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"En réalité, Starmania, ça appartient aux gens."
Starmania a marqué la France dès sa création en 1979. Aujourd'hui, le spectacle est de retour dans une toute nouvelle version et c'est Thomas Jolly qui a signé la mise en scène. Alors, qui de mieux pour nous parler de la renaissance de cet opéra rock devenu mythique pour beaucoup ? Il nous raconte.
Transcription
00:00Starmania, il vient interroger une chose qui est existentielle, en fait.
00:05Notre place, à tous et à toutes, dans nos vies.
00:09La comédie musicale Starmania, tout le monde la connaît.
00:12Parce que oui, vous avez tous, forcément, déjà fredonné un de ses tues.
00:16Nous, tout ce qu'on veut c'est être heureux.
00:19J'ai jamais eu les pieds sur terre.
00:24Stone, le monde est stone.
00:26J'aurais voulu être un artiste.
00:29Aujourd'hui, Thomas Joly, le metteur en scène du spectacle,
00:32nous raconte la renaissance de cette opéra rock légendaire,
00:35entournée partout en France.
00:37Il faut comprendre qu'à la fin des années 70,
00:39la comédie musicale, en France, ça n'existe pas vraiment.
00:42Donc on a une bande de trentenaires,
00:44Luc Flamondo, Michel Berger, Fabienne Thibault,
00:47Prince Gall, Balavoine, bien sûr,
00:49qui sont en train d'inventer un type de spectacle
00:52assez inédit et qui va marquer la légende.
00:54Pourquoi ? Parce que d'un coup, c'est un nouveau format,
00:56c'est presque alternatif, en vrai.
00:58Le pitch de Starmania, c'est qu'on est à Monopolis.
01:01Monopolis, c'est la capitale de l'Occident,
01:03parce que tous les pays de l'Occident ne font plus qu'un.
01:05Et dans ce climat-là, on va croiser le destin de huit personnages.
01:09Tous et toutes cherchent un sens à leur existence.
01:12Tous et toutes vont vouloir passer par la lumière,
01:15d'une façon ou d'une autre.
01:16La lumière politique, cinéma, chanson, actualité.
01:19Tous veulent, ce que Warhol appelait le fameux quart d'heure de gloire,
01:23et tous vont se brûler les ailes.
01:24Starmania, c'était à la fin des années 70, une dystopie,
01:28donc une projection dans le futur.
01:29Et d'abord, ce qu'il faut dire, c'est que la réalité,
01:31elle a pas mal rattrapé la fiction sur l'écho-anxiété,
01:35sur le terrorisme, sur l'information en continu,
01:38sur les émissions pour devenir star.
01:39Il y a ça qui nous parle aujourd'hui,
01:41mais il y a au fond la question de qu'est-ce qu'on fait dans ce monde, en vrai ?
01:44Qu'est-ce qu'on fait là ? À quoi on sert ?
01:46Quoi faire de notre existence ?
01:59Starmania, en fait, c'est davantage une oeuvre que j'entendais chez moi
02:03parce que mes parents l'écoutaient.
02:05Et je ne comprenais pas très bien l'histoire à ce moment-là, j'étais petit.
02:10Et puis en fait, plus tard, quand j'ai mieux compris l'oeuvre,
02:14je me rendais compte de la portée politique, sociale aussi, de Starmania.
02:19Et je me disais, c'est marrant parce qu'on chante plein de chansons de Starmania,
02:23mais en fait, derrière, il y a un réchauffement.
02:25Mais en fait, derrière, il y a un récit qui est très fort, très politique.
02:30Et quand, en mars 2019, tout à coup,
02:33Thierry Suc, le producteur du spectacle, m'a appelé pour me demander
02:37si j'accepterais de mettre en scène une nouvelle version de Starmania,
02:42ça a été tout de suite mon ambition de remettre la lumière sur le récit,
02:45sur l'écran narratif, en fait, duquel émergent chacune de ces chansons iconiques.
02:50Pour moi, il y a à la fois le plaisir musical de ces chansons
02:55et en même temps le plaisir intellectuel et de projection mentale
02:59qu'on peut se faire sur notre réalité.
03:10Il y a eu une avant-première.
03:11Il y a des gens qui se sont installés.
03:14Nous, on est dans la salle avec nos cahiers pour prendre des notes, etc.
03:17J'avais un vieux monsieur qui était assis pas loin de moi
03:20et qui se met à pleurer dès le début.
03:22Et je me suis tout à coup dit, ok, je suis dans mon travail depuis des mois, des années,
03:29mais en réalité, Starmania, ça appartient aux gens.
03:31Et moi, en fait, je viens de réouvrir un monument.
03:36C'est ça, en fait, qui m'a tout à coup sauté aux yeux.
03:39Chaque soir, on sent cette adhésion, cette intimité.
03:45Ça, c'est très, très, très beau à voir.

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