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"J'ai beaucoup, beaucoup regretté. Être homo n'est pas une maladie…" Quand son fils Ouissem Belgacem lui a annoncé son homosexualité, Faouzia ne lui a plus parlé pendant 2 ans. Aujourd'hui, elle regrette ce temps perdu, et elle a un message pour les parents dans sa situation.

Dans Yamma, Ouissem Belgacem se met dans la peau de sa mère Faouzia pour raconter son histoire hors du commun.
Transcription
00:00Je suis fière de mes enfants, je suis une mère comblée, le garçon qui est à côté de moi, c'est l'homme de ma vie, c'est mon fils, lui c'est un.
00:13Vous publiez votre deuxième livre qui s'appelle Yama, c'est une démarche particulière parce que dans ce livre vous écrivez à la première personne comme si vous étiez votre maman.
00:23C'est ça en fait, à travers Yama, plus que prêter une voix à ma mère, je voulais vraiment lui en donner une.
00:29Je pense que c'est important pour tout enfant un peu de comprendre le passé de ses parents avant qu'on arrive sur Terre, parce que forcément ce qu'ils ont traversé ça va grandement impacter leur capacité à être parents, à comment ils vont nous élever, les différents rapports qu'on va avoir avec ma mère.
00:43Et c'est vrai que moi, écrire son histoire, ça m'a fait développer une empathie mais incroyable envers elle, parce que j'ai compris tellement de choses sur parfois une distance qu'on pouvait avoir, etc.
00:54Du coup, quand elle m'a raconté son histoire, c'est comme si je remettais le puzzle en place en quelque sorte.
00:59Dans mon premier livre, en fait, j'ai raconté l'anecdote de mon coming out par mon prisme, et là dans Yama, je voulais raconter un peu la même journée, mais par le prisme de ma mère, comment elle, elle l'a vécu.
01:13J'ai commis une erreur, je reconnais.
01:15Quand il m'a lancé, j'ai sorti au plafond, j'ai dit c'est pas possible.
01:19J'ai perdu plus que deux ans, on s'est pas parlé tous les deux.
01:24J'ai fait une thérapie, j'ai fait un travail sur moi, et je me suis rendu compte, j'ai dit j'ai pas le choix, je vais perdre mon fils.
01:33Non, l'amour pour mon fils, il a pris le dessus.
01:37Je l'ai appelé, je lui ai dit Wissem, tu reviens à la maison, maman elle t'aime.
01:42Il faut pas forcément jeter la pierre immédiatement aux parents qui réagissent mal ou autre.
01:46Moi, j'ai mis des années et des années à m'accepter tel que je suis.
01:50Je pouvais pas attendre de ma mère qu'en cinq minutes, elle me dise OK, mon fils vient dans les bras, je t'aime.
01:54Surtout pas quand on a ses bagages culturels, religieux, sociaux, etc.
02:03Ma mère, quand je lui ai dit, on s'est pas parlé pendant plusieurs années, mais je raconte aussi comment elle a dépassé tout ça.
02:08Et ça, je trouve que c'est une parole assez rare, parce qu'une maman franco-tunisienne, musulmane,
02:16qui raconte cette histoire-là, moi je l'ai pas vu beaucoup,
02:20et c'est là où je pense que c'est un livre qui est porteur d'espoir et plein d'amour au final, même si très dur par moments.
02:25C'était presque comme une thérapie ce livre.
02:28J'ai sorti tout ce que j'avais à l'intérieur.
02:31J'ai rien maintenant. Je suis soulagée.
02:35C'est clairement un livre de résilience.
02:37Moi, quand j'ai fait mon coming-out à ma mère, j'avais espoir que ça se fasse pas aussi mal, on va pas se mentir.
02:42Mais en tout cas, mon cœur était apaisé dans le sens où je lui ai dit, maman, quand t'es prête, tu reviens vers moi.
02:48Dans ces moments-là, j'ai presque envie de dire que parfois le rôle de parent et d'enfant s'inverse,
02:53parce que forcément, ma mère, l'homosexualité, elle y connaissait pas grand-chose,
02:57parce qu'elle n'y a pas été confrontée, parce qu'elle n'a pas forcément d'amis qui sont homosexuels,
03:01parce que quand on grandit en Tunisie, à la télé, il n'y a pas de représentation,
03:05parce qu'en France, jusqu'à pas longtemps, les représentations qu'on en a dans les médias, elles sont pas exceptionnelles.
03:11Donc c'est dur de se forger une opinion un peu positive de la communauté gay.
03:16Mais c'est pour ça que je misais sur le temps et sur de l'éducation, si je peux dire, en quelque sorte,
03:26pour nous rapprocher. Et je pense que c'est la preuve vivante que,
03:31ça peut faire un peu cliché de dire ça, mais que, en fait, par amour,
03:34on peut dépasser d'innombrables barrières sociétales, culturelles, religieuses.
03:40Ma mère en est la preuve.
03:41Est-ce que quand vous avez lu ces passages-là, que vous avez relu ce que vous avez vécu, vous avez regretté ?
03:47Beaucoup. J'ai beaucoup, beaucoup regretté. J'ai perdu du temps.
03:53Il y a deux ou trois ans que je n'ai pas parlé à mon fils. C'est du temps perdu pour rien.
03:57C'est pour ça que je m'adresse aux parents, qu'ils comprennent leurs enfants.
04:02D'être homo, ce n'est pas une maladie, ce n'est pas un choix. On est avec.
04:10C'est ça le sujet qu'ils n'arrivent pas à comprendre. On est avec.
04:14Donc aimez vos enfants, aimez. Ils ont besoin d'amour. Ils ont besoin.
04:21Maintenant que je me suis reconciliée, je l'ai acceptée, quand je le vois heureux, je suis heureuse.
04:29C'est beau.

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