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De ses premiers freestyles à son troisième album "La cour des Miracles", le rappeur d'origine sénégalaise S Pri Noir raconte ses débuts. Brut a passé une journée avec lui.

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Transcription
00:00Quand je commençais à rapper, je n'avais aucune ambition.
00:03Je ne voulais vraiment pas être rappeur, je rappais vraiment parce que j'avais les skills pour.
00:09Mais voilà, je m'en foutais.
00:13Bienvenue chez moi, au Fougère, là où j'ai grandi, là où j'ai traîné, là où j'ai fait mes premières armes.
00:19Donc j'habitais là et tu vois, mes premiers freestyles dans la rue,
00:23en tout cas que je faisais avec mes potes, c'était juste ici.
00:27Et nous ici, on est vraiment au port de la richesse.
00:29Moi, j'habite là-bas, à la Formatie.
00:32Regarde, tu descends et là, c'est toute une autre architecture, c'est toute une autre ville.
00:38Là, c'est ce qu'on appelle la campagne à Paris, c'est le début de la campagne à Paris.
00:41Toi, t'es vraiment au port de la richesse, il n'y a que des maisons.
00:44Dans ce coin-là, il n'y a que des maisons.
00:46Moi, je l'ai pris comme ça en tout cas.
00:46Je m'étais dit, vas-y, un jour, j'aimerais bien péter une maison ici.
00:49Donc voilà, moi, j'ai vécu dans une cour des miracles en vrai.
00:52C'était important pour moi d'appeler cet album comme ça parce que ça témoigne quand même d'une non-évolution.
00:57Toi, tu as joué dans la série « Jusqu'ici tout va bien » ?
00:59Oui.
01:02Là, c'est à ce moment-là que tu te rends compte qu'il y a vraiment une génération qui a passé.
01:05Elles me connaissent par rapport à mon rôle dans la série de Nawel Madani, « Jusqu'ici tout va bien ».
01:11Mais elles me connaissent moins en tant que rappeur, c'est marrant.
01:13Alors que je suis un rappeur de leur quartier.
01:15Quand je commençais à rapper, je n'avais aucune ambition.
01:18Je ne voulais vraiment pas être rappeur.
01:20Je rappais vraiment parce que j'avais les skills pour.
01:24Mais voilà, je m'en foutais.
01:25Sauf qu'il faut savoir qu'ici, il y a un grand studio qui s'appelle le Studio Ferber.
01:29Il y avait Kania Samet qui était au Studio Ferber.
01:33Et un pote à moi, à l'époque, il l'avait alpagué en lui disant « Hey, ici, on a un rappeur dans le quartier. »
01:41Il s'appelle Esprit Noir.
01:42Il m'avait appelé en me disant « Viens ».
01:44Et du coup, il lui a dit « Oui, ce serait bien que vous fassiez un son au Studio Ferber. »
01:48C'était un loisir.
01:49C'est comme si je prenais une balle de foot et que je disais à mes potes « Allons au stade et allons jouer au foot ».
01:55Alors là, on est au stade Jean-André, à la Courneuve.
01:57Et c'est le stade où j'ai commencé le foot américain.
02:00Et c'est il y a combien de temps que tu n'es pas venu ici ?
02:01Ça se compte en années.
02:04Je ne sais même pas si on n'est pas sur une dizaine d'années.
02:06Mais ça fait très très longtemps que je ne suis pas venu ici.
02:08La première fois que je suis allé à la Courneuve, c'est l'équipe avec laquelle j'ai fait partie d'une aventure
02:13où on a été deux fois champion de France junior de foot américain.
02:17Il faut que je maigrisse là.
02:19C'est dur, mais ça lui parle des pots bien.
02:21C'est vrai qu'ici, ça fait un peu gai.
02:24Il est beau. Merci Bruno.
02:26Franchement, ce n'est que des bons souvenirs, une bonne ambiance.
02:29Je me dis quand même qu'on était courageux puisque le foot américain, c'est un sport de contact.
02:34Tu vois ce que je veux dire ?
02:36On était là même par temps de froid.
02:38Quand je commence le foot américain, c'est à peu près la même période
02:43du commencement aussi de mes premiers textes de rap.
02:45J'avais déjà commencé à écrire et tout.
02:47J'étais en train de refaire mon rap.
02:48On est devant mon premier studio d'enregistrement.
02:51C'est le premier lieu où j'ai commencé à enregistrer des sons de manière professionnelle, on va dire.
02:56C'est parti.
03:03Là, on est en train d'enregistrer mes premiers babouillements.
03:07Mon premier son a été ici, dans cette place-là.
03:10Mais moi, je le vois toujours ghetto cet endroit.
03:12Tu vois, c'est sous Paris.
03:14Moi, je suis un rappeur parisien.
03:17J'ai l'impression d'être vraiment dans les entrailles de Paris.
03:19J'arrive à l'improvisme en ce moment ici.
03:21J'arrive à l'improvisme, je toque.
03:22Il met du temps à ouvrir.
03:23Dès que tu toques fort, tu vois, il a peur pour sa porte
03:26parce qu'on est en plein Bastille, tu vois.
03:27Donc, il y a souvent des fous qui traînent dans le coin.
03:30Parfois, je m'endors en pleine session, carrément.
03:33On se réveille à 10 heures du matin, on continue.
03:36Non, c'est comme si c'était une annexe de chez moi, en fait, ici.
03:39Et là, c'est ouf parce que, tu vois, c'est la photo de mon groupe, l'Institut.
03:44Ces mecs-là, ils faisaient partie des rappeurs les plus chauds de la capitale, en vrai.
03:47En fait, j'ai changé ma façon de travailler pour la Cour des Miracles.
03:50On a vraiment axé le projet sur des instruments organiques,
03:55tu vois, de vrais instruments.
03:57Donc, des vraies batteries, des vraies guitares, des vraies synthés.
04:00J'ai bossé vraiment d'arrache-pied, deux ans, non-stop.
04:03Il y a pas mal de feats, genre Laylow, Geek Bass Bar, Neck Feu.
04:08Est-ce que tu peux dire comment ça s'est fait ?
04:10Tous les feats qui se sont faits, c'est vraiment à la vibe, tu vois.
04:13C'était pas un plan pré-établi, etc.
04:17Même avec un Neck Feu ?
04:18Surtout avec lui, hein.
04:20Surtout avec lui, lui, ça a toujours été ça.
04:22C'était pas prévu ?
04:23Jamais planifié.
04:24Tous les sons que les gens ont entendus de nous deux, jamais planifiés.
04:28Ouais, jamais planifiés, jamais planifiés.
04:30Lui, comme moi, on est tellement des électrons libres
04:33que ça peut pas être planifié.
04:35Je l'appelle à un moment, où il m'appelle,
04:39enfin, en tout cas, dans toute la discographie qu'on a pu faire en commun,
04:43il m'appelle à un moment, je l'appelle à un moment,
04:44mais c'est toujours à la fin du projet.
04:46Tchako, pareil, c'était pas ce sur quoi il devait poser,
04:49mais il a kiffé un morceau qui est devenu Bonsoir Paris.
04:52Il avait mes couplets, pareil, il a tapé un refrain.
04:55Je suis pressé de voir à quel point les gens peuvent réceptionner la nouvelle musique.
05:01Pour moi, c'est de la nouvelle musique, tu vois, que j'ai faite.
05:03Je pense que c'est un projet qu'il faut écouter de A à Z.
05:06Je l'ai construit comme un livre audio.

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