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Transcription
00:00Vous reconnaissez probablement sa voix, ou plutôt celle de notre Aya de Yopougon National,
00:10figure incontournable du cinéma francophone, l'invité de ce nouveau C'est-à-dire a marqué
00:15les esprits par ses performances mémorables dans des oeuvres telles que Bamako en 2006,
00:20où elle explore les enjeux sociaux et politiques du continent africain, ou encore il a déjà
00:25tes yeux, aussi bien en film qu'en miniserie, où elle mêle humour et réflexion sur les
00:30questions identitaires. Passée derrière la caméra, elle co-signe le court-métrage
00:34engagé Laissez-les Grandir Ici, affirmant sa volonté d'allier art et militantisme.
00:39Aujourd'hui, nous découvrons le parcours d'Aïssa Maïga, ses inspirations, ses projets,
00:45dans un échange qui promet d'être à la fois intime et éclairant.
00:48Aïssa Maïga, merci d'avoir répondu à notre invitation.
00:51Merci, merci de m'avoir invitée.
00:52Qu'est-ce qui nous vaut l'honneur de vous avoir en Côte d'Ivoire ?
00:55La Nissa, les nuits ivoiriennes du 7e art et de l'audiovisuel, qui mettent à l'honneur le 7e art
01:02et l'audiovisuel, avec des projections de films, avec une invitée d'honneur.
01:07J'ai la chance que ce soit moi, et avec une soirée qui aura d'ailleurs lieu ce soir à l'Hôtel Ivoire.
01:14Après le CICA, justement, vous l'avez évoqué, on a la Nissa, des événements qui me permettent
01:19de vous demander vos impressions sur le dynamisme culturel et artistique en Côte d'Ivoire.
01:23Mais brièvement.
01:24Oui, la Côte d'Ivoire devient véritablement incontournable sur le continent.
01:31En gros, il y a quoi ? Il y a l'Afrique du Sud, le Nigeria, la Côte d'Ivoire, un peu le Sénégal aussi.
01:37Un peu le Sénégal aussi, oui.
01:39Et voilà, on sait que c'est un vivier dans lequel il y a énormément de talents,
01:43dans tous les domaines artistiques d'ailleurs, pas que dans le 7e art.
01:47Et d'ailleurs, j'espère que je vais travailler en Côte d'Ivoire prochainement.
01:53On vous accueillera avec plaisir, c'est assez sûr.
01:55Il y a aussi le prix Reporters sans frontières en l'honneur de votre père, Mohamed Maïga,
01:59qui vient d'être lancé.
02:01Qu'est-ce que ça représente comme...
02:03Plutôt, je dirais, qu'est-ce que représente cette distinction pour vous,
02:06en tant que fille et en tant qu'artiste ?
02:09Alors, mon père était un journaliste très engagé, il s'appelait Mohamed Maïga.
02:13Il était très engagé, notamment aux côtés de Thomas Sankara durant la Révolution,
02:19ou de Volta, qui est devenu ensuite le Burkina Faso.
02:22Et il a eu un rôle majeur.
02:24Il a été assassiné, il est mort le 1er janvier 1984.
02:29Donc, le 1er janvier dernier, ça faisait 40 ans.
02:31Et pour moi, c'était vertigineux de sentir le temps qui était passé.
02:36Et surtout, au-delà de ça, je ressens l'envie et le besoin très profond
02:42de réhabiliter le nom de mon père parce qu'il a été un peu effacé,
02:46même s'il a eu droit à beaucoup d'hommages au Burkina.
02:48Sankara a baptisé la maison de la presse Mohamed Maïga après son décès.
02:53Mon père a été décoré à titre posthume au nom des services rendus à la nation burkinabé.
03:01Il y a une chanson magnifique qui s'appelle Hommage à Mohamed Maïga,
03:04qui a été aussi commandée par Sankara auprès de l'Orchestre national des Colombes de la Révolution.
03:11Donc, il y a eu des choses.
03:12Et en même temps, l'histoire récente du Burkina a été très intense.
03:17Il y a eu une sorte d'effacement.
03:19Et moi, en tant que fille de mon père, ma mission de vie,
03:23c'est vraiment de faire connaître le travail incroyable qu'il a mené.
03:27C'était un journaliste hors pair.
03:28C'était un homme visionnaire.
03:30C'était un homme qui était proféministe.
03:32C'était un homme qui était profondément humaniste.
03:34C'était un homme qui était amoureux du continent africain,
03:37qui avait de l'espoir et aussi de la combativité.
03:41Et donc, on a créé, avec Reporters sans frontières,
03:43le prix du journalisme d'investigation africain Mohamed Maïga.
03:47Et on le remettra le 3 décembre prochain à Washington.
03:51– On a hâte de voir qui sera le gagnant de cette première édition.
03:54– Le gagnant ou la gagnante.
03:55– Le gagnant ou la gagnante, effectivement.
03:57En quoi l'héritage de votre papa a-t-il influencé votre parcours,
04:01notamment dans votre engagement dans les causes sociales ?
04:04– Alors, je dirais que...
04:05Alors, moi, j'avais 8 ans et demi quand mon père est mort.
04:07Donc, c'est très jeune.
04:08Il ne passait pas son temps à me parler de politique, pas du tout.
04:11Mais j'ai le souvenir de quelqu'un qui me parlait,
04:13sans le nommer comme ça, de libre-arbitre.
04:15Je savais que, sous son œil bienveillant,
04:17plus tard, j'aurais le droit de choisir ce que je voulais faire.
04:21C'est quelqu'un qui apportait un regard très positif, d'abord sur autrui.
04:24C'est le souvenir que les gens gardent de lui.
04:26Il était très solaire, vraiment très chaleureux.
04:30Et voilà, moi, j'ai baigné dans une ambiance avec lui qui était hyper positive.
04:36Parce que quand un parent, et là, en l'occurrence, un papa,
04:39regarde son enfant avec quelque chose de positif, qui valorise,
04:45l'enfant ne peut que s'épanouir, que avoir confiance en lui.
04:50Et donc, j'ai ce souvenir-là.
04:52Et ensuite, après son décès, quand je suis devenue adolescente,
04:56on m'a parlé de lui beaucoup.
04:59J'ai eu la chance de travailler très vite sur le continent,
05:01au Burkina Faso ou ailleurs.
05:03Et on me parlait de l'impact qu'avait eu mon père.
05:05Et donc, j'ai commencé à m'intéresser et puis à lire,
05:08évidemment, les nombreux articles qu'il a écrits.
05:11Il est mort jeune, il avait 33 ans, mais il a eu une activité tellement intense.
05:17Et c'était vraiment un esprit brillant,
05:20mais qui réussissait à faire comprendre des concepts un peu compliqués,
05:25liés à l'économie, liés au développement, liés à la politique en général,
05:30de façon très claire, très éloquente.
05:32Et on va bientôt poster ces articles, qu'on peut d'ailleurs trouver,
05:35déjà pour certains, sur le site thomasankara.net.
05:40Et je remercie les personnes au Burkina, qui sont dans ce travail de mémoire
05:47et qui ont décidé de retranscrire sur leur site, sur ce site-là,
05:51quelques articles de mon père Mohamed Maïga.
05:53Et on a aussi le site de l'association, mohamedmaïga.org,
05:58sur lequel on diffuse toutes les informations par rapport à nos actions.
06:02On vous sent très, très émue.
06:04Oui, je suis émue parce qu'en fait, il faut du temps parfois pour s'aligner
06:11et comprendre quelle est notre mission.
06:15On a tous une mission et ce n'est pas forcément quelque chose de grandiloquent.
06:19Ce n'est pas que des choses spectaculaires.
06:21Parfois, la mission d'une personne, ça va être d'éduquer,
06:24mais d'éduquer des enfants de manière à ce que ces personnes
06:29aient, par exemple, le sens du leadership en grandissant.
06:33La mission d'autres personnes, ça va être de soigner,
06:36d'être à l'hôpital et d'être là pour les autres.
06:39Voilà, on a tous des missions.
06:41Et je crois qu'au-delà de mon métier, que j'ai toujours...
06:44Vous me demandiez ce que mon père m'avait légué.
06:46Je pense que c'est une forme d'idéalisme liée à un profond humanisme.
06:53La fierté, la fierté d'être qui on est.
06:57On n'est pas plus qu'un autre, mais on n'est pas moins.
07:00Et nous sommes tous porteurs d'une histoire,
07:03à plus forte raison quand on vit en Europe, ce qui est mon cas.
07:07Moi, j'ai grandi en France et j'y vis encore.
07:09Ah, j'ai dit, j'y vis encore.
07:11Ça veut dire que là, Abidjan est en train de me...
07:13Parce que d'habitude, je dis, je vis à Paris.
07:15Je ne dis pas, j'y vis encore.
07:17Non, mais c'est parce que vous allez bientôt nous rejoindre à Abidjan.
07:20C'est trop tard, le processus, il est lancé, c'est fait.
07:23Vous allez devenir ma voisine.
07:25J'ai hâte.
07:27On en parle après l'émission.
07:30Et voilà, j'ai oublié ce que je voulais dire, mais oui, ma mission,
07:33je pense que c'est vraiment de faire perdurer l'héritage que mon père a créé,
07:40mais qui était un héritage qu'il tenait aussi de ses aïeux.
07:44Et je crois qu'il y a une sorte de devoir de mémoire,
07:49à plus forte raison en tant qu'Africain ou Africaine,
07:51parce que notre histoire a été tellement distordue par tout ce qu'on sait,
07:56qu'on a le devoir de réhabiliter les choses,
08:02surtout quand elles sont positives, bien sûr.
08:04Et de se les réapproprier aussi.
08:06Pour les offrir au monde aussi.
08:08C'est vrai, c'est important.
08:10L'Afrique doit s'offrir au monde.
08:12Votre carrière en tant qu'actrice a été marquée par des rôles
08:14qui ont été quand même assez variés.
08:16Oui.
08:18Est-ce que vous pouvez nous en citer quelques-uns,
08:21ceux qui vous ont le plus marqué?
08:23Alors, j'ai joué récemment dans une série américaine,
08:26mais vous ne l'avez pas encore vue, qui s'appelle King Chaka,
08:28sur l'histoire du roi Chaka Zulu.
08:31Je jouais le rôle de sa mère, Queen Nandi,
08:35qui était un rôle incroyable,
08:37parce que c'est vraiment elle qui a fait de son fils un roi.
08:40C'était une femme visionnaire.
08:42Nandi, c'est vraiment un mythe vivant en Afrique du Sud.
08:46Et ça, j'ai adoré.
08:48Parce qu'en plus, quand c'est une série,
08:50on a vraiment le temps d'explorer,
08:52de déployer, en fait,
08:54toutes les facettes de notre personnage.
08:56Bamako, oui,
08:58c'est un film qui m'a marquée aussi.
09:00D'abord, je tournais à Bamako,
09:02qui est la capitale d'un de mes deux pays d'origine.
09:04Je suis du Mali et du Sénégal.
09:06Et puis, voilà,
09:08c'est un film d'Abderrahman Sissako,
09:10qui est un vrai poète,
09:12un réalisateur extrêmement doué.
09:14Et là, c'était le rôle d'une chanteuse.
09:16Une chanteuse
09:18qui est impactée
09:20par toutes les politiques qui se décident
09:22dans les grandes institutions internationales.
09:26Voilà, donc,
09:28c'était assez beau.
09:30C'est un personnage très mélancolique.
09:32Qu'est-ce que je pourrais dire d'autre?
09:34Bienvenue à Marlie Gaumont!
09:36J'y arrivais!
09:38J'y arrivais, justement!
09:40Cette fameuse année 2016,
09:43c'est particulièrement, je dirais, prolifique
09:45quand même, parce qu'il y a déjà tes yeux,
09:47que j'ai cité en introduction,
09:49et bienvenue à Marlie Gaumont.
09:51Il y a aussi eu votre passage dans l'épisode
09:53Pourquoi nous détestent-ils,
09:55nous les Noirs?
09:57dans la série documentaire.
09:59On me voyait très rapidement.
10:01Très rapidement, mais au moins, on vous voit.
10:03C'est important.
10:05Tous ces rôles et ces passages télévisés
10:07tournent véritablement autour de la condition
10:09de la femme noire, d'une certaine manière.
10:11Pourquoi cet engagement?
10:13De quoi est-il né?
10:15Même si j'ai l'impression
10:17de connaître la réponse à demi-mot.
10:19Je dirais que j'ai été marquée
10:21par des figures dans ma famille.
10:23J'ai surtout du côté paternel
10:25des tantes
10:27qui sont très engagées,
10:29que ce soit en France
10:31ou au Mali.
10:33Et c'est des femmes
10:35qui m'ont marquée par...
10:37D'abord, elles ont un regard.
10:40C'est des femmes très intelligentes.
10:42Et je ne parle pas de niveau scolaire.
10:44Parce que là, en l'occurrence,
10:46il y a l'intelligence de la vie
10:48et l'intelligence de l'école.
10:50L'école, c'est quelque chose,
10:52mais l'intelligence de la vie,
10:54si on ne l'a pas, merci!
10:56C'est un concept.
10:58Et puis, c'est des femmes...
11:00Ma grand-mère, bien entendu.
11:02Paix à son âme.
11:04C'est des femmes
11:06qui m'ont marquée,
11:09qui m'inspirent.
11:11Et puis, il y a cette idée
11:13du regard qu'on subit
11:15dans l'endroit où on vit.
11:17De voir le mépris
11:19dont certaines populations,
11:21dont les populations noires,
11:23font l'objet.
11:25Et en même temps,
11:27il y a un décalage
11:29entre le mépris
11:31qu'on peut voir
11:33sur les écrans
11:35ou dans la rue
11:37de montrer
11:39les mille variations
11:41des femmes noires,
11:43qu'elles soient
11:45en Occident ou sur le continent africain,
11:47qu'elles soient
11:49de telle ou telle classe sociale,
11:51qu'elles traversent des tragédies
11:53ou que leur vie ressemble plus
11:55à une comédie.
11:57Je trouve qu'il y a beaucoup d'inspiration
11:59et beaucoup de choses à montrer
12:01qui ne l'ont pas été encore.
12:03En 2013, vous disiez sur la représentation
12:06du cinéma français.
12:08J'ouvre les guillemets.
12:10Si la problématique n'a pas disparu,
12:12je trouve que, de façon générale,
12:14cela va mieux.
12:16Je pense que l'événement a été créé
12:18autour de l'arrivée
12:20d'Ari Roselma, collégiété de TF1.
12:22On n'arrivera plus.
12:24On a pris conscience du retard.
12:26Si nous ne sommes pas tous d'accord
12:28sur les formulations,
12:30les choses ont été nommées,
12:32relayées, etc.
12:34C'est une question complexe.
12:36Quand on parle de représentation
12:38de ce qu'on appelle les minorités
12:40à l'écran, on parle de l'histoire
12:42avec un grand H.
12:44Tout cela est le résultat
12:46d'un long processus
12:48qui n'est pas né avec l'immigration
12:50dans ce dernier demi-siècle.
12:52C'est une histoire de perception.
12:54Pour ne parler que de la France,
12:56les premières figures
12:58de personnages noirs dans le théâtre
13:00apparaissent au 15e siècle.
13:03C'est une longue histoire.
13:05Oui, c'est long.
13:07Le 15e siècle,
13:09à la fois,
13:11c'est lointain, mais c'est proche.
13:13On aurait dû
13:15avoir le temps
13:17de rétablir les choses,
13:19de rétablir l'égalité,
13:21parce qu'il s'agit de ça.
13:23Et ça n'est pas fait.
13:25Les résistances sont très profondes
13:27et ce sont des questions
13:29qui crispent énormément.
13:31On prend aussi le risque
13:33d'être un peu blacklistée.
13:35Ça a été votre cas ?
13:37Je pense, oui, un petit peu.
13:39Mais en même temps,
13:41ça attire à moi
13:43des gens qui sont convaincus
13:45de la nécessité
13:47de porter ces débats.
13:49Ça crée une sorte de nettoyage
13:51et je ne veux pas évoluer dans la peur.
13:53C'est vraiment quelque chose...
13:55La peur fait partie de nous,
13:57mais je ne veux pas être guidée par ça.
14:00Je refuse
14:02que la peur d'être blacklistée
14:04me fasse me taire.
14:06Je pense que ce serait une erreur fondamentale
14:08parce qu'on a besoin que les personnes
14:10qui sont devant la scène puissent porter ces disques.
14:12Ce n'est pas une obligation.
14:14Je ne dis pas que tout le monde devrait le faire,
14:16mais il faut qu'il y en ait.
14:18Je ne pourrais pas vivre sans
14:20prendre la parole quand je vois
14:22des injustices comme ça.
14:24Je n'y arrive pas.
14:26Pour répondre,
14:29c'est paradoxal
14:31parce que ce qui prend le devant
14:33de la scène ces dernières années
14:35c'est les sujets liés aux violences sexistes
14:37et sexuelles.
14:39Ça prend beaucoup de place
14:41et c'est tant mieux.
14:43Je pense que c'est très important
14:45que ces questions-là soient enfin abordées,
14:47qu'on sorte du tabou,
14:49que les agressions ne puissent plus se passer
14:51dans l'impunité totale
14:53et qu'on crée
14:55un environnement
14:57dans lequel tout le monde peut s'épanouir.
14:59Le safe place pour tout le monde.
15:01Hommes et femmes.
15:03Le paradoxe, c'est qu'apporter
15:05d'autres sujets en ce moment
15:07que ça, dans le cinéma et dans le lieu visuel,
15:09c'est très compliqué.
15:11En ce moment, je suis occupée
15:13sur d'autres sujets, mais je vais y revenir.
15:15Nous arrivons à mi-parcours
15:17de notre entretien.
15:19On se retrouve après une courte pause.

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