• il y a 3 jours
Alexandre Loubet a fait ses premières armes en politique à tout juste 18 ans en créant un syndicat étudiant souverainiste à Science Po. C'est à la même époque qu'il rencontre Jordan Bardella , dont il est aujourd'hui le conseiller spécial. Entre temps, il a pendant plusieurs années été le directeur de communication de Nicolas Dupont Aignant avant de rejoindre le Rassemblement national et d'y connaître une ascension fulgurante. Alexandre Loubet est aujourd'hui député RN de la 7ème circonscription de Moselle.

Pourquoi s'engage-t-on en politique ? Comment tombe-t-on dans le grand chaudron de l'Assemblée ?
Chaque jour, Clément Méric, dans un entretien en tête à tête de 13 minutes, interroge un parlementaire sur les personnalités, les évènements - historiques ou personnels - qui l'ont conduit à choisir la vie publique.
Car on ne naît pas politique, on le devient !

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Transcription
00:00Il a fait ses armes chez Nicolas Dupont-Aignan
00:02avant de connaître une ascension
00:04au sein du Rassemblement national.
00:06Mon invité est aujourd'hui député RN de Moselle
00:08et conseiller spécial de Jordane Bardella.
00:11Musique intrigante
00:13...
00:25Bonjour, Alexandre Loubet.
00:27Merci pour votre invitation.
00:29Vous avez acquis une certaine notoriété
00:31à la suite d'une séance de questions au gouvernement.
00:34Une question qui a déclenché pas mal de mouvements.
00:37Vous avez interpellé Bruno Le Maire
00:39sur les enjeux de souveraineté industrielle.
00:41La conclusion de votre intervention, c'était le 11 octobre 2022.
00:45Monsieur Le Maire, vous avez travaillé
00:47pour Dominique de Villepin, qui avait dénoncé la lâcheté
00:50de ceux qui refusent de défendre les intérêts de la France.
00:53Aujourd'hui, le lâche, c'est vous.
00:55Applaudissements
00:57J'ai l'honneur de demander des excuses solennelles
01:00au Rassemblement national pour avoir employé le terme de lâche
01:03à une personne qui a toujours fait preuve de courage
01:06dans son engagement politique depuis 20 ans,
01:09qu'il fait de la politique au service de la France
01:12et des Français.
01:13Applaudissements
01:15...
01:20Vous avez déclenché un incident de séance.
01:22Tout le groupe du Rassemblement national
01:25a quitté l'hémicycle à ce moment-là.
01:27Juste par curiosité, on voit, à ce moment-là,
01:29Marine Le Pen et Bruno Le Maire s'interpeller,
01:32se pointer du doigt mutuellement.
01:34Qu'est-ce qu'ils se sont dit ?
01:36Ecoutez, tout d'abord, cette séquence,
01:38elle me rappelle les débuts de mon mandat.
01:40Je dois vous avouer qu'elle me fait un peu rigoler,
01:43puisque je n'avais jamais été sanctionné
01:45ni au collège ni au lycée, j'étais un élève très modèle.
01:48Il a fallu que j'attende de céger à l'Assemblée nationale
01:51pour être sanctionné, mais en réalité,
01:54cette sanction, je crois que c'est une médaille que j'ai reçue,
01:57parce que je ne sais pas exactement
01:59ce que se sont dit Marine Le Pen et Bruno Le Maire,
02:02en revanche, parce qu'il y avait énormément de brouhaha,
02:05mais la réalité, c'est que j'ai dénoncé la lâcheté
02:08du ministre de l'Economie, et si c'est à refaire,
02:12je le ferai sincèrement,
02:14parce qu'il refuse de défendre les intérêts de la France.
02:18En l'occurrence, j'alertais...
02:20J'alertais.
02:21Sur la façon de vous y prendre...
02:23Sur la façon de nous y prendre,
02:25encore la semaine dernière, un collègue s'est fait insulter
02:28de voyou par un député macroniste, il n'a pas été sanctionné.
02:32Pourtant, il y a eu un énorme brouhaha dans l'Assemblée.
02:35Il y avait ce qu'on appelait à l'époque la stratégie de la cravate,
02:38qui était portée par Marine Le Pen auprès de tous les députés
02:42du groupe RN, cette idée qu'il fallait que les députés
02:44soient polis, courtois, exemplaires,
02:47et là, vous avez agressé verbalement un ministre,
02:49vous avez mis le feu à l'hémicycle.
02:51C'est votre façon de faire de la politique ?
02:54Ca doit être musclé ?
02:55Oui, la politique doit être musclée parfois.
02:58En revanche, le terme de lâche n'est pas une insulte.
03:00Je l'ai vérifié auprès de l'Académie française.
03:03Ce n'est pas une insulte, mais c'est un qualificatif
03:06dépréciatif. La réalité, encore une fois,
03:08c'est que je dénonçais la vente à venir d'une société stratégique,
03:12Excelia, un fleuron industriel, à des intérêts américains.
03:16Cette vente s'inscrivait dans toute une lignée de ventes
03:19de fleurons nationaux, comme Alstom, Alcatel, HGH,
03:23Sorio, la Techwear, la Farge, et j'en passe,
03:26plus récemment, Doliprane,
03:28et que le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire,
03:32a justement fait ses responsabilités
03:34en se faisant passer pour victime.
03:37Je pense qu'il a vu pire, mais vous savez,
03:40en l'occurrence, je pense qu'il a demandé des excuses
03:43qui n'ont pas été formulées.
03:45Je pense que ce sont plutôt les Français
03:48qui devraient lui réclamer des excuses
03:50quand on voit le dérapage des comptes publics.
03:53C'est pas une interview politique, c'est sur la politique,
03:56sur l'engagement, sur la façon de faire de la politique.
03:59Vous avez comparé, un jour, la politique à une drogue.
04:03Quand on commence, on a du mal à s'en passer.
04:05C'est un vrai plaisir.
04:06Une drogue, oui, ça rend indépendant,
04:09mais c'est aussi toxique.
04:10Donc, la politique, ça a aussi une part de toxicité.
04:13Je vais vous faire une confiance,
04:15je n'ai jamais consommé de drogue, je tiens à le signaler.
04:18Peut-être que la comparaison avec un virus serait plus pertinente,
04:22mais je cherche toujours le vaccin.
04:24La politique, c'est extrêmement chronophage.
04:27C'est la part de toxicité ?
04:29En réalité, la politique, c'est un sacerdoce.
04:31C'est-à-dire qu'on se dévoue corps et âme,
04:34on ne compte pas nos heures,
04:35c'est chronophage, notre ennemi principal, c'est le temps,
04:39et tout cela se fait bien souvent
04:41ou en sacrifiant notre vie personnelle, voire familiale.
04:45Vous avez fait vos premiers pas en politique à 18 ans
04:48en créant un syndicat étudiant-souverainiste
04:51à Sciences Po, ça s'appelle encore
04:53Critique de la raison européenne, ça existe encore,
04:56et en rejoignant le parti de Nicolas Dupont-Aignan
04:59à l'époque de Boularepublique.
05:00C'est votre prof d'économie au lycée
05:02qui vous a amené dans un meeting de Nicolas Dupont-Aignan ?
05:06Oui, tout à fait.
05:07J'avais un prof d'économie au lycée avec lui,
05:09qui est, en quelque sorte, mon mentor en politique
05:14et qui partage les mêmes convictions
05:17en faveur de la défense de la souveraineté nationale
05:21et se revendique également d'hugolisme.
05:23C'est la raison pour laquelle je me suis engagé dès 18 ans
05:26au sein du parti de Dupont-Aignan.
05:28Vous avez occupé différentes fonctions,
05:30à la tête du mouvement des jeunes de Debout de la République,
05:34puis vous êtes devenu directeur de la communication de Dupont-Aignan.
05:37C'est une école de la politique pour vous,
05:40de travailler avec lui.
05:41Qu'avez-vous appris ?
05:42C'était une excellente école.
05:44Je peux me permettre d'associer plusieurs de mes collègues,
05:47dont Jean-Philippe Tanguy et Thomas Ménager,
05:50étant donné que nous avons eu très jeune
05:52à exercer des responsabilités au sein d'un petit parti politique,
05:56mais nous avons pu apprendre les méthodes politiques,
05:59nous avons pu bénéficier, justement,
06:01des qualités qu'avait Nicolas Dupont-Aignan,
06:04notamment, qui était un excellent élu local.
06:07Et je crois qu'on a un peu hérité de son obstination
06:11à vouloir défendre nos idées contre vents et marées.
06:14Vous avez fini par rompre avec lui, fin 2020,
06:17quand vous avez compris qu'il refusait
06:19tout rapprochement politique avec Marine Le Pen.
06:21Vous avez quitté Debout la France
06:23avec Jean-Philippe Tanguy et Thomas Ménager.
06:26Vous avez créé un parti, l'Avenir français,
06:28qui se revendique du gaullisme.
06:30C'est comme ça que vous avez été élu député en 2022,
06:33avec le soutien du Rassemblement national.
06:35J'ai lu, dans la presse, que, dès vos années étudiantes,
06:38vous avez côtoyé un groupe
06:40où se mêlaient des militants de l'UMP,
06:42c'était l'UMP à l'époque,
06:44du Front national de la jeunesse et de la droite souverainiste,
06:47dont vous faisiez partie.
06:49Le fameux cordon sanitaire qui existait à l'époque
06:52entre ces partis n'existait pas forcément entre les étudiants.
06:55Je crois que, dans ma génération,
06:57le cordon sanitaire a été brisé
06:59dans des bars parisiens.
07:03Je m'explique.
07:04A l'époque, nous étions tous étudiants.
07:07Je pense à Jordan Bardella,
07:09je pense à Gaëtan Dussosé,
07:11l'ancien patron du FNJ, désormais député.
07:13Je pense à Sarah Knafau,
07:15à beaucoup d'autres personnalités.
07:17Qui a adhéré à votre syndicat.
07:19Absolument. Très bien renseigné.
07:21Et nous avions l'habitude de nous retrouver,
07:24y compris avec des personnes de l'UMP,
07:27qui n'ont pas encore tous franchi le pas,
07:29mais je ne doute pas qu'ils le feront sous peu.
07:32Nous avions l'habitude de nous retrouver pour des soirées.
07:35Nous avions pris conscience
07:36que, malgré nos appartenances partisanes différentes,
07:40on se retrouvait sur l'essentiel,
07:42on partageait exactement le même point de vue
07:44sur 95 % des enjeux.
07:46Je crois que, par conséquent,
07:47on avait tous conscience qu'on finirait par se retrouver.
07:51Aujourd'hui, le RN est le parti dans lequel on se retrouve tous.
07:54Jordan Bardella, vous vous êtes connu à cette époque.
07:57C'était quoi pour vous ?
07:59C'était un ami ? Vous partagez des convictions ?
08:01Vous étiez en opposition sur certains sujets ?
08:04Encore une fois, on était en accord sur à peu près tout.
08:07Sur le fond, peut-être que la stratégie divergeait un peu.
08:10J'étais auprès de Nicolas Ducognon
08:12parce que j'avais la certitude qu'il fallait
08:14qu'une personnalité issue des rangs de la droite
08:17vienne agréger des voix au RN.
08:19Vous savez, j'avais assisté à des meetings du RN en 2012.
08:22Je n'avais même pas l'âge de voter,
08:24j'étais à Toulouse,
08:25et j'avais assisté aux meetings de Marine Le Pen.
08:28Donc, il y avait évidemment une proximité d'idées entre nous.
08:32On le voit sur cette photo lors de ce fameux réveillon.
08:35Au milieu, là, c'est lui.
08:37Jordan Bardella, en fait, c'était un militant à l'époque
08:40et il est encore militant aujourd'hui.
08:42Quand on a milité côte à côte,
08:44même si on n'était pas dans le même parti,
08:46pour défendre les mêmes convictions,
08:48ça crée des liens plus encore renforcés
08:51lorsque l'on passe des soirées ensemble,
08:53des soirées étudiantes.
08:54Vous évoquez ces liens.
08:56Si je vous parle de Jordan Bardella,
08:58c'est parce qu'il a eu un rôle direct dans votre ascension
09:01de fulgurante au sein du Rassemblement national.
09:04Vous êtes étroitement lié à sa propre ascension politique.
09:07C'est lui qui vous a nommé directeur de la communication du RN
09:10dès son élection à la présidence du parti,
09:13lui qui vous a nommé directeur de campagne des Européennes
09:16puis des législatives,
09:17et enfin, conseiller spécial à ses côtés.
09:20Vous lui devez beaucoup.
09:21Je lui dois énormément,
09:23je lui en suis très reconnaissant,
09:24de même qu'à Marine Le Pen.
09:26Ce sont eux qui m'ont permis d'avoir l'investiture
09:30dans ma circonscription,
09:31et mon élection comme député en 2022
09:35et ma réélection en 2024 ont été l'honneur de ma vie.
09:38Mais cette ascension, ça s'explique par ces liens
09:40que vous aviez tissés par le passé,
09:42il y a une complicité et une confiance.
09:44Il y a une complicité, une confiance,
09:46il y a une certaine symbiose dans notre manière de voir la politique
09:50et de faire campagne, c'est important.
09:52Vous savez, quand on mène une campagne
09:55comme celle des élections européennes,
09:57c'est un véritable marathon.
09:59Pendant près d'un an, on se dévoue corps et âme,
10:02jusqu'à pas d'heure le soir,
10:03très tôt le matin,
10:05on affronte énormément d'attaques,
10:08il y a un esprit de camaraderie tranchée,
10:11finalement, qui se développe au sein de l'équipe,
10:15et je crois qu'il est important d'avoir des personnes
10:18sur qui on peut compter et avec qui on partage
10:21de lignes directrices, stratégiques,
10:24une même vision, finalement,
10:26et je crois qu'on travaille extrêmement bien ensemble
10:29dans un rapport de confiance.
10:31Vous devez aussi votre ascension politique
10:33à vos qualités dans un domaine précis, la communication.
10:36Vous avez exercé vos conseils en communication
10:39auprès de Nicolas Dupont-Aignan, au sein du RN,
10:42pendant la campagne de Marine Le Pen en 2022.
10:44Est-ce que, finalement,
10:46ce n'est pas ça ce qui vous caractérise le plus,
10:48ce côté stratège politique,
10:50spin doctor, comme disent les Anglo-Saxons,
10:53si on peut dire,
10:54est-ce que ce n'est pas ce que vous aimez le plus en politique ?
10:57Non. Ce que j'aime le plus, c'est l'humain.
11:00Je le dis sincèrement, c'est l'humain.
11:02On témoigne mon omniprésence sur le terrain,
11:05dans ma circonscription en Moselle,
11:07le fait que je multiplie sans arrêt les déplacements,
11:10les rencontres, les rendez-vous auprès des particuliers,
11:13des élus, des entreprises, des associations.
11:15C'est ce que j'aime le plus dans cette aventure,
11:18une aventure intergénérationnelle,
11:20avec différents horizons, finalement, sociaux, professionnels.
11:25Effectivement, j'ai une prédilection
11:27pour les enjeux de communication.
11:29Je sais faire campagne,
11:31parce que j'ai appris à faire campagne,
11:33notamment auprès de Nicolas Dupont-Aignan,
11:36mais je vous rassure, ni Marine Le Pen ni Jordan Bardella
11:39n'ont besoin de moi pour réaliser
11:41les scores historiques récents qu'on a pu avoir.
11:44En revanche, comme beaucoup de militants,
11:46j'ai mon modeste niveau et je continuerai à le faire.
11:49On va passer à notre quiz.
11:50Conclusion de l'émission.
11:52L'idée, c'est de compléter les phrases que je vais vous proposer.
11:56Avec Jean-Philippe Tanguy et Thomas Ménager,
11:58on garde en commun...
12:00Notre amour de la France et notre amitié.
12:02Ceux qui disent que je suis le gendre idéal,
12:04ça revient parfois dans les portraits de vous ?
12:07Ca revient très souvent.
12:08Ca revient très souvent.
12:10Je n'aime pas souvent citer Marine Le Pen,
12:13mais je vais me souvenir qu'une fois,
12:15elle m'avait dit, à l'approche des élections législatives de 2022,
12:18quand elle avait vu mon affiche,
12:20que je allais faire voter les mamans et les mamies.
12:23C'est une phrase qui m'avait beaucoup fait rire.
12:26Gendre idéale, je ne sais pas.
12:28Je le pense.
12:29En tout cas, je cherche toujours ma belle-mère.
12:33Rires
12:34Enfin, j'ai gardé de l'Ariège.
12:37J'ai gardé de l'Ariège mon amour pour la campagne,
12:41ma famille, qui est toujours là-bas,
12:43et je fais des infidélités à ma circonscription de la Moselle
12:46une fois par an, à l'approche de Noël,
12:49parce qu'effectivement, je retourne en famille
12:51pour fêter Noël.
12:52Vous n'avez pas gardé l'accent ?
12:54Je n'ai pas gardé l'accent.
12:56Je suis en train d'adopter l'accent moselland,
12:59car j'ai été parachuté, je l'ai toujours assumé,
13:01mais depuis mon annonce de candidature en 2022,
13:04je vis dans ma circonscription
13:06et je compte bien y rester très longtemps
13:09pour continuer d'être à l'écoute et de défendre les Mosellands.
13:12Merci, Alexandre Loubet.
13:14SOUS-TITRAGE RED BEE MEDIA
13:17Générique
13:19...

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