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En Bretagne, un camion poids lourd vient d'être saisi par la police. Derrière le volant, une femme de 40 ans. Dans la remorque, près de 150 chats et chiens, empilés les uns sur les autres dans des petites cages, affamés et couverts d'excréments. La conductrice est soupçonnée d'être atteinte du syndrome de Noé, un trouble mental qui se traduit par l'accumulation d'animaux de compagnie.

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Animaux
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00:00Mercredi dernier, des rivains d'une petite commune proche de Saint-Malo
00:03ont été alertés en fait par la présence d'un gros poids lourd qui stationnait sur la commune
00:07mais plus encore par les cris d'animaux qui en émanaient.
00:10Dans le véhicule, l'équipage de police a eu la stupeur
00:13de constater la présence de plus de 130 chats et d'une vingtaine de chiens
00:19qui tous étaient encagés dans des petites cages, empilés les unes sur les autres
00:23sur un fond d'excrément dans une odeur insoutenable, sans eau, sans nourriture.
00:27Les animaux étaient comme ça depuis manifestement des semaines voire même pour certains des mois
00:31ils étaient pour la plupart squelettiques.
00:33La conductrice du camion, donc une femme âgée d'une quarantaine d'années
00:36a indiqué dans ses premières déclarations qu'en fait elle faisait le tour de l'Europe
00:40et qu'elle comptait rentrer chez elle au Royaume-Uni.
00:43Très clairement au vu du nombre d'animaux qui ont été découverts dans le véhicule
00:46au vu de leurs conditions de vie
00:48mais surtout au vu du déni dont la mise en cause faisait preuve
00:51on peut totalement considérer qu'il s'agissait d'un syndrome de Noé.
00:54Le syndrome de Noé c'est une pathologie mentale relativement répandue
00:58qui a été découverte par un vétérinaire dans les années 80, le docteur Gary Petronek
01:02et qui va conduire les personnes qui en sont atteintes à accumuler compulsivement
01:06tout un tas d'animaux, de n'importe quelles espèces
01:09jusqu'à ne plus pouvoir assouvir leurs besoins, ne plus pouvoir les nourrir correctement
01:13ne plus pouvoir les soigner, jusqu'à ce que l'hygiène en devienne complètement déplorable
01:17et un déni s'installe en fait chez la personne qui est convaincue
01:21qu'elle s'occupe correctement de ces animaux
01:23c'est pourquoi on appelle ce syndrome le syndrome de Noé
01:26en fait en référence à l'arche de Noé
01:29avec l'image qu'on s'en fait, c'est à dire
01:31tous ces animaux qui sont parqués dans un bateau
01:34avec une personne qui se pose en sauveux de ces animaux-là.
01:37Ces individus, aussi appelés des collectionneurs,
01:39accumulent les animaux et dépassent leur capacité d'hébergement
01:43leur capacité à les prendre en charge de manière appropriée.
01:46On trouve une brève description de ce syndrome
01:48dans le manuel diagnostique des maladies mentales qu'on appelle DSM 5
01:52un plus dans la section troubles obsessionnels compulsifs et troubles apparentés
01:56mais le fait de collectionner les animaux, ce qu'on appelle la thésaurisation des animaux
02:00peut être un symptôme de diverses pathologies neurologiques ou psychiatriques.
02:04Le syndrome de Noé affiche de grandes similitudes avec le syndrome de Diogène
02:08qui se caractérise par l'accumulation d'objets
02:11associé à un extrême manque d'hygiène, tant au niveau corporel qu'au niveau de l'habitat.
02:15Le déni est l'un des principaux symptômes.
02:17Le comble de ce trouble est que la personne se transforme petit à petit
02:20en ce qu'elle détestait au départ, c'est-à-dire une personne maltraitante.
02:23Nous n'avons pas suffisamment de données à l'heure actuelle pour quantifier ce trouble
02:27mais c'est une affection qui est largement sous-estimée.
02:30En tant qu'association de protection animale,
02:32nous sommes quasi quotidiennement confrontés à des syndromes de Noé.
02:35Je pense qu'environ 30% des signalements que nous recevons
02:38sont en réalité des syndromes de Noé.
02:41Les personnes vont être plus inclines à les signaler
02:43parce que c'est un syndrome qui va provoquer des nuisances
02:45notamment des nuisances olfactives et sonores
02:47qui vont rapidement alerter les riverains
02:49ce qui va les pousser finalement à donner l'alerte.
02:51Les personnes ont honte de nous ouvrir la porte et de nous laisser rentrer
02:56parce qu'elles ont conscience qu'elles vivent dans l'insalubrité
02:58donc à chaque fois elles s'excusent pour la saleté
03:00mais pour autant, elles n'arrivent pas à se rendre compte que les animaux sont en souffrance.
03:04Lorsqu'on intervient chez des personnes qui sont atteintes de cette pathologie-là,
03:07on retrouve toujours plus ou moins les mêmes éléments.
03:10Bien sûr, on va retrouver un nombre d'animaux importants
03:13de plusieurs dizaines à jusqu'à parfois plusieurs centaines.
03:15On va également retrouver des animaux qui sont privés d'alimentation,
03:20privés d'abreuvement
03:21et des animaux qui vivent dans des conditions d'hygiène
03:23qui sont tout simplement insupportables
03:25avec souvent des excréments du sol au plafond.
03:28Dans les cas les plus dramatiques,
03:30ça nous est arrivé d'intervenir encore récemment
03:32chez des personnes qui étaient tellement atteintes du syndrome
03:35que non seulement elles ne supportaient pas de devoir se séparer
03:39des animaux qu'elles détenaient en nombre et dans de mauvaises conditions
03:42mais elles ne parvenaient même pas à se séparer des animaux qui étaient morts.
03:46Donc en fait, elles gardaient les corps des animaux,
03:49en l'occurrence dans une pièce qui était séparée
03:51et les animaux qui étaient vivants partageaient encore une fois
03:53l'espace des animaux qui étaient morts
03:55et malheureusement étaient souvent contraints de se nourrir des corps
03:57pour eux-mêmes ne pas mourir de faim.
03:59Dans le cas des syndromes de Noé,
04:01les animaux sont en très grande souffrance,
04:04souffrance qui peut parfois entraîner la mort.
04:06Ce sont des animaux qui souvent sont amaigris
04:08parce qu'ils ne mangent pas à leur faim.
04:10Ce sont des animaux qui là, dans quasiment 100% des cas,
04:13souffrent de pathologies assez importantes
04:15et qui sont souvent transmissibles,
04:17qui sont favorisés en fait par l'insalubrité,
04:19par le manque d'hygiène,
04:20par le fait que les animaux évoluent dans leurs excréments les uns et les autres
04:23et donc ce sont des animaux qui lorsqu'ils sont pris en charge
04:26nécessitent souvent des soins très longs et surtout très importants.
04:29De nombreux animaux doivent malheureusement être euthanasiés
04:31après les interventions des associations.
04:33Dans d'autres situations moins dramatiques,
04:35qui ne mettent pas directement en péril la santé de ces animaux,
04:39ils ne sont plus libres d'éviter les interactions avec leurs congénères,
04:42ce qui peut être très compliqué pour une espèce comme le chat.
04:45Ils ne peuvent pas explorer librement leur environnement,
04:47comme c'est le cas de ces chats qu'on a vus sur les vidéos,
04:49qui sont en cage.
04:50La personne qui souffre du syndrome de Noé
04:52peut développer également différentes maladies,
04:54des infections, des troubles respiratoires,
04:56se faire infecter par des parasites responsables de zoonoses.
04:59La personne peut souffrir d'endettement,
05:01en tout cas d'appauvrissement.
05:02Le syndrome a un impact considérable sur la vie sociale de ces personnes
05:06qui vont avoir tendance à s'isoler, à vivre recluses.
05:09Et dans certains cas,
05:10les conséquences vont aller jusqu'à l'expulsion de la personne de son logement.
05:14Si vous êtes confronté à une personne
05:16qui vous semble souffrir de ce syndrome,
05:18n'hésitez pas à contacter les associations de protection animale,
05:22voire les autorités locales,
05:24qui prendront les décisions nécessaires
05:26pour prendre en charge cette personne et ses animaux.
05:28Dans les cas de syndrome de Noé,
05:30on a des personnes qui ne se rendent vraiment pas compte
05:33du mal qu'elles font, finalement.
05:35Elles sont convaincues d'être des sauveuses des animaux qu'elles récupèrent.
05:39Elles sont convaincues que les animaux sont bien chez elles.
05:42Et on a beau leur placer sous les yeux
05:45un animal squelettique qui est en train de souffrir,
05:48qu'elles trouveront toujours une excuse
05:50pour nous expliquer à quel point l'animal est mieux chez elles que ailleurs.
05:54Ce sont des personnes, en fait,
05:56qui n'ont plus le discernement suffisant
05:59pour se rendre compte de la souffrance qu'elles infligent.
06:03C'est pourquoi, malgré les plaintes que l'on dépose,
06:05pour notamment essayer d'obtenir des interdictions de détenir
06:08et donc éviter que la pathologie ne reprenne le dessus,
06:11dans la plupart des cas,
06:13on a des personnes qui sont déclarées psychologiquement inaptes à être jugées
06:17parce que finalement,
06:19elles n'ont pas la volonté de causer de la souffrance,
06:21même si dans les faits, elles en causent.
06:23Les personnes, généralement,
06:25commencent avec 5, 10, 15, 20 animaux.
06:27Et puis, en l'espace de quelques mois,
06:29on peut se retrouver avec des personnes
06:31qui ont jusqu'à 150 ou 200 animaux accumulés chez elles.
06:34Plus les animaux s'accumulent,
06:36plus les conditions de vie des animaux
06:38et de la personne également se dégradent,
06:40plus les pathologies se développent
06:42et plus l'intégralité des personnes
06:44qui vivent dans le domicile, finalement,
06:46souffrent de la situation.
06:47Le syndrome de Noé peut se retrouver à tous les âges,
06:49quel que soit le sexe ou la situation socio-économique de la personne.
06:52Mais des études récentes montrent
06:54que ce syndrome toucherait davantage les femmes,
06:57les femmes de plus de 55 ans
06:59qui vivent seules et qui n'ont pas d'emploi.
07:01Selon les données du
07:03Hoarding of Animal Research Consortium,
07:05les chats représentent un peu plus de 80%
07:07des espèces concernées par ce syndrome,
07:09suivi des chiens,
07:11des oiseaux, des petits mammifères,
07:13mais également des bovins, des moutons,
07:15des chèvres, des chevaux
07:17et des reptiles.

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