"C'était très important que les personnes en situation de handicap soient intégrées avec le reste des danseurs."
Daphné Bürki et Louis-Gabriel Nouchi nous ont ouvert les portes de l'atelier où ont été créés les costumes des cérémonies des Jeux paralympiques. #paris2024 #paralympics
Daphné Bürki et Louis-Gabriel Nouchi nous ont ouvert les portes de l'atelier où ont été créés les costumes des cérémonies des Jeux paralympiques. #paris2024 #paralympics
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00:00Comment on fait un costume pour quelqu'un en fauteuil
00:03qui va en plus danser dedans pour que la veste le tienne bien.
00:05En fait, ça ne prend pas plus de temps,
00:07c'est vraiment juste qu'il faut réfléchir à d'autres rapports de proportions.
00:09Quand vous avez des personnes qui sont en essayage et qui pleurent
00:11parce que du coup, ils me disent, mais en fait, merci,
00:13parce que j'ai toujours rêvé d'avoir ça.
00:14Eh bien, ça remet l'église au milieu du village.
00:16Du coup, ça pousse vraiment à se dépasser.
00:19C'était aussi très important pour moi que les personnes en situation de handicap
00:22soient intégrées avec le reste des danseurs, séparées,
00:26mais pas glamouriser le handicap.
00:28C'est l'inclusion, c'est le mélange, c'est le mélange des cultures,
00:30le mélange des genres, le mélange des identités.
00:32C'est très politique, évidemment, d'affirmer ça, de dire que c'est possible.
00:35Mais donc, du coup, on l'attendait, cette cérémonie paralympique.
00:37En tout cas, merci d'avoir dit oui et raconte surtout comment tu travailles.
00:41Parce qu'il y a quelques échantillons en plus derrière nous pour vous montrer,
00:44sans vous montrer comme d'habitude.
00:45On est un peu salauds.
00:46On vous fait rentrer dans l'atelier, mais en vrai, on ne vous montre pas grand chose.
00:51L'idée, c'était de travailler un petit peu de la game couleur,
00:53en tout cas sur la déconstruction du drapeau français,
00:56c'est-à-dire de jouer un petit peu sur du bleu, blanc, rouge avec du doré et de l'argenté,
01:00mais de décloisonner un petit peu ce cliché qu'on a
01:02et toutes les connotations autour du drapeau pour le rendre un peu plus élégant, dirons-nous.
01:07Moi, j'ai un travail qui est très monochrome.
01:09Du coup, j'aime bien que chaque silhouette ait à peu près la même couleur.
01:11Donc, il faut faire des rapports de textures.
01:13C'est pour ça qu'il y a tout le travail de la plume avec différents types de traitements.
01:16Par exemple, c'est des plumes qui sont brûlées et reteintes sur des bases transparentes.
01:20Ça, c'est des jerseys.
01:20Il y a aussi ce rapport avec la peau en dessous qui intervient
01:22avec cette texture en plus qu'on applique par-dessus.
01:24Ce travail de strass, voilà.
01:26Donc, tous les vêtements sont vraiment en obli sur le dessus des pièces aussi
01:30pour vraiment refléter la lumière.
01:32Déjà, il y a une notion d'échelle.
01:34En fait, c'est des vêtements qui sont vus de loin.
01:36Donc, il y a beaucoup de facteurs qui sont vus en groupe.
01:39Donc, il y a beaucoup de facteurs graphiques qui rentrent en ligne de compte,
01:41à savoir que tout doit être exagéré.
01:43Du coup, pour qu'on puisse avoir une perception.
01:45On peut peut-être donner un chiffre.
01:46Il y a près de 400 performeurs sur la scène.
01:48On a une proportion de personnes en situation de handicap.
01:51Un quart par tableau.
01:53Comment on habille un corps en situation de handicap ?
01:56Est-ce qu'on l'habille différemment ?
01:58Bien sûr, on l'habille différemment parce qu'ils ont des besoins différents
02:00en fonction de leur handicap.
02:02Mais ce n'est pas plus compliqué qu'un sur-mesure classique
02:06que moi, je peux faire en boutique sur des costumes.
02:07Bien sûr, c'est impossible de trouver des vêtements qui vont parfaitement
02:09pour ces personnes dans le commerce, du coup,
02:11parce que chaque situation est particulière
02:13et leur rapport au corps est particulier aussi à chacun d'entre eux.
02:16Mais en termes de retaillage, en fait, c'est juste plutôt à nous
02:20et à moi de sortir de nos prérequis.
02:22Mais on revient très vite sur des habitudes qu'on a en essayage classique
02:24parce qu'au final, on travaille dans la même direction.
02:26C'était très important au niveau des choix textiles,
02:28du coup, d'avoir le froissage.
02:31Ils jouent beaucoup avec le vêtement, donc il y avait beaucoup de contraintes
02:34pour que le vêtement se remette bien en place aussi quand ils le remettent.
02:38Il ne faut pas qu'ils aient à penser au vêtement.
02:40Le vêtement est un support pour pouvoir être un vecteur d'émotion.
02:43Et c'est leur émotion, c'est la danse, c'est le mouvement, c'est la musique,
02:46c'est les vidéos qui sont projetées, qui amènent ça.
02:48Donc le vêtement est une composante de cette émotion qu'on va créer.
02:51Je me disais, mais comment je vais faire parce que je n'ai jamais fait du costume
02:55pour quelqu'un en fauteuil.
02:56Déjà, moi, l'idée des rendez-vous individuels que j'ai mis en place
02:58avec chacun d'entre eux, c'est de comprendre les besoins
03:00et surtout, de quoi tu as envie, en fait.
03:03Parce que là, tu as un atelier, une équipe exceptionnelle
03:06pour faire ce que tu veux.
03:07C'est du sur mesure, on peut le dire.
03:09Moi, je travaille beaucoup sur la sensualité, la fluidité.
03:11Et c'est très important pour moi de comprendre leur rapport au corps
03:14parce qu'il y en a qui sont nés avec ce handicap.
03:16Et puis, il y en a d'autres, c'est des accidents.
03:18Donc, on n'a pas envie de montrer son corps de la même façon par rapport à ça.
03:22Et donc, à chaque répétition, à chaque essayage,
03:25on refait les retouches pour que ça devienne vraiment une seconde peau
03:28et qu'ils se sentent sublimés.
03:31Moi, les premières réunions avec toute l'équipe costume,
03:34c'était vraiment deux mondes qui se rencontraient
03:36parce que moi, je viens vraiment du prêt-à-porter.
03:37Et du coup, ici, c'est plutôt des gens qui viennent du théâtre ou du cinéma.
03:40En fait, c'était très marrant parce qu'on parlait de la même chose,
03:42mais on n'avait pas les mêmes mots, en fait.
03:44Donc ça, c'était très drôle, du coup, parce que moi, je disais,
03:46mais on va faire comme ça, mais c'est quoi ?
03:47Du coup, ah, mais oui, c'est ça.
03:48Mais le timing, il fallait même...
03:50T'étais inquiète, toi, par un moment, même au début, je me souviens.
03:52Je te disais, mais non, mais la mode, on a une façon de faire très différente.
03:57On peut être très speed, très intense, mais on est très rangé.