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Laurence D'Hondt et Jean-Pierre Martin ont publié le livre "Allah n'a rien à faire dans ma classe" le 13 novembre dernier. Une "enquête sur la solitude des profs face à la montée de l'islamisme" qui met notamment en exergue la remise en question de certains enseignements au nom de la religion.

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Transcription
00:00Ça a été très dur. Vous savez, certains se sont écroulés, littéralement, en larmes lors de ces entretiens qui parfois étaient très longs, plusieurs heures, et à plusieurs reprises.
00:10Pour les raisons que Laurence vient d'expliquer, ces professeurs se sentent seuls, ils se sentent souvent désavoués quand ils rapportent un fait de contestation de matière.
00:21Mais que la hiérarchie ne les soutient pas.
00:23On l'a vécu aussi en France lors du procès des complices de l'assassin de Samuel Paty.
00:30Ça pèse dans les témoignages.
00:32Ça pèse dans les témoignages, évidemment. Et il était désavoué de ses collègues, de toute façon.
00:40Lui-même a été en quelque sorte le jouet de tout le scénario qui a été monté jusqu'à son assassinat.
00:49En Belgique, on se retrouve dans des situations comparables, parce que jusqu'à présent, on n'a pas voulu voir la réalité, on n'a pas voulu voir ce prosélytisme à l'œuvre en Belgique.
01:00Et pourquoi on n'a pas voulu le voir ? De peur de faire le jeu de l'extrême droite, par exemple ?
01:05Vous l'écrivez en disant qu'on ne veut pas se cogner au réel parce qu'on pense que ça fait monter les extrêmes.
01:11Oui, du par cela, effectivement, c'est le premier reproche.
01:14Le second, c'est que les professeurs, bien souvent, ont le cœur à gauche.
01:18Ils sont idéalistes et ils avaient le sentiment qu'en témoignant et en portant publiquement toutes ces histoires qu'ils nous racontaient,
01:28ils devenaient eux-mêmes une cible et ils trahissaient en quelque sorte la cause de l'enseignement.
01:35Ce que vous racontez, on a l'impression que vous parlez aussi de la France, où deux professeurs ont été assassinés par des islamistes.
01:43On a cité Samuel Paty, mais parlons aussi de Dominique Bernard, où régulièrement, il y a eu des polémiques.
01:48Il y a eu celle de la Baïa, par exemple. Il y a aussi l'histoire de cette jeune fille qui a giflé un membre du personnel
01:57qui lui faisait remarquer que le voile à l'école, c'est interdit. En fait, on se dit, ce qui se passe en Belgique se passe déjà en France.
02:04Oui, mais je dirais que la Belgique n'a pas pris conscience de manière collective comme en France parce que nous n'avons pas eu ces deux tragédies, ces deux assassinats.
02:14Il y a déjà une différence. Il y a non seulement du déni, mais on est dans un pays de compromis.
02:23Quand c'est délicat, on préfère un peu glisser sous le tapis. On est habitué à s'arranger en douce.
02:30On n'est pas polémique comme en France. Donc cette question, en fait, elle n'a jamais été vraiment débattue ouvertement.
02:36Et c'est pour ça que notre livre est entendu aujourd'hui, parce qu'en fait, il fait sortir quelque chose qui était caché et qui était tabou,
02:44par peur d'islamophobie, par peur de l'islamisme lui-même, parce qu'il ne faut pas oublier que...
02:49Par peur des représailles.
02:50Absolument. Un nombre important de professeurs nous ont demandé de rester bien anonymes, mais aussi...
02:57Parce qu'ils ont peur d'être menacés sur les réseaux sociaux ou même physiquement, directement.
03:00Même physiquement, oui.
03:01C'est la réalité quotidienne pour ces professeurs, d'autant qu'un tiers de ces professeurs que nous avons rencontrés...
03:06On vous a menacé, vous aussi ?
03:09Depuis la sortie de ce livre.
03:11Il y a eu l'affaire de la FNAC.
03:12Il y a eu des menaces indirectes, effectivement.
03:14Il y a eu l'affaire de la FNAC, où il y a eu des menaces contre la séance de dédicaces que vous deviez faire dans une FNAC en Belgique.
03:19Vous avez dû interrompre, vous avez dû annuler cette séance de dédicaces.
03:22On a dû interrompre cette séance.
03:24Le livre a dû être provisoirement retiré des rayons.
03:27L'enquête est en cours, nous n'avons pas d'autres informations.
03:31Mais effectivement, nous supposons qu'à travers l'intimidation à l'égard du personnel de la FNAC et d'autres livres, nous étions fatalement visés.
03:39Mais ce que je voulais ajouter aussi, c'est que un tiers de ces témoignages proviennent de professeurs de confession musulmane,
03:47ou de culture musulmane, qui eux-mêmes sont la cible d'autres professeurs,
03:52qui ne supportent pas que des professeurs de culture ou de confession musulmane acceptent les principes de neutralité ou de laïcité de l'État et de son gouvernement.

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