13Il a bloqué la porte de l'ascenseur aussi, cinq, six fois.
04:16Il m'a dit, attends, je vais t'accompagner jusqu'au métro.
04:19Et je lui ai dit, non, je n'ai pas besoin de toi, en fait.
04:21Tu es un psychopathe, en fait.
04:22Et du coup, j'ai quand même réussi à partir.
04:25J'ai marché, mais je ne faisais que de pleurer.
04:27Et je ne me calmais pas, en fait.
04:28À ce moment-là, si tu veux, j'avais un peu honte de ce qui s'était passé.
04:32Honte de ce que les gens penseraient, en fait.
04:34Et je me disais, mais comment, qu'est-ce que je vais leur dire ?
04:36Qu'est-ce que je vais raconter ?
04:37Quel serait leur regard par rapport à moi, tu vois ?
04:40En fait, dans ma famille, après, dans toutes les familles asiatiques,
04:43on est assez pudiques émotionnellement.
04:45On ne dévoile pas forcément nos émotions.
04:47On ne dévoile pas forcément nos histoires, notre vécu.
04:49Et on n'est plus là pour le paraître, en fait.
04:52C'est dû à mon éducation, qu'on ne doit pas dévoiler nos points faibles.
04:55Et par rapport à ça, oui, je me sentais mal.
04:57Et du coup, là, ce que j'ai fait, c'est que je suis partie au commissariat.
05:00Directement.
05:01En fait, j'avais un peu mal à l'épaule.
05:05Et en fait, je me rends compte que j'ai un énorme bleu, ici.
05:07Peut-être que c'était sur le moment, tu vois, j'avais pas forcément senti.
05:10Peut-être l'adrénaline, je sais pas.
05:12Ils ont bien pris ma plainte.
05:13Ils m'ont même proposé un rendez-vous chez le médecin de la police judiciaire,
05:17sur Bondy.
05:18Et j'ai dit oui.
05:19J'ai dit oui, carrément.
05:20C'est pour aller mort, pour voir les traumatismes psychologiques et physiques.
05:25Et du coup, je suis sortie du commissariat,
05:27et il y avait mes copines.
05:28Quand ça est arrivé, j'ai pleuré dans leurs bras.
05:31On parlait de la prise de conscience, de l'intensité, de ce qui s'était passé.
05:34Et en fait, non, je me suis pas rendue compte de ce qui s'est passé,
05:37parce qu'on était censées sortir, tu vois, le soir.
05:39Et du coup, on est quand même sorties.
05:40Alors que je pense que j'aurais dû rentrer chez moi.
05:42Peut-être que c'était parce que je voulais mener une vie normale, en fait.
05:45Comme si ça s'était pas passé,
05:47comme si cette chose négative n'était jamais arrivée dans ma vie.
05:51Je me rappelle que dimanche matin, quand je me suis réveillée,
05:53je pleurais, en fait.
05:55Et à chaque fois que j'allais à la douche,
05:56quand je me déshabillais, je pleurais aussi.
05:58En fait, je comprenais pas.
05:59Je me suis dit, mais pourquoi, en fait ?
06:00Et je me sentais pas bien les semaines qui ont suivi,
06:03parce que j'étais vraiment très triste.
06:05J'étais vraiment en colère.
06:06Je comprenais pas pourquoi, en fait.
06:07Je ressentis toutes ces émotions.
06:09Et j'avais même pensé, tu vois, à la mort.
06:11Je me suis dit, putain, j'ai plus envie de travailler,
06:12j'ai plus envie de faire ci.
06:13En fait, j'avais plus envie de rien faire.
06:15Je voulais juste, tu vois, être là,
06:17être allongée et ne plus penser à rien, en fait.
06:20Ne plus avoir de sentiments,
06:21ne plus avoir de pensées,
06:23qu'elles soient négatives ou positives.
06:25Je voulais les garder pour moi.
06:26Je voulais pas que les gens le sachent.
06:28Je l'ai raconté à deux, trois amis.
06:30Et je pense que j'aurais peut-être dû l'extérioriser,
06:33parce que ça m'a pesé pendant plusieurs mois.
06:35J'étais pas bien.
06:36Cette histoire, ça fait deux ans que ça s'est passé.
06:39Il y a cinq mois, c'était la première fois
06:41que je la racontais à mon frère.
06:42Je lui ai dit, Alex, j'ai jamais voulu raconter ça,
06:44parce que je savais que t'allais faire une dinguerie.
06:47Parce que je suis ta petite soeur, tu vois,
06:48et je sais que tu ferais tout pour me protéger.
06:51Il m'a dit, t'as bien fait.
06:52Avec le recul, se venger physiquement,
06:54c'est pas forcément la meilleure solution.
06:57C'est pas... En fait, c'est pas sain.
06:59Dans le sens où tu ne peux pas aider les autres
07:01si toi-même t'es pas bien, en fait.
07:03Et c'est ce que j'ai appris à faire,
07:05se mettre en avant, être bien soi-même
07:07avant d'aider les autres.
07:08Je pense que c'est aussi dans la culture asiatique
07:10où il y a beaucoup de paraitres
07:11où on est là plus pour aider les autres
07:13que pour aider soi-même.
07:14On est là pour que les autres se sentent bien.
07:16Et c'était un peu ce qui s'était passé, en fait.
07:18Ce qui m'a fait tenir, c'était de voir mes proches.
07:21Je me rappelle que j'avais croisé mon coach de boxe
07:23dans le train.
07:24Et il me disait, Lucie, ça va et tout ?
07:26Ça fait longtemps que tu viens plus à la boxe.
07:28Qu'est-ce qui se passe ?
07:29Je me voyais mal lui mentir, en fait.
07:32Du coup, je lui ai quand même raconté.
07:33Ça m'a un peu délivré de savoir
07:35qu'il le savait.
07:36Mais il m'a consolée.
07:37Il m'a dit, t'inquiète, ça va aller.
07:39Tu peux revenir à la boxe.
07:41En fait, il m'a encouragée à revenir.
07:43Mais ce qui m'a aidée à communiquer,
07:46à m'ouvrir par rapport à ce qui s'est passé,
07:48par rapport à tout, en fait,
07:49c'est pas forcément la boxe.
07:51C'est la vie, en fait.
07:52C'est les expériences.
07:54Après, on n'a pas parlé de mon enfance,
07:56mais j'ai quand même eu une enfance un peu difficile.
07:58On a grandi avec mes frères et soeurs en Guyane,
08:00où il n'y avait rien du tout.
08:01On était dans un village où il n'y avait que de la forêt.
08:04Donc, de chez nous, on a construit notre petit village
08:07avec des maisons en bois.
08:09C'était une vie simple, tu vois,
08:10mais pas facile.
08:11Après, c'était quand même safe,
08:12dans le sens où, à 4 ans,
08:14je me rappelle que je me promenais toute seule
08:15dans le village.
08:16Il n'y avait rien du tout.
08:17Et par rapport aussi à mon enfance,
08:19en fait, le truc, c'est que, tu vois, ma mère,
08:21elle a fait une bêtise, tu vois,
08:22et elle a fait un an en maison d'arrêt.
08:24C'était difficile parce qu'on a vécu sans notre maman.
08:27Et du coup, de mes 6 ans jusqu'à mes 24 ans,
08:31je n'ai jamais eu qu'avec ma mère.
08:32Je me débrouille toute seule, en fait, pour grandir.
08:34Je pense que ça a créé une personnalité assez solitaire.
08:38Et même aujourd'hui, tout ce que je fais,
08:40j'essaye de le faire toute seule.
08:41Et je me dis que je dois apprendre à le faire, en fait,
08:44parce que si les autres ne sont pas là,
08:46je dois savoir me débrouiller.
08:47Ça m'a appris à avancer, à ne rien lâcher.
08:49C'est pour ça que j'ai décidé de prendre la Vox Thai.
08:52Et c'était la meilleure idée que j'ai jamais eue.
08:56Ça m'a permis d'exprimer ma colère,
08:58dans le sens où j'évacuais, en fait,
09:00tout ce que je ressentais.
09:01Quand tu tapes dans un sac de frappe,
09:03tout ressort, en fait, tout ton stress.
09:05Même avant une séance, t'es fatiguée,
09:07mais quand t'en ressors, t'as le sourire aux lèvres,
09:09t'es bien, en fait.
09:10Et ouais, ça m'a permis aussi d'avoir confiance en moi
09:13dans le sens où s'il m'arrive quelque chose
09:15dans le futur, quelque chose de similaire,
09:17je saurais quoi faire, en fait.
09:18C'est aussi une grande philosophie.
09:20On t'apprend que pendant un combat,
09:22tu dois jamais abandonner.
09:23Que même si le combat finit et que tu perds,
09:25t'abandonnes pas, en fait.
09:26Et moi, tout ça, je l'ai imprimé dans ma tête
09:30et tous les jours, c'est ça, en fait.
09:32Je me dis qu'il m'est arrivé des trucs pas cools,
09:34mais voilà où j'en suis aujourd'hui.
09:35Aujourd'hui, je suis une personne forte,
09:37je suis une personne déterminée.
09:39Et je me dis que si ces événements-là
09:41ne se seraient pas passés,
09:42je ne serais pas là où je suis.
09:44Donc peu importe ce qu'il se passe,
09:46peu importe si les événements sont positifs ou négatifs,
09:48il faut toujours en tirer le meilleur,
09:50il faut toujours retenir que c'est une leçon
09:53ou c'est quelque chose qui va t'apporter du plus
09:55dans ta personnalité, dans ton mental,
09:58dans tout, en fait.

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