Au Burkina Faso, dans certaines zones, la situation humanitaire devient alarmante. Les citoyens sont à la fois victimes du réchauffement climatique et des conflits armés.
Patrick Youssef, directeur Afrique du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) tire la sonnette d'alarme.
Patrick Youssef, directeur Afrique du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) tire la sonnette d'alarme.
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00:00Salut Brut, je m'appelle Patrick Youssef, je suis directeur Afrique au comité international de la Croix-Rouge.
00:06Aujourd'hui je vais vous parler de la situation humanitaire au Burkina Faso.
00:10Une crise qui malheureusement s'est empirée d'une année à l'autre et qui a créé une situation catastrophique pour des millions de personnes
00:18qui d'une part vivent dans une situation très compliquée à cause d'une guerre qui oppose le gouvernement aux groupes armés
00:28et qui engendre évidemment des violences répétées depuis plusieurs années.
00:34D'autre part, ils vivent une crise alimentaire, une crise qui touche tous les ménages dans ce pays,
00:42qui est très appauvrie d'une part par la guerre mais aussi par les aléas climatiques et le manque d'accès aux ressources naturelles.
00:49Les populations dans le Sahel vivent une insécurité permanente depuis au moins dix ans.
00:53Donc je pense que la demande numéro un c'est vraiment la stabilité, la sécurité qui apporte une prospérité économique
01:02et un bon vivre dans un pays qui est très accueillant et qui est vraiment un des joyaux du Sahel.
01:08D'autre part, je pense qu'on a tous vu une crise alimentaire, donc une crise qui touche une grande partie de la population au Burkina Faso.
01:19Aujourd'hui, dans les zones prioritaires du CISR, là où nous avons une action concrète sur le terrain,
01:2540% des ménages nous ont rapporté un manque de nourriture et d'argent pour subvenir à leurs besoins dans une semaine.
01:33Dans une région particulière sans la nommer, ce chiffre arrive à 96%.
01:38Ça veut dire que la crise alimentaire est le résultat, malheureusement, d'une double raison.
01:44D'une part, une guerre qui empêche les agriculteurs à avoir accès à leur terrain,
01:49qui empêche les éleveurs à vacciner leurs bétails et à leur donner l'accès à des pâturages,
01:55mais aussi ça empêche les gens à subvenir à leurs propres besoins.
02:00Ça veut dire qu'ils deviennent dépendants d'une action humanitaire comme celle du CISR.
02:05Donc ça, c'est un deuxième élément que je voulais vraiment apporter.
02:08Et troisième, c'est l'accès à l'eau et surtout aux services de base,
02:11notamment dans des régions où l'influence du gouvernement n'est pas aussi présente.
02:16Et là, je ne parle pas du Burkina Faso, seulement je parle de toute la région du Sahel
02:21où effectivement l'accès à l'eau et au final à la protection, comme je l'ai dit au tout début,
02:27qui reste primordiale dans des contextes où les gens ont décidé d'y rester,
02:30contrairement à d'autres qui se sont réfugiés dans des pays voisins
02:34ou voire immigrés vers d'autres destinations intra-africaines ou vers l'Europe.
02:40Je salue vraiment les Burkinabés qui sont restés dans les zones conflictuelles,
02:44qui sont ancrés chez eux et je trouve ça vraiment louable.
02:49Sur une échelle de 0 à 10, à quel niveau vous mettrez votre niveau d'aide par rapport aux populations touchées ?
02:57Je dirais qu'on n'est jamais satisfait parce que les besoins, malheureusement, sont en croissance.
03:02Donc à chaque fois qu'on distribue un sac de sorgho ou de l'huile,
03:07on doit revenir dans trois mois pour refaire la même chose.
03:10La satisfaction vient justement des sourires des gens, des remerciements,
03:15mais je dirais qu'on chavire entre 4 à 6 maximum vu que de nouveau les besoins sont alarmants.
03:24L'apport en aide humanitaire ne suffira jamais.
03:27L'important c'est que les populations se ressaisissent
03:31et renforcent leur résilience à travers des activités d'organisation comme la nôtre.
03:35Je dois vraiment souligner le travail héroïque que les volontaires mènent dans des zones très fragiles,
03:41surtout très dangereuses, et on travaille vraiment main dans la main en concert pour apporter du soutien.
03:48On ne sera jamais satisfait, mais on est vraiment content du retour des populations
03:55qui respectent, qui acceptent et qui ouvrent la porte à la Croix-Rouge.