• avant-hier
Justice restaurative : à Auxerre, des bénévoles formés à accompagner les délinquants sexuels après leur sortie de prison

Reportage : Nicolas Fillon (France Bleu Auxerre)

https://l.francebleu.fr/OFma

Category

🗞
News
Transcription
00:00Au milieu des bénévoles, le formateur se met dans la peau d'un auteur d'infractions sexuelles,
00:04en pleine discussion avec son cercle de soutien.
00:07Tu m'agaces sérieusement à toujours sourire ?
00:10Ben moi je m'en vais, j'en ai marre !
00:12Il simule un énervement sans motif apparent pour tester la réaction de l'assistance.
00:17Tu sais que c'est la règle du groupe, qu'on soit tous ensemble,
00:20et c'est important qu'elle puisse t'entendre.
00:21Objectif, rétablir le dialogue.
00:23Là, tout votre travail sera dans l'écoute attentive, effectivement,
00:27par des questions ouvertes, mais vous allez tout faire pour me ramener dans le cercle.
00:31Concrètement, les bénévoles sont formés pour constituer une communauté
00:34qui va accompagner et responsabiliser à leur sortie de prison
00:38les agresseurs sexuels évalués à haut risque de récidive
00:42et n'ayant plus aucun contact à l'extérieur.
00:45Des rencontres physiques hebdomadaires,
00:47avec possibilité de communiquer aussi via un téléphone professionnel.
00:52Un véritable suivi de l'ancien détenu,
00:55explique le formateur Robert Cariot.
00:57Tout cela devant, bien évidemment, développer des actions pro-sociales.
01:02Il est également président fondateur de l'Institut français pour la justice restaurative.
01:06Des démarches qu'il n'est plus en mesure d'accomplir seul.
01:09Ouvrir un compte en banque, se réhabituer même à prendre un autobus,
01:14mais ça peut être aussi des moments culturels, par exemple,
01:17accompagné à une exposition, un film, etc.
01:21D'après des études, il y aurait 8 fois moins de risque de récidive
01:25chez les auteurs d'infractions sexuelles suivies par ce programme.
01:28Encadré par un coordinateur du service pénitentiaire d'insertion et de probation de Lyon,
01:34certains bénévoles avaient de l'appréhension au début,
01:37comme Tiffaine la voilà désormais convaincue.
01:39Déjà parce que je comprends mieux ce que sont les cercles et leurs intérêts.
01:43Elle trouve le dispositif très sécurisant.
01:45Avant qu'on rencontre la personne et après,
01:47on a le droit de dire qu'on ne veut plus être bénévole
01:49parce qu'on n'est pas en mesure d'entendre ce que la personne a fait.
01:52Et donc ça me rassure parce que face à une personne qui a commis certains actes,
01:55je ne sais pas comment je vais réagir.
01:57Donc je trouve ça bien l'idée qu'il y ait des portes de sortie.
01:59Et en plus de ça, tout est ramené aux autres membres bénévoles.
02:02Donc ce n'est jamais une relation à deux. C'est très rassurant.
02:05Pour Marianne, c'était indispensable de participer à ce programme de justice restaurative.
02:10On connaît tous quelqu'un qui a été touché par une infraction sexuelle
02:14ou qui a été auteur ou victime à un moment donné.
02:16Selon elle, les agresseurs sexuels méritent une seconde chance.
02:19Souvent, les auteurs d'actes ont eux-mêmes été victimes avant
02:23et reproduisent un schéma parce qu'ils n'ont pas les bons codes.
02:25Moi, ce que je n'avais pas perçu, c'est qu'en fait,
02:27une personne qui a passé plus d'un an et demi en détention n'a plus les codes.
02:31Elle est terrorisée à l'idée de retourner dans la société,
02:34d'aller simplement faire ses courses.
02:36Elle ne sait plus comment s'adresser aux autres de manière sociale correcte.
02:39C'est-à-dire que si on laisse quelqu'un exclu du système,
02:42en fait, on ne règle pas son problème et on ne règle pas le problème du système.
02:45Et si on permet à quelqu'un de se réparer et de se réintégrer,
02:49alors on a guéri et la société et la personne.

Recommandations