Séverine, 44 ans, est opticienne à Sarcelles (95). Elle a été très violemment agressée le 18 novembre en sortant de son travail. Une agression d'une immense violence qui semblait viser sa montre et ses chaussures de luxe
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00:00Finalement vous m'avez bien fracassé en fait, vous m'avez bien tué, vous m'avez bien ruiné de l'intérieur en fait et c'est ça qui me fait mal, c'est qu'on m'a ruiné de l'intérieur.
00:08Oui c'est ma vie que Sarcelles, j'aime Sarcelles, j'aime Sarcelles, j'ai pas de problème à vivre à Sarcelles.
00:13T'es noir, t'es arabe, tu me poses pas de problème, je suis juive, je porte une baguette David, j'ai pas de problème, je fais ce que je veux.
00:20Séverine a 44 ans et elle a toujours vécu à Sarcelles.
00:24Le 18 novembre, en sortant de sa boutique d'optiques, elle a été violemment agressée derrière le centre commercial des Flanades, où elle travaillait chaque jour.
00:32J'ai senti un étranglement en fait, j'ai senti qu'on est venu m'étrangler comme ça.
00:39Ça m'a pris, ça m'a coupé le souffle, donc je me vois en train d'essayer de comprendre ce qui se passe.
00:45J'entends ta montre, la montre, je tombe dans les pommes.
00:48Je pense que c'est à cause de l'étranglement, mon cerveau il s'est verrouillé et j'étais en blackout total.
00:53Vous avez vu vos agresseurs ?
00:55Non, la seule chose que j'ai vue c'est un bras, un gilet gris.
00:59On sentait un petit bras, mais un corps assez fin, un jeune homme.
01:03Quand j'ai repris connaissance, j'étais par terre, dans le noir, sous la pluie, sans chaussures.
01:07Donc je m'aperçois qu'ils m'ont pris mes chaussures, c'est la première chose que j'ai compris en fait.
01:11Je me la crie, je vois qu'il n'y a personne, ça c'est quand j'ai eu ma fille en face time.
01:16Je m'aperçois que j'ai plus ma montre, je suis pieds nus, mais j'ai mon sac, j'ai mon téléphone.
01:21C'était une fois que je me suis relevée en fait, et que les secourus m'ont fait les premiers soins.
01:27Elle est complètement gonflée, complètement tordue.
01:29Ça me dégoûte, ça me dégoûte.
01:31Cette commerçante a des séquelles psychologiques importantes,
01:35du mal à manger et la voix cassée à cause de l'étranglement,
01:38ainsi que de nombreux hématomes et contusions.
01:40J'ai le nez cassé, donc ça on l'a su tout de suite à l'hôpital parce qu'ils m'ont fait un scanner,
01:44ils ont vu que le nez était cassé, dévié.
01:46J'ai pas le choix que de me faire opérer d'ici 3-4 mois.
01:49Au vu de mon rendez-vous d'hier chez l'ORL, il m'a dit que oui, effectivement, c'est sûr que j'ai été frappée.
01:55Alors est-ce que j'ai été frappée pendant qu'un mètre anglais ?
01:59C'est possible.
02:00Là j'ai mon arrêt de travail.
02:01Un arrêt d'un mois jusqu'au 18 décembre.
02:04Séverine a aussi déposé plainte et tente de comprendre les motifs d'une telle violence.
02:09Je pense que la montre elle a été ciblée aussi, puisqu'il a dit sa montre, sa montre.
02:12C'était une montre Rolex, donc c'est une montre qui vaut aujourd'hui dans les 13-14 000 euros.
02:16Pour moi c'était déjà.
02:17Alors est-ce que j'ai été repérée ?
02:19Possible.
02:19C'est sûr que j'ai été repérée.
02:21Sur Instagram ?
02:22Ouais.
02:22Parce que je m'amuse sur les réseaux, parce que je rigole.
02:25Mais faux Lolo, je suis de retour au travail.
02:28Allez, regardez ma copine aujourd'hui, elle va rester à côté de moi.
02:31J'ai jamais été là pour prouver quelque chose.
02:34C'est plus de la rigolade, de l'amusement.
02:36On fait tout le temps des TikTok qui sont assez rigolos.
02:38Est-ce que c'est l'exposition d'être commerçante ?
02:40Est-ce que c'est l'exposition de la montre ?
02:42Est-ce que c'est antisémite ?
02:43J'en sais rien.
02:44J'en sais rien et je pense qu'on ne le saura jamais en fait.
02:46On ne le saura jamais parce que c'est un mélange de tout.
02:48En fait c'est la police qui m'a demandé la première chose quand ils m'ont vu.
02:50Ils m'ont dit « est-ce que vous pensez que c'est un acte antisémite ? »
02:56On n'a pas envie d'y croire.
02:57Mais on ne peut pas l'exclure.
02:58Vous n'y avez jamais pensé de vous ?
02:59Mais je n'ai pas envie d'y croire en tout cas.
03:01Je suis en lien et je suis en harmonie avec tout Sarcelles.
03:04Ça veut dire que je n'ai aucun problème
03:08à apprécier, à travailler,
03:12à aimer des personnes de toute communauté.
03:15Je travaille à Sarcelles au centre commercial Les Flanades,
03:19un des centres commerciaux les plus pourris on va dire.
03:22Mais je n'ai pas de problème avec ça.
03:24Toute ma clientèle, elle est bienveillante.
03:26Je reçois des messages tous les jours, toute la journée.
03:30C'est les premiers à me demander comment je vais, pourquoi ils m'ont fait ça.
03:33Physiquement, je ne me reconnais pas.
03:36Moralement, c'est le pire.
03:39Parce que je ne suis pas du genre à me laisser abattre mais là j'ai peur.
03:41Stressée pour mon personnel, stressée pour ma famille, stressée pour mes enfants.
03:45Est-ce que vous vous imaginez retourner travailler au centre ?
03:48Non, pas maintenant.
03:49Pas tout de suite en fait.
03:50Là, ce n'est pas compliqué, je ne sors pas de chez moi.
03:53Ça m'a détruit dans ce que je suis.
03:56Tu veux ma montre ? Tu m'as visée pour ma montre, tu m'as visée pour mes chaussures.
03:59Je t'aurais donné ma montre, mes chaussures, je t'aurais donné mon sac.
04:04Mais ne me frappe pas.
04:06Ne m'attrape pas par derrière.
04:07En fait, c'est ça qui fait mal.
04:09C'est ça qui est horrible.
04:10Là, j'ai peur et en plus si on me dit que c'était visé, ouais j'ai peur.