• l’année dernière
Antoine Dupont, Grégory Alldritt, Anthony Jelonch… Ils sont tous passés par le Rugby Club Auch, dans le Gers, avant d’intégrer le XV de France. La commune de 22 000 habitants est une terre fertile, une terre où tous les jeunes côtoient, de près ou de loin, le rugby. On a rencontré l’un des plus anciens dirigeants, Éric Seron, pour tenter de percer le secret de ce club historique.

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Transcription
00:00Regarde comment il était tout jeune, Antoine, à coté.
00:02Avec ces générations-là, on a gagné le respect de tous les clubs.
00:05Personne ne s'amuse à nous prendre de haut.
00:07Tout le monde te dit, vous avez une recette, comment vous vous faites.
00:13Antoine, Anthony, Pierre, Greg, Nico Corato,
00:17Gauthier Doubraire, Paul Pimenta,
00:19ils sont restés à Hoche jusqu'à junior deuxième année,
00:22Espoir, la plupart Espoir.
00:24Et ils font tous des très belles carrières.
00:26Et c'est vrai que quand Hoche se déplace actuellement,
00:29je pense qu'ils font des bonnes recettes
00:31parce que les gens se disent, tiens, on va quand même voir ces Hoches.
00:34Ils sont bizarres ce club.
00:36Avoir quatre mecs en équipe de France, c'est quand même stratosphérique.
00:38Bonjour Brut, je m'appelle Eric Serron,
00:41je m'occupe des juniors d'Hoche depuis plus de 20 ans
00:44et on est ravi de vous avoir au club cet après-midi peu ensoleillé.
00:48Une des fiertés du club actuellement,
00:50c'est que les trois derniers capitaines d'équipe de France,
00:52il y a eu Anthony aussi d'ailleurs en Australie,
00:54Antoine Dupont, Greg Aldrich et Orest Seven pour l'Arriva.
00:58Donc c'est quand même une surreprésentation qui est assez extraordinaire.
01:02Hoche, à mon avis, a un avantage, comment dire, simple.
01:07C'est qu'on a formé dans notre histoire des joueurs.
01:10Mais évidemment, c'est difficile de trouver 24 ou 25 joueurs
01:13de très haut niveau sur une génération.
01:15Donc t'en trouves un, deux, trois, quatre.
01:17Peut-être la génération, l'un et le plus,
01:19c'est les deux générations avec Antoine, Pierre, Anthony, Greg, etc.
01:24Où on en arrive à en avoir cinq, six par génération, ce qui est énorme.
01:27Pour les joueurs, c'est plus difficile, mais en même temps, c'est très formateur.
01:31Parce que quand nous, on fait une performance,
01:33ça veut dire que nos joueurs cadres,
01:35ils ont été obligés de jouer à 120 ou 130%.
01:38Moi, j'ai le souvenir, dans ces trois ans où on avait ces générations-là,
01:42on a dû aller jouer six fois le Stade Rousin.
01:44On a dû gagner quatre ou cinq fois, ce qui était assez étonnant.
01:47C'est vrai ici que je pense que les joueurs,
01:48peut-être, ils ne se mettent pas la tête à l'envers en se disant
01:51« Ouais, il faut que je fasse ça pour être pro et tout ».
01:53Ils jouent pour le plaisir, je pense.
01:54Ils essayent de gagner le match du week-end d'après.
01:56Je ne pense pas qu'à 15, 16 ans, ils ont des plans de carrière.
02:00Mais là, ils restent un peu dans un cocon et dans une petite bulle
02:03qui leur permet certainement, à mon avis, de jouer sans pression négative.
02:08Tu viens deux secondes, Paulin !
02:09Tu es quand même la preuve vivante que tu as beau être
02:12en équipe de France A7, capitaine,
02:14tu es tout seul en train de t'entraîner sur le stade.
02:17C'est beau.
02:17Je suis originaire vraiment de Doche et j'ai commencé le rugby à cinq ans ici.
02:21Et j'ai fait toute l'école de rugby jusqu'à jouer en première en Pro D2.
02:26C'était en 2012, je crois, ou 2013.
02:29Et après, je suis parti à Bordeaux, à l'UEB.
02:33Et après, je suis arrivé avec l'équipe de France A7.
02:35Du moment où on arrive en club,
02:38on arrive à créer un état d'esprit de camaraderie, d'entraide.
02:44Et tout ça, après, à rajouter une soupçon de travail.
02:49Parce que je pense qu'il y a beaucoup, surtout, de travailleurs.
02:51J'ai reçois des garçons qui veulent toujours y arriver
02:55et arriver au plus haut niveau.
02:56Je pense qu'en venant d'ici, on ne pense pas de suite à devenir pro de suite.
03:00Même si à l'époque, Hoche était en Pro D2 et était un club semi-pro, on va dire.
03:06On pense d'abord à s'éclater avec les copains, à passer de très bons moments.
03:11On pense à gagner des matchs, à jouer aussi contre des grosses équipes
03:16comme le Stade Toulousain.
03:17Nous, quand on recevait le Stade Toulousain ici,
03:18ou la section Paloise, on en parlait tout à l'heure,
03:20c'était des gros moments où on voulait montrer notre caractère.
03:23On voulait s'imposer face à des équipes comme ça, qu'on voyait un peu à la télé.
03:27Au fil du temps, quand tu commences à arriver dans les sélections,
03:30jeune, moins de 17, moins de 18,
03:32que tu vois que tu as la possibilité de peut-être en faire ton métier,
03:36mais de rentrer dans la sphère pro, tu commences à y croire.
03:39C'est rigolo parce que beaucoup de gens veulent partir faire le tour du monde,
03:42pensant aller chercher quelque chose d'extraordinaire, du bonheur.
03:48Et nous, on se rend compte, avec le rugby, qu'on fait énormément le tour du monde.
03:51On voyage, on va aux quatre coins du monde.
03:55Je pense qu'on est quand même très heureux de venir en France,
03:59de venir chez nous, de profiter de nos familles,
04:00des gens qui nous entourent, des gens qui nous aiment.
04:02Moi, s'il y a des gens qui regardent dans des parents
04:05dont les enfants sont assez doués au rugby,
04:07si localement, ils ont un club de rugby de très bon niveau,
04:10qu'ils y aillent, c'est normal.
04:12Mais moi, je ne leur conseille pas de partir trop tôt.
04:15Moi, je vois l'échec monstrueux quand les gens partent.
04:17Une des difficultés du rugby, à mon avis,
04:20ce sera de garder ce terreau, village, petit club,
04:25tout en laissant des plus gros clubs commencer à s'installer,
04:28faire de la formation.
04:29Ce n'est pas simple parce qu'il n'y a pas les mêmes moyens.
04:33Actuellement, pour un club, est-ce que c'est intéressant de former ?
04:36On a à peu près un million d'euros de budget.
04:38On consacre 200 000 euros à la formation.
04:41C'est énorme, quoi.
04:43Est-ce que ça les vaut ?
04:45Si tu formes des jeunes et qu'ils partent,
04:48quand ils vont partir, même s'ils ont un très bon niveau,
04:51ils vont te rapporter 3 000, 6 000 euros.
04:54200 000 euros, il faut vendre beaucoup de joueurs à 3 000 euros
04:57pour récupérer 200 000 euros.
04:58Nous, on a toujours essayé de faire de la formation
05:00parce qu'on considère que c'est notre ADN
05:01et qu'on est connu comme ça.
05:03Mais bon, ce n'est pas facile.
05:05Et un des risques, à mon avis, si on anticipe pour le futur du rugby français,
05:08c'est que l'argent fasse que les petits clubs
05:11qui forment énormément de joueurs perdent la main.
05:16Et après, tu auras des gros clubs.
05:21Et là, je pense que ça risque d'être dangereux
05:24parce que tu te professionnalises,
05:26mais en même temps, tu risques de perdre un peu la spécificité du rugby,
05:29ce côté rugby village qui est vraiment intéressant.

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