"il y avait un truc un peu lourd sur nos épaules. On a une chance incroyable de faire ce truc-là, il faut pas qu'on se rate."
C’est l’histoire de deux amis d’enfance qui ont décidé de faire un film sur leur propre vie.
On a rencontré Pablo Cotten et Joseph Rozé qui ont réalisé le long métrage "La Récréation de juillet", en salle mercredi 10 juillet.
C’est l’histoire de deux amis d’enfance qui ont décidé de faire un film sur leur propre vie.
On a rencontré Pablo Cotten et Joseph Rozé qui ont réalisé le long métrage "La Récréation de juillet", en salle mercredi 10 juillet.
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Court métrageTranscription
00:00Joseph et moi on se connait depuis qu'on est nés.
00:02On est allés à l'école ensemble.
00:04Et donc on a tous nos souvenirs d'enfance en même temps.
00:07Et donc de faire un film sur nous,
00:10mais qu'on essaye de rendre le plus universel possible,
00:12sur notre génération, sur la vie et la mort aussi.
00:15Un film dans lequel on a mis plein de fantasmes de cinéma
00:17et qu'on a tourné dans un élan un peu naïf, un peu fou,
00:20mais avec tout ce qu'on voulait mettre dans un seul film.
00:22C'est votre producteur qui vous dit après le deuxième cours
00:24« Ok, venez, on fait un long ? »
00:26C'est ça.
00:27C'est une chance incroyable.
00:28C'est vraiment un coup de folie de sa part.
00:31Du coup ça avait des contraintes.
00:32C'est qu'on devait écrire un film vraiment pas trop cher
00:35et faisable tout de suite.
00:37Et donc on l'a écrit un peu en conséquence.
00:38Mais à partir de contraintes et d'obstacles,
00:40on a écrit un truc différent.
00:41C'est pour ça qu'on l'a écrit aussi que dans un collège.
00:43Et qu'on s'est dit « Ok, on fait tout dans un lieu unique. »
00:45Et dans cet endroit-là, on va trouver plein de trucs à filmer,
00:47plein de trucs avec lesquels s'amuser.
00:49Le scénario c'est l'histoire d'un personnage
00:51qui est né le 14 juillet.
00:52Et donc qui a toujours eu l'impression que la fête nationale,
00:55les feux d'artifice et les avions, c'était pour lui.
00:57En tout cas c'est ce que ses parents lui racontaient quand il était petit.
00:59Et donc on avait écrit au scénario qu'il y avait des avions
01:01qui passaient un moment au-dessus de la cour.
01:02En fait, il n'y avait à peu près aucune chance que ce truc arrive
01:05parce qu'on n'avait évidemment pas l'argent pour faire venir des avions.
01:07Et donc on s'était dit « On verra plus tard, on trouvera des moyens. »
01:10« Peut-être qu'on le rajoutera en effets spéciaux. »
01:12« On mettra la moitié du budget du film en effets spéciaux et tout. »
01:14Et puis un jour, par hasard,
01:16on est en train de tourner une scène qui n'a rien à voir
01:17et on entend le collège qui commence à trembler.
01:19Et c'était le 13 juillet.
01:21Et on voit toute une série d'avions et vraiment un défilé qui passe au ciel
01:24mais au-dessus de la cour, mais vraiment au milieu.
01:26En fait, c'était la répétition du défilé.
01:28Donc là, on se met dans la cour et on chope tout un peu à l'arrache
01:31en improvisation totale, avec des plans qui sont cools.
01:34Mais on se dit « Putain, si on avait pu prévoir le truc, ça aurait été dingue. »
01:36Et on se dit « Comme c'est la répétition, ça veut dire que demain s'il passe là,
01:41c'est qu'on ouvre le défilé. »
01:42Et donc, on a foutu deux caméras pour tout
01:44et on a vraiment snipé les avions.
01:47Comme si, c'est Mission Impossible, mais au sens du film.
01:51C'est une production hollywoodienne d'avoir 20 avions qui passent au-dessus d'un collège
01:54pour un mini-film comme ça.
01:59Ça fait deux ans qu'on n'est pas revenus.
02:02Beaucoup de souvenirs.
02:03Beaucoup de souvenirs ?
02:04On est dans le collège dans lequel on a tourné,
02:06qui se trouve au cœur de Paris.
02:07Notre premier long-métrage, « La récréation de Juillet ».
02:11Là, en bas, il y a derrière ces grillages,
02:13il y a la cantine, ce qui est un peu angoissant.
02:17On a essayé de manger au minimum dans cette cantine.
02:19Quand on dormait dans le collège
02:21et qu'on marchait dans la nuit dans le collège
02:23pour essayer de s'inspirer d'un lieu vivant,
02:25d'un côté un peu Miyazaki, des lieux qui font peur la nuit et tout,
02:28on se baladait tous les deux et ça faisait vraiment très peur.
02:32C'est terrifiant ici.
02:34Il y a une vraie odeur de cantine.
02:37Mais on aimait bien ce côté-là, avec les machines et tout,
02:40comme si le lieu se mettait un peu à un château ambulant,
02:43comme si le lieu se mettait à vivre la nuit quand tout le monde était parti.
02:47On a capté tous les sons du lieu pendant des heures et des heures.
02:50Il y a quand même des sensations d'enfance qui reviennent d'un coup.
02:52Dans notre film, les personnages rentrent par réfraction dans le collège
02:55qui est vide en été.
02:56Donc il nous fallait un mur comme ça, pas trop haut,
02:58pour qu'ils puissent l'escalader.
02:59C'est la première scène du film,
03:00et donc ça, c'était très important pour nous.
03:02Au début du film, en tout cas à l'écriture,
03:05il y avait une grosse scène
03:06où tu avais toutes les fenêtres qui s'ouvraient
03:08et tous les gens qui sortaient aux fenêtres
03:10et qui regardaient le personnage principal faire du piano,
03:12qui l'applaudissaient.
03:13Il se trouve qu'on a du coup ramené notre famille,
03:15enfin la famille Pablo, ma famille, aux fenêtres
03:17et que nos amis, on leur a demandé de se déplacer.
03:20C'était un peu chiant à faire.
03:21Mais on a retiré la scène.
03:23On avait transformé toutes les salles de classe
03:25avec le nom des salles de classe que nous, on avait.
03:27C'était des A, 101, 102 et tout.
03:29Ce qui n'est pas très différent, mais pour nous, c'était très important.
03:31Et comme en cinéma, on peut transformer n'importe quoi,
03:33on a voulu faire ça.
03:34Et du coup, on avait oublié de les enlever.
03:35Et donc les élèves, à la rentrée,
03:38ils se sont rentrés tous dedans,
03:39parce qu'ils avaient un calendrier,
03:41et personne n'avait la bonne salle.
03:43Il reste un peu des traces quand même.
03:45Parce que ça, on avait mis des trucs jaunes partout
03:49pour qu'il y ait un peu de couleur,
03:50et c'est un peu resté.
03:51On transportait du matos énorme dans ces couloirs toute la journée.
03:57Il y a des élèves qui passent leur bac.
04:02C'est là où on a fait la bataille d'eau, ici.
04:04La bataille d'extincteurs.
04:06Et on a transformé toutes les salles de classe en chambres.
04:09Parce que tout le parti pris du film, c'est de vivre dans son collège.
04:12On avait mis aussi plein de faux trucs, de la fausse fumée, des fausses lumières.
04:15Et les gens venaient, comme c'est quand même dans Paris,
04:18les gens venaient toquer au collège
04:20et demandaient s'il y avait vraiment un incendie et tout.
04:25Et nous, on était comme des fous.
04:27C'était drôle.
04:28C'est vrai que ça paraît plus petit.
04:31Ça paraît toujours plus petit.
04:32C'est comme quand t'es au...
04:36En deux ans, ça nous a fait comme quand t'es dans ton école primaire
04:38et que tu viens voter et que ça a l'air de rien, tout petit.
04:40On a fait aussi, là, assez jeune, un long métrage.
04:42Donc à des moments, il y avait un truc un peu lourd sur nos épaules.
04:45De responsabilité.
04:46De responsabilité.
04:47De se dire, bon, on a une chance incroyable de faire ce truc-là.
04:51Faut pas qu'on se rate.
04:56Faut qu'on prouve aussi aux gens qui nous ont donné cette chance-là
04:58qu'on est capables de faire cet objet-là, auquel on tient.
05:01Cet objet qu'on avait en tête depuis longtemps.
05:03C'était la magie du cinéma.
05:04La magie du cinéma.